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À Berlin, une délégation de la Fabrique Ludwig Loewe
composée de membres SPD, USPD et KPD se rend au Vorwärts. À la question concernant une éventuelle libération
des locaux, les occupants répondent négativement[1].
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À Dresde (Sachsen) une manifestation se déroule
devant le bâtiment du Dresdener Volkszeitung[2].
Elle subit des tirs, il y a 15 morts. La responsabilité de
l'affrontement incombe notamment à Gustav Neuring
(SPD), permanent syndical et président du conseil de soldats de Dresde.
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À Brême (Bremen) le KPD et l'USPD organisent une manifestation au cours de laquelle est
déclarée l'élimination des institutions parlementaires locales (Senat, Bürgerschaft, Deputationen) et l'instauration de la
République socialiste de Brême (cf. ci-dessous)[3].
Les délégués SPD sont exclus du conseil d'ouvriers. Un Conseil des mandatés
du peuple est constitué, composé de cinq membres de l'USPD
et quatre du KPD. Il élit un conseil exécutif chargé de contrôler le
Conseil des mandatés du peuple. Des commissaires du peuple placés sous
l'autorité du Conseil des mandatés du peuple. et du conseil exécutif sont
désignés assumant la responsabilité de neuf domaines techniques [Fachbereiche].
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•
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À Stuttgart (Württemberg), P. Hahn avec ses
compagnies de sécurité met fin aux actions antigouvernementales[4].
Les ministres Ulrich Fischer et Artur Crispien, tous
les deux USPD, sont exclus du gouvernement pour s'être
montrés favorables au mouvement oppositionnel.
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À Düsseldorf (Nordrhein Westfalen),
les rebelles antigouvernementaux déclarent le maire Albert
Oehler comme déposé et désignent Carl Schmidtchen
pour ce poste[5].
Des affrontements se produisent entre les rebelles et des forces du SPD. Il
y a 13 morts.
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À Essen (Nordrhein Westfalen),
le conseil d'ouvriers et de soldats composé de membres du SPD, de l'USPD et du KPD, occupe les locaux de l'Association de mines (Zechenverband) (union des employeurs des mines de la Ruhr)
et du Syndicat du charbon de Rheinland-Westfalen (Rheinisch-Westfälischen Kohlensyndikat),
patronal[6].
Il décrète un contrôle général des salaires et des prix et exige des
directeurs d'entreprise et des travailleurs la poursuite de la production.
Il désigne un juriste appartenant au SPD, Ernst Ruben, comme commissaire du
peuple pour la préparation de la socialisation des mines.
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Communiqué du Conseil des
commissaires du peuple de Brême proclamant la République des Conseils,
10 janvier 1919 (extraits)[7]
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Habitants de Bremen!
La décision a été prise! Afin de ne pas être emporté par
l'effondrement suicidaire de l'ordre économique capitaliste, le peuple
travailleur de Bremen, le prolétariat révolutionnaire,
a pris son destin dans sa propre main.
Sur Bremen est
instaurée la loi martiale!
L'ensemble du pouvoir économique et politique est dans
les mains du gouvernement populaire prolétarien.
Bremen est une république socialiste
autonome!
Le Senat a été destitué!
Tous les citoyens et officiers possédant des armes
doivent déposer leurs armes d'ici à dimanche 11 janvier 1919,
5 heures de l'après-midi, à la nouvelle mairie. Après cette échéance,
les personnes possédant illégalement des armes sont soumises à la loi
martiale! Tous les insignes de rang doivent être ôtés immédiatement. Le vol
et les pillages sont des crimes contre la communauté socialiste! Des
personnes pris sur le fait en commettant de tels crimes seront fusillés sur
le champ! Toute tentative contrerévolutionnaire sera considérée comme haute
trahison et puni par exécution immédiate. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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|
Télégrammes diffusés par le
Conseil des commissaires du peuple de Brême, 10 janvier 1919[8]
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•
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1.
À tous les conseils d'ouvriers et de soldats d'Allemagne!
Le prolétariat de Bremen, indigné
par le régiment sanguinaire du gouvernement Ebert, allié aux exploiteurs, a
tiré, aujourd'hui 10 janvier 1919, une ligne de séparation vis-à-vis
de toute communauté avec la terreur sanguinaire de la bourgeoisie, laquelle
se manifeste à Berlin dans la lutte contre le prolétariat. Le prolétariat
de Bremen a posé son destin dans les mains d'un propre
gouvernement populaire prolétarien. Le prolétariat de Bremen
demande au conseil d'ouvriers et de soldats sur place de le rejoindre dans
la lutte contre le régime sanguinaire de la bourgeoisie.
2.
À nos combattants pour le socialisme à Berlin.
Que nos camarades de classe, qui se trouvent engagés dans
une lutte inouïe contre le régiment sanguinaire Ebert-Hindenburg, reçoivent
notre salut fraternel et la déclaration de sympathie des camarades de
classe révolutionnaires de Bremen. Le prolétariat de Bremen a aujourd'hui le 10 janvier 1919, posé son
destin dans les mains de son propre gouvernement populaire prolétarien et
est prêt, pour son avenir, côte à côte avec les camarades de classe
berlinois, de verser son sang dans la lutte contre tous les exploiteurs.
[Citations dans l'original ►.]
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Appel du Kommunist
(Brême) en soutien aux travailleurs berlinois et pour l'instauration de la
République des conseils, 10 janvier 1919 (extraits)[9]
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•
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Participez à la lutte!
Travailleuses et travailleurs!
À Berlin a éclaté la lutte hautement acharnée pour le
pouvoir entre la bourgeoisie et le prolétariat.
[...] Voulez-vous assister en spectateur oisif à la
lutte du prolétariat révolutionnaire berlinois contre le gouvernement
sanguinaire Ebert-Scheidemann? Ne voulez-vous pas, vous aussi engager cette
lutte à la même heure, avec la même force, avec la même ardeur?
Voulez-vous, pendant que le gouvernement social-patriotique assassine vos
frères à Berlin, négocier pacifiquement dans les conseils avec ses
représentants autour de la même table? [...]
À l'heure actuelle, vous ne pouvez pas rester passifs
Vous devez entrer en lutte, vous devez vous ranger aux côtés des masses
travailleuses berlinoises. [...]
Il s'agit de faire aboutir, à travers une puissante
manifestation de masse, les revendications suivantes:
1 Démission totale et
immédiate du Senat.
2. Mise en place
immédiate de commissariats du peuple.
3. Retrait immédiat
des socialistes majoritaires du conseil d'ouvriers. (À leur place les
communistes et les indépendants, dans leurs assemblées de membres, éliront
au conseil d'ouvriers 30 représentants chacun.)
4. Retrait de tous les
éléments bourgeois (y compris des socialistes gouvernementaux) du conseil
de soldats.
[Citation dans l'original ►.]
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|
•
|
À Berlin, des troupes pro-gouvernementales
investissent les locaux du Vorwärts. Des
occupants qui tentent de négocier avec les attaquants sont exécutés, parmi
eux Wolfgang Fernbach, ami de Rosa Luxemburg[10].
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•
|
À Hambourg, le SPD organise une manifestation
"Contre la terreur anarchiste, pour la liberté, pour le Parti
social-démocrate et la révolution" ["Gegen
anarchistischen Terror, für Freiheit, für die Sozialdemokratische Partei
und die Revolution"][11].
Il obtient l'organisation d'élections pour renouveler la composition du
conseil d'ouvriers.
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|
•
|
À Dresde (Sachsen), le conseil d'ouvriers et de
soldats de Grand-Dresde décrète l'interdiction de rassemblements
communistes et d'attroupements[12].
Otto Rühle est arrêté. L'USPD organise
une manifestation de protestation.
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•
|
Le mouvement de grève dans la Ruhr inclut plus de
80 000 travailleurs[13].
À Essen (Nordrhein Westfalen),
le conseil d'ouvriers et de soldats composé de membres du SPD, de l'USPD et du KPD, avait décidé le 9 janvier de proclamer
la socialisation des mines de la Ruhr et de nommer Ernst Ruben (SPD)
commissaire du peuple [Volkskommissar] en vue de la
mise en pratique[14].
Le 11 janvier, le conseil occupe les locaux de l'Association de mines (Zechenverband) (union des employeurs des mines de la Ruhr)
et du Syndicat du charbon de Rheinland-Westfalen (Rheinisch-Westfälischen Kohlensyndikat),
patronal. Il décrète un contrôle général des salaires et des prix et exige
des directeurs d'entreprise et des travailleurs la poursuite de la
production. Sous l'influence du SPD, cette action et les mesures adoptées
sont utilisées comme argument pour amener les travailleurs à renoncer à la
grève. Un tract est diffusé en ce sens (cf. ci-dessous): Néanmoins le
mouvement se maintient.
Pour la Ligue Spartakus, le tract porte les signatures d'Arthur Hammer, Oskar Triebel et Arthur König. En ce qui concerne Triebel,
cf. ►.
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|
•
|
À Cuxhaven (Niedersachsen) le conseil d'ouvriers et
de soldats proclame la République socialiste de Cuxhaven [Sozialistische
Republik Cuxhaven][15].
Confronté à la menace d'une intervention armée de la part du gouvernement
de Berlin, cette tentative sera abandonnée le 16.
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|
Décret
du commandant suprême Gustav Noske, 11 janvier 1919[16]
|
•
|
Travailleurs! Soldats! Citoyens!
Aujourd'hui à une heure 3000 hommes avec artillerie
lourde et mitrailleuses ont marché à travers Berlin et Charlottenburg.
Le gouvernement a montré par leur intermédiaire qu'il dispose du pouvoir
d'imposer votre volonté, qui lui demande la fin des brigandages et des
effusions de sang. Aussi espère-t-elle encore que sa ferme détermination
servira de dissuasion devant la terreur, que les spartakistes n'engagent
pas le combat pour les bâtiments volés mais qu'ils évacuent les scènes de
leurs infamies. Si au dernier moment cet espoir en vue de la raison s'avère
illusoire, alors le gouvernement de même que vous est à bout de patience.
Vous devriez les chasser si se montre ne serait-ce qu'un jour de
temporisation. À l'est des bandes spartakistes, en voiture et en pointant
le révolver, pillent les rues, une maison après l'autre, pendant que les
hommes de la garde de sécurité d'Eichhorn font les sentinelles. Le dernier
masque feignant qu'il s'agisse d'un mouvement politique, est tombé. Vol et
pillage s'avère être l'ultime et unique objectif des émeutiers.
Travailleurs!
Le gouvernement du Reich m'a chargé de la direction des
soldats républicains. Ainsi un travailleur est placé à la tête du pouvoir
de la république socialiste. Vous me connaissez, moi et mon passé dans le
parti. Je me porte caution pour qu'il n'y ait pas d'effusion de sang
inutile. Je veux nettoyer, pas détruire! Avec la jeune armée républicaine,
je veux vous apporter la liberté et la paix. L'unité de la classe ouvrière
doit faire face à Spartakus, si la démocratie et le socialisme ne doivent
pas périr.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
Tract du conseil d'ouvriers et
de soldats d'Essen, 11 janvier 1919[17]
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•
|
Victoire du socialisme!
Aujourd'hui le syndicat du charbon [Kohlensyndikat]*
et l'Association de mines [Zechenverband] ont été
occupés par nos commissaires du peuple. Par là a été accompli le premier
pas vers la socialisation. La centrale de l'exploitation capitaliste et la
citadelle du pouvoir des seigneurs des mines sont, par là, passées aux
mains du peuple. Puisque, en outre, les revendications de l'organisation
syndicale ont été accordées, les motifs de la grève sont devenus caducs.
Sur cette base la conférence des comités de grève et hommes de confiance de
l'ensemble des mines d'Essen a décidé, hier, à une grande majorité, la
reprise du travail. Mineurs, le premier pas sur la voie vers l'état futur a
ainsi été accompli. Nous poursuivrons résolument dans cette voie.
Aidez-nous par la discipline et la compréhension socialiste. Reprenez le
travail en bloc!
[Citation dans l'original ►.]
* Il s'agit du Rheinisch-Westfälisches
Kohlen-Syndikat, une association patronale fondée en 1893 par
98 mines de la Ruhr. C'est un cartel par lequel est assurée de façon
centralisée l'intervention des membres sur le marché du charbon.
|
|
•
|
À Berlin, les derniers combats ont lieu. Au total, on
compte plus d'une centaine de morts à l'issue des affrontements depuis le
5 janvier. L'état de siège est instauré à Berlin.
|
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•
|
En Bavière, les 12 janvier et 2 février ont lieu
des élections au parlement régional [Landtag] [18].
Bayerische Volkspartei
|
66
|
Sozialdemokratische Partei Bayerns
(Pfalz: Sozialdemokratische Partei)
|
61
|
Deutsche Volkspartei
(Pfalz: Deutsche Demokratische Partei)
|
25
|
Bayerischer Bauernbund
|
16
|
Nationalliberale Partei in Bayern
und Bayerische Mittelpartei
(Pfalz: Deutsche Volkspartei der Pfalz)
|
9
|
Unabhängige sozialdemokratische Partei
|
3
|
Total
|
180
|
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|
•
|
À Berlin, les "hommes de confiance"
déclarent l'arrêt de la grève générale[19].
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|
•
|
À Essen (Nordrhein Westfalen) se
tient une conférence de tous les conseils d'ouvriers et de soldats de la
région industrielle de la Rhénanie-Westphalie[20].
À la conférence participent des représentants du gouvernement et de tous
les syndicats. En accord avec eux la conférence décide à l'unanimité la
socialisation immédiate des mines. E. Ruben est confirmé comme
commissaire du peuple et à ses côtés est placée une “commission des neuf” [“Neunerkommission”]
composée de trois représentants respectivement, du SPD, USPD
et KPD. Il est décidé d'établir une structure de conseils basée sur des
Conseils de mine [Zechenräte] élus dans tous les puits
de la région et chapeautés par un Conseil central de mines [Zentralzechenrat].
Ces conseils auraient un droit de contrôle concernant les salaires, les
volumes de production et la situation financière de l'entreprise.
Le lendemain le gouvernement décrète la procédure
électorale, qui doit arriver à son terme à l'échéance du 1er décembre,
mais elle conçoit les organismes à élire selon le modèle des comités prévus
par le décret du 23 décembre 1918 sur les conventions collectives, les
comités de travailleurs et d'employés et la conciliation relative aux
litiges du travail. Il nomme trois plénipotentiaires chargés de la question
de la socialisation [Sozialisierungskommissare]: Otto
Hue dirigeant syndical de l'Ancienne fédération (Alter
Verband), Albert Vögler comme représentant des
entrepreneurs et Arnold-Otto Röhrig comme représentant
du gouvernement.
Le 15 janvier, le conseil d'ouvriers et de soldats
d'Essen publiera un appel exposant les décisions prises et appelant à
l'arrêt de la grève (cf. ci-dessous). Pour ce qui est du KPD, la direction
locale désapprouvera le fait que des membres du parti aient signé ce texte,
comme d'ailleurs le tract diffusé le 11 janvier[21].
|
|
•
|
À Brême (Bremen), le conseil
d'ouvriers et de soldats décide, avec 101 voix contre 88, de
laisser se dérouler les élections à l'assemblée nationale constituante[22].
Le KPD vote contre.
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|
Appel conseil d'ouvriers et de
soldats Essen, 15 janvier 1919 (extraits)[23]
|
•
|
La conférence des conseils d'ouvriers et de soldats qui
le 13 janvier à Essen s'est tenue avec la participation de
représentants de toutes les organisations syndicales des travailleurs des
mines, a décidé de prendre en main la socialisation immédiate des mines de
charbon. Dans ces brèves paroles réside un fait d'importance énorme. Pa là
la révolution, de politique, est devenue révolution sociale, économique.
Socialisation, c'est un mot dont tout un chacun ne s'imagine peut-être pas
la signification. Il signifie qu'il doit être mis fin à l'exploitation du
travailleur par l'entrepreneur, que les grandes entreprises doivent être
enlevées au capitaliste et devenir propriété du peuple. [...]
Il faut que dans leur propre intérêt les travailleurs
fassent preuve de discipline et de solidarité, même quand dans la première
période après la débâcle énorme de la guerre la situation ne se développe
de façon aussi brillante que nous tous le souhaiterions. Désormais nous
avons la certitude que nous ne travaillons plus pour le capitaliste, mais
pour nous et pour l'ensemble du peuple, et qu'après examen consciencieux de
la situation par les mandataires des travailleurs eux-mêmes bénéficieront
effectivement de toute amélioration possible en pratique de leur sort.
Notre peuple tout entier se trouve dans la situation du petit homme
d'affaire qui revient de la guerre et doit établir de zéro son affaire.
Notre pays se trouve placé devant un énorme tas de décombres économique, et
seulement le travail sérieux et l'autodiscipline consciencieuse peuvent lui
permettre de sortir de la misère. Ainsi nous nous adressons à vous avec la
demande de mettre fin partout à la grève. La revendication la plus grande
et importante a été obtenue: les mines sont devenues propriété du peuple.
Il s'agit maintenant de consolider l'acquis, afin qu'à chacun parmi les
travailleurs reviennent les fruits de la socialisation. Cette socialisation
ne peut réussir que si la vie économique poursuit son cours. Celui qui
aujourd'hui encore, alors que la socialisation a eu lieu, fait encore
grève, se nuit à lui-même et à ses collègues de travail. Il nous empêche
d'agir au moment où nous voulons définitivement en finir avec le
capitalisme, il soutient le capitalisme et nuit au socialisme. Travailleur,
ouvrez l'oeil! Au capitalisme ne reste plus qu'un seul
espoir, à savoir que l'oeuvre de la socialisation
s'écroule sous l'effet de votre désunion. Il enverra parmi vous des agents
soudoyés chargés de vous amener à penser que la socialisation ne vous
bénéficie pas, qui vous soufflent des revendications inconsidérées et vous
incite à déclencher des grèves sauvages. Regardez les gens qui maintenant
encore après la socialisation appellent à la grève! Ils ne peuvent vouloir
votre bien. Toutes vos organisations, les syndicats libres, les
organisations syndicalistes et les syndicats chrétiens, les syndicats Hirsch-Duncker et les polonais, tous sont après la
déclaration de leurs représentants à la conférence d'Essen pour la
socialisation et contre la grève. Tous les partis socialistes, le Parti
social-démocrate majoritaire, les Indépendants et la Ligue Spartakus vous
appellent à reprendre le travail. Celui qui maintenant encore appelle à la
grève est soit un esprit confus dangereux ou un agent soudoyé du capitalisme.
Prenez garde face à ces gens et rejetez-les vigoureusement. Ne vous laissez
pas terroriser par une minorité non éclairée, par des jeunes manquant de
maturité, des esprits confus et des valets du capital! Soyez conscient du
fait que vous êtes des hommes qui savent ce qu'ils veulent! Défendez
vous-mêmes votre liberté socialiste nouvellement acquise! Là où le besoin
se présente, les conseils d'ouvriers et de soldats vous accorderont
protection et aide. Nous ne voulons pas de militarisme, vos propres gardes
populaires sont suffisamment fortes pour défendre le socialisme.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
À Brême (Bremen), des
affrontements se produisent en rapport avec la question de l'armement des
ouvriers[24].
Des matelots arrêtent le commandant de la ville Bernhard Ecks
(KPD) ainsi qu'un membre du conseil de soldats et un mandaté du
peuple. Devant le AG Weser éclatent des échanges de tirs entre
matelots et travailleurs, il y a des morts. Des négociations entre les
partis aboutissent à un compromis. Ecks est révoqué.
|
|
•
|
À Berlin, G. Noske adresse un appel aux
habitants (cf. ci-dessous).
|
|
•
|
En Haute-Silésie, l'état de siège est étendu aux
territoires de Kattowitz (Katowice, aujourd'hui en
Pologne) et de Tarnowitz
(Tarnowskie Góry, aujourd'hui en Pologne)[25].
Des grèves de mineurs se déroulent à Rybnik (aujourd'hui en Pologne) et Dubensko (Dębieńsko Stare,
aujourd'hui partie de Czerwionka-Leszczyny, en
Pologne).
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|
Appel
de Gustav Noske, 14 janvier 1919[26]
|
•
|
Aux habitants de Berlin!
À l'occupation effectuée hier, du quartier de Moabit, succède aujourd'hui à grande échelle l'entrée de
masses de troupes considérables dans la ville. Toutes les banlieues à
l'ouest sont également occupées ou protégées par des gardes civiles et
populaires.
Travailleurs, soldats, citoyens! Les divisions que je
dirige ne sont pas des instruments de la contrerévolution, ne servent pas à
l'oppression, mais apporteront la libération de la pression terroriste
inouïe sous laquelle la masse de la population de Berlin devait souffrir.
Je veux assurer impérativement la sécurité de la personne et de la
propriété, la liberté de la presse et l'exercice sans entrave du droit
citoyen suprême, l'élection à l'assemblée nationale.
Il faut prévenir par la force des armes, des nouveaux
actes de violence de la part des gens de Spartakus et d'éléments criminels.
J'appelle la population de Berlin à appuyer les troupes au mieux des forces
et de se plier aux instructions des dirigeants militaires.
Pour cela est requis:
1. La remise des armes
ordonnée par le conseil des mandatés du peuple sera effectuée par les
troupes et gardes entrant à Berlin respectivement déjà présentes sur place
en liaison avec la police. Pour cela auront lieu des perquisitions de
maisons et d'habitations.
2. Tout attroupement
dans la rue est interdit. Il faut impérativement suivre les instructions
des postes et patrouilles de rue en vue du dégagement des espaces traversés
par ces postes et des rues empruntées par des unités de troupes entières.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
À Berlin, les troupes du Commandement général [Generalkommando] du général Walther von
Lüttwitz occupent les quartiers du Sud et de l'Ouest de la ville, en
restant pour l'instant en dehors des quartiers ouvriers du Nord[27].
Devant l'occupation de Berlin par les troupes
gouvernementales, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg s'étaient réfugiés dans
un appartement de la ville, mais suite à une dénonciation ils sont
appréhendés par la garde civile [Einwohnerwehr], et
avec eux Wilhelm Pieck[28].
Ce dernier réussit à s'échapper. Liebknecht et Luxemburg sont livrés aux
soldats de la Division de tirailleurs de cavalerie de garde commandée par
le capitaine Waldemar Pabst. Ils sont assassinés[29].
Sont également arrêtés durant ces journées les membres du
KPD Leo Jogiches, Käte Duncker, Paul Levi[30].
|
|
•
|
Quelques semaines plus tard G. Noske adressera à
Waldemar Pabst, qui entretemps a quitté l'armée, un télégramme de
félicitations pour son mariage[31]:
À son soutien fidèle et la jeune épouse de celui-ci
adresse les félicitations les plus cordiales le ministre de la Reichswehr Noske ainsi que le Chef de l'état-major v. Gilsa.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
À Brême et Bremerhaven (Bremen),
les 15 et 16, les employés de tramway mènent un mouvement de
grève[32].
|
|
Garde-Kavallerie-Schützen-Division (Division de tirailleurs
de cavalerie de garde)
|
•
|
Formellement, la Division de tirailleurs de cavalerie de
garde est placée sous les ordres du lieutenant général Heinrich
von Hofmann, mais en raison de l'état de santé de celui-ci, le
commandement est exercé de fait par Pabst qui est premier officier d'état-major.
Waldemar Pabst participera en mars 1920 au putsch Lüttwitz-Kapp (cf. ►),
puis s'enfuira en Hongrie[33].
À partir de 1927 il participera à l'organisation des Gardes patriotiques [Heimwehren] en Autriche, plus tard à nouveau en Allemagne.
De 1931 à 1940 il est directeur de la Rheinmetall
Borsig AG et chef de la division défense et armement [Wehr- und Waffenabteilung] de cette société. En 1943 il
passera en Suisse, en 1955 il reviendra en Allemagne.
|
|
•
|
La Centrale du KPD publie un Appel: "Karl Liebknecht
et Rosa Luxemburg assassinés!". (Cf. le texte ►.)
|
|
•
|
En Haute-Silésie, l'état de siège est étendu au
territoire de Rybnik (aujourd'hui en Pologne)[34].
|
|
•
|
À Dresde (Sachsen), suite aux affrontements survenus
dans la ville le 10 janvier, les mandatés du peuple USPD
de Saxe (Hermann Fleißner, Friedrich
Geyer[35]
et Richard Lipinski) démissionnent de leurs postes[36].
La direction du gouvernement est attribuée à Georg Gradnauer.
Le président du conseil de soldats de Dresde, Gustav Neuring
(SPD) est chargé des affaires militaires.
|
|
•
|
En Haute-Silésie, des grèves se déroulent dans
44 mines[37].
|
|
•
|
Dans les différentes régions de l'Allemagne, se tiennent
les élections à l'assemblée nationale constituante.
|
|
•
|
À Brême (Bremen), les
communistes ne participent pas aux élections à l'assemblée constituante. Au
niveau local le SPD obtient 42 %, l'USPD
18,2 %[38].
Le Conseil des mandatés du peuple, contre l'avis du KPD,
décide d'organiser des élections à une assemblée parlementaire au niveau
local de Brême le 9 mars[39].
La veille les banques avaient refusé d'accorder des crédits en absence
d'une représentation parlementaire élue.
|
|
•
|
À Hambourg, aux élections à l'assemblée
constituante locale, le SPD obtient 51,3 %[40].
|
|
•
|
Le Ministre de la guerre Walther Reinhardt publie les
dispositions d'application relativement aux “points de Hambourg” adoptés en
décembre 1918 par le Congrès national des Conseils d'ouvriers et de soldats[41]. (Sur les “points de
Hambourg”, cf. ►.)
Il s'agit de trois décrets, dont le principal fixe une "règlementation
provisoire du pouvoir de commandement et la position des conseils de
soldats de l'armée de paix [Friedensheer]" (cf.
ci-dessous.). Le commandement suprême sur l'armée de paix est conféré au
conseil des mandatés du peuple, mais le ministre de la guerre de Prusse est
chargé de l'exercice de ce pouvoir, ce qui confirme le double statut
attribué à cette fonction, tel qu'il avait été introduit en novembre 1918
(cf. ►).
Il est précisé que les dispositions s'appliquent uniquement à l'armée dite “Heimatheer” ou “Friedensheer”. Par là
on entend les formations de l'ancienne armée en cours de démobilisation et
qui ainsi de toute façon n'allait plus jouer de rôle dans l'avenir. Les
troupes subordonnées au commandement suprême de l'armée (Oberste
Heeresleitung, OHL), à savoir celles des fronts de l'Est et du
Sud-Est ainsi que les corps-francs nouvellement formés, ne sont nullement
concernées par les dispositions.
|
|
•
|
Se tiennent les élections à l'Assemblée nationale
constituante.
Sozialdemokratische Partei
|
165
|
Christliche Volkspartei
|
91
|
Deutsche demokratische Partei
|
75
|
Deutschnationale Volkspartei
|
44
|
Unabhängige sozialdemokratische Partei
|
22
|
Deutsche Volkspartei
|
19
|
Bayerischer Bauernbund
|
4
|
Deutsch-hannoversche Partei
|
1
|
Schleswig-holsteinische Bauern-
und Landarbeiter-Demokratie
|
1
|
Braunschweigischer Landeswahlverband
|
1
|
Total
|
421
|
|
|
Règlementation provisoire du
pouvoir de commandement et position des conseils de soldats dans l'armée de
paix [Friedensheer], 19 janvier 1919 (extraits)[42]
|
•
|
Règlementation provisoire du pouvoir de commandement et
position des conseils de soldats dans l'armée de paix [Friedensheer]
1. Le pouvoir de commandement suprême est détenu par le
conseil de mandatés du peuple, élu par le conseil central de la république socialiste
allemande.
2. Le conseil des mandatés du peuple, pour autant qu'il
ne donne pas des ordres directs, délègue l'exercice du pouvoir de
commandement au ministre de la guerre prussien. [...]
3. Pour sa conduite de commandement, le ministre de la
guerre est responsable devant le conseil des mandatés du peuple. Tous les
offices militaires de Prusse et ceux communs au niveau du Reich sont
subordonnés au ministre de la guerre. Tous les membres de l'armée du
contingent prussien (y compris les conseils de soldats) doivent se plier
aux décisions et instructions du ministre de la guerre, qui doivent être
contresignées par le sous-secrétaire d'état. [...]
4. Pour les unités supérieures [...] les chefs exercent
le pouvoir de commandement. Pour leur activité, ils sont responsables
devant le gouvernement du Reich et leurs supérieurs directs.
5. Pour les régiments, bataillons autonomes et formations
de même niveau, des conseils de soldats doivent être élus. Ils contrôlent
l'activité des chefs dans le sens que ceux-ci n'abusent pas de leur pouvoir
de service pour des actions contre le gouvernement en place. Pour édicter
des instructions générales, d'application permanente, qui concerne
l'assistance à la troupe, ainsi que des questions sociales et économiques,
les permissions, les questions de discipline, les conseils de soldat
participent et signent comme coresponsables. Les ordres purement
militaires, qui concernent l'instruction, conduite et utilisation des
troupes, émanent des chefs seuls, ils ne nécessitent pas de contresignature
d'un conseil de soldats. [...]
9. L'attribution des postes revient au ministère de la
guerre. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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À Brême (Bremen) les banques
exigent comme condition pour l'octroi de crédits, le rétablissement de la
commission de finances (la Finanzdeputation,
les Deputationen étant une institution
spécifique propre aux systèmes administratifs de Brême et de Hambourg) et
la fin de l'état de siège ainsi que de la censure préalable[43].
Quelques communistes conduisent des groupes de travailleurs pour saisir des
armes dans les dépôts des casernes et occuper des bâtiments publics et des
banques, et tentent d'organiser une grève générale pour le lendemain (cf.
ci-dessous). L'action n'aboutit à rien. L'initiateur, Karl
Jörn, quitte Brême et se rend à Wilhelmshaven.
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À Braunschweig, est organisée
une grève générale en réaction à l'assassinat de K. Liebknecht et
R. Luxemburg. Elle dure jusqu'au 22. L'état de siège est instauré[44].
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À Hambourg, suite au résultat des élections à
l'assemblée nationale, Heinrich Laufenberg est
remplacé par Karl Hense (SPD) comme président du
conseil d'ouvriers et soldats[45].
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À Brême (Bremen), le KPD annonce
qu'il cesse sa participation au Conseil des mandatés du peuple[46].
L'USPD déclare que dans ces conditions il n'assumera
plus la responsabilité gouvernementale. Le KPD annule sa décision.
Le conseil d'ouvriers et de soldats approuve la décision
prise par le Conseil des mandatés du peuple, le 18, d'organiser des
élections[47].
Il abolit la censure préalable[48].
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Le Conseil central d'ouvriers et de Soldats pour la Haute-Silésie,
dont le président est Otto Hörsing (SPD), fait
placarder largement un texte qui reprend la teneur du décret édicté le 31 décembre
1918 par le gouvernement du district d'Oppeln (aujourd'hui
Opole en Pologne) au sujet de la répression contre les mouvements
séparatistes[49]:
Attention! Haute trahison! Qui entreprend d'arracher par
la force la Haute-Silésie du Reich allemand et de l'intégrer dans un état
étranger ou de la rendre autonome, et quiconque prépare une telle
opération, commet une haute trahison.
[Citation dans l'original ►.]
(Cf. 7 janvier 1919.)
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Appel publié dans Der Kommunist, journal du KPD à Brême, 21 janvier
1919 (extraits)[50]
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Appel à la grève générale!
Le prolétariat révolutionnaire est poussé d'un combat à
un autre. Il s'agit de mettre un terme aux menées éhontées du capitalisme
et de ces stipendiés, aux instigateurs des crimes crapuleux, les Ebert-Scheidemann-Landsberg-Noske. [...] Le prolétariat
révolutionnaire dans le Reich se trouve devant la conquête du pouvoir.
Demain mardi il veut passer en revue ses forces
disponibles. [...] Tous, hors de vos entreprises!
[Citation dans l'original ►.]
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Le mouvement de grève en cours depuis le 8 janvier
dans les mines de la Ruhr décline progressivement[51].
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À Brême (Bremen), G. Noske
annonce à A. Henke (USPD),
co-président du Conseil des mandatés du peuple, que le gouvernement
s'apprête à intervenir à Brême[52].
Il donne ordre au commandant suprême le Général Walther von
Lüttwitz de rétablir l'ordre à Brême[53].
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En Prusse se tiennent les élections à l'Assemblée
constituante régionale.
Sozialdemokratische Partei
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145
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Zentrums- (Christliche Volks-) Partei
|
93
|
Deutsche Demokratische Partei
|
65
|
Deutschnationale Volkspartei
|
48
|
Unabhängige Sozialdemokratische Partei
|
24
|
Deutsche Volkspartei
|
23
|
Deutsch-Hannoversche Partei
|
2
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Schleswig-Holsteinische Bauern-
und Landarbeiter-Demokratie
|
1
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Total
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401
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Le colonel [Oberst] Wilhelm Gerstenberg est chargé de mettre en oeuvre
une opération militaire contre Brême (Bremen)[54].
La division qu'il commande comprend notamment la 3e Brigade du Corps
de tirailleurs de terre ainsi que la Brigade de Marine I[55].
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À Wilhelmshaven-Rüstringen, un
groupe de communistes autour de K. Jörn occupe
des lieux publics, notamment la caserne[56].
Dans la nuit au 28, des unités militaires attaquent la caserne et
obligent les occupants à quitter les lieux. Il y a 8 morts. Le conseil
d'ouvriers et de soldats prend ses distances vis-à-vis de l'action, se
place explicitement du côté du gouvernement de Berlin et instaure l'état de
siège.
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Les troupes de W. Gerstenberg
arrivent à Verden, au sud-est de Brême (Bremen),
et sont renforcées par une unité de volontaires de Brême commandée par le
Major Walter Caspari[57].
Des négociations entre des délégués du Conseil des mandatés du peuple et
les militaires et ont lieu. Ces derniers exigent le désarmement, ce que les
délégués de Brême refusent.
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À Hambourg, le conseil d'ouvrier et de soldats décide
de rassembler des hommes et des armes pour venir en aide à la république
des conseils de Brême[58].
Il est prévu d'envoyer plusieurs milliers de personnes: des matelots de
Cuxhaven, des soldats de la garnison de Hambourg, ainsi que des volontaires
notamment au chantier naval Vulkan-Werft.
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