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À l'initiative de Paul Reusch, un
certain nombre de dirigeants de l'industrie lourde se rencontrent pour
constituer une instance informelle de coordination et de centralisation de
fonds, dans l'objectif de la promotion des intérêts de leur secteur
d'activité[1].
L'association est désignée communément par le terme “Ruhrlade”
(“tiroir pour la Ruhr”). Les autres membres sont
Erich
Fickler, président du conseil d'administration et directeur général
de la Harpener Bergbau AG
Karl
Haniel, président du conseil d'administration de la Gute-Hoffnungs-Hütte
(GHH)
Peter
Klöckner, Klöckner & Co. OHG
Arthur
Klotzbach, membre du directoire du groupe Krupp
Gustav
Krupp, président du conseil de surveillance de la Fried
Krupp AG
Ernst
Poensgen, président adjoint du comité de direction de la Vereinigten Stahlwerke AG
Paul
Silverberg, président du conseil de surveillance de la Rheinische AG für Braunkohlenbergbau und Brikettfabrikation (RAG)
Friedrich
Springorum jr, président du conseil d'administration de la Eisen- und Stahlwerke Hoesch AG
Fritz
Thyssen, directeur de la August-Thyssen-Hütte
Albert
Vögler, président du conseil de surveillance de la Vereinigten
Stahlwerke AG
Fritz
Winkhaus, directeur général du Köln-Neuessener
Bergwerksverein, qui fusionnera en 1930 avec Hoesch
Plus tard, Carl Friedrich v. Siemens et
Friedrich Flick seront associés comme
"invités".
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En 1917 Friedrich Flick devient
président du conseil d'administration de la Charlottenhütte AG[2].
À la fin de la guerre il procède à des achats d'actions de cette société,
en 1920 il arrive à détenir la majorité et au cours des années suivantes il
accroit sa participation jusqu'à 95 %. Au cours des années 1920 il
étend son consortium dans le secteur du charbon et de l'acier, en
particulier à travers des participations dans des usines sidérurgiques en
Haute-Silésie.
En 1926 Flick participe à la
constitution de la Vereinigte Stahlwerke AG (en
abrégé VStAG). Initialement, il en contrôle environ
20 % du capital. Il est membre du conseil de surveillance et du comité
de direction. La même année est constituée la Mitteldeutsche
Stahlwerke AG (“Mittelstahl”) qui intègre
des entreprises contrôlées par Flick: La Mittelstahl est une filiale de la VStAG,
Flick est actionnaire principal et président du
conseil de surveillance. Par la suite, à travers des manoeuvres
de restructuration de ses propres sociétés et des acquisitions d'actions
d'autres entités composant la VStAG, Flick
contrôle 51 % du capital de la Gelsenkirchener
Bergwerks-AG (en abrégé GBAG), et celle-ci contrôle 56 % du
capital de la VStAG.
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En 1902, Bertha Krupp hérite l'entreprise sidérurgique
familiale, laquelle est transformée en 1903 en société par actions, Fried. Krupp AG[3].
Après son mariage en 1906 avec Gustav von Bohlen und Halbach,
celui-ci est autorisé officiellement à s'appeler Krupp von
Bohlen und Halbach afin que la continuité de nom de l'entreprise
soit assurée. En 1909, Krupp devient président du
conseil de surveillance.
Krupp participe à la fondation, en
1928, du “Bund zur Erneuerung des Reiches” (“Ligue pour la refonte du Reich”).
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Ernst Poensgen est, à partir de 1905,
membre du comité de direction de la Düsseldorfer Röhren- und
Eisenwalzwerken AG. En 1910, la société fusionne avec la Phoenix AG für Bergbau und Hüttenbetriebe à Hörde. Poensgen est membre du comité de
direction. En 1926 il participe à la fondation de la Vereinigten
Stahlwerke AG (VStAG),
dans laquelle est intégrée la Phoenix. Il est
président adjoint du comité de direction de la VStAG.
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En 1905 Paul Reusch entre au comité
directeur de la Gutehoffnungshütte (GHH) à Oberhausen,
en 1909 il en devient président. Il met en oeuvre
l'extension de l'entreprise à travers diverses acquisitions: notamment la Maschinenfabrik Augsburg-Nürnberg (MAN) en 1921. En 1942 il abandonnera
la direction de la GHH, suite à des conflits internes à l'entreprise,
allant de pair avec des pressions exercées par les autorités politiques.
Reusch occupe diverses fonctions de
direction dans les organismes d'employeurs, notamment:
président adjoint de l'Association d'industriels du fer
et de l'acier allemands (VDESI) (1922-1929);
président de l'Association pour la préservation des
intérêts économiques communs en Rhénanie et Westphalie (1924 à 1930);
membre du présidium de l'Union nationale de l'industrie
allemande (RDI) (1923 à 1933).
Reusch participe à la fondation, en
1928, de la Ligue pour la refonte du Reich.
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Carl Friedrich
von Siemens
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Cf. ►.
En 1926 Paul Silverberg devient
président du conseil de surveillance de la Rheinische AG
für Braunkohlenbergbau und Brikettfabrikation (RAG), dont il était
auparavant directeur général. À partir de 1927 il est président du conseil
d'administration de la Harpener Bergbau AG. Il
quittera ces fonctions en 1933.
Silverberg occupe de nombreux autres
postes dirigeants, parmi lesquels on peut mentionner les suivants (en
1927): Charlottenhütte, RWE (président adjoint),
Deutsche Bank, HAPAG, Norddeutscher Lloyd, Deutsche Maschinenfabrik AG (DEMAG), Metallgesellschaft,
Mitteldeutsche Stahlwerke, Vereinigte
Stahlwerke, Siemens.
En 1929 Silverberg adhère au DVP. Il
participe aux activités de la Ligue pour la refonte du Reich. En 1927 il
devient président adjoint de l'Union nationale de l'industrie allemande
(RDI).
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Friedrich Springorum sénior occupe à
partir de 1898 des postes de direction au sein de la Eisen-
und Stahlwerke Hoesch AG, notamment de 1919 à 1933 président du
conseil de surveillance.
Fritz Springorum junior, fils de
Friedrich, occupe à partir de 1917 des postes de direction au sein de la Eisen- und Stahlwerke Hoesch AG, notamment président
(passagèrement président adjoint) du conseil d'administration de 1925 à
1937, puis président du conseil de surveillance en 1937‑1938.
F. Springorum jr est membre
du DNVP. Il participe à la fondation, en 1928, de la Ligue pour la refonte
du Reich.
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En 1898 Friedrich Thyssen entre à l'entreprise de son père, August-Thyssen-Hütte. Après la mort de celui-ci en 1926, il
prend la direction de la société. En 1928 il devient président du conseil
de surveillance des VStAG (jusqu'en 1935).
En 1923 Thyssen adhère à l'Union nationale de l'industrie
allemande (RDI). Il participe à la fondation, en 1928, de la Ligue pour la
refonte du Reich. Il est membre du DNVP.
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En 1905 Albert Vögler est embauché à la
Hüttenwerk Dortmunder Union. En 1910 Hugo Stinnes
acquiert cette entreprise et l'intègre dans la Deutsch-Luxemburgische
Bergwerks- und Hütten-AG. En 1912 Vögler entre
au conseil d'administration de la Deutsch-Lux, puis en 1917 il est nommé
président du comité de direction.
En 1920 est formé la Rheinelbe-Union,
un groupement d'intérêts [Interessengemeinschaft] entre
Deutsche-Lux et GBAG; l'union devient Siemens-Rheinelbe-Schuckert-Union
lorsque s'y joint aussi la Siemens-Schuckertwerke GmbH;
en 1921 s'y ajoute le Bochumer Verein für Bergbau und
Gußstahlfabrikation. Vögler y détient une
position dirigeante. Lors de la constitution de la Vereinigte
Stahlwerke AG (VStAG) en 1926, Vögler
devient président du conseil de surveillance. La VStAG réunit le groupe
Thyssen, la Gelsenkirchener Bergwerks-AG, la Deutsch-Luxemburgische Bergwerks- und Hütten-AG, le Bochumer Verein für Bergbau- und Gußstahlfabrikation, les Rheinische Stahlwerke.
De 1925 à 1927 Vögler est président du
conseil de surveillance du Rheinisch-Westfälisches
Kohlensyndikat, comme successeur d'Emil Kirdorf.
En 1918 Vögler participe avec
H. Stinnes à la constitution du DVP, en 1920 il est élu à l'assemblée
nationale, mais en 1924 il quitte le parti.
Lors de la constitution en 1919 de l'Union nationale de
l'industrie allemande (RDI), Vögler devient membre du
présidium.
Vögler participe à la "Wirtschaftsvereinigung"
créée en 1919 en tant qu'organe de fédération des entités du groupe édifié
par Alfred Hugenberg. La coopération s'amenuise vers
1925.
Dans le cadre de l'instauration, le 13 janvier 1919,
des conseils de mine dans la région industrielle de la Rhénanie-Westphalie,
Vögler est nommé représentant des entrepreneurs pour
la question de la socialisation.
Vögler participe à la fondation, en
1928, de la Ligue pour la refonte du Reich.
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En janvier est prononcée une sentence arbitrale concernant l'industrie
de la métallurgie dans la province Sachsen et en Anhalt[4].
Les employeurs l'acceptent, mais dans un certain nombre d'entreprises
débutent des grèves auxquelles participent 50 000 travailleurs,
notamment environ 6000 à Dessau dans les usines de la fabrication de
machines: Berlin-Anhaltische Maschinenbau-AG in Dessau (Bamag-Dessau), Carl
Köckert Fabrik für Eisenbau, R. Becker & Co. GmbH,
Dessauer Waggonfabrik AG, Junkers
Motorenbau GmbH, Eisengießerei und Maschinenfabrik G.
Polysius OHG, Askania-Werke AG.
L'hostilité du DMV a pour effet que le ministre du
travail H. Brauns ne valide pas la sentence. Les
employeurs imposent un lockout aux travailleurs dans le secteur couvert par
l'Union d'industriels de la métallurgie de l'Allemagne du Centre (Verband Mitteldeutscher Metall-Industrieller), ensuite
l'Union générale d'industriels de la métallurgie allemands (Gesamtverband
Deutscher Metallindustrieller) menace d'un lockout général
concernant les 750 000 travailleurs de la métallurgie. Les instances
de conciliation se saisissent du litige, rendent une sentence arbitrale,
que Brauns valide d'autorité, contre l'avis négatif
des deux parties. Cette intervention termine le conflit au bout de plus de
5 semaines.
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Le 12 décembre 1927 le DMV initie
vis-à-vis de l'Union d'industriels de la métallurgie berlinois (VBMI) une
demande de négociation concernant la catégorie des mécaniciens outilleurs[5].
Le VBMI refuse de signer un accord de profession. Les mécaniciens
outilleurs décident la grève. Le président de la commission de conciliation
intervient d'office. La tentative de conciliation échoue. La grève des
mécaniciens outilleurs est ajournée dans un premier temps en attendant la
fin du conflit en cours dans l'industrie métallurgique d'Allemane du
Centre. Finalement, le 27 février environ la moitié des
4000 mécaniciens outilleurs de Berlin se mettent en grève. Toutes les
grandes usines à l'exception d'AEG sont concernées. Le 28, le VBMI
décide de fermer les usines touchées par la grève. Le président de la
commission de conciliation entreprend une nouvelle tentative de médiation.
Sa proposition est rejetée par les employeurs. Le 5 mars les usines
sont fermées, ce qui impose le lockout à environ 60 000 travailleurs.
Le président de la commission de conciliation, Körner,
constitue un tribunal arbitral. Le 7, une sentence arbitrale est
prononcée. Elle est acceptée par le VBMI, mais rejetée par les syndicats.
Les employeurs demandent que la sentence soit validée d'autorité. Le DMV Berlin élargit le mouvement de grève en incluant de
nouvelles usines, notamment AEG. Le conciliateur Rudolf Wissel
ne valide pas la sentence, mais constitue d'office un bureau de
conciliation, lequel rend une sentence arbitrale le 10. La Fédération
des travailleurs de la métallurgie rejette aussi cette sentence, et le VBMI
ne prononce pas de déclaration d'acceptation. Le conciliateur renvoie le
litige au ministre du travail H. Brauns.
Celui-ci, le 12, valide la sentence d'autorité, contre l'opposition du
DMV. La reprise du travail intervient le 14.
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Est édicté le décret sur les conventions collectives, les
comités de travailleurs et d'employés et la conciliation relative aux
litiges du travail [über Tarifverträge, Arbeiter- und
Angestelltenausschüsse und Schlichtung von Arbeitsstreitigkeiten]
dans une nouvelle version. Il entrera en vigueur, avec force de loi, le
1er mars.
Cf. le texte du décret ►.
Ce décret modifie le décret de même intitulé du
23 décembre 1918, qui avait déjà été modifié une première fois le
31 mai 1920, puis le 23 janvier 1923.
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L'interdiction du NSDAP pour Berlin-Brandenburg prononcée le 6 mai 1928 est
levée, de même que, peu après, pour Cologne (Nordrhein-Westfalen)
et Neuwied (Rheinland-Pfalz)[6].
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Un conflit est en cours dans les mines de charbon de la Ruhr,
au sujet des salaires et des horaires de travail[7].
Les fédérations des travailleurs des mines pour la région revendiquent
l'introduction de l'équipe de 7 heures sous terre et 8 heures en
surface, ce que les employeurs refusent. Le 14 avril est prononcée une
sentence arbitrale, elle est rejetée autant par le l'Association de mines (Zechenverband) (union des employeurs des mines de la Ruhr)
que par les syndicats. Le ministre du travail H. Brauns
entreprendra des négociations avec les syndicats, mais ces propositions
sont rejetées par les syndicats libres. De leur côté les employeurs feront
savoir qu'aucune des solutions proposées par Brauns
n'est acceptable de leur point de vue. Le 23 avril, Brauns
validera la sentence arbitrale d'autorité. Elle inclut les dispositions
suivantes:
1) La durée du travail pour les travailleurs en surface [über Tage], pour autant qu'ils sont en rapport direct avec
l'extraction, s'élève à 8 heures. La durée du travail dans les autres
activités de surface en continue [durchgehende Tagesbetriebe]
s'élève à 9 heures et demie à partir du 1er mai 1928,
9 heures à partir du 1er aout 1928. 2) L'ensemble des salaires
d'équipe et d'apprenti augmentent de 8 %. En cas d'augmentation des
prix du charbon, l'accord sur les salaires peut être dénoncé avec un délai
de préavis d'un mois, autrement une dénonciation est exclue jusqu'au
31 mars 1929.
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•
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Une sentence arbitrale intervient dans l'industrie
métallurgique de Sachsen[8].
Le DMV la rejette et déclenche un mouvement de grève
auquel participent 22 000 travailleurs. Les employeurs imposent un
lockout à 150 000 travailleurs de la métallurgie. Le mouvement se
termine suite à la validation d'autorité de la sentence arbitrale, malgré
l'hostilité du DMV.
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•
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Des élections au Reichstag ont lieu. Les résultats pour les
partis arrivant en tête sont les suivants: SPD 31,16 % des voix, DNVP
14,87 %, DZP 12,42 %, KPD 11,00 %. Le NSDAP
obtient 2,44 %.
SPD
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153
|
DNVP
|
73
|
Zentrum
|
61
|
KPD
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54
|
DVP
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45
|
NSDAP
|
17
|
...
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Total
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491
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Pour les gouvernements de cette législature (jusqu'aux
élections du 14 septembre 1930), cf. ► ►.
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Est formé un gouvernement de grande coalition, sous la
direction de Hermann Müller (SPD). Au nouveau gouvernement appartiennent
des représentants du SPD, du DDP, du Zentrum, du BVP
et du DVP, ainsi que l'ancien général impérial Wilhelm
Groener (sans parti) en tant que ministre de la défense. Rudolf
Hilferding, Carl Severing et Rudolf
Wissell (tous SPD) assument respectivement les fonctions de
ministres des Finances, de l'Intérieur et du Travail.
W. Groener remplace Otto
Geßler qui avait occupé le poste de ministre de la défense dans tous
les gouvernements successifs depuis avoir succédé à Gustav Noske (SPD) en
mars 1920. Geßler était membre du DDP mais suite à la
décision du DDP de ne pas participer à un gouvernement de coalition, il
avait quitté ce parti en décembre 1926 pour rester ministre[9].
La dernière participation du SPD au gouvernement datait de
1923 lorsque le parti participait au gouvernement Gustav Stresemann (DVP),
qu'il avait cependant quitté le 23 novembre 1923.
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•
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L'ADGB tient un congrès à Hambourg[10].
Fritz Naphtali présente son livre "La démocratie
économique - sa nature, sa voie et son objectif" ["Wirtschaftsdemokratie
- Ihr Wesen, Weg und Ziel"].
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•
|
Au cours d'une session de la Société des Nations à Genève,
est décidée l'instauration d'une commission indépendante d'experts
financiers chargée d'élaborer des propositions pour résoudre la question
des réparations[11].
Elle siègera à partir du 11 février 1929 à Paris, sous la présidence
d'Owen Young, avec la participation d'experts de France, Italie, Belgique,
Japon, Allemagne, USA.
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•
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Le 17 juillet, l'association des industrielles du
textile (Verein der Textilindustriellen) de München-Gladbach/Rheydt avait décidé d'éliminer toutes les
rémunérations correspondant au travail à la pièce, pour autant qu'elles
excédaient les tarifs conventionnels[12].
Finalement, les deux parties dénoncent les conventions en vigueur. Les
syndicats refusent les positions présentées par les employeurs, et ces
derniers, le 1er octobre, déclarent un lockout touchant 45 000
travailleurs et travailleuses de München-Gladbach et
ses environs. Au même moment, une grève est en cours dans les entreprises
du textile à Düren, et les employeurs réagissent également avec un lockout,
qui concerne 5000 autres travailleurs et travailleuses. Les 15 et
16 octobre, des sentences arbitrales seront prononcées pour mettre un
terme à ces deux conflits.
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•
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Depuis le printemps des négociations sont en cours dans le
secteur des chantiers navals de l'Allemagne dur Nord[13].
À deux reprises une sentence arbitrale avait été prononcée. Elles avaient
été refusées par les deux parties. Finalement, le 1er octobre débute
un mouvement de grève auquel participent 45 000
travailleurs concernés. Le DMV revendique notamment le
passage de la durée hebdomadaire du travail de 52 à 48 heures.
Environ 42 000 travailleurs participent à l'action. Une sentence
arbitrale sera prononcée. Elle sera rejetée par les employeurs, et le
27 décembre les travailleurs le rejetteront également par une
consultation de la base résultant dont le résultat donne 91 % de voix
négatives. Le 3 janvier 1929 le ministre du Travail R. Wissel
la validera d'autorité. La durée du travail hebdomadaire est fixée à
50 heures.
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•
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À Brême (Bremen) se débute
une dans les usines de filature et de tissage de jute[14].
Elle se terminera le 17.
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•
|
Le 16 aout le KPD avait décidé d'initier une procédure
de plébiscite (Volksbegehren) contre la construction
d'un navire de guerre de type dit "croiseur cuirassé A" ["Panzerkreuzer A"], prévue dans le budget de
la défense depuis 1927, et approuvée par le gouvernement (auquel participe
le SPD) le 10 aout[15].
Le plébiscite se déroule du 3 au 16 octobre. 1,2 millions de
voix sont récoltées, ce qui reste largement au-dessous du pourcentage
nécessaire pour un référendum.
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Dans le secteur de la métallurgie de la Ruhr, des
négociations avaient eu lieu à l'approche de l'expiration, au
30 octobre, de la durée de la sentence arbitrale du 15 décembre
1927. Une sentence arbitrale avait été rendue par le conciliateur Wilhelm Joetten. Mais les employeurs du Groupe Nord-Ouest de
l'Association d'industriels du fer et de l'acier brusquent la situation en
annonçant le 15 octobre le licenciement de l'ensemble des
travailleurs, au nombre d'environ 213 000, à l'échéance du
1er novembre[16].
Les syndicats demandent que la sentence arbitrale soit validée d'autorité.
Le ministre du travail R. Wissel entame de
nouvelles négociations, qui échouent également. Une nouvelle sentence
arbitrale est prononcée. Elle est acceptée par les syndicats et Wissell la validera d'autorité, le 31 octobre. Les
employeurs imposent néanmoins le lockout et contestent la décision devant
le tribunal du travail de Duisburg qui leur donnera raison le
12 novembre, puis les syndicats feront appel devant le tribunal du
travail du Land à Düsseldorf et obtiendront un jugement favorable
le 24. Les employeurs auront alors recours au tribunal du travail du
Reich. En attendant l'issue judiciaire, le gouvernement du Reich,
le 28, charge le ministre de l'Intérieur C. Severing
d'une médiation. Celui-ci, le 2 décembre, obtiendra que les deux
parties se déclarent prêtes d'avance à accepter sa décision à venir, et que
les employeurs révoquent le lockout. Ainsi, le 3, se termine le
lockout. La sentence arbitrale de Severing sera
prononcée le 21 décembre. Elle réduit notamment à 57 heures la
durée du travail hebdomadaire de la partie du personnel travaillant
auparavant selon une durée régulière de 60 heures.
La décision du tribunal du travail interviendra le
22 janvier 1929 (cf. à cette date).
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•
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L'Union d'employeurs de l'industrie textile saxonne (Verband von Arbeitgebern der Sächsischen Textilindustrie)
dénonce les conventions collectives en vigueur[17].
Les employeurs demandent une procédure de conciliation. Deux sentences arbitrales
seront prononcées respectivement le 27 novembre et le 6 décembre.
Elles seront validées d'autorité par le ministre du travail.
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•
|
En Westfalen, après la
dénonciation par les employeurs des conventions salariales en vigueur, les deux
parties demandent une procédure de conciliation[18].
Une sentence arbitrale sera prononcée le 20 novembre. Elle est refusée
par les employeurs mais validée d'autorité par le ministre du travail, le
3 janvier.
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•
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À Berlin se déroule une manifestation de la Ligue
rouge de combattants du Front, organisée après l'assassinat d'un militant
communiste par des membres de la SA, le 30 novembre[19].
La manifestation rassemble environ 4000 personnes, la police
intervient, au cours des affrontements un membre de l'organisation
réactionnaire “Ordre jeune-allemand” (“Jungdeutscher Orden”)
est blessé mortellement.
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•
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Le préfet de police de Berlin Karl Zörgiebel
(SPD) interdit pour un temps indéterminé les manifestations et
rassemblements en plein air[20].
Sous une forme modifiée, la mesure restera en vigueur jusqu'au 3 juin
1929.
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•
|
A. Hitler désigne le chef adjoint de propagande
Heinrich Himmler, comme dirigeant du SS[21].
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•
|
Le tribunal du travail du Reich, qui avait été saisi au
sujet de la sentence arbitrale prononcée le 26 octobre 1928 concernant
secteur de la métallurgie de la Ruhr, rend sa décision[22].
Il déclare que les dispositions concernant la sentence arbitrale, contenues
respectivement dans le décret sur le système de conciliation du
30 octobre 1923 et dans la deuxième décret d'application, du
29 décembre 1923, se contredisent. Il annule le passage correspondant
du deuxième décret, qui admet les décisions de ballotage [Stichentscheide],
dits "sentences arbitrales unipersonnelles" ["Ein-Mann-Schiedssprüche"],
ou décision du président de la chambre de conciliation seul [Alleinentscheid
des Schlichtungskammervorsitzenden].
Cependant, un décret du 9 janvier 1931 réintroduira
cette procédure sous une forme légèrement modifiée.
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•
|
Un mouvement de grève débute dans l'usine d'aciérie et de
laminoir [Stahl- und Walzwerk] de l'AEG à Hennigsdorf près de Berlin[23].
Il n'est pas soutenu par le DMV. Les grévistes sont
environ 300, mais l'employeur impose le lockout à l'ensemble des
1700 travailleurs. La lutte est menée en lien avec des actions de
solidarité au-delà de l'entreprise. Le mouvement prendra fin le
30 avril.
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•
|
Le ministre de la défense W. Groener
établit l'office ministériel (Ministeramt), qui
rassemble toutes les instances directement rattachées au ministère, à
l'exception du domaine du budget[24].
La direction est attribuée à Kurt von Schleicher,
promu major général pour l'occasion.
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•
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Les 9 et 10 mars se tient à Berlin un Congrès
antifasciste international, convoqué à l'initiative notamment de Henri
Barbusse, membre du PCF, et Wilhelm Münzenberg, membre
du KPD.
Un article dans l'organe du SPD Vorwärts
(29 mars) explique le refus du SPD de participer à ce congrès, en
affirmant[25]:
La lutte contre le fascisme ne peut pas être menée dans
un front avec les pères du fascisme. Les bolchéviques ne sont pas seulement
les géniteurs du fascisme au sens historique, ils n'ont pas seulement fait
grandir le fascisme respectivement le semi-fascisme par leur folle
politique putschiste en Italie, Hongrie, Bulgarie etc., ils sont aussi
idéologiquement les meilleurs appuis du fascisme, car ils lutte dans un
front avec lui contre la démocratie.
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
Le ministre de l'intérieur de Prusse A. Grzesinski
étend à toute la Prusse l'interdiction des manifestations et
rassemblements prononcée le 13 décembre 1928 par le président de
police de Berlin K. Zörgiebel[26].
Il transmet à la presse, pour diffusion, un appel à ce sujet, et adresse à
l'administration une circulaire rappelant ces directives. (Cf. ci-dessous.)
|
|
Circulaire du ministre de l'intérieur
de Prusse Albert Grzesinski (SPD), 23 mars 1929
(extraits)[27]
|
•
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Ces derniers jours j'ai fait diffuser par la presse
l'appel ci-dessous:
La liberté d'association et de réunion ainsi que le droit
à la libre expression, garantis par la constitution, font progressivement
l'objet d'abus, marqués par une méconnaissance totale de leur signification
et de leur but. [...] Je réitère donc aujourd'hui une fois de plus très
sérieusement ma mise en garde à toutes les organisations politiques, unions
et aux dirigeants des partis politiques qui leur sont proches, et je
demande aussi instamment à la presse concernée, de contribuer également de
leur côté à la pacification de la vie publique par le renoncement au style
excitant les esprits et sapant l'autorité de l'état qu'ils considèrent
pourtant eux-mêmes comme requise, de sorte que les différends politiques
soient de nouveau réglés sous des formes raisonnables et que des gens
d'opinion différente ne soient pas incommodés par leurs adversaires
politiques. Au cas où il se trouverait que cette ultime tentative de
protéger l'activité politique des citoyens dans le cadre des lois contre
toute entrave et de réprimer la dénaturation de la lutte politique par
l'emploi de moyens violents, se perde sans être entendue, alors, pour le
bien de la population pacifique et désireuse de paix, je procèderai
impitoyablement contre les organisations radicales par tous les moyens à ma
disposition. Ce faisant, je ne reculerai pas devant la dissolution d'unions
et associations qui en même temps ont la forme de partis politiques. Par
arrêté de ce jour, j'ai fourni aux administrations policières en Prusse des
instructions strictes en ce sens. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Est édicté le décret sur l'horaire de travail dans
l'industrie du ciment [über die Arbeitszeit in der
Zementindustrie"].
Cf. le texte du décret ►.
Ce décret constitue le dernier d'une série, qui introduisent
une règlementation des horaires de travail pour les travaux pénibles [Schwerarbeiter] selon la journée de huit heures[28].
Cf. également les dates 20 janvier 1925, 9 février 1927 et
16 juillet 1927.
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Le préfet de police de Berlin K. Zörgiebel
confirme dans une déclaration officielle l'interdiction des manifestations
et rassemblements prononcée le 13 décembre 1928[29],
en menaçant ceux qui pourraient passer outre[30]:
Car je suis décidé à imposer l'autorité de l'état à
Berlin par tous les moyens à ma disposition.
[...]
Ainsi selon la volonté des communistes, le 1er mai
dans les rues de Berlin le sang doit couler! Or cela ne doit pas arriver.
[Citation dans l'original ►.]
(Paru entre autre dans le Vorwärts,
28 avril.) Ces déclarations visent précisément les organisations
communistes qui affirment leur volonté de manifester à l'occasion de la
journée du 1er mai.
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Extraits d'articles de l'organe
du SPD, Vorwärts[31]
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19 avril:
Le KPD veut des morts [...] il appelle à provoquer des
heurts.
20 avril:
Le KPD a besoin de cadavres! Il souhaite des tirs le
1er mai.
29 avril:
200 morts le 1er mai: plans criminels des communistes.
[Citations dans l'original ►.]
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À Berlin, le “Comité de Mai des travailleurs
berlinois” (“Maikomitee der Berliner Arbeiterschaft”)
constitué le 12 avril, avait publié, le 26, un appel à manifester
le 1er mai malgré l'interdiction[32].
Des manifestations et rassemblements sont organisés le 1er mai, ils se
prolongent jusque dans la nuit du 3 au 4 mai. La police procède à
une répression violente en faisant l'usage d'armes et de voitures blindées.
Le 3 au matin est instauré l'état d'exception dans les quartiers de Wedding et Neukölln (cf. ci-dessous).
Cette mesure sera levée le 6. Le bilan des affrontements est de plus
de 30 morts, et plus de 1200 personnes arrêtées.
À Berlin, les grèves de protestations en réaction à la
répression mobilisent environ 25 000 travailleurs; ailleurs, dans la
Ruhr, à Hambourg et dans d'autres villes, le nombre des participants
s'élève à environ 50 000 travailleurs. Des manifestations sont
organisées notamment à Bielefeld, Bottrop, Breslau, Düsseldorf, Essen,
Gelsenkirchen, Hambourg, Cologne, Munich, München-Gladbach,
Rheydt, Solingen.
Le 2 mai, le gouvernement de Prusse interdit l'organe
du KPD, Rote Fahne; d'abord pour
3 semaines (cf. ci-dessous), puis après une bref reparution, de
nouveau le 25 mai pour 4 semaines (cf. ci-dessous)[33].
Le 3, le gouvernement de Prusse décide la dissolution de la Ligue
rouge de combattants du Front (RFB) (cf. ci-dessous), la mesure est
exécutée le 6. Les jours suivants l'organisation est également
interdite en Bavière, Saxe, Hambourg, Lippe-Detmold, Mecklenburg-Strelitz,
d'autres gouvernements régionaux sont plus réticents. Finalement, sur
demande de C. Severing, après la tenue le
10 mai d'une conférence nationale des ministres de l'intérieur
régionaux, l'interdiction du RFB est prononcée au niveau national[34].
Ainsi, le RFB sera contraint à se maintenir définitivement
dans la clandestinité.
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Interdiction du Rote Fahne, 2 mai 1929[35]
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Par la présente j'interdis les journaux "Die
Rote Fahne" et "Das Volksecho"
sur la base des §§ 7 chiffre 4, et 21, pour une durée de trois semaines
jusqu'au 23 mai compris, parce que ces journaux, par leur façon
d'écrire ont soutenu dans les actes les efforts du Parti communiste
d'Allemagne de saper la forme d'état républicaine, déterminée par la
constitution.
[Citation dans l'original ►.]
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Instauration de l'état
d'exception à Berlin, Karl Zörgiebel, 3 mai 1929[36]
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Afin d'éliminer les centres de troubles Wedding
et Neukölln, dans lesquels la soirée passée et durant
la nuit encore des heurts graves se sont produits, j'ai pris les mesures
suivantes:
De 9 heures du soir jusqu'à 4 heures du matin,
toute circulation dans les rues énumérées ci-dessous est interdite. [...]
Il est interdit de s'attarder dans les couloirs, halls et entrées. Durant
les heures indiquées, les fenêtres donnant côté rue doivent rester fermées.
En outre durant les heures indiquées, dans les pièces situés côté rue les
lumières ne doivent pas être allumées. Les habitants qui ne respectent pas
ces instructions s'exposent au danger que les fenêtres puissent être prises
comme cible de tirs venant de la rue, de la part de la police.
Durant la journée, dans les quartiers concernés et les
rues désignées, ainsi que dans les couloirs, les halls et les entrées,
personne ne doit rester sur place. La police veillera particulièrement à ce
que personne ne reste dans la rue plus longtemps qu'absolument nécessaire.
Des personnes qui se déplacent dans la rue sans destination déterminée
seront arrêtées. Il est interdit que trois personnes ou plus se déplacent
ensemble. [...] Les personnes qui ne respectent pas ces dispositions
risquent leur vie.
[Citation dans l'original ►.]
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Dissolution de la Ligue rouge
de combattants du Front (RFB), Albert Grzesinski,
3 mai 1929[37]
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Sur la base du § 14 en lien avec le § 4
chiffre 4 et 5 de la loi pour la protection de la république du
21 juillet 1922, et 2 juin 1927*, du § 1 de la loi du
22 mars 1921 en lien avec le décret d'application de la loi du
12 février 1926 et sur la base du § 2 de la loi sur les
associations [Reichsvereinsgesetz] du 19 avril
1908 en lien avec le § 129 du code pénal, pour le territoire de l'état
libre Prusse et avec l'accord du gouvernement du Reich, le Rote
Frontkämpferbund e. V. y compris le Rote
Jugendfront et le Rote Marine avec toutes ses
installations est dissous, cela parce qu'il ressort de son comportement que
son but est en contradiction avec les dispositions légales mentionnées.
Selon § 18 de la loi pour la protection de la
république et § 3 de la loi du 22 mars 1921, les biens des
organisations concernées seront saisis et confisqués au profit du Reich.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
* Loi pour la protection de la République [Republikschutzgesetz]
du 21 juillet 1922 dans la version du 2 juin 1927.
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4 mai (Rapport de police):
Durant la journée de vendredi et la nuit au samedi ont
été hospitalisés dans les hôpitaux de la ville, et sont ensuite décédés
dans les hôpitaux: [suivent les identités de sept personnes, tous atteintes
de balles dans l'abdomen.] En outre trois personnes ont été tuées
directement. Les hôpitaux respectivement les postes de secours ont
accueilli 29 blessés. Ainsi le nombre de tués a atteint 25.
6 mai (Rapport de police):
Le préfet de police communique:
"[...] Ma mise en garde contre l'éventualité de se
rendre dans la zone interdite, et mon avertissement que quiconque ne suit
pas les instructions données risquerait sa vie, ont été ignorés par
différentes personnes, lesquelles ce faisant ont subi des dommages
corporels. [...] Il n'a pas été possible de déterminer de quel côté a été
tiré le coup mortel. [...]"
Décision du Tribunal d'Instance de Dresde, 13 mai 1929:
Dans l'affaire pénale contre les auteurs inconnus de la
brochure "Journées de mai ensanglantées à Berlin" [...] pour
haute trahison, menace à la paix publique, par la présente est ordonnée la
saisie de la brochure visée ci-dessus.
[...]
Ainsi est écrit entre autre feuille 27:
"Zörgiebel a agi sur ordre de
la social-démocratie. Le crime de Zörgiebel n'était
pas le crime d'un homme isolé. Autant précisément cet homme qui, comme
Noske, semble représenter le type de l'ancien feldwébel prussien, apportait
toutes les caractéristiques nécessaires pour son rôle chien sanguinaire ‑ la
brutalité sans scrupule comme la grossièreté bornée, obtuse ‑,
autant le problème du sang ouvrier versé des journées de mai berlinoises
n'est pas simplement un problème Zörgiebel."
[...]
Feuille 29:
"[...] Le communistes n'ont pas besoin de jouer au
cache-cache avec leurs intentions. Le Parti communiste est un parti
révolutionnaire, et il ne fait pas de mystère du fait que son objectif est
le renversement de l'ordre capitaliste et l'instauration de la dictature
prolétarienne comme condition préalable pour le socialisme."
[Citations dans l'original ►.]
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Interdiction du Rote Fahne, Karl Zörgiebel,
26 mai 1929 (extraits)[39]
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Par la présente, sur la base des § 7 et § 21 de la loi
pour la protection de la république du 21 juillet 1922 j'interdis le
journal "Die Rote Fahne" ainsi que ses
feuilles associées "Das Volksecho" et le "Volkswacht" pour une durée de 4 semaines jusqu'au
22 juin 1929 compris. [...]
Raisons:
Dans le n° 104 du "Rote Fahne"
du 25 mai 1929 [...] est exposé ce qui suit:
"[...] Le Parti communiste en tant qu'avant-garde
des masses exploitées et opprimées déclare en plein public que les
assassinats de la part de Zörgiebel du 1er au
3 mai inaugurent une nouvelle étape de la lutte de classe, dans
laquelle la brutalité sans scrupules du social-fascisme qui agit au service
du système capitaliste, condamné à la mort par l'histoire, se heurtera à la
détermination inébranlable et à la volonté de sacrifice de la classe
ouvrière. Il annonce fort et ouvertement que le renversement par la force
de l'état bourgeois peut seul mettre un terme à tous les horreurs du régime
capitaliste, à l'exploitation des masses par millions et aux atrocités de
la guerre impérialiste qui s'approche."
[...]
[Citation dans l'original ►.]
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Le SPD tient un congrès à Magdeburg[40].
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Discours
d'ouverture Otto Wels au Congrès du SPD, mai 1929 (extraits)[41]
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[...] Aujourd'hui le Parti social-démocrate est
effectivement devenu le facteur prépondérant dans la vie publique de
l'Allemagne. La position de la population ouvrière dans l'état et sa
position par rapport à l'état ont subies un changement. La démocratie
politique a été conquise. [...] Du parti d'opposition le plus fort nous
sommes devenus, selon la volonté clairement exprimée de plus d'un tiers du
peuple allemand, des électeurs allemands nous sommes devenus le parti de
gouvernement le plus fort. Par ce succès a été créée la situation dans
laquelle nous nous trouvons depuis, y qui nous place devant de nouvelles
tâches. Nos efforts, notre lutte, que ce soit dans l'opposition ou au
gouvernement, visent invariablement à la défense, à la promotion des
intérêts des masses travailleuses d'Allemagne, vise invariablement au
socialisme. [...] Évidemment au gouvernement nos moyens et voies de lutte
sont autres que dans l'opposition. [...] Nous le savons, la reprise du gouvernement
ensemble avec d'autres partis nous impose des limites plus restreintes dans
notre liberté d'action, mais nous savons aussi que cela n'est pas seulement
le cas pour notre parti mais que cela découle de la coopération avec
d'autres partis gouvernementales et que cela inclut l'avantage pour nous
que d'autres grands partis doivent aussi ensemble avec nous porter le poids
de la responsabilité pour le destin du peuple, que donc eux aussi et pas
seulement nous seuls sommes entravés dans notre agitation. [...] Il n'y a
personne parmi nous qui ne préfèrerait saluer la formation d'un
gouvernement socialiste plutôt que l'obligation pour le parti de consentir
à la formation d'un gouvernement. Mais aujourd'hui le fait est que la
question ne se présente pas devant nous dans le sens si nous gouvernons
volontiers ou à contrecoeur, si nous consentons
volontiers ou à contrecoeur à une coalition, sous la
forme de liens étroits ou lâches. Actuellement, la structure politique,
parlementaire, économique et sociale de l'Allemagne est telle que la
question de savoir ce que nous préférons, est devenue tout à fait
secondaire. Par contre est placée au premier plan la question de savoir ce
que nous devons faire. [...] Nous ne nous trompons pas un seul instant à
sujet: les partis bourgeois avec lesquels nous nous trouvons dans des
relations de coalition, n'ont aucun intérêt à des succès politiques et
économiques du Parti social-démocrate en tant que tel, donc pas non plus à
un succès d'un gouvernement dirigé par des social-démocrates.
Dans la coalition également, nous nous trouvons dans une lutte défensive
difficile. Car il y avait, et il y a toujours la tentative, y compris de la
part des milieux des partis avec lesquels nous sommes réunis au
gouvernement, d'amener la situation financière difficile vers un assaut
général contre la politique sociale et avant tout contre
l'assurance-chômage. Nous social-démocrates voyons
dans l'assurance-chômage non seulement le soutien envers les plus faibles
économiquement, les chômeurs, nous y voyons aussi, pour les travailleurs
ayant un emploi, une protection contre la pression salariale, un moyen pour
l'élévation des salaires et du pouvoir d'achat des larges masses du peuple.
[...] Par conséquent l'assurance-chômage est une affaire qui concerne non
seulement les chômeurs mais l'ensemble de la population travailleuse.
L'assurance-chômage est une des conquêtes les plus importantes du
prolétariat allemand dans la période d'après-guerre. [...] Dans la société
capitaliste personne, qui que ce soit, n'est à l'abri des répercussions
d'une crise économique. Par conséquent demain ou après-demain
l'assurance-chômage peut tomber sur n'importe qui, y compris celui qui
aujourd'hui se berce de la sécurité trompeuse d'une existence économique
hors danger. Par conséquence la social-démocratie, dans l'opposition ou au
gouvernement, luttera pour une transformation saine de la situation
économique. Elle rejoint pleinement la revendication des syndicats libres
en vue de la démocratisation de l'économie, qui ne peut-être, dans son
achèvement, rien d'autre que le socialisme. [...] Seulement celui qui est
aveugle politiquement peut méconnaitre que la social-démocratie a réussi,
même dans la situation difficile actuelle, non seulement à parer aux
attaques, au bénéfice des plus faibles, mais aussi à conquérir une série de
progrès qui ne se seraient certainement pas produits sous le bloc bourgeois
[...]. [...] Alors qu'après l'effondrement de 1918 la politique de
coalition était pour la social-démocratie une nécessité pour préserver
l'état tout court, pour édifier la nouvelle forme d'état et mettre sur les
rails la politique internationale de la réconciliation et de l'entente,
alors qu'en l'année de 1923 l'unique sauvetage pour surmonter la
catastrophe de l'inflation était la coalition qui après avoir rempli ses
tâches les plus urgentes devait fatalement se rompre, alors il est avéré
aujourd'hui que la politique du bloc bourgeois a produit en mai 1928 la
fuite des masses abandonnant les partis bourgeois. Tenant compte des masses
les partis bourgeois ont été contraints à la coalition avec la
social-démocratie. [...] Ainsi pour nous social-démocrates
la politique de coalition n'est devenue qu'une forme nouvelle de la lutte
difficile pour la démocratie, pour sa consolidation, pour imposer nos
objectifs, et c'est de ce point de vue à grande échelle que le congrès ici
à Magdeburg doit aussi considérer les problèmes actuels de la politique de
notre parti, et déterminer ses tâches pour l'avenir. Ici s'applique le mot
de Hilferding de Kiel: nous devrions cesser à considérer la politique de
coalition comme une sorte de suspension de la lutte de classe, une sorte de
paix politique! Il est indéniable que le système parlementaire traverse une
période difficile. Dans de grands pays il a été remplacé par un système de
dictature, que celle-ci soit fasciste ou bolchévique. Alors il s'agit pour
nous en Allemagne d'agir en étant particulièrement conscients de nos
responsabilités. Cela s'applique en particulier pour nous en Allemagne où
le régime démocratique est encore jeune et se trouve exposé au poids de
l'émiettement croissant des partis. Nous ne pouvions pas nous soustraire à
la coopération dans le gouvernement, car autrement un gouvernement
parlementaire n'aurait tout simplement pas vu le jour. [...] Non, notre
tâche est de renforcer la démocratie et de protéger la république. Si les
ennemis de la république réussissaient à infliger à la démocratie en
Allemagne des dommages graves à tel point qu'un jour il ne resterait plus
d'autre issue que la dictature, alors, camarades du Parti, que Stahlhelm, que les national-socialistes,
que leurs frères communistes de Moscou sachent une chose: la
social-démocratie et les syndicats en tant que représentants de la grande
masse du peuple allemand, solidement uni dans leurs organisations,
conscients de leurs responsabilités dans l'action, et en maintenant une
discipline inébranlable, sauraient aussi manier la dictature malgré leur
position fondamentalement démocratique. Le droit à la dictature leur
incomberait à eux seuls, et à personne d'autre, et c'est chez eux et eux
seuls que se trouverait la garantie pour un retour à la démocratie après
avoir surmonté des difficultés que nous n'appelons pas de nos voeux.
[Citation dans l'original ►.]
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Le 6‑7 mai, Owen Young avait remis au comité
d'experts constitué le 16 septembre 1928, un mémorandum[42].
Le 7 juin, ce plan est signé à Paris. Il fixe le montant total des
réparations à environ 115 milliards de Reichsmark dont le paiement
s'étale sur 58 ans. Les contrôles et contraintes inclus dans le plan
Dawes sont abandonnés, de sorte que l'Allemagne recouvre sa souveraineté en
matière de politique économique et financière.
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Le ministre de la défense W. Groener
ordonne le licenciement des membres du NSDAP
travaillant dans les entreprises qui lui sont rattachées[43].
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La loi pour la protection de la république édictée le
21 juillet 1922 cesse d'être en vigueur.
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Le NSDAP tient à Nürnberg son
4e congrès[44].
Le 3 aout, est décidé la création de l'“Organisation de cellules
d'entreprise national-socialiste” [“Nationalsozialistische
Betriebszellen-Organisation”] (NSBO), en tant que regroupement de
tous les membres du parti au sein des entreprises. Cette décision reflète
la pression exercée par des responsables des régions industrielles. La
direction du parti reste réticente, et la création officielle
n'interviendra que le 1er janvier 1931.
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À La Haye (Pays-Bas) des délégations de Grande Bretagne,
France, Allemagne, Belgique, Italie et Japon tiennent une conférence au
sujet de la mise en oeuvre du Plan Young ainsi que de
l'évacuation de la Rhénanie[45].
Le 31 aout un protocole final est adopté, qui est cependant conçu
comme un accord intermédiaire ne clôturant pas la conférence, censée se
poursuivre. Le protocole stipule l'adoption de principe du Plan Young de la
part de tous les pays parties prenantes, qui cependant pour la plupart maintiennent
des réserves déterminées. Il prévoit le début de l'évacuation de la
deuxième zone de la Rhénanie pour septembre et son achèvement en décembre.
L'évacuation de la troisième zone devra être achevée au plus tard le
30 juin 1930, c'est-à-dire cinq ans avant l'échéance fixée
initialement par le Traité de Versailles (10 janvier 1935). Le
protocole sera approuvé le 3 septembre par le gouvernement allemand.
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L'union des poseurs de canalisations et aides (Vereinigung
der Rohrleger und Helfer) de Berlin ‑ qui avait
été exclue du DMV en mars ‑ appelle à une
grève à laquelle participent plus de 1000 travailleurs[46].
Les employeurs répondent par un lockout général qui touche
3000 travailleurs. Le mouvement se terminera à la fin du mois
d'octobre.
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À Brême (Bremen) se déroule une
grève des travailleurs des brasseries[47].
Il se termine le même jour à la suite d'une sentence arbitrale acceptée par
les travailleurs.
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Le ministre de l'intérieur de Prusse A. Grzesinski
décrète la dissolution des formations de l'organisation Stahlhelm
dans les régions de Rheinland et Westfalen[48].
Le “Stahlhelm - Bund der Frontsoldaten” (“Casque
d'acier - Ligue des soldats du front”) avait été fondé le 25 décembre
1918 à Magdeburg par deux militaires, Franz Seldte et Theodor Duesterberg, d'abord comme représentant des intérêts
économiques et sociaux des soldats revenant du front[49].
Le 21 septembre 1919 avait été constitué une organisation du Stahlhelm au niveau du Reich. La mesure de dissolution sera
levée le 16 juillet 1930, suite notamment à la pression exercée par le
président Paul von Hindenburg.
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Est édictée loi de modification de la loi sur les agences
pour l'emploi et l'assurance-chômage, qui modifie la loi concernée du
16 juillet 1927.
Cf. le texte du décret ►.
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À Wesermünde/Bremerhaven
(Bremen), débute une grève des employés du
tramway, à laquelle participent 350 travailleurs sur un total
de 400[50].
La grève se terminera le 13.
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Le ministre de la défense W. Groener
publie un décret qui établit que les membres ou sympathisants déclarés du NSDAP n'ont pas les qualités requis pour appartenir à
l'armée (cf. ci-dessous)[51].
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Décret du ministre de la
défense Wilhelm Groener, 19 novembre 1929
(extraits)[52]
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Il ne peut être sujet du moindre doute que le NSDAP travaille à la décomposition de la Wehrmacht. Sous
couvert du "National" ce parti travaille consciemment contre
l'état et son gouvernement et tente de saper le moyen de pouvoir de l'état,
la Wehrmacht, afin de pouvoir le moment venu mettre en oeuvre
d'autant plus facilement ses plans de haute trahison [...] Il est
incompatible avec le serment que les membres de la Wehrmacht ont prêté sur
la constitution, s'ils sympathisent avec un parti qui s'est donné comme
objectif le renversement de cette constitution. Pour de tels soldats il n'y
a pas de place dans les rangs de la Wehrmacht! Qui pense ne pas pouvoir
rester au-dessus des partis [...] doit demander sa mise en congé. Elle doit
lui être accordée [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Les dernières troupes d'occupation quittent Koblenz
et l'évacuation de la deuxième zone de la Rhénanie est ainsi achevée[53].
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À l'usine de textile Recenia Wirk- u.
Webwarenfabrik AG à Hartmannsdorf (Sachsen)
débute un mouvement de grève[54].
L'action n'est pas soutenue par la fédération de la branche. Les employeurs
portent plainte contre les grévistes au motif de rupture des conventions
collectives. Le jour du procès, est organisée devant le tribunal d'instance
de Chemnitz une manifestation à laquelle participent des milliers de
chômeurs de Chemnitz et de ses environs. Un affrontement avec la police se
produit, cinq ouvriers sont tués. Des manifestations de protestation ont
lieu à Chemnitz et dans d'autres villes de Saxe. Le gouvernement régional
instaure l'état de siège simple [kleiner Belagerungszustand].
La grève sera réprimée en février 1930, les dirigeants de la lutte sont
licenciés, des participants aux manifestations sont condamnés pour
violation de la paix publique et émeute [Landfriedensbruch
und Aufruhr].
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30 novembre ‑ 1er décembre
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À Berlin se tient le 1er congrès national de
l'“Opposition syndical révolutionnaire” [“Revolutionäre
Gewerkschaftsopposition”] (RGO), structure constituée par le KPD au
sein de l'ADGB[55].
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Durant la deuxième moitié de l'année, les difficultés
chroniques de l'état de faire face à ses obligations financières s'étaient
accentuées considérablement[56].
Le ministère des finances est continuellement contraint d'avoir recours à
des crédits à court terme. Il est mis en difficulté par des divergences
avec le DVP et le président de la Banque nationale [Reichsbank] Hjalmar Schacht. Ce dernier demande la
démission du ministre des Finances, R. Hilferding. Le
20 décembre, celui-ci présente sa démission au gouvernement, lequel
l'accepte le 21.
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