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En Braunschweig, une assemblée
commune entre USPD et SPD décide de mener une campagne
commune pour les élections sur la base du programme du SPD adopté au
congrès de celui-ci tenu en 1891 à Erfurt. (Au sujet de ce programme,
cf. ►).
Mais le lendemain, une session de la commission électorale commune se
termine prématurément suite au départ du SPD.
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La région Birkenfeld, une enclave au milieu de la
Rhénanie faisant partie d'Oldenburg, est occupée par des troupes
françaises.
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Sur la base de la Communauté d'intérêts de Fédérations de
fonctionnaires allemandes (Interessengemeinschaft Deutscher
Beamtenverbände) qui avait été formée durant la guerre, se constitue
la “Fédération de fonctionnaires allemande” (“Deutscher
Beamtenbund”, DBB)[1].
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À Berlin se déroule une manifestation de soldats
organisée par le groupe Spartakus[2].
Des troupes du commandant de la ville [Stadtkommandant]
Otto Wels (SPD) ouvrent le feu. Il y a 16 morts.
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À Berlin des unités militaires dirigées par le
vice-adjudant [Vizefeldwebel] Hans Fischer (à ne pas
confondre avec le lieutenant Anton Fischer, adjoint de Wels) occupent la
chambre des députés [Abgeordnetenhaus] où siège le
conseil exécutif du conseil d'ouvriers et de soldats[3].
L'intention est d'arrêter les membres du conseil exécutif. D'autres unités
militaires commandées par l'adjudant [Feldwebel] Spiro interviennent devant la
chancellerie où se trouve le chancelier Friedrich Ebert (SPD). Spiro dénonce le conseil exécutif comme organe nuisible, et
invite Ebert à assumer la fonction de président de la république. Celui-ci
refuse. L'action contre le conseil exécutif est abandonnée.
Cette tentative de putsch avait été planifiée par quelques
fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères.
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Le Conseil central du Peuple pour la Silésie, à Breslau (Niederschlesien) (aujourd'hui Wroclaw, Pologne), constitue
un Conseil central d'ouvriers et de soldats pour la Haute-Silésie, à
Kattowitz (Katowice, aujourd'hui en Pologne)[4].
Ce conseil est appuyé financièrement par les industriels de la
Haute-Silésie.
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Le 15 novembre 1918, le Commandement suprême de l'armée
avait entamé des préparatifs pour organiser, dans le cadre du retour des
troupes du front, une structure organisationnelle s'appuyant sur des
formations pouvant être considérées comme fiables, en vue de leur
utilisation pour le maintien de l'ordre intérieur[5].
Le 6 décembre, est mise en place le Commandement général [Generalkommando] dirigé par le
lieutenant général Arnold Lequis, pour prendre en
charge ses troupes, pour la région de Berlin.
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À Stuttgart (Württemberg), le comité exécutif [Vollzugsausschuß] du conseil d'ouvriers et de soldats
organise une assemblée au niveau régional[6].
Un comité régional [Landesausschuß] des conseils
d'ouvriers et de paysans est constitué sur la base du comité exécutif en y
ajoutant cinq représentants de districts. Un comité régional des conseils
de soldats avait déjà été constitué le 17 novembre. Hermann
Zernicke (SPD) et Emil Unfried (Spartakus),
respectivement président et adjoint du comité exécutif du conseil
d'ouvriers et de soldats depuis le 26 novembre, assument maintenant
ces fonctions pour le comité régional.
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À Brême (Bremen), le conseil d
d'ouvriers et de soldats rejette une motion demandant le rétablissement des
institutions parlementaires (Senat et Bürgerschaft),
qui avaient été destituées le 14 novembre[7].
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Le Conseil d'ouvriers et de soldats de Tarnowitz
(Tarnowskie Góry, aujourd'hui en Pologne) exige
l'établissement d'un état indépendant pour la Haute-Silésie[8].
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À Berlin, du 10 au 15 décembre, s'effectue
le retour du front de dix divisions. Elles sont accueillies de façon festive
par le gouvernement. Le 10, F. Ebert déclare dans son discours:
Le travail est la religion du socialisme, nous devons
travailler de toute force, de tout dévouement, sous peine de périr et de
sombrer, sous peine de devenir un peuple réduit à la mendicité.
(Cf. le texte ►.)
[Citation dans l'original ►.]
Et Philipp Scheidemann, le 12:
Même avec tout votre héroïsme vous ne pouviez pas conquérir
la paix contre la suprématie de tout un monde, maintenant vous devez nous
aider d'obtenir cette paix ici dans la patrie même.
(Cf. le texte ►.)
[Citation dans l'original ►.]
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En Haute-Silésie, des grèves ont lieu chez les
travailleurs des chemins de fer, ainsi que des révoltes parmi les
prisonniers de guerre soumis aux travaux forcés dans l'industrie régionale[9].
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Est publiée la loi pour la formation d'une Garde populaire
volontaire [Gesetz zur Bildung einer Freiwilligen Volkswehr].
(Cf. ci-dessous.)
Le
3 décembre F. Ebert avait proposé au Conseil des mandatés du
peuple de créer une "troupe entièrement à disposition de la direction
du Reich" comme "protection face à toute contrerévolution"
et pour le maintien de la sécurité et de l'ordre[10].
[Citation dans l'original ►.]
Le 6 décembre avait été adoptée la loi sur la formation d'une force de
défense populaire volontaire ["Gesetz zur Bildung einer
freiwilligen Volkswehr"]; elle est publiée le 12 décembre.
Le 13 décembre sont portées à la connaissance de l'armée les
dispositions de mise en oeuvre. Le 14 décembre le
Conseil des mandatés du peuple donne l'instruction au ministère de la
guerre de Prusse (dirigé par Heinrich Scheüch depuis
le 9 octobre), dont dépend le commandement suprême de l'armée depuis
le 15 novembre, de créer 11 unités auprès de l'armée de l'Ouest.
Le ministère transmet l'instruction au commandement suprême de l'armée
lequel émet des ordres aux instances inférieurs Mais cette procédure reste
sans suite. Ce n'est qu'en février 1919 que Walter Reinhardt (qui a succédé
à Scheüch le 3 janvier), pourra recruter
600 hommes, seulement après avoir renoncé aux structures démocratiques
prévues en principe pour cette troupe.
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Développement des corps-francs
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Par contre, les efforts mis en oeuvre
pour la constitution des troupes contrerévolutionnaires connues comme
“corps francs” [“Freikorps”], se concrétisent
efficacement[11].
Le major général Georg Maercker constitue le
“Corps volontaire de chasseurs de campagne” [“Freiwilliges
Landjägerkorps”] (cf. 14 décembre). D'autres unités
similaires sont formées par la suite: le “Corps de tirailleurs de terre” [“Landesschützenkorps”] ‑ commandé par le
major général Dietrich von Roeder ‑,
la “Division de protection allemande” [“Deutsche
Schutzdivision”] basée sur la 31e division d'infanterie ‑ commandée
d'abord par le major général Paul von Wissel, puis par
le lieutenant général Wilhelm von der Lippe ‑,
le “corps-franc Hülsen” basé sur la 231e division d'infanterie ‑ commandé par le
major général Bernhard
von Hülsen ‑, le “corps-franc Held”
basé sur la 17e division d'infanterie ‑ commandé par le
major général Siegfried von Held ‑, la “Division de tirailleurs de
cavalerie de garde” [“Garde-Kavallerie-Schützendivision”]
‑ commandée par le capitaine Waldemar Pabst ‑,
la Brigade Reinhard ‑ commandée
par le colonel Wilhelm Reinhard. Pour la marine[12]:
la “Brigade de Marine I” [“Marine-Brigade I”]
‑ commandée par le colonel Emmo von Roden ‑,
la “Brigade de Marine II” [“Marine-Brigade II”]
‑ commandée par le capitaine de corvette Hermann Ehrhardt,
la “Brigade de Marine III” [“Marine-Brigade III”]
‑ commandée par le capitaine de corvette Wilfried
von Loewenfeld.
Ce développement accéléré des corps-francs répond au fait
que dans la période immédiatement après le 9 novembre, les troupes qui
soutiennent le gouvernement sont rares[13]:
les “Fusiliers de garde”
[“Garde-Füsiliere”] du lieutenant sergent Schulze, le
“Bataillon d'assaut” [“Sturmbataillon”]
de la “Garde militaire républicaine” [“Republikanische Soldatenwehr”], le “régiment Potsdam” (basé
sur le 1er régiment de garde à pied [1. Garde-Regiment
zu Fuß]) commandé par Major Franz von Stephani,
et le “Bataillon de sous-officiers Suppe” [“Unteroffiziersbataillon Suppe”] dirigé par le sergent Gustav Suppe (cette formation sera intégrée dans la Brigade Reinhard).
À la fin de décembre sont ainsi rassemblées dans et autour
de Berlin de troupes d'environ 10 000 hommes. En janvier 1919, pour
l'ensemble du pays, existent plus de 50 corps francs, vers mars-mai
leur nombre dépassera la centaine avec un effectif qui s'élève à environ
250 000 hommes[14].
Ils forment ainsi l'organisation militaire la plus nombreuse d'Allemagne,
mais puisqu'ils ne sont pas sous commandement du gouvernement, leur
existence ne viole pas les conditions d'armistice.
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a
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Loi pour la formation d'une
Garde populaire volontaire, 12 décembre 1918 (extraits)[15]
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1. Pour le maintien de l'ordre et la sécurité publics une
garde populaire volontaire doit être formée.
2. Le conseil des mandatés du peuple, exclusivement, attribue
les pouvoirs pour la mise en place des sections de cette garde populaire,
qui fixe aussi le nombre et la force des sections.
3. La garde populaire est placée exclusivement sous les
ordres du conseil des mandatés du peuple. Elle s'engage vis-à-vis de la
république socialiste et démocratique par poignée de main.
4. Seuls des volontaires sont intégrés à la garde
populaire. Elle sera placée en dehors du cadre de l'armée. [...]
[...]
9. Les volontaires doivent être habillés, équipés, armées
et logés comme les troupes de soldats. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Le major général [Generalmajor] Georg Maercker, anciennement commandant de la
214e division d'infanterie, émet l'ordre
fondamental n° 1 pour le Corps volontaire de chasseurs de
campagne [Grundlegender Befehl Nr. 1 für das
Freiwillige Landesjägerkorps][16].
Ce texte stipule:
La tâche du Corps volontaire de chasseurs de campagne est
le maintien du calme et de l'ordre à l'intérieur et la protection des
frontières du Reich.
[Citation dans l'original ►.]
Voici des extraits du discours qu'il tient peu après devant
une section de ce corps franc nouvellement créé[17]:
[...] Le gouvernement impérial a été relayé par celui du
chancelier du Reich Ebert. Il est actuellement dans une situation hautement
difficile, car elle ne dispose d'aucun instrument de pouvoir. Au plus tard
dans 14 jours l'armée allemande est dissoute. Or il nécessite des
instruments de pouvoir ‑ pour le combat aux frontières du Reich
autant que pour la lutte à l'intérieur. À l'est se tiennent les
bolchéviques de la Russie, se tiennent aux frontières allemandes les
Polonais et les Tchèques et les menacent. À l'intérieur du Reich tout se
trouve sens dessus sens dessous. Partout pillage, partout désordre, nulle
part respect de la loi ni de l'ordre, respect de la propriété privée et
étatique. Et avant tout le gouvernement Ebert est menacé par le groupe des
gens de Spartakus, par Liebknecht et Rosa Luxemburg. Cette menace est
vilaine. La Rosa Luxemburg est une diablesse et Liebknecht un type qui
risque le tout pour le tout, et qui sait précisément ce qu'il veut. Avant
tout ce groupe veut empêcher que l'assemblée nationale se réunisse, parce
que l'assemblée nationale doit amener ce que ces gens ne veuillent pas, à
savoir la paix, le calme et l'ordre dans le Reich. Rosa Luxemburg peut
aujourd'hui impunément ruiner le Reich allemand, car il n'y a pas de force
dans le Reich qui puisse l'affronter. C'est là que nous voulons combler le
vide, que ce soit pour protéger les frontières du Reich ou que ce soit pour
faire en sorte qu'à l'intérieur règnent calme et ordre. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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À Berlin, les conseils d'ouvriers et de soldats de la
ville se réunissent pour élire leurs délégués pour le congrès national des
conseils qui doit se tenir à partir du 16 décembre[18].
Sont élus: pour l'USPD, Heinrich Malzahn, Emil
Eichhorn, Richard Nowakowski, Paul
Neumann, Gustav Laukant; pour le SPD, Hermann Lüdemann, Max Cohen(-Reuß), Fritz Matern, Otto Frank, Gustav Rickelt, Paul Neue, Fritz Brolat; pour les employés et enseignants, Wilhelm Flügel.
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À Stuttgart (Württemberg), le gouvernement et les
deux comités régionaux établissent un accord concernant les compétences des
conseils[19].
Le principe est reconnu que ces derniers constituent le fondement
révolutionnaire du nouveau système de gouvernement, mais il est précisé que
le pouvoir exécutif incombe exclusivement au gouvernement et à l'ancienne
administration restée en place. Des dispositions complémentaires seront
adoptées le 8 janvier et le 27 mars 1919.
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Le 16 novembre avait été publié un appel à la fondation
d'un "grand parti démocratique", puis le 20 novembre, sur la
base de ce texte, le Parti progressiste du peuple (Fortschrittliche
Volkspartei, FVP) et une partie considérable du Parti
national-libéral (Nationalliberale Partei, NLP)
avaient décidé leur fusion sous le nom de “Parti démocratique allemand” (“Deutsche Demokratische Partei”, DDP)[20].
Le reste du NLP s'était d'abord transformé en “Parti allemand du peuple” (“Deutsche Volkspartei”, DVP), mais finalement la majorité
de ce dernier avait aussi rejoint le DDP. Seul un groupe autour de Gustav
Stresemann décide, le 15 décembre, de maintenir le DVP.
Les origines communes du DDP et du DVP remontent au Parti
allemand du progrès (Deutsche Fortschrittspartei, DFP)
fondé en 1861. Le NLP avait été constitué en 1867 comme résultat d'une
scission du DFP. En 1884 ce dernier, en absorbant une organisation s'étant
détachée entretemps du NLP, s'était transformé en “Parti libéral allemand” (“Deutsche
Freisinnige Partei”)[21],
puis au bout d'autres réorganisations, en FVP, en 1910.
Pour les positions programmatiques respectives, cf.
ci-dessous.
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Résolution
adoptée par l'assemblée extraordinaire de l'USPD de
Grand-Berlin, le 15 décembre 1918[22]
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Deux projets de résolution sont soumis au vote, au sujet de
l'attitude vis-à-vis du gouvernement et de la convocation d'une assemblée
nationale.
Projet présenté par Rosa Luxemburg:
L'assemblée extraordinaire de l'organisation de l'USP
pour Grand-Berlin, du 15/12/1918 exige:
1. la
sortie immédiate des représentants de l'USP du gouvernement
Ebert-Scheidemann.
2. l'assemblée
refuse la convocation de l'assemblée nationale, qui ne peut que conduire à
renforcer la contrerévolution et à escroquer la révolution en ce qui concerne
ses objectifs socialistes.
3. l'appropriation
immédiate du pouvoir politique complet par les conseils d'ouvriers et de
soldats, désarmement de la contrerévolution, armement de la population
travailleuse, formation d'une garde rouge pour la protection de la
révolution, dissolution du conseil Ebert des mandatés du peuple,
attribution du pouvoir d'état suprême au conseil exécutif des conseils
d'ouvriers et de soldats.
4. L'assemblée
générale de l'organisation demande la convocation immédiate du congrès de
l'USP.
[Citation dans l'original ►.]
Projet présenté par Rudolf Hilferding:
L'assemblée générale de l'organisation déclare:
La tâche politique la plus importante de l'USP est
actuellement l'organisation des élections à l'assemblée nationale. Il
s'agit de déployer toute la force du prolétariat afin de remporter la
victoire du socialisme sur la bourgeoisie. L'USP se considère comme le
vecteur de la révolution et comme sa force motrice. Elle est disposée à
remplir tous les devoirs qui en résultent, selon les exigences respectives
de la situation, que ce soit dans le gouvernement socialiste ou que se soit
en opposition résolue à tout mouvement contrerévolutionnaire. Elle appelle
ses représentants dans le gouvernement à travailler avec la plus extrême
fermeté et sans concessions qui seraient signe de faiblesse, pour la
sauvegarde et l'élargissement des conquêtes révolutionnaires.
[Citation dans l'original ►.]
Le texte présenté par R. Luxemburg obtient 195 voix,
celui présenté par R. Hilferding 485.
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Appel en vue de la fondation
d'un Parti démocratique, 16 novembre 1918 (Extraits)[23]
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[...]
Aujourd'hui, nous n'établissons pas un programme,
cependant ceux qui veulent nous rejoindre doivent être liés par des
principes communes.
Le premier principe est que nous nous plaçons sur le
terrain de la forme d'état républicaine. [...]
Le deuxième principe signifie que nous ne pouvons pas
séparer la liberté de l'ordre, de la légalité et de l'égalité des droit
politiques de tous les membres de l'état et que nous combattons toute
terreur bolchévique, réactionnaire ou autre, dont la victoire ne
signifierait rien d'autre que misère épouvantable et l'hostilité du monde
civilisé entier, animé par l'idée du droit.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
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Appel du DDP en vue des
élections, 14 décembre 1918 (Extraits)[24]
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[...]
La voie vers l'état populaire libre est ouverte. Mais
cela fait déjà largement trop longtemps que durent le désordre et l'absence
de loi, allant de pair avec la révolution. Ne vivons-nous pas la menace
quotidienne par les gens de Spartakus, l'altération de notre vie économique
par des grèves politiques et revendications salariales dénuées de sens, le
démembrement de territoires du Reich par la Pologne, le morcèlement indigne
du Reich à l'intérieur. [...] Au travail convenable doit revenir comme
récompense une existence suffisante, digne d'être vécu et la participation
aux biens de la culture. Reconnaissance étatique des unions de travailleurs
et d'employés, un tribunal d'arbitrage obligatoire ainsi que garanti des
conditions de travail fixées par des conventions collectives, en
particulier aussi des salaires et appointements minima doivent y pourvoir.
[...] Or de telles charges ne peuvent être supportées que sur la base du
maintien de la propriété privée et d'un ordre économique qui maintient
vivant l'intérêt de l'individu pour le bénéfice et le stimule en vue de
l'activité au plus haut degré.
[Citation dans l'original ►.]
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Appel du DVP en vue des
élections, 18 décembre 1918 (Extraits)[25]
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•
|
[...]
Nous exigeons la pleine liberté de coalition, une
nouvelle législation concernant les ouvriers et les employés, intégrant des
mesures sociales, la continuation énergique de la politique sociale, [...],
la reconnaissance des associations professionnelles et leur intégration
dans le droit public, la règlementation internationale de la législation en
matière de politique sociale doit être obtenue.
Nous restons attachés au principe de la propriété privée
et du droit d'héritage, nous restons attachés à la position dirigeante de
l'entrepreneur dans son entreprise de même que dans l'économie nationale,
ceci cependant sous coopération appropriée des travailleurs et des employés
par leurs comités et leurs représentants. Nous nous plaçons en opposition
délibérée à ceux qui voient leur objectif politique et économique dans la
socialisation de tous les moyens de production et l'abolition de la
propriété privée. Pour ce qui est d'un transfert sous la direction et la
propriété des pouvoirs publics, de branches d'exploitation qui s'y prêtent,
nous sommes prêts à y consentir, pour autant que, par là, soient créés un
revenu plus élevé pour la communauté et des conditions de vie meilleures
pour les salariés. [...]
Du gouvernement actuel nous exigeons qu'il fasse enfin
énergiquement régner le calme et l'ordre. [...] Mais nous exigeons la
suppression des empiètements de personnes non autorisées, sur l'activité
des tribunaux, des pouvoirs publics et des administrations communaux, sur
la liberté de coalition et de presse. [...] Nous exigeons la suppression
des empiètements irresponsables sur la vie économique [...].
[...] Nous exigeons le transfert immédiat du pouvoir
gouvernemental actuel, reposant uniquement sur la situation de fait
résultant de la révolution, vers un ordre juridique nouveau; nous exigeons
donc la convocation immédiate d'une Assemblée nationale comme instance
ayant pouvoir constituant et législatif; sans son approbation toute
législation est dépourvue de base juridique. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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À Berlin se tient le Congrès national des Conseils
d'ouvriers et de soldats [Reichskongreß der Arbeiter- und
Soldatenräte, ou Reichsrätekongreß]. Y
participent 489 délégués ayant droit de vote, dont 289 du SPD,
90 de l'USPD[26].
Parmi ces derniers, 19 sont membres de la Ligue Spartakus, dont Fritz Heckert et Eugen Leviné.
La Ligue Spartakus présente la demande que Karl Liebknecht
et R. Luxemburg, qui n'avaient pas obtenu de mandat, soient admis
comme assistants avec voix consultative, ce qui est refusé[27].
Le jour de l'ouverture du congrès, la Ligue Spartakus organise une
manifestation de travailleurs qui se dirige vers le bâtiment où il se tient
(l'Abgeordnetenhaus)[28].
Selon l'indication des organisateurs, le rassemblement réunit environ
250 000 personnes. Paul Levi et K. Liebknecht prononcent des
discours. Une délégation soumet au congrès une liste de revendications[29]:
1. L'Allemagne
est une république socialiste unitaire.
2. Tout
le pouvoir aux conseils d'ouvriers et de soldats.
3. Le
conseil exécutif des conseils d'ouvriers et de paysans, élu par le congrès
de conseils, comme organe suprême du pouvoir législatif et de gouvernement,
par lequel en outre doivent être nommés et révoqués les mandatés du peuple
et toutes les administrations centrales.
4. Suppression
du conseil Ebert des mandatés du peuple.
5. Mise
en oeuvre énergique immédiate, par le conseil central,
de toutes les mesures requises pour la protection de la révolution, avant
tout désarmement de la contrerévolution, armement du prolétariat, formation
de la Garde Rouge.
6. Appel
immédiat du conseil central aux prolétaires de tous les pays pour la
formation de conseils d'ouvriers et de soldats dans le but de mener à bien
les tâches communes de la révolution socialiste mondiale.
[Citation dans l'original ►.]
Les références au conseil exécutif ainsi qu'au conseil
central reprennent des principes d'organisation développés depuis novembre.
Un premier conseil exécutif des conseils d'ouvriers et de soldats de
Grand-Berlin avait été mis en place par l'assemblée plénière des conseils
d'ouvriers et soldats de Berlin tenue le 10 novembre. L'exigence de la
constitution d'un conseil central avait été formulée notamment le
18 novembre dans une résolution adoptée par le conseil d'ouvriers et
de soldats de Grand-Berlin[30].
Le 17 décembre une assemblée des représentants de la
garnison de Berlin adopte une résolution, et une délégation s'introduit
dans la salle du congrès national des conseils afin de soumettre le texte
au vote[31]:
Tout comme avant, nous nous tenons à la disposition du
gouvernement actuel, en tant que gouvernement dans le programme duquel
figurer comme objectif final la création d'une république socialiste.
Contre le déposition de la Division de marine populaire, projetée du côté
de la réaction, nous protestons de la façon la plus énergique. Les
camarades de la marine ont été les premiers porteurs et protecteurs de la
révolution. C'est pourquoi leur présence à Berlin est absolument
nécessaire. Les soldats demandent à l'instance législative siégeant à l'Abgeordnetenhaus, d'adopter immédiatement les résolutions
d'urgence suivantes:
1 Un conseil suprême de soldats, composé de délégués
élus de tous les conseils de soldats allemands, exerce le pouvoir de
commandement sur toutes les troupes de l'armée, par analogie à la marine*.
2. Les insignes de rang de tous les rangs de
service sont interdits. L'ensemble des officiers doivent être congédiés.
L'interdiction des insignes de rang de tous les rangs entre en vigueur pour
les troupes rentrant au pays, après qu'ait eu effectué la déposition des
armes dans les casernes.
3. Ce sont les conseils de soldats qui portent la
responsabilité pour la fiabilité des unités de troupes et pour le maintien
de la discipline.
[Citation dans l'original ►.]
* où le comité des 53 avait le pouvoir de
commandement
La mention, dans le premier point, de la marine comme
exemple à suivre, a en vue le Comité des 53, constitué le
19 novembre en application d'une décision prise par une réunion de
délégués des Conseils de marins[32].
Le Comité des 53 désignait un Conseil central composé de cinq membres.
Les pouvoirs attribués au Conseil central incluent notamment la disposition
que tous les ordres émanant de l'Office national de la marine et de
l'état-major doivent être contresignés par un membre du Conseil central.
Le débat est houleux, la discussion et un éventuel vote sur
le texte sont reportes au lendemain. Le 18 décembre Walther Lamp'l
(SPD) présente une motion du conseil d'ouvriers et de soldats de Hambourg
(dont il est président adjoint) en affirmant que ces dispositions coïncident
largement avec les revendications des soldats de Berlin[33].
Du fait de son origine ce texte est depuis désigné comme “points de
Hambourg” (“Hamburger Punkte”); ceux-ci avaient été
publiés par le conseil de soldats de Hambourg le 15 décembre, et mis
en vigueur pour Hambourg, Altona et environs. Selon Lamp'l ce qui distingue
uniquement la motion de Hambourg, est un point supplémentaire
(point 8) qui stipule que les points 1 à 7 sont des lignes
directrices qui devraient être précisées par le Conseil des mandatés du
peuple sous contrôle du conseil exécutif. En réalité, il y a des
différences notables. Selon les points de Hambourg, le pouvoir de
commandement suprême doit être assumé par le Conseil des mandatés du peuple
sous contrôle du conseil exécutif, et non pas par un conseil suprême de
soldats; ils prévoient seulement que les officiers ne doivent plus porter
d'armes en dehors du service, et non pas qu'ils doivent par mesure de
principe être désarmés totalement. Par la suite, H. Lüdemann
(SPD), après discussion en commission, soumet au congrès une proposition
consistant à reprendre textuellement les points de la délégation de
Hambourg tout en écartant l'ajout d'un point 8 qui caractériserait ces
points comme lignes directrices. Cette proposition est approuvée par un
vote du congrès.
Mais le Conseil des mandatés du peuple exprime l'avis que
ces points ne pourraient pas entrer en vigueur immédiatement, puisqu'il
faut à cette fin élaborer des "dispositions de mise en
application" ["Ausführungsbestimmungen"].
(Celles-ci seront publiées le 19 janvier 1919, cf. à cette date.) La
question est aussi traitée en dehors du congrès. Le 19 décembre, Paul von Hindenburg ainsi que l'ensemble des officiers
de haut grade adressent à ce sujet au gouvernement une lettre de protestation[34].
Wilhelm Groener, adjoint de Hindenburg au commandement
suprême de l'armée, se rend ensuite à une session qui réunit le Conseil des
mandatés du peuple et le Conseil central. Sous l'effet des pressions, ces
deux organes approuvent que le texte, bien qu'adopté par le congrès, soit
remanié en y intégrant finalement le point 8. (Cf. plus loin le texte
dans la version qui sera officialisée suite à ces tractations.)
Le 18 décembre, H. Lüdemann
soumet au congrès une résolution concernant le pouvoir législatif et
exécutif (cf. ci-dessous). Elle est adoptée à une large majorité.
Ernst Däumig (USPD)
présente une motion qui stipule notamment[35]:
L'assemblée de délégués déclare qu'en toutes
circonstances sera retenu le système de conseils comme fondement de la
constitution de la république socialiste, et ceci de manière à ce qu'aux
conseils incombe le pouvoir suprême législatif et exécutif.
[Citation dans l'original ►.]
Le texte prévoit l'élection d'un congrès national des
conseils d'ouvriers et de soldats d'Allemagne, chargé de décider la future
constitution d'Allemagne, et que dans l'immédiat un conseil central composé
de délégués des conseils d'ouvriers et de soldats soit investi du pouvoir
suprême de contrôle vis-à-vis du Conseil des mandatés du peuple et des
offices gouvernementales. (Cf. plus loin Däumig au sujet du système des
Conseils.) Le 19 décembre, cette motion sera rejetée par 344 voix
contre 98.
Par ailleurs, en se référant à la motion Lüdemann,
adoptée précédemment (cf. plus haut), Richard Lipinski
(USPD) demande que soit expliquée ce qu'il faut
entendre par "surveillance parlementaire des mandatés du peuple par le
conseil central". Au nom des mandatés du peuple, Hugo Haase (USPD) présente la déclaration suivante[36]:
Par surveillance parlementaire le conseil des mandatés du
peuple entend, que tous les projets de lois sont présentés au conseil
central, et que tous les projets de loi importantes sont délibérés avec
lui. Il considère comme tout à fait exclu qu'avec cette règlementation
puissent surgir entre lui et le conseil central des brouilles. Dans cette
période révolutionnaire il faut travailler rapidement par voie de
législation. Si dans un cas quelconque un accord n'est pas atteint, alors
ne doit pas se produire un vacuum, mais alors le conseil des mandatés du
peuple doit pouvoir décider lui-même, tant qu'il possède la confiance du
conseil exécutif qui, il est vrai, le peut révoquer à n'importe quel
moment.
[Citation dans l'original ►.]
Friedrich Geyer (USPD) demande une
interruption de séance afin de pouvoir discuter de la question, ce qui est
refusé. Le Groupe Spartakus et une grande partie de l'USPD
quittent alors la salle. Geyer soumet une motion selon la phrase ayant fait
l'objet d'une discussion, dans la motion Lüdemann,
soit formulée de la manière suivante[37]:
Le conseil central a le plein
droit de l'accord ou du refus de lois avant leur promulgation.
[Citation dans l'original ►.]
Un vote sur les deux versions de texte donne 290 voix
pour celui proposé par Lüdemann, et 115 pour la
proposition de modification de Geyer.
Le congrès élit un conseil central [Zentralrat
der Arbeiter- und Soldatenräte] qui assume la "gestion
provisoire des affaires nationales" ["provisorische
Führung der Reichsgeschäfte"] et de celles concernant la
Prusse, pour autant qu'elles relèvent des Conseils d'ouvriers et soldats[38].
Dans ce domaine il remplace donc le conseil exécutif. Le 23 décembre
sera publiée une notification commune des deux organes, datée du
21 décembre. Elle annonce que toutes les délégations de pouvoirs et
légitimations que le conseil exécutif avait établies (avant tout pour les fonctions
de contrôle dans les administrations et le ministère de la guerre)
expireront à la date du 28 décembre. Le conseil exécutif a maintenant
pour fonction de gérer les affaires concernant Grand-Berlin.
Entretemps l'USPD, à l'initiative de G. Ledebour et contre l'avis de
H. Haase, a décidé de ne pas participer à l'élection des membres du
conseil central. Par conséquent, comme résultat des élections le conseil
central, composé de 27 membres, comprend les délégués suivants[39],
tous candidats présentés par le SPD: Robert Leinert, Georg
Maier, Hermann Wäger, Hugo Struve, Emil Pörschmann, M. Cohen(-Reuß),
Robert Pfaff, Hermann Müller, Heinrich Zwosta, Heinrich Schäfer, Hermann
Kahmann, Fritz Herbert, W. Lamp'l, Albert Stuber, Richard Horter,
Wilhelm Knoblauch, Gustav Heller, Karl Prokesch, Karl Zörgiebel, Karl
Bethke, Friedrich Voigt, Heinrich Kürbis, Otto Sidow, A. Grzesinski,
Max König, Fritz Faaß, Robert Kohl.
Dans la suite des travaux du congrès, une motion présentée
par le SPD et fixant des élections à l'assemblée nationale pour le
19 janvier 1919, est adoptée par environ 400 voix contre
environ 40[40].
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Ernst Däumig über
die Grundprinzipien des Rätegedankens (1920)[41]
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L'essence de l'idée des conseils
repose sur les principes suivants:
1. Seul le prolétariat peut être vecteur de l'idée des
conseils, c'est-à-dire tous les travailleurs de la main et de la tête qui
sont contraints à vendre leur force de travail au capital pour pouvoir
vivre. Par là, l'idée des conseils se trouve en opposition autant aigüe que
naturelle vis-à-vis de l'idée démocratique habituelle lequel considère les
citoyens comme une masse homogène, sans égard à la grande contradiction
entre capital et travail et les clivages de classes qui en résultent.
2. Puisque le prolétariat qui suit l'idée des conseils,
poursuit des objectifs explicitement anticapitalistes, il ne peut tolérer
dans ses organisations de conseil aucun représentant capitaliste.
3. Puisque les parlements incarnant l'idée démocratique
formelle sont mis au service des tendances capitalistes, tant que la forme
de production capitaliste existe, l'idée des conseils ne peut pas être
réalisée avec les moyens du parlementarisme, mais doit être mise en
application dans les cellules de base de la production capitaliste, les
entreprises, mais ensuite aussi dans les différentes institutions de l'état
d'autorité qui est édifié sur la base de la production capitaliste.
4. Puisque la réalisation de l'idée des conseils
nécessite la participation active continuelle du prolétariat à toutes les
questions économiques et politiques, les organes de l'organisation de
conseils ne peuvent recevoir des pouvoirs à longue échéance, mais doivent
toujours être soumis au contrôle de leurs électeurs et être révocables à
n'importe quel moment, s'ils n'ont plus la confiance de leurs électeurs.
5. Puisque l'idée des conseils a pour objectif la
libération de l'ensemble du prolétariat de l'exploitation capitaliste,
l'organisation de conseils ne peut être le domaine d'un parti particulier
ou de groupes de profession particuliers, ais doit englober le prolétariat
comme un tout.
[Citation dans l'original ►.]
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Résolution
du Congrès national de conseils, concernant le pouvoir législatif et
exécutif, 18-20 décembre 1918[42]
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1. Le congrès du Reich des conseils d'ouvriers et de
soldats d'Allemagne, qui représente l'ensemble du pouvoir politique,
transfère, en attendant la règlementation déterminée par ailleurs par
l'assemblée nationale, le pouvoir législatif et exécutif au conseil des
mandatés du peuple.
2. En outre le congrès désigne un conseil central des
conseils d'ouvriers et de soldats, qui exerce la surveillance parlementaire
des cabinets allemand et prussien. Il a le droit à la surveillance des
mandatés du peuple du Reich et ‑ jusqu'à la règlementation
définitive du système politique ‑ aussi des mandatés du peuple
de Prusse.
3. Pour la surveillance de la conduite des affaires dans
les administrations du Reich, sont désignés par le conseil des mandatés du
peuple des adjoints des secrétaires d'état. Dans chaque administration du
Reich sont détachés deux adjoints qui doivent être choisis parmi les deux
partis social-démocrates. Avant la désignation des
ministres spécialisés et des adjoints, le conseil central doit être
entendu.
[Citation dans l'original ►.]
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Résolution du Congrès national de
conseils, concernant le pouvoir de commandement, 18-20 décembre 1918[43]
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Texte adopté le 18 décembre:
1. Ce sont les mandatés du peuple qui exercent le pouvoir
de commandement sur l'armée et la marine et les troupes de protection[44],
sous contrôle du conseil exécutif.
2. Comme symbole de la démolition du militarisme et de
l'abolition de l'obéissance aveugle, est décrétée la suppression de tous
les insignes de rang, et du port d'armes en dehors du service.
3. Ce sont les conseils de soldats qui sont responsables
de la fiabilité des unités de troupe et du maintien de la discipline. Le
congrès des conseils d'ouvriers et de soldats est convaincu que les troupes
subordonnées doivent absolument observer durant le service, vis-à-vis des
conseils de soldats élus par eux-mêmes ainsi que vis-à-vis des supérieurs,
l'obéissance requise pour l'accomplissement des objectifs de la révolution
socialiste. Il n'y a plus de supérieurs en dehors du service.
4. La suppression des épaulettes, galons de sous-officier
etc., cocardes et baïonnettes est du ressort exclusif des conseils de
soldat, non pas d'individus. Des excès nuisent à la réputation de la
révolution et sont malvenus au moment du retour au pays de nos troupes. Le
congrès demande l'abolition de toutes les médailles et décorations, et de
la noblesse.
5. Les soldats élisent eux-mêmes leurs chefs. Des anciens
officiers qui jouissent de la confiance de la majorité de leurs unités de
troupe peuvent être réélus.
6. Dans l'intérêt de la démobilisation, des officiers des
administrations militaires et des fonctionnaires au rang d'officiers sont à
maintenir dans leurs fonctions, s'ils déclarent ne rien entreprendre contre
la révolution.
7. L'abolition de l'armée permanente et l'édification
d'une garde populaire doivent être accélérées.
[Citation dans l'original ►.]
La phrase selon laquelle "le congrès demande
l'abolition de toutes les médailles et décorations, et de la noblesse"
figurant dans le point 4 constitue un ajout par rapport à la version
initiale présenté par Lamp'l.
Le projet de résolution incluait initialement le paragraphe
suivant:
8. Les énoncés qui précèdent sont des lignes directrices.
Les dispositions définitives d'application seront fixées par les six
mandatés du peuple sous contrôle du conseil exécutif et en accord avec les
conseils de soldats de l'armée et de la marine.
[Citation dans l'original ►.]
Cependant ce point avait été retiré avant même le vote.
Le 20 décembre, le point 1 est complété par
l'ajout suivant:
1. Dans les garnisons le pouvoir de commandement
militaire est exercé par les conseils d'ouvriers et de soldats en entente
continue avec le pouvoir de commandement suprême. 2. Des affaires
militaires qui sont communes à toutes les garnisons, sont traités par les
détenteurs du pouvoir suprême de commandement en association avec le
conseil de délégués de la garnison.
[Citation dans l'original ►.]
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À Brême (Bremen) est mise en
vigueur une nouvelle règlementation concernant les élections au conseil
d'ouvriers[45].
Ont droit au vote les adhérents des syndicats rattachés à la filiation des
dits “syndicats libres” (cf. ►)
ou à un des trois partis socialistes, c'est-à-dire SPD, USPD
et IKD. “Communistes internationaux d'Allemagne” (“Internationale
Kommunisten Deutschlands”, IKD) est le nom que s'est donné le
23 novembre l'ancienne organisation locale à Brême du SPD, au sein de
laquelle s'était regroupé la “Gauche radicale” après son exclusion du
parti; la “Gauche radicale” de Dresde a adopté cette désignation depuis
mi-novembre[46].
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Dans la région minière de Haute-Silésie,
se déroule un mouvement de grève[47].
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À Beuthen
(Bytom, Haute-Silésie, aujourd'hui en Pologne), est fondé
l'organisation régionale de la Ligue Spartakus[48].
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L'office du travail du Reich publie le décret sur les
conventions collectives, les comités de travailleurs et d'employés et la
conciliation relative aux litiges du travail [Verordnung über
Tarifverträge, Arbeiter- und Angestelltenausschüsse und Schlichtung von
Arbeitsstreitigkeiten][49].
(Cf. le texte du décret ►.)
Le décret sera modifié une première fois le 31 mai
1920, puis le 23 janvier 1923, et enfin le 28 février 1928.
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À Berlin, depuis le 12 décembre, un conflit
était en cours entre le SPD et la Division populaire de marine [Volksmarinedivision][50].
Cette unité, composée initialement le 11 novembre à partir d'environ
650 marins se trouvant à Berlin, avait été installée le
15 novembre dans le château de Berlin et dans le bâtiment du Marstall ‑ l'un des édifices du château de la
ville ‑, sous l'autorité du commandant de la ville [Stadtkommandant] O. Wels (SPD)[51].
Elle a pour mission de protéger les bâtiments publics tels que la
chancellerie du Reich [Reichskanzlei], ses effectifs,
renforcés par d'autres marins amenés de Cuxhaven et Kiel, s'élèvent
finalement à environ 3000. Durant le congrès national des conseils
d'ouvriers et de soldats, elle avait soutenu les demandes des soldats de
Hambourg.
Le 12 décembre elle avait reçu l'ordre de quitter les
lieux. La majorité devait être démobilisée, 600 devaient être intégrés à la
Garde militaire républicaine [Republikanische Soldatenwehr].
En attendant que ces mesures soient accomplies, les marins ne recevaient
pas leur solde. Le 23 décembre la division quitte le château,
E. Barth (SPD), membre du Conseil des mandatés du peuple, ordonne à
Wels de procéder au paiement du solde, mais celui-ci réplique qu'il attend
les ordres de F. Ebert.
Les marins occupent la chancellerie du Reich [Reichskanzlei].
Des troupes ramenées par Wels ouvrent le feu sur des marins rassemblés
devant l'état-major de la ville [Stadtkommandantur],
causant la mort de deux parmi eux. Les marins envahissent le bâtiment et
séquestrent Wels. Ebert intervient, promettant de régler l'affaire le
lendemain avec le Conseil des mandatés du peuple. Une centaine de marins
retournent ainsi au bâtiment du Marstall et au
château, les autres se trouvant auprès de leurs familles.
Les membres du Conseil des mandatés du peuple appartenant
au SPD tiennent une réunion durant la nuit, en présence du Grand
Quartier-maitre [Generalquartiermeister] Wilhelm Groener. Ebert décide une intervention. Environ
2000 soldats équipés d'artillerie lourde attaquent le château. Or le
Groupe Spartakus mobilise les travailleurs berlinois, les autres marins
reviennent également sur les lieux, et la Garde de sécurité [Sicherheitswehr]
du président de police E. Eichhorn (USPD)
intervient à leurs côtés. Le siège est abandonné. 11 marins sont morts
et 56 membres des troupes gouvernementales. La Division populaire de
marine obtient le paiement du solde, quitte le château, et s'intègre dans
la Force de défense militaire républicaine.
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À Berlin, en protestation par rapport à l'attaque
contre le château, des manifestants occupent pendant quelque temps le
bâtiment de l'organe du SPD, le Vorwärts[52].
Cette action est notamment motivée par un article de Friedrich
Stampfer, rédacteur en chef du journal, paru la veille (cf.
ci-dessous). Des tracts sont publiés sous le titre Der
Rote Vorwärts.
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Article de Friedrich
Stampfer dans le Vorwärts du
24 décembre[53]
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[Titre:]: Domination du peuple ou domination de
criminels?
[...] Que quelques jeunes à l'esprit confus et différents
éléments déloyaux se consacrent à faire du raffut et voient leur objectif
dans l'instauration d'une domination de famine et de terreur à l'asiatique,
comme en Russie ‑ ce n'est pas encore cela le pire. Le pire est
que des milliers de travailleurs berlinois semblent avoir perdu la boussole
dans la tête [et] courent sans réfléchir derrière les consignes les plus
stupides. [...]
Les évènements d'hier et d'aujourd'hui parlent un langage
sans équivoque. Il faut tirer un trait clair et net entre ici et là-bas,
[...]
Celui qui entrave le gouvernement dans ce travail
nécessaire, qui veut ôter au peuple le droit de décider pour lui-même dans
un vote libre, celui-là n'est pas un révolutionnaire, pas un républicain,
pas un socialiste, mais un criminel vis-à-vis de la révolution, la
république et le socialisme, et doit être traité en conséquence. [...]
[Citation dans l'original ►.]
Dans la même édition du Vorwärts
figure par ailleurs une annonce publicitaire signée "Generalsekretariat
Antibol", ce qui désigne un "Secrétariat général pour
l'étude et la lutte contre le bolchévisme"[54].
Le texte met en garde contre le bolchévisme comme "vandalisme et
terreur d'un petit groupe qui s'est arrogé le droit à la violence" et
appelle à garder la "maison allemande" face à la "plaie
russe qui guette à la porte".
[Citation dans l'original ►.]
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À Beuthen (Bytom,
Haute-Silésie, aujourd'hui en Pologne), la Ligue Spartakus organise une
manifestation à laquelle participent 2000 personnes[55].
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Dans la région de Haute-Silésie, les travailleurs
de 63 mines entament un mouvement de grève[56].
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À Hambourg, W. Lamp'l (SPD) devient président
du conseil de soldats[57].
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À Berlin, comme conséquence des évènements concernant
la Division populaire de marine, le lieutenant général A. Lequis
est remplacé par le général Walther von Lüttwitz dans
sa fonction de commandant général de la Mark
Berlin-Brandenburg.
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Après une réunion Conseil des mandatés du peuple tenue le
28 décembre, les trois représentants de l'USPD,
H. Haase, W. Dittmann et E. Barth,
démissionnent du conseil[58].
Cette décision est motivée par la désapprobation qui s'est exprimée
largement au sein de l'USPD au sujet des évènements
concernant la Division populaire de marine. Pour les remplacer, le conseil
central élit les membres du SPD Rudolf Wissel, Gustav
Noske et Paul Löbe, ce dernier refuse cependant sa
nomination. La répartition des charges est maintenant la suivante:
F. Ebert, Intérieur; O. Landsberg, Finances;
Noske, Armée et Marine; Ph. Scheidemann, Affaires étrangères; Wissel, Politique sociale.
Les membres de l'USPD occupant des
postes de secrétaire et sous-secrétaires d'État ainsi que les adjoints
démissionnent également, à l'exception de K Kautsky (Affaires
étrangères) et Emanuel Wurm (Ravitaillement en vivres [Reichsernährungsamt]) qui restent en place pendant quelques
semaines à titre transitoire, ainsi qu'Eduard Bernstein
(Trésor [Reichsschatzamt])[59].
Ce dernier, peu auparavant, était entré au SPD, sans quitter l'USPD, puis compte tenu du refus par l'USPD
de la double appartenance, avait définitivement rejoint le SPD.
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En Oldenburg, où l'USPD n'est
pas constitué en tant que tel, se développe au cours de la deuxième moitié
de décembre l'opposition entre d'une part le conseil d'ouvriers et de
soldats de la ville d'Oldenburg contrôlé par le SPD, et d'autre part le
Conseil des 21 (constitué le 6 novembre) à Wilhelmshaven,
proche de l'USPD[60].
Le 29 décembre se tient le congrès du SPD pour la circonscription
Weser-Ems pour établir les candidatures en vue des élections à l'assemblée
constituante. Paul Hug est confirmé comme président au
niveau régional. La désignation de Bernhard Kuhnt
comme tête de liste est refusée.
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Récit
de Gustav Noske concernant ses débuts comme Mandaté du peuple (extraits)[61]
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Pour autant que je devais apporter une contribution au
retour à l'ordre, il fallait que j'entre rapidement en contact avec les
soldats pour en garder la maitrise. C'est là que résidait tout le secret de
mon succès à Kiel, à savoir que je jouissais de la confiance
inconditionnelle de toutes les couches des soldats. [Cf. 4‑7 novembre
1918: ►.]
La première visite, je la faisais à l'aube chez la Division de la marine du
peuple au château et au Marstall. [...] La majorité
dans la division étaient de braves hommes, dont simplement on abusait.
[...] Je les quittai sur la remarque qu'après mes expériences de Kiel
j'espérais parvenir bientôt aussi à Berlin à de bonnes relations avec les
gens de la marine. Malheureusement, cela aura été un échec.
[Citation dans l'original ►.]
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30 décembre -
1er janvier 1919
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Du 30 décembre 1918 au 1er janvier 1919 se tient à
Berlin le Congrès constitutif du “Parti communiste d'Allemagne (Ligue
Spartakus)” (“Kommunistische Partei Deutschlands
(Spartakusbund)”, KPD(S))[62]
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Dans la Ruhr, depuis mi-novembre, se développent des
mouvements revendicatifs[63].
Notamment Hamborn et Mülheim
deviennent le centre de la Fédération libre de syndicats allemands (Freie Vereinigung Deutscher Gewerkschaften), d'orientation
syndicaliste. Dans la troisième semaine de décembre, à certains moments
30 000 mineurs sont en grève.
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