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Discours de Hermann Göring (NSDAP), ministre du Reich sans portefeuille et
commissaire-ministre de l'intérieur de Prusse, dans le cadre d'un meeting
du NSDAP, 3 mars 1933 (extraits)[1]
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[...] Concitoyens, mes mesures ne souffriront pas
d'hésitations juridiques quelconques. Mes mesures ne souffriront pas d'une
quelconque bureaucratie. Ici je n'ai pas à faire preuve de justice, ici je
n'ai qu'à anéantir et à éliminer, rien d'autre! Cette lutte, citoyens, sera
une lutte contre le chaos, et une telle lutte, je ne la mène pas avec des
moyens de force policiers. Un état bourgeois a fait ainsi, soit. Certes,
j'utiliserai les moyens de force de l'état et de la police jusqu'à l'extrême,
aussi à cette fin, messieurs les communistes, que vous ne tiriez pas ici
des conclusions erronées, mais la lutte à mort, au cours duquel vous
sentirez mon poing dans la nuque, je la mène avec ceux là-bas, ce sont les
chemises brunes! [...]
Il ne me dérange pas, que certains "critiques"
s'émeuvent hypocritement de ces mesures et réclament à grand cris
"plus de justice". J'applique deux mesures. Je ne serais pas
juste, si je n'envoyais pas enfin les bonzes rouges au diable. [...] Quatorze
ans durant ils ont opprimé l'Allemagne nationale, quatorze ans durant même
pas un portier de ministère pouvait être national-socialiste. Voilà ce qui
était votre justice. [...] Mais quant à celui qui veut détruire l'état,
celui-là, l'état le détruit. Et surtout ne vous ramenez pas à déclarer -
vous les messieurs couleur rouge et couleur rose - que nous aussi autrefois
nous étions hostile à l'état et que nous l'avons renversé. Non, chers
messieurs, le compte n'y est pas, parce qu'il n'y avait pas d'état, parce
qu'il n'existait qu'un système de bonzes, voilà pourquoi nous avons d'abord
lutté pour conquérir un état.
[...]
L'unité de l'empire, camarades, reste une forme creuse,
quand le peuple est déchiré, et c'est pourquoi ce n'est que l'unité du
peuple donne à l'unité de l'empire le contenu véritable. Forger cet unité
du peuple, c'est pour Adolf Hitler l'oeuvre de sa vie,
et parce qu'il veut forger cette unité, parce qu'il veut rassembler de
nouveau en un facteur le peuple dans toutes ses couches, professions et
confessions, en un facteur qui pense de façon unifiée dans toutes les
grandes questions déterminant son destin, - c'est pour cela il devait
déclarer au marxisme la lutte à mort. Car là où domine le marxisme, il ne
peut vivre que du déchirement des classes, de haine, d'oppositions. Voilà
pourquoi il doit périr.
[Citation dans l'original ►.]
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Le premier ministre de Prusse Otto Braun (SPD) quitte
l'Allemagne[2].
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Aux élections à l'assemblée nationale, le NSDAP
obtient 288 sièges sur un total de 647, le SPD 120, le
KPD 81, le Zentrum 73, le Kampffront
Schwarz-Weiß-Rot (DNVP) 53, le BVP 19.
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En Prusse, aux élections à l'assemblée régionale, le NSDAP obtient 211 sièges sur un total de 476, le
SPD 80, le Zentrum 67, le KPD 63, le
DNVP 43.
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Article de Friedrich
Stampfer dans Sozialdemokratischer Pressedienst,
6 mars 1933 (extraits)[3]
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Un jour de gloire dans l'histoire de la social-démocratie
allemande ‑ voilà ce qui est et restera pour tous les temps le
5 mars 1933. [...]
Pour les vainqueurs officiels du jour, les messieurs du Harzburger Front, pour eux aussi il ne peut être indifférent,
quelle attitude adopte la social-démocratie comme parti d'opposition le
plus fort. [...]
Les messieurs ont maintenant la majorité dans le Reich et
en Prusse. Ils sont nommés par le président du Reich et confirmés par le
peuple. Ils n'ont qua être un gouvernement légale, alors il va tout à fait
de soi que nous sommes une opposition légale. Qu'ils fassent adopter par
leur majorité quoi que ce soit qui peut être adopté dans le cadre de la
constitution, nous nous confinerons au rôle de critique objective jusqu'à
ce qu'un jour le peuple fasse appel à nous pour un autre rôle.
Par la victoire des partis du gouvernement la possibilité
a été établie de gouverner en s'en tenant strictement à la constitution.
Des écarts par rapport à elle ne pourraient maintenant plus être motivés
par l'incapacité de travailler du parlement ou la situation critique de
l'état. Une application étendue de l'article 48 n'est peut pas être
justifiée, alors que la machine de la législation normale obéit au
gouvernail du gouvernement.
[...] L'élection a montré que le peuple allemand,
aujourd'hui, est partagé en deux parties approximativement égales, dont
l'une veut maintenant gouverner, tandis que l'autre doit tolérer d'être
gouvernée. [...]
Le mouvement ouvrier restera toujours en Allemagne un
facteur politique. Nous ne songeons pas à dissimuler nos objectifs. Nous
voulons arriver à la socialisation en passant par la démocratie. Notre
opposition contre les maitres d'aujourd'hui, nous voulons ni l'affaiblir ni
la camoufler, nous déclarons la guerre la plus catégorique à toute
politique hostile aux travailleurs. Nous disons seulement que notre
manière, depuis des décennies, est de lutter par des moyens légaux et avec
objectivité. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Article de la publication du
SPD Freies Wort (extraits)[4]:
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[...] et qui contre le gouvernement Hitler-Papen,
conseillerait le recours à des moyens non conformes à la constitution, se
mettrait dans son tort moralement.
[Citation dans l'original ►.]
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Le gouvernement annule les 81 mandants du KPD à
l'assemblée nationale[5].
Le lendemain, le ministre de l'Intérieur Wilhelm Frick
(NSDAP) déclare que les députés du KPD ne seront plus
représentés à l'assemblée nationale. Le ministre de l'Intérieur de Prusse
H. Göring prépare l'arrestation des députés du KPD à l'assemblée
nationale de même qu'à l'assemblée régionale de Prusse[6]. Frick
annonce l'instauration de "camps de concentration" ["Konzentrationslager"] pour des "prisonniers
en détention préventive" ["Schutzhäftlinge"][7].
Au sein de la préfecture de police, H. Göring place Rudolf Diels à la direction de la section IA, le service
chargé de la collection de renseignements politiques d'aspect policier[8].
Une unité particulière de lutte contre le communisme est constituée, le
8 mars elle est installée dans la Karl-Liebknecht-Haus,
siège du KPD. Ainsi la police politique assume des tâches exécutives.
R. Diels avait été nommé en 1930,
au ministère de l'intérieur de Prusse, chef d'un service orienté vers la
lutte contre le mouvement communiste[9].
En 1932 il avait agi de façon à favoriser l'action du chancelier
F. v. Papen contre le gouvernement de Prusse, puis avait noué des
contacts avec H. Göring.
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Dans les jours qui suivent les élections à l'assemblée
nationale, dans toutes les régions où n'est pas encore établi un
gouvernement dirigé par le NSDAP, des commissaires du
Reich sont nommés. La dernière région concernée est la Bavière[10].
La SA et le NSDAP organisent des manifestations à
Munich. Le soir la SA occupe l'hôtel de ville, malgré le fait que le
gouvernement dirigé par Heinrich Held (BVP) n'a pas
démissionné. Le conseiller local Max Amann (NSDAP) annonce que l'ancien
commandant de corps franc Franz Ritter von Epp a pris
la tête du pouvoir et que le commandement de la police a été conféré au
commandant du SS Heinrich Himmler. Adolf Wagner devient ministre de
l'Intérieur. Il ordonne l'arrestation des dirigeants du KPD et de
l'organisation Bannière du Reich. La SA et le SS reçoivent des armes et
sont constitués officiellement comme police auxiliaire [Hilfspolizei].
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Est créé le ministère pour l'information du peuple et la
propagande [für Volksaufklärung und Propaganda] sous
la direction de Joseph Goebbels[11].
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Hjalmar Schacht est nommé président de
la banque nationale [Reichsbank] par le conseil
général de la banque[12].
La désignation sera confirmée le lendemain par le président Paul
von Hindenburg.
En Bavière, le premier ministre H. Held
démissionne de son poste[13].
Le commissaire du Reich F. v. Epp transmet
définitivement le pouvoir exécutif aux "commissaire-ministre".
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Le comité directeur et le bureau confédéral de la
confédération générale [Gesamtverband] des syndicats
chrétien-nationaux d'Allemagne se réunissent pour définir leur position par
rapport au nouveau gouvernement[14].
Au premier congrès d'après-guerre des syndicats chrétiens,
tenu du 20 au 23 novembre 1920, avait été formulé par Adam Stegerwald le “programme d'Essen”[15].
Il visait à la constitution d'un parti populaire social-chrétien et
démocratique. Le 8 mars 1933, le comité directeur de la confédération
générale adopte une résolution (cf. ci-dessous)[16].
Une session extraordinaire du comité directeur et du bureau est convoquée
pour les 16 et 17 mars à Essen. À cette réunion sont adoptées les
"lignes directrices des syndicats chrétien-nationaux" (cf.
ci-dessous). Ce texte avait été élaboré par une commission instituée le
22 décembre 1931 "aux fins d'établir des lignes directrices
programmatiques en particulier en vue d'un ordre corporatiste"[17].
[Citation dans l'original ►.]
Au cours des discussions, Bernhard Otte
affirme[18]:
[les syndicats chrétiens veulent] se mettre pleinement et
entièrement au service d'un ordre nouveau [...] non seulement [ils peuvent
apporter] des éléments constitutifs précieux pour la future reconstruction
mais aussi ils veulent le faire, et se mettent consciemment au service de
la grande cause.
[Citation dans l'original ►.]
Dans le Journal central des syndicats chrétiens
d'Allemagne [Zentralblatt der christlichen
Gewerkschaften Deutschlands], le 1er avril, parait un
article intitulé "Révolution nationale et syndicats chrétiens",
dont voici des extraits[19]:
[C'est que les syndicats chrétiens ont été depuis le
début] le mouvement qui, motivé par l'idée chrétienne, s'est opposé à la
lutte de classe. Et qui, avec une forte volonté nationale, s'est opposé au
courant international du socialisme allemand. [...] Ce qui s'était
décomposé est tombé. Et une vague de force jeune a submergé l'Allemagne.
Les dirigeants responsables de ces jeunes forces, aujourd'hui aussi les
dirigeants de l'état allemand, ont promis au peuple allemand de faire appel
à cette jeune force en faveur du peuple allemand dans son ensemble. Étant
en possession du pouvoir, ils ont accordé droit et justice pour tous ceux
qui aiment l'Allemagne. C'est à cela que s'attendent aussi les masses de
travailleurs allemands. Mais pas seulement à cela. Parce qu'ils aiment
l'Allemagne, ils veulent participer.
[Citation dans l'original ►.]
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Résolution du comité directeur
de la confédération générale [Gesamtverband] des
syndicats chrétien-nationaux d'Allemagne, 8 mars 1933 (extraits)[20]
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[...] Les syndicats chrétien-nationaux sont de l'avis
qu'il faut réussir à réaliser cet ordre auquel ils aspirent depuis leur
fondation, à savoir un ordre social corporatiste, organique, porté par la
volonté de responsabilité propre. [...] Nous voyons en la liberté un bien
élevé. Pour qu'on puisse créer dans la liberté, un pouvoir d'état fort,
objectif, doit garantir l'ordre de droit libéral, qui assure à chacun le
déploiement de sa personnalité, et aux organisation corporatistes formées
ou à former à partir du peuple, un développement puissant. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Lignes directrices des
syndicats chrétien-nationaux, 17 mars 1933 (extraits)[21]
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1. L'individu. Pour l'homme individuel, les syndicats
chrétiens aspirent à la sécurisation d'une existence digne d'un être
humain, à savoir en premier lieu en rendant possible l'acquisition d'une
propriété qui lui assure un espace libre approprié pour vivre et s'activer.
[...] Par l'objectif ainsi déterminé de la garantie d'existence, les
syndicats chrétiens visent à la réalisation pour chacun de son souhait
suprême, à savoir fondation et préservation de son honneur et déploiement
de la personnalité libre, du point de vue de la religion, de la morale et
de la faculté professionnelle. [...]
4. L'état. L'état comme un système d'ordre naturel,
requis par une conception spirituelle et morale de la société ayant sa
propre dignité et souveraineté, est reconnu et approuvé par les syndicats
chrétiens. L'auto-administration corporatiste, en le déchargeant, vise à le
rendre disponible pour la chose politique proprement dite. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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A. Hitler constitue le “SS-Sonderkommando
Berlin” (“commando spéciale SS”) chargé de sa protection
personnelle. C'est la première unité du “Waffen-SS”
(“SS en armes”)[22].
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L'Exécutif de l'Internationale ouvrière socialiste (IOS)
tient une réunion à Zürich[23].
Les représentants allemands sont absents. Une résolution intitulée
"Combattons le fascisme" est adoptée (cf. ci-dessous).
Concernant les rapports avec les partis communistes, il est donné comme
consigne aux partis membres de la SAI, de ne pas engager des contacts
séparés, tant qu'un accord satisfaisant ne soit pas obtenu entre le SAI et
l'IC
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Résolution "Combattons le
fascisme" [24]:
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Nous accusons! Nous en appellerons inlassablement à la
conscience du monde civilisé contre les infamies indicibles que les maitres
d'Allemagne perpètrent jour après jour. L'enseignement des évènements
allemands pour les travailleurs dans les pays de la démocratie est la
nécessité de défendre les libertés par tous les moyens, pour les
travailleurs de tous les pays de ne faire aucune concession au nationalisme
et au fascisme, de mobiliser contre eux et les dangers de guerre qu'ils
provoquent l'esprit de l'internationalisme, de la paix et de la liberté,
fût-ce au prix des sacrifices les plus lourds, et de se donner comme
objectif suprême les intérêts de la lutte libératrice socialiste
internationale, qui coïncident avec les intérêts véritables des peuples.
[Citation dans l'original ►.]
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Déclaration du comité directeur
fédéral de l'ADGB (transmis par courrier à
A. Hitler), 20 mars 1933 (extraits)[25]
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Les syndicats sont l'expression d'une nécessité sociale
irrécusable, un élément constitutif indispensable de l'ordre social
lui-même. [...]
Par la reconnaissance et le recours au système de
conciliation étatique les syndicats ont montré qu'ils reconnaissent le
droit de l'état d'intervenir dans les litiges entre travailleurs organisés
et entrepreneurs, quand l'intérêt général le requiert.
Les syndicats ont toujours donné aux accords volontaires
avec les entrepreneurs la préférence par rapport aux accords salariaux
imposés et restent fidèles à cette conception. Ils sont tout à fait prêts à
agir durablement sur cette voie en commun avec les organisations
d'entrepreneurs, dans le sens d'une auto-administration de l'économie aussi
au-delà du domaine des conditions de salaire et de travail. Une surveillance
étatique sur un tel travail commun des organisations libre de l'économie,
pourrait dans certaines circonstances lui être tout à fait utile, augmenter
sa valeur et faciliter sa mise en oeuvre.
Les syndicats ne prétendent pas à influer directement sur
la politique de l'état. Leur tâche à cet égard ne peut être que de
transmettre au gouvernement et aux instances législatives les souhaits
justifiés des travailleurs relatifs à des mesures de politique sociale et
économique, ainsi que d'être utile au gouvernement et au parlement avec
leurs connaissances et expériences dans ces domaines.
Les syndicats ne revendiquent pas pour eux un monopole.
Au-dessus de la forme de l'organisation se situe la préservation des
intérêts des travailleurs. Cependant un syndicat véritable ne peut se
fonder que sur un regroupement volontaire des membres, il doit être
indépendant autant des entrepreneurs que des partis politiques.
[Citation dans l'original ►.]
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La nouvelle assemblée nationale tient sa session
constitutive.
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Le 21 mars, des membres de la SA amènent des opposants
politiques dans une ancienne brasserie à Oranienburg près de Berlin[26].
Ils établissent ainsi le premier camp de concentration [Konzentrationslager]
(KZ) "non officiel" en Prusse. À la différence de
nombreuses autres lieux de détention et de torture établis par la SA
partout à la même époque, mais qui peu après seront démantelés, le KZ se
transformera en une institution permanente financée par le ministère de
l'Intérieur. (En aout 1936 sera construit le KZ Sachsenhausen
près d'Oranienburg, distinct de celui mentionné ci-dessus.) Le
22 mars, sur ordre du chef de la police politique en Bavière et
président de police de Munich, H. Himmler, un KZ est établi à
proximité de Dachau, près de Munich.
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En Prusse l'assemblée régionale tient sa session
constitutive[27].
Elle approuve la destitution du gouvernement de Prusse et l'intervention du
commissaire du Reich. Le 25, les ministres informeront le commissaire
du Reich et vice-chancelier Franz von Papen qu'ils
donnent leur démission.
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L'assemblée nationale approuve la loi pour la résorption de
la détresse du peuple et du Reich [zur Behebung der Not von
Volk und Reich] par 444 voix contre 94[28].
Les voix contre sont ceux des députés du SPD encore présents sur le total
de 120 élus le 5 mars.
Cf. le texte de la loi ►.
Initialement il est stipulé que la loi cessera d'être en
vigueur le 1er avril 1937[29].
Elle sera prolongée successivement par la loi de prolongation du
30 janvier 1937, puis par l la loi de prolongation du 30 janvier
1939, finalement par le décret d'A. Hitler sur la
législation gouvernementale [über die Regierungsgesetzgebung]
du 1er mai 1943.
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Interventions d'Adolf Hitler à
l'assemblée nationale, 23 mars 1933 (extraits)
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•
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Déclaration gouvernementale[30]:
Le gouvernement, afin qu'il soit mis en position de
remplir les tâches qui se situent à l'intérieur du cadre ainsi caractérisé
de façon générale, a fait soumettre au Reichstag par les deux partis des national-socialistes et de national-allemands, la loi
d'habilitation. Une partie des mesures envisagées requiert la majorité
correspondant aux modifications de la constitution. La mise en oeuvre de ces tâches respectivement leur solution est
nécessaire? Il contredirait au sens du soulèvement national et ne suffirait
pas au but envisagé, si le gouvernement prévoyait de négocier et quémander
au cas par cas l'autorisation du Reichstag pour ses mesures. [...]
Puisque le gouvernement dispose en soi d'une majorité
claire, le nombre de cas où se présente une nécessité intrinsèque de
recourir à une telle loi est en soi limité. D'autant plus le gouvernement
du soulèvement national insiste sur l'adoption de cette loi. l'offre aux
partis du Reichstag la possibilité d'un développement allemand calme et
d'une entente qui se nouera sur cette bas dans l'avenir, il est cependant
tout aussi décidé et prêt à accepter la manifestation du refus et par là
l'annonce de la résistance.
Il vous appartient, messieurs, de prendre maintenant
vous-mêmes la décision choisissant la paix ou la guerre.
Réplique à l'intervention d'Otto Wels (cf. plus loin)[31]:
À partir de maintenant ce sommes nous, les national-socialistes,
qui dégagerons la voie pour le travailleur allemand, en vue de ce qu'il
peut exiger et demander. Nous national-socialistes
serons son avocat; quant à vous, messieurs (en direction des social-démocrates),
on n'en a plus besoin.
[Citationss dans l'original ►.]
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Le "soulèvement
national"
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Le terme "nationale Erhebung"
["soulèvement national") fait partie du vocabulaire
national-socialiste de base. A. Hitler l'utilise notamment dans son
livre "Mein Kampf" ["Mon combat"]
en se référant à la guerre contre l'Empire français sous Napoléon Ier,
1813‑1815[32]:
Une lutte de libération avait éclatée comme la terre n'en
avait pas vue de plus puissant jusque-là; car dès que le désastre avait
tout juste entamé son cours, chez les masses les plus larges commençait à
poindre la conviction que cette fois-ci il ne s'agissait pas du destin de
la Serbie ni de l'Autriche, mais d'être ou ne pas être pour la nation
allemande. Pour la dernière fois pour ne longues années le peuple était
devenu lucide au sujet de son propre avenir. Ainsi à l'ivresse de
l'enthousiasme débordant se mêla dès le début de la lutte terrible la
pointe sérieuse nécessaire; car seule cette conclusion permit au
soulèvement national de devenir plus qu'un simple feu de paille.
[Citation dans l'original ►.]
Le terme acquiert par la suite un statut officiel pour
désigner de façon figée le mouvement national-socialiste, au point d'être
utilisé dans des textes législatifs. Ainsi par exemple dans décret du
président sur l'octroi de l'impunité [über die Gewährung von
Straffreiheit] du 21 mars 1933[33]:
Sur la base de l'article 48 al. 2 de la
constitution du Reich est décrété ce qui suit: §1 Pour des délits qui
ont été commis dans la lutte pour le soulèvement national du peuple
allemand, pour sa préparation ou dans la lutte pour la glèbe allemande, est
octroyée l'impunité.
[Citation dans l'original ►.]
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Intervention d'Otto Wels (SPD)
à l'assemblée nationale, 23 mars 1933 (extraits)[34]
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Mesdames, messieurs!
Pour ce qui est de la revendication concernant la
politique étrangère, d'égalité de droits pour l'Allemagne, que monsieur le
chancelier du Reich a posée, les social-démocrates
l'approuvent d'autant plus catégoriquement que nous l'avons déjà défendue
depuis toujours. [...]
Après les persécutions que le Parti social-démocrate a
subies ces derniers temps, en toute équité personne ne pourra lu demander
ou attendre de lui qu'il vote en faveur de la loi d'habilitation soumise
ici. [...]
Mesdames, messieurs! La situation qui prévaut
aujourd'hui en Allemagne est souvent dessinée en traits assez crûs. Comme
toujours dans ces cas, les exagérations ne manquent pas non plus. En ce qui
concerne mon parti, je déclare ici: Nous n'avons ni demandé à Paris qu'il y
ait une intervention, ni transféré des millions à Prague, ni apporté des
informations exagérées à l'étranger. S'opposer à de telles exagérations
serait plus facile si dans le pays il était possible de rendre compte en
faisant la part du vrai et du faux. Encore mieux serait que nous puissions
attester en bonne conscience que la pleine garantie juridique est rétablie
pour tous. Cela ne tient qu'à vous, messieurs.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
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En signe de protestation contre la position adoptée par l'ADGB vis-à-vis du NSDAP, Siegfried
Aufhäuser (SPD) démissionne de son poste de président de l'Afa-Bund[35].
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Pour autoriser à nouveau la parution de la presse du SPD,
H. Göring pose comme condition que cessent les attaques dans la presse
social-démocrate à l'étranger[36].
Des dirigeants du SPD ‑ notamment les députés à l'assemblée
nationale Paul Hertz, Emil Kirschmann, Friedrich
Stampfer et Otto Wels ainsi que le rédacteur du Vorwärts Victor Schiff ‑
entreprennent des voyages à l'étranger pour intervenir en ce sens auprès
des autres partis sociaux-démocrates, en Belgique, en Tchécoslovaquie, en
Danemark, Grande-Bretagne, France, aux Pays-Bas, en Autriche et en Suisse.
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•
|
O. Wels (SPD) démissionne du bureau de la SAI[37].
Pour motiver cette décision, il se réfère à la réunion du comité exécutif
et du bureau de la SAI tenue les 18 et 19 mars, au cours de
laquelle des résolutions au sujet de l'Allemagne avaient été adoptées en
absence de représentants du SPD. L'une des résolutions concerne la question
d'un éventuel front uni avec les communistes. Selon Wels, le SPD est "contre toute manifestation sous
quelque forme que ce soit, du front uni avec les communistes"[38]
[Citation dans l'original ►.]
et il considère que la résolution n'est pas conforme à cette position.
L'autre résolution, intitulée "Combattons le fascisme", dénonce
la répression violente exercée par le régime national-socialiste en
Allemagne. (Cf. plus haut.) Wels avait tenté d'empêcher que ces résolutions
soient rendues publiques, mais F. Adler, secrétaire de la SAI, avait
rejeté la demande.
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•
|
Est édictée la loi provisoire pour la mise en conformité des
régions avec le niveau national [zur Gleichschaltung der
Länder mit dem Reich][39].
Cf. le texte de la loi ►.
À l'exception de la Prusse, les assemblées régionales sont
dissoutes, et reconstituées dans une composition basée sur les résultats
des élections à l'assemblée nationale. Aucune attribution de sièges n'est
effectuée pour le KPD. En outre il est confirmé qu'aucun siège ne revient
au KPD ni à l'assemblée nationale ni à l'assemblée régionale de Prusse.
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•
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Le président de la Fédération des Associations de métier
allemandes Hirsch‑Duncker, Anton
Erkelenz (ancien membre du DDP ayant rejoint le SPD en 1930) adresse
une lettre à A. Stegerwald, l'un des principaux
dirigeants de la fédération générale des syndicats chrétiens, l'incitant à
faire en sorte que le syndicat unique soit formé (cf. ci-dessous)[40].
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•
|
Après la constitution du gouvernement national-socialiste en
Bavière, H. Himmler, en tant que préfet de police de Munich, avait
réuni les organes de police existants et leur conféré des fonctions
exécutives[41].
Le 1er avril il est nommé commandant de la police politique [Politischer Polizeikommandeur] de Bavière.
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|
Lettre d'Anton
Erkelenz à Adam Stegerwald (extraits)[42]
|
•
|
[Erkelenz propose] que les trois
anciens courants syndicaux fusionnent de leur propre initiative et se
présentent ensuite vis-à-vis du gouvernement comme syndicat unique. [...]
Si les syndicats eux-mêmes prennent en main la transformation en syndicat
unique, ils peuvent peut-être arriver à ce que ce syndicat unique reste un
syndicat volontaire au sens habituel, que donc il ne devienne pas un
syndicat obligatoire étatique.
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
Est promulguée la loi sur la défense contre les actes de
violence politiques [zur Abwehr politischer Gewalttaten].
Cf. le texte de la loi ►.
Est promulguée également la loi sur les représentations
d'entreprise et unions économiques [über Betriebsvertretungen
und wirtschaftliche Vereinigungen][43].
Aux autorités nationales et régionales est conférée la faculté de révoquer
des membres du conseil d'entreprise et d'en désigner d'autres en
remplacement. À l'Organisation de cellules d'entreprise national-socialiste
(NSBO) sont accordées les mêmes facultés comme aux syndicats, en matière de
représentation juridique devant les tribunaux du travail ainsi que de
participation aux élections des conseils d'entreprise.
Cf. le texte de la loi ►.
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•
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Le bureau confédéral de l'ADGB se
réunit[44].
La discussion porte entre autre sur la question de la fusion des syndicats
des différentes tendances en un syndicat national unique.
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Compte-rendu de la réunion du
bureau confédéral de l'ADGB, 5 avril 1933[45]
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•
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Le 5 avril, au cours de discussions détaillées, le bureau
confédéral de l'ADGB a traité de la situation actuelle
et des tâches des syndicats qui en résultent.
À titre d'introduction, Leipart
rendit compte des développements des dernières semaines et des mesures du
comité directeur. La discussion sur la position des syndicats dans le
nouvel état bat son plein. [...]
Au cours du débat tous les représentants des unions
exprimèrent leur conviction que dans l'intérêt d'un développement fructueux
de l'économie allemande les organisations et institutions édifiées par un
travail de décennies pleines de sacrifices et avec une grande expérience,
doivent rester les porteurs du mouvement syndical allemand. L'ADGB approuverait d'autant plus volontiers une unification
du système syndical allemand, que lui-même déjà autrefois comme aussi ces
dernières années a soutenu et stimulé des efforts en ce sens. Il serait à
chaque instant prêt à contribuer à cette grande tâche. [...]
C'est pourquoi les syndicats pensent être en droit de
prétendre à ce que leur accomplissement historique soit reconnu précisément
par le gouvernement qui se donne le grand objectif, reconnu aussi par les
syndicats, de fonder la liberté de la nation en interné et à l'extérieur
sur les forces créatrices du peuple entier. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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•
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Est promulguée la deuxième loi pour la mise en conformité
des régions avec le niveau national, après la loi provisoire du
31 mars[46].
Cf. le texte de la loi ►.
Cette loi stipule la désignation pour chaque région à
l'exception de Prusse, d'un gouverneur du Reich [Reichsstatthalter]
chargé de veiller à l'application des orientations politiques fixées par le
chancelier. Les gouverneurs du Reich se substituent aux commissaires du
Reich provisoires. En Prusse la fonction de gouverneur du Reich est
conférée au chancelier.
Est édictée également la loi pour le rétablissement des
fonctionnaires professionnels [zur Wiederherstellung des
Berufsbeamtentums].
Cf. le texte de la loi ►.
Cette loi exclut du corps de fonctionnaires les personnes "qui ne sont pas d'ascendance
aryenne" et stipule la possibilité d'exclure des personnes "qui
selon leur activité politique passée n'offre pas la garantie qu'à tout
moment ils se dévouent sans réserve à l'état national". [Citation dans
l'original ►.]
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•
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Concernant les syndicats de fonctionnaires, un processus de
mise en conformité [Gleichschaltung] avait
été entamé durant le mois de mars[47].
Le 2 mars la direction confédérale de l'Union allemande de
fonctionnaires (DBB) avait exprimé "son dégout le plus profond au
sujet du crime énorme, l'incendie au bâtiment du Reichstag". (Cf.
ci-dessous.)
Certains des dirigeants ‑ dont Franz Kugler
(SPD) ‑ avaient déjà été écartés et le 23 mars le
secrétariat avait été prise en main par les présidents adjoints Johannes
Schneider et Ehrmann.
À la différence du DBB, l'Union générale de fonctionnaires
allemande (ADB) ‑ proche du SPD ‑ avait refusé la
voie de l'adaptation[48].
Le 3 avril le comité directeur avait décidé de mettre en oeuvre la dissolution de l'ADB afin de devancer son
interdiction. Le 28 avril, un congrès confédéral entérinera la
décision.
Le 8 avril, le ministre de l'Intérieur nomme le chef de
la section national-socialiste de fonctionnaires [NS-Beamtenabteilung] Jakob Sprenger pour le poste de
commissaire du Reich pour les organisations de fonctionnaires; celui-ci est
chargé de procéder à la "mise en
conformité [Gleichschaltung] des organisations de
fonctionnaires existantes" et d'écarter dorénavant les regroupements
de fonctionnaires sous la forme de syndicats[49].
[Citation dans l'original ►.]
En particulier le DBB est placé sous la direction de Sprenger.
Le 15 avril le DBB sera renommé en “Union nationale des fonctionnaires
allemands” [“Reichsbund der deutschen Beamten”].
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Déclaration de la direction
confédérale de l'Union allemande de fonctionnaires (DBB), 2 mars 1933[50]
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La direction confédérale de l'Union allemande de
fonctionnaires est convaincue de refléter l'opinion de l'ensemble des
fonctionnaires allemands, en exprimant son dégout le plus profond au sujet
du crime énorme, l'incendie au bâtiment du Reichstag. Elle soutient les
mesures du gouvernement du Reich et des gouvernements des Länder,
qui visent à sanctionner ce crime, et à empêcher des évènements similaires.
La direction confédérale de l'Union allemande de fonctionnaires appelle
tous les membres, à aider, selon la tradition éprouvée de longue date, en
tant que fonctionnaires et citoyens à préserver le calme et l'ordre.
[Citation dans l'original ►.]
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Déclaration du comité directeur
de l'ADGB, 9 avril 1933 (extraits)[51]
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•
|
Fidèle à sa tâche de contribuer à l'édification d'un
ordre social pour le peuple allemand dans lequel les droits vitaux des
travailleurs sont garantis dans l'état et dans l'économie conformément à
leur importance pour le peuple comme un tout, l'Allgemeine Deutsche
Gewerkschaftsbund se déclare prêt à mettre au service de l'état
nouveau l'auto-organisation de la force de travail édifiée par une activité
durant des décennies. Les syndicats reconnaissent tout comme avant que leur
propre liberté de mouvement doit trouver ses limites dans le droit
supérieur de l'état en tant que représentant de la communauté du peuple
dans son ensemble. [...] Les syndicats sont donc prêts à participer à
l'organisation corporatiste de l'économie allemande envisagée par le
gouvernement [...] L'ADGB salue l'effort d'amener une
unification du système des syndicats allemands. En ce qui concerne l'effort
de l'état nouveau de mettre en oeuvre cette
unification, il mettra donc volontiers à la disposition de celui-ci sa
participation et son expérience.
[Citation dans l'original ►.]
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Manifeste du DBB, le
17 mars 1933 (extraits)[52]
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•
|
L'Union allemande de fonctionnaires, en tant
qu'organisation professionnelle des fonctionnaires allemands, placée
au-dessus des partis, participera activement à l'édification nouvelle
étatique et économique du Reich, fidèle à sa devise que le bienêtre commun
doit passer avant les intérêts particuliers. [...] Pour le fonctionnaire
allemand il ne peut y avoir qu'une chose, c'est qu'il se met volontiers et
avec un plein dévouement à disposition et qu'il soutient le gouvernement en
remplissant fidèlement son devoir!
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•
|
Est promulguée la loi sur l'instauration d'un jour férié du
travail national [über die Einführung eines Feiertags der
nationalen Arbeit]. Il s'agit du 1er mai.
Cf. le texte de la loi ►.
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•
|
Le bureau de la Fédération syndicale internationale (Internationaler Gewerkschaftsbund) (FSI) adopte une
résolution "Combattons le fascisme"[53].
(Cf. ci-dessous.) Par ailleurs le comité directeur de l'IGB décide de
transférer son siège de Berlin à Paris.
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Résolution de la FSI
"Combattons le fascisme"[54]
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•
|
La fédération combat catégoriquement, au plus haut point,
le fascisme et la dictature sous toute forme. Fascisme signifie négation de
la démocratie et entraine inéluctablement la répression des libertés du
peuple. [...]
C'est une des grandes tragédies historiques qu'en
Allemagne, qui s'est élevée un degré si haut de culture, au nom de la
nation allemande sont perpétrés des actes de violence qui emplissent le
monde d'horreur.
Les communistes, par leur activité et leur propagande
mensongère ont délibérément fragmenté les forces de la classe ouvrière et
par là affaibli la force de résistance. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
Est édicté le décret d'application de la loi pour le
rétablissement des fonctionnaires professionnels [zur
Durchführung des Gesetzes zur Wiederherstellung des Berufsbeamtentums].
Cf. le texte du décret ►.
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•
|
En Prusse H. Göring est nommé premier
ministre[55]
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•
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Le DVP se dissout et donne consigne à ses adhérents de
rejoindre le NSDAP[56].
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•
|
Une réunion a lieu entre des représentants de l'ADGB, dont Theodor Leipart (SPD), Peter Graßmann (SPD) et Wilhelm Leuschner
(SPD), d'une part et des dirigeants de l'Organisation de cellules
d'entreprise national-socialiste (NSBO) de l'autre[57].
(Cf. ci-dessous.) Leipart refuse l'exigence de céder
son poste à un national-socialiste.
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Interventions à la réunion
entre représentants de l'ADGB et dirigeants de la
NSBO, 13 avril 1933 (extraits)[58]
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•
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Theodor Leipart:
[...] Faites en sorte qu'enfin cessent les attaques
nombreuses conte nos membres qui se trouvent harcelés, maltraités battus à
mort. [...] Si Adolf Hitler avait tenu son premier discours au peuple
allemand après avoir prise en charge le gouvernement, en tant que
chancelier et non pas en tant qu'homme de parti, et si les ministres
nationalistes, en particulier monsieur Göring avait appelé moins à la
violence, alors les syndicats aurait soutenu aussi ce gouvernement. [...]
Wilhelm Leuschner:
Dans votre proposition, nous intéresse le syndicat unique
et votre déclaration de ne pas vouloir démanteler les syndicats. Si quelque
chose en ressort, dépend de savoir si vous serez large d'esprit. Toute
intransigeance et toute contrainte ne pourrait que conduire au contraire.
[Citations dans l'original ►.]
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•
|
Le comité directeur de l'ADGB publie
un appel au sujet du 1er mai (cf. ci-dessous)[59].
Il est instructif de comparer la teneur de cet appel avec
l'argumentation développée par le SPD à l'occasion de l'adoption de la loi
instaurant le 1er mai comme " jour férié universel", en avril
1919 (cf. ►).
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Appel
du comité directeur de l'ADGB, 15 avril 1933[60]
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•
|
Aux membres des syndicats!
Collègues!
Sous le signe du 1er mai, chaque année vous avez
professé votre attachement à la grande tâche d'éveiller, cultiver et
promouvoir inlassablement parmi les masses des travailleurs allemands
l'idée élevée de l'aide mutuelle par l'éducation à la conscience de votre
état, la volonté de communauté et l'esprit de camaraderie.
Le jour du 1er mai rayonnait toujours de nouveau
l'engagement des travailleurs allemands animés par une volonté fervente à
la culture, d'arracher l'homme travailleur à son existence morne de travail
et de l'intégrer comme personnalité conscient de lui-même dans le syndicat
du peuple. [...]
Nous saluons le fait que le gouvernement du Reich a
déclaré ce jour à nous comme jour férié légal du travail national, comme
jour de fête allemand du peuple. [...]
Ce jour-là, selon l'annonce officielle, le travailleur
allemand doit de trouver au centre de la festivité.
Le 1er mai le travailleur allemand doit manifester
en étant conscient de son état, doit devenir un membre à part entière de la
communauté du peuple allemand. Le peuple allemand doit ce jour-là attester
sa solidarité inconditionnelle avec les travailleurs. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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|
Article dans l'organe de l'ADGB Gewerkschafts-Zeitung: Adolf Dünnebacke, "Les travailleurs et la révolution
nationale", 43e année, n° 15, 15 avril 1933[61]
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•
|
La révolution allemande, qui a commencé ni le 5 mars
1933 ni le 20 juillet 1932 mais en novembre 1918, est entrée dans un
nouveau stade. La première étape, la république de Weimar, était déterminée
par trois tâches: liquider la guerre perdue, repousser le bolchévisme et
sauver de l'ordre détruit ce qui pouvait être sauvé. Même avec un
développement économique plus favorable la charge de cette tâche aurait été
assez lourde, la crise économique devait la rendre insupportable. Aucun
parti aurait pu supporter cette charge sans la perte la plus lourde en
force et en estime; la social-démocratie, appeler au pouvoir après la
guerre perdue ‑ une mission à laquelle aucun parti ne peut se
soustraire ‑ devait s'écrouler sous la charge d'une
responsabilité portée trop longtemps, pesant doublement pour un parti de
masse. À cet égard on peut voir une faute politique dans certaines mesures
particulières, dans le développement d'ensemble c'était un destin
impitoyable, tragique. Les partis viennent, disparaissent et reviennent
sous une forme nouvelle. Le peuple reste et veut être nourri. La nation
perdure et doit être préservée. Le travail est, toujours et éternellement, la
base de la société, de la nation, du peuple, ou quelle que soit la façon
dont on veut délimiter la communauté humaine. La masse de travailleurs
constitue la base large de la nation, sans laquelle n'est possible pour la
nation ni un développement pacifique ni un conflit militaire ‑ comme
l'a enseigné la grande guerre. Les deux, le développement pacifique comme
le conflit militaire, sont renfermés au sein du futur proche. Toute nation
qui va vers cet avenir dans la volonté d'exister et de s'imposer, doit pouvoir
s'appuyer sur la base large du peuple créateur. Or, à prime abord travail
et travailleurs sont seulement un état de fait social; ils ne deviennent
facteur de politique nationale que par un attachement organisationnel, par
leurs représentations professionnelles.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
Journal de Goebbels,
17 avril 1933 (extraits)[62]
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•
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Nous transformerons le 1er mai en une manifestation
grandiose de la volonté populaire allemand. Ensuite, le 2 mai, les
maisons des syndicats seront occupées. Mise au pas aussi dans ce domaine.
Il y aura peut-être du grabuge pendant quelques jours, mais ensuite ils
nous appartiendront. On ne doit pas ici avoir des scrupules. [...] Une fois
les syndicats en nos mains, alors les autres partis et organisations
également ne pourront plus se maintenir longtemps.
[Citation dans l'original ►.]
|
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•
|
Le bureau confédéral de l'ADGB
publie un appel au sujet du 1er mai (cf. ci-dessous)[63].
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Appel
du bureau confédéral de l'ADGB, 19 avril 1933
(extraits)[64]
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•
|
Le bureau confédéral de l'Allgemeiner
Deutscher Gewerkschaftsbund salue le 1er mai comme jour férié légal
du travail national et appelle les membres des syndicats à participer
partout à la festivité initiée par le gouvernement, en pleine conscience de
leur services pionnières pour l'idée de mai, pour l'hommage au travail
créateur et pour l'intégration de plein droit des travailleurs dans l'état.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
En Prusse est constitué un gouvernement présidé par
H. Göring.
Premier ministre et
Intérieur [Ministerpräsident, Inneres]: Hermann Göring
(NSDAP)
Finances [Finanzen]: Johannes Popitz (sans parti)
Enseignement [Unterricht]: Bernhard
Rust (NSDAP)
Agriculture,
Commissaire du Reich [Landwirtschaft, Reichskommissar]:
Alfred Hugenberg (DNVP), à partir du 30 juin 1933: Walter Darre (NSDAP)
Justice [Justiz]: Hanns Kerrl (NSDAP)
Économie et travail,
Commissaire du Reich [Wirtschaft und Arbeit,
Reichskommissar]: Alfred Hugenberg (DNVP) , à partir du 30 juin
1933: Kurt Schmitt (NSDAP)
|
|
•
|
H. Göring rattache la police auxiliaire [Hilfspolizei]
de Prusse (créée le 22 avril) à la police politique[65].
Selon des dispositions prises le 21 avril et le 7 juillet, la
police politique consistera exclusivement d'unités du SS, et la police auxiliaire
sera dissoute le 15 aout (en Bavière elle sera dissoute en printemps
1934).
La police de campagne [Feldpolizei] qui
avait été constituée en même temps que la police auxiliaire, continue
d'exister[66].
En octobre, elle prendra le nom de “SA-Feldjägerkorps”
(“corps de chasseurs de campagne de la SA”); son effectif se sera accru
entretemps jusqu'à environ 2000 hommes.
|
|
•
|
Un “comité d'action pour la protection du travail allemand” (“Aktionskomitee zum Schutz der Deutschen Arbeit”), non
public, est constitué sous la direction du chef d'état-major de
l'organisation politique du NSDAP [Stabsleiter der Politischen Organisation], Robert
Ley, et de Reinhold Muchow du NSBO, en vue
d'une action de destruction des syndicats libres, planifiée pour le
2 mai[67].
|
|
•
|
Le comité directeur de la Fédération générale des syndicats
chrétiens d'Allemagne publie un appel au sujet du 1er mai (cf.
ci-dessous)[68].
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Appel du comité directeur de la
Fédération générale des syndicats chrétiens d'Allemagne, 21 avril 1933[69]
|
•
|
Le gouvernement du Reich a élevé au rang de jour de fête
nationale, le 1er mai en tant que jour du travail. Par là il veut
effacer le caractère précédent contesté de lutte et de manifestation. Il
veut consacrer le jour à l'honneur et la noblesse du travail allemand. Le
travailleur, ce jour, doit acquérir avec fierté la conscience du fait que
c'est avant tout la force et le résultat de son travail qui portent la vie
de la nation. Les travailleurs réunis dans les syndicats chrétiens saluent
cet acte. C'est un signe prometteur à ce que le gouvernement Hitler
professe son attachement à la tradition social allemande. [...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
Est promulguée la loi de modification de la loi pour la mise
en conformité des régions avec le niveau national du 7 avril [zur Änderung des Reichsstatthaltergesetzes].
Cf. le texte de la loi ►.
Elle stipule qu'en ce qui concerne la Prusse, les pouvoirs
conférés par la loi du 7 avril au chancelier peuvent être transférés
au premier ministre de Prusse.
|
|
•
|
En Prusse est promulguée la loi sur l'établissement
d'un office secret de police d'état [über die Errichtung
eines Geheimen Staatspolizeiamtes][70].
Elle sépare la police politique de la préfecture de Berlin et la place
directement sous la responsabilité du ministère de l'Intérieur, avec la
dénomination de “Police secrète d'état Prusse” (“Preußische
Geheime Staatspolizei”, Gestapo). La direction centrale de la
Gestapo est formée par l'office secret de police d'état (Geheimes
Staatspolizeiamt, Gestapa) dirigé par R. Diels,
chargé de la répression de menées hostiles à l'état. La Gestapo sera
dirigée par H. Himmler et Reinhard Heydrich.
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•
|
Une conférence nationale du SPD se tient à Berlin[71].
Un nouveau comité exécutif est élu, composé de: O. Wels et Hans Vogel
comme présidents, ainsi que Siegmund Crummenerl, Marie Juchacz, Karl Litke, Anna Nemitz, Elfriede Ryneck, Emil Stahl, F. Stampfer,
Johannes Stelling, Max Westphal, S. Aufhäuser, Karl Böchel, Georg
Dietrich, P. Hertz, Franz Künstler, Paul Löbe, Erich Ollenhauer, Erich
Rinner, Wilhelm Sollmann. (Rudolf Breitscheid, Arthur
Crispien, Wilhelm Dittmann et Rudolf Hilferding
ont déjà quitté l'Allemagne.)
|
|
Rapport principal à la
conférence nationale du SPD, présenté par Otto Wels, 26 avril 1933
(extraits)[72]
|
•
|
[...] Les réalités de la politique en termes de pouvoir
peuvent influer sur notre attitude tactique, me jamais elles ne peuvent
changer notre esprit, à moins qu'elles ne nous confirment dans notre
esprit. Il ne doit pas y avoir pour nous de soumission ni d'adaptation
spirituelles.
Nous social-démocrates soutiennent
les idées de l'état de droit, la liberté et l'égalité des droits pour les
citoyens, les idées de la justice et de l'humanité. Le socialisme véritable
est la réalisation de l'idéal de l'humanité, n'es pas pensable sans liberté
spirituelle, et un parti qui cesserait de lutter pour l'égalité des droits
de tous les citoyens sans distinction de confession ni de race, ne devrait
plus porter le nom de Parti social-démocrate d'Allemagne.
Je ne peux imaginer que les camarades dans les syndicats,
sur ce point décisif, pourraient être d'un avis différent que nous. Nous
nous sommes serrés les coudes en rapport avec les grandes questions de
conceptions du monde et par là servi ensemble la classe ouvrière. Si
quelque chose devrait changer à cet égard, ce serait pour chacun entre nous
une expérience bouleversante, mais cela ne changerait rien à notre
conviction.
Ce serait une entreprise sans espoir si l'on essayerait
de racheter la survie de notre organisation par l'abandon de l'idée. Une
fois l'idée abandonnée, l'organisation meurt également. Mais si
l'organisation se trouve démantelée par des forces de l'extérieur, alors
reste toujours dans des millions de têtes et de coeurs
l'idée, et elle assure aussi la renaissance de l'organisation.
Jamais encore un système de gouvernement n'a duré
éternellement.
La social-démocratie ne peut renoncer à la résistance
idéologique contre le courant de pensée aujourd'hui régnant, se serait un
renoncement non seulement en faveur du système dominant actuel, mais aussi
un renoncement en faveur du communisme. Il ne peut être question ni de l'un
ni de l'autre. [...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
Résolution adoptée à la
conférence nationale du SPD, 26 avril 1933 (extrait)[73][74]
|
•
|
La social-démocratie s'en tient fermement à la conviction
que sans liberté spirituelle et d'égalité de droits pour les citoyens, il
n'y a pas de véritable socialisme.
L'attitude de transfuge sans scrupules s'attire à juste
titre le mépris général. C'est par la fidélité inébranlable à ses principes
et l'utilisation pour son activité des possibilités légales existantes, que
le Parti social-démocrate d'Allemagne sert la nation et le socialisme.
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
Durant un congrès extraordinaire de l'AfA-Bund les
représentants des fédérations associés décident de dissoudre l'AfA-Bund[75].
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•
|
Le 5 avril, le bureau confédéral de l'ADGB
s'était déclaré prêt à oeuvrer en faveur de
l'unification des syndicats[76].
De même la Fédération des Associations de métier allemandes Hirsch‑Duncker
s'était prononcé en faveur d'un tel processus. Le 12 avril ma
fédération générale des syndicats chrétiens avait donné un accord marqué de
réticences. Finalement, le 28 avril, des représentants de l'ADGB, des syndicats chrétiens et des Associations de métier
constituent un “Cercle de direction des syndicats unifiés” (“Führerkreis
der vereinigten Gewerkschaften”) (cf. ci-dessous).
|
|
Accord sur la constitution du
Cercle de direction des syndicats unifiés, 28 avril 1933 (extraits)[77]
|
•
|
La révolution nationale a créé un état nouveau. Cet état
veut rassembler de façon unie la force du peuple allemand dans son
ensemble, et l'imposer puissamment. Partant de cette volonté populaire à
l'unité et la puissance, il ne connait ni séparations de classe ni
internationalité. Ce fait place le peuple allemand dans son ensemble,
chacune de ses professions [Stände] et chaque individu
devant la nécessité de déterminer son attitude envers cet état. Les
syndicats allemands sont conscients que pour eux aussi la reformation de
peuple et nation pose des exigences. Ils sont convaincus que leur
intégration consciente dans la reformation influera de façon décisive sur
l'avenir du peuple allemand. Au sujet de cette conclusion, tous les
courants des syndicats de travailleurs allemands sont d'accord. Fidèle à
leur tradition de politique d'état, ils sont prêts à une participation
positive à l'état nouveau.
[Citation dans l'original ►.]
|
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•
|
Le dirigeant de l'organisation Casque d'acier (Stahlhelm) Franz Seldte annonce son
adhésion au NSDAP[78].
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•
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Dans l'organe de l'ADGB Gewerkschaftszeitung figure un article de Walter
Pahl intitulé "Le jour de fête du travail et les travailleurs
socialistes" (cf. ci-dessous).
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Article de Walther
Pahl, "Le jour de fête du travail et les travailleurs
socialistes", 29 avril 1933 (extraits)[79]
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•
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Ce qui nous distingue du national-socialisme, ce n'est
pas une hiérarchie de rang différente concernant les valeurs de nation et
de socialisme, mais seulement un ordre différent en termes de priorité.
Nous voulons d'abord le socialisme, pour donner corps à la nation. Le
national-socialisme, maintenant, a demandé et réalisé l'unité de la nation,
afin d'édifier sur ce fondement large et ferme le socialisme allemand.
[...] Il n'y a vraiment pas besoin pour nous de
"nous rétracter", pour reconnaitre que la victoire du
national-socialisme, bien qu'elle ait été conquise contre un parti que nous
considérions le porteur de l'idée socialiste, est aussi notre victoire,
dans la mesure où aujourd'hui la tâche socialiste est posée à la nation
tout entière. [...]
Or ainsi le national-socialisme est en même temps chargé
d'une responsabilité historique d'importance immense. Il a l'obligation de
réaliser le socialisme, parce qu'il a réussi, pour la première fois, à
instaurer un pouvoir qui non seulement veut le réaliser, mais aussi peut le
réaliser.
[Citation dans l'original ►.]
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•
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Walther Pahl est dirigeant de l'office
central pour le service de travail volontaire de l'ADGB,
à partir de 1932 secrétaire du groupe de travail relatif au service social[80].
Pour ce qui est de l'article cité ci-dessus, il transmet le
manuscrit, avant publication, à R. Diels, le
dirigeant de l'office à Berlin de la Gestapo, en sollicitant de l'aide pour
une prise de contact avec le NSDAP[81]:
Cher monsieur Dr. Diels! [...]
Puisque mon article est caractéristique de l'attitude d'une grande partie
de notre génération relativement jeune, j'aimerais le transmettre à
quelques messieurs du NSDAP en les priant d'exprimer
leur point de vue. Peut-être vous pouvez me donner quelques indications en
ce sens. Avec mes salutations amicales.
[Citation dans l'original ►.]
En 1933 W. Pahl émigre en Suisse,
puis passe en Angleterre, mais en 1935 il revient en Allemagne où il publie
entre autre dans le cadre des institutions national-socialistes
des textes sur des thèmes de géopolitique[82].
En 1950 il sera nommé rédacteur en chef de la publication créée par le
comité directeur du Deutscher Gewerkschaftsbund
(Fédération syndicale allemande, DGB), Gewerkschaftliche
Monatshefte, fonction qu'il gardera jusqu'en 1954.
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Au début du mois d'avril, à Berlin, la Sozialistische
Arbeiterjugend (SAJ) ‑ organisation rattachée au
SPD ‑ prend des mesures pour passer à la clandestinité[83].
La direction du SPD démet de sa fonction le président de l'organisation
locale de la SAJ et coupe tout soutien financier à l'égard de celle-ci.
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