|
•
|
À Hambourg, des troupes gouvernementales d'un
effectif de 10 000 soldats sous le commandement du général Paul von Lettow-Vorbeck entrent dans la ville[1].
Ce “Korps Lettow” a été constitué précisément à cet
effet.
|
|
•
|
Le “Korps Lettow” sera dissout le
1er septembre et Lettow-Vorbeck sera chargé du commandement de la
Brigade 9 de la Reichswehr à Schwerin (Mecklenburg Vorpommern).
Pendant la guerre, le lieutenant [Oberstleutnant] Paul von Lettow-Vorbeck (plus tard
major général) avait commandé la troupe de protection [Schutztruppe]
allemande en Afrique orientale allemande [Deutsch-Ostafrika]
(Tanzanie)[2].
En mars 1919 il était revenu à Berlin. Sur ordre du ministre de la défense
Gustav Noske (SPD), il avait mise en oeuvre la constitution, dans le cadre
de la Division de tirailleurs de cavalerie de garde ‑ renommé
désormais en Corps de tirailleurs de cavalerie de garde ‑
commandée par le capitaine Waldemar Pabst, de la division de volontaires
Lettow-Vorbeck, à laquelle s'intégraient notamment la Brigade de
Marine II commandée par le capitaine de corvette Hermann
Ehrhardt et la Brigade de Marine III commandée par le capitaine
de corvette Wilfried von Loewenfeld[3].
|
|
•
|
À Bremerhaven/Geestemünde/Lehe
(aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen) un mouvement de
grève éclate dans un certain nombre de grands magasins[4].
L'ensemble des 217 employés participent. Le mouvement se termine le
10 juillet.
L'ensemble des employés de tramway entament une grève qui
durera jusqu'au 7 juillet[5].
|
|
•
|
À Berlin, les employés des transports publics [Berliner Verkehrsbetriebe] entament une grève qui durera
jusqu'au 16 juillet[6].
|
|
•
|
En Prusse, le ministre du travail publie un décret
menaçant de licenciement les travailleurs, employés, fonctionnaires des
chemins de fer de Prusse et de Hesse qui n'auront pas repris le travail le
3 juillet[7].
Cette annonce a pour résultat l'arrêt de la grève le 3 juillet.
|
|
•
|
À Francfort-sur-le-Main (Hesse), une assemblée de
plus de 10 000 cheminots décide d'entamer la grève le lendemain[8].
|
|
•
|
À Nuremberg (Bavière) se tient le 10e congrès des
syndicats libres. Y assistent 636 délégués de 52 unions[9].
Contre 70 voix sont adoptés les statuts de la “Fédération syndicale
générale allemande” (“Allgemeiner Deutscher
Gewerkschaftsbund”, ADGB) dont le congrès décide la création, dans
le but de rendre plus permanent la coopération entre les unions. La
direction élue pour l'ADGB comprend notamment Carl Legien comme président et Peter Grassmann et Adolf
Cohen comme adjoints au président.
Le congrès approuve des "lignes directrices pour
l'activité future efficace des syndicats" ["Richtlinien
für die künftige Wirksamkeit der Gewerkschaften"]. (Cf.
ci-dessous.) En évoquant l'expérience de l'instauration de "groupes de
travail", le texte fait notamment référence aux “Groupement central de
travail des employeurs et employés industriels et professionnels” créé le
15 novembre 1918 (cf. ►).
Le congrès adopte une résolution concernant celle qui avait
été adoptée, au sujet des syndicats, par le congrès du SPD tenu à Mannheim
en 1906 (cf. ►).
(Cf. ci-dessous.)
|
|
Résolution adoptée par le
congrès des syndicats libres tenu du 30 juin au 5 juillet 1919[10]
|
•
|
Le 10e congrès des syndicats d'Allemagne déclare que
les syndicats doivent unir les salariés pour l'action unitaire et
rassemblée aux fins de la défense des leurs intérêts économiques, sans
égard aux convictions politiques ou religieuses. L'accord de Mannheim de
l'année 1906 avec le Parti social-démocrate d'Allemagne, qui sollicite une
entente des deux directions centrales au sujet de questions importantes
concernant les intérêts d'ensemble de la classe ouvrière, avait pour but de
renforcer cette force d'action des masses travailleuses en évitant les
divergences entre le mouvement ouvrier syndical et celui politique. La
neutralité politique des syndicats vis-à-vis de leurs membres n'était pas
touchée par là. Or cet accord avait pour prémisse une représentation
d'intérêt politique unitaire des travailleurs allemands. Cette prémisse
n'est plus présente. La scission du Parti social-démocrate met en danger
aussi le caractère unitaire et rassemblée des syndicats allemands Le
congrès des syndicats se voit donc dans l'obligation de déclarer la
neutralité des syndicats vis-à-vis des partis politiques. Les polémiques
politiques entre les travailleurs ne doivent pas affaiblir l'impact de leur
représentation d'intérêt économique, des syndicats. Cependant les syndicats
ne doivent pas se limiter à la représentation d'intérêt étroite,
professionnelle, ils doivent plutôt devenir foyer des efforts de classe du
prolétariat, afin d'aider à conduire vers la victoire la lutte pour le
socialisme.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
Résolution adoptée par le congrès
des syndicats libres tenu du 30 juin au 5 juillet 1919 (extraits)[11]
|
•
|
Lignes directrices pour l'activité future efficace des
syndicats
1. Dans la période de la production capitaliste privée de
marchandises, les syndicats ont éduqué les travailleurs en vue de la lutte
de classe. [...]
2. À la veille de la révolution politique, les syndicats
avaient déjà contraints les entrepreneurs à la satisfaction des
revendications essentielles des travailleurs, et les avaient poussés vers
la voie de la démocratie économique par l'instauration de groupements de
travail au sein desquels devaient être résolues toutes les questions de la
vie économique et de la politique sociale dans le cadre d'une
représentation sur un pied d'égalité, des entrepreneurs et des travailleurs.
Tous ces succès des syndicats sont des conquêtes précieuses, mais ils n'ont
satisfait que partiellement les revendications justifiées des masses
travailleuses et par là les tâches des syndicats. La lutte des syndicats
doit donc être poursuivie.
3. La révolution a renforcé le pouvoir politique de la
classe ouvrière et par là en même temps augmenté son influence sur
l'organisation de l'économie nationale. La reconstruction de la vie
économique, ruinée par la guerre, s'accomplira selon l'orientation vers l'économie
publique, sous démantèlement progressive de l'économie privée. La
transformation doit être poursuivie de façon planifiée et est favorisée par
les syndicats.
4. Les syndicats voient dans le socialisme la forme
supérieure de l'organisation de l'économie nationale, comparée à l'économie
capitaliste. La démocratie dans l'entreprise et la transformation des
contrats de travail individuels en contrats collectifs, qu'ils visent à
atteindre, sont des préparatifs importants pour la socialisation. La poursuite
de la coopération ultérieure des syndicats dans ce domaine est
indispensable.
[...]
7. Le droit de codécision des travailleurs doit être
réalisé pour l'ensemble de la production, à commencer par les entreprises
particulières jusqu'aux sommets les plus hauts de l'organisation économique
centrale. Au sein de l'entreprise, doivent être créées des représentations
des travailleurs (conseils d'entreprise) librement élues, qui doivent
mettre en oeuvre la démocratie d'entreprise en accord
avec les syndicats et appuyés sur le pouvoir de ceux-ci, ainsi qu'en commun
avec la direction d'entreprise. La base de la démocratie d'entreprise,
c'est le contrat de travail collectif ayant validité juridique ancrée dans
la loi. [...]
[...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
À Francfort-sur-le-Main (Hesse), la grève des
cheminots se termine[12].
Une déclaration à ce sujet, soumise à l'assemblée plénière des grévistes
par les hommes de confiance du DEV, explique cette décision[13]:
Compte tenu su fait que le comité directeur central du
DEV a déclaré son engagement à organiser rapidement une consultation de
l'ensemble des membres, pour prendre une décision au sujet de l'action
unitaire concernant la réalisation des revendications connues, le cas
échéant aussi au moyen de la grève de tous les employés des chemins de fer
publics, compte tenu en outre du fait que les cheminots de Francfort
peuvent porter à leur crédit cette résolution du comité directeur central,
enfin compte tenu du fait que la perturbation de la vie économique
engendrée par la grève partielle ne peut être justifiée si la réalisation
de l'action unitaire approche, les hommes de confiance décident: à
l'assemblée des membres est recommandé l'arrêt de la grève; les
revendications sont maintenues, en particulier la demande en vue du système
de conseils en tant qu'institution interne à l'entreprise; et l'ensemble du
personnel est appelé à se tenir prêt pour l'action unitaire.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
À Bremerhaven/Geestemünde
(aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen), une grève conduite
par des travailleurs des sociétés Reckelmann ainsi que
Schur & Lange, fabriques de cordes de
chanvre, se termine le 15 juillet[14].
|
|
•
|
Le conseil exécutif du conseil d'ouvriers et de soldats
Grand-Berlin constitué le 10 novembre 1918, subit une scission:
les représentants du SPD et du DDP s'en séparent et maintiennent un
organisme désigné comme “Groupement de travail des conseils d'ouvrier” (“Arbeitsgemeinschaft der Arbeiterräte”)[15].
Ils contestent que la majorité du conseil exécutif, liée à l'USPD
et au KPD, puisse représenter légitimement le mouvement de conseils de
Grand-Berlin. L'USPD et le KPD poursuivent les efforts
de développer un mouvement de conseils d'entreprise révolutionnaire, à
travers une “Centrale des conseils d'entreprise d'Allemagne” (“Zentralstelle
der Betriebsräte Deutschlands”). Leur influence s'étend
sur Berlin, Hambourg, Essen, la région du Bas-Rhin, les grandes villes
de Saxe ainsi que Halle (Sachsen-Anhalt).
|
|
•
|
À Berlin quelques unités du Corps de tirailleurs de
cavalerie de garde commandé par le capitaine W. Pabst tentent de
renverser le gouvernement[16].
Le putsch échoue.
|
|
•
|
À Stuttgart (Württemberg), Karl Gräter
(SPD) remplace Emil Heindel (USPD)
comme président adjoint du comité régional, qui avait été instauré le
8 décembre 1919 et dont le président est Rudolf Gehring
(SPD)[17].
|
|
•
|
L'assemblée nationale adopte la nouvelle constitution avec
262 voix pour, 75 contre et 1 abstention.
|
|
•
|
En Haute-Silésie, la brigade de marine III
commandée par le capitaine de corvette Wielfried
von Loewenfeld réprime des travailleurs en grève à Zaborze (aujourd'hui partie de Zabrze, en Pologne)[18].
|
|
•
|
À Chemnitz (Sachsen), plusieurs dizaines de milliers
de personnes participent à une manifestation contre le manque de denrées
alimentaires et l'état de siège[19].
Des troupes de l'armée interviennent. Les affrontements durent trois
heures. Il y a 27 morts.
|
|
•
|
La nouvelle constitution reçoit les signatures du président
et des membres du gouvernement. La loi sur le pouvoir provisoire au niveau
du Reich qui avait été publiée le 11 février 1919 est ainsi abrogée.
(Cf. le texte ►.)
|
|
•
|
Suite à une décision prise par le gouvernement le
22 juillet, a été élaborée une nouvelle version des dispositions de
mise en oeuvre concernant la règlementation relative à
l'état d'exception [Ausführungsbestimmungen zur Regelung des
militärischen Ausnahmezustandes][20].
Il en résulte un modèle de décret que le président signera le cas échéant
dans des circonstances données. Le 10 septembre, après que le
président a donné son accord, le gouvernement décide de ne pas publier le
texte et de ne le communiquer pas non plus aux gouvernements régionaux.
Le 5 octobre, le chancelier communiquera à la
commission du budget, de l'assemblée nationale, le contenu d'une expertise
au sujet des fondements juridiques de l'état de siège à Berlin[21].
L'expertise affirme qu'il y a continuité, dans le cadre de l'adoption de la
nouvelle constitution, quant à l'état de siège, dans la mesure où il a été
instauré valablement avant l'entrée en vigueur de la constitution, et où
celle-ci stipule que les mesures prises par les autorités gardent leur
validité jusqu'à l'éventuelle abrogation par d'autres mesures. Selon
l'expertise, l'article 48 de la constitution règle l'état de siège de
façon exhaustive, ce qui implique que ne sont plus en vigueur, non
seulement l'article 68 de l'ancienne constitution mais aussi les lois
au niveau régional sur l'état de siège, notamment la loi prussienne
concernant ce domaine. Ces lois s'appliquent uniquement en ce qui concerne
la mise en oeuvre des états de siège instaurés avant
l'entrée en vigueur de la nouvelle constitution. Une fois levé cet état de
siège, de nouvelles mesures d'exception ne pourront être basées que sur
l'article 48 de la nouvelle constitution.
Cf. ci-dessous quelques extraits de la constitution
concernant les éventuelles mesures d'exception qu'elle prévoit.
|
|
•
|
En Haute-Silésie, le KPD appelle à une grève générale[22].
Le mouvement est suivi par 140 000 travailleurs et se maintiendra
jusqu'au 15 aout.
|
|
Constitution de l'Empire
allemand, 11 aout 1919 (extraits)[23]
|
•
|
[...]
Article 48.
Si un Land ne remplit pas les devoirs qui lui incombent
en vertu de la Constitution et des lois du Reich, le président du Reich peut
l'y contraindre en utilisant la force.
Le président du Reich peut, lorsque la sureté et l'ordre
public sont gravement troublés ou compromis au sein du Reich, prendre les
mesures nécessaires à leur rétablissement ; en cas de besoin, il peut
recourir à la force. A cette fin, il peut suspendre totalement ou
partiellement l'exercice des droits fondamentaux garantis aux articles 114,
115, 117, 118, 123, 124 et 153.
Le président du Reich doit sans retard communiquer au
Reichstag toutes les mesures prises en application du premier ou du
deuxième alinéa du présent article. Ces mesures doivent être abrogées à la
demande du Reichstag.
En cas de danger, le gouvernement d'un Land peut, sur son
territoire, prendre des mesures provisoires analogues à celles mentionnées
à l'alinéa 2. Ces mesures doivent être abrogées à la demande du président
du Reich ou du Reichstag.
Les modalités sont fixées par une loi du Reich.
[...]
Article 114.
La liberté individuelle est inviolable. Toute restriction
ou suppression de la liberté individuelle ne peut être établie que par la
loi.
Toute personne privée de sa liberté doit, au plus tard le
jour suivant, être informée par quelle autorité la privation de liberté a
été ordonnée et pour quels motifs ; il doit lui être donné sans retard
l'occasion de faire opposition contre la privation de liberté qui lui est
infligée.
Article 115.
Le domicile de tout Allemand constitue pour lui un lieu
d'asile et est inviolable. Les exceptions ne peuvent être établies que par
une loi du Reich.
[...]
Article 117.
Le secret des lettres, de la poste, du télégraphe et du
téléphone est inviolable. Les exceptions ne peuvent être établies que
par une loi du Reich.
Article 118.
Tout Allemand a le droit, dans les limites des lois
générales, d'exprimer librement son opinion par la parole, l'écriture,
l'imprimé, l'image ou de toute autre manière. Aucun rapport de travail ou
d'emploi ne peut le priver de ce droit, et nul ne peut lui faire subir un
préjudice parce qu'il fait usage de ce droit.
Il n'y a pas de censure ; toutefois des dispositions
restrictives peuvent être prises pour les films cinématographiques. Des
dispositions peuvent être prises aussi par la loi contre la littérature
immorale et obscène, ainsi que pour la protection de la jeunesse contre les
exhibitions et représentations immorales.
[...]
Article 123.
Tous les Allemands ont le droit de se réunir paisiblement
et sans armes, sans déclaration préalable ni autorisation spéciale.
Les réunions à ciel ouvert peuvent être soumises, par une
loi du Reich, à l'obligation d'une déclaration préalable et être interdites
en cas de danger immédiat pour la sureté publique.
Article 124.
Tous les Allemands ont le droit de former des
associations ou des sociétés à des fins qui ne sont pas contraires aux lois
pénales. Ce droit ne peut être limité par des mesures préventives. Les
mêmes dispositions sont applicables aux associations et sociétés
religieuses.
Toute association peut acquérir la personnalité civile
conformément aux prescriptions du droit civil. Elle ne saurait être refusée
à une association pour le motif qu'elle poursuit un but politique, social
ou religieux.
[...]
Article 153.
La propriété est garantie par la Constitution. Son objet
et ses limites sont établis par la loi.
Une expropriation ne peut avoir lieu que pour le bien de
la collectivité et dans les conditions établies par la loi. Elle a lieu
moyennant une juste indemnité, pour autant qu'une loi du Reich n'en dispose
pas autrement. Pour le montant de l'indemnité, le recours de droit est, en
cas de contestation, ouvert devant les tribunaux ordinaires, pour autant
qu'une loi du Reich n'en dispose pas autrement. Une expropriation par le
Reich au détriment des Länder, des communes et des
associations d'utilité publique ne peut avoir lieu que moyennant indemnité.
Propriété oblige. Son usage doit être en même temps un
service rendu à l'intérêt général.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
La constitution est publiée dans le Reichsgesetzblatt
(journal officiel) et entre ainsi en vigueur.
|
|
•
|
En Haute-Silésie, des négociations d'arbitrage au
sujet des mouvements de grève ont lieu à Kattowitz
(Katowice, aujourd'hui en Pologne), sous la présidence du commissaire du
Reich et de l'état Otto Hörsing (SPD)[24].
Concernant l'organisation de la grève générale par l'“Union des hommes de
confiance des comités de travailleurs de toutes les entreprises de
Haute-Silésie” [“Verband der Obleute der
Arbeiterausschußmitglieder aller oberschlesischen Betriebe”], les
représentants des syndicats des travailleurs des mines et de la métallurgie
de Haute-Silésie considèrent qu'il s'agit d'une "grève sauvage",
et décident d'appeler à la reprise immédiate du travail.
|
|
•
|
En Bavière, une nouvelle constitution avait été
adoptée par l'assemblée régionale le 12 aout, puis approuvée par le
gouvernement régional le 14[25].
Elle est publiée le 15 et entre ainsi en vigueur.
|
|
•
|
En Haute-Silésie, un mouvement de grève se déroule à
la mine de Myslowitz (Mysłowice,
aujourd'hui en Pologne)[26].
Il est suivi en commun par des mineurs allemands et des mineurs frontaliers
polonais.
|
|
•
|
En Haute-Silésie, 200 grévistes assiègent le bâtiment
administratif de la mine de Myslowitz (Mysłowice,
aujourd'hui en Pologne)[27].
Des unités de la protection des frontières interviennent, causant 10 morts.
|
|
•
|
En Haute-Silésie, le commandant du VIe corps
d'armée et le commissaire du Reich et de l'état O. Hörsing
décrètent l'état de siège renforcé sur l'ensemble de la région à
l'exception des districts de Leobschütz, Neustadt, Neiße,
Grottkau, Falkenberg [28].
Le droit de grève est suspendu et la reprise immédiate du travail ordonnée.
|
|
•
|
En Baden, une assemblée régionale des conseils
d'ouvriers, de paysans, du peuple et des soldats [Arbeiter-,
Bauern-, Volks- und Soldatenräte] décide la dissolution de tous les
conseils[29].
|
|
•
|
Est adoptée le décret concernant le transfert du
commandement suprême sur l'armée de l'empire allemand au ministre de la
défense du Reich [Verordnung, betreffend die Übertragung des
Oberbefehls über die Wehrmacht des Deutschen Reichs auf den Reichswehrminister].
(Cf. le texte ►.)
L'ancien organisme du Commandement suprême de l'armée [Oberste Heeresleitung] avait déjà été dissout le
4 juillet[30].
Parallèlement à la mise en place de ce nouveau statut du ministre de la
défense, le colonel Walther Reinhardt prend en charge le commandement de
l'armée pour la Prusse, tout en démissionnant le 13 septembre du poste
de ministre de la défense de Prusse. Par ailleurs, en juillet le major général
Hans von Seeckt avait été nommé chef d'état-major de
l'armée. Puis le 1er octobre, le ministère de la défense adoptera une
nouvelle organisation. Deux postes sont placés sous l'autorité du ministre,
ceux de chef de direction respectivement de l'armée [Chef der
Heeresleitung] et de la marine [Chef der
Marineleitung]. Subordonné à la direction de l'armée, est instaurée
l'“Office de troupes au ministère de la défense” [“Truppenamt
im Reichswehrministerium”]. Reinhardt est nommé chef de direction de
l'armée, Seeckt chef de l'office de troupes.
|
|
•
|
En mai 1919, la convention collective relative au secteur de
la métallurgie pour Berlin avait été dénoncée[31].
Des négociations entre la Fédération générale allemande de travailleurs de
la métallurgie (DMV) et l'Union d'industriels de la métallurgie berlinois (Verband Berliner Metallindustrieller, VBMI) se prolongèrent
durant plusieurs semaines. Le 21 aout une commission d'arbitrage
instaurée par le ministère du Travail avait rendu une sentence arbitrale.
La direction locale de la DMV ainsi que son assemblée générale berlinoise
approuvent la sentence dans son principe. Le dirigeant Oskar
Rusch déclare[32]:
Cependant au moment actuel nous trouverions moralement
inacceptable d'engager le combat, compte tenu de la vie économique
allemande actuellement ruinée.
[Citation dans l'original ►.]
Néanmoins le 26 aout, certaines entreprises de la
métallurgie se mettent en grève.
|
|
•
|
En Haute-Silésie, le mouvement de grève se
termine, l'état de siège renforcé est levé[33].
|
|
•
|
À Saarbrücken (Sarre), un mouvement de grève
débute qui paralyse les tramways jusqu'au 13 septembre[34].
|
|
•
|
À Brême (Bremen) l'état de
siège instauré dans Brême et Vegesack le 23 avril
est levé.
|
|
•
|
À Brême (Bremen), les
travailleurs du port déclenchent une grève qui durera jusqu'au
3 octobre[35].
|
|
•
|
Dans le conflit qui touche le secteur de la métallurgie à Berlin,
les négociations concernant les modalités d'application de la décision
d'arbitrage du 21 aout n'aboutissent pas[36].
Un mouvement de grève débute qui à son point culminant inclut 160 000
travailleurs. À Berlin, la direction de la grève est exercée par une
commission des quinze (créée le 10 septembre au cours d'une assemblée
générale des métallurgistes), composée de représentants de la direction
locale de la DMV et du comité de liaison des syndicats de la métallurgie de
Grand-Berlin[37].
|
|
•
|
À Brême (Bremen), les usines
Atlas ferment et licencient les travailleurs[38].
|
|
•
|
À Brême (Bremen), les
travailleurs du tramway (ouvriers et employés des ateliers) se mettent en grève[39].
Parallèlement, le personnel de conduite entame une grève[40].
À ce sujet une décision d'arbitrage sera rendue le 28 septembre, mais
la grève se terminera seulement le 19 octobre.
|
|
•
|
À Bremerhaven/Geestemünde
(aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen), l'union des marins
organise une grève contre les sociétés maritimes de la pêche en haute mer,
à laquelle participent 144 des employés sur un total de 170[41].
Le mouvement se terminera le 6 octobre sur un échec. L'union des
marins sera dissoute.
|
|
•
|
À Saarbrücken (Sarre), un mouvement de grève
débute qui paralyse les tramways jusqu'au 9 octobre[42].
|
|
•
|
Dans la Sarre, la situation difficile concernant
l'approvisionnement en denrées alimentaires conduit les syndicats à
organiser des rassemblements et à lancer un appel à la grève[43].
L'administration militaire française saisit l'occasion de la lutte contre
les profiteurs pour imposer des mesures répressives. Voici à titre
d'exemple des mesures décrétées par l'administrateur militaire français, le
11 octobre[44]:
Les troubles surgis actuellement ont amené
l'administration militaire à avoir recours aux mesures le plus sévères:
1. Toute personne détenant des objets volés sera
arrêtée et déférée devant le tribunal militaire.
2. Celui qui est trouvé détenant un bâton
métallique, un coup-de-poing, un poignard, un couteau de chasse ou un
révolver, sera déféré devant le tribunal militaire.
3. Chaque pillard surpris l'arme à la main et qui
refuse de se rendre, sera fusillé.
4. Tout rassemblement de gens sera dispersé. Tout
rassemblement qui en vue d'un défilement de troupes se montre hostile, sera
dispersé.
5. Toute personne qui ne cède pas la place à un
militaire de grade quelconque, sera arrêtée.
6. Tout employé ou fonctionnaire qui porte une
casquette de service ou un brassard et ne salue pas un officier, sera
arrêté et sa personne identifiée.
Un grand nombre de pillards a déjà été arrêté. Une masse
de marchandises volées a été récupérée. Elles sont à disposition des
propriétaires dans les bureaux de l'administrateur militaire à Ottweiler et Neunkirchen.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
Dans le cadre du conflit dans la métallurgie à Berlin,
les grévistes coupent l'approvisionnement en électricité de Siemensstadt
(faubourg de Spandau)[45].
Le maire de la localité se met en relation avec le Secours technique [Technische Nothilfe] (cf. ci-dessous). Dans le Vorwärts (le quotidien du SPD) est publiée à plusieurs
reprises une annonce du Secours technique.
|
|
Technische
Nothilfe (Secours technique)
|
•
|
Au début de l'année 1919, des unités militaires régulières,
désignées comme “Technische Abteilungen” (“Sections
techniques”) avaient été constituées avec pour mission la protection des
entreprises d'importance vitale[46].
Elles avaient été notamment utilisées au cours des affrontements de mars.
En rapport avec les problèmes posés par rapport aux exigences des
Puissances alliées victorieuses concernant la réduction des effectifs de
l'armée, les Sections techniques sont remplacées à partir de septembre 1919
par une institution civile appelée “Technische Nothilfe”
(“Secours technique”) sous la direction de l'officier de réserve Otto Lummitzsch. Le Secours technique reste d'abord rattaché
au ministère de l'armée, mais en novembre il passera sous la compétence du
ministère de l'Intérieur. La Section technique auprès du Commandement de
groupe I de la Reichswehr sera officiellement
dissoute le 1er janvier 1921[47].
Un décret du ministre de l'Intérieur, du 2 février
1920, établira des lignes directrices pour le Secours technique[48]:
I. Le Secours technique est un groupement de travail
notamment de travailleurs ayant acquis une qualification technique qui,
pour assurer le calme et l'ordre intérieurs et de la reconstruction de la
vie économique allemande, s'est déclaré prêt à accomplir des travaux
d'urgence là où il s'agit du maintien en fonctionnement d'entreprises
vitales menacées, ainsi que d'intervenir en cas d'urgence par force
majeure, par exemple urgence de feu ou d'eau, accidents de chemin de fer
etc. Sont à considérer comme entreprises vitales notamment: centrales de
gaz, eau, électricité, ateliers de chemin de fer, de poste, de télégraphe,
entreprises sidérurgiques, mines, agriculture, usines sucrières,
distilleries, moulins, abattoirs, usines de fabrication de fertilisants artificiels.
Pour le déploiement de cette tâche, est visée l'installation d'ateliers
modèles.
II. Le Secours technique relève du ministère de
l'intérieur du Reich, lequel est assisté par un directoire composé de
représentants des autres ministères principalement intéressés.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
Le secrétaire de la Fédération générale des syndicats
chrétiens, Max Riedel, s'exprimera de la manière
suivante après le mouvement de grève contre des mesures fiscales décrétées
en Württemberg, d'aout 1920][49]:
Nous voyons ici un aspect nouveau de l'importance du
Secours technique. Il constitue une nécessité non pas simplement en termes
d'économie nationale mais, du point de vue relevé ici, aussi en termes de
politique d'état: protéger l'état devant l'éventualité d'être "pris à
la gorge", ce n'est pas briser une grève mais c'est un devoir civique.
C'est pourquoi le Secours technique doit devenir cause du peuple, du moins
du peuple convaincu de la nécessité d'une chose publique ordonnée.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
Intervention du ministre de la
défense, Gustav Noske (SPD) à l'Assemblée nationale, 9 octobre 1919[50]
|
•
|
Dans l'intérêt du pays et du peuple allemand, le
gouvernement pense devoir prendre des mesures contre la résurgence de
guerre civile et combat civil. De telles mesures sont extrêmement
désagréables et en soi fâcheuses. Cependant la situation de notre pays, de
façon impérative, rend indispensables des mesures préventives, si nous ne
voulons pas laisser dériver notre pays et notre peuple vers une
catastrophe.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
Dans le cadre du conflit dans la métallurgie à Berlin,
le 10 octobre, les hommes de confiance des entreprises en grève
sollicitent auprès de la commission des quinze (constituée le
10 septembre) l'acceptation de l'offre de solidarité de l'Union
centrale des chauffeurs de chaudières et machinistes [Zentralverband
der Heizer und Maschinisten][51].
La commission donne son accord et laisse à l'Union centrale l'initiative
pour la suite de cette action. Les chauffeurs, machinistes et électriciens
adressent alors au gouvernement une demande en vue de négociations, en fixant
un délai impératif jusqu'au 15 octobre. Étant donné que les
représentants des employeurs ne répondent pas à cette demande, le 15,
les chauffeurs et machinistes se mettent en grève.
|
|
•
|
Dans le cadre du conflit dans la métallurgie à Berlin,
une unité du Secours technique occupe la centrale électrique Charlottenburg[52].
En réaction, la commission des quinze publie un appel aux chauffeurs et
machinistes de se mettre immédiatement en grève dans toutes les centrales
électriques.
Entretemps 15 000 aides de bureau de la magistrature
avaient cessé le travail. En solidarité avec eux, le 16, les gaziers
de Neukölln cessent le travail. Cette grève sera
terminée le lendemain à l'issue de négociations.
|
|
•
|
Dans le cadre du conflit dans la métallurgie à Berlin,
après l'occupation la veille, par le Secours technique, de la centrale
électrique de Charlottenburg, le travail continue
encore dans les centrales Moabit, Weißensee, Stralau-Rumfelde,
et Golpa-Zschornewitz près de Bitterfeld[53].
Des assemblées du personnel se tiennent le matin pour décider les actions à
suivre. Golpa-Zschornewitz, qui livre la majeure
partie de l'électricité pour Berlin, n'arrête pas complètement le service,
mais interrompt les livraisons à Berlin. Lichtenberg,
Neukölln et à certains moments Weißensee se
déconnectent du réseau. La majeure partie du personnel de la centrale Moabit, qui fournit l'électricité aux grands hôpitaux et à
une partie du réseau de tramway de Berlin, abandonne la centrale. La
sous-station Rummelsburg est également paralysée.
Durant la journée, à Berlin les centrales en grève sont
occupées par des unités du Secours technique. Le soir le ministre de la
défense G. Noske rencontre des représentants de la commission des quinze.
Il annonce ses exigences[54]:
Dès que les machinistes et les chauffeurs de chaudière
reprennent le travail dans les entreprises vitales, mon arrêté de ce jour
devient caduc. En même temps sera retiré le Secours technique.
[Citation dans l'original ►.]
Des unités du Secours technique sont mobilisées pour
intervenir à Golpa-Zschornewitz, Stralau-Rumfelde, Moabit
et à la sous-station Mariannenstraße.
|
|
Intervention du ministre de la défense
G. Noske à l'Assemblée nationale, 17 octobre (extraits)[55]
|
•
|
Suite aux menées que nous devons observer ces derniers
jours avec une colère grandissante, a été provoqué le fait que maintenant
quatre centrales électriques sont bloquées, lesquelles je m'efforce de
remettre en marche avec le Secours technique. Il y a très peu de temps m'a
été communiqué qu'a été paralysée la grande centrale près de Bitterfeld
[...]
J'ai pris des dispositions pour que soient envoyés sur
les lieux des centaines de gens du Secours technique. En outre
l'administration doit faire en sorte que la sécurisation militaire requise
du district soit garantie, et en outre j'ai poussé à ce que pour la mise en
oeuvre de ces mesures soit instauré l'état de siège
sur ce district. [...] Enfin, j'ai décrété [...] que soit puni de prison
jusqu'à un an, quiconque à partir de maintenant continue à tenter par la
parole, l'écriture ou l'acte, de bloquer des entreprises vitales.
Mais je ne m'arrêterai pas là, mais chacun qui tente à
Berlin d'agir en vue de la paralyse de ces entreprises, sera envoyé par
moi, de façon accélérée, derrière les barreaux.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
Dans le cadre du conflit dans la métallurgie à Berlin,
la direction de la grève arrive à la conclusion que la continuation de la
grève des chauffeurs et machinistes n'offre pas de perspectives de succès[56].
Néanmoins elle exige comme préalable à la reprise du travail le retrait des
unités du Secours technique. Le ministre de la défense G. Noske refuse
cette condition. Les équipes des centrales Charlottenburg,
Lichtenberg et Schönow reprennent le travail, et ceci
sans demander l'accord de la commission des quinze. L'intervention du
Secours technique à Golpa-Zschornewitz devient
également sans objet.
|
|
•
|
Dans le cadre du conflit dans la métallurgie à Berlin,
une assemblée réunit les travailleurs des centrales électriques encore en
grève[57].
Les mandatés de l'Union centrale des chauffeurs et machinistes exposent la
teneur de l'accord conclu avec les représentants des employeurs. Il stipule
notamment[58]:
Pour l'avenir, il est acté que les travailleurs, en cas
de grève, se limitent à cesser le travail respectivement à quitter
l'entreprise, que par contre ils n'entreprennent aucun empiètement allant
au-delà de leur périmètre d'affectation.
[Citation dans l'original ►.]
Le travail reprend partout.
La grève dans la métallurgie, en tant que telle, se
poursuit. La direction locale de l'ADGB [Berliner Gewerkschaftskommission] donne à ses
organisations la consigne d'expulser les membres qui appartiennent à des
unités du Secours technique.
|
|
•
|
Le ministre de la défense G. Noske émet un décret qui
prévoit dans les secteurs de Gross-Berlin se trouvant sous état de
siège une peine de prison pour[59]
toute menace ou atteinte (boycott) en termes économiques
à l'encontre des membres du secours technique et des membres de leurs
familles, ainsi que l'invitation ou incitation au boycott.
et réaffirme l'interdiction de
insultes ou menaces publiques par écrit à l'encontre du
Secours technique, dans la presse, des tracts ou des brochures.
[Citation dans l'original ►.]
Le 23 octobre, le commandant du District
militaire 6 [Wehrkreis 6] lieutenant général
Oskar von Watter, publiera pour la région industrielle
Rheinland-Westfalen, en accord avec le commissaire du
Reich Carl Severing (SPD), un décret allant dans le
sens indiqué par G. Noske[60].
(Note: le découpage du territoire en Wehrkreise
et Gruppenkommandos est introduit par la
réorganisation de l'armée mise en place le 30 septembre; le
commandement du Wehrkreis 6 succède au
commandement général du VIIe corps d'armée [Armeekorps][61].)
Ce décret stipule[62]:
Sur la base du § 9 b de la loi sur l'état de siège,
j'interdis, pour les territoires soumis à l'état de siège, toute menace ou
atteint économique à l'encontre des membres du Secours technique et des
membres de leur familles, ainsi que l'appel ou l'incitation au boycott. En
outre j'interdis les insultes ou menaces publiques par écrit à l'encontre
du secours technique, dans la presse, des tracts et brochures.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
Dans le cadre du conflit dans la métallurgie à Berlin,
le ministre de la défense G. Noske dirige un ordre aux commandements
de groupe de l'armée[63].
[...] Il n'y a plus lieu d'avoir des doutes, que la grève
des travailleurs de la métallurgie devait conduire à un grand mouvement de
grève et dans son cours ultérieur à un mouvement de subversion. [...] Il
s'agit donc manifestement d'une action globale, pour bloquer la machine
d'état par des grèves s'étendant progressivement. Face à cela, seul aide
l'emploi sans ménagement, de la force publique. [...] Comme moyen le plus
efficace s'avère tout comme avant l'intervention résolue. À côté de cela le
Secours technique a fait ses preuves comme une parade tout à fait
excellente contre la terreur des grèves. [...] Dans ce contexte, pour les
instances militaires est valable tout particulièrement le principe que la
faiblesse numérique d'un déploiement de troupes peut être compensé le mieux
par des mesures d'autant plus tranchantes. [...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
À Bremerhaven (Bremen) l'ensemble
des 431 employés du tramway entament une grève qui se terminera le
20 décembre[64].
|
|
•
|
Dans le cadre du conflit dans la métallurgie à Berlin,
le gouvernement émet une nouvelle sentence arbitrale[65].
La direction locale du DMV accepte la décision et considère une poursuite
de la grève comme "superflue". Mais les employeurs refusent
d'accorder aux comités de travailleurs (organismes dont le statut avait été
défini par un décret du 23 décembre 1918, cf. cette date) un rôle de
contrôle concernant la réintégration des grévistes, et exigent de nouvelles
élections pour ces organes, ce qui signifie qu'ils rejettent la demande du
DMV que les membres des comités de travailleurs soient réintégrés
immédiatement. Dans ces conditions, l'assemblée générale des travailleurs
de la métallurgie berlinois refuse à la quasi-unanimité la reprise du
travail et appelle à la grève générale.
|
|
•
|
Dans le cadre du conflit dans la métallurgie à Berlin,
la commission des quinze (constituée le 10 septembre) ensemble avec
les directions locales de l'USPD et du KPD lancent un
appel à la grève générale[66].
Une assemblée de conseils d'ouvriers, conseils d'entreprise et délégués
d'entreprise de tous les secteurs d'industrie donne pouvoir au Conseil exécutif
de Grand-Berlin (dominé par l'USPD et le KPD suite à
la scission intervenue le 16 juillet) de joindre sa signature à cet
appel. Voici le texte[67]:
Aux masses travailleuses de Berlin!
[...] La grande lutte économique des travailleurs de la
métallurgie se transforme en une lutte pour le pouvoir, entre le capital et
le travail. La dernière influence que vous avez encore gardée dans les
entreprises, ils veulent vous l'arracher. [...] Malgré la lutte pleine de
privations durant sept semaines, les travailleurs de la métallurgie ont
refusé par une majorité écrasante, de plier la nuque sous le joug! [...]
L'assemblée plénière des conseils d'ouvriers et de soldats de Grand-Berlin,
sous une assistance massive comme jamais vue, a accordé à l'unanimité à son
conseil exécutif le pouvoir de lancer l'appel à une grève générale pour
l'ensemble du territoire économique de Grand-Berlin.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
Le 12 novembre 1918, un appel du Conseil des mandatés
du peuple avait déclaré la fin de l'état de guerre en Bavière
(lequel avait été instauré par le décret du 31 juillet 1914)[68].
Cette mesure s'appliquait à la Prusse et au reste du Reich, mais en Bavière
elle soulevait quelques problèmes en rapport avec la législation locale.
Finalement le 4 novembre la Bavière adopte son propre décret mettant
fin à l'état de guerre à la date du 1er décembre, et y substitue un
état d'exception basé sur la législation locale (décret sur la levée de l'état
de guerre et sur des mesures provisoires selon l'article 48/IV de la
constitution du Reich [über die Aufhebung des Kriegszustandes
und über einstweilige Maßnahmen nach Art. 48/IV der Reichsverfassung][69].
Ainsi le pouvoir exécutif est re-transféré des autorités militaires à
celles civiles. Le préfet de police de Munich est désigné comme commissaire
d'état pour la ville et le district de Munich, le président du gouvernement
de la Haute-Bavière est désigné comme commissaire d'état pour cette région,
de même que les autres présidents de gouvernement sont désignés comme
commissaires d'état de leurs districts respectifs. Cela implique qu'ils
sont chargés du "maintien de l'ordre menacé" ["Aufrechterhaltung
der gefährdeten Ordnung"], et pour cela ils sont autorisés à
"décréter, pour éviter un danger pour la sécurité du Reich ou du Land,
la détention préventive ou des restrictions de séjour" ["zur
Abwendung einer Gefahr für die Sicherheit des Reiches oder des Landes
Schutzhaft oder Aufenthaltsbeschränkungen zu verfügen"]. Cet
état d'exception sera levé le 31 octobre 1921.
|
|
•
|
Dans le cadre du conflit dans la métallurgie à Berlin,
l'appel à la grève générale adopté la veille et signé par la commission des
quinze, la direction locale de l'USPD, le KPD et le conseil
exécutif de Grand-Berlin, est publié dans le quotidien de l'USPD,
Freiheit[70].
Un certain nombre de responsables gouvernementaux tiennent
une réunion pour adopter des mesures de répression. Du SPD participent
notamment G. Noske (ministre de la défense), Hermann Müller (ministre
des affaires étrangères), Paul Hirsch (premier
ministre de Prusse), Eugen Ernst (préfet de police de Berlin). Il y a aussi
Eugen Schiffer (ministre de la justice, DDP), Walther
Reinhardt (chef de la direction de l'armée), le général Walther
von Lüttwitz qui est commandant du District militaire 1 [Wehrkreis 1] de l'armée, à Berlin. G. Noske est
autorisé à arrêter les membres de la commission des quinze et à occuper le
local de l'USPD ainsi qu'à arrêter les membres de la
direction de l'USPD qui s'y trouveraient.
Mais ce même jour la direction locale de l'ADGB [Berliner Gewerkschaftskommission]
décide par un vote à égalité de voix pour et contre, de ne pas se joindre à
l'appel[71].
Le SPD se désolidarise également de l'action, notamment à travers une
réunion organisée par le Groupement de travail des conseils d'ouvriers
(constitué par le SPD suite à la scission au sein du Conseil exécutif de
Grand-Berlin intervenue le 16 juillet).
L'appel est alors annulé, décision qui est accompagnée de la
dénonciation de la "trahison des socialistes de droite" ["Verrat der Rechtssozialisten"] (cf. le Freiheit du 6 novembre). Des difficultés
financières conduiront la commission des quinze à déclarer la fin de la
grève, le 11[72].
La sentence arbitrale du 2 novembre est finalement acceptée.
|
|
•
|
Le ministre de la défense G. Noske émet un décret qui,
sur la base de l'état de siège en vigueur depuis mars, prononce la
dissolution du Conseil exécutif de Grand-Berlin[73].
Le décret stipule[74]:
[Le conseil exécutif est un] danger qui menace de façon
immédiate la sécurité et l'ordre publiques. [...] Toute activité
ultérieure, quelle qu'en soit la nature ou le contenu, est interdite par la
présente. Le non-respect de cette interdiction sera puni de peines de
prison jusqu'à un an, pour autant que selon les lois en vigueur n'est pas
prévu une peine plus élevée.
[Citation dans l'original ►.]
Plusieurs membres de la commission des quinze ainsi que du
Conseil exécutif sont arrêtés, les locaux de ce dernier fouillés et tous
les documents saisis.
Après la levée de l'état de siège le 5 décembre, le
conseil exécutif tentera à reprendre son activité, mais aussitôt, le
7 décembre, il sera de nouveau dissout sur ordre de G. Noske. Il
publiera encore un tract suite à la répression de la manifestation du
13 janvier 1920 contre la loi sur les conseils d'entreprise.
|
|
•
|
Dans le secteur de l'industrie métallurgique de Bavière
un mouvement de grève avait débuté en octobre[75].
Il se termine après une sentence arbitrale rendue le 7 novembre à
Nürnberg.
|
|
•
|
Dans le secteur de l'industrie métallurgique de Bavière
une sentence arbitrale rétablit la durée du travail hebdomadaire de
45 heures (44 heures depuis un accord du 14 avril 1919);
ultérieurement elle passera à 46 heures[76].
|
|
•
|
En Prusse, l'état de siège instauré le 3 mars
1919 dans certains territoires est levé[77].
|
|
|
|