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Notes sur quelques
antécédents - Parti social-démocrate d'Allemagne
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Programme adopté par le congrès
du SPD tenu à Erfurt en 1891
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Du 22 au 27 mai 1875 se tient à Gotha le congrès
de fondation du “Parti ouvrier socialiste d'Allemagne” (“Sozialistische
Arbeiterpartei Deutschlands”, SAPD), constitué par la fusion entre
l'Association ouvrière générale allemande (Allgemeiner
Deutscher Arbeiterverein, ADAV) et le Parti ouvrier social-démocrate
allemand (Sozialdemokratische Deutsche Arbeiterpartei, SDAP).
Un programme est adopté.
En 1878 le chancelier du Reich Otto von
Bismarck fait adopter la “loi relative aux socialistes” (“Sozialistengesetz”) qui interdit et soumet à la répression
les activités politiques d'orientation socialiste. En 1890 cette loi n'est
plus prorogée. Du 12 au 18 octobre de cette année, le SAPD tient
un congrès à Halle (Sachsen-Anhalt). Il change son nom en “Parti social-démocrate
d'Allemagne” (“Sozialdemokratische Partei Deutschlands”, SPD)
et adopte de nouveaux statuts.
Du 14 au 20 octobre 1891, le SPD tient un congrès
à Erfurt. Un projet de programme avait été élaboré par Karl
Kautsky (pour la partie concernant les principes généraux) et Eduard Bernstein (pour la partie concernant les
revendications politiques pratiques). Après avoir été publié en
août-septembre, ce texte, avec quelques modifications, avait a été approuvé
par la commission de programme présidée par Wilhelm
Liebknecht; il est adopté par le congrès.
Cf. le texte du “Programme d'Erfurt” ►.
Du 17 au 23 septembre 1905 se tient à Jena un
congrès du SPD. Est adoptée notamment une résolution au sujet de la grève
de masse politique (cf. ci-dessous).
Du 23 au 29 septembre 1906 se tient à Mannheim un
congrès du SPD. Est adoptée notamment une résolution concernant les
rapports mutuels entre le parti et les syndicats (cf. ci-dessous). Elle
fait référence à une résolution au sujet de la grève de masse politique qui
avait été adoptée par le congrès des syndicats d'Allemagne tenu du
22 au 27 mai 1905 à Cologne (cf. ci-dessous).
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Résolution adoptée par le
congrès du SPD tenu à Jena du 17 au 23 septembre 1905 (extraits) [1]
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Résolution au sujet de la grève de masse politique
[Cette résolution a été soumise par August Bebel et adoptée
avec 287 voix contre 14 et 2 abstentions.]
En ce qui concerne l'effort des classes et puissances
dominantes, de priver la classe ouvrière d'une influence légitime sur
l'ordre publique des choses dans le cadre de la communauté ou, pour autant
qu'elle a déjà atteint une telle influence par le truchement de ses
représentants dans les corps représentatifs parlementaires, de lui ravir
celle-ci et de rendre ainsi la classe ouvrière dépourvu de droits et
impuissante, politiquement et économiquement, le congrès considère que
s'impose la prise de position selon laquelle le devoir impératif de la
classe ouvrière dans son ensemble est de s'opposer par tous les moyens à sa
disposition à toute attentat contre ses droits, autant en termes de droits
de l'homme et de droits civiques, et d'exiger continuellement l'égalité
complète des droits. [...] En conséquence de quoi, le congrès déclare que
notamment en cas d'un attentat contre le droit de vote universel, égal
direct et secret, ou contre le droit de coalition, le devoir de la classe
ouvrière dans son ensemble est d'employer énergiquement pour la défense
tout moyen considéré comme approprié. Comme l'un des moyens de lutte le
plus efficaces, pour repousser un tel crime politique envers la classe
ouvrière ou pour conquérir un droit fondamental important pour sa libération,
le congrès considère le cas échéant "l'emploi le plus complet de la
grève de masse". Cependant, pour que l'emploi de ce moyen de lutte
devienne possible et le plus efficace possible, il est inéluctable et
nécessaire d'étendre le plus amplement l'organisation politique et
syndicale de la classe ouvrière, et d'instruire et éclairer de manière
incessante les masses par la presse ouvrière et l'agitation verbale et
écrite. [...] Chaque camarade du congrès est tenu, si pour sa profession
existe une organisation syndicale ou peut être fondée, d'y adhérer et de
soutenir les objectifs et les buts des syndicats. Mais chaque membre d'un
syndicat ayant une conscience de classe a aussi le devoir de rejoindre
l'organisation politique de sa classe - la social-démocratie - et d'agir en
faveur de la diffusion de la presse social-démocrate. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Résolution adoptée par le
congrès syndical tenu à Cologne du 22 au 27 mai 1905[2]
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Résolution au sujet de la grève de masse politique
[Cette résolution a été soumise par Theodor
Bömelburg et adoptée contre 7 voix.]
Le cinquième congrès syndical allemand estime comme un
devoir impérieux des syndicats, d'une part qu'ils favorisent au mieux de
leurs forces l'amélioration de toutes les lois sur lesquels repose leur
existence et sans lesquelles ils ne sont pas en mesure de remplir leurs
tâches, et d'autre part qu'ils combattent en toute fermeté toutes les
tentatives d'amputer les droits existants du peuple. La tactique en cas de
combats nécessaires de ce type, elle aussi tout autant qu'une quelconque
autre tactique, doit s'adapter selon les circonstances respectives. C'est
pourquoi le congrès considère comme devant être récusées toutes les
tentatives de vouloir fixer, par la propagande en faveur de la grève de
masse politique, une tactique déterminée; il recommande aux classes
laborieuses organisées, de contrer énergiquement de telles tentatives. Le
congrès considère que la grève générale, telle qu'elle est soutenue par des
anarchistes et des gens sans la moindre expérience dans le domaine de la
lutte économique, est hors de question; il met en garde les classes
laborieuses contre l'éventualité qu'elles se laissent détourner, en
reprenant à leur compte et en diffusant de telles idées, du travail
méticuleux quotidien pour le renforcement de l'organisation ouvrière.
[Citation dans l'original ►.]
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Résolution
adoptée par le congrès du SPD tenu à Mannheim du 23 au
29 septembre 1906 (extraits) [3]
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Résolution au sujet de la grève de masse politique et du
rôle des syndicats
[Cette résolution a été adoptée avec 386 voix
contre 5.]
Le congrès confirme la résolution du congrès de Jena au
sujet de la grève de masse politique et, suite au constat que la résolution
du congrès syndical de Cologne n'est pas en contradiction avec la
résolution de Jena, il considère toute dispute sur le sens de la résolution
de Cologne comme réglée. Le congrès recommande encore une fois de la façon
la plus formelle de prendre en considération les résolutions qui exigent le
renforcement et l'élargissement de l'organisation du parti, la diffusion de
la presse du parti, et l'adhésion des camarades du parti aux syndicats
ainsi que celle des membres des syndicats à l'organisation du parti. Dès
que le comité exécutif considère que se présente la nécessité d'une grève
de masse politique, il doit se mettre en rapport avec la commission
générale des syndicats et prendre toutes les mesures qui soient requises
afin de mettre en oeuvre l'action avec succès. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Notes sur
quelques antécédents - Syndicats
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“Syndicats libres” [“Freie Gewerkschaften”]
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Après la non-prorogation de la “loi relative aux
socialistes” (“Sozialistengesetz”) en 1890, se
constitue une structure syndicale ouvrière selon une orientation socialiste,
rassemblée dans le cadre de la “Commission générale des syndicats
d'Allemagne” (“Generalkommission der Gewerkschaften
Deutschlands”)[4].
Déjà le 18 aout 1889, à l'occasion des assises de
délégués des mineurs de la Ruhr tenues à Dorstfeld (depuis
juin 1914 rattaché à Dortmund, Nordrhein-Westfalen),
avait été fondée la “Fédération pour la préservation et la promotion des
intérêts des mineurs en Rhénanie et Westphalie” (“Verband zur
Wahrung und Förderung der bergmännischen Interessen in Rheinland und
Westfalen”), appelée par la suite “Ancienne fédération” (“Alter Verband”)[5].
Durant les assises allemandes de mineurs tenues en 1890 à Halle
(Sachsen-Anhalt), l'organisation devient “Fédération de mineurs
allemands” (“Verband deutscher Bergleute”),
ultérieurement nommée “Fédération des mineurs d'Allemagne” (“Verband
der Bergarbeiter Deutschlands”).
Du 1er au 6 juin 1891 se tient à
Francfort-sur-le-Main le congrès des travailleurs de la métallurgie[6].
Est constitué la “Fédération générale allemande de travailleurs de la
métallurgie” (“Allgemeiner deutscher Metallarbeiterverband”,
DMV). Jusqu'à la période précédant la 1e guerre mondiale, le DMV
intègrera progressivement près de la moitié des syndicats de la branche[7].
En 1930, seuls les chaudronniers [Kupferschmiede] et
l'Union centrale des chauffeurs de chaudières et machinistes (Zentralverband
der Heizer und Maschinisten) resteront à l'écart du DMV.
Du 14 au 18 mars 1892 se tient à Halberstadt
le premier congrès syndical organisé par la Commission générale[8].
Il approuve l'adoption d'une structure centralisée basée sur des unions
formées par des accords de coopération. La question de la formation de
fédérations par industrie reste ouverte, ce qui signifie la reconnaissance
du DMV.
Avec le temps s'établit la coutume de se référer à ces
organisations comme “syndicats libres” [“Freie
Gewerkschaften”], pour les distinguer d'une part des Associations de
métier (Gewerkvereine) dites de Hirsch
et Duncker (fondés en 1869 par Max
Hirsch et Franz Duncker), et d'autre part des
syndicats chrétiens qui se sont constitués à partir de 1899.
En juillet 1919, les “syndicats libres” se constitueront en
“Fédération syndicale générale allemande” (“Allgemeiner
Deutscher Gewerkschaftsbund”, ADGB). Puis deux fédérations
distinctes se formeront tout en restant liées à l'ADGB[9].
En novembres 1920 les syndicats “libres” d'employés ‑ existant
au sein de l'ADGB ou en dehors ‑ se
réunissent dans l'“Union générale libre d'employés” (“Allgemeiner
freier Angestelltenbund”, AfA-Bund). En ce qui concerne les
fonctionnaires, existe depuis décembre 1918 l'“Union allemande de
fonctionnaires” (“Deutscher Beamtenbund”, DBB) qui affirme sa neutralité vis-à-vis des partis
politiques, mais en juin 1922 est créé l'“Union générale de fonctionnaires
allemande” (“Allgemeiner Deutscher
Beamtenbund”, ADB) qui est proche de l'ADGB. Ainsi la désignation “syndicats libres” vise l'ADGB, l'Afa-Bund et l'ADB.
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Fédération des Associations de
métier allemandes (Verband der Deutschen Gewerkvereine -
Hirsch-Duncker)
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En mai 1869 est fondée la “Fédération des Associations de
métier allemandes” (“Verband der Deutschen Gewerkvereine ‑ Hirsch-Duncker”)[10].
Elle a pour objectif le règlement pacifique des conflits de travail au
moyen d'arbitrages. Elle a des affinités avec le Parti progressiste
allemand (Deutsche Fortschrittspartei, DFP) fondé en
1861.
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Les syndicats chrétiens formés à partir de 1894 se
réunissent à l'issue des congrès de Francfort-sur-le-Main, tenu en 1900, et
de Krefeld, tenu en 1901: ils constituent la “Fédération générale des
syndicats chrétiens d'Allemagne” (“Gesamtverband der christlichen
Gewerkschaften Deutschlands”)[11].
Elle a des affinités avec le Parti du centre allemand (Deutsche
Zentrumspartei, Zentrum) fondé en 1870.
Dans le cadre du mouvement syndical chrétien est constituée,
le 1er janvier 1920, la “Fédération générale de syndicats de
fonctionnaires et d'employés d'état allemands” (“Gesamtverband
Deutscher Beamten- und Staatsangestelltengewerkschaften”), peu après
renommé en “Fédération générale de syndicats de fonctionnaires allemands” (“Gesamtverband Deutscher Beamtengewerkschaften”, GDB)[12].
Le 8 octobre 1926 la partie du GDB qui rassemble les fonctionnaires
s'intègre au DBB, tandis que le reste rejoint la “Fédération générale
d'employés des transports et d'état allemands” (“Gesamtverband
deutscher Verkehrs- und Staatsbediensteter”) lors de sa création,
dans le cadre du DGB, le 14 décembre 1926.
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Notes sur quelques
antécédents - Organisations patronales
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Le 17 décembre 1858 est créée l'“Association pour les
intérêts miniers dans le district Oberberg-Dortmund”
(“Verein für die bergbaulichen Interessen im
Oberbergamtsbezirk Dortmund”), dénommée
communément “Association minière” (“Bergbau-Verein”)[13].
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Verein deutscher
Eisenhüttenleute (1860)
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En 1860 est créée l'“Association technique pour l'industrie
sidérurgique (“Technischer Verein für Eisenhüttenwesen”)
‑ qui en 1880 sera transformée en “Association d'industriels de
la sidérurgie” (“Verein deutscher Eisenhüttenleute”) ‑,
avec siège à Düsseldorf[14].
Elle comporte les sections suivantes: Eisenhütte
Oberschlesien (Gleiwitz, aujourd'hui Gliwice en Pologne), Eisenhütte Südwest (Saarbrücken); Eisenhütte Düsseldorf.
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Deutscher
Handelstag (1861)
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Le 13 mai 1861 est créée à Heidelberg la “Fédération
des chambres de commerce allemande” (“Deutscher Handelstag”),
en tant que représentation générale du commerce et de l'industrie[15].
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Verein zur
Wahrung der gemeinsamen wirtschaftlichen Interessen in Rheinland und
Westfalen (1871)
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En 1871 est créée l'“Association pour la préservation des
intérêts économiques communs en Rhénanie et Westphalie” (“Verein
zur Wahrung der gemeinsamen wirtschaftlichen Interessen in Rheinland und
Westfalen”)[16].
Elle est désignée communément comme “Langnam-Verein”
(“Association au nom à rallonge” ‑ mais la même expression est
parfois aussi utilisée pour l'Association pour la préservation des intérêts
de l'industrie chimique d'Allemagne créée en 1877).
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Verein Deutscher
Eisen- und Stahlindustrieller (1874)
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Le 13 décembre 1873 est décidée la fondation d'une
“Association d'industriels du fer et de l'acier allemands” (“Verein
deutscher Eisen- und Stahlindustrieller”)[17].
Le 15 avril 1874 le “Zollvereinsländischer Eisenhütten-
und Bergwerksverein”, créé en 1852, se dissout et se reconstitue
immédiatement comme “Groupe Nord-Ouest de l'Association d'industriels du
fer et de l'acier allemands” (“Nordwestliche Gruppe des
Vereins deutscher Eisen- und Stahlindustrieller”), avec siège à Düsseldorf. Ce groupe est étroitement lié à l'Association
pour la préservation des intérêts économiques communs en Rhénanie et
Westphalie fondée en 1871. Peu après se constitue également le Groupe
Silésie ‑ nommé plus tard Groupe Est ‑ avec siège
d'abord à Königshütte (Chorzów, aujourd'hui en
Pologne) puis à Kattowitz (Katowice, aujourd'hui en
Pologne), et les deux tiennent le 21 octobre l'assemblée générale
constitutive de l'Association d'industriels du fer et de l'acier allemands,
avec siège à Berlin. Le 16 mars 1875 est constitué le Groupe Allemagne
du Centre à Chemnitz, le 11 mai le Groupe Allemagne du Nord à Berlin.
Le 19 juin se forme un Groupe Allemagne du Sud à Munich, le
28 juillet un Groupe Allemagne du Sud-Ouest à Strasbourg, le
18 octobre 1876 un Groupe Allemagne du Centre-Ouest à Francfort. En
1881 ces deux derniers s'intègrent dans le Groupe Sud avec siège à Mainz,
tandis qu'en 1882 se réforme un Groupe Sud-Ouest à
Saarbrücken réunissant des industriels de la Saar, de Lorraine et de
Luxemburg.
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Centralverband
Deutscher Industrieller (1876)
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Le 15 février 1876 est créée l'“Union centrale
d'industriels allemands” (“Centralverband Deutscher
Industrieller”, CDI)[18].
L'initiative vient en particulier d'industriels du secteur minier
(notamment le Groupe Nord-Ouest de l'Association d'industriels du fer et de
l'acier allemands créée en 1874) et du secteur textile. Le 25 avril
1877 le Comité exécutif général de l'Association d'industriels du fer et de
l'acier allemands décide l'adhésion de cette Association à l'Union
centrale. Une première assemblée générale de l'Union centrale se tient le
16 juin 1877, puis une autre les 21 et 22 février 1878.
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Verein zur
Wahrung der Interessen der Chemischen Industrie Deutschlands (1877)
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En novembre 1877 est créée l'“Association pour la
préservation des intérêts de l'industrie chimique d'Allemagne” (Verein zur Wahrung der Interessen der Chemischen Industrie
Deutschlands”)[19].
Cette association est parfois désignée comme “Langnam-Verein”
(“Association au nom à rallonge” ‑ mais cette expression se
réfère principalement à l'Association pour la préservation des intérêts
économiques communs en Rhénanie et Westphalie créée en 1871). Sa
constitution est motivée par le fait que l'Union centrale d'industriels
allemands créée en 1876 agit en faveur d'une politique protectionniste, ce
qui ne convient pas aux industriels de la chimie en question.
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Ausstands-Versicherungs-Verband
(1890)
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Le 13 février 1890 est créée, en liaison avec
l'Association minière datant de 1858, l'“Union d'assurance antigrève” (“Ausstands-Versicherungs-Verband”, AVV)[20]. Ainsi les
entreprises minières de la Ruhr s'engagent à maintenir une position commune
face à leurs travailleurs.
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Verein zur
Wahrung der wirtschaftlichen Interessen der Eisen- und Stahl-Industrie von
Elsaß-Lothringen und Luxemburg (1895)
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Le 10 septembre 1895 est créée l'“Association pour la
préservation des intérêts économiques de l'industrie du fer et de l'acier
d'Alsace-Lorraine et de Luxembourg” (“Verein zur Wahrung der
wirtschaftlichen Interessen der Eisen- und Stahl-Industrie von Elsaß-Lothringen
und Luxemburg”), avec siège à Metz[21].
Elle est indépendante de l'Association d'industriels du fer et de l'acier
allemands créée en 1874.
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Bund der
Industriellen (1895)
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En novembre 1895 est créée la “Ligue des industriels” (“Bund der Industriellen”, BdI)[22].
Elle se différencie de l'Union centrale d'industriels allemands créée en
1876, dans la mesure où elle est principalement composée d'entreprises
moyennes et petites.
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Verband
Sächsischer Industrieller (1902)
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En 1902 est créé le l'“Union d'industriels saxons” (“Verband Sächsischer Industrieller”), en tant qu'union
régionale au sein de la Ligue des Industriels créée en 1895[23].
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Hauptstelle
deutscher Arbeitgeberverbände (1904)
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Le 12 avril 1904 est créé l'“Office central des Unions
d'employeurs allemandes” (“Hauptstelle der deutschen
Arbeitgeberverbände”)[24].
À la différence des associations d'industriels, les unions d'employeurs
visent à regrouper ces derniers indépendamment des distinctions entre
branches. L'Office central est caractérisé par des rapports de voisinage
avec l'Union centrale d'industriels allemands créée en 1876.
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Verein Deutscher
Arbeitgeberverbände (1904)
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Le 23 juin 1904 est créée l'“Association d'Unions
d'employeurs allemandes” (“Verein Deutscher
Arbeitgeberverbände”)[25].
Elle se différencie de l'Office central des Unions d'employeurs allemandes
créé la même année, dans la mesure où elle est principalement implantée
dans l'industrie de transformation composée surtout d'entreprises moyennes
et petites. Elle est caractérisée par des rapports de voisinage avec la
Ligue des industriels créée en 1895.
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Vereinigung der
Deutschen Arbeitgeberverbände (1905)
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Le 5 avril 1905, l'Office central des Unions
d'employeurs allemandes et l'Association d'Unions d'employeurs allemandes,
créés tous les deux en 1904, constituent ensemble la “Fédération des Unions
d'employeurs allemandes” (“Vereinigung der Deutschen Arbeitgeberverbände”)[26].
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Arbeitgeberverband
des Vereins Deutscher Eisen- und Stahlindustrieller (1905)
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En 1905 est créée l'“Union d'employeurs de l'Association
d'industriels du fer et de l'acier allemands” (“Arbeitgeberverband
des Vereins Deutscher Eisen- und Stahlindustrieller”)[27].
Le Groupe Nord-Ouest de l'Association en question avait créé en 1904
l'“Union d'employeurs pour la région du Groupe Nord-Ouest de l'Association
d'industriels du fer et de l'acier allemands” (“Arbeitgeberverband
für den Bezirk der nordwestlichen Gruppe des Vereins deutscher Eisen- und
Stahlindustrieller”), appelée communément “Arbeitnordwest”.
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Schutzverband
gegen Streikschäden, Gesellschaft des Vereins deutscher
Arbeitgeberverbände zur Entschädigung bei Arbeitseinstellungen, Gesellschaft
des Verbandes sächsischer Industrieller zur Entschädigung bei
Arbeitseinstellungen (1906)
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En 1906 les deux regroupements d'unions d'employeurs ‑ l'Office
central des Unions d'employeurs allemandes, et l'Association d'Unions
d'employeurs allemandes ‑, créent des caisses d'assurance
antigrève, respectivement l'“Association de protection contre préjudices
pour grève” (“Schutzverband gegen Streikschäden”), et
la “Société de l'Association d'Unions d'employeurs allemandes pour le
dédommagement en cas de suspension du travail” (“Gesellschaft
des Vereins deutscher Arbeitgeberverbände zur Entschädigung bei
Arbeitseinstellungen”)[28].
Par ailleurs est créée la “Société de l'Union d'industriels saxons pour le
dédommagement en cas de suspension du travail” (“Gesellschaft
des Verbandes sächsischer Industrieller zur Entschädigung bei
Arbeitseinstellungen”). Cette dernière entretient d'abord un lien
avec la Société de l'Association sous forme de réassurance, mais en 1911
elle modifie sa structure et se constitue sous le nom d'“Association de
protection d'industrie” (“Deutscher Industrieschutzverband”)
comme organisme indépendant à l'échelle du pays.
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Le 22 janvier 1908 est créée l'“Association de mines” (“Zechenverband”), avec siège à Essen[29].
C'est une union d'employeurs pour la région industrielle de
Rhénanie-Westphalie, se situant dans la prolongation de l'Union d'assurance
antigrève datant de 1890; elle est ainsi étroitement liée à l'Association
minière créée en 1858.
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Hansabund für
Handel und Gewerbe (1909)
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En 1909 est créée la “Ligue pour Commerce et Manufacture” (“Hansabund für Handel und Gewerbe”), réunissant
principalement des petites entreprises de transformation finale venant de
l'Union centrale d'industriels allemands[30].
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Vereinigung
Deutscher Arbeitgeberverbände (1913)
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En 1913 l'Office
central des Unions d'employeurs allemandes et l'Association d'Unions
d'employeurs allemandes fusionnent pour créer la “Fédération d'Unions
d'employeurs allemands” (“Vereinigung Deutscher
Arbeitgeberverbände”, VDAV)[31].
Parallèlement, fusionnent également les organismes
d'assurance antigrève correspondants ‑ l'Association de
protection contre préjudices pour grève, et la Société de l'Association
d'Unions d'employeurs allemandes pour le dédommagement en cas de suspension
du travail ‑ sous le nom de “Centrale pour l'assurance-grève
près la Fédération d'Unions d'employeurs allemands” (“Zentrale
für Streikversicherung bei der Vereinigung der deutschen
Arbeitgeberverbände”). En 1920, après une tentative avortée de
rassembler cette Centrale avec l'Association de protection d'industrie
faisant suite à la Société de l'Union d'industriels saxons, existent donc
deux organismes principaux d'assurance antigrève: la Centrale pour assurance
pour grève (associée à la Fédération d'Unions d'employeurs), et
l'Association de protection d'industrie (associée à l'Union d'Industriels
saxons).
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Note sur le
système politique
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Le Reichstag était le Parlement, d'abord de la Fédération d'Allemagne
du Nord [Norddeutscher Bund] créée en 1867, puis de
l'Empire allemand [Deutsches Reich] constitué en 1871.
Le terme désignera également par la suite le Parlement dans le cadre de la
constitution adoptée le 31 juillet 1919.
Dans le système fédératif allemand, les entités réunies dans
l'état fédéral (le Reich, littéralement Empire) sont les Länder (singulier Land,
littéralement pays). Les parlements respectifs sont le Reichstag et le Landtag. Du
point de vue de l'étymologie, les origines de Tag
et du terme utilisé en français Diète se rencontrent: Tag signifie jour, et Diète
dérive du mot latin de même signification dies. Le Reich
est gouverné par un président du Reich [Reichspräsident]
ainsi qu'un gouvernement du Reich [Reichsregierung],
lequel est composé de ministres [Reichsminister]
et dirigé par un chancelier du Reich [Reichskanzler].
Les Länder sont gouvernés par un gouvernement
régional [Staatsministerium], lequel est
composé de ministres [Staatsminister] et dirigé
par un premier ministre [Ministerpräsident].
Berlin, Brême et Hambourg constituent des cas spécifiques: ce sont des Stadtstaaten [littéralement états-ville],
c'est-à-dire des villes qui ont un statut de Land. Dans ce cadre, le
parlement est désigné par le terme d'Abgeordnetenhaus
[chambre de députés] (pour Berlin) ou Bürgerschaft
[Bürger signifie citoyen] (pour Brême et
Hambourg), et le gouvernement est nommé Senat.
N.B.: De façon informelle, dans toute la chronologie, il est
fait référence aux niveaux "national" ‑ le Reich ‑,
et "régional" ‑ les Länder.
Les principaux partis politiques, outre le Sozialdemokratische
Partei Deutschlands (Parti social-démocrate d'Allemagne, SPD), le Unabhängige Sozialdemokratische Partei Deutschlands (Parti
social-démocrate indépendant d'Allemagne, SPD) et le Kommunistische
Partei Deutschlands (Parti communiste d'Allemagne, KPD), sont les
suivants:
Bayrische
Volkspartei (Parti populaire bavarois, BVP), fondé le
12 novembre 1918.
Deutsche
demokratische Partei (Parti démocratique allemand, DDP) fondé le
20 novembre 1918. Il succède au FVP et inclut aussi des ex-membres du
NLP.
Deutsche
Volkspartei (Parti populaire allemand, DVP), fondé le
15 décembre 1918. Il est considéré comme le successeur du NLP.
Deutsche
Zentrumspartei (Parti allemand du Centre, Zentrum),
fondé en 1870.
Deutschnationale
Volkspartei (Parti populaire national-allemand, DNVP), fondé le
24 novembre 1918. Il est considéré comme successeur, partiellement, du
Deutsch-Konservative Partei (Parti
conservateur-allemand, DKP) qui avait été fondé en 1876 et qui rejoint en
1918 le DNVP, ainsi que du NLP. Au sujet du DNVP, on parle parfois du Deutschnationale Partei, mais il ne faut pas le confondre
avec le Deutschnationale Partei der Tschechoslowakei
(Parti national-allemand de Tchécoslovaquie) fondé en 1919.
Fortschrittliche
Volkspartei (Parti populaire progressiste, FVP), fondé en 1910, et
qui cesse d'exister en novembre 1918.
Nationalliberale
Partei (Parti national-libéral, NLP), fondé en 1866, et qui cesse
d'exister en novembre 1918.
Note:
La traduction des noms des partis pose quelques problèmes
sémantiques. Syntaxiquement, “Volkspartei” correspond
à “Parti du peuple” et “Völkische Partei” à “Parti
populaire”. Cependant, en allemand, “völkisch” en tant qu'adjectif ne correspond pas simplement à “Volk”, mais comporte une nuance rattachée à “Volkstum”,
qui signifie "caractéristiques d'une nation". Sont adoptées ici
notamment les traductions suivantes.
Volkspartei par Parti
populaire (ce qui correspond à la traduction habituelle de Arbeiterpartei par Parti ouvrier).
völkisch par national-populaire.
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Déclarations de guerre:
28 juillet: de l'Autriche-Hongrie à la Serbie
1er aout: de l'Allemagne à la Russie
3 aout: de l'Allemagne à la France; entrée de troupes
allemandes en Belgique (pays neutre)
4 aout: de la Grande-Bretagne à l'Allemagne
6 aout: de la Serbie à l'Allemagne et de
l'Autriche-Hongrie à la Russie
11 aout: de la France à l'Autriche-Hongrie
13 aout: de l'Angleterre à l'Autriche- Hongrie
23 aout: du Japon à l'Allemagne.
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Déclarations de guerre:
23 mai: de l'Italie à l'Autriche-Hongrie
28 mai: de l'Italie à l'Allemagne.
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Au début de l'année se forme au sein du Parti social-démocrate
d'Allemagne (SPD), autour de Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, un groupe
opposé à l'orientation du parti. Il est d'abord désigné, d'après sa
publication périodique, comme groupe “l'Internationale” (“Die
Internationale”). À partir de 1916, il diffuse illégalement des articles
sous la forme des “Lettres de Spartakus” (“Spartakusbriefe”),
et est dénommé désormais “Groupe Spartakus” (“Spartakusgruppe”).
À l'occasion d'une conférence nationale tenue le 11 novembre 1918, il
adoptera la désignation “Ligue Spartakus” (“Spartakusbund”).
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À Berlin, en solidarité avec K. Liebknecht est
organisée une grève dans les entreprises d'armement[32].
Liebknecht avait été inculpé devant un tribunal de guerre après
l'organisation, le 1er mai, d'une manifestation pour la paix à Berlin,
il sera condamné à 4 ans et 1 mois de prison. Il y a 55 000
grévistes, et des manifestations se déroulent dans différents lieux de la
ville.
L'action avait été préparée par un groupe d'“hommes de
confiance d'entreprise” [“Betriebsvertrauensleute”] de
la Fédération allemande des travailleurs de la métallurgie (DMV)
en coopération avec des membres oppositionnels au sein du SPD et avec le
Groupe Spartakus. À partir de décembre 1918, ce groupe d'hommes de confiance
sera connu publiquement sous le nom de “Revolutionäre Obleute”[33].
Ce sont des militants syndicaux qui ont pour objectif de supplanter
l'appareil syndical composé de fonctionnaires, par des militants non
détachés du travail et dont le mandat repose sur le contact direct avec la
base. Vers la fin de 1917 sera formée une direction avec à sa tête Richard
Müller (USPD), et après l'arrestation de celui-ci en
janvier 1918, d'Emil Barth (USPD).
Les autorités militaires exercent une répression sévère.
29 militants, dont Rosa Luxemburg, sont soumis à l'incarcération
préventive, de nombreux participants dont R. Müller sont envoyés au
service militaire forcé.
À Brême (Bremen), à la même
occasion, les travailleurs du chantier naval AG Weser se mettent en
grève[34].
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Le SPD et la Commission générale des syndicats tentent de
contrarier le développement de la mobilisation. Une déclaration est publiée
dans le quotidien du parti, le Vorwärts (En
Avant), et distribuée comme tract, mettant en garde les travailleurs.
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Déclaration du comité exécutif
du SPD et de la Commission générale des syndicats, 25 juillet 1916
(extraits)[35]
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[...] Dans des tracts anonymes qui au cours des derniers
mois ont été diffusés autour du parti et des syndicats, on tente de semer
la haine et la méfiance contre les hommes de confiance élus par les
travailleurs eux-mêmes. Contre des hommes qui depuis de nombreuses années
se trouvent à la tête des organisations de la classe ouvrière allemande,
est formulé le reproche qu'ils abandonnent les principes socialistes,
qu'ils passent outre les résolutions de congrès allemands et
internationaux, qu'ils pratiquent la trahison envers le parti, et
davantage. On pourrait ne pas prêter attention à ces suspicions et
invectives violentes, si les masses travailleuses n'étaient pas en même
temps incitées à des actes irréfléchis et si n'était pas opéré la
propagande sans scrupules en faveur de grèves et d'actions de masse, à
l'égard desquelles les syndicats et le parti social-démocrate se trouvent
dans l'obligation de refuser toute responsabilité. [...]
Nous constatons expressément que le Parti
social-démocrate et la direction du mouvement syndical n'ont rien en commun
avec cette propagande; elle est l'oeuvre d'individus.
Où est-ce que cela devrait mener, si les masses travailleuses
entreprenaient des actions qui sont déclenchées par des personnes non
sollicités, de leur propre chef et vainement? Les conséquences d'une telle
façon d'agir irréfléchie, chacun devrait l'assumer individuellement, car ni
le Parti ni les syndicats ne pourraient intervenir ici en soutien. Nous
considérons donc comme notre devoir de mettre formellement en garde les
masses travailleuses à l'égard des menées des apôtres de protestations et
de la grève générale, oeuvrant dans l'obscurité de
l'anonymat. [...]
Celui qui participe aux menées putschistes d'individus
dépourvus du moindre sentiment de responsabilité ou tentent d'y gagner
d'autres, celui-là ne sert ni le mouvement ouvrier ni la cause de la paix,
mais contribue plutôt au prolongement de la guerre. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Est publiée la loi sur le service auxiliaire patriotique [Gesetz über den vaterländischen Hilfsdienst] appelée aussi
loi sur le service civil obligatoire [Zivilzwangsdienstgesetz].
(Cf. le texte ►.)
Elle impose aux hommes âgés de 17 à 60 ans
n'effectuant pas le service militaire, une obligation de travailler pour
une entreprise dont l'activité contribue à la conduite de la guerre[36].
Pour sa mise en oeuvre est créé un office de guerre [Kriegsamt] placé sous la direction du lieutenant général Wilhelm Groener, qui est également nommé adjoint du ministre
de la guerre prussien (il sera demis de ces fonctions en aout 1917). En vue
du règlement d'éventuels litiges, sont instaurés des comités de
travailleurs [Arbeiterausschüsse] et des bureaux de
conciliation [Schlichtungsstellen] paritaires. (Des
antécédents des comités de travailleurs existaient dans le cadre de la loi
des mines bavaroise [Bayerisches Berggesetz] de 1900
et de celle prussienne [Preußisches Berggesetz] de
1905.)
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À Brême (Bremen), une grève
éclate au chantier naval AG Weser.
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Déclaration de guerre des USA à l'Allemagne.
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Du 6 au 8 avril se tient le congrès de fondation
du “Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne” (“Unabhängige
Sozialdemokratische Partei Deutschlands”, USPD),
constitué par des anciens membres du SPD qui en avaient été exclus, comme
l'ensemble des opposants, le 18 janvier. Par distinction vis-à-vis de
l'USPD, le SPD est alors désigné comme Parti
social-démocrate majoritaire d'Allemagne (Mehrheits-Sozialdemokratische
Partei Deutschlands, MSPD).
Le Groupe Spartakus décide de s'intégrer à l'USPD.
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À Berlin, une grève éclate en rapport avec la pénurie
de vivres[37].
217 000 grévistes de 319 entreprises, dont l'ensemble des
travailleurs d'AEG (51 800), demandent une amélioration de
l'approvisionnement[38].
L'action avait été préparée par le groupe oppositionnel au sein de la DMV.
La grève est décidée le 15 avril au cours d'une assemblée générale de
la DMV de Berlin. Parallèlement il y des cessations de travail à Leipzig (Sachsen) avec 30 000 participants, à Magdebourg (Sachsen-Anhalt), Kiel
(Schleswig-Holstein), ainsi que des grèves de moindre ampleur dans
d'autres villes. Cette action se termine le 18, mais 25 000
grévistes poursuivent avec des revendications politiques concernant la
paix, la démocratisation et l'arrêt de la répression. Des assignations au
service militaire forcé sont mises en oeuvre
le 20, ce qui entraine la reprise générale du travail. Des députés de
l'USPD qui plaident en faveur de la poursuite de
l'action sont inculpés pour haute trahison.
Dans le cadre de la répression déclenchée contre les
ouvriers en lutte, le maréchal Hindenburg fait publier une lettre dans
laquelle on peut lire entre autre "que toute cessation de travail si
insignifiante qu'elle puisse paraître, signifie un affaiblissement
irresponsable de notre force défensive et représente pour moi une faute
inexpiable envers l'armée et en particulier l'homme dans la tranchée qui en
conséquence devrait verser son sang". (Cf. ci-dessous.) Le lieutenant
général W. Groener, commandant militaire, fait
placarder la lettre en complétant l'attaque: "Une canaille, celui qui
fait grève tant que nos armées font front à l'ennemi." (Cf.
ci-dessous.)
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Résolution des ouvriers de
Leipzig en grève, 16 avril 1917[39]
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Les personnes réunies mandatent l'administration locale
des ouvriers de la métallurgie de Leipzig, en y associant des représentants
du Parti social-démocrate indépendant, d'envoyer une délégation pour
rencontrer le chancelier et de présenter au gouvernement les revendications
suivantes:
1. Approvisionnement
suffisant de la population en aliments et charbon à bas prix.
2. Une déclaration du
gouvernement montrant qu'il est prêt à la conclusion immédiate de la paix,
en renonçant à toute annexion ouverte ou cachée.
3. Levée de l'état de
siège et de la censure.
4. Levée immédiate de
toutes les entraves au droit de coalition, association et réunion.
5. Abrogation
immédiate de la loi ignoble relative au travail forcée.
6. Libération
immédiate des détenus et condamnés pour des délits politiques, annulation
des procédures pénales politiques.
7. Liberté civique
complète, droit de vote universel, égal, secret et direct, pour l'élection
à tous les corps publics dans le Reich, dans les états fédéraux et dans les
communes.
[...] En vue de la représentation effective des intérêts
des ouvriers, les personnes réunies invitent tous les groupes de
professions à envoyer des représentants, afin de former ensemble avec les
représentants des travailleurs de la métallurgie et du Parti
social-démocrate indépendant, un conseil d'ouvriers. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Lettre du chef d'État-major maréchal
général de campagne [Generalfeldmarschall] Paul von Hindenburg au lieutenant
général Wilhelm Groener, chef de l'Office de guerre [Kriegsamt], 17 avril 1917 (extraits)[40]
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[...] Je considère comme mon devoir d'attirer l'attention
de votre excellence sur le fait, qu'eu égard à la bataille en cours sur le
front ouest, la production à plein niveau de matériel de guerre de toute
sorte constitue la tâche qui prime sur toutes les autres, et que toute
cessation de travail si insignifiante qu'elle puisse paraitre, signifie un
affaiblissement irresponsable de notre force défensive et représente pour
moi une faute inexpiable envers l'armée et en particulier l'homme dans la
tranchée qui en conséquence devrait verser son sang. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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À Berlin, où dans une partie des entreprises le
travail a repris, se tient une assemblée des travailleurs de Knorr-Bremse
en grève[41].
Selon un rapport établi par la police, ils formulent les revendications
suivantes:
1. Libération de
Liebknecht;
2. libération des
personnes se trouvant en détention préventive;
3. abrogation de la
loi sur les associations;
4. liberté totale en
matière d'activité politique;
5. alimentation
suffisante par la sécurisation des vivres;
6. levée de l'état de
siège;
7. Terminaison de la
guerre sans réclamations de dédommagements ni conquêtes.
Le rapport de police indique qu'il est décidé de former
"à partir des travailleurs de chaque grande entreprise un dénommé
conseil d'ouvriers, qui seul serait habilité ensuite à négocier avec le
gouvernement".
[Citation dans l'original ►.]
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Lettre des directions
syndicales au lieutenant général Wilhelm Groener, chef
de l'Office de guerre [Kriegsamt], 26 avril 1917[42]
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[...] Des cessations de travail, à l'heure actuelle,
doivent être évitées; la préservation et la sécurité du Reich se trouvent
en premier lieu. Après toutes les manifestations de la part des adversaires
de l'Allemagne il est hors de doute pour les hommes ayant la maturité
politique, que non pas la diminution mais l'élévation de la force de
résistance d'Allemagne peut nous apporter une paix prompte. Là où cette
prise de connaissance politique fait défaut, au moins la compassion pour
nos fils et frères qui mettent en jeu leur vie sur les fronts devrait nous
tenir à l'écart d'actions susceptibles de paralyser la force des
combattants. [...] Il a été tenté, par des gens irresponsables -
heureusement sans succès - de mettre au service de fins politiques les cessations
de travail des travailleurs fabricant des armes et munitions. [...] Nous
attirerons constamment l'attention sur le fait que ceux qui affaiblissent
la force de résistance de nos troupes par la réduction arbitraire des
livraisons de moyens de défense, ceux-là pêchent contre notre pays.
Cependant, d'autre part, doit être fait tout ce qui est exigé pour
conserver la capacité productive du travail au pays. Si de tous les côtés
sont remplis les devoirs avec le sérieux profond qu'exige le temps actuel,
alors notre peuple allemand endurera ces semaines extrêmement graves de la
terrible guerre mondiale. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Appel
du lieutenant général Wilhelm Groener, chef de
l'Office de guerre [Kriegsamt], 27 avril 1917
(extraits)[43]
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Aux travailleurs de l'armement!
[...] N'avez-vous pas lu la lettre de Hindenburg?
"Une faute inexpiable assume celui qui fait la fête dans le pays, au
lieu de travailler. C'est par votre faute que nos hommes en uniforme
devraient verser leur sang." Qui ose braver l'appel de Hindenburg? Une
canaille, celui qui fait grève tant que nos armées se trouvent face à
l'ennemi. [...] Les pires ennemis se trouvent parmi nous. Ce sont les
pusillanimes et ceux, encore largement pires, qui appuient l'instigation à
la grève. Ceux-là doivent être stigmatisés devant tout le peuple, ces
traitres à la patrie et à l'armée. Un lâche celui qui écoute leurs paroles.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
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Appel de la Commission
générale des Syndicats d'Allemagne et du Comité exécutif du SPD en vue du
1er mai, 27 avril 1917 (extraits)[44]
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[...] Car nos frères en Artois et dans la Champagne ne
nécessitent pas seulement des mots de reconnaissance, mais des armes et
munitions, pour qu'ils puissent résister au choc de leurs adversaires de
guerre. La classe ouvrière allemande doit leur livrer ces moyens de défense
du pays et du foyer, et elle le fera. C'est pourquoi les travailleurs
allemands, cette année encore comme les deux précédentes, renonceront à la
cessation du travail le 1er mai, de même que le font les travailleurs
anglais et français, et comme c'est le cas, selon des informations
provenant de Petersburg, des travailleurs russes qui ont eux aussi décidé
de s'abstenir de cesser le travail le 1er mai. Malheureusement il y a
la tentative, au moyen de la diffusion de tracts, d'amener les travailleurs
à une grève de manifestation politique ou une "grève générale
révolutionnaire" le 1er mai. Ces tracts n'émanent pas du parti
socialiste. Même le député Dittmann des socialistes
indépendants le 23 avril au comité du Reichstag pour la loi du service
auxiliaire, et son collègue de groupe Ledebour le
24 avril au plenum du Reichstag, ont refusé toute responsabilité pour
l'action soutenue par les tracts. Celle-ci doit donc émaner de gens qui
n'ont rien en commun avec la classe ouvrière. Des cessations de travail à
des fins de manifestation politique sont actuellement irresponsables et
doivent être condamnées vivement. Quiconque demande une telle action,
assume une faute grave, envers ceux qui se trouvent au champ de bataille,
les masses travailleuses et les femmes et enfants dans le pays, qui
aspirent à une paix prompte. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Tract
du Groupe Spartakus, avril 1917 (extraits)[45]
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[...] c'est la tâche la plus pressante de procéder à la
création d'une organisation spéciale de masse des travailleurs berlinois,
pour la lutte en faveur de la paix. Les travailleurs impliqués de chaque
entreprise devraient alors élire leurs délégués. Les délégués devraient
instaurer un comité auquel devrait être conférée la direction de la lutte
de masse et des actions de masse.
Travailleurs! Camarades!
C'est la seule voie qui conduit au but: par la lutte, la
grève de masse vers la victoire! Et pour cela est avant tout nécessaire une
organisation de lutte. Malgré les erreurs commises la grève de masse des 15‑17 avril
est et reste une page glorieuse et un jalon dans l'histoire du prolétariat
socialiste allemand. Sans l'état de siège - plutôt malgré lui - sans lois
coercitives et discipline militaire une armée de prolétaires de plus de
300 000 travailleuses et travailleurs - ce qui correspond à une force
de 10 corps d'armée - s'est mobilisée d'elle-même dans une unanimité
et un ordre merveilleux. Les récits embarrassés dans la presse bourgeoise,
la peur bleue du gouvernement, le message mensonger du dieu des
impérialistes, Hindenburg, sont la meilleure preuve du degré auquel les
ennemis de la classe ouvrière craignent la nouvelle arme. Le principe de
l'action de masse autonome, proscrit et haï par les instances au sein du
mouvement ouvrier officiel, a effectué une percée sur toute la ligne et a
vaincu; des perspectives nouvelles immenses s'ouvrent pour le mouvement
ouvrier en Allemagne. Ce fut le premier assaut de masse des masses travailleuses
allemandes ayant une conscience de classe. Le 1er mai suivra le deuxième
assaut.
Travailleurs!
Préparez-vous pour le 1er mai! Ce jour-là le travail dans
les ateliers et les fabriques devra cesser complètement! En avant pour la
lutte pour la paix, la liberté, le pain! Homme du travail, réveille-toi! Et
prend connaissance de ton pouvoir! Toutes les roues s'arrêtent, si ton bras
puissant le veut! À bas la guerre! À bas le gouvernement!
[Citation dans l'original ►.]
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Est fondé le “Parti allemand de la patrie” (“Deutsche
Vaterlandspartei”, DVLP, souvent appelé en français Parti de la
patrie allemande). Les principaux dirigeants sont le Grand Amiral [Generaladmiral] Alfred von Tirpitz et
Wolfgang Kapp, qui occupe un poste de haut fonctionnaire [Generallandschaftsdirektor]
en Prusse orientale.
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Le 15 janvier avait débuté en Autriche, à Wiener Neustadt, une grève politique de masse pour la paix
et la démocratie, qui s'était étendue à travers toute la monarchie
d'Autriche-Hongrie[46].
Cette grève se répercute également sur l'Allemagne. Le 10 janvier l'USPD publie une déclaration dans laquelle on lit notamment[47]:
[...] Hommes et femmes du peuple travailleur! Il n'y a
pas de temps à perdre! Après tous les horreurs et souffrances menace un
nouveau malheur extrêmement grave notre peuple, toute l'humanité! Seulement
une paix sans annexions et contributions sur la base du droit à
l'autodétermination des peuples peut nous en sauver. L'heure est venue, de
lever votre voix pour une telle paix! Maintenant vous avez la parole!
[Citation dans l'original ►.]
Le Groupe Spartakus appelle à la grève politique de masse,
et insiste sur la nécessité de constituer des conseils d'ouvriers
clairement délimités vis-à-vis des réformistes, notamment dans un tract
dont voici des extraits[48]:
[...] Avant de quitter les entreprises, nous devons créer
pour nous une représentation librement élue selon le modèle russe et
autrichien avec pour tâche de diriger cette lutte et celles à venir. [...]
Les hommes de confiance [ainsi élus] des entreprises doivent se réunir
immédiatement dans chaque localité et se constituer en conseil d'ouvriers.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
À Berlin, le 27 janvier, des délégués des
entreprises de la ville représentant le groupe des “hommes de confiance”,
sur proposition de leur président, R. Müller, décident la proclamation
de la grève générale. Le 28, première journée de grève, se constitue le
conseil d'ouvriers de Grand-Berlin [Groß-Berliner Arbeiterrat]
composé de 414 hommes de confiance d'entreprise élus. Un comité
d'action de 11 membres présidé par Müller est formé, auquel
participent les députés de l'Assemblée nationale (Reichstag)[49]
Hugo Haase, Georg Ledebour et Wilhelm Dittmann (pour l'USPD) ainsi
que Friedrich Ebert, Philipp Scheidemann
et Otto Braun (pour le SPD).
Dans Grand-Berlin il y a environ 500 000 grévistes, et
le mouvement s'étend à Kiel (Schleswig-Holstein),
Hambourg (Hamburg), Leipzig (Sachsen), Braunschweig (Niedersachsen), Cologne
(Nordrhein-Westfalen), Breslau
(Niederschlesien) (aujourd'hui Wroclaw, Pologne), Munich (Bayern), Nürnberg (Bayern), Mannheim (Baden-Württemberg), Magdebourg
(Sachsen-Anhalt), Halle (Sachsen-Anhalt), Bochum (Nordrhein-Westfalen), Dortmund
(Nordrhein-Westfalen) et d'autres villes. En tout, il y a environ un
million de grévistes, notamment dans les usines d'armement, les chantiers
navals et les mines.
En Bavière, le SPD sous Erhard Auer
s'efforce à freiner le mouvement. À Nürnberg il
finit par se joindre à l'appel de grève, il y a 40 000 grévistes. À Munich,
les 28 et 29 janvier, le SPD appelle à des assemblées de travailleurs
dans les entreprises d'armement. Contre l'avis des orateurs du SPD, le
dirigeant de l'USPD Kurt Eisner peut intervenir chez Krupp
et chez Rapp-Motorenwerke. Les “hommes de confiance”
décident que la grève débute le 31 janvier. Un cortège de manifestants
des travailleurs de Krupp se rend devant les autres
grandes entreprises au nord de Munich, ce qui produit une extension des
grèves. En tout environ 9000 travailleurs des entreprises d'armement de
Munich se joignent à la grève.
À Hambourg, le 28 janvier, les travailleurs du
chantier naval Vulkan-Werft se mettent en grève,
suivis le 29 par les 400 travailleurs de l'usine d'armement Eisengießerei Michaelsen à Altona et
le 30, par 1000 autres, de l'usine d'ameublement Holsatia-Werke
Neumanns Holzbearbeitungsfabriken AG, de la Ottensener
Eisenwerk AG et de l'usine de machines Maschinenfabrik
Firma Hermann Bauermeister[50].
Malgré la menace que les grévistes soient immédiatement réquisitionnés pour
le service militaire, le 31 se mettent encore en grève à Altona les travailleurs des entreprises Fabrik
Conz-Elektrizitäts-Gesellschaft, Eisenwerk
Seidler & Spielberg et Maschinenfabrik
Gutmann.
Le mouvement est réprimé par la force. À Berlin, il y
a plusieurs morts. Le soir du 31 janvier, est déclaré l'état de siège
renforcé sur Berlin, avec des tribunaux de guerre d'exception. Le
1er février, le général commandant soumet sept grandes entreprises de
Berlin, dont Borsig et AEG, au
commandement militaire et donne l'ordre de la reprise du travail pour le
4 février. Des arrestations sont effectuées en masse, Leo
Jogiches, dirigeant du groupe Spartakus, ainsi que W. Dittmann,
de l'USPD, sont arrêtés. Les directions des
entreprises établissent des listes nominatives de travailleurs actifs
politiquement, ceux-ci seront envoyés au front par milliers. Uniquement
pour la Maschinenbaufirma Schwartzkopff
1400 travailleurs sont ainsi frappés.
À Munich, K. Eisner est arrête dans la nuit au
1er février, il restera en prison pendant huit mois et demi. Le député
SPD Johannes Timm réussit à obtenir la reprise du
travail le 3 février[51].
Le comité d'action décide d'arrêter la grève le 4.
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Appel du Groupe Spartakus,
janvier 1918 (extraits)[52]
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[...] Ou bien le gouvernement doit périr, ou le peuple
allemand est inéluctablement voué à la perte. Il n'y a pas d'espoir et il
n'existe pas de moyen d'obtenir par la force la conclusion de la paix de ce
gouvernement et des classes impérialistes qui l'appuient. Seulement le
renversement de ce gouvernement, seulement l'écrasement du pouvoir de la
Bourgeoisie, en d'autres mots seulement la révolution populaire et la
république populaire en Allemagne seraient en mesure d'amener la paix
générale dans le délai le plus court. Car devant la République allemande,
les états occidentaux actuellement menacés par notre semi-absolutisme et
impérialisme devront aussi, sous la pression des travailleurs de ces pays,
déposer immédiatement les armes. La révolution prolétarienne en Allemagne
signifie la révolution ouvrière dans le monde entier. Donc à bas la paix
séparée! Paix générale et république en Allemagne! Voilà l'objectif sur
lequel nous tenons fixé notre regard en engageant le combat. Prolétaires
allemands! Nous vous appelons à la première passe d'armes dans ce combat.
Préparez-vous pour la grève de masse générale dans les jours qui viennent!
[...] Mais avant tout faites en sorte que la nouvelle de la grève de masse
pénètre au front, dans les tranchées et y trouve un écho puissant, que les
permissionnaires partout fassent cause commune avec les travailleurs,
assistent aux réunions de grévistes et participent aux actions de rue.
Travailleurs! Il s'agit de lutter, pas de manifester! [...] Il ne s'agit
pas de manifester notre volonté, mais d'imposer notre volonté. [...] Le
travail ne devra pas être repris, jusqu'à ce que nos revendications
suivantes soient satisfaites:
1. Levée immédiate de
l'état de siège, de la censure et de toutes les autres entraves à l'égard
de la presse.
2. Liberté
d'association et de réunion sans entraves.
3. Droit de coalition
et de grève sans entraves.
4. Abrogation de la
loi relative au travail forcée.
5. Libération de tous
les condamnés et détenus pour activité politique, annulation de tous les
procès politiques.
Ce sont des revendications minimum, dont l'obtention par
la force nous devra d'abord procurer la liberté nécessaire afin d'engager
de pleine force sur toute la ligne le combat pour la paix et la république.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
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Résolution du bureau national [Parteiausschuß] du SPD, 30 janvier 1918 (extraits)[53]
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Le comité national constate que le mouvement de grève
actuel n'est pas dirigé contre la défense nationale et ne veut pas
favoriser les objectifs d'un impérialisme ennemi. Il résulte d'un sentiment
profond de dépit qui a été suscité par les difficultés d'approvisionnement
en vivres et la pression de l'état de siège. [...] Puisque tous les
conseils et mises en garde de la part du Parti social-démocrate se sont
perdus sans être entendus, un éclatement de cet état d'esprit parmi le
peuple devint inévitable. Par l'entrée dans la direction de grève, de
députés social-démocrates des deux groupes la pleine
garantie était apportée pour maintenir le mouvement sur des voies
régulières et pour l'amener rapidement à un terme sans préjudice pour la
collectivité. Une condition préalable était que le gouvernement renonce à
des mesures de force et satisfasse des revendications qui sont reconnues
comme justifiées par une majorité écrasante de la population. Au lieu de
prendre cette voie, le gouvernement, sous des prétextes formelles
mesquines, a refusé de négocier avec les travailleurs représentant les
grévistes. Il a en même temps toléré que des organes qui lui sont
subordonnés ont procédé avec des mesures répressives acharnées contre le
mouvement. [...] La conséquence fut que la grève s'étend continuellement de
façon explosive à des groupes additionnels et passe continuellement à des
localités additionnelles, en étant dépourvue de toute régulation et
contrôle. La responsabilité de cette évolution des choses incombe à ces instances
qui avant l'éclatement de la grève et durant sa poursuite ont persisté dans
leur refus d'écouter la voix de la raison, et dont la politique vise
manifestement à obtenir une paix imposée par la force contre la propre
population. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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À Wilhelmshaven (Niedersachsen)
se déroule une manifestation des travailleurs des chantiers navals,
en faveur de la paix, la liberté, l'entente entre les peuples et
l'abolition de la loi électorale en Prusse distinguant trois classes[54].
À Brême (Bremen), éclate une grève au chantier
naval AG Weser. Elle est dirigée contre le mauvais approvisionnement,
et demande la démocratisation et une entente pour la paix. La grève cesse
le 3 février.
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Résolution d'une
conférence de représentants des comités directeurs des confédérations
générales syndicales, 1er février 1918 (extraits)[55]
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•
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Les représentants des syndicats sont unanimement de
l'avis qu'en ce qui concerne les grèves politiques actuelles, la
responsabilité est à attribuer en premier lieu aux circonstances de
politique intérieure et à l'attitude du gouvernement. Les syndicats se
tiennent à l'écart de ces grèves, leurs directions n'y participent d'aucune
manière. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Lettre de la Commission
générale des syndicats au chancelier, accompagnée de la résolution
ci-dessus, 4 février 1918 (extraits)[56]
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[...] Nous voulons aussi à cette occasion encore une fois
souligner particulièrement, que la répétition du regrettable mouvement de
grève peut être évité le plus surement en ce que soit tenu compte des
désirs et plaintes justifiés des travailleurs.
[Citation dans l'original ►.]
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Tract du Groupe Spartakus,
février 1918 (extraits)[57]
Flugblatt der
Spartakusgruppe, Februar 1918
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[...] Travailleuses et travailleurs! À l'état de siège
renforcé, nous répondons par la lutte renforcée, décuplée. À titre de
représentants des masses travailleuses berlinoises, le gouvernement veut
nous imposer la commission générale des syndicats, les messieurs Bauer, Legien et consorts, c'est-à-dire
ces propres assistants, qui durant la guerre l'ont accompagné au bout du
monde. Avec indignation et mépris, nous récusons cette tentative
présomptueuse et sournoise de recours à des moyens inaptes. Le seul représentant
autorisé des masses travailleuses berlinoises en lutte, est le conseil
d'ouvriers berlinois librement élu, et si le gouvernement ne reconnait pas
nos représentants, nous répondons à cette provocation par la
non-reconnaissance du gouvernement et de ses organes, par la lutte des
masses par tous les moyens contre sa politique de force brutale. [...]
Alors maintenant il s'agit non pas de négocier, mais d'agir! [...]
Travailleurs! Il ne doit pas y avoir d'arrêt dans le mouvement. Faisons en
sorte qu'il fasse tache d'huile, marchons vers l'avant dans notre lutte.
N'attendons pas tout du conseil d'ouvriers et son comité d'action. Le salut
ne vient pas d'en haut. Il repose dans les masses elles-mêmes, dans leur
lutte immédiate. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Philippe Scheidemann et Friedrich
Ebert au sujet de la grève de janvier 1918
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Récit fait par Ph. Scheidemann (extraits)[58]:
Le 28 janvier 1918, tôt le matin arriva au comité
directeur du Parti social-démocrate l'information que dans de nombreuses
entreprises berlinoises s'étaient produit des cessations de travail. Puis
apparurent, se succédant rapidement, des délégations de travailleurs de
beaucoup d'entreprises, composées de membres de notre parti; ils
apportèrent des informations sur le mouvement qui faisait rapidement tâche
d'huile, et formulèrent le souhait que le comité directeur du Parti
social-démocrate détache des représentants dans la direction de grève, ce
qui sans doute serait d'une grande importance pour le bon déroulement de la
grève, laquelle y compris selon leur conviction était devenue nécessaire.
Nous rétorquions que la grève s'était produite sans une quelconque intervention
du parti ou des syndicats; les travailleurs des entreprises concernées par
la grève avaient déjà envoyé des délégués, lesquels s'étaient constitués en
"conseil d'ouvriers" qui avait élu une direction de grève et posé
des revendications politiques déterminées. Nous disions qu'au vu de ces
faits, il serait trop nous demander d'assumer une responsabilité après
coup. La question des travailleurs si nous serions prêts à envoyer une
délégation à la direction de grève au cas où l'assemblée de délégués des
grévistes elle-même nous adresserait la demande, reçut après une discussion
détaillée une réponse positive. Il entrait dans nos considérations de
maintenir le mouvement sur des voies ordonnées et de l'amener en bloc aussi
rapidement que possible à son terme au moyen de négociations avec le
gouvernement. Suite à quoi une commission des représentants de travailleurs
qui s'étaient présentés devant nous, se rendit à l'assemblée des délégués
siégeant à ce moment-là, afin de soumettre la motion demandant que soient
intégrés à la direction de grève des représentants du Parti
social-démocrate. [...] Le vote avait désormais comme résultat environ 360
voix pour et seulement environ 40 contre la motion. Entrèrent alors au
comité d'action de l'assemblée de délégués outre les 11 délégués de
travailleurs déjà élus et les trois députés (indépendants) Dittmann,
Haase et Ledebour, trois membres
du comité directeur du Parti social-démocrate: Braun, Ebert, Scheidemann.
L'entrée s'effectua sous la condition, exprimée vis-à-vis des délégués
ouvriers de notre parti, que le comité d'action soit élargi conformément à
la grande extension de la grève qui s'était produite entretemps,
c'est-à-dire qu'il soit reformé selon un esprit de parité et que soit
rendue possible une délibération renouvelée relative aux revendications
déjà posées.
[Citation dans l'original ►.]
Fin 1924 se tiendra à Magdeburg
(Sachsen-Anhalt) un procès intenté par F. Ebert au rédacteur
d'un journal qui l'avait accusé de haute trahison en rapport notamment avec
son attitude durant la grève de janvier. Voici deux extraits des
déclarations faites à ce procès[59]:
Témoignage au procès de Magdeburg en 1924, de
Ph. Scheidemann (extraits)[60]:
[...] La grève éclata sans que nous en ayons su quoi que
ce soit. Sur le souhait le plus pressant de nos camarades de parti,
contraints à faire grève avec les autres, nous sommes entrés dans la
direction de la grève avec l'intention explicite d'amener le plus
rapidement possible la grève à un terme, de procéder à la tentative de
d'arriver à une entente par des négociations avec le gouvernement. [...] Si
nous n'étions pas entrés au comité de grève, alors vraisemblablement le
tribunal ne pourrait pas siéger aujourd'hui, et alors selon ma conviction
bien arrêtée, la guerre et tout le reste aurait été foutu déjà en janvier.
[...] Par ailleurs existait le danger de l'effondrement total et de
l'apparition d'une situation à la russe. Par notre façon d'agir la grève a
été terminée rapidement et tout a été orienté vers un cours régulier. À
vrai dire, on devrait nous être reconnaissant, au lieu de nous insulter.
[Citation dans l'original ►.]
Témoignage au procès de Magdeburg en 1924, de F. Ebert (extraits)[61]:
[...] Je n'ai pas demandé que soit repris le travail. Je
ne le pouvais pas, étant donné l'agitation qui régnait à l'époque parmi les
grévistes. Si je l'avais fait quand même, j'aurais seulement jeté de
l'huile sur le feu. [...] Je suis entré à la direction de grève avec l'intention
déterminée de mener la grève le plus rapidement à un terme et d'éviter des
dommages pour le pays.
[Citation dans l'original ►.]
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Dans la région minière de la Haute-Silésie, des
ouvriers migrants polonais se mettent en grève[62].
Ils revendiquent des conditions de travail et des salaires identiques à ce
qui est appliqué aux travailleurs allemands.
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En Haute-Silésie se produisent de nouveau des
grèves[63]
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Dans les mines de charbon de Haute-Silésie, plus de
2000 laveuses de minerai entament une grève[64].
Celle-ci dure jusqu'au 7 septembre.
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À Geestemünde/Nordenham
(aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen) 54 membres des
équipages de navires de pêche (matelots et chauffeurs) se mettent en grève[65].
La grève cesse le 30 juillet.
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À Bremerhaven/Geestemünde/Lehe
(aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen), durant l'année, la
Fédération des travailleurs des transports [Transportarbeiterverband]
organise deux grèves[66].
L'une, auquel participent 200 travailleurs, touche 20 entreprises
et dure quatre jours. L'autre, auquel participent 1430 travailleurs,
touche 55 entreprises et dure une semaine.
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Dans la région minière de Haute-Silésie, les
autorités militaires instaurent l'état de siège afin de juguler les grèves
et mouvements de protestation[67].
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Le Général Ernst Ludendorff, qui est l'adjoint du maréchal Paul von Hindenburg au Commandement suprême de l'Armée [Oberste Heeresleitung, OHL], demande que soit établi un
gouvernement parlementaire et que celui-ci soit chargé de procéder à une
offre d'armistice, sur la base du programme en 14 points formulé par
le président US Woodrow Wilson.
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Des modifications de la constitution sont décidées, elles
seront adoptées le 26 octobre par le Reichstag (Assemblée nationale)
et le 28 par le Bundesrat (Conseil fédéral)[68].
Elles stipulent entre autre que le chancelier doit disposer de la confiance
du Reichstag et qu'il doit assumer la responsabilité des actes politiques
d'importance de l'Empereur [Kaiser]; par ailleurs les déclarations de
guerre aussi bien que les traités de paix sont soumis à l'approbation du
Reichstag et du Bundesrat.
Le Prince Max von Baden est nommé
Chancelier du Reich [Reichskanzler].
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Dans un premier temps Ph. Scheidemann se prononce
contre la participation au gouvernement, mais l'avis favorable de
F. Ebert prime; Scheidemann et Gustav Bauer (SPD) sont nommés
secrétaires d'état dans un gouvernement composé de membres du Parti
progressiste du peuple (Fortschrittliche Volkspartei),
du Parti allemand du centre (Deutsche Zentrumspartei)
et du SPD[69].
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L'Allemagne transmet une offre d'armistice au président
US W. Wilson.
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Appel
du Comité exécutif du SPD, 17 octobre 1918 (extraits)[70]
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[...] L'Allemagne est sur la voie de l'état autoritaire
vers l'état populaire. [...] L'Allemagne et le peuple allemand sont exposés
au danger de devenir la victime de la soif de conquête des chauvins et
politiciens conquérants anglo-français. Ce que nous avons déclaré le
4 aout 1914: "À l'heure du danger nous n'abandons pas notre
patrie", est valable aujourd'hui à un degré plus élevé. Jamais de la
vie, le peuple allemand ne se résignera à une paix de rapine, d'humiliation
et de violation de ses intérêts vitaux. Ce n'est que pour préserver notre
pays et sa vie économique de l'effondrement, que des représentants de notre
parti ont assumé le sacrifice et sont entrés au gouvernement. [...] En
outre, toutes les menées au moyen d'une phraséologie révolutionnaire bolchévique
de la part de personnes irresponsables en désarroi, qui tentent d'ameuter
les travailleurs en vue de grèves et manifestations, actuellement vaines,
contre le gouvernement ‑ ces menées rendent plus difficile la
paix et la démocratisation de l'Allemagne et, fût-ce peut-être non
intentionnel, font le jeu des fauteurs de guerre et ennemis de la
démocratie, panallemands. Les masses travailleuses ayant une conscience de
classe doivent refuser qu'on se serve d'eux comme bélier de la
contrerévolution et comme assistant des politiciens impérialistes adeptes
de la force se trouvant des deux côtés du front. Le renouveau interne de
l'Allemagne ne peut pas s'effectuer en amenant un chaos bolchévique, en
déchainant la guerre civile qui en plus du flot de sang qui coule aux
fronts, en plus du malheur tombé sur le peuple allemand, amènerait malheurs
supplémentaires et flots de sang supplémentaires, qui ne ferait
qu'augmenter détresse et misère, et qui exciterait la soif de conquête de
nos ennemis. Non, comme l'ont toujours déclaré les représentants autorisés
du Parti social-démocrate, c'est par la voie du bouleversement pacifique
que nous voulons effectuer la transition du système politique vers la
démocratie et celle de la vie économique vers le socialisme. Nous sommes
sur la voie vers la paix et la démocratie. Toutes menées putschistes
contrecarrent cette voie, servent la contrerévolution. Au vu de l'aurore de
la paix et de la liberté les masses travailleuses ayant une conscience de
classe, au front et à l'arrière, ne doivent pas se laisser entrainer à des
actes irréfléchis, qui en fin de compte ne ferait que servir aux ennemis du
peuple. Jusqu'à la paix proche et aussi après la conclusion de la paix, des
jours difficiles nous attendent encore. Nous devons les surmonter, nous
pouvons les surmonter en gardant la certitude que l'avenir appartient à la
réconciliation des peuples, à la démocratie et au socialisme!
[Citation dans l'original ►.]
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Le président US W. Wilson, dans une note, pousse au
passage radical à un système parlementaire et à la limitation des pouvoirs
des princes et des militaires dans l'Empire allemand. En outre, il insiste
sur des conditions d'armistice visant à rendre impossible une reprise de
combats de la part de l'Allemagne. Le commandement suprême de l'armée
allemande s'y oppose et veut poursuivre le conflit armé.
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M. v. Baden impose le congédiement
d'E. Ludendorff en tant que Grand Quartier-maitre [Generalquartiermeister]
(son successeur est le Lieutenant général W. Groener).
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Les “hommes de confiance” décident de se constituer en
conseil d'ouvriers[71].
Ils acceptent qu'y participent trois membres du groupe Spartakus,
K. Liebknecht, Wilhelm Pieck et Ernst Meyer. (Liebknecht et Luxembourg
avaient été incarcérés en juin 1916. K. Liebknecht avait été libéré de
la prison le 22 octobre, suite à une mesure d'amnistie; Rosa Luxemburg
le sera seulement le 9 novembre.)
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À Wilhelmshaven
(Niedersachsen), malgré l'offre d'armistice transmise par
l'Allemagne aux puissances ennemies, à partir du 15 octobre la flotte
allemande se rassemble pour sortir en direction de la Manche[72].
De la part des marins, les réactions de rejet de la poursuite de la guerre
s'accentuent. Le 27, une partie des équipages descendus à terre ne
rejoignent pas les navires à la fin des permissions. Le 29, alors que
la sortie en mer est imminente, sur deux navires les chaudières sont mises
hors feu. Dans la nuit au 30 octobre, des mutineries éclatent sur
plusieurs navires. Le commandant de la flotte, l'amiral Franz
von Hipper, fait arrêter 500 marins. Mais le projet de sortie
en mer doit être abandonné.
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Dans la région minière de Haute-Silésie, durant le
mois, une vague d'arrestation frappe les activistes du mouvement de grève[73].
Le tribunal militaire de Beuthen (Bytom, aujourd'hui
en Pologne) condamne près de 1600 personnes.
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En juillet 1918, Hans von Raumer ‑ l'un
des dirigeants de l'Association générale de l'industrie électrotechnique
allemande (Zentralverband der deutschen elektrotechnischen
Industrie) créée en mars 1918 ‑ discute avec des
représentants de l'industrie de transformation finale, au sujet d'une
éventuelle coopération avec les syndicats[74].
Au cours d'aout, des dirigeants syndicaux de la Fédération pour la
préservation et la promotion des intérêts des mineurs en Rhénanie et
Westphalie, à savoir Hermann Sachse et Otto
Hue, prennent contact avec Hugo Stinnes (l'un des principaux
représentants de l'industrie de l'énergie et des mines, cf. ►), et début
octobre a lieu un entretien entre Hue et Stinnes. Le 2 octobre une
autre réunion dans la même perspective se tient avec la participation d'August Müller (SPD, sous-secrétaire d'État à l'Office de
guerre pour l'alimentation), entre d'une part Raumer,
et d'autre part le président de la Commission générale des syndicats, Carl Legien (SPD), ainsi que son adjoint Gustav Bauer (SPD)
et Alexander Schlicke (SPD, président du DMV).
Le 9 octobre à Düsseldorf se tient une réunion entre
des représentants du Groupe Nord-Ouest de l'Association d'industriels du
fer et de l'acier allemands, dont H. Stinnes, Albert Vögler (directeur général de Deutsch-Luxemburgische
Bergwerks- und Hütten‑AG), Alfred Hugenberg
(président du directoire de Krupp-Werke, cf. ►),
Ewald Hilger (directeur général de Vereinigte
Königs- und Laurahütte AG). Un rapport de Jacob
Wilhelm Reichert (directeur de l'Association d'industriels du fer et
de l'acier allemands) expose les craintes concernant des bouleversements
révolutionnaires. Stinnes et Vögler sont chargés
d'entamer des négociations avec les syndicats.
Le 12 octobre les quatre syndicats des travailleurs des
mines (Fédération pour la préservation et la promotion des intérêts des
mineurs en Rhénanie et Westphalie, Associations de métier chrétiennes des
travailleurs des mines, Associations de métier Hirsch-Duncker,
Fédération professionnelle polonaise) adressent à l'Association de mines ‑ patronale ‑
une demande de rencontre. Le 18, H. Stinnes s'entretient avec
O. Hue, Georg Reichel (président adjoint du DMV)
et Karl Spiegel (dirigeant local du DMV). Le 26 à Düsseldorf, ont lieu
des négociations qui aboutissent à une amélioration des conditions de
salaire et de travail des mineurs dans la région de Rhénanie-Westphalie.
Le 22 octobre des négociations à Berlin réunissent
syndicats et industriels. Pour ces derniers participent Carl
Friedrich von Siemens (président du conseil d'administration de Siemens-Schuckertwerke GmbH), Walther Rathenau (président de AEG),
Felix Deutsch (directeur d'AEG), Anton
von Rieppel (membre du conseil d'administration de Maschinenfabrik
Augsburg-Nürnberg, MAN) et Ernst von Borsig
(membre de la direction de Firma August Borsig;
président de la Fédération d'industriels du métal de Berlin). Pour les
syndicats participent C. Legien, G. Bauer, A. Schlicke et Theodor Leipart
(président de la Fédération des travailleurs du bois). Par la suite
H. Stinnes rejoint la délégation des industriels. La liaison entre les
industriels de Berlin et de Rhénanie-Westphalie est assurée par Borsig, A. Hugenberg, A. Vögler, et aussi Stinnes. À la fin
d'octobre ce dernier négocie à Berlin avec Legien, Schlicke,
Leipart, Adam Stegerwald (président du comité exécutif général des
syndicats chrétiens), Gustav Hartmann (président de la Fédération générale
des Associations de métier allemandes ‑ Hirsch-Duncker),
Anton Höfle (Zentrum,
directeur de l'Association de techniciens allemande).
Ces négociations aboutiront le 15 novembre à la
signature d'un accord stipulant notamment la reconnaissance des syndicats
comme représentation compétente du personnel, et accompagné de la
constitution d'un organisme sur des bases paritaires, appelé communément
“Communauté centrale de travail” (cf. ►).
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Tract du Groupe Spartakus,
Octobre 1918 (extraits)[75]
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[...] Travailleurs et soldats! Les prochains objectifs de
votre lutte doivent être:
1. Libération de tous les détenus civils et
militaires.
2. Abolition de tous les états particuliers et
suppression de toutes les dynasties.
3. Élection de conseils d'ouvriers et de soldats,
à cette fin élection de délégués dans toutes les usines et unités de
troupes.
4. Établissement immédiat de contacts avec les
autres conseils d'ouvriers et de soldats.
5. Investiture d'un gouvernement composé des
membres mandatés par les conseils d'ouvriers et de soldats.
6. Jonction immédiate avec le prolétariat
international, en particulier avec la république ouvrière russe.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
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