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Dans la Ruhr, débute la grève générale décidée le
30 mars[1].
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À Augsbourg (Bayern) se tient
une réunion de membres de conseils[2].
Une résolution est adoptée en faveur de la république des conseils de
Bavière et d'une alliance avec le gouvernement soviétique de Russie ainsi
que celui de Hongrie, où la république des conseils a été proclamée le
22 mars. Une délégation se rend à Munich pour discuter de la question
avec les instances dirigeantes. Le KPD est opposé à une république des
conseils mise en oeuvre avec la participation du SPD.
La décision est reportée de 48 heures.
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À Lehe (aujourd'hui partie de
Bremerhaven) (Bremen), des travailleurs du bois de
l'entreprise W. Rogge entament une grève qui dure deux jours[3].
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À Stuttgart (Württemberg), les affrontements de
groupes rebelles avec les unités de sécurité commandées par Paul Hahn, qui
ont débuté le 31 mars, se prolongent jusqu'au 3 avril[4].
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En Rhénanie-Westphalie, Carl Severing
(SPD) est nommé commissaire du Reich et d'état [Reichs- und
Staatskommissar] pour la région[5].
Il fait arrêter les dirigeants de la grève ou leur impose des travaux
obligatoires.
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En Bavière, le 6 avril, le Conseil central
constitué le 22 février est réorganisé en tant que “Conseil central
révolutionnaire provisoire” [“provisorischer revolutionärer
Zentralrat”][6].
Les membres dirigeants sont Ernst Toller (USPD), Erich Mühsam, Gustav
Landauer, et sept membres du Conseil d'ouvriers révolutionnaire y
sont intégrés; le 8 avril Ernst Niekisch sera
remplacé comme président du Conseil central par Toller.
Le Conseil central désigne un Conseil de mandatés du peuple [Rat
der Volksbeauftragten] de onze membres comme
institution responsable devant le Conseil central. Le 7 avril, le
Conseil central et le Conseil révolutionnaire d'ouvriers proclament la
république des conseils de Bavière. Le Landtag et le gouvernement sont
déclarés dissous, les conseils assument l'ensemble du pouvoir et le
contrôle de l'administration. Cet évènement est communément désigné comme
la "troisième révolution de Munich/Bavière". À cette action
participent l'USPD et des anarchistes, mais pas le
KPD. La veille déjà, une conférence du SPD au niveau de Bavière s'était
prononcée contre l'instauration de la république des conseils.
Le gouvernement en place depuis le 17 mars, dirigé par
Johannes Hoffmann (SPD), se retire à Bamberg.
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La commission de socialisation renonce à sa mission, en
premier lieu à cause des conflits de compétence ayant entravé ses travaux
depuis le début[7].
Le ministre de l'économie Rudolf Wissel acceptera la
démission le 10.
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À Magdeburg démarre une grève générale[8].
Les troupes du général Georg Maercker occupent la
ville, des affrontements armés se produisent. L'état de siège est instauré.
Le mouvement de grève est ainsi réprimé.
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Gardes civiles à Magdeburg
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En février 1919, le ministre de la défense Gustav Noske
avait signé un document autorisant Franz Seldte à
constituer à Magdeburg une garde civile [Einwohnerwehr].
Depuis décembre 1918, Seldte s'attachait à organiser
une organisation regroupant des soldats revenus du front; les
20/21 septembre 1919 se tiendra l'assemblée constitutive au niveau national
de l'organisation “Stahlhelm - Bund der Frontsoldaten”
(“Casque d'acier - union des soldats du front”).
Voici le texte du document[9]:
Le détenteur de la présente, Monsieur le propriétaire
d'usine lieutenant de réserve Seldte, a l'intentions
de mettre en oeuvre pour Magdeburg l'enrôlement d'une
garde civile à partir de toutes les couches de la population, en
particulier les ouvriers, en accord avec les autorités locales et de
préparer l'équipement de celle-ci à l'aide du commandement général IV, AK.
La garde civile est rattachée militairement à la Gardekavallerie-Schützendivision.
[Citation dans l'original ►.]
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Mobilisation des corps-francs
contre la république des conseils de Bavière
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Bavière: En février, le ministre de la défense Gustav
Noske (SPD) avait donné au colonel Franz von Epp
son accord pour la formation d'un corps-franc[10].
Le 26 février, Epp arriva à Ohrdruf
(Thüringen) et commença à constituer le “Corps de tirailleurs bavarois” [“Bayerisches Schützenkorps”] (le 18 avril, il sera
transformé en “Brigade de tirailleurs
bavaroise 21” [“Bayerische
Schützenbrigade 21”], et en juin celle-ci sera intégrée dans le
Commandement de groupe 4 [Gruppenkommando 4]
de la Reichswehr[11]).
Le 18 février, Epp quittera Ohrdruf
en direction de Munich. Le 19, Rudolf
von Sebottendorff sera autorisé à constituer le corps-franc “Oberland” commandé par le capitaine Josef
Römer. En tout, sous le commandement du lieutenant général Ernst von Oven (cf. ci-dessous) sont rassemblés des
unités de l'armée ainsi que des corps-francs de Prusse, Württemberg et
Bavière d'un effectif d'environ 20 000 hommes (les chiffres oscillent
entre 15 000 et 35 000)[12].
En font partie notamment, outre les unités déjà mentionnées, le Corps de
tirailleurs de cavalerie de garde (nouvelle dénomination de la division de
tirailleurs de cavalerie de garde, depuis le 1er avril, en rapport
avec son intégration dans la Reichswehr[13]) ‑ commandée
par le capitaine Waldemar Pabst ‑, le corps-franc Lützow
‑ commandé par le Major Hans von Lützow ‑,
la Brigade de marine II ‑ commandée par le capitaine de
corvette Hermann Ehrhardt, le corps de volontaires de
Württemberg [Württembergisches Freiwilligenkorps] ‑ commandé
par le major général Otto Haas, les troupes de sécurité de Stuttgart ‑ commandées
par Paul Hahn.
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Un certain nombre de membres du corps-franc dirigé par Franz von Epp joueront un rôle important au sein du NSDAP[14].
On peut mentionner les suivants.
Rudolf Heß: Il adhère au NSDAP
en 1920. Après la prise du pouvoir par les national-socialistes,
il occupe un poste de commandement supérieur dans l'organisation
paramilitaire “escadron de protection” (“Schutzstaffel”, SS)
et est désigné comme “Stellvertreter des Führers”
(adjoint du Führer).
Ernst Röhm: Il adhère au NSDAP en 1920.
En 1924 il est chargé de la direction de l'organisation paramilitaire
“section d'assaut” (“Sturmabteilung”, SA). Suite à des
désaccords avec l'orientation suivie par A. Hitler il démissionne de
ce poste. Il reprend la direction du SA en 1931. En 1934 il est tué au
cours d'une opération déclenché par Hitler le prenant comme cible.
Gregor Strasser: Il adhère au NSDAP en 1921. En 1933 il démissionne de ses responsabilités
au sein du NSDAP. En 1934 il est tué au cours de
l'opération déclenché par A. Hitler contre E. Röhm.
Otto Strasser (frère de Gregor): Il
adhère au NSDAP en 1925. Suite à des désaccords avec
l'orientation suivie par A. Hitler, il quitte le parti en 1930. Après
la prise du pouvoir par les national-socialistes il
émigre. Il poursuit une activité de propagande dénonçant la dictature
exercée par Hitler tout en diffusant l'idéologie national-socialiste.
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von Oven: Ernst,
Georg, Burghard
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Ernst von Oven (1859‑1945)
En avril 1919, le ministre de la défense G. Noske
charge le général Ernst von Oven du commandement des
troupes rassemblées pour faire tomber la République des conseils de
Bavière.
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Georg von Oven (1868‑1938)
Le colonel Georg von Oven commande un
détachement dans le cadre du corps-franc Hülsen[15].
Il est cousin d'Ernst von Oven.
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Burghard von Oven (1861‑1934)
À partir de 1915, Burghard von Oven
occupe un poste au ministère de l'armée de Prusse[16].
En avril 1919, en tant que lieutenant général, il est nommé commandant de
la Brigade 15 de la Reichswehr.
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À Bochum (Nordrhein-Westfalen)
des troupes gouvernementales entrent dans la ville[17].
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À Stuttgart (Württemberg), le comité d'action met
fin à la grève générale[18].
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À Berlin se tient le 2e congrès national des
conseils d'ouvriers, de paysans et de soldats[19].
Y participent 264 délégués, dont 142 membres du SPD et
57 membres de l'USPD. Le KPD n'a pas participé
aux élections pour le congrès. À l'ordre du jour figurent notamment la
question de la structure de l'Allemagne et le système des conseils [Aufbau Deutschlands und das Rätesystem] (M. Cohen), et la
socialisation de la vie de l'économie [Sozialisierung des
Wirtschaftslebens] (pour K. Kautsky qui est malade, Luise Kautsky).
Une motion soumise par la fraction des soldats, demandant l'instauration
d'un conseil national de soldats [Reichssoldatenrat]
est adoptée. À la suite d'une proposition du SPD, est décidé d'établir des
chambres du travail [Kammern der Arbeit] en tant que
complément socialiste de la démocratie. Tous les allemands occupant un
travail, répartis selon la profession, doivent avoir droit de vote pour ces
institutions, et toute loi doit nécessiter l'approbation de celles-ci. La
proposition des délégués de l'USPD, de baser la
structure politique et économique de l'Allemagne sur l'organisation des
conseils, est rejetée. Le congrès demande l'abolition du recrutement pour
les unités armées de volontaires, et l'élection des officiers par les
soldats.
Concernant le nouveau conseil central, l'USPD
demande qu'il soit composé paritairement. Aucun accord n'est trouvé à ce
sujet, 21 membres sont élus (16 SPD, 1 DDP,
2 représentant les conseils de soldats, 1 représentant les
conseils de paysans, et 1 représentant des syndicats chrétiens);
7 sièges sont tenus à disposition de l'USPD.
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À Braunschweig, un comité
d'action [Aktionsausschuß] est constitué présidé par August Merges (USPD)[20].
Il lance un appel à la grève générale. Les conseils d'ouvriers et de
soldats se joignent au comité d'action et exigent de l'assemblée régionale
la révocation de la constitution provisoire de l'état. Le SPD et les partis
bourgeois organisent une contre-grève.
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À Magdeburg (Sachsen-Anhalt), le
6 avril, le président et deux autres membres du conseil de soldats avaient
été arrêtés[21].
KPD et SPD avaient appelé à une manifestation et à la grève générale, pour
le 7. Des affrontements entre troupes gouvernementales et travailleurs
armés s'étaient produits. Le 8, les autorités militaires instaurent
l'état de siège. La nuit du 8 au 9, 9000 soldats du Corps
volontaire de chasseurs de campagne [Freiwilliges
Landjägerkorps] du major général Georg Maercker
entrent dans la ville. Finalement la manifestation a lieu le 9, mais
après la dispersion, les manifestants subissent des tirs venant des troupes
de Maercker. 10 sont tués.
Par la suite, les conseils d'ouvrier et de soldats de
Magdeburg seront dissous.
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Dans la Ruhr, les directions des mines et le
gouvernement accordent les équipes de 7 heures[22].
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Dans la Ruhr, entre le 10 et le 14 avril la
grève mobilise avec plus de 300 000 grévistes au moins 75 % des
mineurs[23].
Les syndicats se voient contraints de prendre à leur compte la
revendication principale (équipes de 6 heures).
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À Stuttgart (Württemberg), l'état de siège est
levé[24].
Depuis le début des affrontements, le 31 mars, il y a 6 morts.
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En Haute-Silésie, des affrontements entre
travailleurs et troupes se produisent à Friedenshütte
(Nowy Bytom, aujourd'hui partie de Ruda
Śląska, en Pologne)[25].
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À Dresde (Sachsen) un rassemblement se produit devant
le ministère de la guerre, constitué d'invalides de guerre et blessés de
l'hôpital militaire de la ville[26].
Ils négocient avec le ministre des affaires militaires Gustav
Neuring (SPD) (cf. 10 janvier 1919). Un des soldats commandés
par Neuring jette une grenade à main, des manifestants
envahissent le bâtiment et trainent Neuring à
l'extérieur, il est tué.
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En Saxe, le gouvernement régional instaure l'état de
siège[27].
La mesure sera confirmée le 24 avril par le gouvernement du Reich. L'état
de siège sera levé le 17 avril 1920.
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En Braunschweig le gouvernement
du Reich instaure l'état de siège. Le major général G. Maercker
est chargé d'entrer à Braunschweig[28].
Outre son Corps volontaire de chasseurs de campagne, il dispose entre autre
du corps-franc commandé par le Major Hans von Lützow
et de la Brigade de Marine II, en tout environ 10 000 hommes.
L'état de siège sera levé le 5 juin 1919. (Cf. le
texte ►.)
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À Düsseldorf (Nordrhein Westfalen),
depuis l'entrée du corps-franc commandé par le capitaine Otto
Lichtschlag dans la ville, le 28 février, des affrontements
éclatent de manière répétée entre les corps-francs et les rebelles
antigouvernementaux[29].
Un combat particulièrement sévère se produit le 13 avril.
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À Munich (Bayern), une attaque
menée par des parties des unités militaires stationnées sur place ainsi que
par la Troupe de protection républicaine [Republikanische
Schutztruppe] est mise en échec.
En novembre 1918 le brigadier [Gefreiter] Alfred Seyffertitz avait créé une
formation de service de sécurité volontaire qui avait été reconnue comme
telle par le gouvernement le 22 novembre[30].
Par la suite elle avait été développée sous la désignation de “Republikanische Schutztruppe”.
Les conseils d'ouvriers et de soldats destituent le Conseil
central et confèrent le pouvoir législatif et exécutif à un Comité d'action
[Aktionsausschuß] ‑ composé de
15 membres comprenant des représentants du KPD, de l'USPD
et du SPD ‑ qui se prononce en faveur du programme des
communistes[31].
Le Comité d'action désigne un Conseil exécutif [Vollzugsrat]
de 5 membres, présidé par Eugen Leviné, et
comprenant par ailleurs Max Levien et Willi
Budich (sous le pseudonyme de Dietrich) pour le KPD, ainsi que Ernst Maenner et Wilhelm Duske pour l'USPD. Cet évènement est communément désigné comme la
"quatrième révolution de Munich/Bavière".
Un appel à la grève général est lancé[32].
En application d'une décision prise le 9 avril par le conseil central,
est constituée une armée rouge sous le commandement de Rudolf
Egelhofer[33].
L'armement des travailleurs et le désarmement du reste de la population est
mis en oeuvre. E. Toller est
favorable à l'ouverture de négociations avec le gouvernement Hoffmann, E. Leviné et Egelhofer y sont
opposés.
Les troupes de l'armée rouge se recrutent parmi les soldats
démobilisés et des gardes ouvrières [Arbeiterwehren]
formées au niveau des entreprises. Sont également inclus des prisonniers de
guerre russes et italiens. L'Armée rouge atteint un effectif d'environ
10 000 hommes. Parmi les commandants se trouvent notamment le
commandant suprême R. Egelhofer, le Chef de l'état-major
Erich Wollenberg, le commandant des troupes de Dachau E. Toller et son adjoint Gustav
Klingelhöfer.
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•
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En Bavière, le gouvernement de J. Hoffmann (SPD)
demande au gouvernement du Reich un soutien militaire en vue de la
liquidation de la république des conseils de Bavière (cf. ci-dessous). Il
publie un appel en vue de la formation de Gardes populaires [Volkswehren][34]:
"Volontaires, en avant! Accourez pour prendre les armes!"
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
Dans le secteur de l'industrie métallurgique de Bavière,
une convention collective est signée par l'Union d'industriels bavarois de
la métallurgie [Verband Bayerischer Metallindustrieller]
et la Fédération de travailleurs de la métallurgie allemande [Deutscher
Metallarbeiter-Verband][35].
Elle fixe la durée hebdomadaire du travail à 44 heures, alors qu'elle
se situe communément à 48 heures dans le reste du pays.
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•
|
À Bremerhaven/Geestemünde
(aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen) l'ensemble des
équipages des navires de pêche entament une grève qui durera jusqu'au
5 mai[36].
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•
|
En Braunschweig des négociations
aboutissent à l'arrêt de la grève générale[37].
Le gouvernement locale appelle à éviter toute résistance armée (cf.
ci-dessous). Le 17 avril, la ville de Braunschweig
est occupée par les troupes du général G. Maercker.
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Appel du conseil des mandatés
du peuple de Braunschweig, avril 1919[38]
|
•
|
Le danger pour Braunschweig
s'approche! Pour peu qu'un seul tir éclate à l'occasion de l'entrée des
troupes gouvernementales, cela aura pour conséquence que s'abattra sur la
ville de Braunschweig une grande effusion de sang et
un destin funeste sans limites. Les travailleurs, les citoyens et toutes
les personnes doivent considérer comme leur devoir le plus sacré de ne pas
opposer de résistance aux troupes qui approchent. Afin qu'aucun tir
n'éclate, intentionnellement ou pas, il est nécessaire qu'immédiatement
soient remises toutes les armes qui se trouvent en possession de personnes
individuelles. Respectez cette mise en garde! Que personne ne garde une
arme à la maison! Chaque arme se trouvant entre des mains non compétentes
peut signifier le désastre pour la ville entière. Encore une fois, remettez
chaque arme! Remettez les armes à la préfecture de police, Münzstraße,
et dans les casernes! Suivez immédiatement cette mise en garde! N'attendez
pas une minute! Remettez toutes les armes!
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
À Brême (Bremen), débute la
grève générale[39].
Y participent les travailleurs des chantiers navals, de la centrale de gaz,
des tramways, et autres.
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•
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En Bavière, l'armée rouge remporte un succès en
repoussant les troupes gouvernementales à Dachau[40].
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•
|
Le gouvernement publie une loi instaurant un jour férié pour
célébrer l'"idée de la paix mondiale, de la Société des Nations et de
la protection internationale des travailleurs"; pour l'année 1919 la
date est fixée au 1er mai. (Cf. le texte ►.)
Les tentatives ultérieures de maintenir de façon permanente
le 1er mai comme journée fériée n'aboutiront pas[41].
Ce n'est qu'en Braunschweig, Lübeck, Saxe et Schaumburg-Lippe que la meure perdurera
au-delà de 1922.
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|
Versions successives de la loi
concernant le 1er mai[42]
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•
|
Le 29 mars, le groupe SPD à l'Assemblée nationale
décide de demander au gouvernement que le 1er mai 1919 soit déclaré
comme journée fériée et qu'y soient associées les revendications concernant
la libération par l'Allemagne de tous les prisonniers russes ainsi que
celle des prisonniers allemands détenus par les puissances vainqueurs.
Le 7 avril, le sous-secrétaire d'état Theodor
Lewald soumet au gouvernement un projet de loi en ce sens:
Le 1er mai est considéré, dans le sens des
stipulations juridiques au niveau du Reich et des Länder
comme jour férié universel.
[Citation dans l'original ►.]
Le 10 avril, est présentée une version remaniée:
Le 1er mai est déclaré jour de fête nationale. [...]
Le moment est maintenant venu, de satisfaire les souhaits idéels des masses
populaires, de pouvoir une fois par an fêter une journée en honneur des
grandes idées du bienêtre des travailleurs et de la paix des peuples. [...]
Né de la détresse et des souhaits tempétueux de cette époque grave, le jour
férié mondial qui va être introduit par la république du Reich allemand
doit constituer un signal pour tous les peuples, pour qu'ils cherchent leur
mouvement ascendant uniquement par les voies de la culture et civilité en
progrès.
[Citation dans l'original ►.]
Ce texte est effectivement soumis à l'Assemblée nationale.
Suite à des désaccords apparaissant durant la discussion, le 15 avril,
DDP et SPD introduisent une proposition différente qui sera adoptée.
|
|
Intervention
d'Eduard David (SPD), ministre sans portefeuille, à
l'Assemblée nationale, 15 avril 1919 (extraits)[43]
|
•
|
Nous demandons un jour férié universel qui doit être
dédié aux idéaux élevés de la protection internationale des travailleurs,
et de la paix mondiale. Conformément au caractère international de ce jour,
sa conversion en journée fériée mondiale doit être visée. Comme jour
approprié, la proposition vise le 1er mai. Le 1er mai est un jour
de fête naturelle depuis de temps immémoriaux, il porte en lui un idéal
culturel élevé: la libération de la corvée d'un temps de travail excessif,
en tant que prémisse pour une existence de culture élevée. Le développement
économique capitaliste moderne menaçait des millions d'hommes d'atteinte à
la santé et d'un état d'asservissement personnel. Contre cela s'est dressée
la volonté des masses travailleuses éveillées à la conscience de culture.
La loi des moeurs de Kant, selon laquelle l'homme ne
doit pas abuser de ses semblables comme pure moyen pour arriver à une fin,
s'efforçait d'obtenir reconnaissance. Ces idées élevées étaient à la base
de la revendication de la journée de huit heures. La révolution, d'un seul
coup, a apporté aux masses travailleuses allemandes la satisfaction de
cette revendication. Mais cette revendication, comme toutes les autres
revendications sociopolitiques, doit être assurée aussi internationalement.
Le 1er mai, jusqu'ici jour férié de lutte des masses travailleuses
prolétariennes, doit maintenant devenir un jour de fête universel du
peuple. Le sentiment d'égalité des droits et d'égalité de statut social de
tous les serviteurs de la communauté du peuple doit être cultivé à cette
occasion. Des conflits acharnés sont encore à l'oeuvre
entre partis et couches dans notre peuple. Mais la volonté sérieuse de
surmonter les contradictions sur la base politique nouvelle, devrait être
favorisée par toutes les parties et mise en avant le 1er mai. Un
1er mai fêté dans cet esprit serait un jour de fête du peuple au sens
le plus noble du terme. Et encore un deuxième idéal est visé par le
1er mai: l'idéal d'une communauté durable des peuples. C'est aussi
pour cela que les masses travailleuses de tous les pays ont manifesté
depuis des décennies, le 1er mai. La revendication d'une paix mondiale
durablement assurée est devenue aujourd'hui une des revendications le plus
urgentes et brulantes de la politique internationale. [...] Le peuple
allemand dans sa majorité écrasante est uni dans la volonté de ne plus
admettre une guerre. Cependant il en est autrement avec les peuples
vainqueurs. Là, sont à l'oeuvre des représentants de
la politique de force. Si leurs projets venaient à exécution, alors une
paix mondiale durable serait impossible. Uniquement sur la base d'une paix
juste, acceptable aussi pour le peuple allemand, peut être créée la
garantie de sa durabilité. Cette volonté résolue de l'ensemble du peuple
allemand, le 1er mai doit permettre d'en faire prendre conscience à
tous les ennemis d'une paix des peuples durable.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
Intervention de Karl
Hildenbrand (SPD), à l'Assemblée nationale, 15 avril 1919
(extraits)[44]
|
•
|
[...] Nous aurions souhaité que tous les partis bourgeois
acceptent en commun avec nous la proposition de loi du gouvernement. Pa là
nous aurions obtenu que pour les masses travailleuses serait devenu caduc
tous motif pour utiliser encore dans l'avenir la voie de la lutte pour
faire du 1er mai un jour férié mondial universel. [...] Nous
regrettons éminemment qu'il n'a pas été possible d'arriver à l'acceptation
unanime dans cette enceinte de la proposition de loi du gouvernement, sans
débats sur l'essentiel, et nous regrettons que nous sommes contraints de
nous entendre avec les autres partis sur la voie du compromis, pour amener
une majorité pour la détermination par voie législative du 1er mai comme
jour férié. Pour nous, dans la période actuelle au cours de laquelle la
participation de l'ensemble du peuple est nécessaire et toute désunion du
peuple est le danger le plus grand pour notre reconstruction, l'important
est de bénéficier aussi du 1er mai comme moyen d'unification et de
rassemblement de l'ensemble du peuple. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
À Braunschweig est formée une
garde civile régionale [Landeseinwohnerwehr][45].
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•
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À Brême (Bremen) la population
hostile aux travailleurs en grève entame une contre-grève, les entreprises,
commerces, cinémas, théâtres sont fermés, les médecins y participent
également[46].
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•
|
À Munich (Bayern), la grève
générale est levée[47].
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•
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En Saxe, par voie de décret d'urgence [Notverordnung]
le président du Reich instaure l'état de siège. La mesure sera publiée le
26 avril.. Le 13 avril 1920, l'état de siège sera levé avec effet
rétroactif au 16 mars 1920. (Cf. le texte ►.)
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•
|
À Brême (Bremen), par voie de
décret d'urgence [Notverordnung] le président du Reich
instaure l'état de siège à Brême et Vegesack. La
mesure sera publiée le 26 avril. L'état de siège sera levé le
9 septembre. (Cf. le texte ►.)
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|
•
|
À Hambourg, le commandant de Grand-Hambourg, Walther
Lamp'l (SPD), instaure l'état de siège à Hambourg, Altona et Wandsbek.
La mesure sera confirmée par le gouvernement du Reich le 24 avril.
(Cf. le texte ►.)
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|
•
|
Le ministre de la défense G. Noske
publie un décret constituant la base pour la formation d'organisations
d'autoprotection civile [bürgerliche
Selbstschutzorganisationen] (couramment appelées Einwohnerwehren)[48].
Notamment, à l'occasion du congrès de représentants des étudiants et des
professeurs d'université à Berlin, le 29 avril, Noske appelle les
étudiants à rejoindre immédiatement les corps de volontaires et l'armée[49].
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|
•
|
En Bavière, le gouvernement Hoffmann instaure la loi martiale
à l'est du Rhin, sur la base de la loi sur l'état de guerre du
31 juillet 1914[50].
La loi martiale sera levée par un décret du 19 juillet avec effet au
1er aout.
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|
•
|
En Haute-Silésie, une manifestation se déroule à
Gleiwitz[51].
Elle est réprimée par le corps-franc commandé par Hubertus
von Aulock. Il y a des morts parmi les manifestants.
Le KPD appelle à préparer une nouvelle grève générale dans
la région. Des grèves se développent effectivement d'abord à Gleiwitz
(Gliwice, aujourd'hui en Pologne), le lendemain à Zaborze (aujourd'hui partie de Zabrze,
en Pologne) et Königshütte (Chorzów,
aujourd'hui en Pologne). Durant les jours suivants, le mouvement s'étendra
aux mines de la région.
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|
•
|
À Brême (Bremen) se produisent
des heurts entre grévistes et briseurs de grève dans le secteur du tramway[52].
Le service reprend temporairement mais cesse rapidement de nouveau. La
centrale de gaz reprend son fonctionnement, bien que ses travailleurs
poursuivent la grève. Les commerces d'alimentation rouvrent.
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•
|
À Brême (Bremen), la grève
générale prend fin, les centrales produisent gaz et électricité, le tramway
reprend le service[53].
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•
|
À Munich (Bayern), une assemblée
des conseils d'entreprise et de soldats rejette la motion de confiance
soumise par le comité d'action[54].
Celui-ci démissionne en bloc. E. Toller prend la
direction d'un comité d'action [Aktionsausschuß]
provisoire. Il entame des négociations avec le gouvernement Hoffmann, mais
n'accepte pas l'exigence formulée de capitulation sans conditions.
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•
|
Dans la Ruhr le gouvernement peut considérer que
le mouvement est vaincu[55].
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•
|
À Munich (Bayern), les conseils
d'entreprise et de soldats élisent un nouveau comité d'action dont font
partie ni les communistes ni E. Toller[56].
L'armée rouge ne reconnait pas son autorité et le gouvernement Hoffmann
refuse de négocier avec lui.
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•
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En Haute-Silésie, la centrale de Zaborze
(aujourd'hui partie de Zabrze, en Pologne) est occupée militairement,
l'homme de confiance ‑ qui est membre du KPD ‑ est
arrêté. Le commissaire d'état Prusse Otto Hörsing
(SPD) publie deux décrets réquisitionnant les travailleurs du district Oppeln (Opole, aujourd'hui en Pologne) pour maintenir en
marche les centrales, moyens de transport et usines sidérurgiques.
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Le chef d'état-major du VIe corps d'armée, le major Ernst Hesterberg, s'entretient avec O. Hörsing
et le pousse à signer les deux décrets préparés par le commandement général
(cf. ci-dessus)[57].
Selon le récit de Hesterberg à ce sujet, Hörsing hésite, argumentant que les décrets se tourneraient
"contre tout son passé social-démocrate" et que lui-même avait été
objet d'une amende pour avoir distribué des papiers appelant à une grève.
Toujours selon Hesterberg, Hörsing
finit par changer d'avis sous l'influence de Heinrich Löffler
‑ membre de la direction de la Fédération des mineurs
d'Allemagne à Kattowitz ‑ et du commissaire
d'état pour la région industrielle de Westfalen, Carl Severing (SPD) qui a été déplacé temporairement en
Haute-Silésie. Et Hesterberg commente[58]:
Avec un commissaire d'état comme Hörsing,
dans de tels moments, on peut travailler bien sur le plan militaire. Ce qui
est laborieux, au préalable, c'est de lui faire oublier ses scrupules
politiques.
[Citation dans l'original ►.]
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À Munich (Bayern), des soldats
de la garde rouge fusillent sept membres de l'organisation Thule
Gesellschaft[59].
Cette organisation avait été formée en aout 1918 par Rudolf
von Sebottendorff et constitue l'un des piliers du mouvement
national-socialiste. pour dissuader l'avance des troupes gouvernementales.
Des troupes gouvernementales conquièrent Dachau, le point
d'appui principal de l'armée rouge[60].
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À Bremerhaven/Geestemünde
(aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen),
83 travailleurs des chantiers navals entament une grève qui durera
deux jours[61].
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À Munich (Bayern), le comité
d'action se dissout[62].
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Des troupes gouvernementales entrent à Munich[63].
Le 2 mai, la ville est occupée, mais dans certains quartiers les
combats se prolongeront jusqu'au 8[64].
La campagne de représailles mise en oeuvre par les
troupes gouvernementales fera environ 1200 victimes. Egelhofer
est assassiné. E. Leviné sera condamné à mort et
exécuté en juin. E. Toller sera condamné à cinq
ans d'incarcération en juillet. Max Levien réussira à s'échapper[65].
La
politique vue à travers l'expression artistique:
Sur un tableau de George Grosz apparait un détail en relation avec cet
évènement ►.
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Le 1er mai est déclaré jour férié. Cependant, à Berlin,
dans les conditions de l'état de siège, les actions restent limitées. Le
KPD notamment reste sur ses gardes et évite d'exposer ses dirigeants[66].
En Haute-Silésie, l'état de siège est levé pour la durée de la journée[67].
Des manifestations rassemblent environ 50 000 personnes à Hindenburg
(Zabrze, aujourd'hui en Pologne), 20 000 à Beuthen
(Bytom, aujourd'hui en Pologne), 10 000 à Gleiwitz (Gliwice, aujourd'hui en Pologne).
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En Haute-Silésie, se déroulent des manifestations à
l'occasion de l'anniversaire de la constitution de Pologne, de 1791[68].
Est exprimée la revendication visant à "la
rédemption de Prusse et la réunion avec nos frères de sang". [Citation
dans l'original ►.]
Près des trois quarts des mines, avec 80 000 travailleurs, sont en
grève.
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À Leipzig (Sachsen) se tient une session du Grand
conseil[69].
Sur initiative du KPD, il adopte une résolution selon laquelle, en cas
d'entrée des troupes gouvernementales dans la ville, la grève générale sera
déclenchée.
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À Leipzig (Sachsen) se tient une session plénière du
conseil municipal [Stadtverordnete][70]. Des membres de
l'USPD soumettent une motion visant à la levée, pour la ville, de l'état de
siège instauré en Saxe le 13 avril. La motion est adoptée sous une
forme modifiée.
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Le ministre de la défense G. Noske charge le major
général Georg Maercker d'occuper Leipzig[71]. Parmi les unités mises à sa disposition, atteignant un
effectif de 18 000 hommes, figurent son propre Corps volontaire de
chasseurs de campagne, l'unité commandée par Georg v. Oven
comme partie du corps-franc Hülsen, une formation du
Corps de tirailleurs de terre du major général Dietrich von
Roeder.
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•
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En réaction au déplacement des troupes gouvernementales
venant de Halle en direction de Leipzig (Sachsen), des tracts
appelant à la grève générale sont diffusés[72].
Le présidium du Grand conseil publie une déclaration sous le titre
"Tromperie vis-à-vis des travailleurs":
[...] L'appel à la grève générale n'émane pas de la
direction du Grand conseil d'ouvriers et de soldats. Il appelle les
travailleurs à ne pas se laisser embrouiller et à ne suivre que les appels
de leurs instances autorisées [...] Il n'y a point de troupes de Noske.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
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•
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À Braunschweig les corps-francs
quittent la ville[73].
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En Haute-Silésie, le commissaire du Reich et de
l'état O. Hörsing décrète l'interdiction libellée
comme suit[74]:
de débattre en public où d'écrire dans la presse, sur la
question de la séparation de la Haute-Silésie vis-à-vis du Reich allemand
ou de l'établissement de son autonomie.
[Citation dans l'original ►.]
(Cf. 21 janvier 1919.)
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•
|
À Leipzig (Sachsen), les troupes commandées par le
major général G. Maercker occupent la ville[75].
L'action militaire est dirigée en premier lieu contre la garde de sécurité
dont dispose le conseil d'ouvriers et de soldats. Maercker
instaure la loi martiale, dissout le conseil d'ouvriers et fait procéder à
de nombreuses arrestations.
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•
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À Leipzig (Sachsen), le général G. Maercker
constitue un régiment de volontaires temporaires [Zeitfreiwilligenregiment]
composé en grande partie par des étudiants de l'université de Leipzig et
des fonctionnaires et employés de la ville[76].
Le 23 mai, ce régiment comptera 2000 hommes.
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À Brême (Bremen) l'état de
siège instauré le 23 avril dans Vegesack est
levé. (Cf. le texte ►.)
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En Haute-Silésie débute un mouvement de grève des
mineurs dans le district de Rybnik (aujourd'hui en Pologne), avec pour
revendication le rattachement à la Pologne[77].
Il se prolonge jusqu'au 23 mai. Des affrontements avec la police et
unités de protection des frontières entrainent 23 morts.
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À Stettin (Pommern)
(Szczecin, aujourd'hui en Pologne) est instauré l'état de siège. (Cf. les
textes ► ►.)
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À Bremerhaven/Geestemünde/Lehe
(aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen), les
130 employés de 13 entreprises du secteur de la construction et
de la charpente [Bau- und Zimmererhandwerk] entament
une grève qui durera jusqu'au 11 juin[78].
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E. Leviné est condamné à mort[79].
Il avait été arrêté le 13 mai suite à une dénonciation par un
indicateur. Il sera exécuté le 5 juin. Le 6 juin sera organisé à
Berlin et dans le pays une grève générale de 24 heures en signe de
protestation.
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En Braunschweig l'état de siège
instauré le 13 avril est levé. (Cf. le texte ►.)
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•
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À Weimar (Thüringen) se tient un congrès du SPD[80].
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À Bremerhaven/Geestemünde
(aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen) les vanniers [Korbmacher] dans les ports de pêche entament des mouvements
de grève qui dans certains cas dureront 26 semaines[81].
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Les ministres membres du DDP renoncent à leurs postes, au
motif de l'opposition de leur parti au Traité de Versailles. Le chancelier Philipp Scheidemann (SPD) lui-même est hostile au traité. Le
gouvernement démissionne. Un nouveau gouvernement est formé le lendemain,
le SPD occupant toujours le poste de chancelier (Gustav Bauer). En octobre
des ministres DDP entreront de nouveau au gouvernement.
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•
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En Oldenburg, après l'entrée en vigueur, le
17 juin, de la constitution, est formé un gouvernement de quatre
membres, auquel participent le DDP, le Zentrum et le
SPD[82].
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À Mannheim (Baden) des mouvements de protestation
contre la cherté des denrées alimentaires ont lieu[83].
Durant des affrontements avec la police, il y a 12 morts.
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À Hambourg, la population découvre l'utilisation de
viandes avariées dans une fabrique de conserves. Un mouvement de
protestation se développe.
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À Hambourg, le commandant de Grand-Hambourg Walther
Lamp'l (SPD), après avoir instauré le 20 juin l'état de siège dans la
zone portuaire [Freihafengebiet] de Hambourg, instaure
l'état de siège à Hambourg, Altona et Wandsbek. La
mesure sera confirmée par le gouvernement du Reich le 30 juin et
publiée le 11 juillet. (Cf. les textes ► ► ►.)
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À Berlin, une grève des cheminots du district de
Berlin paralyse le trafic, au-delà de la région[84].
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Le ministre de la défense du Reich G. Noske publie un
décret ordonnant de réprimer les révoltes par la force armée (cf.
ci-dessous).
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À Hambourg, au cours du mouvement de protestation
déclenché le 23 juin, des manifestants occupent l'hôtel de ville[85].
Le commandant de la ville, W. Lamp'l charge 150 membres de la
Section de garde volontaire Bahrenfeld [Freiwillige Wachabteilung Bahrenfeld] de réinvestir le
bâtiment. Il y a un mort.
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W. Lamp'l occupera d'aout à novembre 1919 le poste de
commissaire du Reich pour Grand-Hambourg[86].
À Altona, il dirigera l'administration de la police à partir de 1921, puis
l'administration du port à partir de 1923, ainsi qu'entre autre l'office du
travail [Arbeitsamt].
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À Geestemünde (aujourd'hui
Bremerhaven) (Bremen) les travailleurs des moulins
entament une grève qui durera trois jours[87].
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Ordre
du ministre de la défense Gustav Noske (SPD), 25 juin 1919[88]
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Les insurrections à Hambourg, les actes subversifs et les
excès durant des grèves à Berlin et d'autres localités m'amènent à l'ordre
suivant:
1. Les
insurrections doivent être écrasées le plus promptement par tous le moyens,
si nécessaire par l'usage sans ménagement, de la force des armes.
2. En
cas de grèves dans des entreprises d'utilité publique, dont la continuation
est vitale pour la communauté, le fonctionnement peut être maintenu par les
moyens de la force militaire. La liberté du travail doit être protégée
partout.
3. Dans
le cas de grèves sur les chemins de fer, l'accomplissement des transports nécessaires
doit être obtenu si nécessaire par l'usage de la force des armes.
Je me réserve la possibilité d'instaurer la loi martiale
renforcée contre des insurrectionnels.
[Citation dans l'original ►.]
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À Berlin, le conseil exécutif est temporairement
arrêté par des soldats du Corps de tirailleurs de cavalerie de garde[89]. Le ministre de la défense G. Noske interdit la grève
des chemins de fer à Berlin et décrète la réquisition pour le travail, sur
la base de la de Prusse sur l'état de siège du 4 juin 1851.
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Des mouvements de grève se développent dans les secteurs
des chemins de fer et de la poste[90].
La Fédération générale des cheminots [Allgemeiner
Eisenbahnerverband] pose des revendications salariales en rapport
avec les prix élevés des denrées alimentaires. Le 27 juin débutent des
négociations entre le gouvernement de Prusse et les syndicats des chemins
de fer. Le gouvernement envisage des mesures de subventions[91].
La direction de la grève de la fédération des cheminots déclare qu'elle
"persistera dans la grève jusqu'à ce que ses revendications [soient]
satisfaites totalement" ["so lange im Streik zu
verharren, bis ihre Forderungen restlos erfüllt [seien]"][92].
Hugo Haase et Wilhelm Dittmann,
au nom de l'USPD, assurent le chancelier que l'USPD est opposé à l'éventualité d'une grève générale[93].
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La Conférence de Paix de Paris siège depuis le début de
l'année, sous la présidence de la France et avec la participation de
délégués de 32 états[94].
Aucun représentant des pays vaincus n'est admis. La teneur des décisions
est dominée par le "conseil des quatre" composé du président US
et des chefs de gouvernement de France, Grande-Bretagne et Italie. Le
"Traité de Versailles" est signé le 28 juin, par l'Allemagne
et 26 Puissances alliées et associées[95].
Les USA ne le ratifieront pas.
L'Allemagne perd un septième de son territoire et un dixième
de sa population, un tiers de ses ressources en charbon et les trois quarts
de ses ressources en minerai de fer. La Haute-Silésie, Posen
et la majeure partie de la Prusse orientale sont rattachés à la Pologne.
L'Alsace-Lorraine est rattachée à la France. La Sarre restera 15 ans
sous contrôle de la Société des Nations, puis sera effectué un référendum.
Les territoires à l'ouest du Rhin restent démilitarisés et occupés durant
5, 10, 15 ans. L'Allemagne perd toutes ses colonies.
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Traité de Versailles,
28 juin 1919 - conditions de paix (extraits)[96]
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Les États-Unis d'Amérique, l'Empire britannique, la
France, l'Italie et le Japon,
Puissances, désignées dans le présent traité comme les
principales puissances alliées et associées,
La Belgique, la Bolivie, le Brésil, la Chine, Cuba,
l'Équateur, la Grèce, le Guatémala, Haïti, l'Hedjaz, le Honduras, le
Libéria, le Nicaragua, le Panama, le Pérou, la Pologne, le Portugal, la
Roumanie, l'État serbe-croate-slovène, le Siam, la Tchéco-Slovaquie et
l'Uruguay,
Constituant avec les principales puissances ci-dessus les
puissances alliées et associées,
D'une part;
Et l'Allemagne,
D'autre part;
Considérant qu'à la demande du Gouvernement impérial
allemand, un armistice a été accordé à l'Allemagne le 11 novembre 1918
par les principales puissances alliées et associées afin qu'un traité de
paix puisse être conclu avec elle;
Considérant que les puissances alliées et associées sont
également désireuses que la guerre, dans laquelle elles ont été
successivement entraînées, directement ou indirectement, et qui a son
origine dans la déclaration de guerre adressée le 28 juillet 1914 par
l'Autriche-Hongrie à la Serbie, dans les déclarations de guerre adressées
par l'Allemagne le 1er Août 1914 à la Russie et le 3 Août 1914 à
la France, et dans l'invasion de la Belgique, fasse place à une Paix
solide, juste et durable;
[...]
ont convenu des dispositions suivantes :
À dater de la mise en vigueur du présent traité, l'état
de guerre prendra fin.
[Citation dans le texte officiel en allemand ►.]
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Traité de Versailles,
28 juin 1919 - Clauses militaires, navales et aériennes (extraits)[97]
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En vue de rendre possible la préparation d'une limitation
générale des armements de toutes les nations, l'Allemagne s'engage à
observer strictement les clauses militaires, navales et aériennes ci-après
stipulées.
[...]
Toutes les clauses militaires, navales et aéronautiques
qui sont contenues dans le présent traité et pour l'exécution desquelles
une limite de temps a été fixée, seront exécutées par l'Allemagne sous le
contrôle de Commissions interalliées spécialement nommées à cet effet par
les principales puissances alliées et associées.
[Citation dans le texte officiel en allemand ►.]
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Traité de Versailles,
28 juin 1919 - Réparations (extraits)[98]
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Les Gouvernements alliés et associés déclarent et
l'Allemagne reconnaît que l'Allemagne et ses alliés sont responsables, pour
les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par
les Gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de
la guerre, qui leur a été imposée par l'agression de l'Allemagne et de ses
alliés.
Les Gouvernements alliés et associés reconnaissent que
les ressources de l'Allemagne ne sont pas suffisantes en tenant compte de
la diminution permanente de ces ressources qui résulte des autres
dispositions du présent traité, pour assurer complète réparation de toutes
ces pertes et de tous ces dommages.
[Citation dans le texte officiel en allemand ►.]
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Traité de Versailles,
28 juin 1919 - Travail (extraits)[99]
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Attendu que la Société des Nations a pour but d'établir
la paix universelle, et qu'une telle paix ne peut être fondée que sur la
base de la justice sociale;
Attendu qu'il existe des conditions de travail impliquant
pour un grand nombre de personnes l'injustice, la misère et les privations,
ce qui engendre un tel mécontentement que la paix et l'harmonie
universelles sont mises en danger, et attendu qu'il est urgent d'améliorer
ces conditions : par exemple, en ce qui concerne la réglementation des
heures de travail, la fixation d'une durée maxima de la journée et de la
semaine de travail, le recrutement de la main-d'oeuvre, la lutte contre le
chômage, la garantie d'un salaire assurant des conditions d'existence
convenables, la protection des travailleurs contre les maladies générales
ou professionnelles et les accidents résultant du travail, la protection
des enfants, des adolescents et des femmes, les pensions de vieillesse et
d'invalidité, la défense des intérêts des travailleurs occupés à
l'étranger, l'affirmation du principe de la liberté syndicale,
l'organisation de l'enseignement professionnel et technique et autres
mesures analogues;
Attendu que la non adoption par une nation quelconque
d'un régime de travail réellement humain fait obstacle aux efforts des
autres nations désireuses d'améliorer le sort des travailleurs dans leurs
propres pays;
Les hautes parties contractantes, mues par des sentiments
de justice et d'humanité aussi bien que par le désir d'assurer une paix
mondiale durable, ont convenu ce qui suit :
Il est fondé une organisation permanente chargée de
travailler à la réalisation du programme exposé dans le préambule.
Les membres originaires de la Société des Nations seront
membres originaires de cette organisation, et, désormais, la qualité de
membre de la Société des Nations entraînera celle de membre de ladite
organisation.
L'organisation permanente comprendra :
1. Une
conférence générale des représentants des membres;
2. Un
bureau international du travail sous la direction du Conseil
d'administration prévu à l'article 393.
[...]
Les hautes parties contractantes, reconnaissant que le
bien-être physique, moral et intellectuel des travailleurs salariés est
d'une importance essentielle au point de vue international, ont établi pour
parvenir à ce but élevé, l'organisme permanent prévu à la section I et
associé à celui de la Société des Nations.
Elles reconnaissent que les différences de climat, de
moeurs et d'usages, d'opportunité économique et de tradition industrielle
rendent difficile à atteindre, d'une manière immédiate, l'uniformité
absolue dans les conditions du travail. Mais, persuadées qu'elles sont que
le travail ne doit pas être considéré simplement comme un article de
commerce, elles pensent qu'il y a des méthodes et des principes pour la
réglementation des conditions du travail que toutes les communautés
industrielles devraient s'efforcer d'appliquer, autant que les
circonstances spéciales dans lesquelles elles pourraient se trouver, le
permettraient.
Parmi ces méthodes et principes, les suivants paraissent
aux hautes parties contractantes être d'une importance particulière et
urgente :
1. Le
principe dirigeant ci-dessus énonce que le travail ne doit pas être
considéré simplement comme une marchandise ou un article de commerce.
2. Le
droit d'association en vue de tous objets non contraires aux lois, aussi
bien pour les salariés que pour les employeurs.
3. Le
payement aux travailleurs d'un salaire leur assurant un niveau de vie
convenable tel qu'on le comprend dans leur temps et dans leur pays.
4. L'adoption
de la journée de huit heures ou de la semaine de quarante-huit heures comme
but à atteindre partout où il n'a pas encore été obtenu.
5. L'adoption
d'un repos hebdomadaire de vingt-quatre heures au minimum, qui devrait
comprendre le dimanche toutes les fois que ce sera possible.
6. La
suppression du travail des enfants et l'obligation d'apporter au travail
des jeunes gens des deux sexes les limitations nécessaires pour leur
permettre de continuer leur éducation et d'assurer leur développement
physique.
7. Le
principe du salaire égal, sans distinction de sexe, pour un travail de valeur
égale.
8. Les
règles édictées dans chaque pays au sujet des conditions du travail devront
assurer un traitement économique équitable à tous les travailleurs résidant
légalement dans le pays.
9. Chaque
État devra organiser un service d'inspection, qui comprendra des femmes,
afin d'assurer l'application des lois et règlements pour la protection des
travailleurs.
Sans proclamer que ces principes et ces méthodes sont ou
complets, ou définitifs, les hautes parties contractantes sont d'avis
qu'ils sont propres à guider la politique de la Société des Nations et que,
s'ils sont adoptés par les communautés industrielles qui sont membres de la
Société des Nations, et s'ils sont maintenus intacts dans la pratique par
un corps approprié d'inspecteurs, ils répandront des bienfaits permanents
sur les salariés du monde.
[Citation dans le texte officiel en allemand ►.]
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Traité de Versailles,
28 juin 1919 - Arrangement (extraits)[100]
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Arrangement
entre les États-Unis d'Amérique, la Belgique, l'Empire
Britannique et la France
d'une part
et l'Allemagne
de l'autre,
concernant l'occupation militaire de la Rhénanie
Sur la base des pouvoirs qui leur ont été conférés par
leurs gouvernements, les signataires, conformément à l'article 432 du
traité de paix signé aujourd'hui, sont convenus des dispositions suivantes:
Article 1.
Conformément aux articles 428 ff du traité signé
aujourd'hui les forces armées des puissances alliées et associées, à titre
de gage pour l'accomplissement par l'Allemagne du dit traité, maintiennent
sous occupation les territoires allemandes (telle que cette occupation a
été déterminée par l'article 5 de l'accord d'armistice du 11 novembre
1918 et étendue par l'accord additionnel du 16 janvier 1919).
Aucun corps de troupes allemand, à l'exception des
prisonniers de guerre en cours d'acheminement de retour, n'a accès aux
territoires occupés, ni même en circulation de transit, cependant des
forces de police, en nombre déterminé par les puissances alliées et
associées, peuvent être conservées dans ces territoires aux fins du
maintien de l'ordre.
Article 2
Est instaurée une administration civile sous la
dénomination de "Haute-Commission interalliée de Rhénanie", qui
est dénommée dans ce qui suit comme "Haute-Commission"; elle est,
si l'accord ne contient pas de dispositions contraires, le représentant
suprême des puissances alliées et associées dans les territoires occupés.
Elle se compose de quatre membres en tant que représentants de la Belgique,
de la France, de la Grande-Bretagne et des États-Unis.
[...]
[Citation dans le texte officiel en allemand ►.]
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À Potsdam (Brandenburg), le
conseil d'ouvriers et de soldats cesse son activité, du fait que
l'assemblée municipale n'accorde plus de ressources financières[101].
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