|
•
|
À Halle (Sachsen-Anhalt), les troupes du major
général Georg Maercker occupent la ville, centre du
mouvement de grève d'Allemagne centrale. Il y a 24 morts parmi les
travailleurs[1].
Le 12 mars l'état de siège sera étendu à un périmètre
élargi autour de Halle, incluant notamment Bitterfeld et
Merseburg.
|
|
•
|
À Berlin, les conseils d'ouvriers SPD décident
d'envoyer une délégation à Weimar, chargée de mener des négociations avec
le gouvernement[2].
|
|
•
|
À Berlin, l'assemblée plénière des conseils
d'ouvriers et de soldats de Grand-Berlin décide la proclamation de la grève
générale[3].
Sur insistance de l'USPD, la direction de la grève est
conférée à un conseil exécutif composé de façon paritaire. Quelques jours
plus tôt, l'USPD de Berlin avait répondu négativement
à une demande du KPD, d'organiser des manifestations de soutien à la grève
en Allemagne du centre.
Le Freiheit, organe de Berlin de
l'USPD, écrira le 11 mars[4]:
Les Indépendants n'ont aucun lien avec les actes de
violence autrement que les conseils d'ouvriers de tendance socialiste de
droite, qui pareillement ont voté pour la grève, puisque justement, étant
donnée l'excitation des masses, elle ne pouvait pas être enrayée.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
À Nowawes (aujourd'hui partie de
Potsdam) (Brandenburg) des grèves se développent dans
13 entreprises, avec la participation de plus de
3000 travailleurs et employés[5].
Les mouvements dureront jusqu'au 8 mars.
|
|
•
|
Dans l'édition du matin du Vorwärts
paraissent deux appels du SPD contre la grève, sous le titre "Contre
la tyrannie" ["Gegen die Tyrannei!"][6].
L'un des textes débute ainsi:
Folie et crime jaillissent à travers les pays allemands.
Si l'on ne jugule pas cette rage sauvage, la classe ouvrière allemande se creuse
sa propre tombe.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
Le gouvernement de Prusse instaure l'état de siège
dans les territoires de Berlin, Spandau, Teltow, Niederbarnim[7].
Il sera levé le 5 décembre. Le pouvoir exécutif est conféré à
G. Noske, qui est nommé "Oberbefehlshaber in den
Marken"[8].
Ainsi sont confirmés de façon formelle les pouvoirs qui avaient été
conférés à Noske le 6 janvier, lorsqu'il avait été nommé
"commandant suprême des troupes gouvernementales dans et autour de
Berlin". La fonction était vacante depuis qu'Alexander
von Linsingen ‑ qui l'occupait depuis le 1er juin
1918 ‑ l'avait abandonnée le 17 novembre.
Les rassemblements et défilés en plein air sont interdits.
Néanmoins le SPD organise des manifestations et des réunions publiques en
rapport avec les négociations sur le traité de Versailles, en mars (Noske
ayant levé l'interdiction expressément pour le SPD), en mai et juin (sans
que l'interdiction soit levée). Des réunions publiques sont organisées sans
être entravées par les autorités, en mai par la droite contre la "paix
imposée par la force" [Gewaltfrieden] et en août
par les invalides de guerre.
Des mandats d'arrêt sont lancés contre les membres de la
Centrale du KPD et les rédacteurs du Rote Fahne[9].
Le Freiheit (organe central de l'USPD)
et le Rote Fahne sont interdits. Le
gouvernement fait détruire les presses de l'imprimerie du Rote
Fahne.
|
|
Revendications approuvées par
une assemblée plénière des conseils d'ouvriers et de soldats de
Grand-Berlin, 3 mars 1919 (extraits)[10]
|
•
|
A. Revendications politiques
1. Reconnaissance des
conseils d'ouvriers et de soldats.
2. Mise en oeuvre immédiate des Points de Hambourg, qui concernent le
pouvoir de commandement.
3. Libération de tous
les prisonniers politiques, en particulier libération du camarade Ledebour. Annulation de tous les procès politiques,
abolition de la juridiction militaire, [...] arrestation immédiate de
toutes les personnes qui ont participé à des assassinats politiques.
4. Formation immédiate
d'une garde ouvrière révolutionnaire.
5. Dissolution
immédiate de toutes les unités de volontaires recrutés par publicité.
6. Établissement
immédiat de relations politiques et économiques avec le gouvernement
soviétique de Russe.
B. Revendications économiques
Ces revendications se rapportent à la reconnaissance et
la détermination des droits des conseils d'ouvriers et de soldats. Elles
correspondent aux lignes directrices qui ont été élaborées par le conseil
exécutif pour les conseils d'ouvriers, et qui ont été refusées par le
gouvernement. Ces revendications sont ici posées de nouveau. Elles sont
libellées comme suit:
Les conseils d'ouvriers sont la représentation autorisée
de la population travailleuse. Ils ont pour tâche d'assurer et édifier la
réorganisation en Allemagne. Ils doivent faire valoir les intérêts des
travailleurs, employés et fonctionnaires des deux genres dans les
entreprises privés, communales et d'état, et exercer un contrôle détaillé
sur les entreprises. L'objectif de leur activité doit être la
socialisation, au plus rapide, de la vie économique et nationale. [...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
Appel
du KPD à la grève générale à Berlin, 3 mars 1919[11]
|
•
|
Travailleurs, prolétaires!
L'heure est arrivée de nouveau. Les morts se relèvent de
nouveau. Ceux qui ont été terrassées à coups de sabots de cheval,
chevauchent de nouveau.
Les Ebert-Scheidemann [...] Ils pensaient que le
prolétaire allemand se laisserait escroquer des fruits de la révolution par
les escarmouches entre plumitifs au parlement et les marchandages des
partis.
Et celui qui ne voulait pas se laisser escroquer, devait
être cloué au sol par la poigne de fer. Jusqu'à hauteur de maison le
"travailleur" Noske* a entassé les cadavres de prolétaires en
Allemagne. [...]
Travailleurs! Camarades du Parti! Ayez les idées claires.
Les Ebert-Scheidemann-Noske sont les ennemis mortels de la révolution. Pour
occuper leurs sièges de ministres, ils vous ont vendus à la bourgeoisie.
Ils vous ont trahis dès le premier jour, ils vous ont empêtrés dans les
attaches de l'assemblée nationale, quotidiennement ils vous ont fait
assassiner. Travailleurs! Camarades du Parti! Soyez en conscient: la révolution
peut aller de l'avant uniquement par-dessus la tombe de cette
social-démocratie majoritaire. [...]
Vos revendications pour la grève générale sont les
suivantes:
1. Dans toutes les entreprises,
élection de conseils d'entreprise qui, en accord avec les conseils
d'ouvriers doivent régler les affaires internes des entreprises et les
conditions de travail, contrôler la production, et finalement assumer la
direction de l'entreprise. [...]
2. Élimination de la domination
arbitraire de la soldatesque, établissement du droit intégral d'association
et de réunion, transfert du pouvoir de police aux conseils d'ouvriers.
3. dissolution de la garde
blanche, désarmement des officiers, étudiants citoyens etc., formation
d'une garde rouge, subordination de tous les moyens de pouvoir militaires à
un comité élu par les travailleurs, retrait de toutes les troupes des
territoires ouvriers "occupés" Rheinland-Westfalen,
Bremen etc.
4. Libération de tous les
prisonniers politiques, de ceux en détention provisoire autant que des
condamnés, abandon des procès liés aux évènements de janvier à Berlin,
arrestation des assassins de Liebknecht et de Rosa Luxemburg. Instauration
d'un tribunal de la révolution, qui juge les principaux coupables de la
guerre, les Hohenzollern, Ludendorff, Hindenburg, Tirpitz, ainsi que les
traitres à la révolution, Ebert, Scheidemann, Noske, et les assassins de
Liebknecht et Luxemburg, des parlementaires du "Vorwärts",
des camarades de Spandau etc.
5. Conclusion immédiate de la
paix avec la Russie, établissement des relations diplomatiques avec la
république soviétique.
Travailleurs! Camarades du Parti!
Voilà ce qui est l'étape suivante que vous devez
atteindre, pour que l'oeuvre de la révolution, votre
existence et avenir, le bienêtre de vos enfants, le bonheur de l'humanité
ne soient pas ruinés! Cessez le travail! Restez pour l'instant dans les
entreprises, pour que vous n'en soyez pas tenu à l'écart!. Rassemblez-vous
dans les entreprises, Éclairez les hésitants et retardataires! Ne vous
laissez pas entrainer à des fusillades inutiles, que le Noske guette
justement pour faire couler de nouveau le sang! Restez ensemble dans les
entreprises, pour que vous soyez à chaque instant capables d'agir. [...] En
avant vers la lutte! En avant vers la grève générale! À bas
Ebert-Scheidemann-Noske, les assassins, les traitres! À bas l'assemblée
nationale! Tout le pouvoir aux conseils d'ouvriers. Ne vous laissez pas
tromper de nouveau. Ne vous laissez pas une fois de plus bercer par de
nouvelles promesses. [...]
[Citation dans l'original ►.]
* C'est
une allusion à des paroles du propre Noske. Cf. ►
|
|
Décret de Gustav Noske,
3 mars 1919[12]
|
•
|
Après que le ministère d'état prussien, par décret du
3 mars 1919, a instauré l'état de siège sur le district [Landespolizeibezirk] Berlin, le district [Stadtkreis] Spandau, et les districts [Landkreise] Teltow
et Niederbarnim, et que le pouvoir exécutif m'a été
conféré, je décrète ce qui suit:
§ 1. Les administrations civiles sont maintenues dans
leurs fonctions, mais doivent en cas de besoin se plier à mes ordres et
instructions.
§ 2.
1. Toutes les réunions en plein air sont interdites,
toutes les réunions publiques dans des locaux fermés nécessitent mon
autorisation.
2. Les défilés publics ainsi que les rassemblement et
attroupements sur la place publique sont interdits.
[...]
§ 3. La publication de nouveaux journaux est soumise à
mon autorisation.
§ 4. Le respect des dispositions ci-dessus sera en cas de
besoin imposé par la force des armes; [...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
Est adoptée la loi de transition [Übergangsgesetz],
qui sera publiée le 7 mars. Elle déclare que les lois et décrets
actuels du Reich restent en vigueur, pour autant qu'ils ne sont pas en
contradiction avec la loi de transition ni la loi sur le pouvoir provisoire
du Reich du 10 février, et que restent en vigueur également les
décrets promulgués par le Conseil des mandatés du peuple et le gouvernement
du Reich. (Cf. le texte ►.)
|
|
•
|
Le gouvernement soumet à l'assemblée nationale une
proposition de loi sur la socialisation [Sozialisierungsgesetz][13].
(Cf. le texte ►.)
Cette démarche est accompagnée de la part du SPD d'une
propagande visant à faire passer l'idée qu'ainsi serait instauré le
socialisme. Le 1er mars un tract avait été diffusé, intitulé "La
socialisation est en marche!" ["Die Sozialisierung
marschiert!"]. Le 2, le gouvernement avait annoncé[14]:
La socialisation est là! [...] Le Reich fera en sorte que
la gestion s'effectue partout selon les exigences de l'intérêt commun. Et
ça, c'est du socialisme!
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
En Braunschweig, le
28 février, le KPD avait entrepris une tentative de déclarer une
république des conseils[15].
Le 4 mars à lieu un référendum qui, sur la base d'une faible
participation, aboutit de justesse à un vote favorable. En définitive,
l'action reste sans suite.
|
|
•
|
À Brême (Bremen) une grève à
lieu dans l'AG Weser, avec pour revendication la libération des
personnes arrêtées au cours de l'occupation de la ville par les troupes
gouvernementales[16].
|
|
•
|
À Berlin, des forces de
corps-francs s'élevant à environ 30 000 hommes, sous le commandement
du général Walter von Lüttwitz, entrent dans la ville[17].
|
|
•
|
À Berlin le KPD, devant
l'assemblée plénière des conseils d'ouvriers et de soldats de Berlin
annonce son retrait du conseil exécutif[18].
|
|
Déclaration
du groupe du KPD à l'assemblée plénière des conseils d'ouvriers et de
soldats de Grand-Berlin, 4 mars 1919[19]
|
•
|
La grève générale est dirigée contre le gouvernement
conduite par le SPD, et contre sa politique. Faire entrer les représentants
de cette politique dans la direction de la grève, signifie la trahison à la
grève générale et à la révolution. [...] Le Parti communiste d'Allemagne
refuse de porter sous une forme quelconque la responsabilité de cette
trahison. En signe de protestation la plus vive, il retire ses membres du
conseil exécutif.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
À Berlin, des parties de la Garde militaire
républicaine [Republikanische Soldatenwehr] et de la
Division populaire de marine [Volksmarinedivision] se
rallient aux grévistes[20].
|
|
•
|
À Berlin, des négociations débutent entre la
direction de la grève et le gouvernement[21].
Celui-ci rejette les revendications des grévistes, et annonce un programme
de travail qui prévoit la mise en œuvre de mesures législatives concernant
les conseils d'ouvriers, le droit du travail, la socialisation, la
juridiction militaire et l'approvisionnement en vivres.
Les délégués approuvent, contre l'avis d'une forte minorité,
le résultat des négociations[22].
Alors que le résultat n'est pas encore connu officiellement, les conseils
d'ouvriers SPD adoptent une résolution en faveur de l'arrêt de la grève.
|
|
•
|
À Berlin, les troupes du général W. v. Lüttwitz,
commandant général de la Mark Berlin-Brandenburg,
passent à l'attaque contre les grévistes et les forces de défense
favorables à celles-ci[23].
Interviennent notamment la Division de tirailleurs de cavalerie de garde ‑ commandée
par le capitaine Waldemar Pabst ‑, la Brigade
Reinhard ‑ commandée par le colonel Wilhelm
Reinhard ‑, la Division de protection allemande ‑ commandée
par le lieutenant général Wilhelm von der Lippe, ainsi
que le corps-franc Hülsen ‑ commandée par
le major général Bernhard
von Hülsen.
L'état-major de W. v. Lüttwitz
met en scène une provocation pour déclencher des affrontements. Suite à des
pillages commis par des éléments infiltrés sur la place Alexanderplatz,
le 5 mars la Division populaire de marine comme partie de la Garde
républicaine de sécurité est envoyée sur place. Quand elle commence à agir
contre les pilleurs, des hommes du corps-franc Lützow ‑ commandé
par le Major Hans von Lützow ‑ ouvrent le
feu contre eux à partir de la préfecture de police, où ils avaient été
stationnés la nuit précédant, officiellement avec le même ordre que la
Division populaire de marine. Celle-ci riposte. Les corps-francs emploient
l'arsenal complet, de l'artillerie jusqu'aux bombardements aériens, non
seulement sur place mais aussi contre le bâtiment Marinehaus,
quartier général de la Division populaire de marine. Les affrontements
gagnent ensuite les quartiers ouvriers du Nord-Est de Berlin.
|
|
•
|
En Haute-Silésie, les équipes de six mines entament
une grève[24].
Dans les jours qui suivent plus de la moitié des mines rejoignent le
mouvement, et aussi les travailleurs des usines sidérurgiques Borsigwerke, Laurahütte, Julienhütte. Les revendications
principales reprennent celles formulées par le mouvement à Berlin, telles
que: instauration de conseils d'entreprise, désarmement des militaires,
amélioration de la situation alimentaire, augmentation des salaires, paix
immédiate avec la Russie. En outre des travailleurs polonais demandent la
constitution de gardes polonaises et l'ouverture de la frontière avec la
Pologne. Dans différents villages des territoires de Beuthen
(aujourd'hui Bytom en Pologne) et Oppeln (aujourd'hui
Opole en Pologne), les paysans s'opposent à l'enregistrement du bétail.
Dans quelques localités des affrontements armés se produisent. Des troupes
de protection des frontières interviennent contre les travailleurs en
grève. Des militants communistes sont arrêtés, des tribunaux de guerre sont
instaurés pour réprimer les dirigeants du mouvement.
|
|
Résolution d'une conférence de
conseils d'ouvriers dominés par le SPD, à Berlin, 5 mars 1919[25]
|
•
|
Elle [la conférence] constate que la grève a été entamée
contre la volonté du Parti social-démocrate et de ses représentants dans le
conseil d'ouvriers de Grand-Berlin par une assemblée des conseils
d'ouvriers dominée par les communistes et les indépendants. Après le
résultat des négociations avec le gouvernement, la conférence ne peut
soutenir une continuation ultérieure de la grève générale, si le comité du
conseil exécutif rapporte au moins les mêmes concessions du gouvernement.
Dans cette hypothèse les conseils d'ouvriers social-démocrates
sont chargés de soumettre une motion en faveur de l'arrêt de la grève et,
en cas de rejet de cette motion, d'arrêter la grève de sa propre
initiative.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
Est adoptée la loi sur la formation d'une Force de défense
du Reich provisoire [Gesetz über die Bildung einer
Vorläufigen Reichswehr], qui sera promulguée le 12 mars. (Cf.
le texte ►.)
Elle restera en vigueur jusqu'à la réorganisation des forces
armées sous la forme du Wehrmacht, en janvier 1921. (Cf. les textes ► ►.)
Avant l'adoption de la loi sur la Reichswehr
provisoire, avait été formé un comité pour la Reichswehr [Reichswehrausschuß]
qui, en février, avait fixé les règles concernant la sélection des unités
de volontaires qui devaient être intégrées dans la Reichswehr
et celles devant être dissoutes[26].
Dans la Reichswehr devaient être intégrées les unités
suivantes: 1. les gardes populaires [Volkswehren]
constituées conformément à la loi sur les gardes populaires du
12 décembre 1918 (il n'y en a pratiquement pas); 2. les
formations de volontaires constituées pour la protection des frontières [Grenzschutz] (selon l'appel du gouvernement du
7 janvier "En avant les volontaires!"), c'est-à-dire des
corps-francs; 3. des gardes civiles [Bürger- und
Einwohnerwehren] "sous certaines conditions". Dans la
pratique, cela signifie que les corps-francs constituent la base de la nouvelle
armée. Quelques gardes populaires sont intégrées dans la Reichswehr
provisoire, mais cette composante est estimée à moins de 10 pourcent;
en outre ces unités ont été la plupart du temps élaguées et dépassent
rarement les 1000 hommes alors que souvent elles sont rattachées à des
brigades qui comptent environ 10 000 hommes.
|
|
•
|
G. Noske (le 25 février) considère [27]:
[...] en rapport avec la reconstruction ultérieure des
forces armées allemandes, peu importe quel puisse être leur caractère, nous
considérons comme un impératif absolu qu'il faut avoir recours en premier
lieu aux personnes qui ont une expérience militaire prolongée, puisque ce
serait tout à fait stupide de procéder au tentative de former des forces
armées sans se servir en cela des forces éprouvées qui ont fait leurs
propres expériences de longue date.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
À Berlin, pour protester contre l'intervention
violente des troupes gouvernementales, l'assemblée plénière des conseils
d'ouvriers décide de paralyser les centrales de gaz, électricité et eau[28].
|
|
•
|
À Berlin, suite à la décision de l'assemblée plénière
des conseils d'ouvriers adoptée la veille, le SPD quitte la direction de la
grève[29].
Le 8 mars, le Vorwärts commente: "Là où commence la bestialité, la
solidarité prend fin."
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
À Berlin, l'USPD présente une
résolution sur la base de laquelle la grève est abandonnée[30].
|
|
•
|
À Radzionkau (Haute-Silésie)
(aujourd'hui Radzionków en Pologne), des affrontements
armés ont lieu entre travailleurs et unités de la force de protection des
frontières [Grenzschutz][31].
|
|
•
|
À Halle, le comité d'action décide d'arrêter la grève
le lendemain[32].
Ainsi se termine le mouvement en Allemagne centrale.
|
|
•
|
Au Borsigwerk près de Biskupitz
(Haute-Silésie) (aujourd'hui partie de Zabrze,
en Pologne), des affrontements armés ont lieu entre travailleurs et unités
de la force de protection des frontières [Grenzschutz][33].
Il y a des morts. Dans le territoire de Strehlitz
(aujourd'hui Strzelce Opolskie en Pologne) se
déroulent des mouvements de protestation de paysans.
|
|
Décret
de Gustav Noske, 9 mars 1919[34]
|
•
|
La cruauté et la bestialité des Spartakistes qui nous
combattent, m'obligent à l'ordre suivant: Toute personne qui est trouvée en
combattant les troupes gouvernementales les armes à la main, doit être
fusillée immédiatement.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
En Prusse, dans plusieurs provinces est déclaré
l'état de siège[35].
Dans tous les districts frontaliers, il restera en vigueur jusqu'à début
avril. Ainsi le pouvoir exécutif est transféré au commandement militaire
suprême.
|
|
•
|
À Berlin, la Division populaire de marine [Volksmarinedivision] est définitivement démantelée[36].
Elle était déjà considérée officiellement comme dissoute depuis les
évènements de décembre 1918; ses restes formaient le Dépôt 15 de la
Garde militaire républicaine [Republikanische
Sicherheitswehr], mais continuaient à être désignés comme Division
populaire de marine. Le 10 mars, est annoncé[37]:
La Division populaire de marine est dissoute. Tout ancien
membre de cette division qui sera trouvé l'arme à la main, sera traité
selon la loi martiale.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
En Haute-Silésie, 35 mines sont en grève. Des
affrontements se produisent à l'usine sidérurgique Laurahütte[38].
L'ensemble des mines de la région de Dąbrowa (Dombrowa)
en Pologne se mettent également en grève. Les grévistes de Haute-Silésie,
pour protester contre l'intervention des unités de protection des
frontières [Grenzschutz], la répression militaire et
les arrestations, organisent une manifestation partant de la Laurahütte
à Siemianowitz
(aujourd'hui Siemianowice Śląskie, en
Pologne) en direction de Czeladz, localité située du
côté polonais de la frontière. Les unités de protection des frontières
dispersent la manifestation et empêchent qu'elle rencontre les grévistes
polonais.
|
|
•
|
Leo Jogiches, membre de la Centrale du
KPD, avait été arrêté le 13 janvier, mais avait réussi à s'échapper.
Après l'assassinat de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, il avait pris en
charge la direction du Parti. Le 10 mars il est arrêté de nouveau et
assassiné en prison.
|
|
Ordre de la Garde-Kavallerie-Schützen-Division,
10 mars 1919 (extraits)[39]
|
•
|
Qui résiste ou pille par les armes, mérite d'être fusillé
immédiatement. Il est de la responsabilité de chaque chef que cela se
fasse.
En outre, si les troupes essuient des tirs venant de maisons,
l'ensemble des habitants, peu importe qu'ils clament leur innocence ou non,
doivent être rassemblés dans la rue, en leur absence les maisons doivent
être fouillées en vue d'armes; des personnes suspects chez qui on trouve
effectivement des armes doivent être fusillées. [...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
À Berlin, ce jour est fixé un rendez-vous pour une
remise de solde aux anciens membres de la Division populaire de marine[40].
Le général W. v. Lüttwitz charge le
lieutenant Otto Marloh de procéder à des arrestations
le plus nombreuses. 250 marins se présentent, presque tous sans armes.
Par téléphone, un officier du commandement de Wilhelm
Reinhard donne comme instruction à destination de Marloh: "Tous ce qu'il peut fusiller, qu'il
le fusille." [Citation dans l'original ►.]
Marloh suit la consigne et fait exécuter
29 personnes.
La
politique vue à travers l'expression artistique:
Un tableau de George Grosz interprète cet évènement ►.
|
|
•
|
En Haute-Silésie, sous l'influence de dirigeants du
SPD et de l'USPD, des délégués des mineurs en grève
décident de mettre fin à la grève générale[41].
Néanmoins, la reprise du travail n'est pas immédiate: le 15 mars
12 mines sont toujours en grève, le 17 encore deux.
|
|
Tract
du KPD, 11 mars 1919 (extraits)[42]
|
•
|
Travailleurs! Camarades du Parti!
[...] Que pouvait être obtenu par la grève générale? Si
elle restait limitée à Berlin, elle pouvait avoir pour résultat uniquement,
que les larges masses du prolétariat se rendent compte que leur lutte pour
le socialisme se trouve trahi par les majoritaires par infamie, par les
indépendants par faiblesse. Elle pouvait montrer au prolétariat uniquement
qu'il ne peut gagner son avenir que sous la consigne claire, irrésistible
et dénaturée par aucun pacte: tout le pouvoir aux conseils d'ouvriers et de
soldats! Le prolétariat s'est rendu compte qu'il ne peut atteindre cet
objectif qu'à travers la lutte la plus tranchante contre Ebert et
Scheidemann et tous ceux qui se pressent entre ceux-là et lui-même, les
Richard Müller et les indépendants qui continuent à croire qu'on puisse
"faire" la révolution par la ruse. Cette grève générale ne
pouvait pas mener à la prise du pouvoir politique par le prolétariat. Pour
cette raison nous n'avons pas lancé une telle consigne, pour cette raison
nous ne pouvions pas appeler nos partisans à participer à la lutte armée
engagée par des gens éloignés de nos positions* et que nous considérons
donc dans cette situation non pas comme politique mais comme putschiste.
Nous sommes de l'avis: le moment de la prise du pouvoir par le prolétariat
sera venu quand ce ne sera pas Berlin, Leipzig ou Rheinland-Westfalen
ou Brême qui font grève à tout de rôle ou l'un après l'autre, mais quand
sera arrivée la prochaine étape: la grève générale à travers toute
l'Allemagne. Et c'est vers cet objectif que nous avons avancé de mille
lieus dans les luttes de ces semaines. Le prolétariat allemand a appris à
utiliser la grève générale comme une arme politique. [...] Le prolétariat
atteindra son objectif: Il a interrompu cette lutte et tient toute la force
prête pour le coup suivant, fort et peut-être ultime. Profitez du temps.
Établissez la clarté dans vos têtes! Au diable les traitres! Dehors les
hésitants! Nettoyez les conseils d'ouvriers! [...] Là où se trouve encore
un majoritaire dans le conseil d'ouvriers: révoquez-le, élisez un nouveau!
Travailleurs! Prolétaires! [...] Vous accomplirez ce que l'histoire
mondiale exige de vous. Inlassablement vous continuerez la lutte et
rassemblerez les prolétaires de toute l'Allemagne sous notre crie de bataille:
A bas Ebert-Scheidemann-Noske! À bas l'assemblée nationale! Tout le pouvoir
aux conseils d'ouvriers et de soldats!
[Citation dans l'original ►.]
* Le
5 mars, des membres du 15e dépôt de la Garde militaire
républicaine [à Berlin] avaient subi des tirs venant de la préfecture de
police sur la place Alexander, déclenchés par des soldats placés sous le
commandement du général von Lüttwitz. Cette
provocation se transforme en combats armés qui aboutiront à l'occupation
des quartiers de Lichtenberg et le massacre de plus de 1200 travailleurs et
soldats, par les troupes contrerévolutionnaires.
|
|
•
|
À Hambourg, Walther Lamp'l (SPD) ‑ depuis
le 28 février commandant de la garde populaire ‑ s'appuie
sur la Section de garde volontaire de Bahrenfeld ‑ un
quartier de Hambourg.
La Section de garde volontaire Bahrenfeld
[Freiwilligen-Wachabteilung Bahrenfeld, ou Freiwillige Wachabteilung, ou Freiwilligenwachkompanie]
avait été constituée à partir du 12 mars en réunissant des
sous-officiers des régiments de Hambourg et des volontaires avec un
effectif de 1100 hommes[43].
Elle sera transformée en juin 1919 en “Bataillon de chasseurs de
Grand-Hambourg” [“Reichswehr-Jäger-Bataillon Groß-Hamburg”],
de 600 hommes. Cette unité abritera des personnages qui feront ensuite
carrière sous la dictature national-socialiste, notamment: SS-Oberführer
Johannes Bernhardt, SS-Brigadeführer Walter Bierkamp, SS-Gruppenführer
Heinrich Lankenau, SS-Gruppenführer Bruno Streckenbach.
|
|
•
|
À Berlin, dans les districts Friedrichshain
et Lichtenberg les combats durent jusqu'au
13 mars[44].
La loi martiale sera levée le 16. Parmi les ouvriers et les civils, à
l'issue des mouvements de grève à Berlin, on compte environ 1200 morts
et 1600 arrestations.
|
|
•
|
Est adoptée la loi sur la socialisation [Sozialisierungsgesetz][45].
(Cf. le texte ►.)
Elle sera édictée le 23 mars et entrera en vigueur avec sa publication,
le 28.
Est également adoptée une loi sur la règlementation de
l'industrie du charbon [Gesetz über die Regelung der
Kohlenwirtschaft] qui sera suivie d'une loi sur l'industrie du Kali [Gesetz über die Kaliwirtschaft] publiée le 19 juillet[46].
|
|
Appel du ministre de sciences,
art et éducation populaire de Prusse, Konrad Haenisch
(SPD), 13 mars 1919 (Extraits)[47]
|
•
|
Une fois encore la patrie appelle ces jeunes hommes aptes
aux armes. Une fois encore l'appel est: en avant les volontaires! [...] La
jeunesse murie se saisit volontiers des armes, parce qu'elle se rend compte
de la gravité terrible de notre situation et sait ce qu'exige d'elle le
devoir de conservation L'armée allemande est en ruine, le déluge du
bolchévisme menace de briser notre ligne de défense frontalières à l'est,
la hydre de l'anarchie et de la guerre civile lève la tête à l'intérieur.
Sauve ta patrie, jeunesse allemande! [...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
Intervention
de Gustav Noske à l'Assemblée nationale, 13 mars 1919 (extraits)[48]
|
•
|
La grande masse des travailleurs de Berlin sont, bien
sûr, des hommes honnêtes. Mais des éléments malveillants sont présents en
quantité dans la ville comptant des millions d'habitants. [...] Déjà avant
que la décision de la grève n'ait été prise à Berlin, qui devait inaugurer
la nouvelle révolution, ces criminels faisaient déjà leur travail dans les
rues de Berlin. [...] Le mardi un avis a été publié par le comité des
travailleurs de Berlin qui fait office de conseil exécutif de la direction
de la grève, avis qui écrit sur les évènements à Berlin:
Comme dans tous les grands mouvements de masse,
dans cette grève générale politique également, toutes sortes d'éléments louches
apparaissaient dans le sillage des travailleurs honnêtes et ayant une
conscience de classe. Comme durant la guerre s'ouvre un vaste champ
d'action aux hyènes du champ de bataille et aux profiteurs de guerre, de
même au mouvement vers la liberté du peuple ne sont pas épargnés les hyènes
de la révolution. Malheureusement, le lundi, une telle racaille craignant
la lumière a porté préjudice à la lutte honnête des masses de travailleurs,
en provoquant des pillages et des scènes de raffut.
La " racaille craignant la lumière" pour parler
avec l'avis, " les hyènes de la révolution", avaient commencé
leurs agissements avant que l'état de siège ne soit instauré, et avant que
je puisse faire entrer un soldat à Berlin. [...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
Intervention
de Gustav Noske au congrès du SPD
tenu à Weimar du 10 au 15 juin 1919 (extraits)[49]
|
•
|
Ce qui en sortirait pour moi, je m'en suis clairement
rendu compte ce lundi 6 janvier, dans la chancellerie, quand le
conseil central m'a conféré, comme on sait, ses pouvoirs le plus amples. À
l'époque j'ai dit: il faut bien quelqu'un pour accomplir la besogne, mais
je saisis clairement que cela signifie pour moi que je devrai parcourir la
révolution allemande en Bluthund. De cela
j'étais conscient dès le premier jour, et ce n'était pas par plaisir ni par
désir criminel de gloire, mais simplement par la conscience grave du
devoir, que je me sentis poussé à accomplir ce travail sanglant dans
l'intérêt du peuple allemand. En janvier, dans la plus grande hâte, les
nouvelles formations ont été créées de toutes pièces. [...] Toutefois je ne
pouvais pas demander leur livret de membre de parti aux gens qui à l'époque
se mettaient en marche avec moi pour entrer à Berlin. Je devais déjà être
content qu'ils apportent un fusil et se mettent à ma disposition.
Naturellement à Berlin en janvier et encore plus en mars, il y a eu des oeufs cassés, des victimes regrettables en constituaient le
prix. Mais si à l'époque je n'avais pas fait frapper le coup, alors le
gouvernement aurait volé en éclats, et alors l'assemblée nationale ne
siègerait pas, alors ne siègerait pas non plus ce congrès aujourd'hui.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
Résolution adoptée au congrès
du SPD tenu à Weimar du 10 au 15 juin 1919 (extraits)[50]
|
•
|
Le congrès accorde de l'importance aux plaintes des
camarades du parti au sujet de l'attitude des corps de volontaires et de
leurs chefs. Cependant le congrès ne peut pas ignorer le fait que les
travailleurs social-démocrates ont une part de
responsabilité à l'égard du mécontentement vis-à-vis des corps de
volontaires, parce que trop peu de travailleurs sont entrés dans ces corps
et par là sont fautifs quant à la composition unilatérale de ces troupes.
[...] Si l'on veut que le gouvernement et la constitution ne succombent à
toute sorte d'influences arbitraires, il ne peut pas être renoncé
entièrement à la force militaire. Le congrès considère comme une injustice
la déconsidération et le boycott sans distinction des troupes de
volontaires ainsi que des gardes de sécurité et civiles par certains
travailleurs. Le congrès demande la neutralité complète des troupes de
volontaires dans toutes les questions politiques, afin de les prémunir
contre tout soupçon d'excès contrerévolutionnaires ou autres. [...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
La journée des huit heures et le repos du dimanche est
étendu aux employés.
|
|
•
|
En Prusse, il est mis fin à l'application de la loi
martiale découlant du décret émis par G. Noske le 9 mars, dans
les territoires soumis à l'état de siège depuis le 3 mars
|
|
•
|
À Hambourg se tiennent les élections à l'assemblée
régionale (Bürgerschaft) constituante[51].
Le SPD obtient 82 mandats sur 160, l'USPD et
la “Gauche radicale” 15. Le KPD boycotte les élections. Le 24,
l'exécutive du grand conseil d'ouvriers tiendra sa dernière session. Le
pouvoir est transféré au Bürgerschaft.
|
|
•
|
À Munich (Bavière), se tient une assemblée des
députés à l'assemblée régionale[52].
Johannes Hoffmann (SPD) est élu premier ministre. Au gouvernement
participent le SPD, l'USPD et l'Union bavaroise de
Paysans et de classes moyennes (Bayerischer Bauern- und
Mittelstandsbund, BBB). Le 18, une loi d'habilitation [Ermächtigungsgesetz] est votée qui accorde au gouvernement
des pouvoirs considérables, notamment celui de promulguer des lois sans
avoir recours à l'assemblée régionale. Celle-ci adopte une constitution
d'urgence [Notverfassung], la "loi fondamentale
d'état provisoire de l'État libre de Bavière" ["vorläufiges
Staatsgrundgesetz des Freistaates Bayern"]: le premier ministre
est élu par l'assemblée régionale et celle-ci doit accorder la confiance au
gouvernement.
|
|
•
|
En Haute-Silésie, le mouvement de grève prend fin[53].
|
|
•
|
En Saxe, le ministre des affaires militaires du
gouvernement régional, Gustav Neuring (SPD), lance un
appel à la formation d'unités de volontaires[54].
Déjà en janvier 1919 avait été créé à Dresde le “régiment ordre” [“Regiment Ordnung”], avec la participation de sous-officiers
en activité. Celui-ci interviendra notamment à la fin du mois au cours de
la dissolution forcée du conseil d'ouvriers et de soldats de Pirna. Avant
de devenir ministre, Neuring avait été président du
conseil de soldats de Dresde.
|
|
Appel du ministre de la guerre
de Saxe, Gustav Neuring, 18 mars 1919 (extraits)[55]
|
•
|
[...] le bolchévisme qui menace notre patrie de
l'extérieur et de l'intérieur exige l'accélération au plus haut point dans
le déploiement des troupes de volontaires. [...] À cette époque grave,
aucun des cercles de la population ne doit rester en arrière pour ce qui
est de leur empressement d'intervenir avec courage et au prix du sang pour
le rétablissement et le maintien de l'ordre, et pour le sauvetage des biens
encore restants. [...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
En Prusse, l'assemblée régionale constituante,
convoquée le 13 mars, promulgue une loi sur l'organisation provisoire
du pouvoir d'état [Gesetz über die vorläufige Ordnung der
Staatsgewalt][56].
|
|
•
|
En Haute-Silésie, des troupes investissent le
local du KPD à Roßberg près de Beuthen[57].
|
|
•
|
En Haute-Silésie, se tient une réunion des “hommes de
confiance” pour organiser le début d'un mouvement de grève le lendemain[58].
Cependant, la réunion est dispersée par une intervention de la police et
des troupes de protection de frontière. Ainsi la décision concernant la
grève ne peut pas être mise en pratique.
|
|
•
|
À Essen (Nordrhein Westfalen),
la commission des neuf appelle à une assemblée de travailleurs pour le
30 mars (cf. ci-dessous).
|
|
Appel de la commission des neuf
à Essen, 24 mars 1919 (extraits)[59]
|
•
|
Aux mineurs de la région industrielle de Rheinland-Westfalen
Camarades!
[...] Nous revendiquons:
La socialisation des mines doit être effectuée dans le
sens de l'expropriation du capital privé, du transfert des richesses de
charbon et des moyens de production à la propriété de la communauté, et de
l'administration du secteur minier par les travailleurs des mines
(travailleurs des mains et de la tête). [...] Pour prendre position au
sujet de cette question si brulante, nous vous appelons ici, d'envoyer à
travers le comité de travailleurs respectivement le conseil de mine vos
délégués à une conférence à Essen. [...]
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
À Witten (Nordrhein-Westfalen)
se produisent des affrontements entre travailleurs en manifestation et des
troupes[60].
Il y a 11 morts. En réaction, dans le district entre Bochum et Dortmund,
éclate une grève générale.
|
|
Instruction de service pour les
gardes civiles, émise par l'office central pour les gardes civiles de la
protection régionale [Landesschutz] de Saxe auprès du
ministère de l'Intérieur (Otto Uhlig, SPD, ministre de
l'Intérieur depuis le 21 mars) (extraits)[61]
|
•
|
La garde civile constitue le soutien pour les troupes
combattantes gouvernementales et quand des combats se sont déroulés, elle
prend en charge la sécurisation des nids de Spartakistes purgés, afin de
libérer les troupes gouvernementales pour d'autres tâches. [...] Peu
importe l'appartenance de parti, on ne fait pas de politique.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
En Prusse, après la démission du Conseil des mandatés
du peuple le 20 mars, est formé un gouvernement [Ministerium]
avec Paul Hirsch (SPD) comme premier ministre [Präsident], et composé selon une coalition entre SPD, DDP et
Zentrum. Walther Reinhardt (sans parti) est ministre
de la guerre.
|
|
•
|
Dans la Ruhr, dans le cadre de l'union de travail [Arbeitsgemeinschaft] du secteur minier, les représentants
des employeurs acceptent l'introduction des équipes de sept heures et demi
pour les mineurs du sous-sol[62].
|
|
•
|
Dans la Sarre, débute une grève des mineurs qui
durera jusqu'au 10 avril[63].
21 mineurs seront condamnés par des tribunaux militaires des autorités
d'occupation françaises, environ 400 seront expulsés[64].
|
|
•
|
Otto Hörsing (SPD) est nommé
commissaire d'état Prusse [Preußischen Staatskommissar]
pour la Haute-Silésie. Peu après il sera désigné comme fondé de
pouvoir du Reich [Reichsbevollmächtigter] pour le même
territoire et sera ainsi "commissaire du Reich et de l'état" ["Reichs- und Staatskommissars"]. À partir du
23 mai il sera également compétent pour la partie Sud de la province Posen[65].
|
|
•
|
À Essen (Nordrhein Westfalen) se
réunit une conférence de délégués des mines de l'ensemble de la Ruhr,
dominée par membres de l'USPD et du KPD[66].
Elle rassemble 475 délégués de 195 mines. Elle décide contre
8 voix de quitter les syndicats et de fonder une “Union générale des
mineurs” [“Allgemeine Bergarbeiterunion”], et adopte à
l'unanimité l'appel à la grève générale illimitée. En outre, à la place de
la Commission des neuf créée le 13 janvier est élu, comme direction,
un conseil central des mines [Zentralzechrat] Parmi
les principales revendications: équipes de 6 heures, augmentation de
salaire de 25 %, reconnaissance du système des conseils, désarmement
des corps-francs, armement des travailleurs, rétablissement des relations
de l'Allemagne avec la Russie soviétique (cf. ci-dessous).
|
|
Résolution adoptée par la
conférence de délégués des mines de l'ensemble de la Ruhr à Essen,
30 mars 1919 (extraits)[67]
|
•
|
[...] En outre la conférence a adopté à l'unanimité (sans
exception) la résolution d'entrer en bloc le mardi 1er avril à
10 heures du matin en grève générale et de ne pas reprendre le travail
tant que les revendications suivantes ne sont pas satisfaites totalement:
1. Introduction immédiate de la durée de tournée de six
heures avec descente et remontée pour les travailleurs sous terre, avec
maintien du salaire payé jusqu'à maintenant pour une durée supérieure.
2. Augmentation de salaire de 25 pourcent.
3. Règlement des questions de la corporation.
4. Reconnaissance du système de conseils.
5. Mise en oeuvre immédiate des Points
de Hambourg (concernant le pouvoir de commandement).
6. Libération immédiate de tous les prisonniers politiques.
7. Formation immédiate d'une garde ouvrière révolutionnaire.
8. Dissolution immédiate de tous les corps de volontaires.
9. Établissement immédiat de toutes les relations politiques
et économiques avec le gouvernement soviétique russe.
10. Désarmement de la police dans la région
industrielle et dans le Reich.
11. Paiement des tournées de grève.
[Citation dans l'original ►.]
|
|
•
|
À Stuttgart (Württemberg), le “comité d'action du
prolétariat unifié” [“Aktionsausschuß des geeinigten
Proletariats”] qui avait été constitué le 21 mars[68]
proclame la grève générale[69].
Le gouvernement instaure l'état de siège. Des affrontements ont lieu avec
les troupes de sécurité commandées par Paul Hahn. Il y a des morts.
|
|
•
|
Dans la Ruhr, le gouvernement instaure l'état de
siège[70].
Il décide de couper la fourniture de compléments en vivres [Lebensmittelzulagen]
aux grévistes et d'accorder des compléments de vivre accrus à ceux qui
travaillent selon les horaires adoptés (sept heures et demie).
|
|
|
|