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Est édicté le décret contre le terrorisme politique [gegen politischen Terror].
Cf. le texte du décret ►.
Il aggrave le droit pénal, en étendant notamment la peine de
mort à ceux qui commettent un meurtre "en tant qu'agresseur pour des
motifs politiques" ["als Angreifer aus politischen
Beweggründen"].
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À Potempa (Haute-Silésie,
aujourd'hui Potępa en Pologne), six membres de la
SA assassinent un ouvrier sympathisant du KPD[1].
Le 22 aout un tribunal d'exception établi à Beuthen
condamnera à la peine de mort cinq des six assassins, mais le
22 septembre leur peine sera commuée en prison à vie. En mars 1933 ils
seront libérés. Le 23 aout 1932, Adolf Hitler adresse aux condamnés un
télégramme dans lequel il écrit[2]:
Mes camarades! Face à ce jugement de sang monstrueux je
me sens lié à vous en fidélité sans limites. Dès cet instant votre liberté
est une question de notre honneur. La lutte contre un gouvernement sous
lequel cela était possible, notre devoir.
[Citation dans l'original ►.]
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Des négociations avaient eu lieu le 4 aout entre le
chancelier Franz von Papen et A. Hitler, en vue
de la constitution d'un gouvernement en alliance avec le NSDAP[3].
Hitler pose les conditions suivantes: lui-même chancelier et premier
ministre de Prusse; pour le NSDAP en outre les
ministères de l'Intérieur du Reich et de Prusse, ainsi que d'autres
ministères importants. Il refuse la proposition d'entrer comme vice-chancelier
dans un gouvernement dirigé par Papen.
Le 13 aout A. Hitler et F. v. Papen sont
reçus par le président Paul von Hindenburg[4].
Hindenburg propose à Hitler une participation de lui-même et d'autres
représentants du NSDAP au sein du gouvernement Papen.
Hitler lui fait savoir son refus d'un tel compromis.
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En Thüringen est constitué un gouvernement avec Friedrich Sauckel (NSDAP) comme premier
ministre. Celui-ci occupe également le poste de ministre de l'Intérieur. Otto Weber (NSDAP) est ministre de la
Justice, Friedrich Wächtler (NSDAP)
ministre de l'éducation populaire, Willy Marschler (NSDAP) ministre des finances et de l'économie. Ce
gouvernement restera en place jusqu'au 8 mai 1933.
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Le préfet de police de Berlin Kurt Melcher
interdit de parution l'organe du KPD, Rote Fahne,
du 25 aout au 2 septembre[5].
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La nouvelle assemblée nationale issue des élections du
31 juillet se réunit pour sa session constitutive. Clara Zetkin (KPD)
en tant que député la plus âgée dirige d'abord le déroulement, puis Hermann
Göring (NSDAP) est élu président[6].
À l'issu des débats Göring propose que la date et l'ordre du jour de la
session suivante soient fixés ultérieurement par le président[7].
La proposition est adoptée, et la séance close.
Cf. le discours de C. Zetkin ►.
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Est édicté le décret pour la relance de l'économie [zur Belebung der Wirtschaft].
Cf. le texte du décret ►.
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Est édicté le décret pour l'augmentation et la préservation
des opportunités d'emploi [zur Vermehrung und Erhaltung der Arbeitsgelegenheit].
Cf. le texte du décret ►.
Il prévoit notamment la possibilité de déroger aux grilles
de salaire fixées par les accords collectifs.
Des décrets d'application et de complément de ce décret
seront édictés les 14 et 21 septembre. et le 3 octobre.
Cf. le texte des décrets ► ► ►.
Le décret du 3 octobre implique l'interdiction des
grèves: "Des grèves entreprises par une des parties conventionnelles
ou un de ses membres contre la mise en oeuvre du
décret, sont considérés comme violation de la convention collective. ["Kampfmaßnahmen einer Tarifpartei gegen die Durchführung der
Verordnung durch eine andere Tarifpartei oder eines ihrer Mitglieder gelten
als Verletzung des Tarifvertrags."]
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Le préfet de police de Berlin K. Melcher
interdit de parution l'organe du KPD, Rote Fahne,
du 8 septembre au 1er octobre, puis de nouveau du 2 au
16 octobre[8].
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À l'assemblée nationale, le KPD soumet une motion de censure
contre le gouvernement, ainsi qu'une motion en vue de l'abrogation des
décrets des 4 et 5 septembre[9].
L'ensemble des motions est soumis au vote conjointement. Elles sont
approuvées par 512 voix contre 42. Le chancelier
F. v. Papen tente de présenter en séance un décret de dissolution
de l'assemblée nationale signé d'avance par le président
P. v. Hindenburg, mais le président de l'assemblée nationale
H. Göring l'ignore. Finalement, la dissolution est décrétée
effectivement et la date des élections sera fixée au 6 novembre.
Cf. le texte du décret ►.
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Discours à la radio, du
chancelier Franz von Papen, 12 septembre 1932
(extraits)[10]
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[...]
Outre la reconstruction de l'économie la tâche principale
du gouvernement du Reich sera la transformation de la vie d'état. Il s'agit
aujourd'hui de se rendre compte clairement que nous nous trouvons au
tournant spirituel d'une époque, au tournant spirituel du siècle libéral,
et il s'agit de comprendre aussi clairement que c'est le devoir suprême de
politique d'état d'appeler la nation à en tirer les conséquences qui en
découlent pour la reformation de notre vie d'état. Comme dernier des états
européens l'Allemagne, après l'effondrement de l'année 1918 à édifié sa vie
d'état sur les doctrines d'une démocratie purement formelle. 14 ans
ont passé depuis par le pays et nous ont montré que l'édifice d'urgence de
Weimar comporte des défauts de construction, qui constituent des menaces
vitales pour la structure étatique du Reich et des Länder dans des points
décisifs. [...]
La sortie de la décomposition actuelle de notre vie
d'état et le passage à une situation saine porteuse d'avenir, ne peuvent
nous être apportés que par l'établissement d'une conduction nationale de
l'état véritablement impartiale, une conduction de l'état qui s'élève
au-dessus de tout règne de partis comme havre intouchable de la justice,
qui soit appuyée sur la puissance et l'autorité du président du Reich élu
par le peuple. [...]
Des méthodes moscovites n'ont pas de place en Allemagne.
Une nation qui se trouve engagée dans la lutte pour son existence, doit
retrouver la voie vers la loi de la raison politique, qui ne peut voir sa
base que dans le propre bienêtre national; et si les messieurs du NSDAP pensent devoir ressortir les accessoires déjà quelque
peu poussiéreux de la lutte de classes socialiste d'années du passé, [...]
si, en somme, ils pensent devoir retourner au méthodes de la lutte de classe
qu'ils abhorrent pourtant, alors je crains qu'ils vivront une déception
amère puisque dans cette méthode de lutte le marxisme de toute tendance
leur est largement supérieur. Mais ce faisant ‑ et c'est là
l'essentiel ‑ ils fausseront leur objectif et le briseront, leur
objectif d'unir la nation pour la nation, sur une base nationale. Ils se
placeront eux-mêmes en contradiction avec la grande réalisation de leur
passé, au cours duquel ils ont fait regagner l'honneur aux idées
nationales au sein du peuple allemand. L'état doit être conscient des
fondements spirituels et religieux sur lesquels il repose. La neutralité
culturelle est une aberration pour lui. Toute l'autorité de l'état et toute
fonction officielle a son origine en Dieu, même si le porteur de la
fonction est choisi par le peuple. [...] Ce n'est pas aux partis, mais à la
famille et aux communautés religieuses que la constitution confère le droit
à l'éducation. Non pas des conceptions du monde privées mais les vérités
éternelles de la foi chrétienne doivent être les fondements pour
l'éducation de la nation. [...]
En cela le gouvernement du Reich se considère comme
l'exécuteur d'une volonté nationale, qui peut-être n'a pas encore trouvé
ses retombées auprès de quelques partis, mais qui correspond à la volonté
véritable et authentique du peuple. Le gouvernement du Reich pense qu'il
violerait son devoir envers la nation, si elle reculerait devant son
travail, pour céder la place à une quelconque combinaison de politique de
partis, dont la durée est aussi incertaine que la coïncidence de leurs
intentions et la faisabilité de leurs plans. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
À Bremerhaven/Wesermünde (Bremen) se déroule une grève des
machinistes, chauffeurs de chaudière et marins [Maschinisten,
Heizer und Matrosen] dans toutes les sociétés maritimes [Reedereien][11].
Les grèves se terminent au cours du mois de novembre. En même temps a lieu
une grève des travailleurs de la pèche; elle se termine le 4 novembre.
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Intervention de Theodor
Leipart à l'école fédérale de l'ADGB,
14 octobre 1932 (extraits)[12]
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[...] Ne méconnaissons pas les répercussions qu'auront
les succès de la réaction parmi la masse des travailleurs. Une nouvelle
rupture s'opère vis-à-vis de l'état et de l'économie, qui est d'autant plus
dangereuse que la déception à l'égard des années passées a secoué
profondément les masses et de multiples façons ne laisse pas surgir un
espoir nouveau. La foi en la justice, en un ordre humain tout court, s'est
mise à vaciller. La confiance se perd toujours plus. Par là s'établit une
inclinaison à la critique destructrice, à un état désemparé et à
l'extrémisme. [...] En tant que syndicats nous dépassons aussi le terrain
des partis. Nous menons notre lutte sociale conformément à la constitution
avec des partis politiques. Nous la menons surtout avec le Parti social-démocrate,
qui jusqu'ici s'est efforcé le plus de réaliser nos idées par la voie
législative. Cependant nos efforts vont au-delà de cette détermination par
des liens avec des partis. Nous sommes trop orientés vers le tout pour
porter des chaines de parti.
[Citation dans l'original ►.]
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Discours d'Adolf Hitler,
17 octobre 1932[13]
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•
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Ce à quoi j'aspire est le pouvoir, pas un titre. Je n'ai
pas besoin d'émoluments venant de l'état. Je renonce par avance pour
toujours à toute rémunération par l'état. Je ne veux que le pouvoir. Une
fois que nous aurons le pouvoir, nous le garderons, avec l'aide de Dieu.
Nous ne nous le laisserons plus ôter. Un gouvernement fort doit être
enraciné parmi les millions de concitoyens. Je m'unirai avec quiconque, si
seulement je sais que je détiens la direction. Dans cette Allemagne
personne ne peut nous barrer la route. Les forces qui alors seront
inhérentes à notre peuple, seront suffisamment puissantes pour que nous
nous imposions partout.
[Citation dans l'original ►.]
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•
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Les comités confédéraux [Bundesausschüsse]
de l'ADGB et de l'AfA-Bund publient une déclaration
demandant l'abrogation des décrets des 5 septembre et 3 octobre[14].
La critique des mesures gouvernementales repose notamment sur l'argument ‑ formulé
par exemple le 9 septembre par le président de l'ADGB Theodor Leipart ‑ que la
baisse des salaires contrarie le "redémarrage de l'économie" ["Ankurbelung der Wirtschaft"].
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•
|
La Haute cour constitutionnelle [Staatsgerichtshof]
rend son jugement au sujet du gouvernement de Prusse[15].
Il confirme d'une part la légitimité formelle du gouvernement de Prusse
dans ses rapports avec les institutions. Cependant les ministres, tout en
restant en fonction, n'ont pas de facultés propres; le droit attribué au
commissaire du Reich F. v. Papen et aux administrateurs qu'il
nomme, de mettre en oeuvre les mesures qu'ils jugent
nécessaires pour le maintien de l'ordre et de la sécurité, est maintenu. Le
lendemain le gouvernement présidé par O. Braun reprend ses sessions.
Cf. le texte du jugement ►.
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|
Entretien du président Paul von Hindenburg avec le chancelier Franz
von Papen et le premier ministre de Prusse Otto Braun
(SPD), 29 octobre 1932 (extraits)[16]
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•
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Le premier ministre Braun: [...] Nous nous plaçons sur
le terrain du jugement et reconnaissons celui-ci comme déterminant. Le
cabinet prussien est aussi convaincu que vous, monsieur le président du
Reich, en tant que gardien de la constitution, veillerez à une
interprétation et exécution loyales de ce jugement. De ce jugement
découlent en pratique une série de difficultés. Mais en un point le
jugement est clair, à savoir en ce que la destitution des ministres
prussiens de leur postes était contraire à la constitution et ne devait
pas avoir lieu; de même la Haute Cour de justice a rejeté la reproche que
le gouvernement prussien ait violé son devoir envers le Reich. [...] Ma
demande est donc que les instructions du Reich restent limitées à des
mesures telles qu'elles sont nécessaires pour le maintien de la sécurité
public. Ma proposition va dans le sens que le gouvernement conformément au
jugement de la Haute Cour de justice soit rétabli dans ses droits et que
soient menées promptement des négociations entre gouvernements du Reich et
de l'état sur la réunion de l'administration dans le Reich et en Prusse.
Les méthodes de lutte qui de nouveau peuvent nous conduire devant la Haute
Cour de justice doivent cesser, en particulier doit être mis un terme aux
modifications des affectations du personnel.
[Citation dans l'original ►.]
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Lettre d'Otto Braun
(SPD) à Arnold Brecht, 29 aout 1932[17]:
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•
|
[...] Au début de cette année, si je ne me trompe pas,
dans un entretien avec Brüning, j'ai déclaré à celui-ci de façon tout à
fait confidentielle que, quel que soit le résultat des élections au
Landtag, je ne resterai en aucun cas en poste, pour des raisons de santé et
autres. Par conséquent je préfèrerais démission dès maintenant et proposer
à la coalition de Weimar au Landtag de l'élire lui, Brüning, comme premier
ministre prussien. Par là sa position comme chancelier, attaquée par des
intrigants de toute sorte, serait consolidée, et puisque les élections ne
donnerait sans doute pas de majorité pour la coalition de Weimar et que
donc il faudrait compter pendant quelque temps avec un cabinet gérant les
affaires courantes, il pourrait en tant que chancelier et premier ministre
accomplir des choses plus fructueuses que moi, qui de toute façon suis
complètement éreinté. Or, avant tout serait favorisée énormément par cette
façon de procéder, l'idée qui me tient particulièrement à coeur,
l'union Prusse-Reich. Après réflexion, Brüning m'a informé dans un
entretien ultérieur, qu'il doit décliner cela eu égard au président du
Reich qui sans doute ne l'approuverait pas. Les lignes ci-dessus, que j'ai
mis sur papier ici pour la première fois, vous montre comment je me situe
par rapport à l'idée concernant le Reich et la Prusse sous une direction
unique; cela vous expliquera également pourquoi je ne m'investis pas dans
le litige juridique contre le Reich avec la verve qui vous parait peut-être
souhaitable, à vous et Badt qui représentez da façon
méritoire et dévouée. J'ai des réticences intérieures, qui résultent du
fait que la situation telle qu'elle a été créée maintenant, correspond à
mon idée de base, bien que toutefois elle n'ait pas mon approbation, vu la
façon dont elle s'est établie et encore moins en ce qu'elle constitue une
caricature. Je ne m'opposerais donc pas à des négociations de conciliation
avec pour objectif une réunion raisonnable des pouvoirs gouvernementaux
Reich-Prusse, d'autant plus que l'issue du litige juridique, après que le
Reich a effectué dans la question juridique principale un retrait partiel,
sera, il est vrai, peu satisfaisante. Toutefois une condition pour aboutir
à une conciliation qui devrait amener la réunion des pouvoirs gouvernementaux
en Prusse et dans le Reich sous une forme raisonnable, serait que soit ôtée
du gouvernement prussien la tache honteuse découlant de l'allégation
qu'elle aurait violé son devoir envers le Reich, et n'aurait pas assuré en
Prusse le calme et l'ordre.
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
Sont édictés deux décrets pour la consolidation de la paix
intérieure [zur Sicherung des inneren Friedens]. Ils
sont initialement limités à l'échéance du 19 novembre, puis par un
décret du 18 novembre prolongés jusqu'au 2 janvier 1933.
Cf. le texte des décrets ► ► ►.
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|
•
|
Le 30 septembre les conventions collectives concernant
la Berliner Verkehrsgesellschaft (BVG) (Société
berlinoise des transports publics) étaient venues à échéance[18].
La direction annonce une baisse des salaires, la cinquième depuis le début
de la crise économique mondiale; elle résulte en une baisse de 50 %
des salaires depuis 1929. Le syndicat du secteur, le Gesamtverband
der Arbeitnehmer der öffentlichen Betriebe und des Personen- und
Warenverkehrs, procède à une consultation de la base en vue de la
déclaration d'une grève, qui n'obtient pas le résultat nécessaire
de 75 %. Néanmoins, le 3 novembre, la grève éclate en dehors
du syndicat. Une direction de grève d'environ cinquante membres est
constituée avec la participation de grévistes non syndiqués, de membres du
KPD/RGO, du SPD et du NSDAP/NSBO. La paralysie des
transports publics urbains est quasi totale, avec 22 000 grévistes.
D'environ 3000 wagons de tramway, seul 271 circulent le
3 novembre. La BVG tente de maintenir un service partiel par un
recours au secours technique [Technische Nothilfe],
mais elle y renonce en constatant que la police ne peut pas garantir la
sécurité de ce personnel. Des affrontements se produisent avec la police,
il y a plusieurs morts parmi les grévistes. Confronté aux protestations
venant des milieux bourgeois, le NSDAP se retire de la
direction de grève. La direction du Gesamtverband
critique également l'action. La direction de la BVG procède à environ
1000 licenciements. Le 8 novembre le comité de grève décide de
mettre fin à la grève, qui a échoué à éviter la diminution des salaires. Au
total, 2500 travailleurs et employés seront licenciés en rapport avec
la grève.
|
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•
|
Le préfet de police de Berlin K. Melcher
interdit de parution l'organe du KPD, Rote Fahne,
du 4 au 12 novembre[19].
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•
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Se tiennent des élections au Reichstag.
NSDAP
|
196
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DNVP
|
51
|
DVP
|
11
|
Zentrum
|
70
|
SPD
|
121
|
KPD
|
100
|
Bayrische Volkspartei
|
20
|
...
|
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Total
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584
|
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À Lübeck, aux élections de l'assemblée locale [Bürgerschaft], le NSDAP obtient
27 sièges sur un total de 80, le SPD 29, le KPD 9.
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•
|
À l'issue des élections à l'assemblée nationale, le
gouvernement de F. v. Papen avait refusé l'idée de démissionner
et il maintient ses objectifs d'obtenir une modification de la constitution[20].
Mais à l'exception du DNVP, aucun des principaux partis n'est susceptible
de cautionner cette perspective. Papen et le ministre de l'intérieur Wilhelm von Gayl projettent de dissoudre une fois de plus
l'assemblée nationale sans pour autant procéder à des élections pour le
renouveler, tout en réprimant militairement les résistances éventuelles. Or
le général Kurt von Schleicher doute de la capacité de
l'armée de mener une guerre civile contre les communistes et les national-socialistes. Dans ces conditions, le gouvernement
de Papen se voit contraint à démissionner, le 17 novembre. Il reste en
place pour expédier les affaires courantes jusqu'à la formation d'un
nouveau gouvernement.
|
|
•
|
Sur initiative de Wilhelm Keppler et
par l'intermédiaire de Kurt von Schröder, des
représentants de la grande industrie, des banques et de la grande propriété
terrienne font parvenir au président P. v. Hindenburg une adresse
en faveur de la désignation d'A. Hitler comme chancelier[21].
Parmi les 23 signataires figurent notamment:
Engelbert
Beckmann, président de la Rheinische Landesbank
Fritz
Beindorff, propriétaire de la Fa. Günther Wagner (dont les produits
sont commercialisés sous la marque Pelikan)
Kurt von
Eichhorn, banquier
Ewald
Hecker, président du conseil de surveillance de la Ilseder
Hütte AG
Emil
Helfferich, président du conseil de surveillance de la Hamburg-Amerikanische Paketfahrt AG (Hapag)
Eberhard
von Kalckreuth, président de la Ligue rurale nationale (Reichslandbund)
Carl
Vincent Krogmann, copropriétaire de la Fa. Wachsmuth & Krogmann
à Hambourg (compagnie maritime)
Bruno
Lindner, propriétaire de la Kammgarnspinnerei BG
Lindner à Crimmitschau en Saxe
Erich
Lübbert, président du conseil d'administration de l'AG für Verkehrswesen
(filiale de la Lenz & Compagnie GmbH
qui est elle-même filiale de la Berliner Handelsgesellschaft ‑ BHG ‑;
c'est une société construisant et exploitant des lignes de chemin de fer,
en Allemagne et aussi en Afrique, et active également dans le secteur du
bâtiment), conseiller économique de l'organisation Casque d'acier (Stahlhelm)
Erwin
Merck, copropriétaire de la Fa. Merck à
Hambourg (capital commercial)
Friedrich
Reinhart, membre du conseil d'administration de la Commerz-
und Privatbank AG
August
Rosterg, directeur général de la Wintershall AG
Hjalmar
Schacht, ex-président de la Banque nationale [Reichsbank]
Kurt von
Schröder, cosociétaire de la banque J. H. Stein
Fritz
Thyssen, président du conseil de surveillance de la Vereinigte
Stahlwerke AG (VStAG)
Rudolf
Ventzki, président du conseil d'administration de la Maschinenfabrik
Ventzki à Eislingen en Württemberg
Franz
Heinrich Witthoefft, copropriétaire de la Fa Arnold Otto Meyer
à Hambourg (commerce maritime)
Kurt Woermann,
copropriétaire de la Fa C. Woermann à
Hambourg (compagnie maritime disposant de comptoirs en Afrique)
Pour E. Hecker, W. Keppler,
F. Reinhart, A. Rosterg,
H. Schacht, K. v. Schröder,
cf. la constitution du Kepplerkreis, dont font partie
également C. V. Krogmann et F. H. Witthoefft.
22 autres personnalités avaient été contactées par
K. v. Schroeder, mais n'ont pas signé. Parmi eux on peut
mentionner:
Robert
Bosch, président du conseil de surveillance de la Robert
Bosch AG
Wilhelm Cuno,
président du conseil d'administration de la Hamburg-Amerikanische
Paketfahrt AG (Hapag)
Karl
Haniel, président du conseil de surveillance Gutehoffnungshütte
(GHH)
Louis Kiep,
membre du conseil d'administration de la Hamburg-Amerikanische
Paketfahrt AG (Hapag)
Gustav
Krupp, président du conseil de surveillance de la Fried. Krupp AG
Paul
Reusch, président du comité directeur de la Gutehoffnungshütte
(GHH)
Siemens,
président du conseil de surveillance des deux sociétés-mère Siemens
& Halske et Siemens-Schuckertwerke.
Paul
Silverberg, président du conseil de surveillance de la Rheinische Braunkohlen‑AG
Friedrich
Springorum jr., président du conseil d'administration de la Eisen- und Stahlwerke Hoesch AG
Albert
Vögler, président du conseil d'administration de la Vereinigte
Stahlwerke AG
|
|
Adresse de représentants de la
grande industrie, des banques et de la grande propriété terrienne au
président Paul von Hindenburg, 19 novembre 1932[22]
|
•
|
Respectable excellence, très honoré monsieur le président
du Reich!
Au même titre que votre excellence, pénétrés d'amour
ardente envers le peuple et la patrie allemands, les soussignés ont salué
avec espoir le changement fondamental que votre excellence a amorcé dans la
conduite des affaires de l'état. Avec votre excellence nous approuvons la
nécessité d'un gouvernement parlementaire indépendant du système
parlementaire des partis, telle qu'elle trouve son expression dans l'idée
d'un cabinet présidentiel formulé par votre excellence.
L'issue de l'élection au Reichstag du 6 novembre
dernier a montré que le cabinet actuel, dont personne au peuple allemand ne
met en doute la volonté sincère, n'a pas trouvé pour la voie qu'il emprunte
un appui suffisant dans le peuple allemand, que cependant l'objectif
désigné par votre excellence jouit d'une pleine majorité dans le peuple
allemand, si l'on fait abstraction ‑ comme il se doit ‑du
parti communiste, niant l'état. [...]
Nous considérons donc comme notre devoir de conscience de
prier votre excellence avec la plus grande déférence que, pour atteindre
l'objectif de votre excellence que nous soutenons tous, soit procédé à la
transformation du cabinet du Reich d'une façon qui apporte derrière le
cabinet la force populaire la plus grande.
Nous professons être libres de toute position étroitement
liée à la position de politique de parti. Nous reconnaissons dans le
mouvement nationale qui traverse notre peuple, le début prometteur d'une
époque qui en surmontant l'opposition de classes créera d'abord la base
indispensable pour une nouvelle ascension de l'économie allemande. Nous
savons que cette ascension demandera encore beaucoup de sacrifices. Nous
croyons que ces sacrifices ne peuvent être faits volontiers que si le
groupe le plus grand du mouvement national se trouve associé au gouvernement.
L'attribution de la responsabilité de direction d'un
cabinet présidentiel pourvu des meilleures forces du point de vue des
compétences pratiques et personnelles, au dirigeant du groupe national le
plus grand éliminera les scories et erreurs qui sont bon gré mal gré
inhérentes à tout mouvement de masse, et entrainera dans une force
approbatrice des millions d'hommes qui aujourd'hui se tiennent sur le côté.
En pleine confiance en la sagesse de votre excellence et
en le sentiment d'union étroite avec le peuple, de votre excellence nous
saluons votre excellence avec la plus grande déférence.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
Cf. ►.
En 1931 il devient président du RDI, poste qu'il occupera
jusqu'en 1934 (l'organisation s'intitulant à partir de juin 1933 Reichstand, RStDI, dont Krupp est le "Führer"). En
1943 il abandonnera la direction de la société, qui est alors transformée
en entreprise unique et léguée à son fils Alfried.
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|
Carl Friedrich
von Siemens
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•
|
Dans un entretien avec A. Hitler,
K. v. Schleicher propose à ce dernier le poste de vice-chancelier
dans un gouvernement dirigé par lui-même[23].
Hitler refuse toute combinaison qui ne lui concède pas le poste de
chancelier. Par ailleurs, Hitler rejette la proposition faite par le
président P. v. Hindenburg, de le désigner comme chancelier à
condition qu'il parvienne à constituer un gouvernement approuvé par
l'assemblée nationale[24].
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|
•
|
Le préfet de police de Berlin K. Melcher
interdit de parution l'organe du KPD, Rote Fahne,
du 26 novembre au 14 décembre[25].
C'est la cinquantième fois que le journal est frappé d'interdiction.
|
|
Rapport confidentiel de Scholz, directeur d'une agence de presse financée par Otto
Wolff (membre du conseil de surveillance de la VStAG) et Friedrich
Flick, au commissaire du Reich en Prusse Franz Bracht,
26 novembre 1932 (extraits)[26]
|
•
|
Confidentiel!
La session du Langnamverein* à
Düsseldorf, qui sans doute à l'origine était prévu dans le cadre du
programme de Papen et pour le soutien [du gouvernement Papen] aboutit à
l'occasion d'une conversation libre au fait surprenant que presque
l'ensemble de l'industrie souhaite que soit fait appel à Hitler, peu
importe quels soient les circonstances. Tandis qu'il y a seulement quelques
semaines, on a acclamé Papen, on est aujourd'hui de l'avis que ce serait
l'erreur la plus grande, si Hitler, fut-ce en énonçant des raisons
sérieuses, n'était pas chargé de la formation du gouvernement. [...]
Il semble qu'en cela il s'agit moins d'un changement
d'opinion en faveur de Hitler que plutôt de l'avis qu'on ne peut plus
contourner un gouvernement Hitler. Or dans ces circonstances il faudrait
accélérer l'entrée au gouvernement de Hitler, même s'il ne ferait pas ses
preuves et son gouvernement, comme le supposent des sceptiques dans
l'industrie, ne durerait que quelques semaines. [...]
[Citation dans l'original ►.]
* Verein zur Wahrung der gemeinsamen
wirtschaftlichen Interessen in Rheinland und Westfalen. La réunion
se tint le 23 novembre.
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•
|
Des dirigeants du SPD ‑ Rudolf
Breitscheid ‑ et de l'ADGB ‑ Theodor Leipart, Wilhelm Eggert ‑ rencontrent le K. v. Schleicher[27].
Leipart, Eggert, ainsi que Peter
Graßmann ‑ également dirigeant de l'ADGB ‑
avaient déjà eu un entretien avec le chancelier F. v. Papen,
Schleicher et le ministre de l'intérieur W. v. Gayl, le 30 juillet.
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|
Protocol d'une réunion de
dirigeants de l'ADGB au sujet de leur entretien avec Kurt von Schleicher, du 28 novembre 1932 (extraits)[28]
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•
|
Dans l'entretien au niveau du bureau le lundi
28 novembre 1932, les collègues Leipart et Eggert rendent compte de leur visite qui vient d'avoir lieu
chez le général v. Schleicher.
Leipart exposa: [...] Schleicher
exposa que pour l'instant il était encore fermement décidé de ne pas
accepter la nomination comme chancelier du Reich. Cependant au cas où il
serait quand même pressé par le président du Reich, il devrait finalement
faire le sacrifice. En vue de ce cas il souhaite nous soumettre deux
questions.
1. Si nous étions en position et pouvions l'aider à
trouver un ministre du travail qui convienne. Il préfèrerait que ce soit
l'un de nous deux, mais il admet lui-même que cela n'est pas possible. Il
peut tout à fait comprendre que le SPD doive rester dans l'opposition. Pour
lui il s'agissait de créer en la personne du futur ministre du travail, qui
sera le ministre le plus important du cabinet, une garantie pour une
détente de la situation.
2. Quelles mesures urgentes de politique sociale nous
exigerions ou attendrions du nouveau gouvernement.
[...] Il était plus facile de répondre à la deuxième
question. Nous souhaitions en premier lieu la création d'emplois. [...] Il
[Schleicher répondit [...] Aussi à son avis [de Schleicher] il allait de
soi que les dispositions salariales du décret d'urgence doivent être
éliminées. [...]
[...] Je [Leipart] demandai ensuite
subitement: "Est-ce que les notices de presse sont exactes selon
lesquels seuls entrent encore en ligne de compte Papen ou Schleicher?"
Il confirma cela très sérieusement et fermement. Papen serait toujours
l'homme de confiance de Hindenburg. Mais puisque de différents côtés il
serait indiqué de manière présente à Hindenburg que les choses n'iraient
plus avec Papen, il penserait à Schleicher. J'ai [Leipart]
répondu à cela: "Si les choses se présentent vraiment ainsi, alors je
considère comme mon devoir de vous demander que vous acceptiez." [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Le 1er décembre a lieu un entretien entre le chancelier
F. v. Papen, K. v. Schleicher et le président
P. v. Hindenburg[29].
Papen expose de nouveau son projet consistant à écarter l'assemblée
nationale et à procéder à une révision de la constitution. Hindenburg finit
par consentir à cette idée malgré l'avis contraire de Schleicher. Le
2 décembre se tient une réunion du gouvernement. Schleicher déclare
que les plans de Papen sont irréalisables compte tenu des moyens
disponibles sur le plan militaire et de police. Papen reste isolé. Papen
tente encore d'obtenir de Hindenburg le remplacement de Schleicher comme
ministre de la défense, en vain. Finalement, Hindenburg congédie Papen et charge
Schleicher de la formation d'un nouveau gouvernement.
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Est formé un gouvernement dirigé par K. v. Schleicher.
Il restera en place jusqu'au 30 janvier 1933. La composition est la
suivante.
Chancelier
du Reich et (par intérim) Défense [Reichskanzler, Wehr]: Kurt
von Schleicher (sans parti)
Affaires
étrangères [Auswärtiges]: Konstantin von Neurath (sans
parti)
Intérieur
[Inneres]: Franz Bracht (sans parti)
Finances
[Finanzen]: Johann Schwerin von Krosigk (sans parti)
Économie
(à partir du 4 décembre 1932) [Wirtschaft]: Hermann
Warmbold (sans parti)
Justice
[Justiz]: Franz Gürtner (DNVP)
Travail
[Arbeit]: Friedrich Syrup (sans parti)
Transport
et Poste [Verkehr und Post]: Paul Eltz von Rübenach
(sans parti)
Alimentation
[Ernährung]: Magnus von Braun (DNVP)
Sans
portefeuille [ohne Geschäftsbereich]: Johannes Popitz
(sans parti)
Commissaire
du Reich pour l'emploi, et (à partir de décembre 1932) commissaire pour le
peuplement à l'Est [Reichskommissar für Arbeitsbeschaffung,
Ostsiedlungskommissar]: Günter Gereke (Landvolk)
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Article dans le journal Deutsche Allgemeine Zeitung, 3 décembre 1923[30]
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Le sens du cabinet Schleicher est de procurer à la
politique allemande une pause pour respirer de douze semaines, durant
lequel peuvent avoir lieu des négociations entre les détenteurs du pouvoir
et Hitler, sans se soucier du hall de l'hôtel Kaiserhof,
plein à craquer de curieux. Le nouveau gouvernement mettra au premier plan
cet objectif principal, et, tout en étant fidèle aux grandes conquêtes de
l'aire Papen, relance de l'économie et contrerévolution prussien, il devra,
dans des domaines accessoires faire des concessions au besoin de calme du
peuple, de l'économie et des partis. Insignifiants, cela s'entend, mais c'est
que nous sommes tous devenus modestes.
[Citation dans l'original ►.]
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Lettre d'Adolf Hitler à Walter von Reichenau, 4 décembre 1932 (extraits)[31]
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À la différence de nos hommes d'états actuels, je vois
donc les tâches allemandes du futur dans ce qui suit:
1. Élimination du marxisme et de ces séquelles
jusqu'à leur élimination totale. Établissement d'une union nouvelle
d'esprit et de volonté du peuple.
2. Renforcement général de la nation dans les
domaines psychique, morale et des moeurs, sur la base
de cette nouvelle union de conception du monde.
3. Renforcement technique.
4. Recensement organisationnel de la force populaire
aux fins de la défense du pays.
5. Obtention de la reconnaissance juridique par le
reste du monde, de l'état nouveau déjà réalisé*.
[Citation dans l'original ►.]
* C'est-à-dire
l'égalité des droits sur le plan militaire.
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L'assemblée nationale siège[32].
H. Göring est de nouveau élu président de l'assemblée. Le NSDAP soumet un projet de loi en vue de la modification de
la constitution, selon lequel en cas d'empêchement du président du Reich
d'exercer, il sera remplacé non pas par le chancelier mais par le président
de la Cour suprême [Reichsgericht]. Le projet est
adopté; votent pour notamment NSDAP, Zentrum
et SPD, le KPD vote contre.
KPD et SPD soumettent diverses motions de censure, mais
elles ne font pas l'objet de procédures de vote.
Puis l'assemblée ajourne ses travaux à une date
indéterminée, probablement en janvier 1933.
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Le 5 décembre, le groupe à l'assemblée nationale du SPD
s'était réuni[33].
Il a été décidé à la majorité de soumettre à l'assemblée une motion de
censure contre le gouvernement, mais environ 20 députés, notamment Carl Severing, Rudolf Hilferding, Peter Graßmann et Alfred Dobbert, s'étaient prononcés contre. De toute façon,
même ceux qui sont favorables à cette initiative, comptent sur le fait que
la motion ne sera pas approuvée.
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Gregor Strasser se démet de toutes les
fonctions au sein du NSDAP[34].
Il considère que le parti devrait adopter une attitude favorable aux
efforts du chancelier K. v. Schleicher, à établir une alliance
associant au gouvernement le NSDAP en même temps que
les syndicats et l'organisation Bannière d'empire. A. Hitler est décidé
à refuser tout compromis qui écarterait sa nomination comme chancelier.
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L'organe du KPD, Rote Fahne,
réapparait après avoir subi pour la 50e fois une interdiction de
parution[35].
En tout, durant l'année 1932, le journal aura fait l'objet de
12 mesures d'interdiction[36].
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Discours à la radio du
chancelier Kurt von Schleicher, 15 décembre 1932
(extraits)[37]:
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Je l'ai déjà exprimé à différentes occasions et le répète
aujourd'hui: On est mal assis sur la pointe des baïonnettes, c'est-à-dire
on ne peut à la longue gouverner sans avoir largement l'opinion populaire
derrière soi. [...]
Ce programme consiste en un seul point: "Procurer du
travail!" [...]
Je suis suffisamment hérétique d'avouer que je suis
adepte ni du capitalisme ni du socialisme, que pour moi des notions comme
"économie privée ou planifiée" ont cessé de me faire peur,
simplement parce que dans la vie économique ces notions n'existent plus
dans la pureté absolue, qu'elles ne peuvent d'ailleurs plus exister. Et par
conséquent je défends la position que dans l'économie on doit faire ce qui
à un moment donné est raisonnable et conduira selon toute vraisemblance aux
meilleurs résultats pour le peuple et le pays, et ne doit pas se fracasser
les têtes à cause d'un dogme. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Journal de Joseph Goebbels (NSDAP) (extraits)[38]:
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15 décembre 1932
Il coute beaucoup de peine de maintenir la SA et les
détenteurs de postes dans le parti sur une orientation claire. Il est plus
grand temps que nous arrivons au pouvoir. Toutefois pour l'instant ne
s'offre pas la moindre perspective. [...]
23 décembre 1932
[...] L'année 1932 a été une guigne permanente. [...] Le
passé était difficile, et l'avenir est sombre et maussade, toutes les
perspectives et espoirs se sont complètement dérobés. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Est édicté le décret sur des mesures en faveur de la
création d'emplois et des agglomérations rurales [über
Maßnahmen zur Förderung der Arbeitsbeschaffung und der ländlichen Siedlung].
Cf. le texte du décret ►.
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Est adoptée la loi de modification du décret pour la
relance de l'économie du 4 septembre. 1932.
Cf. le texte de la loi ►.
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Est édicté le décret pour la préservation de la paix
intérieure [zur Erhaltung des inneren Friedens].
Cf. le texte du décret ►.
Le décret abroge le décret contre des actes de violence
politiques du 14 juin (à l'exception de deux paragraphes), le
deuxième décret contre des actes de violence politiques du 28 juin
1932, le décret contre le terrorisme politique du 9 aout 1932, et le
décret pour la consolidation de la paix intérieure du 2 novembre 1932[39].
Ces abrogations sont déclarées comme entrant en vigueur le 3 janvier
1933. Le décret déclare également que la loi pour la protection de la
république du 25 mars 1930 (dont la validité devait expirer le
31 décembre) cesse d'être en vigueur avec la publication du décret, le
20 décembre.
Le décret stipule notamment que la compétence concernant le
droit de réunion incombe de nouveau aux régions.
Le 21 décembre, le ministre de l'intérieur de Prusse
abroge également le décret pour la Prusse du 31 octobre 1931
interdisant les manifestations et rassemblement en plein air[40].
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Est édicté le décret sur l'abolition des tribunaux
d'exception [über die Aufhebung der Sondergerichte].
Cf. le texte du décret ►.
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Lettre de Paul
Reusch au secrétaire général du Deutscher Industrie-
und Handelstag (DIHT), Eduard Hamm,
22 décembre 1932 (extrait)[41]:
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Vous passez assez facilement outre le fait que selon le
programme du nouveau gouvernement du Reich la réforme de la constitution
doit passer à l'arrière-plan. Je vois les choses autrement: selon ma
conception il aurait fallu protester de la façon la plus tranchée contre le
fait que le gouvernement veut encore une fois ajourner la réforme aux
calendes grecs. C'est justement maintenant dans la crise que doivent être
faites les coupes décisives dans l'organisme étatique! La volonté de
réforme ne peut être mise au placard à volonté! Dès qu'après une
amélioration de la situation économique la pression financière sera ôtée de
notre organisme d'état suffisamment pour qu'il puisse de nouveau respirer à
peu près profondément, alors l'impulsion la plus forte pour la mise en oeuvre d'une réforme véritablement de grande envergure sera
irrémédiablement fichue.
[Citation dans l'original ►.]
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