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Les délégations de la conférence de La Haye d'aout 1929 se
réunissent de nouveau dans cette ville[1].
Le 20 janvier est signé le protocole final. Le 12 mars
l'assemblée nationale approuvera, par 270 voix contre 192 et
3 abstentions, la loi sur la conférence de La Haye. Le traité est
composé des accords d'aout 1929 et de janvier 1930, du plan Young, ainsi
que de diverses annexes. L'ensemble nommé d'abord “nouveau plan” et finalement
“plan Young” revêt un statut de droit international. Le 17 mai la
commission de réparations le déclarera officiellement comme entré en
vigueur. De ce fait cesse l'activité des institutions créées par le plan
Dawes d'aout 1924. Toutes les questions financières résultant de la guerre,
concernant l'Allemagne et les états signataires, sont considérées comme
étant réglées complètement et définitivement. En même temps est instaurée
la Banque des règlements internationaux (BRI) dont le capital est souscrit
par les banques centrales des sept pays concernés (Grande Bretagne, France,
Allemagne, Belgique, Italie et Japon, USA).
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À Berlin, le préfet de police Karl
Zörgiebel (SPD) interdit tous les rassemblements et manifestations
en plein air[2].
Le KPD avait appelé à un rassemblement pour commémorer l'assassinat de Rosa
Luxemburg et Karl Liebknecht en janvier 1919. La mesure sera levée le
2 avril.
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En Prusse, le ministre de l'Intérieur Albert
Grzesinski (SPD) décrète l'interdiction des rassemblements et
manifestations politiques en plein air[3].
La mesure sera levée par son successeur après l'adoption en février de la
loi sur la protection de la république.
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En Thüringen, est constitué un gouvernement avec
Erwin Baum (Thüringer Landbund) comme premier ministre[4].
Les postes de ministre de l'intérieur et ministre d'éducation nationale [Volksbildung] sont occupés par Wilhelm Frick
(NSDAP). Le Wirtschaftspartei
(Parti de l'économie, WP) ‑ nommé plus précisément “Reichspartei des deutschen Mittelstandes (Wirtschaftspartei)”,
c'est-à-dire “Parti national des classes moyennes allemandes” ‑
participe également au gouvernement. (Le Parti de l'économie avait été
constitué en 1920 par la réunion de diverses associations représentant les
classes moyennes.)
Le 31 mars 1931, l'assemblée régionale votera une
motion de censure qui entrainera un remaniement du gouvernement et
notamment la démission de W. Frick.
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Le ministre de l'intérieur de Prusse A. Grzesinski
démissionne sous la pression d'attaques de la presse de droite[5].
Il est remplacé par Heinrich Waentig (SPD).
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En 1921, des négociations avaient eu lieu dans le secteur de
l'industrie métallurgique de Munich (Bavière)[6].
Suite à une sentence arbitrale, des grèves éclatent en février 1922 dans
les principales entreprises de la métallurgie d'abord à Munich, puis à Augsburg et Nürnberg. Des mouvements de solidarité se
produisent en Württemberg, Baden et Hessen. À Munich,
les 30 entreprises les plus grandes procèdent au lockout. Le mouvement de
grève se terminera le 26 mai.
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L'assemblée nationale approuve une nouvelle loi pour la
protection de la république [zum Schutze der Republik],
avec 265 voix contre 150. Elle sera publiée le 25 mars.
Cf. le texte de la loi ►.
Cette loi stipule qu'elle cessera d'être en vigueur avec
l'entrée en vigueur de nouveau code pénal général allemand [Allgemeines
Deutsches Strafgesetzbuch] et au plus tard le 31 décembre 1932.
Finalement, elle cessera d'être en vigueur le 20 décembre 1932 sous
l'effet du décret pour la préservation de la paix intérieure du
19 décembre 1932.
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Après la constitution, en janvier, d'un gouvernement en Thüringen
incluant le NSDAP, le ministre de l'intérieur Carl Severing (SPD) bloque le versement de subventions à la
police régionale[7].
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Des débats avaient eu lieu entre les groupes à l'assemblée
nationale soutenant le gouvernement dirigé par Hermann Müller (SPD), au
sujet de l'assurance-chômage, sur fond de difficultés budgétaires[8].
Le SPD insiste sur le principe d'une augmentation des cotisations et des
subventions de l'état, alors que le DVP veut maintenir des limites strictes
à cet égard. Cette question s'ajoute à celle concernant la politique
fiscale. Le gouvernement avait élaboré un projet de loi à ce sujet, puis
Heinrich Brüning (Zentrum) avait soumis aux groupes
des partis une proposition de texte de compromis. Le Zentrum,
le DVP et le DDP avaient accepté ce dernier, le BVP l'avait rejeté. Le SPD
déclare qu'elle accepte le programme dans sa version initiale, mais qu'elle
rejette le compromis élaboré par les autres partis. Il se saisit de ces
divergences pour mettre fin à sa participation à une grande coalition.
Le 27 mars, le gouvernement démissionne.
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Le premier ministre de Prusse
Otto Braun (SPD) au sujet des coalitions gouvernementales
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Selon l'avis d'O. Braun, la démission du gouvernement
de H. Müller est une erreur[9]:
Ce n'est pas en courant à côté de la voiture qu'on influe
sur le chemin suivi par le gouvernement; on doit rester assis sur le siège
du cocher et tenir les rênes.
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
En Thüringen, l'assemblée régionale adopte une
proposition de loi d'habilitation [Ermächtigungsgesetz]
introduite par le ministre de l'Intérieur W. Frick,
qui accorde au gouvernement des pouvoirs étendus en matière de
réorganisation des institutions[10].
Suivra le 5 avril une déclaration donnant des instructions concernant
les mesures policières à mettre en oeuvre "contre la culture nègre,
pour l'identité culturelle allemande" (cf. ci-dessous). Le
16 avril seront publiées des recommandations au sujet de la pratique
de la prière à l'école, visant à combattre les "forces étrangères à
l'espèce et au peuple" qui "depuis longtemps tentent de détruire
les fondements spirituels, moraux, religieux de notre peuple" (cf.
ci-dessous). Ce dernier texte sera annulé le 11 juillet par la Haute
cour constitutionnelle [Staatsgerichtshof für das Deutsche
Reich].
Le 22 mai, à l'assemblée nationale, interrogé au sujet
du texte sur la prière à l'école, W. Frick
expliquera qu'en employant la formulation "forces étrangères à
l'espèce et au peuple" il vise les juifs, mais aussi les social-démocrates[11].
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Déclaration du ministre de
l'intérieur de Thüringen, Wilhelm Frick (NSDAP), "contre la culture nègre, pour l'identité
culturelle allemande", 5 avril 1930 (extraits)[12]
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Contre la culture nègre, pour l'identité culturelle
allemande
Depuis des années se font sentir dans presque tous les
domaines culturels, dans une mesure croissante, des influences de race
étrangères, qui sont susceptibles de saper les forces morales de l'identité
culturelle allemande. [...] Il est dans l'intérêt de la préservation et du
renforcement de l'identité culturelle allemande, de mettre un terme dans la
mesure du possible à ces phénomènes de décomposition. Les dispositions du
code des professions de l'artisanat, du commerce et de l'industrie offrent
une base législative à cet égard. Selon le code des professions, doit être
refusée l'autorisation pour l'organisation professionnelle de vaudevilles,
de représentations de chant ou de poésie, de foires ou de pièces de théâtre
‑ à moins que ne prévale un intérêt supérieur du point de vue de
l'art ou de la science ‑ si concernant le requérant sont connus
des faits qui justifient la supposition que les représentations envisagées
seraient contraires aux bonnes moeurs. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Recommandations du ministre de
l'intérieur de Thüringen, Wilhelm Frick (NSDAP), au sujet de la pratique de la prière à l'école,
16 avril 1930[13]
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Prière d'école allemande
La détresse allemande ne tire son origine qu'en partie
des difficultés économiques. Des forces étrangères à l'espèce et au peuple
tentent depuis longtemps de détruire les fondements
spirituels-morales-religieuses de notre pensée et nos sentiments allemands,
afin de déraciner le peuple allemand, et de pouvoir ainsi le dominer plus
facilement. Notre peuple allemand ne pourra opposer avec succès une
résistance à ces influences dangereuses, que s'il préserve pour soi-même
dans la pureté les forces motrices religieuses-morales de sa nature et le
transmet à la jeunesse devenant adulte. Par là, aux côtés du foyer
familial, incombe à l'école allemande et à ses enseignants une tâche
nationale de plus haute importance. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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•
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Le 28 mars, le président Paul von
Hindenburg avait chargé H. Brüning (Zentrum)
de la formation d'un gouvernement[14].
Il indique officieusement "que, vu les
difficultés parlementaires, il ne considère pas comme approprié de
constituer le nouveau gouvernement sur la base de combinaisons de
coalition"[15].
[Citation dans l'original ►.]
Il exprime le souhait que Wilhelm Groener (sans parti)
soit maintenu et que soient inclus Martin Schiele et Gottfried
Treviranus. La nomination de Schiele entraine
des difficultés, du fait qu'il manifeste l'exigence que soit mis fin au
gouvernement de coalition en Prusse présidé par O. Braun
(SPD), alors que Brüning ne peut risquer la rupture
complète avec le SPD. Hindenburg intervient pour
régler ce litige.
Le gouvernement est constitué le 31 mars. Il comprend
des membres du DDP, du DVP, du Zentrum, du BVP, du WP,
du DNVP. Parmi les attributions, on peut citer notamment les suivantes. W. Groener: défense; G. Treviranus:
territoires occupés; M. Schiele: alimentation [Ernährung]; Adam Stegerwald (Zentrum): travail. Paul Moldenhauer
(DVP, membre du conseil de surveillance de la IG Farben AG)
est nommé ministre de l'économie; mais il démissionnera le 19 juin.
A. Stegerwald: il avait assumé la
présidence de la Fédération syndicale allemande et démocratique (Deutsch-Demokratischer Gewerkschaftsbund) ‑ devenu
Fédération syndicale allemande (Deutscher Gewerkschaftsbund)
ensuite ‑, lors de sa fondation en novembre 1918.
Le lieutenant capitaine à la retraite G. Treviranus:
d'abord membre du DNVP, il l'avait quitté en protestation contre
l'orientation déployée par Alfred Hugenberg qui est
président du parti depuis 1928, et avait formé le 28 janvier l'Union
populaire-démocratique (Volkskonservative Vereinigung),
avec d'autres ex-membres du DNVP ainsi que des députés du Parti
chrétien-national de paysans et gens ruraux (Christlich-Nationale
Bauern- und Landvolkpartei, CNBL). Ce dernier parti, connu également
comme Gens ruraux allemands (Deutsches Landvolk) avait
été constitué le 8 mars 1928.
M. Schiele: il est membre du DNVP
et un des principaux dirigeants de la Ligue rurale nationale (Reichslandbund).
En 1893 avait été constitué le “Bund der Landwirte”
(“Ligue des agriculteurs”), qui rassemble des exploitants agricoles. En
1919 avait été constitué le “Deutscher Landbund”
(“Ligue rurale allemande”) pour réunir dans une même organisation
employeurs et travailleurs de l'agriculture. Le 1er janvier 1921 les
deux avaient fusionné pour former le “Reichslandbund” (“Ligue
rurale nationale”).
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•
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À Wesermünde/Bremerhaven (Bremen) débute un mouvement de grève
des tailleurs dans les entreprises Ketelsen, Padberg et Beckmann, auquel participent
35 travailleurs[16].
Il se terminera le 10 avril.
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Déclaration d'investiture du
chancelier Heinrich Brüning (Zentrum) à l'assemblée
nationale, 1er avril 1930[17]
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•
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[...] En conformité avec la mission dont m'a chargé
monsieur le président du Reich, le nouveau cabinet du Reich n'est pas lié à
une coalition. [...] Le cabinet a été formé dans le but de résoudre dans le
délai le plus court les tâches qui, selon l'avis général, sont vitales pour
le Reich. Il constituera la dernière tentative de mettre en oeuvre
cette solution avec ce Reichstag. [...] Sur le plan de la politique
intérieure, vu les conditions sociales et économiques critiques et des
courants radicaux qui leurs sont liés, notre situation donne lieu à une
vigilance particulière. On ne peut traiter ces courants uniquement par le
recours à des moyens étatiques, il faut y remédier en première ligne par un
travail de reconstruction économique. [...] L'oeuvre
de la conciliation entre les différentes professions et couches de la
population ne souffre aucun retard. Le Reichstag doit aussi tenir compte de
cette idée dans sa prise de position vis-à-vis du nouveau gouvernement du
Reich. Seule l'attitude objective et concrète envers ce programme du
cabinet assurera l'avenir du peuple allemand.
[Citation dans l'original ►.]
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Intervention de Rudolf
Breitscheid (SPD) à l'assemblée nationale, 2 avril 1930
(extraits)[18]
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•
|
[...] Dans l'article 48 [de la constitution du
Reich] il est dit que des mesures d'exception peuvent être prises, si dans
le Reich allemand la sécurité et l'ordre publics sont considérablement
perturbés ou menacés. Nous soulevons la question, si au moment actuel la
sécurité et l'ordre publics sont perturbés ou menacés considérablement à
tel point, que le paragraphe sur l'exception de l'article 48 doit être
employé. Nous répondons à cette question par un non net. [...] Dans la
période à venir il n'y aura pas et ne pourra pas avoir des difficultés
budgétaires [...] D'ailleurs il y avait un moyen parlementaire, monsieur le
chancelier du Reich, de surmonter ces difficultés. Il aurait suffi que vous
vous placez comme nous derrière le projet gouvernemental. Avec lui, on
pouvait se présenter au parlement. En outre, monsieur le chancelier du
Reich, vous savez aussi bien que moi qu'en plus dans tous les cas il y
aurait eu ne majorité dans cette maison, qui ensemble avec vous aurait mis
en oeuvre la réforme des finances. [...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
3 avril
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•
|
À l'assemblée nationale, le SPD et le KPD soumettent
séparément des motions de censure contre le gouvernement. Elles sont
rejetées par 253 voix contre 187 (SPD, KPD, NSDAP)[19].
|
|
•
|
Le ministre de la défense W. Groener
interdit[20].
une quelconque participation en service ou hors service,
de membres de la Reichswehr à des événements ou autres
occasion, où se présentent aussi des national-socialistes
en uniforme ou sont montrés des croix gammées.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
En Saxe, le dernier gouvernement présidé par le SPD
avait été remplacé le 26 juin 1929 par un gouvernement présidé par Wilhelm Bünger (DVP)[21].
Le 18 février 1930 ce gouvernement avait démissionné à la suite d'une
motion de censure, soumise par le NSDAP et voté également
par SPD, KPD, DNVP et Deutsches Landvolk. Le
6 mai Walther Schieck (DVP) est élu comme premier
ministre, mais le 21 une motion de dissolution de l'assemblée
régionale, soumise par SPD, KPD et NSDAP est adoptée
et la date des élections est fixé au 22 juin.
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|
•
|
Dans la Ruhr, le DMV et l'Union
des Associations de métier (Hirsch-Duncker) de la
métallurgie avaient dénoncé l'accord-cadre en vigueur dans la région du
Groupe Nord-Ouest de l'Association d'industriels du fer et de l'acier, à
l'échéance du 1er mai[22].
Le 26 mai le conciliateur Max Brahn rend une
sentence arbitrale (appelée communément sentence arbitrale d'Oeynhausen,
d'après le lieu où les négociations s'étaient déroulées) qui correspond
largement aux demandes des employeurs. Les syndicats la rejettent, tandis
que les employeurs sollicitent le ministre du travail A. Stegerwald
pour la valider d'autorité. Cette validation interviendra le 10 juin.
M. Brahn est depuis 1927
conciliateur permanent pour des conflits de travail [Ständiger
Schlichter für Arbeitskonflikte] pour la Haute-Silésie et depuis
1928 également pour Westfalen[23].
Il sera aussi nommé en 1932 conciliateur pour Berlin et Brandenburg.
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•
|
Après la constitution du gouvernement en mars, le nouveau
ministre de l'intérieur Joseph Wirth (Zentrum),
avait d'abord, le 17 avril, levé le blocage, décidé par son
prédécesseur C. Severing, du versement de
subventions à la police régionale de Thüringen[24].
Le 6 juin, il décide de nouveau de bloquer les subventions. Thüringen
portera plainte à ce sujet contre le Reich devant la Haute cour
constitutionnelle.
|
|
•
|
En Prusse le gouvernement régional décide d'interdire
l'adhésion au NSDAP et au KPD à tous les
fonctionnaires, en donnant comme motif qu'ils devaient être considérés
comme organisations "dont l'objectif est le renversement par la force
de l'ordre étatique existant"[25].
(Cf. ci-dessous.)
La mesure sera levée, en ce qui concerne le NSDAP,
par une décision du gouvernement régional du 27 juillet 1932[26].
|
|
Décision du gouvernement de Prusse,
25 juin 1930[27]
|
•
|
Selon le développement qu'ont emprunté le Parti ouvrier
national-socialiste allemand et le Parti communiste d'Allemagne, les deux
partis sont à considérer comme organisations dont l'objectif est le
renversement par la force de l'ordre étatique existant. Un fonctionnaire
qui participe à une telle organisation, exerce une activité pour eux ou les
soutient, viole l'obligation de fidélité envers l'état qui résulte de son
rapport de fonctionnaire et se rend coupable d'une faute professionnelle.
Par conséquent, la participation à ces organisations, l'activité pour eux
où un autre soutien à leur égard est interdit pour tous les fonctionnaires.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
Les troupes françaises achèvent l'évacuation de la Pfalz[28].
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|
•
|
Dans la Ruhr débute un mouvement de grève impulsé par
le RGO[29].
Environ 30 000 travailleurs participent, notamment à Mülheim,
Essen, Duisburg, Dortmund, Gelsenkirchen, Hamm, Düsseldorf et Bochum. Le mouvement se termine le 10.
|
|
•
|
Dans la région de Mansfeld (Sachsen Anhalt)
débute un mouvement de grève des travailleurs des mines de schiste cuivreux
qui mobilise jusqu'à 25 000 travailleurs[30].
La direction de grève est liée à la RGO. Le mouvement dure jusqu'au
25 juillet.
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|
•
|
Otto Strasser et d'autres membres du NSDAP annoncent qu'ils quittent le parti, en publiant un
appel "Les
socialistes quittent le NSDAP"[31].
[Citation dans l'original ►.]
En septembre 1931 Strasser constituera la “Kampfgemeinschaft revolutionärer Nationalsozialisten”
(“Communauté de combat de national-socialistes
révolutionnaires”) et son organe intitulé Schwarze Front
(Front noire).
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|
•
|
Le gouvernement soumet à l'assemblée nationale des mesures
destinées à remédier au déficit budgétaire[32].
Un vote sur une motion modifiant le projet est défavorable au gouvernement,
par 256 voix (SPD, KPD, NSDAP et la plupart des
députés du DNVP) contre 193. Le gouvernement déclare qu'il considère
désormais le débat comme inutile. Une motion de censure contre le
gouvernement soumise par le KPD est rejetée par 244 voix
contre 58 (KPD, NSDAP) et 155 abstentions
(SPD).
|
|
•
|
Le gouvernement fait en sorte que les mesures qu'il propose,
faute d'être approuvées par l'assemblée nationale, soient édictées par voie
de décrets-lois [Notverordnungen] du président[33].
Mais suite à des motions présentées séparément par le SPD et le KPD, l'assemblée
nationale annule immédiatement ces décrets-lois par 236 voix
contre 222, ce qui impose au président l'obligation de signer lui-même
un décret d'annulation. Or H. Brüning présente alors des décrets
signés par le président P. v. Hindenburg, un
qui dissout le Parlement, et un qui annonce la tenue d'élections à la date
du 14 septembre.
|
|
•
|
Le vote sur l'annulation des décrets produit une scission au
sein du groupe à l'assemblée nationale du DNVP[34].
25 députés du parti, dont le groupe autour de l'ancien président du
parti Kuno Westarp, soutiennent le gouvernement,
tandis que 32 avec le président du groupe Alfred
Hugenberg votent en faveur de l'annulation. Le 23 juillet le
groupe autour de Westarp quittera le DNVP et
fusionnera avec l'Union populaire-démocratique de G. Treviranus
pour former le “Konservative Volkspartei” (“Parti
conservateur du peuple”, KVP). Parmi les membres du KVP il y a Paul von Lettow-Vorbeck (cf. ► ►),
qui avait été député du DNVP depuis 1928. Le ministre de l'alimentation
M. Schiele quitte également le DNVP et s'appuiera sur le Deutsches Landvolk.
|
|
Intervention d'Otto
Landsberg (SPD) à l'assemblée nationale, 18 juillet 1930
(extrait)[35]
|
•
|
[...] Nous demandons l'annulation de ces deux décrets, et
nous tenons à ce qu'il y ait un vote sur la motion de censure que nous
avons introduite auprès du Reichstag contre le gouvernement du Reich. Ce
gouvernement du Reich non seulement n'a pas profité de possibilités
d'entente vers la gauche, mais les a refusées, pour négocier exclusivement
vers la droite et arriver à une entente avec la droite. Le gouvernement du
Reich avait édicté ces deux décrets confiant dans la perspective que
viendra votre aide de la droite, qui confèrerait à ces deux décrets la
force de loi qui leur manque. L'objectif de ce gouvernement du Reich est,
nous le savons, de bloc bourgeois élargi [...].
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
Est édicté le décret contre l'utilisation illégale d'armes [gegen Waffenmißbrauch]. Il stipule qu'il cessera d'être en
vigueur au plus tard le 1er avril 1931.
Cf. le texte du décret ►.
|
|
•
|
Le président édicte le décret pour la résorption d'états de
détresse personnels, économiques et sociaux [zur Behebung
personeller, wirtschaftlicher und sozialer Notstände][36].
C'est une version accentuée des décrets refusés par l'assemblée nationale
le 18 juillet.
Cf. le texte du décret ►.
|
|
•
|
La majorité de droite du DDP se réunit avec l'Ordre
jeune-allemand (Jungdeutscher Orden), l'Union
national-populaire du Reich (Volksnationale
Reichsvereinigung) et d'autres groupes pour constituer le “Deutsche Staatspartei” (“Parti allemand de l'état”, DStP). L'aile gauche du DDP fonde le “Radikaldemokratische
Partei” (“Parti radical-démocratique”).
|
|
•
|
À Blexen (aujourd'hui partie de Nordenham) (Niedersachsen), débute une grève dans les usines
de la métallurgie, avec la participation d'environ 500 travailleurs
sur un total de 800[37].
Les grévistes mettent fin à leur mouvement le 17 septembre, suite à un
jugement du tribunal qui interdit à la fédération de la métallurgie
d'alimenter une caisse de grève.
|
|
•
|
Dans la Ruhr, le 11 aout, l'Association de mines
(Zechenverband, union des employeurs des mines de la
Ruhr) avait décidé de dénoncer la convention collective salariale pour la
région de la Ruhr[38].
La décision avait été officiellement annoncée le 16. Le conciliateur M. Brahn avait été saisi de la question. Les
négociations de conciliation avaient débuté le 25 aout, elles se
prolongent jusqu'en septembre mais n'aboutissent pas à un accord. Le
4 septembre Brahn rend une sentence arbitrale qui
consiste à garder en vigueur les dispositions antérieures jusqu'au
31 décembre. Les syndicats acceptent la sentence arbitrale et
sollicitent le ministre du travail A. Stegerwald
pour la valider d'autorité. Cette validation interviendra le
10 septembre.
|
|
•
|
Se tiennent des élections au Reichstag.
SPD
|
143
|
NSDAP
|
107
|
KPD
|
77
|
Zentrum
|
68
|
DNVP
|
41
|
DVP
|
30
|
...
|
|
Total
|
577
|
Pour les gouvernements de cette législature (jusqu'aux
élections du 31 juillet 1932), cf. ► ►.
|
|
Déclaration du premier ministre
de Prusse Otto Braun (SPD) à United Press,
15 septembre 1930[39]
|
•
|
Malgré ce résultat des élections, je ne considère comme
menacé ne serait-ce qu'un instant, ni la constitution, ni la sécurité
publique, ni le cours de notre politique étrangère. Il est totalement exclu
que les partis radicaux qui ont réalisé des gains dans ces élections, se
trouveront en situation de mettre à l'épreuve pratiquement leurs recettes
de gouvernement. Au contraire je considère comme certain qu'une grand
coalition de tous les raisonnables fera alliance afin de, avec une majorité
de gouvernement sans aucun doute suffisante, concentrer d'abord
énergiquement toutes les forces sur la lutte contre le chômage et sur
l'amélioration des conditions d'existence économiques de larges masses.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
Récit du secrétaire d'état au
ministère des finances Hans Schäffer d'un entretien
avec Rudolf Hilferding (SPD), le 18 septembre 1930 (extrait)[40]
|
•
|
Hilferding est opposé à ce que la social-démocratie entre
au gouvernement. Il serait nécessaire qu'elle ne se compromette pas
vis-à-vis de la masse des travailleurs à tel point qu'ensuite les masses la
fuiraient. Avec ça, tomberait l'unique pilier. Le plus juste serait de
participer aux choses en dehors du gouvernement, ainsi on pourrait faire
patienter les élections jusqu'au jours ou le cours des choses changerait.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
Un entretien a lieu entre H. Brüning, H. Müller
et R. Hilferding[41].
|
|
•
|
À Leipzig se déroule un procès contre trois officiers de la
garnison d'Ulm de la Reichswehr, Richard
Scheringer, Friedrich Wendt et Hans
Ludin, accusés de haute trahison pour avoir noué des liens avec le NSDAP[42].
Le défenseur demande qu'A. Hitler soit entendu comme témoin.
|
|
Déposition d'Adolf Hitler à la
Cour suprême [Reichsgericht] à Leipzig,
25 septembre 1930[43]:
|
•
|
Hitler: Le mouvement national-socialiste cherchera dans
cet état à atteindre l'objectif par les moyens conformes à la constitution.
La constitution nous prescrit seulement les méthodes, pas l'objectif. Nous
chercherons à obtenir sur cette voie conforme à la constitution les majorités
décisives dans les institutions législatives, afin de couler, au moment où
nous réussissons, l'état dans la forme qui correspond à nos idées.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
Le KPD fonde à Berlin le “Kampfbund gegen den
Faschismus” (“Ligue de combat contre le fascisme”) comme successeur
légal au RFB interdit[44].
Hermann Remmele est désigné comme président.
L'organisation dispose d'un organe de presse, Die Fanfare.
|
|
•
|
La direction droitière du SPD mène durant plusieurs semaines
des entretiens exploratoires avec le chancelier H. Brüning et ses
mandataires pour leur offrir son aide (cf. ci-dessous)[45].
Le président du district Hambourg-Nord-Ouest du SPD, Karl Meitmann, le 14 septembre, défend la position que,
après le 14 septembre, le SPD ne pouvait pas faire "ce qui avait
été exigé au cours de la campagne électorale" ["was
im Wahlkampf gefordert wurde"] mais devait agir en fonction de
"ce qui avait été le résultat de l'élection" ["was
die Wahl ergeben habe"][46].
C'est pourquoi Meitmann se prononce en faveur de
l'idée que le SPD devait tendre de toutes ses forces à son retour au
gouvernement. Il argumente que le SPD devait tendre à "mettre la main
sur le pouvoir supplémentaire, l'autorité publique" ["die
zusätzliche Macht, die Staatsgewalt in die Hand zu bekommen"].
Le 29, Rudolf Hilferding recommande dans le Vorwärts que le SPD s'en tienne au
parlement à la tactique consistant à former, ensemble avec les partis
bourgeois, un centre parlementaire en tant que "bloc solide de défense
contre le radicalisme destructeur" ["festen Block
zur Abwehr des destruktiven Radikalismus"][47].
Le 30, H. Brüning rencontre le président du groupe
à l'assemblée nationale du SPD H. Müller, ainsi que le président du
parti Otto Wels, pour un entretien confidentiel, durant lequel les
positions se rejoignent sur un soutien au gouvernement de Brüning sans
participation ministériel du SPD. (Cf. ci-dessous)
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|
Récit du secrétaire d'état Hermann Pünder d'un entretien de Heinrich Brüning avec Otto
Wels (SPD) et Hermann Müller (SPD), le 30 septembre 1930 (extrait)[48]
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•
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Compléter le cabinet par l'entrée de social-démocrates
sera malheureusement impossible, puisque cela ne serait pas toléré à
droite et n'est pas demandé à gauche. Cependant ce qui serait
éventuellement possible, est un soutien du cabinet et de son travail par la
social-démocratie. À ce sujet j'avais proposé à monsieur le chancelier du
Reich d'organiser tout à fait discrètement chez moi dans la Gärtnerstrasse
de Lichterfelde, un entretien avec les deux dirigeants
du parti social-démocrate Wels et Müller. Dr. Brüning était tout à fait
d'accord, et j'ai donc invité les deux secrètement. [...] Après l'entretien
d'aujourd'hui il me semble effectivement pas exclu que, pour éviter une
dictature de droite, la social-démocratie soutienne le cabinet Brüning.
[Citation dans l'original ►.]
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En Braunschweig est constitué un
gouvernement présidé par Werner Küchenthal (DNVP) avec
Anton Franzen (NSDAP) comme
ministre de l'intérieur et de l'éducation nationale [Volksbildung].
Franzen démissionnera le 26 juillet 1931 et sera
remplacé le 15 septembre par Dietrich Klagges (NSDAP)[49].
Le gouvernement Küchenthal restera en place jusqu'au
7 mai 1933.
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Le groupe à l'assemblée nationale du SPD se réunit. Il en
ressort l'adoption par le SPD de la position de tolérance vis-à-vis du
gouvernement de H. Brüning. (Cf. ci-dessous.)
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Résolution du groupe à
l'assemblée nationale du SPD, 3 octobre 1930 (extraits)[50]
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Selon le résultat des élections au Reichstag le groupe
social-démocrate au Reichstag sa tâche prioritaire dans la sauvegarde de la
démocratie, la sécurisation de la constitution et la protection du
parlementarisme. La démocratie est menacée par tous les cercles
social-réactionnaires, qui veulent exploiter la crise économique pour
démanteler la politique sociale et baisser les salaires. Elle est menacée
par le mouvement fasciste des national-socialistes qui
font miroiter aux victimes de la crise économique capitaliste la guérison
immédiate de tous les maux et la solution de toutes les questions sociales,
après la démolition de la démocratie. Elle est menacée par le Parti
communiste, qui même dans cette situation contrerévolutionnaire divise les
travailleurs et rend plus difficile la lutte contre social-réaction et
fascisme. La social-démocratie lutte pour la démocratie, pour protéger la
politique sociale et élever le niveau de vie des travailleurs. La crise ne
peut pas être résolue par la diminution du pouvoir d'achat des masses, mais
seulement par la création d'emplois. Aussi indispensable est la lutte du
groupe au nouveau Reichstag pour amener une loi d'urgence sur une
diminution de la durée du travail telle qu'elle rend possible le retour au
travail des sans-emploi.
[Citation dans l'original ►.]
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Lettre
de Heinrich Müller (SPD) à Otto Braun (SPD), avant la réunion du groupe à
l'assemblée nationale du SPD tenue le 3 octobre 1930 (extraits)[51]
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La session du bureau du parti a montré qu'autour de nous,
plus qu'on ne le pourrait supposer, l'opinion est répandue qu'on devrait
laisser arriver la droite au gouvernement, afin qu'elle se retrouve en
faillite, y compris les national-socialistes. J'ai réfuté
vivement de telles conceptions, mais il est à supposer que dans la session
du groupe au Reichstag ce raisonnement sera de nouveau très apprécié. [...]
Ma conviction est qu'un renversement du gouvernement Brüning, pour la
deuxième fois et avec l'aide de la social-démocratie, déclencherait des
conséquences pour le gouvernement prussien. [...] Nous ne savons pas dans
les détails ce que veut le gouvernement. De façon tout à fait
confidentielle je peux t'annoncer qu'évidemment un contact informel a eu
lieu il y a quelque temps. La seule chose qui me semble certain, c'est que
Brüning dans un premier temps ne voudra pas élargir son gouvernement vers
la droite et - j'ai envie de dire - encore moins vers la gauche. [...] Mais
je vois des dangers pour la politique allemande et prussienne, qu'à mon
avis il faut essayer de conjurer par une coopération de tous les gens
raisonnables.
[Citation dans l'original ►.]
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Rudolf Hilferding (SPD),
octobre 1930[52]
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Est-ce que quelqu'un croit que les moyens
extraparlementaires à notre disposition pour combattre la dictature sont
actuellement applicables? [...] Personne ne sait si des moyens de lutte
extraparlementaires ne se dirigeraient vers la masse des travailleurs
eux-mêmes. Seulement durant des temps de prospérité économique la masse des
travailleurs dispose de forces pour la lutte. Par conséquent on devrait
essayer la solution de la crise parlementaire autrement.
[Citation dans l'original ►.]
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Rudolf Hilferding (SPD),
décembre 1930[53]
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Si nous réussissons à maintenir le parlement, si le
Reichstag se trouve placé devant les tâches concrètes les plus urgentes,
alors les contraintes conduiront peut-être plus rapidement qu'il ne parait
encore aujourd'hui à la coalition des gens raisonnables et feront gagner le
temps jusqu'à ce que la dissipation de la crise économique aidera aussi à
surmonter la crise de l'état. Si la tentative échoue, alors nous seront
placés au début de luttes dont le déroulement et issue sont incertains, et
dont les sacrifices en termes de bienêtre seront incalculables mais
certaines.
[Citation dans l'original ►.]
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Article de Georg
Decker (SPD), décembre 1930 (extraits)[54]
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On a coutume de dire d'un gouvernement de coalition qu'il
est porté par les partis de la coalition. Quand un parti n'est pas lié au
gouvernement, il ne se place pas pour autant forcément dans une opposition
tranchée vis-à-vis de ce gouvernement.
[Citation dans l'original ►.]
Note: Jurij Denike (pseudonyme Georg Decker): né en Russie, émigre en 192 en Allemagne, à
partir de 1924 il coopère à des publications du SPD.
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Rapport au congrès du SPD de
1931 (31 mai ‑ 5 juin), au nom du groupe à l'assemblée
nationale, présenté par Wilhelm Sollmann (extraits) [55]
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Dès avant la réunion du Reichstag nous avons déclaré
comme nos objectifs prioritaires, et sommes jusqu'à l'heure actuelle sur la
même ligne: préservation de la démocratie, sécurisation de la constitution,
protection du parlementarisme. [...] Le camarade Breitscheid
a aussi déjà attiré l'attention sur la situation qui prévalait en octobre
de l'année dernière lors de la réunion du Reichstag. Nous ne devons pas
oublier qu'au moment de ces journées d'octobre le national-socialisme en
Allemagne était placé immédiatement devant la prise du pouvoir par la voie
légale, au moins partiellement. [...] Le national-socialisme a été tenu à
l'écart du pouvoir par nous [...] La voie politique que nous avons
empruntée au Reichstag a exigé des sacrifices et concession considérables.
[...] Quand, dans le pays, nous regardent les millions d'affamés, femmes et
enfants, quand de l'autre côté des bandes armées préparées à la guerre
civile et une bourgeoisie absolument pas fiable se tenaient prêts à
provoquer une crise d'état, alors, je crois, la social-démocratie à fait
beaucoup lorsqu'elle a réussi à empêcher cette crise d'état et ce faisant
sauver des subsides de retraite ce qui pouvait tant bien que mal être
sauvé, pour les masses. Il n'y a pas de quoi chanter les louanges de la politique
sociale allemande, elle est encore largement défectueuse. Mais quand dans
une feuille d'un certain parti il est question de "l'état exploiteur
de la république allemande", alors je crois que le collègue de
rédaction concerné n'a pas une idée claire de ce à quoi ressemblerait un
état exploiteur fasciste. [...] Camarades du parti, il est vrai que c'est
une phrase de Karl Marx, que la classe ouvrière n'a que ses chaines à
perdre, une phrase d'un document socialiste immense. Quand le jeune Marx
écrivit cette phrase il y a presque 85 ans, c'était une prouesse
révolutionnaire. Quand aujourd'hui, après les luttes pleines de sacrifices
de trois générations de travailleurs, on lance cette phrase en direction
des prolétaires allemands, alors cette phrase révolutionnaire d'autrefois
devient de la phraséologie hyper réactionnaire. Dans le nouveau Reichstag
nous ne nous sommes nullement soumis à tous ce qu'a fait le gouvernement
Brüning. Nous avons entamé et mis en oeuvre jusqu'ici
notre tactique, parce que nous croyions que nous n'avions que le choix
entre un mauvais cabinet Brüning et une dictature ouverte et mille fois
pire. [...] Personne n'est plus content que le Parti communiste que nous
avons procédé à cette politique de tolérance. Tant qu'existe encore un
parlement et une liberté de presse, les communistes peuvent au moins pester
contre nous.
[Citation dans l'original ►.]
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Heinrich Brüning dans ses
mémoires (extraits)[56]
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Un mot de reconnaissance méritent les ministres social-démocrates dans les Länder.
[...] Le développement était mûr à tel point que les anciens agitateurs de
parti étaient devenus des hommes qui n'avaient en vue que l'intérêt du Land
qui leur était confié. Je [...] devais me rendre compte qu'ils étaient
prêts à mettre en jeu à tout moment leur propre avenir et l'avenir de leur
parti, quand il s'agissait de l'intérêt général.
[Citation dans l'original ►.]
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Le chancelier H. Brüning rencontre A. Hitler et
W. Frick, en présence de G. Treviranus[57].
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Notes du chancelier Heinrich
Brüning au sujet d'un entretien avec Adolf Hitler et d'autres dirigeants du
NSDAP, tenu le 6 octobre 1930 (extraits)[58]
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[...] l'entretien avec Hitler [était] conduit de façon à
lui parler franchement sans la moindre retenue tactique d'usage par
ailleurs dans la vie parlementaire. [...] On devra prendre des mesures
financières qui d'abord offrent une pause d'une demi-année pour respirer.
Ensuite deviendraient nécessaires d'autres limitations des dépenses dans
tous les domaines, allant de pair avec une baisse des prix et des salaires,
afin de, appuyé sur une autarcie à réaliser d'ici là dans tous les domaines
de l'agriculture à l'exception des graisses végétales, armer l'Allemagne
comme premier pays de telle manière qu'il puisse endurer toute pression de
l'extérieur tout en étant en mesure d'utiliser de son côté à tout moment la
crise mondiale pour exercer à travers elle une pression sur toutes les
autres puissances. [...] Cela serait la première phase de la politique,
pour laquelle le plus approprié serait une opposition renforcée sur le plan
de la politique étrangère, de la part du NSDAP. Une
entente dans les détails sur les formes de l'opposition serait
naturellement une condition préalable pour une alliance ultérieure.
J'espère pouvoir aborder dans la deuxième phase ensemble avec la droite une
réforme de la constitution qui selon mes souhaits personnels devrait
aboutir à une restauration monarchique, sans qu'il serait possible de
proclamer déjà de nouveau un empereur, tant que au sein de la maison
Hohenzollern elle-même ne se soit produite une entente sur les trois
candidats possibles. Sous la condition que lui, Hitler, me donne sa parole
de se concerter dans chaque phase avec moi sur la forme de l'opposition, je
ferais en sorte que liberté totale serait donné à sa presse en dehors de
toute diffamation personnelle, même pour la critique la plus sévère à la politique
étrangère et à ma personne. [...] Si Hitler serait prêt à coopérer sur la
base de cette politique étrangère de manière loyale, d'abord en secret puis
ouvertement, alors dans deux ou trois ans le peuple allemand serait libéré
des chaines du Traité de Versailles.
Hitler n'aborda nullement les questions fondamentales de
la politique future [...] Nous voyions que mon offre avait échoué du
premier coup. Malgré tout, par égard pour l'entreprise risquée qui allait
débuter, les liens ne devaient pas s'interrompre. [...] En ignorant toutes
les impossibilités qu'il avait prononcées je me déclarai prêt à faire en
sorte que partout dans les parlements de Land dès la période de démarrage,
là où cela serait possible mathématiquement, NSDAP et Zentrum puissent ensemble former un gouvernement, pour
former ainsi les ponts pour la deuxième phase. Manifestement cela
produisait plus d'impression sur lui que tout ce qui avait été dit avant.
[Citation dans l'original ►.]
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Le 29 aout, l'Union d'industriels de la métallurgie
berlinois (VBMI) avait dénoncé l'accord salarial pour le secteur de la
métallurgie de Berlin, à l'échéance du 30 septembre[59].
La Fédération générale de travailleurs de la métallurgie (DMV)
et la fédération de la métallurgie de Berlin manifestent immédiatement leur
opposition aux demandes des employeurs. Le VBMI sollicite des négociations
de conciliation auprès du ministère du travail. Le DMV
rejette cette perspective comme une ingérence du ministère. Celui-ci, le
1er octobre, nomme un conciliateur spécial, à savoir le conciliateur
pour le district Niedersachsen, Oldenburg, Bremen et
Braunschweig, Carl Völckers. Le 3 octobre,
des négociations ont lieu, Völckers constate
l'impossibilité d'obtenir un arrangement et forme un bureau de
conciliation. Le 10 octobre, à l'issu d'une session de ce bureau, Völckers annonce une sentence arbitrale, manifestement
appuyée par les employeurs, qui demandent au ministre du travail qu'elle
soit validée d'autorité.
Le 12 octobre, une assemblée de 3000 responsables
syndicaux de la métallurgie rejette la sentence arbitrale. L'assemblée
décide d'organiser le lendemain une consultation du personnel. De
106 000 travailleurs de la métallurgie, 90 600 se prononcent pour
une grève immédiate. La direction de l'ADGB se déclare
solidaire de l'action des métallurgistes.
Au cours de la session constitutive de l'assemblée nationale
le 13 octobre, le KPD soumet une motion demandant l'abrogation du
décret sur le système de conciliation du 30 octobre 1923 et
l'annulation de la sentence arbitrale de C. Völckers.
La motion est rejetée. À la session suivante, le KPD soumet une nouvelle
motion, qui demande que la sentence arbitrale soit annulée et qu'en tout
cas elle ne soit pas validée d'autorité, et qui demande l'introduction dans
l'industrie métallurgique de Berlin, de la journée de sept heures avec
compensation salariale intégrale. Le SPD de son côte soumet une motion
demandant que la sentence ne soit pas validée d'autorité. La motion du KPD
demandant l'annulation de la sentence arbitrale est rejetée. La motion concernant
la journée de sept heures est renvoyé, ensemble avec d'autres motions
concernant la durée du travail, vers la commission de politique sociale [Sozialpolitischer Ausschuß]. Le point de la motion du KPD
refusant la validation d'autorité de la sentence, qui coïncide avec la
motion soumise par le SPD, est adopté par les voix du SPD, du KPD et du NSDAP.
Le 15 octobre, la quasi-totalité des entreprises sont
en grève, on compte environ 140 000 grévistes. La sentence arbitrale
n'est pas validée d'autorité. Le ministère du travail instaure une
commission paritaire chargée de régler le litige. Le 28 octobre, un
accord est obtenu qui prévoit que d'une part le travail est repris selon
les conditions existantes précédemment, et que le litige sera tranché par
une instance de conciliation dont la décision est acceptée d'avance par les
parties concernées.
Dans certaines entreprises, notamment celles de Siemens et deux d'AEG, le travail reprend le
30 octobre, dans les autres des consultations de la base sont
effectuées, qui ne montrent pas de majorité pour une poursuite de la grève.
Ainsi le 31 octobre, à quelques exceptions près, le travail reprend.
Le 4 novembre le ministre du travail A. Stegerwald
nomme les trois personnalités du tribunal arbitral, dont l'ancien ministre
du travail Heinrich Brauns (Zentrum)
en tant que président. Le 8 novembre le tribunal arbitral adopte à
l'unanimité une sentence arbitrale qui confirme une baisse progressive des
salaires étalée jusqu'au 19 janvier 1931. Les normes établies ne
pourront être dénoncées avant le 30 juin 1931.
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Le bureau confédéral [Bundesausschuß]
de l'ADGB préconise l'introduction par voie
législative de la durée hebdomadaire du travail de 40 heures, comme
mesure d'urgence temporaire visant à lutter contre le chômage de masse[60].
Le président de l'ADGB Theodor Leipart déclare que la diminution de la durée du travail
est une[61]
sorte d'auto-assurance des travailleurs contre des
licenciements supplémentaires et au-delà un acte de solidarité envers les
chômeurs, auxquels par là est offerte la possibilité d'être de nouveau
embauché plus tôt qu'il ne le pourrait l'attendre selon la durée normale de
travail actuelle.
[Citation dans l'original ►.]
Déjà en 1929, l'ADGB avait demandé que[62]
soient enfin mises en oeuvre des
mesures énergiques de lutte contre le chômage, telles qu'elles sont
proposées depuis des années par les syndicats, auxquelles doit s'ajouter
désormais aussi nécessairement une diminution supplémentaire du temps de
travail.
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
À l'assemblée nationale figure à l'ordre du jour notamment
la question des décrets-lois du 26 juillet[63].
Il est décidé, avec les voix notamment du SPD, de confier l'examen de la
question à une commission. Le KPD soumet une motion de censure contre le
gouvernement. D'autres motions de censure particulières sont présentées,
notamment par le NSDAP. Il est décidé, par
317 voix ‑ SPD, Zentrum, DVP, WP, Christlich-Sozialer Volksdienst (CSVD), KVP, BVP, DStP ‑
contre 234, d'ignorer l'ensemble des motions de censure et de passer à
l'ordre du jour. À l'issue de la session il est décidé que la session
suivante se tiendra le 3 décembre, alors que le KPD avait demandé
qu'elle se tienne le 20 octobre.
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Intervention de Wilhelm Pieck
(KPD) à l'assemblée nationale, 17 octobre 1930[64]
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•
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Afin de renverser ce maudit système de l'exploitation et
asservissement capitalistes, il n'y a qu'une voie: révolution et par là
destruction du capitalisme et mise hors d'état de nuire de tous ceux qui
appuient ce système. Voilà la tâche que s'est fixée le Parti communiste, et
le jour viendra où les masses travailleuses, où les chômeurs sous la
direction du Parti communiste disperseront ce parlement des entrepreneurs
et fascistes. Alors à sa place se réuniront les soviets allemands et
instaureront la dictature du prolétariat, pour mettre ainsi à la place de
cette société bourgeoise pourrie et de cette république de la faim, une
Allemagne soviétique socialiste, libre.
[Citation dans l'original ►.]
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Résolution du groupe à
l'assemblée nationale du SPD, 18 octobre 1930 (extraits) [65]
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•
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[...] Les décrets d'urgence édictés par le gouvernement
Brüning après la dissolution du Reichstag ne contiennent pas seulement
quelques dégradation en matière de politique sociale [...] il contient
également des majorations d'impôts pour les revenus au-dessus de
8000 Mark et en outre le budget complet pour l'année comptable en
cours. L'annulation immédiate et sans réserve des décrets d'urgence aurait
donc pour conséquence l'effondrement de l'ensemble des finances publiques.
[...] Le groupe social-démocrate au Reichstag agit donc dans l'intérêt de
la classe ouvrière, quand il refuse l'annulation immédiate des décrets
d'urgence et donnait son accord à charger une commission de la question.
Dans celle-ci, il mènera la lutte pour l'élimination des dispositions hostiles
aux travailleurs contenues dans les décrets d'urgence [...] La
social-démocratie [....], maintenant aussi, se place dans opposition la
plus résolue contre ce gouvernement. Néanmoins elle n'a pas introduit de
motion de censure contre ce cabinet, elle a aussi refusé les motions de
censure introduites par les national-socialistes,
communistes et d'autres groupes de partis. [...] Cette position tactique du
groupe social-démocrate au Reichstag ne signifie rien d'autre que le fait
qu'il déterminera lui-même le moment auquel il passera à l'attaque contre
le cabinet Brüning. Une telle tactique va de soi dans des pays avec une
constitution parlementaire-démocratique solide.
[Citation dans l'original ►.]
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La RGO constitue le “Einheitsverband der
Metallarbeiter Deutschlands” (“Fédération unitaire des travailleurs
de la métallurgie d'Allemagne”)[66].
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•
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A. Grzesinski (SPD) est nommé
préfet de police de Berlin, en remplacement de K. Zörgiebel (SPD)[67].
Il occupera ce poste jusqu'au 20 juillet 1932[68].
Parallèlement, le ministre de l'intérieur de Prusse H. Waentig
sera remplacé par C. Severing.
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•
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Le préfet de police de Berlin A. Grzesinski
interdit de parution l'organe du KPD, Rote Fahne[69].
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La RGO tient son 2e congrès national[70].
Il est décidé de transformer la RGO en une organisation indépendante
réunissant aussi bien des membres des syndicats que des travailleurs en
dehors des syndicats existants. L'importance de la poursuite de l'activité
au sein des syndicats libres est réaffirmée.
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Est édicté le décret du président pour la consolidation de
l'économie et des finances [zur Sicherung von Wirtschaft und
Finanzen].
Cf. le texte du décret ►.
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Le KPD, le NSDAP et le DNVP soumettent
séparément à l'assemblée nationale des motions demandant l'abrogation du
décret du 1er décembre[71].
Les motions sont rejetées, par 292 voix ‑ SPD, Zentrum, DVP, CSVD, KVP, BVP, DStP, Volksnationale
Reichsvereinigung (VR), Deutsche Bauernpartei
(DBP) ‑, contre 254 ‑ KPD, NSDAP,
DNVP, WP, Deutsches Landvolk.
Le KPD, le DNVP, le WP soumettent séparément des motions de
censure contre le gouvernement. Elles sont rejetées par 291 voix ‑ SPD,
Zentrum, DVP, CSVD, KVP, BVP, DStP, VR, DBP ‑,
contre 255 ‑ NSDAP, KPD, DNVP, WP, Deutsches Landvolk.
Le NSDAP suit une tactique particulière
en soumettant une motion de confiance au gouvernement, mais le Zentrum soumet une motion demandant que la motion du NSDAP soit déclarée irrecevable, et cette dernière motion
est effectivement adoptée par 298 voix ‑ SPD, Zentrum, DVP, CSVD, KVP, BVP, DStPt, VR, DBP ‑,
contre 233 ‑ NSDAP, KPD, DNVP, Deutsches Landvolk.
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Au cours d'une réunion de représentants syndicaux de l'ADGB tenue les 14‑15 décembre à Berlin, la
plupart des participants expriment un avis négatif concernant l'issue du
conflit de la métallurgie à Berlin (cf. ci-dessous).
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Fritz Tarnow (membre de la
direction de l'ADGB) à la session de représentants de
l'ADGB, 14-15 décembre 1930 (extraits)[72]
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Dans une situation où les entrepreneurs sont sans aucun
doute plus forts que nous, la trêve ne peut vraiment pas nous nuire. Dans
les négociations, les entrepreneurs se sont montrés prêts à des concessions
supplémentaires. Dans leurs cercles est en vigueur comme leitmotiv le
slogan "En finir avec les accords conventionnels et la conciliation
obligatoire". Cependant, dans l'accord se trouve le contraire. Ils
veulent abaisser de façon générale les couts salariaux par la réduction des
salaires conventionnels, dans l'accord ils admettent la diminution du temps
de travail que nous souhaitons.
[Citation dans l'original ►.]
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Le gouvernement se réunit pour discuter de la question si le
NSDAP doit être considéré comme légal ou illégal[73].
Le 15 octobre le ministre de la défense W. Groener
avait sollicité le ministre de l'intérieur J. Wirth
à ce sujet. Il avait rappelé des prises de positions antérieures: en aout
1927, le ministre de la défense de l'époque, Otto Geßler
(sans parti), avait jugé que le NSDAP devait être
considéré comme illégal (le 19 janvier 1928, Groener
prit sa succession au sein du même gouvernement); en mai 1928 le ministre
de l'intérieur de l'époque Walter von Keudell (DNVP)
avait défendu vis-à-vis du ministère de la défense que le NSDAP
ne devait pas être considéré comme anticonstitutionnel; puis en juillet
1928 le ministre de l'intérieur de l'époque C. Severing
avait fait savoir au ministère de la défense qu'il ne partageait pas l'avis
de son prédécesseur.
Le 21 octobre J. Wirth avait
répondu à W. Groener en exprimant l'avis que le NSDAP reste déterminé à imposer ses objectifs par la
violence, dès qu'il se rendra compte que même avec 107 députés ils ne
peuvent être atteints par la voie légale.
Le 10 novembre W. Groener
s'était adressé au chancelier H. Brüning pour demander que le
gouvernement prenne clairement position au sujet de la question. Il indique
qu'il a des réserves vis-à-vis de l'opinion de J. Wirth
et formule un certain nombre d'arguments pour appuyer sa position: que le
chancelier lui-même ne mène pas de négociations officielles avec les
communistes, mais bien avec les national-socialistes,
entre autres A. Hitler; que Hitler a fait sortir de son parti le
groupe le plus radical, autour d'O. Strasser; que
le NSDAP est favorable à l'esprit de défense
militaire, ce qui n'est pas un signe d'hostilité à l'encontre de l'état,
mais au contraire louable. En outre Groener soulève le
problème posé par un procès intenté au ministère de la défense par un
employé des chantiers navals de la marine à Wilhelmshaven, qui avait été
licencié au motif de son appartenance au NSDAP. (Cf.
plus loin.) (Pour les antécédents, cf. 16 juillet 1929 et
19 novembre 1929.)
Au cours des débats qui se déroulent le 19 décembre au
sein du gouvernement, J. Wirth formule la
position suivante: jusqu'au 25 septembre le NSDAP
doit être considéré comme parti révolutionnaire, mais ensuite les prises de
position révolutionnaires sont passées à l'arrière-plan; actuellement deux
courants rivalisent au sein du NSDAP, un radical et un
autre plus légaliste. Il recommande de repousser une prise de position
définitive au nom du gouvernement jusqu'à ce que la Haute Cour
constitutionnelle [Staatsgerichtshof] ait tranché le
litige en cours au sujet des subventions à la police de Thüringen. (Cf.
plus loin.) Dans le même sens le secrétaire d'état Curt Joël
(sans parti) signale que depuis 1929 une procédure pour l'accusation de
préparation de haute trahison est en cours au parquet [Reichsanwaltschaft]
contre Joseph Goebbels, et que dans ce cadre la question de la légalité ou
illégalité du NSDAP devra se trouver tranchée. (Cf.
plus loin.)
Kurt von Schleicher (sans parti), qui
dirige l'office ministériel de la Reichswehr, insiste
sur l'importance de la question de la protection des frontières [Grenzschutz], sachant que justement dans les régions
frontalières il y a un grand nombre de national-socialistes.
Selon lui, il sera nécessaire de recruter des national-socialistes
à titre individuel, tout en s'abstenant d'admettre des formations en tant
que telles.
H. Brüning exprime l'avis que pour l'instant le
gouvernement ne peut pas prendre définitivement position au sujet de la
légalité ou illégalité du NSDAP. Il suggère d'une
part, en ce qui concerne les employés des entreprises rattachées à l'armée,
de ne plus prendre en considération leur appartenance à tel ou tel parti,
et d'autre part qu'en matière de recrutement pour l'armée, la position
actuelle ‑ selon laquelle l'appartenance au NSDAP
peut interférer négativement avec rôle incombant à l'armée ‑
soit poursuivie. Concernant la protection des frontières, il voit les
choses de la même façon que K. v. Schleicher. Suite aux
déclarations de Brüning, les membres présents du gouvernement ne soulèvent
pas d'objections.
Le 2 janvier 1931, le ministère de la défense ordonnera
effectivement qu'en attendant la décision définitive sur la question si le NSDAP est légal ou illégal, de ne plus licencier des national-socialistes des entreprises rattachées à la
Wehrmacht.
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Considérations concernant la
dangerosité du "bolchévisme"
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Au cours d'une réunion du gouvernement tenue le
30 octobre, le chancelier H. Brüning met en garde contre
l'attitude consistant à considérer que les national-socialistes
seraient dangereux pour l'état au même titre que les communistes[74].
Parallèlement, dans les sphères dirigeantes, se poursuivent les mises en
garde contre le "bolchévisme", ceci sous une forme détournée de
façon à garder en même temps les social-démocrates
sous pression[75].
En automne 1929 avait été organisée à Breslau une exposition
sur le thème "Guerre et paix" ["Krieg und
Frieden"] et le président de la province Basse-Silésie, Hermann Lüdemann (SPD) avait présenté un discours à
l'occasion de l'ouverture. Le ministre de la défense Wilhelm
Groener avait élevé des protestations à ce sujet, et avait
notamment, le 19 mai 1930, adressé à Brüning une lettre à ce sujet,
dont voici des extraits[76]:
Selon ma conviction l'attitude du président Lüdemann et l'approbation de cette attitude par ministre
dont il dépend, signifient un encouragement du travail de sape bolchévique
par des service haut placés du gouvernement prussien. [...] Je considère
comme d'autant plus nécessaire que le Reich se procure des protections de
sorte que dans l'avenir ne soit plus effectuée par des services officiels
de la propagande en faveur de la destruction des fondements de notre état
et de notre peuple.
[Citation dans l'original ►.]
Au cours d'une réunion des commandants des groupes et des
districts militaires [Gruppen- und Wehrkreisbefehlshaber]
au ministère de la défense, le 25 octobre 1930, le major général K. v. Schleicher analyse les caractéristiques du NSDAP[77].
Voici quelques extraits de son exposé[78]:
Il considère comme important et positif
la vague d'indignation, déclenchée par le mouvement
national-socialiste, contre bolchévisme, haute trahison, racaille etc. En
cela l'agitation national-socialiste provoque sans aucun doute un choc
extraordinaire, et il est tout à fait possible que cette vague peut être
utilisée par le gouvernement pour faire avancer maintenant beaucoup de lois
qui jusqu'ici étaient restées bloquées. (Contre haute trahison, diffamation
de l'état, enlaidissement dans le domaine du théâtre et du cinéma,
perversion de la jeunesse et des écoles.)
Mais en même temps il affirme qu'il y a des points de
contact entre national-socialistes et communistes.
Parmi les composantes de l'électorat du NSDAP, il
énumère la suivante:
La partie qui quant au fond de son coeur
fait partie des communistes. Ce n'est certes pas la plus nombreuse, mais
bien la plus active et donc la plus dangereuse partie des électeurs.
Sur le plan du programme, il met en garde contre
l'orientation de la partie concernant le domaine social:
Pour ce qui est de la partie sociale du programme, un
quelconque optimise est tout à fait déplacé. Il faut tout à fait s'opposer
à l'opinion au sujet des revendications socialistes de nazi qu'ils "ne
les pensent pas sérieusement". Ils sont tout de même à prendre au
sérieux et leur fond n'est guère autre chose que du "communisme
pur". (Égalisation des salaires, confiscation de toutes les bénéfices
depuis 1914, nationalisation des banques etc.) Il n'y a pas de doute que
Moscou s'est déjà rendu compte depuis longtemps de la parenté d'esprit des
nazis avec soi-même et la soutient amplement.
En ce qui concerne l'armée, il souligne également le danger
émanant d'une éventuelle concordance entre l'activité respective des national-socialistes et des communistes:
Que Moscou tente maintenant de poursuivre par
l'intermédiaire du national-socialisme la décomposition de la Wehrmacht
qu'il n'a pas réussie jusqu'ici par la voie passant par le communisme, est
un fait.
Cependant, il voit chez les national-socialistes
une évolution positive:
Quand Hitler déclare au procès d'Ulm: "Nous voulons
que le Wehrmacht reste intact", alors c'est nouveau.
[Citations dans l'original ►.]
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Procès intenté au ministère de
la défense par un employé des chantiers navals de la marine
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Concernant le procès intenté au ministère de la défense par
un employé des chantiers navals de la marine à Wilhelmshaven
licencié au motif de son appartenance au NSDAP (cf.
ci-dessus), le jugement annoncé le 11 décembre donne raison au
plaignant, en affirmant que les déclarations faites par A. Hitler à la
Cour suprême à Leipzig le 25 septembre (cf. à cette date) attestent
que le NSDAP ne projette pas de mouvement subversif
violent[79].
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Procédures pour haute trahison
contre A. Hitler et J. Goebbels
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En 1929 le parquet [Reichsanwaltschaft]
avait entamé des procédures pour haute trahison contre A. Hitler et
J. Goebbels[80].
En 1931 il sera mis fin aux investigations contre Hitler; Goebbels sera
inculpé le 6 avril 1932 mais il n'y aura pas d'audience.
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Procès entre Thüringen et le
Reich au sujet des subventions destinées à la police régionale
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Pour les antécédents du procès entre Thüringen et le
Reich au sujet des subventions destinées à la police régionale, cf. aux
dates de 18 mars et 6 juin. Le procès sera clos le
22 décembre par un arrangement selon lequel le Reich lève le blocage
des versements et le Land retire sa plainte tout en reconnaissant la
nécessité d'assurer le caractère apolitique de la police de protection [Schutzpolizei] ainsi que des fonctionnaires en service[81].
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Le ministre de la défense Wilhelm Groener, 28 décembre 1930 (extraits)[82]
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Avec le chancelier la façon de travailler est excellente
[...] J'ai conclu avec lui un pacte solide, et tant que le président du
Reich va avec nous, nous viendrons à bout du parlement d'une manière ou
d'une autre [...] Sa conduite au parlement face aux radoteurs est tout
simplement un régal esthétique.
[Citation dans l'original ►.]
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