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Conformément à la loi du 10 avril, est célébrée la fête
du travail national [Feiertag der nationalen Arbeit][1].
Adolf Hitler prononce un discours à l'occasion d'un rassemblement organisé
à Berlin. L'ADGB appelle les travailleurs à participer
aux festivités. (Cf. ► ►.)
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Dans toute l'Allemagne, la SA et le SS occupent les locaux
des syndicats libres, les bureaux, banques, journaux[2].
Les dirigeants sont arrêtés, les biens confisqués, les unions dissoutes.
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Les syndicats chrétiens s'intègrent au “comité d'action pour
la protection du travail allemand” (“Aktionskomitee zum
Schutz der Deutschen Arbeit”) dirigé par Robert Ley[3].
Cf. ci-dessous un article paru dans le Zentralblatt der
Christlichen Gewerkschaften Deutschlands (Journal central des syndicats chrétiens d'Allemagne). Le DGB et le Hirsch-Dunckersche
Gewerkschaftsring suivront la même démarche, le 4 mai[4].
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Bernhard Otte,
"Nouvelles voies et nouveaux objectifs" ["Neue
Wege und neue Ziele"] (in: Zentralblatt der
Christlichen Gewerkschaften Deutschlands), 15 mai 1933
(extraits)[5]
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[...] la volonté déterminée et sincère du chancelier du
Reich et des instances et personnes qu'il a commissionnées, de mettre en oeuvre les mesures en vue de l'organisation du front du
travail allemand, de même que la volonté sociale ainsi que la volonté que
les travailleurs dans l'état nouveau ne soient pas lésés ‑ su
tout cela il n'y a aucun doute. Certes pas d'un jour à l'autre, mais à
travers un développement assuré et organique sera créé le mouvement
syndical nouveau unitaire, lié solidement à la fois à l'état et au peuple,
un mouvement avec des tâches nouvelles et grandes. Les souhaits de certains
fauteurs de trouble allant dans le sens de jouir d'une entière liberté dans
la fixation des conditions de salaire et de travail, ne se réaliseront pas.
Devant nous se tient un état nouveau, créé par le soulèvement national. Cet
état veut permettre à toutes les couches et professions du peuple à se
mettre en valeur et se développer puissamment. Les droits des différentes
couches du peuple devront être préservés de façon juste et sociale, cela
cependant sur la base d'un rejet catégorique au plus haut point de la lutte
de classe et d'une position sur le plan international qui ne partirait pas
des intérêts du peuple allemand. Dans la nouvelle idée de l'état se trouve
fondé le fait que tous les évènements de la vie sociale sont intégrés dans
l'état comme un tout. Les organisations économiques, elles aussi, font
partie de la vie d'état dans son ensemble et doivent s'insérer dans le
tout. [...]
Qu'on n'ait pas procédé contre nous de la même manière
que contre les syndicats libres, cela tient à la reconnaissance de notre
lutte contre le marxisme. Mais en même temps cela se produisit sous
l'hypothèse que nous soumettions volontairement et sans condition à Adolf
Hitler et au Comité d'action pour la protection du travail allemand,
commissionné par lui. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Le comité exécutif [Vorstand] du SPD
élu par la conférence nationale qui s'était tenue le 26 avril, se
réunit[6].
Trois de ses membres sont désignés pour constituer une direction à
l'étranger: Otto Wels, Siegmund
Crummenerl, Friedrich Stampfer; suivront
également Hans Vogel, Erich Ollenhauer
et Paul Hertz. Après un passage en Saarbrücken, il
sera finalement décidé, le 21 mai, d'instaurer à Prague le comité
exécutif en exil, désigné par l'acronyme Sopade.
Des membres du comité exécutif émigrent en outre Siegfried Aufhäuser, Karl Böchel, Georg
Dietrich, Marie Juchacz, Erich Rinner,
Wilhelm Sollmann, Emil Stahl.
La direction du Sopade sera constitué de O. Wels, H. Vogel, S. Crummenerl, P. Hertz,
E. Ollenhauer, E. Rinner (jusqu'en automne 1933 encore
clandestinement en Allemagne) et F. Stampfer.
Le groupe du comité exécutif restant à Berlin comprend
notamment Paul Löbe, Ernst Heilmann, Wilhelm Hoegner
et Johannes Stelling[7].
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Un traité de neutralité avait été conclu entre l'Allemagne
et l'URSS le 24 avril 1926, puis prolongé pour une durée de trois ans
le 24. Juni 1931. Cette prolongation est ratifiée le 5 mai[8].
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Se tient le premier congrès du Front du travail allemand (Deutsche Arbeitsfront, DAF), placé sous la direction de Robert Ley[9].
Le DAF remplace les syndicats et s'approprie leurs biens.
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La direction locale [Bezirksvorstand]
Württemberg du SPD invite les conseillers communaux [Gemeinderäte] social-démocrates à "soutenir la
réorganisation de l'Allemagne dans le sens de la révolution nationale"
["die Neugestaltung Deutschlands im Sinne der nationalen
Revolution zu unterstützen"].[10].
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L'assemblée nationale se réunit. A. Hitler présente
une déclaration au nom du gouvernement (cf. ci-dessous).
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Le comité exécutif du SPD à l'extérieur se prononce contre
la participation des députés social-démocrates à la
session de l'assemblée nationale[11].
À la discussion préparatoire du groupe du SPD à l'assemblée participent
65 des 120 qui avaient été élus le 5 mars. F. Stampfer
et H. Vogel viennent de Saarbrücken pour
présenter la décision du comité exécutif à l'extérieur. Mais le groupe
décide par 48 voix contre 17 de participer et de présenter une
déclaration. Finalement, après des menaces de représailles de la part du
ministre de l'intérieur Wilhelm Frick (NSDAP)
durant la session du conseil des sages [Ältestenrat],
les 48 députés consentent à approuver la déclaration d'Hitler tout en
renonçant à une déclaration au nom du SPD. La question de l'attitude à
adopter vis-à-vis du gouvernement entrainera diverses prises de positions
par la suite (cf. ci-dessous).
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Au sujet du vote du groupe à l'assemblée nationale du SPD,
paraitra un article de F. Stampfer ‑ notamment
dans l'Internationale Information für Pressezwecke
publié par le secrétariat de l'Internationale ouvrière socialiste
(IOS) ‑ qui déclare que la position du groupe a été adoptée sous
la pression du gouvernement[12].
Le 29 mai le comité exécutif à l'extérieur du SPD déclarera: "il
existe un fossé entre ces députés et les forces dans le parti qui
considèrent comme leur devoir de lutter résolument contre A. Hitler"
["zwischen jenen Abgeordneten und den Kräften in der
Partei, die es für ihre Pflicht halten, entschieden gegen A. Hitler zu
kämpfen, besteht eine tiefe Kluft"][13].
Le 10 juin se tiendra une réunion du groupe à
l'assemblée nationale du SPD, au cours de laquelle P. Löbe
commente les critiques de la façon suivante[14]:
Löbe exposa qu'il se trouvait
malheureusement placé au centre des polémiques par l'article de Stampfer dans la presse socialiste de Prague, dont il
n'avait pu voir que des extraits lorsqu'il avait déjà été invité à une
audition au ministère de l'intérieur prussien. Sur place, le conseiller
ministériel Fischer lui avait fait lecture de l'article et l'avait demandé
comment le groupe se situait par rapport à l'affirmation de Stampfer
que la décision au Reichstag avait été prise uniquement sous la pression
exercée par le gouvernement. Il avait alors rapporté sans ambages au
conseiller ministériel les propos menaçants de Frick
au conseil des sages* et ajouté qu'humainement c'était sans doute plus que compréhensible
que chez les différents membres du groupe, un tel procédé influe
considérablement sur la décision personnelle. Cependant d'un point de vue
purement objectif, c'est que le groupe s'était prononcé dès avant la
session du conseil des sages dans le sens qu'il soutiendrait une politique
de paix du gouvernement, à savoir sur la base de sa position de principe.
Cela ne signifiait pas un vote de confiance à Hitler, puisque le chancelier
avait dit dans la réplique au camarade Wels qu'il n'avait pas besoin de la
social-démocratie pour le sauvetage de l'Allemagne**. Pour autant qu'il
soit question objectivement de la décision en tant que telle, il (Löbe) n'approuvait pas l'article de Stampfer.
[Citation dans l'original ►.]
* Cf. ci-dessus.
** À la session du Reichstag du 23 mars 1933
(cf. à cette date).
Une conférence du SPD tenue à Berlin récusera toute
responsabilité pour les déclarations de la direction extérieure et mettra
en garde contre le travail illégal[15].
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Déclaration du gouvernement,
présentée au Reichstag par Adolf Hitler, 17 mai 1933[16]
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Quant à l'instant je parle consciemment en tant que
national-socialiste allemand, alors je voudrais attester au nom du
gouvernement national et de l'ensemble du soulèvement national, que
précisément nous et cette jeune Allemagne sommes animés par la compréhension
la plus profonde pour les mêmes sentiments et le même esprit ainsi que les
droits à la vie fondés, des autres peuples. [...] Tout en étant attachés à
notre propre culture traditionnelle dans un amour et une fidélité
illimités, nous respectons également les droits nationaux des autres
peuples à partir de ce même esprit et voudrions vivre dans des relations de
paix et d'amitié. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Est promulguée la loi sur les administrateurs du travail [über Treuhänder der Arbeit].
Cf. le texte de la loi ►.
Le 13 juin sera édicté un décret d'application. Cf. le texte du
décret ►.
Cette loi instaure la fonction d'administrateurs publics
qui, en se substituant aux organisations des employeurs et des
travailleurs, "règlementent [...] les conditions pour la conclusion
d'accords relatifs au travail d'une façon qui engage juridiquement les
personnes concernées" ["regeln [...]
rechtsverbindlich für die beteiligten Personen die Bedingungen für den
Abschluß von Arbeitsverträgen"] et de façon générale "veillent
[...] au maintien de la paix au travail" ["sorgen
[...] für die Aufrechterhaltung des Arbeitsfriedens"][17].
L'orientation ainsi mise en oeuvre
correspond aux souhaits des dirigeants de la grande industrie qui
s'efforcent à bloquer la perspective que le DAF se consolide comme
institution représentant les travailleurs[18].
Notamment le président du VDESI Ernst Poensgen avait
fait jouer son influence en ce sens, par l'intermédiaire du “Keppler-Kreis”
constitué en juin 1932 autour de l'entrepreneur Wilhelm
Keppler. C'est dans cette même optique que les industriels,
notamment Albert Vögler, poussent à la dissolution des
unions d'employeurs. Effectivement, le 19 juin, le RDI est transformé
en “Section de politique économique” (“Wirtschaftspolitische
Abteilung”) de l'“État national de l'Industrie
allemande” (“Reichsstand der Deutschen
Industrie”, RStDI) nouvellement constitué, auquel
est également intégrée la Fédération d'Unions d'employeurs allemands (Vereinigung Deutscher Arbeitgeberverbände, VDAV).
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Otto Wels annonce son retour au bureau de l'IOS, dont il
avait démissionné le 30 mars, en déclarant[19]:
Le temps est passé quand nous pouvions espérer sauver
quelque chose en évitant des prétextes à des mesures de force.
[Citation dans l'original ►.]
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Le comité exécutif en exil du SPD tient une réunion à
laquelle participent deux membres du comité exécutif à Berlin, E. Rinner et Max Westphal[20].
Il décide que tous les élus du SPD à l'assemblée nationale et à l'assemblée
régionale de Prusse doivent démissionner de leurs mandats. Il décide
également de transférer le siège du comité exécutif de Berlin à Prague. En
effet, durant le mois de mars le comité exécutif avait adopté une
résolution stipulant[21]:
"Dans le cas d'une paralyse de l'activité politique ou dans le cas
d'une confiscation des institutions du parti par les national-socialistes,
le comité exécutif devra transférer son siège à l'étranger." ["Im Fall der Lahmlegung der politischen Arbeit oder im Fall
eines nationalsozialistischen Zugriffs auf die Einrichtungen der Partei
sollte der Vorstand seinen Sitz ins Ausland verlegen."] Le
jour-même le comité exécutif en exil se constitue en tant que Sopade à
Prague. Rinner et Westphal sont
chargés de réorganiser l'activité du parti en Allemagne.
Les membres du comité exécutif à Berlin de même que les élus
rejetteront cette décision. Le 27 mai le comité exécutif en exil
confirmera ça position[22]:
Il est de notre conviction que le parti ne doit plus
longtemps rester figer dans un stade d'hésitation et d'immobilisme, s'il ne
veut pas admettre qu'à la destruction de sa base organisationnelle par le
fascisme suive, dans la conscience des travailleurs et du publique au plan
mondial, sa démission politique, et s'il ne veut pas laisser exclusivement
aux communistes la lutte contre le fascisme.
[Citation dans l'original ►.]
Le 2 juin, le comité exécutif en exil déclarera en
direction de l'IOS que le SPD a transféré son siège à Prague[23].
Quelques jours plus tard, les membres du comité exécutif restés à Berlin
démentiront cette déclaration.
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Est promulguée la loi sur la confiscation du patrimoine des
communistes [über die Einziehung kommunistischen Vermögens].
Cf. le texte de la loi ►.
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La direction du SPD installée à Prague publie le premier
numéro du Neuer Vorwärts [Nouveau
Vorwärts] et un appel "Brisez les
chaines" ["Zerbrecht die Ketten!"][24].
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Le groupe autour de P. Löbe, à
Berlin, tient une conférence nationale. Elle procède à l'élection d'un
nouveau “Direktorium” du SPD, en prenant soin de ne pas désigner des
membres juifs[25].
Il est composé de Löbe, M. Westphal, J. Stelling,
Franz Künstler, Paul Szillat et ‑ comme seul opposant à
l'orientation de Löbe ‑ E. Rinner.
Ce comité exécutif affirme détenir seul la direction du parti, et déclare[26]:
"Des camarades de parti allemands qui sont partis à
l'étranger, ne peuvent faire aucune déclaration au nom du parti. Concernant
tous leurs propos, le parti décline expressément une quelconque
responsabilité."
[Citation dans l'original ►.]
La destitution du comité exécutif en exil est déclarée.
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Le comité exécutif du SPD à Berlin tient une session, la première
et dernière[27].
Ernst Heilmann déclare: "Nous devons continuer à
filer le fil de la légalité, tant qu'il peut être encore filé." ["Wir müssen den Faden der Legalität weiter spinnen, solange
er weitergesponnen werden kann."] Ernst Schumacher, E. Rinner, Curt Geyer et d'autres
expriment leur désaccord à ce sujet.
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Le ministre de l'Intérieur W. Frick
prononce l'interdiction du SPD[28]:
Tout cela m'oblige à arriver à la conclusion de
considérer le Parti social-démocrate d'Allemagne comme un parti hostile à
l'état et au peuple, qui ne peut plus prétendre à un traitement différent
de celui qui a été appliqué envers le Pari communiste.
[Citation dans l'original ►.]
La justice saisit les biens du SPD[29].
P. Löbe, M. Westphal, F. Künstler et P. Szillat sont arrêtés. J. Stelling
est assassiné par des membres de la SA. E. Rinner
réussit à s'enfuir à Prague.
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B. Otte, Jakob Kaiser, Theodor Brauer
et Franz Behrens sont nommés parmi les 60 membres
de la “Grande convention de travail” [“Großer
Arbeitskonvent”] du Front du travail allemand (DAF)[30].
Otte, ainsi que Wilhelm Leuschner
de l'ADGB, font partie de la délégation du DAF à la
conférence internationale du travail qui se tient à Genève. Le DAF
n'obtient pas la reconnaissance par les organisations étrangères. Les 22‑23
juin, un certain nombre de dirigeants des syndicats chrétiens sont alors
exclus du DAF et de la convention de travail. Le 24, les syndicats chrétiens
sont dissouts et leurs membres intégrés dans le DAF, les locaux syndicaux
sont transférés à la NSBO.
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Tous les partis encore restés légaux en dehors du NSDAP s'auto-dissolvent[31].
Le 3 mai, le DNVP avait changé son nom en “Front national-allemand” (“Deutschnationale Front”, DNF). Le 27 juin, il signe un
accord d'amitié avec des représentants du chancelier et obtient ainsi la
possibilité de se dissoudre sans subir de représailles. Le même jour, en
raison de divergences avec A. Hitler, Alfred Hugenberg, président du DNVP, démissionne en tant que
ministre de l'économie. Des membres emprisonnés du DNF sont libérés, les
membres du parti sont "reconnus comme
membres à droits égaux de l'Allemagne nationale" et intégrés au NSDAP. [Citation dans l'original ►.]
Le 26 juin, l'organisation Casque d'acier est intégré à
la SA sous le nom de “Ligue des combattants du front
NS” (“NS-Frontkämpferbund”),
ses membres adhèrent au NSDAP.
Le 27 juin le comité exécutif [Vorstand]
du DVP décide la dissolution du parti. Le 4 juillet, le président Eduard Dingeldey rend cette décision publique. Lui-même
ainsi que quelques autres membres du parti rejoignent le groupe du NSDAP à l'assemblée nationale comme membres associés.
Le 28 juillet, le DDP ‑ divisé depuis 1930
en Deutsche Staatspartei (Parti de l'état allemand) et
Radikaldemokratische Partei (Parti
radical-démocratique) ‑ décide de se dissoudre.
Heinrich Brüning, depuis mai président du Zentrum,
oeuvre en faveur d'une coopération avec le NSDAP. Le concordat [Reichskonkordat]
et l'accord donné par le Vatican en ce qui concerne l'interdiction
d'activités politiques [parteipolitischen] des
ecclésiastiques catholiques vont à l'encontre de ces efforts. Des
dirigeants du Zentrum sont arrêtés. Le 5 juillet
le parti se dissout. Le BVP avait pris la même décision le 4 juillet.
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Est promulguée la loi contre la formation de nouveaux
partis [gegen die Neubildung von Parteien].
Cf. le texte de la loi ►.
Est promulguée la loi sur la révocation de naturalisations
et la déchéance de la nationalité allemande [über den
Widerruf von Einbürgerungen und die Aberkennung der deutschen
Staatsbürgerschaft].
Cf. le texte de la loi ►.
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Dans la Sarre est constitué le Front allemand [Deutsche
Front], pour regrouper les forces politiques favorables au rattachement de
la Sarre à l'Allemagne[32].
D'abord il s'agit du NSDAP, DNVP, DSVP. Le
13 octobre interviendra un accord entre NSDAP et
le Zentrum régional, lequel cesse d'exister en tant
que tel pour intégrer le Front.
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Tract du SPD, juillet 1933[33]
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I. La position de la social-démocratie
1. La tâche révolutionnaire
Le 22 juin le Parti social-démocrate a été interdit
par son adversaire national-socialiste. De ce fait toutes les discussions
sur mise au pas, tolérance ou coopération sont devenues superflues. Le
système de l'état totalitaire, fasciste ne connaît d'autre facteur de la
volonté d'état en dehors du parti dominant. Un parti avec les tâches et
objectifs de la social-démocratie a donc désormais une légitimité pour exister
uniquement s'il constitue un parti révolutionnaire. Il ne peut influer sur
la volonté d'état qu'en brisant la volonté du parti au gouvernement. Contre
le despotisme il n'y a pas d'opposition parlementaire ou conforme à la
constitution, il ne reste plus que le moyen de la révolution! [...]
2. La garantie de l'avenir
Le parti social-démocrate est l'expression d'une
puissance formée historiquement, qui est solidement ancrée dans les têtes
et les volontés d'hommes. La volonté dirigée vers la liberté, la justice et
le socialisme, qui sont indissolublement liés entre eux, ressurgit
continuellement de nouveau de la misère née de l'organisation imparfaite de
la société humaine, des luttes de classe qu'engendre le développement du
système capitaliste. C'est pourquoi la social-démocratie est indépendante
en principe indépendante de conjonctures politiques, indépendante de la
forme d'état des pays dans lesquels elle agit. Elle lutte pour ses
principes éternelles, peu importe s'il lui est permis de se former
légalement en parti ou si des régimes despotiques tentent de l'opprimer. [...]
Ce qui a de l'importance décisive pour notre avenir n'est donc pas le
démantèlement de notre forme de parti passée, mais la question si
nous-mêmes provoquons la destruction de notre avenir par des moyens et
méthodes propres erronés! Uniquement si nous oublions la tâche historique
de la social-démocratie, si nous-mêmes nous écartons de notre ligne
historique qui nous est prescrite par la loi de nos idées fondamentales,
nous menace la véritable destruction! Alors seulement la représentation des
intérêts de classe du peuple travailleurs incomberait aux communistes!
C'est pourquoi ce qui est en jeu, c'est de s'opposer au régime actuelle
sans compromis aucun! La valeur d'avenir de l'opposition intransigeante
réside dans le fait qu'elle nous préserve intègre pour le jour où le régime
actuelle se verra arrivé à son terme. Le précepte suprême de cette
opposition irréconciliable est: il n'y a rien de commun avec ce régime, ni
dans l'idée ni dans la volonté, ni dans l'action! Il n'y a aucune action
commune, aucune déclaration commune ‑ même pas sur des choses
qui vont de soi! [...] Notre objectif est de renverse le despotisme
national-socialiste! Dans cette attitude irréconciliablement
révolutionnaire réside la garantie de notre avenir!
3. L'engagement national.
Ceci étant, Cet engagement révolutionnaire et
l'engagement national ne se trouvent pas en contradiction l'un avec
l'autre! Partant de la conclusion que nationalement le fascisme conduira
fatalement au naufrage de l'Allemagne et qu'il précipite le peuple et le
pays dans la catastrophe, découle comme devoir suprême le renversement du
régime, en vue du sauvetage du peuple et du pays. Derrière l'idéologie
bourgeoise et fasciste sur la nation se cache le fait qu'une grande partie
du peuple a été séparée de l'état, de l'Allemagne, par la force. Le régime
fasciste a exclu les socialistes de la codétermination de la volonté
d'état, il leur a ôté la personne morale, il tente de leur soustraire le
respect humain et social, il leur vole les droits fondamentaux de la personne!
Celui qui ne nous compte pas comme appartenant à la nation, ne peut
prétendre qu'il y ait une nation unifiée, une Allemagne unifiée! [...]
II. Les perspectives de la révolution.
[...]
III. La tâche historique de la social-démocratie.
1. La lutte de classe au sein du NSDAP.
[...]
2. La nouvelle forme de lutte social-démocrate.
[...] La nouvelle forme de lutte social-démocrate doit
remplir deux tâches. Elle doit être porteuse d'une critique qui dévoile
impitoyablement la nature du régime et de ses actes. Deuxièmement, la tâche
de la nouvelle forme de lutte social-démocrate est de rassembler et de
structurer les forces qui, à l'heure fatidique pour le régime, pourront
agir efficacement en vue de son renversement. [...]
3. Le danger communiste.
Le régime de Hitler doit être renversé par la
mobilisation des couches les plus larges du peuple. Seul un marxisme
grossier aveugle peur s'adonner à l'illusion que la majorité écrasante du
peuple allemand est formée de prolétaires, que donc se compte serait d'éveiller
dans cette majorité écrasante la conscience de classe prolétarienne et de
lui fournir des slogans prolétariens, pour en finir avec le régime. [...]
L'existence du parti communiste, le fait qu'incorrigible, il s'accroche à
une doctrine erronée rend plus difficile la tâche de la lutte contre le
despotisme de Hitler. Il renferme des dangers sérieux pour les perspectives
de succès. C'est pourquoi le nouveau front de lutte social-démocrate doit
se démarquer résolument vis-à-vis des communistes. Il doit rejeter sur le
plan programmatique les objectifs bolchéviques. L'objectif de la grande
lutte de libération contre l'état fasciste ne peut pas consister en ce que
la prison fasciste soit remplacée par celle bolchévique. Ce qui est en jeu,
n'est pas d'inverser le signe de l'esclavage,, mais de secouer les chaines
de l'esclavage et de reconquérir la liberté! [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Est publiée une première liste de déchéance de la
naturalisation, comprenant notamment Rudolf Breitscheid,
Albert Grzesinski, Wilhelm Pieck[34].
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À Leipzig débute le procès concernant l'incendie du
Reichstag[35].
Le 9 mars, Georgi Dimitrov, Blagoï Popov et Vassili
Tanev avaient été arrêtés, contre lesquels un mandat d'arrêt avait ensuite
été décrété le 31 mars. L'acte d'accusation avait été formulé le
24 juillet.
Le 23 décembre sera prononcé le jugement: Ernst
Torgler (du KPD), G. Dimitrov, B. Popov
et V. Tanev sont libérés pour cause de manque de
preuves. Marinus van der Lubbe est condamné à mort
pour haute trahison et incendie volontaire, il sera exécuté le
10 janvier 1934.
Le 27 février 1934, G. Dimitrov, B. Popov
et V. Tanev seront expulsés vers l'URSS. E. Torgler restera en détention préventive jusqu'en
novembre 1936.
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L'assemblée nationale est dissoute, la date des élections
est fixée au 12 novembre[36].
Dans toutes les régions, cette dissolution entraine la dissolution des
assemblées régionales. Elles ne seront pas renouvelées.
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•
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Après l'élection à l'assemblée nationale en 1930, le NSDAP avait chargé Jakob Sprenger de
constituer une organisation de fonctionnaires propre[37].
Ainsi avait été créée le 6 septembre 1931 la section de
fonctionnaires NS [NS-Beamtenabteilung] avec Sprenger à sa tête et Hermann Neef
comme suppléant. Le 15 octobre 1933 Neef annonce
que le l'Union allemande de fonctionnaires (Deutscher
Beamtenbund, DBB) cesse d'exister et qu'il fusionne avec la section
de fonctionnaires NS au sein de l'Union nationale des fonctionnaires
allemands (Reichsbund der Deutschen Beamten, RDB) qui
désormais regroupe l'ensemble des fonctionnaires. C'est Neef
qui en assume la direction.
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L'organisation régionale du SPD dans la Sarre tient un
congrès extraordinaire et décide de se séparer au plan organisationnel de
la direction en exil à Prague[38].
Elle se constitue en “Parti social-démocrate régional de la Saar” (“Sozialdemokratische Landespartei des Saargebiets”)
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Est promulguée la loi pour la sauvegarde de l'unité du
parti et de l'état [zur Sicherung der Einheit von Partei und
Staat].
Cf. le texte de la loi ►.
Cette loi stipule notamment:
Après la victoire de la révolution national-socialiste
c'est le Parti ouvrier national-socialiste allemand qui détient l'idée
d'état allemande et est indissolublement uni à l'état.
[Citation dans l'original ►.]
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Est promulguée la loi pour le règlement du travail
national [zur Ordnung der nationalen Arbeit][39].
Cf. le texte de la loi ►.
Cette loi stipule notamment:
Dans l'entreprise, les entrepreneurs en tant que
dirigeants de l'entreprise, les employeurs et travailleurs comme leurs
équipes, travaillent ensemble pour contribuer aux buts de l'entreprise et
au profit commun du peuple et de l'état. [...]
Le dirigeant de l'entreprise prend les décisions
vis-à-vis de l'équipe dans toutes les affaires de l'entreprise, dans la
mesure où elles sont règlementées par la présente loi. [...]
Il doit pourvoir au bienêtre de l'équipe. Celle-ci doit
lui rester fidèle sur la base de la communauté dans l'entreprise. [...]
Dans les entreprises comptant habituellement au moins
vingt employés, au dirigeant sont associés à titre de conseillers, des
hommes de confiance issus de l'équipe. Ils forment avec lui et sous sa
direction de conseil de confiance de l'entreprise.
[Citation dans l'original ►.]
Un certain nombre de lois et décrets sont abrogés, notamment
les suivants:
- La loi sur les
conseils d'entreprise [Betriebsrätegesetz], du
4 février 1920, et tous les décrets et dispositions édictés sur la
base de cette loi,
- la loi sur le
détachement au conseil de surveillance, de membres du conseils d'entreprise
[über die Entsendung von Betriebsratsmitgliedern in den
Aufsichtsrat], du 15 février 1922,
- la loi sur les
représentations d'entreprise et unions économiques [über Betriebsvertretungen
und über wirtschaftliche Vereinigungen], du 4 avril 1933, à
l'exception des articles III et V, et les décrets pris sur la
base des dispositions abrogées; ainsi que la loi pour la modification de
celle précitée, du 26 septembre 1933,
- le décret sur les
conventions collectives [Tarifvertragsverordnung], du
23 décembre 1918, et les dispositions édictées sur la base de ce
décret,
- le décret sur le
système de conciliation [über das Schlichtungswesen]
du 30 octobre 1923 et le deuxième décret d'application concernant le
décret précité, du 29 décembre 1923,
- la loi sur les
administrateurs du travail [über Treuhänder der Arbeit]
du 19 mai 1933 et le décret d'application du décret précité, du
13 juin 1933,
- le décret
concernant des mesures à l'égard d'arrêts et d'interruptions d'entreprises [betreffend Maßnahmen gegenüber Betriebsabbrüchen und
-stillegungen], du 8 novembre 1920 dans la version du
15 octobre 1930, et les dispositions édictées sur la base de ce
décret,
- le décret
concernant l'interruption d'entreprises qui approvisionnent la population
en gaz, eau, électricité [betreffend die Stillegung von
Betrieben, welche die Bevölkerung mit Gas, Wasser, Elektrizität versorgen],
du 10 novembre 1920.
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La direction en exil du SPD à Prague adopte un programme
intitulé "Lutte et objectif du socialisme révolutionnaire ‑ La
politique du Parti social-démocrate d'Allemagne" (connu comme “Manifeste
de Prague” du Sopade)[40].
Cf. le texte du “Manifeste de Prague” ►.
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Est promulguée la loi sur la réorganisation du Reich [über den Neuaufbau des Reichs].
Cf. le texte de la loi ►.
Cette loi soumet les Länder directement
au Reich. Il confère par ailleurs au gouvernement le pouvoir de définir le
droit constitutionnel.
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Est promulguée la loi sur la suppression du Conseil du
Reich [über die Aufhebung des Reichsrats].
Cf. le texte de la loi ►.
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Est promulguée la loi pour la préparation de l'organisation
organique de l'économie allemande [zur Vorbereitung des
organischen Aufbaues der deutschen Wirtschaft].
Cf. le texte de la loi ►.
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Est édicté le deuxième décret d'application de la loi pour
le règlement du travail national (du 20 janvier 1934) [zur
Durchführung des Gesetzes zur Ordnung der nationalen Arbeit].
Cf. le texte du décret ►.
Le premier décret d'application avait été édicté le
1er mars.
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Vers le début de 1934, Heinrich Himmler
avait été nommé dirigeant des organes de police dans quasiment tous les
provinces, à l'exception de Schaumburg-Lippe (qui s'y ajoutera en juin
1934) et de Prusse[41].
Le 20 avril il est nommé “Chef adjoint et inspecteur” [“Stellvertretender
Chef und Inspekteur”] de la police d'état secrète prussienne [Preußische Geheime Staatspolizei], avec Hermann Göring
comme “Chef de la police secrète d'état” [“Chef der Geheimen
Staatspolizei”].
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Est promulguée la loi pour la modification du droit pénal et
de la procédure pénale [zur Änderung des Strafrechts und des
Strafverfahrens].
Cf. le texte de la loi ►.
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Est édictée la loi pour la règlementation du recours au
travail [zur Regelung des Arbeitseinsatzes][42].
Cf. le texte de la loi ►.
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A. Hitler organise l'arrestation d'Ernst Röhm et
d'autres dirigeants de la SA[43].
Pour cela il s'appuie sur des unités du SS. Un certain nombre d'arrêtés
sont exécutés, dont Röhm. À Berlin, sont éliminés Gregor
Strasser, dirigeant du parti en Allemagne du Nord et fondateur de la
section berlinoise de la SA, ainsi que Friedrich Ritter von
Krausser, dirigeant de la SA [Obergruppenführer],
adjoint de Röhm et chef de
l'office de direction [Führungsamt] dans le cadre de
la direction supérieure de la SA.
Une des raisons du conflit résidait dans la volonté d'E. Röhm de fusionner le Reichswehr et la
SA en une armée de milice sous sa propre direction, tout en écartant les
généraux de la Reichswehr qu'il considérait comme
réactionnaires. Les dirigeants du NSDAP, notamment H. Göring
et H. Himmler ainsi que les chefs de la Reichswehr
qui lui sont alliés ‑ le général Werner von
Blomberg, en particulier le major général Walther von
Reichenau, chef de l'office ministériel ‑, saisissent
l'occasion pour frapper en même temps l'opposition conservatrice. Sont tués
le général Kurt von Schleicher et
sa femme; le collaborateur de v. Schleicher, le major général Ferdinand von Bredow, le directeur ministériel et dirigeant
de l'action catholique, Erich Klausener, le proche
collaborateur du vice-chancelier Franz von Papen, Herbert von Bose, l'ancien premier ministre de Bavière Gustav von Kahr.
La SA sera affaiblie par des mesures de réorganisation,
tandis que le SS qui depuis mi-1933 était indépendant de fait, sera le
20 juillet officiellement séparé de la SA et érigé en organisation
autonome directement subordonnée à A. Hitler dans le cadre du NSDAP.
En ce qui concerne le Feldjägerkorps (cf. 21 avril 1933), il perdra sa fonction et sera
dissout en 1936.
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Est promulguée la loi sur les mesures de légitime défense
de l'état [über die Maßnahmen der Staatsnotwehr].
Cf. le texte de la loi ►.
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Est promulguée la loi sur le chef de l'état du Reich
allemand [über das Staatsoberhaupt des Deutschen Reichs].
Cf. le texte de la loi ►.
Depuis le printemps de l'année, l'état de santé du président
Paul von Hindenburg se dégrade. En prévision de sa
succession, le gouvernement adopte cette loi qui anticipe la fusion de la
fonction de président avec celle du chancelier.
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Le président P. v. Hindenburg décède.
A. Hitler demande au gouvernement d'initier un référendum pour
confirmer la loi sur le chef de l'état du Reich allemand du 1er aout[44].
La date du référendum est fixée au 19 aout. Le résultat confirmera la
loi.
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Est édicté un décret d'A. Hitler sur la nature et
l'objectif du Front du travail allemand [über Wesen und Ziel
der Deutschen Arbeitsfront] (cf. ci-dessous). Le décret stipule
notamment:
Le Front du travail allemand est l'organisation de l'allemand
travailleur de la tête et du poing. En son sein sont regroupés à un pied
d'égalité en particulier ceux qui appartenaient aux anciens syndicats, aux
anciennes unions d'employés et aux unions d'employeurs. [...]
Le Front du travail allemand est une composante du NSDAP dans le sens de la loi pour la sauvegarde de l'unité
du parti et de l'état du 1er décembre 1933.
Les dispositions d'un décret pour l'application de la loi
pour la sauvegarde de l'unité du parti et de l'état [zur
Durchführung des Gesetzes zur Sicherung der Einheit von Partei und Staat],
du 29 mars 1935, concerneront entre autre le statut du DAF qui
deviendra un groupement rattaché au NSDAP [angeschlossener Verband der NSDAP] et
en tant que tel il jouira de la personnalité juridique. Cf. le texte du
décret ►.
Le DAF a pour origine le “comité d'action pour la protection
du travail allemand” instauré le 2 mai 1933 comme structure
d'unification des syndicats. Mais l'orientation implémentée par la suite
lui assigne un périmètre d'activité qui exclut les entreprises. Sur le plan
législatif, cela découle d'abord de la loi sur les administrateurs du
travail du 19 mai 1933, puis de la loi pour le règlement du travail
national du 20 janvier 1934. Des mesures de réorganisation interne du
DAF vont dans le même sens. Son fonctionnement est centralisé, éliminant
toute possibilité de réunions aux niveaux inférieurs. Plus de 200 000
membres sont écartés, en particulier parmi ceux qui sont venus au DAF par
le biais de la NSBO.
Les origines de la NSBO remontent à l'instauration au sein
du NSDAP dans le district de Berlin, en 1928, d'un
secrétariat aux affaires de travailleurs [Sekretariat für
Arbeitnehmerangelegenheiten] dirigé par Reinhold
Muchow[45].
En 1931 sur l'initiative de Gregor Strasser fut
établie une section nationale de cellules d'entreprise [Reichs-Betriebszellen-Abteilung]
auprès de la direction du parti à Munich. Finalement, au cours de la même
année, ces organismes furent rassemblés pour constituer la “Nationalsozialistische
Betriebszellenorganisation” (“Organisation de cellules d'entreprise
national-socialiste”, NSBO). Avec la création du DAF, la NSBO est intégrée
dans celui-ci et neutralisée progressivement. En aout 1933 est déclaré
l'arrêt du recrutement en faveur de la NSBO, et à la suite de l'affaire
dite du putsch de Röhm du 30 juin 1934, les principaux dirigeants sont
démis de leur fonctions. Dans le livret d'organisation du NSDAP (Organisationsbuch der NSDAP) publié
en 1936 est écrit: "Les tâches et compétences de la NSBO ont été
transférées au Front du travail allemand" ["Die
Aufgaben und Zuständigkeit der NSBO sind in die Deutsche Arbeitsfront
übergegangen."]
La publication Deutsche Führerbriefe
liée à l'industrie lourde commente à ce sujet (le 28 aout 1934)[46]:
[Les compétences respectives de NSBO et DAF ne sont] pas
clairement délimités à tous les égards [et les deux ont en commun
l'objectif] d'empêcher la lutte de classe, au moyen de l'éducation national-socialiste.
[...] [L']idée de l'élimination radicale des partenaires organisés pour les
négociations collectives [a] sans doute surgie à partir du terrain du Front
du travail et non pas de la NSBO, plus ancienne [...] Cependant il parait
qu'il y avait des avis différents quant à savoir si la consigne ultime
devait être l'élimination complète ou si, peut-être en partant de la NSBO,
serait souhaitable ou possible dans l'état national-socialiste également
une certaine organisation reliant employeurs et travailleurs, ceci
peut-être en confiant en ce que le Front du travail soit assez fort pour
empêcher une opposition d'intérêts partiale impliquant la lutte de classe.
[Citation dans l'original ►.]
Au sujet des Deutsche Führerbriefe, cf. ►.
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Décret d'Adolf Hitler sur la
nature et l'objectif du Front du travail allemand, du 24 octobre 1934[47]
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Nature et objectif
§1 Le Front du travail allemand est l'organisation
de l'allemand travailleur de la tête et du poing. En son sein sont
regroupés à un pied d'égalité en particulier ceux qui appartenaient aux
anciens syndicats, aux anciennes unions d'employés et aux unions
d'employeurs. L'appartenance à une organisation professionnelle,
sociopolitique, économique ou idéologique ne remplace pas l'appartenance au
Front du travail allemand. Le chancelier du Reich peut disposer que des
organisations professionnelles reconnues légalement appartiennent au Front
du travail allemand à titre corporatif.
§2 L'objectif du Front du travail allemand est la
formation d'une communauté du peuple et de production de tous les
Allemands. Il doit faire en sorte que chacun puisse occuper sa place dans
la vie économique de la nation, en étant dans un état spirituel et physique
qui le rend capable à la plus haute performance et qui garantit par là le
plus grand profit pour la communauté du peuple.
§3 Le Front du travail allemand est une composante
du NSDAP dans le sens de la loi pour la sauvegarde de
l'unité du parti et de l'état du 1er décembre 1933.
[...]
§7 Le Front du travail allemand doit assurer la paix
dans le travail en créant chez les dirigeants d'entreprise la compréhension
pour les droits justifiés des équipes, et chez les équipes la compréhension
pour la situation et les possibilités de son entreprise. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Circulaire à tous les
mandataires [Amtswalter] de la NSBO et de l'union
générale des unions de travailleurs allemandes, du 24 mai 1933[48]
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1. Rapport entre NSBO et syndicats.
Le syndicat et la NSBO sont deux organisations
complètement séparées. Le syndicat constitue la représentation économique
des travailleurs dans les entreprises, la NSBO la représentation politique.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
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Est promulgué la loi pour la règlementation des quêtes
publiques et des manifestations de nature similaire [zur
Regelung der öffentlichen Sammlungen und sammlungsähnlichen
Veranstaltungen].
Cf. le texte de la loi ►.
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L'IOS tient une réunion à Paris[49].
Elle décide que désormais les partis nationaux peuvent déterminer eux-mêmes
leur attitude quant à d'éventuels accords avec les partis communistes.
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Est promulguée la loi sur le service de travail
volontaire [über den Freiwilligen Arbeitsdienst].
Cf. le texte de la loi ►.
Cf. également ►
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Est promulguée la loi contre des attaques sournoises envers
l'état et le parti et pour la protection des uniformes de parti [gegen heimtückische Angriffe auf Staat und Partei und zum Schutz
der Parteiuniformen].
Cf. le texte de la loi ►.
Est édicté le décret sur la compétence des tribunaux
spéciaux [über die Zuständigkeit der Sondergerichte].
Cf. le texte de la loi ►.
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Dans la Sarre se déroule le référendum concernant le statut
de la région[50].
Une large majorité des votants se prononce en faveur du rattachement à
l'Allemagne. Le 18 janvier le Conseil de la Société des Nations
entérine la décision en ce sens.
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Est promulguée la loi relative aux gouverneurs du Reich [Reichsstatthalter].
Cf. le texte de la loi ►.
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Est promulguée la loi sur l'introduction d'un livret du
travail [über die Einführung eines Arbeitsbuches].
Cf. le texte de la loi ►.
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Est édicté le dixième décret d'application de la loi pour le
règlement du travail national (du 20 janvier 1934) [zur
Durchführung des Gesetzes zur Ordnung der nationalen Arbeit].
Cf. le texte du décret ►.
Un premier décret d'application avait été publié le
1er mars 1934, puis un deuxième le 10 mars 1934 (cf. à cette
date), ainsi que sept autres entre le 28 mars 1934 et le
15 février 1935. Ultérieurement, une série de décrets d'application
seront édictés, jusqu'au vingt-deuxième daté du 30 mars 1943[51].
Si dans une entreprise il n'y a pas de représentant de
l'Organisation de cellules d'entreprise national-socialiste, ou s'il a un
empêchement, alors le dirigeant de l'entreprise établit, en accord avec
l'administrateur de l'entreprise représentant le Front du travail allemand,
la liste des délégués et de leurs suppléants.
[Citation dans l'original ►.]
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La direction en exil du SPD à Prague informe la direction
intérieure et les groupes frontaliers au sujet de certaines décisions qui
avaient été prises au début de l'année: notamment, Siegfried
Aufhäuser et Karl Böchel ont été exclus du
comité exécutif, au motif de "tendances organisationnelles
particularistes" ["organisatorischer
Sonderbestrebungen"]. Durant les discussions au sein du parti
au sujet du Manifeste de Prague, Aufhäuser et Böchel avaient publié une prise de position fortement
critique, autour de laquelle s'était formé un “groupe de travail de
socialistes révolutionnaires” [“Arbeitskreis Revolutionärer
Sozialisten”] aboutissant à la constitution de groupe “Revolutionäre
Sozialisten Deutschlands” (“Socialistes révolutionnaires d'Allemagne”,
RSD). Cependant, celui-ci se réintègrera au Sopade en 1937.
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Est promulguée la loi pour l'organisation des forces
armées [für den Aufbau der Wehrmacht].
Cf. le texte de la loi ►.
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Est promulguée la loi de défense [Wehr].
Cf. le texte de la loi ►.
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Est promulguée la loi de service national de travail [Reichsarbeitsdienst].
Cf. le texte de la loi ►.
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Est édicté le décret sur l'usage des armes des forces
armées [über den Waffengebrauch der Wehrmacht].
Cf. le texte du décret ►.
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À Nürnberg se déroule le congrès du NSDAP.
Le 10 septembre, Joseph Goebbels prononce un discours sur le thème du
bolchévisme.
Cf. le discours ►.
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La direction en exil du SPD à Prague décide d'engager les
membres du parti à refuser tout accord avec le KPD et le Rote
Hilfe Deutschlands (Secours Rouge d'Allemagne, RHD)[52].
La décision est communiquée au moyen d'une circulaire diffusée le
24 janvier.
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Est édicté le décret sur le dirigeant en matière de travail
au ministère de l'intérieur [über den Reichsarbeitsführer im
Reichsministerium des Innern].
Cf. le texte du décret: ►.
Est promulgué la loi de prolongation de la loi pour la
résorption de la détresse du peuple et du Reich [zur Behebung
der Not von Volk und Reich] adoptée le 23 mars 1933.
Cf. le texte de la loi ►.
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Est édicté le décret sur la direction des forces armées [über die Führung der Wehrmacht].
Cf. le texte du décret ►.
Ce décret modifie de fait la loi de défense [Wehr]
du 21 mai 1935. Il stipule notamment:
Dès maintenant, j'exerce moi-même [Adolf Hitler]
directement le pouvoir de commandement sur l'ensemble du Wehrmacht.
[Citation dans l'original ►.]
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Est édicte le règlement du temps de travail [Arbeitszeitordnung].
Cf. le texte du règlement: ►.
Le règlement entre en vigueur le 1er janvier 1939. Il
permet aux employeurs d'allonger le temps de travail journalier jusqu'à
14 heures.
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Dispositifs de service
obligatoire développés par les national-socialistes
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Déjà avant la prise du pouvoir par les national-socialistes,
existaient des dispositifs de service volontaire[53].
Avec l'instauration de la dictature, s'accentue le caractère idéologique
qui les sous-tend, et qui est accompagné de pressions pour recruter les
participants. On peut mentionner notamment le service du travail volontaire
[Freiwilliger Arbeitsdienst] et le programme d'aide
aux campagnes [Landhilfe-Programm].
À partir de 1935 sont instaurés des services obligatoires
généraux qui ne sont plus motivés par des considérations concernant le
marché du travail. 1935 le service militaire obligatoire [Wehrpflicht]
et le service du travail national obligatoire [Reichsarbeitsdienstpflicht]
pour les hommes, 1938 l'année obligatoire dans l'agriculture et à domicile [Pflichtjahr in Land- oder Hauswirtschaft] puis en 1939 le
service du travail national obligatoire, pour les femmes. Ultérieurement le
service du travail obligatoire pour les femmes est étendu au service d'aide
de guerre obligatoire [Kriegshilfsdienstpflicht].
À partir de 1938, commence l'introduction d'obligations de
service individuelles. Des particuliers sont assignés à des emplois
particuliers, en général dans le cadre du marché du travail. On peut
mentionner notamment le service obligatoire [Dienstpflicht],
le service d'urgence [Notdienst].
Au-delà de ces dispositifs spécifiques, le principe du
service devient un modèle pour les relations de travail en général. Ainsi
la notion de marché du travail cède la place à la "mission de
travail" ["Arbeitseinsatz"]. La liberté
des travailleurs est progressivement limitée, un livret du travail devient
obligatoire, et à partir de 1939 les changements d'emploi doivent avoir
l'accord des offices du travail [Arbeitsämter]. En
outre le recours à des étrangers pour le travail forcé s'étend.
Les mesures législatives sont accompagnées de la pression
idéologique, par exemple en matière de santé[54].
Voici ce qui est expliqué dans un "manuel pour éducateurs de jeunes et
pour parents", publié en 1941[55]:
Chaque Allemand a le devoir de vivre de telle façon qu'il
reste en bonne santé et apte au travail. La maladie est une défaillance.
Qui manque souvent au poste de travail pour cause de maladie, est un
mauvais ouvrier.
[Citation dans l'original ►.]
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Appel du comité exécutif en
exil du SPD à Paris "Au peuple allemand!" du 14 septembre
1938 (extraits)[56]
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La guerre se trouve proche au plus haut point, dans cette
heure décisive nous déclarons devant le peuple allemand et le monde entier,
que le renversement d'Hitler est l'objectif suprême de notre politique. [...]
Hitler et le nouveau militarisme allemand forment un tout. La défaite et
l'élimination définitive de ce militarisme sont les conditions préalables
pour la paix et la réorganisation de l'Europe. Comme force alliée aux côtés
de tous les adversaires d'Hitler qui luttent pour la liberté et la culture
de l'Europe, nous agirons en ce sens durant la guerre.
[Citation dans l'original ►.]
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Protocol de la session du
comité exécutif du SPD en exil, du 26 avril 1939 (extraits)[57]
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Ollenhauer complète ces
communisations et attire l'attention sur le fait que nous sommes posés
devant la question si nous devrions donner de nouvelles instructions à nos
camarades à l'étranger, pour le cas d'une guerre? Nous avons pris la
décision de ne pas aller au-delà de l'appel de septembre*, mais d'avancer
plutôt dans l'orientation que nous disons aux camarades qu'il devraient
respecter les lois des pays d'accueil et pour le reste lutter pour
l'Allemagne contre Hitler.
Tarnow: [...] Au sujet de la question de la participation
des émigrants à la guerre il attire l'attention sur les difficultés en
résultant. Il préfère que chacun règle la question avec lui-même et
considère comme inapproprié d'amener une décision du comité exécutif du
parti. Il craint au sujet d'une décision du comité exécutif du parti
qu'elle puisse fortement nuire au mouvement et constituerait possiblement
un ferment pour une nouvelle légende du coup de poignard. Il conseille pour
le cas d'une publication des formulations prudentes et propose de ne mettre
rien dans un tel appel qui pourrait être interprété comme si le comité
exécutif du parti appellerait à la lutte contre le régime les armes à la
main. Il recommande de contourner la réponse à la question si les soldats
allemands devrait lutter ou pas. [...] Nous devons nous engager en faveur
de la thèse que nous sommes prêts à travailler pour une Allemagne nouvelle,
mais nous ne devons pas aller jusqu'à appeler les soldats allemands à
déposer les armes et effectuer des actes de sabotage à la conduite
allemande de la guerre. [...]
[Citation dans l'original ►.]
* Cf. 14 septembre 1938. Cet appel sera republié
quasiment à l'identique le 10 septembre 1939[58].
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