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À Wilhelmshaven (Niedersachsen),
pour désamorcer les mutineries, le commandement de la marine décide
d'éloigner une partie de la flotte[1].
Dans la nuit au 1er novembre, plusieurs navires avec plus de
5000 hommes d'équipages entrent au port de Kiel
(Schleswig-Holstein). 47 mutins, qui avaient été arrêtés, sont
incarcérés dans les prisons de la ville. Dans la maison des syndicats,
250 marins se réunissent pour organiser l'aide aux prisonniers.
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L'Autriche-Hongrie signe un armistice.
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En Bavière, la constitution est modifiée en faveur
d'un système parlementaire.
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À Berlin se tient une réunion du conseil d'ouvriers
constitué par les “hommes de confiance”[2].
Les représentants du Groupe Spartakus insistent pour un déclenchement
immédiat de l'insurrection, mais seuls les “hommes de confiance” ont droit
au vote, et le conseil décide de fixer la date au 11 novembre.
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À Kiel (Schleswig-Holstein),
500 personnes se rassemblent devant la maison des syndicats[3].
Le bâtiment est bloqué sur ordre du gouverneur, l'amiral
Wilhelm Souchon. Les soldats se rendent sur la place d'armes. Un appel
est lancé, à l'initiative notamment de Karl Artelt qui
travaille dans les ateliers de torpilles et de Lothar Popp
qui travaille dans les chantiers navals (tous les deux USPD)[4],
pour une manifestation le lendemain. Durant la nuit, des tracts sont distribués.
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À Kiel (Schleswig-Holstein), une
réunion se tient entre le gouverneur et des officiers supérieurs de la
marine[5].
Le gouverneur W. Souchon transmet un rapport à
l'Office de la marine du Reich |Reichsmarineamt] à
Berlin et demande que soit "envoyé ici un député social-démocrate
éminent, pour qu'il parle dans l'esprit d'éviter révolution et révolte. Une
manifestation rassemble environ 5000 à 6000 participants,
principalement des marins. Les orateurs demandent "Arrêt de la guerre,
paix, liberté, pain". Le cortège traverse différents quartiers de la
ville, à plusieurs occasions les manifestants réussissent à s'emparer
d'armes. Le gouverneur donne l'ordre de "s'opposer par tous les
moyens" aux manifestants et de "faire usage des armes sans
ménagement". Un échange de tir se produit, il y a 7 morts.
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Des marins insurgés de Kiel arrivent à Rostock, Wismar
et Schwerin (Mecklenburg-Schwerin).
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Le gouvernement constitué le 3 octobre publie un
"Appel au peuple allemand" ["An das deutsche
Volk!"] qui expose son programme. (Cf. le texte ►.)
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À Kiel (Schleswig-Holstein), le
mouvement s'étend aux troupes de la marine stationnées à terre dont des
unités se joignent aux insurgés, de même que les travailleurs du chantier
naval Germania et des ateliers de torpilles[6].
Un appel à la grève générale est lancé pour le lendemain. Le gouverneur W. Souchon entame des négociations, il libère une
partie des prisonniers. Le soir, arrivent à Kiel le secrétaire d'état Conrad Haußmann et le député Gustav Noske
(SPD). Devant un rassemblement, Noske tient un discours qu'il termine par
un appel au calme et à l'ordre. Des négociations ont lieu entre Noske, Haußmann, des officiers supérieurs, des représentants du SPD
et de l'USPD ainsi que des syndicats. Pendant ce
temps, des marins et des travailleurs se réunissent à la maison des
syndicats. Dans la nuit est constitué un conseil de soldats, le matin
suivant un conseil d'ouvriers. Il n'y a pas de coopération
organisationnelle entre les deux. Le conseil de soldats formule une liste
de revendications, les “14 points de Kiel” [“14 Kieler
Punkte”] (cf. ci-dessous).
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À Stuttgart (Württemberg) est constitué un conseil
d'ouvriers sous la présidence de Fritz Rück (Groupe
Spartakus)[7].
Suite à l'arrestation des membres du conseil entre le 6 et le
8 novembre, son action sera paralysée.
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Appel
du comité exécutif du SPD, 4 novembre 1918 (extraits)[8]
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Travailleurs! Camarades du Parti!
Au moyen de tracts sans signature et au moyen de
l'agitation de bouche à l'oreille, l'exhortation vous a été adressée, de
quitter dans les jours qui viennent les entreprises et sortir dans la rue.
Nous vous conseillons instamment de ne pas suivre ces
exhortations.
Comme vous le savez tous, le Parti social-démocrate est
en train de mener une action très importante. Il a détaché un certain
nombre de camarades au gouvernement, afin que celui-ci conclue au plus vite
une paix et rétablisse à l'intérieur toutes les libertés civiques que la
classe ouvrière nécessite pour son développement ultérieur.
[...] Comme vous le savez tous des journaux, le camarade Scheidemann, en accord avec le parti, a recommandé au Chancelier
du Reich de conseiller à l'Empereur d'abdiquer. Cette question est
actuellement encore sujette à des négociations importantes.
[...] Nous vous appelons à ne pas contrarier ces
négociations par une immixtion irréfléchie. Nous sommes placés devant les
décisions les plus difficiles, chaque jour nous pouvons être mis dans la
situation de devoir vous appeler à ce que vous mettiez votre parole dans la
balance de la décision. Cependant, maintenant il s'agit de garder le
sang-froid et la discipline, et de ne se laisser prendre au piège par
aucune sorte de slogan semant le trouble.
Des actions qui promettre d'être couronnées de succès
doivent être portées par l'ensemble des masses travailleuses. Or pour de
telles actions, ce n'est pas le moment actuellement. Donc, ne suivez aucune
consigne qui émane d'une minorité irresponsable!
[Citation dans l'original ►.]
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Les 14 points de Kiel [14 Kieler Punkte], 4 novembre 1918[9]
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1. Libération de l'ensemble
des détenus et des prisonniers politiques.
2. Liberté complète de
la parole et de la presse.
3. Levée de la censure
du courrier.
4. Traitement adéquat
des soldats par des supérieurs.
5. Retour sans
punition de l'ensemble des camarades à bord et dans les casernes.
6. La sortie de la
flotte ne doit pas avoir lieu, quelles que soient les circonstances.
7. Aucune mesure de
sécurité produisant effusion de sang ne doit avoir lieu.
8. Retrait de
l'ensemble des troupes n'appartenant pas à la garnison.
9. Toutes les mesures
pour la protection de la propriété privée seront fixées dès maintenant par
le conseil d'e soldats.
10. En
dehors du service il n'y a plus de supérieurs.
11. Liberté
individuelle illimitée de tout homme, de la fin du service jusqu'au début
du service suivant.
12. Nous
saluerons parmi nous les officiers qui acceptent les mesures du conseil de
soldats actuellement existant. Tous les autres devront quitter le service
sans pouvoir prétendre à assistance.
13. Chaque
membre du conseil de soldats doit être libéré de tout service.
14. L'ensemble
des mesures à prendre dans l'avenir ne doivent être prises qu'avec l'accord
du conseil de soldats.
[Citation dans l'original ►.]
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À Kiel (Schleswig-Holstein), le
matin, sur les navires sont hissés les drapeaux rouges[10].
Sur l'un d'eux, se produit un incident, deux officiers et un marin sont
tués. Durant la journée des affrontements ont lieu, il y a 10 morts.
Au cours d'un rassemblement convoqué à la hâte, G. Noske se fait
désigner comme président du conseil de soldats. Rétrospectivement, il
résume la situation comme suit[11]:
Quelqu'un, soit Artelt, ou le
dirigeant syndical de Kiel Garbe, m'a fait la
proposition d'assumer provisoirement la direction des affaires. Pour la
mi-journée, à 1 heure, était de nouveau annoncé un grand rassemblement
de manifestation sur la Wilhelmsplatz, auquel devait
être présenté un compte-rendu. Peu avant éclata une pluie violente [...].
Par conséquent, seulement des brèves allocutions furent prononcées à partir
d'une voiture. Je me suis limité à souligner que le mouvement, qui s'est
produit sans que j'y sois pour quelque chose, devait être dirigé d'une main
ferme.
[Citation dans l'original ►.]
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L'insurrection de Kiel atteint Lübeck et Brunsbüttel (Schleswig-Holstein)[12].
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À Wilhelmshaven (Niedersachsen)
se déroule une manifestation de masse qui réunit les marins descendus des
navires et ceux stationnés sur terre[13].
Sur l'un des navires se produit un incident, des officiers sont tués[14].
Les personnes qui avaient été incarcérées sont libérées. Un conseil d'ouvriers
est élu qui fusionne avec le conseil de soldats déjà constitué. Un comité
formé de 21 membres (le Conseil des 21 [21er‑Rat]), présidé
par le chauffeur de chaudière Bernhard Kuhnt (SPD) est
établi.
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À Kiel (Schleswig-Holstein),
sous l'influence de G. Noske, la situation s'est calmée[15].
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À Brême (Bremen), une délégation
de marins insurgés venue de Kiel demande le soutien des travailleurs du
chantier naval AG Weser pour obtenir la libération de 230 marins
incarcérés dans la prison de la ville[16].
En même temps, à la gare principale, se produit une mutinerie de marins de Wilhelmshaven, tandis que des soldats d'une caserne refusent
d'obéir. Le porte-parole de ces derniers, Bernhard Ecks,
entre en contact avec les insurgés de la gare, un conseil de soldats se
constitue, qui prétend assumer l'autorité du commandement militaire. Une
manifestation de travailleurs et de soldats se déroule. De l'hôtel de
ville, Adam Frasunkiewicz (USPD),
appelle à la formation d'un conseil d'ouvriers et de soldats pour le
lendemain, qui adopterait des décisions qui s'imposeraient aux autorités en
place.
À la maison des syndicats, se constitue un comité d'action
composé d'Alfred Henke, A. Frasunkiewicz,
Karl Herold et Emil Sommer (tous USPD)
et Hans Brodmerkel, Adolf Dannat
et Alfred Stockinger (de la “Gauche radicale” [“Linksradikale”], désignation utilisée communément pour un
groupe de militants à Brême et Hambourg ayant été exclu du SPD et qui n'a
pas rejoint l'USPD).
À Bremerhaven/Geestemünde/Lehe
(aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen) également, se
constitue un conseil de soldats[17].
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À Lübeck (Schleswig-Holstein), un conseil
d'ouvriers et soldats est constitué.
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À Großenhain (Sachsen) un
conseil de soldats est constitué[18].
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À Hambourg, des soldats insurgés désarment les
troupes stationnées sur place[19].
Un conseil d'ouvriers et de soldats est constitué. Des affrontements ont
lieu, il y a dix morts[20].
Un groupe de manifestants occupe le siège du journal Hamburger
Echo (SPD), dont le titre est changé en Die
Rote Fahne, avec Paul Frölich (“Gauche
radicale”) comme rédacteur[21].
Cependant après deux numéros, le journal reprendra son titre d'origine et
les anciens employés retrouvent leurs places.
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En Mecklenburg-Vorpommern, des conseils
de soldats sont constitués à Schwerin, Wismar, Rostock,
Güstrow, Parchim et
Neustrelitz, les 5 et 6 novembre[22].
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Une discussion a lieu entre des représentants du SPD et de
la commission générale des syndicats [Generalkommission der Gewerkschaften]
ainsi que le Grand Quartier-maitre [Generalquartiermeister],
lieutenant général Wilhelm Groener[23].
Les représentants du SPD conseillent à Groener
d'obtenir l'abdication de l'empereur, mais Groener
rejette l'hypothèse au nom des membres de la famille impériale susceptibles
de prendre la succession. (Cf. ci-dessous)
Au cours d'une réunion du groupe à l'assemblée nationale du
SPD, est discuté la situation résultant du mouvement déclenché à Kiel et
Hambourg[24].
(Cf. ci-dessous.)
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Récit de Philippe Scheidemann
(SPD) au sujet de la réunion du groupe à l'assemblée nationale du SPD, le
6 novembre 1918 (extraits)[25]
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•
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Je [...] m'opposai de façon très déterminée à une
tactique d'hésitations à un moment où nous étions placés devant les
décisions au plus haut point lourdes de conséquences, de l'histoire
allemande: "Ne sentez-vous pas que nous sommes placés immédiatement devant
l'effondrement du Reich ‑ et là on parle d'effondrement de la
majorité au Reichstag? Il faut maintenant se placer à la tête du mouvement,
sans ça la situation dans le pays est anarchique." On devait
quand-même sentir sur la pointe des doigts que le mouvement parti de Kiel
et de Hambourg gagnera aujourd'hui, demain ou après-demain aussi Berlin.
Peut-être le pire pourrait encore être évité, si l'empereur abdique
immédiatement et si l'engagement était pris d'accorder, outre l'amnistie,
la démocratisation du Reich, des états et des communes.
[Citation dans l'original ►.]
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Compte-rendu de l'entretien de
dirigeants social-démocrates avec le lieutenant
général Wilhelm Groener, le 6 novembre 1918
(extraits)[26]
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Au début [...] Scheidemann est appelé au téléphone. [...]
Ebert parle en premier: "Ce n'est pas le moment actuellement de
chercher les coupables concernant l'effondrement total. Le sentiment
général parmi le peuple attribue la faute à l'empereur, peu importe de
savoir si c'est à tort ou à raison. Le principal c'est que le peuple veut
voir les présupposés coupables être déposés de leurs postes. C'est pourquoi
l'abdication de l'empereur est nécessaire, si l'on veut empêcher que les
masses passent dans le camp des révolutionnaires." [...]
[...] Scheidemann revint, pâle et agité:
"L'abdication de l'empereur n'est plus sujette à débat, la révolution
est en marche. Les marins de Kiel se sont emparés du pouvoir d'état à
Hambourg et Hannover également. Messieurs, maintenant
ce qui est en jeu, n'est plus de discuter, maintenant il faut agir. Nous ne
savons pas si demain nous serons encore assis sur ces chaises." Ebert
resta imperturbablement calme: "Rien n'est encore décidé. Contrairement
aux autres messieurs il est certes un républicain convaincu, y compris en
pratique, mais même lui s'y ferait à une monarchie avec un côté social sous
un système parlementaire. Je vous conseille urgemment, monsieur le général,
de saisir cette fois la dernière occasion de sauvetage de la monarchie et
de faire en sorte, dans les plus bref délais, que la régence soit confiée à
un des princes impériaux."
[Citation dans l'original ►.]
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Appel du comité exécutif du
SPD, 6 novembre 1918 (extraits)[27]
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•
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[...] La démocratie est en marche, et ne peut plus être
arrêtée. Sa victoire crée les conditions préalables pour la réalisation du
socialisme. [...] Nous sommes une puissance, si nous sommes unis, faisons
usage de cette puissance! Mais prenons garde à ne pas générer, à la légère
et sans nécessité, un chaos, dans lequel certes aussi nos adversaires, mais
aussi nous-mêmes devraient souffrir le plus lourdement! [...] Mais prenez
garde à éviter le morcèlement, la guerre fratricide entre travailleurs, et
à ne pas suivre les conseils d'éléments irresponsables qui veulent vous
entrainer, contre votre propre intérêt, à vous lancer de façon irréfléchie
à l'affrontement. Ne suivez pas les consignes de petits groupes et
d'inconnus tirant les ficelles. [...] Donc, une fois encore: Préservez
l'unité, la circonspection, la discipline de l'organisation. Pas de
circonstances à la russe, mais comme un tout, en bloc, en avant vers les
objectifs de la démocratie et du socialisme!
[Citation dans l'original ►.]
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|
•
|
À Berlin, le commandant suprême de Berlin et environs
[Oberbefehlshaber in den Marken] colonel général Alexander von Linsingen interdit de "former des
Conseils d'ouvriers et de soldats selon le modèle russe"[28].
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•
|
Le SPD adresse au cabinet de guerre un ultimatum en
annonçant qu'il se retira du gouvernement si les exigences ne sont pas
satisfaites[29].
L'échéance est d'abord fixée au 8 novembre, mais finalement repoussée
à la conclusion d'un armistice. Les points énoncés sont les suivants[30]:
Le Parti social-démocrate exige que
1. soient levées les
interdictions de réunions pour aujourd'hui;
2. la police et les
militaires soient engagés à procéder avec extrême retenue;
3. le gouvernement
prussien soit transformé immédiatement dans le sens de la majorité au
Reichstag;
4. l'influence
social-démocrate dans le gouvernement du Reich soit renforcée;
5. l'abdication de
l'empereur et le renoncement au trône du prince héritier soient obtenus
d'ici à demain midi.
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
Le matin, F. Ebert rencontre M. v. Baden au
siège du gouvernement et l'interroge sur son attitude dans l'hypothèse que
l'empereur abdique. Baden rapporte le dialogue suivant[31]:
[Ebert:] Si l'Empereur n'abdique pas, alors la révolution
sociale est inévitable. Or je ne la veux pas, même, je la hais comme le
péché.
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
À Kiel (Schleswig-Holstein), le
conseil de soldats élit G. Noske comme gouverneur de la ville[32].
Sa première mesure consiste à déclarer l'interdiction du port d'armes en
dehors du service[33].
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|
•
|
À Brême (Bremen), est constitué
un conseil d'ouvriers et de soldats qui s'établit comme instance
législative et de contrôle[34].
Il forme un comité d'action [Aktionsausschuß] composé
initialement de 15 membres (10 USPD et
5 de la “Gauche radicale”), dont fait partie notamment A. Frasunkiewicz
(USPD).
À Bremerhaven également est constitué un conseil
d'ouvriers et de soldats, présidé par August Stampe
(SPD)[35].
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•
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À la ville d'Oldenburg (Oldenburg) est constitué un
conseil d'ouvriers et de soldats[36].
Au cours des jours qui suivent, différents conseils d'ouvriers et soldats
seront constitués dans l'état d'Oldenburg.
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•
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À Munich (Bavière) se déroule un rassemblement pour
la paix, appelé par l'USPD, le SPD et les syndicats[37].
Parmi les orateurs figurent Erhard Auer (SPD) et Kurt Eisner (USPD). La majorité des participants part ensuite avec Auer
en manifestation. Environ 1500 suivent Eisner et Ludwig
Gandorfer, se dirigent vers les casernes de la ville, qu'ils
occupent. La garnison de la ville se range de leur côté. Un conseil de
soldats est constitué, ainsi qu'un conseil d'ouvriers sous la présidence
d'Eisner. Le soir, dans le bâtiment du parlement de l'état de Bavière, se
tient une assemblée constitutive des conseils d'ouvriers, de soldats et de
paysans. Selon le discours d'Eisner, l'objectif est de constituer ainsi un
parlement de transition destiné à être remplacé par une assemblée nationale
nouvellement élue. Eisner proclame la République Bayern. Les conseils
l'élisent comme président.
Cet évènement est communément appelé la "première
révolution" de Munich/Bavière.
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•
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À Braunschweig
(Niedersachsen), des marins arrivés de Kiel se joignent aux soldats
stationnés sur place et prennent le contrôle de la ville[38].
Un conseil d'ouvriers et de soldats est constitué.
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•
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Durant les journées des 7 et 8 novembre, des
conseils d'ouvriers et de soldats ont été constitués à Hanovre, Lüneburg, Cuxhaven
(Niedersachsen), à Neumünster, Schleswig, Brunsbüttel, Rendsburg et Flensburg
(Schleswig-Holstein), Schwerin, Rostock (Mecklenburg-Vorpommern), Hanau (Hesse)[39].
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Tract du SPD, 7 novembre
1918 (extraits)[40]
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Travailleurs! Camarades du Parti!
La tuerie des peuples est terminée, la paix est assurée!
Wilson s'est déclaré prêt à conclure une paix avec le
gouvernement actuel d'Allemagne.
La chute de ce gouvernement signifie mise en danger de la
paix!
Confusion et dissolution de l'ordre signifient famine!
[...]
Des grands succès ont été atteints, d'autres
supplémentaires sont assurés. Notre objectif est la sauvegarde de la paix
et le bouleversement pacifique vers la démocratie et le socialisme.
Ne vous laissez pas écarter de cette voie de la tactique
social-démocratique!
[Citation dans l'original ►.]
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•
|
À Berlin, une réunion du Comité exécutif du Conseil
d'ouvriers et de soldats [Vollzugsausschuß des Arbeiter- und
Soldatenrates] et des dirigeants de l'USPD doit
se tenir au siège du parlement [Reichstag][41].
C'est dans le cadre de ce Comité exécutif que s'est organisée la direction
des "hommes de confiance" de la métallurgie[42].
Il comprend pour l'USPD: Emil Barth,
Paul Brühl, Paul Eckert, Georg Ledebour, Paul Neuendorf, Paul Wegmann
et d'autres, pour le groupe Spartakus: Karl Liebknecht,
Wilhelm Pieck, Ernst Meyer et Otto Franke.
Se rendant à cette réunion, Ernst Däumig
(USPD) qui porte sur lui des documents relatifs à
l'insurrection prévue, est arrêté. Les préparatifs sont accélérés, pour le
lendemain. Un tract appelant à la grève de masse est préparé. (Cf.
ci-dessous.) Le tract mentionne l'arrestation de Liebknecht, ce qui en fait
n'est qu'une fausse rumeur.
Le Groupe Spartakus diffuse également un tract en son nom
(cf. ci-dessous).
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•
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À Wilhelmshaven (Niedersachsen),
le chef de la base de la marine pour la mer du Nord, l'amiral Günther von Krosigk, démissionne[43].
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|
•
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À Brême (Bremen), le comité
d'action [Aktionsausschuß] est élargi à
21 membres par l'intégration de membres du SPD et des syndicats[44].
A. Henke (USPD) est désigné
comme président, H. Brodmerkel (“Gauche
radicale”) comme président adjoint[45].
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|
•
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À Hambourg est constitué un “grand conseil
d'ouvriers” [Großer Arbeiterrat] avec des
représentants du SPD, de l'USPD, de la “Gauche
radicale” ainsi que des syndicats (trois membres pour chacun des groupes)
et 18 délégués d'entreprises[46].
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•
|
À Dresde (Sachsen), un conseil d'ouvriers et de
paysans est constitué à l'initiative du SPD[47].
Un autre est constitué par l'USPD, avec Otto
Rühle comme président[48].
À Chemnitz (Sachsen) un conseil d'ouvriers et de
soldats est constitué, composé de 10 membres du SPD, 10 membres
de l'USPD et 10 délégués des soldats[49].
La présidence est assumée par Max Müller (SPD), Fritz Heckert
(USPD) et Max Stein (soldats). Le conseil assume le
pouvoir à Chemnitz.
À Leipzig (Sachsen) est constitué un conseil
d'ouvriers avec la participation notamment de Friedrich Geyer (USPD) et Richard Lipinski (USPD), ainsi qu'un conseil de soldats, puis les deux se
réunissent pour former un conseil d'ouvriers et de soldats[50].
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•
|
À Munich (Bavière), est formé un gouvernement
provisoire[51].
K. Eisner est premier ministre et ministre des Affaires étrangères,
E. Auer ministre de l'Intérieur. En tout quatre ministres viennent du
SPD, deux de l'USPD, deux sont sans appartenance. Un
Conseil d'ouvriers révolutionnaire se constitue, auquel appartiennent entre
autre Erich Mühsam, Gustav Landauer,
Ernst Toller, August Hagemeister,
Carl Kröpelin, Max Levien.
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À Cologne (Nordrhein-Westfalen),
où la veille étaient arrivés 200 marins de Kiel, est formé un conseil
d'ouvriers et de soldats[52].
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•
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Des conseils d'ouvriers et de soldats sont constitués à Magdeburg
(Sachsen-Anhalt), Francfort-sur-le-Main (Hessen),
Düsseldorf (Rheinland-Westfalen), Lahr/Schwarzwald
(Baden-Württemberg), Offenburg (Baden), Braunschweig (Niedersachsen)[53].
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Tract du Comité exécutif du
conseil d'ouvriers et de soldats formé à Berlin, 8 novembre 1918[54]
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•
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Travailleurs, soldats, camarades!
L'heure décisive est là! Il s'agit d'être à la hauteur de
la tâche historique.
Pendant qu'à la Wasserkante les
conseils d'ouvriers et de soldats tiennent le pouvoir en leurs mains, ici
des arrestations sont effectuées sans ménagement. Däumig
et Liebknecht sont arrêtés.
C'est le début de la dictature militaire, c'est le
prélude pour un carnage inutile.
Nous n'exigeons pas l'abdication d'une personne, mais la
république! La république socialiste avec toutes ses conséquences. En avant
pour la lutte pour la paix, la liberté et le pain.
Sortez des entreprises! Sortez des casernes!
Donnez-vous la main.
Vive la république.
[Citation dans l'original ►.]
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Tract du Groupe Spartakus,
8 novembre 1918 (extraits)[55]
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•
|
Une nouvelle escroquerie est en préparation. [...] Pour
sauver la couronne et la monarchie et par peur de la révolution, s'effectue
maintenant une offensive de paix, comme il y a peu celle militaire. [...]
Tout est mensonge! Tout est escroquerie. Ce n'est pas dans votre intérêt
que ce gouvernement a été créé, mais dans l'intérêt de votre bourgeoisie et
pour vous faire taire. Continuer à souffrir, attendez que messieurs les
impérialistes se mettent d'accord entre eux - à votre démens, au dépens des
travailleurs anglais, français, américain. Taisez-vous au sujet de votre
détresse! Restez affamés et gelez dans vos chambres sans chauffage, mais
n'osez pas protester, car cela discréditerait le nouveau gouvernement et
donnerait aux brigands anglais et américains la possibilité de ne pas
négocier la paix avec lui. Ainsi vous l'enseignent les faux enseignants,
messieurs les "ministres prolétariens" dans le gouvernement
bourgeois, qui en échange du titre "excellence" sont prêts à
vendre prolétariat, révolution et socialisme. [...] Regardez vos frères
russes! Ils n'ont pas ramassé les miettes de la table de la bourgeoisie,
ils n'ont pas accepté des aumônes de la part de leurs ennemis, ils ont
demandé "pain, paix et liberté", et pour satisfaire ces
exigences, ils ont pris en leur propre mains le pouvoir de gouvernement.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
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•
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À Berlin, des cortèges de manifestation se dirigent
vers le centre de la ville[56].
Les participants occupent des postes de police, des casernes, libèrent des
prisonniers politiques. La préfecture de police est occupée, Emil Eichhorn
(USPD) désigné préfet de police. L'hôtel de ville et
le siège de l'Assemblée nationale [Reichstag] sont occupés. Suivent les
principales maisons d'édition de journaux, les bureaux de télégraphe. Sur
initiative de Hermann Duncker, le Berliner
Lokal-Anzeiger est sous contrôle du Groupe Spartakus, le premier
numéro du Rote Fahne parait[57].
Le SPD décide de quitter le gouvernement. F. Ebert,
Otto Braun, Otto Wels et Eugen Ernst ainsi que douze délégués d'entreprises
constituent un comité chargé de d'entamer des démarches pour la
constitution d'un conseil d'ouvriers et de soldats[58].
M. v. Baden, de sa propre initiative, annonce
l'abdication de l'empereur Wilhelm II. Lui-même démissionne en tant
que chancelier et désigne comme son successeur F. Ebert, président du
SPD, qui est le parti politique majoritaire à l'Assemblée.
Ph. Scheidemann, membre du comité
exécutif du SPD, parle à partir d'une fenêtre du Reichstag; il proclame
spontanément la "République allemande" (cf. ci-dessous).
K. Liebknecht, à la tête d'une manifestation, se rend
au Château de Berlin [Berliner Stadtschloß] et dans le
jardin [Lustgarten] il prononce un discours, par
lequel il proclame la "république socialiste Allemagne" (cf.
ci-dessous); par la suite la foule entre dans le château et Liebknecht
intervient une seconde fois.
Les conseils d'ouvriers et de soldats existants se
réunissent au Reichstag et décident d'organiser le lendemain l'élection de
délégués pour un congrès qui se tiendra le même jour et élira un
gouvernement provisoire[59].
Au bâtiment du Reichstag se tiennent des discussions entre
des représentants de l'USPD, du comité exécutif des
“hommes de confiance” [Vollzugsausschuß der revolutionären
Obleute], auxquels se joint K. Liebknecht[60].
Ph. Scheidemann y est associé. La possibilité
d'un gouvernement USPD-SPD est envisagée. Liebknecht, G. Ledebour et Richard Müller
refusent. E. Barth plaide pour un gouvernement USPD-Spartakus. La perspective se dégage d'une participation
à un gouvernement, de Barth, Liebknecht
et H. Haase. Notamment les délégués des ouvriers
ou soldats qui arrivent sur place poussent à une participation de
Liebknecht. Dans cette situation, ce dernier pose des conditions à la
formation d'un gouvernement SPD-USPD[61].
Elles sont établies comme suit[62]:
1. L'Allemagne doit être une république socialiste[63].
2. Dans cette république l'ensemble du pouvoir
exécutif, législatif, juridictionnel doit se trouver exclusivement dans les
mains d'hommes de confiance élus représentant l'ensemble de la population
travailleuse et des soldats.
3. Exclusion du gouvernement de tous les membres
bourgeois.
4. La participation des Indépendants est limitée à
trois jours, comme un provisoire, afin de créer un gouvernement capable de
conclure l'armistice.
5. Les ministres chargés de différents
portefeuilles ne sont considérés que comme des assistants techniques du
cabinet proprement dit, qui prend les décisions.
6. Égalité de droits des deux dirigeants du
cabinet.
[Citation dans l'original ►.]
H. Haase, arrivé de Kiel, se déclare prêt à être
candidat avec K. Liebknecht et E. Barth pour l'entrée dans un
gouvernement. Or le SPD rejette les conditions, en particulier celle
concernant le pouvoir accordé aux conseils, et exige que les élections à
une assemblée constituante soient le point central. Donc pour Liebknecht la
participation est exclue. G. Ledebour est
également opposé à cette hypothèse. Haase refuse dans un premier temps,
mais changera d'avis.
Le SPD répond aux conditions posées par l'USPD
(extraits)[64]:
[Concernant 1:] Cette exigence est l'objectif de
notre propre politique. Cependant c'est le peuple qui doit décider à ce
sujet à travers l'assemblée constituante.
[Concernant 2:] Si cette demande renvoie à la
dictature d'une partie d'une classe, partie derrière laquelle ne se tient
pas la majorité du peuple, alors nous devons rejeter cette demande, parce
qu'elle contredit nos principes démocratiques.
[Concernant 3:] Cette exigence, nous devons la
rejeter, parce que sa satisfaction mettrait considérablement en danger
l'approvisionnement alimentaire du peuple, voire le rendrait impossible.
[Concernant 4:] Nous considérons la coopération des
courants socialistes comme requise au moins jusqu'à ce que soit réunie
l'assemblée constituante.
[Concernant 5:] Nous donnons notre accord pour cette
exigence.
[Concernant 6:] Nous sommes pour l'égalité de droits
de tous les membres du cabinet. Cependant c'est l'assemblée constituante
qui doit décider à ce sujet.
[Citation dans l'original ►.]
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À Dresde (Sachsen), un conseil
d'ouvriers et de soldats est constitué par des membres de l'USPD
et des membres de la “Gauche radicale”[65].
À Leipzig (Sachsen), au cours d'une assemblée de 600
délégués élus par différents conseils d'ouvriers et de soldats, se
constitue le “Grand conseil des conseils d'ouvriers et de soldats de
Leipzig”[66].
Ce conseil désigne un comité restreint composé de dix représentants des
conseils d'ouvriers et de soldats ainsi que de trois dirigeants de l'USPD. Le grand conseil crée une garde de sécurité [Sicherheitswehr] de plus de mille hommes.
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À Wilhelmshaven (Niedersachsen)
le président du “conseil des 21”, B. Kuhnt
(SPD), proclame la République socialiste d'Oldenburg-Ostfriesland[67].
Note: Wilhelmshaven a été créé sur un
terrain situé dans la principauté Oldenburg, après que celle-ci, en 1853,
ait vendu ces terres au Royaume de Prusse.
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Des conseils d'ouvriers et de soldats sont constitués à Gotha
(Coburg), Mannheim et Karlsruhe (Baden),
Mayence (Rheinland-Pfalz), Darmstadt (Hessen), Dessau (Anhalt), Alt-Strelitz (Mecklenburg-Strelitz), Saarbrücken
(Sarre).
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Dans la région minière de Haute-Silésie, des
manifestations de protestation ont lieu[68].
Des affrontements éclatent entre les travailleurs et l'armée, des révoltes
se produisent dans les prisons ainsi que des occupations d'usines. Dans la
garnison de Neiße (Nysa, aujourd'hui en Pologne) une
mutinerie est déclenchée. À Beuthen (Bytom,
aujourd'hui en Pologne) est constitué un conseil d'ouvriers et de soldats.
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À Breslau (aujourd'hui Wrocław, en Pologne) se
constitue un Conseil du peuple (Volksrat) comprenant
100 membres (dont 66 appartenant aux partis socialistes)[69].
Le lendemain, sur proposition de Paul Löbe (SPD), le
Conseil de Breslau se transforme en Conseil central pour la Province de
Silésie (Zentralrat für die Provinz Schlesien) et
s'érige en instance politique suprême.
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Philipp Scheidemann
proclame la république allemande, 9 novembre 1918 (extraits)[70]
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Le peuple allemand est victorieux sur toute la ligne. La
vielle pourriture s'est effondrée, le militarisme est foutu! Les
Hohenzollern ont abdiqué. Vive la république allemande! [...] Maintenant
notre tâche consiste à ne pas laisser salir cette victoire brillant, cette
victoire complète du peuple allemand, et c'est pour cela que je vous prie
de faire en sorte qu'aucune perturbation de la sécurité n'intervienne!
[...] Tranquillité, ordre et sécurité, voilà ce dont nous avons besoin
maintenant! [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Le comité exécutif du SPD et le
Conseil d'ouvriers et de soldats proclament la république allemande,
9 novembre 1918[71]
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Travailleurs, soldats, concitoyens
L'état populaire libre est là!
L'empereur et le prince héritier ont abdiqué!
Fritz Ebert, le président du Parti social-démocrate, est
devenu chancelier du Reich et forme dans le Reich et en Prusse un nouveau
gouvernement d'hommes qui ont la confiance du peuple travailleur des villes
et des campagnes, des travailleurs et des soldats. Par là, le pouvoir
public est passé dans les mains du peuple. Une assemblée nationale
constituante se réunit au plus vite.
Travailleurs, soldats, citoyens! La victoire du peuple
est remportée, elle ne doit pas être déshonorée et mise en danger par des
actions irréfléchies. La vie économique et la circulation doivent
absolument être maintenues, afin que le gouvernement populaire soit assuré
en toutes circonstances.
Suivez toutes les instructions du nouveau gouvernement
populaire et de ses mandatés. Il agit dans accord le plus étroit avec les
travailleurs et les soldats.
Vive la république allemande!
[Citation dans l'original ►.]
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Appel
du chancelier Friedrich Ebert aux citoyens, 9 novembre 1918 (extraits)[72]
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Concitoyens!
L'ancien chancelier du Reich Prince Max von
Baden, avec l'accord de l'ensemble des secrétaires d'état, m'a
confié la prise en charge des affaires du chancelier du Reich. Je suis en train
de former le nouveau gouvernement en accord avec les partis [...]. Le
nouveau gouvernement sera un gouvernement populaire. [...]
Concitoyens! Je vous prie tous instamment: Quittez les
rues! Veillez au maintien du calme et de l'ordre!
[Citation dans l'original ►.]
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Appel du chancelier Friedrich
Ebert aux fonctionnaires,
9 novembre 1918 (extraits)[73]
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Le nouveau gouvernement a repris la direction des
affaires, afin de préserver le peuple allemand de la guerre civile et de la
famine et de faire prévaloir ses revendications justifiées en vue de
l'autodétermination. Il ne peut remplir cette tâche que si toutes les
instances officielles et fonctionnaires à la ville et à la campagne offrent
leur main secourable. Je sais qu'il en coutera à beaucoup de travailler
avec les nouveaux hommes, qui ont entrepris de diriger le Reich, mais j'en
appelle à leur amour envers notre peuple. Une défaillance de l'organisation
dans cette heure grave livrerait l'Allemagne à l'anarchie et à la misère
terrible. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Appel des représentants du nouveau
gouvernement membres du SPD, 9 novembre 1918 (extraits)[74]
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Compatriotes!
Le jour présent a achevé la libération du peuple. [...]
Pour cela l'administration démocratique doit commencer à travailler
immédiatement sans accroc. Ce n'est que par son fonctionnement sans
reproche que les pires malheurs peuvent être évités. Que donc chacun soit
conscient de sa responsabilité vis-à-vis de l'ensemble. Les vies humaines
sont sacrées. La propriété doit être protégée contre des empiètements
arbitraires. Celui qui déshonore ce mouvement magnifique par des méfaits
odieux, est un ennemi du peuple et doit être traité comme tel. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Appel
du Conseil d'ouvriers et de soldats à la grève générale, 9 novembre
1918[75]
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Grève générale!
Le conseil d'ouvriers et de soldats de Berlin a décidé la
grève générale. Toutes les entreprises s'arrêtent. Le nécessaire
approvisionnement de la population est maintenu.
Une grande partie de la garnison s'est mise à la
disposition du conseil d'ouvriers et de soldats, en corps de troupes
entiers avec mitrailleuses et pièces d'artillerie.
Le mouvement est dirigé en commun par le Parti
social-démocrate d'Allemagne et le Parti social-démocrate indépendant
d'Allemagne
Travailleurs, soldats, veillez au maintien du calme et de
l'ordre.
Vive la république sociale!
[Citation dans l'original ►.]
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Appel du Conseil d'ouvriers et
de soldats provisoire de Berlin, aux élections de délégués, 9 novembre
1918[76]
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Travailleurs! Soldats! Camarades! Frères!
[...] Depuis le 9 novembre, le peuple allemand tient
le pouvoir dans ses mains. Depuis le 9 novembre l'Allemagne est une
république, à savoir une république socialiste des travailleurs et des
soldats. [...] Maintenant il s'agit d'établir la base organisationnelle
pour la nouvelle communauté. Des tâches immenses nous attendent. Avant tout
celles de former un gouvernement qui correspond à nos idéaux et est à la
hauteur des problèmes énormes. La base de ce gouvernement est que
l'ensemble du pouvoir législatif, exécutif, administratif et judiciaire
repose exclusivement dans les mains de représentants des travailleurs et
des soldats. De désigner ces représentants, voilà votre première tâche
pratique. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Karl Liebknecht proclame la république
socialiste d'Allemagne, 9 novembre 1918 (extraits)[77]
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[Liebknecht:] "Le jour de la révolution est venu.
[...] Camarades du parti, je proclame la république socialiste libre
d'Allemagne, [...] dans laquelle il n'y aura plus de valets, dans laquelle
chaque travailleur honnête trouvera le salaire honnête de son travail. La
domination du capitalisme, qui a transformé l'Europe en champ de cadavres,
est brisée. [...] Nous devons mobiliser toutes nos énergies pour édifier le
gouvernement des travailleurs et des soldats et pour créer un nouvel ordre
politique du prolétariat, un ordre de la paix, du bonheur et de la liberté
de nos frères allemands et de nos frères dans le monde entier. Nous leur
tendons les mains et les appelons à l'achèvement de la révolution mondiale.
[...]
[Citation dans l'original ►.]
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