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Le décret qui règlemente le temps de travail adopté le
21 décembre 1923 entre en vigueur[1].
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En Haute-Bavière, dans le secteur des mines, un
accord sur l'allongement des horaires [Überarbeit] est
conclu au début de janvier[2].
Il établit une situation similaire à celle de la Ruhr, avec un temps de
travail journalier de 8 h 1/2 sous terre, 12 h sur terre.
Ceci représente pratiquement un rétablissement de la situation d'avant la
guerre.
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À Berlin, après des grèves partielles, les employeurs
de la métallurgie imposent un lockout à environ 140 000 travailleurs[3].
Le mouvement se terminera le 7 janvier, avec un accord entre les
employeurs et le DMV.
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À Düsseldorf (Nordrhein Westfalen),
un mouvement de grève débute dans les secteurs de l'industrie métallurgique
et des transports[4].
Des affrontements avec la police auront lieu. Le mouvement se terminera le
7 février.
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L'ADGB annonce son retrait du
Groupement central de travail des employeurs et employés industriels et
professionnels (ZAG), constitué le 15 novembre 1918 et composé de
représentants des employeurs et des syndicats[5].
(Cf. ►.)
Par conséquent cette instance sera dissoute le 31 mars.
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Le bureau confédéral [Bundesausschuß]
de l'ADGB adopte, contre 2 voix, une résolution
menaçant d'exclusion les membres qui coopèrent avec les militants du KPD[6].
(Cf. ci-dessous.) Dans les mois qui suivent, la direction de l'ADGB procède à la dissolution d'un certain nombre
d'instances, notamment le Bezirkskartell Halle an der
Saale., les Ortsausschüsse Döbeln, Insterburg, Tilsit
et le Kreiskartell Lennep-Remscheid.
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Résolution du bureau confédéral
[Bundesausschuß] de l'ADGB,
16 janvier 1924 (extraits)[7]
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Contre le travail de destruction communiste.
Contre la résolution du congrès syndical de Nürnberg,
dans laquelle est fixée expressément la neutralité des syndicats du point
de vu de politique de parti, les partisans communistes s'efforcent à faire
des syndicats des organes de leur politique de parti. [...] Sous couvert de
vouloir sauver les syndicats et de les rendre apte à la mise en oeuvre de la lutte de classe révolutionnaire, le Parti
communiste a monté une organisation spécifique avec une administration
propre et des cotisations propres. [...] Dans les syndicats, est le
bienvenu quiconque est disposé, dans le respect des résolutions des congrès
et des lignes directrices et statuts de l'ADGB, à
défendre les intérêts économiques des travailleurs. Cependant, qui n'a pas
cette volonté, voire se met au service de l'organisation spécifique
désignée ci-dessus ou favorise en connaissance de cause ses efforts, se
place en dehors de son syndicat. L'intérêt de l'auto-préservation et de la
capacité de lutte sans entraves des syndicats exige de débarrasser le mouvement
syndical de tels éléments nuisibles. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Dans la Ruhr, l'Association de mines (union
d'employeurs pour la région industrielle de Rhénanie-Westphalie) avait
dénoncé l'accord-cadre en matière de salaires [Manteltarif
et Lohnordnung] en cours[8].
En absence d'accord entre les employeurs et les syndicats, le ministère du
travail valide d'autorité la prolongation de la majeure partie des dispositions
antérieures jusqu'à fin mars 1924.
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Dans le secteur de la métallurgie, la résistance contre
l'accord du 14 décembre 1923 au sujet des horaires de travail s'était
poursuivie durant le mois de janvier[9].
Mais l'ADGB avait refusé de soutenir le DMV
par une grève générale. Le 29 janvier l'ADGB
renonce à l'action contre la nouvelle organisation du temps de travail.
Néanmoins, la région de Düsseldorf continue la lutte, abandonnant
seulement à mi-février.
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Un arrangement est obtenu entre le chancelier Wilhelm Marx (Zentrum), le ministre de la défense Otto
Geßler et le chef du commandement de l'armée major général Hans von Seeckt d'un côté, et des représentants du
gouvernement de Bavière de l'autre[10].
Le gouvernement du Reich s'engage à se concerter dans l'avenir avec le
gouvernement de Bavière dans le cas d'une révocation du commandant régional
de l'armée ainsi que dans celui de l'engagement de troupes bavarois en
dehors des limites régionales. La formule de serment engage désormais les
troupes de l'armée sur la constitution de Bavière en plus de celle du
Reich. Le texte de l'arrangement sera publié le 18 février. le
commissaire général d'état de Bavière Gustav von Kahr
et le commandant militaire lieutenant général Otto von Lossow,
se démettront de leurs fonctions.
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La loi d'habilitation [Ermächtigungsgesetz]
adoptée le 8 décembre 1923 cesse d'être en vigueur[11].
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À Magdeburg (Provinz Sachsen)
une conférence sous la présidence du président de la province Otto Hörsing (SPD), réunit des délégués de différentes
formations de défense[12].
Est décidé le regroupement de ces unités, dont le “Vereinigung
Republik” à Schleswig-Holstein et à Hambourg, le “Sozialdemokratischer
Ordnungsdienst” à Hessen-Kassel, le “Republikanische Notwehr” en Magdeburg-Halle,
le “Republikanische Frontkämpferbünde” en Lausitz, le “Neuer Stahlhelm”, “Bund republikanischer Frontkämpfer” en Silésie, le “Republikanische Frontkämpferbünde” de Prusse de l'Est,
l'organisation “Schwabenland” en Württemberg. La
nouvelle organisation est nommée “Bannière du Reich
Noir-Rouge-Or” [“Reichsbanner
Schwarz-Rot-Gold”], et se définit comme "Union des participants
républicains à la guerre" ["Bund der
republikanischen Kriegsteilnehmer"]. Le Zentrum
et le DDP participent au Reichsbanner. Parmi les
membres de celui-ci, figurent Paul Löbe et Philipp Scheidemann (tous les deux SPD), Joseph
Wirth (Zentrum)[13].
Les couleurs Noir-Rouge-Or sont celles du drapeau national,
ayant remplacé les couleurs Noir-Blanc-Rouge adoptées par l'Empire
monarchique de 1871.
Comme illustration de l'orientation de l'organisation
Bannière du Reich, cf. ci-dessous quelques citations.
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Appel constitutif de
l'organisation Reichsbanner Schwarz-Rot-Gold,
22 février 1924 (extraits)[14]
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Vétérans de la guerre, républicains!
Des hommes qui durant l'écroulement de l'Allemagne
impériale n'ont pas perdu le contrôle d'eux-mêmes, ont édifié à nouveau le
Reich allemand sur une base républicaine, guidés et animés par cette seule
pensée: Malgré la guerre perdue le Reich ne doit pas sombrer, l'unité dans
l'état est la première condition préalable pour la renaissance nationale!
L'oeuvre difficile a été réussie. À Weimar le peuple
s'est donné une nouvelle constitution, mais avant-même que l'édifice ait
dépassé les fondements, il a été assailli, pour empêcher son achèvement.
[...] L'Allemagne ne doit pas sombrer! Cependant il ne peut se maintenir,
et redevenir forte, en tant que république. Dans la volonté de servir la
république allemande, de l'assister dans tous les cas de situation
critique, par localité et par district, déjà il y a plus d'un an, des
vétérans de guerre républicains se sont associés sous une forme plus ou
moins étroite. [...] le 22 février 1924 à Magdeburg les associations
de vétérans de guerre républicains ont fusionnées au niveau du Reich dans
l'organisation Reichsbanner Schwarz-Rot-Gold, Ligue
des vétérans de guerre républicains. La ligue ne poursuivra pas d'objectifs
politiques et économiques propres. Que la solution de ces tâches soit
laissée aux soins des partis républicains et associations économiques
compétentes à cet effet. La ligue accueille dans ses rangs tout vétéran de
guerre disposé à prendre fait et cause dans le coeur
et par la main, pour la république allemande. Communistes et monarchistes
n'ont pas leur place dans le Reichsbanner Schwarz-Rot-Gold.
La Ligue affrontera la démagogie nationaliste et bolchévique avec les
moyens de l'explication et de la propagande en faveur de l'idée
républicaine. À l'occasion de toutes les attaques par la force contre la
constitution républicaine, la Ligue appuiera les autorités républicaines et
infligera la défaite aux ennemis de la république avec les mêmes moyens par
lesquels ils attaquent la république. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Discours du président de
l'organisation Reichsbanner Schwarz-Rot-Gold, Otto Hörsing, à la "journée républicaine" ["Republikanertag"] organisée à Magdeburg,
21 février 1925 (extraits) [15]
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[...] Malgré la grossière agitation hostile de la part
des monarchistes et communistes réunis, notre Ligue a grandi énormément.
[...] Les monarchistes et communistes, truffés de l'argent de la grande
industrie et de la grande propriété foncière, de l'argent d'un gouvernement
étranger, nous combattent par tous les moyens. Nous repousserons ces
agresseurs. [...] La Ligue rouge des combattants du front, communiste, a
absolument fait ses preuves comme complice fidèle de ces monarchistes, dans
la lutte contre la république, contre nous. [...] Nous ne voulons pas de
putsch, pas de guerre civile. Nous ne voulons pas d'armement illégal, pas
d'armes comme gadgets, nous voulons l'éducation du peuple en républicains
convaincus. [...] La république ne peut et ne doit être gouvernée et
administrée que par des républicains. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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Discours de Philipp
Scheidemann (SPD), 24 juin 1924
(extraits reproduits dans une
brochure de propagande de l'organisation Reichsbanner
Schwarz-Rot-Gold) [16]
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L'esprit national, c'est l'amour profond pour la patrie,
c'est l'évidence de reconnaitre comme égal en droits toutes les nations,
tous les hommes. [...] Pour l'homme véritablement national, peu importe
s'il est Allemand, Français, Italien ou Russe, l'Internationale constitue
la protection et l'abri pour la terre natale, à laquelle il est attaché de
toutes les fibres de son coeur, qu'il aime -
"par-dessus tout dans le monde".
[...]
Ceux qui pestent le plus contre le SPD, la Reichswehr
et beaucoup d'autres choses, ce sont des "radicaux" jeunes, qui
en 1914 usait les fonds de culotte sur les bancs de l'école, qui n'ont pas
la moindre idée du travail immense que le SPD a accompli politiquement et
économiquement. Rien contribué au travail sur le plan culturel, rien vécu
du temps d'avant la guerre, rien lu à ce sujet, juste entendu des slogans
radicaux en travaillant à la fabrication de grenades: les social-démocrates
sont des traitres aux travailleurs, des social-patriotes. Voilà ce qui
était l'éducation politique de beaucoup parmi ceux qui maintenant sont des
"dirigeants radicaux". Ah oui, s'est étonnant comme ils savent
obéir dare-dare aux moscovites, change de direction comme de vieux
sous-officiers prussiens sur les sifflements des Sobelsöhne*,
Radek et Zinoviev, font des putschs sur ordre, savent
à merveille jouer aux trompètes d'enfant et siffler avec deux doigts - mais
à part ça, que savent-ils faire? Ils causent l'éclatement et la paralysie
du mouvement ouvrier et par cela favorisent les affaires des capitalistes.
* Sobelsohn est le nom de naissance
de Karl Radek
[Citation dans l'original ►.]
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Hugo Preuß
(DDP), membre de l'organisation Reichsbanner Schwarz-Rot-Gold,
avril 1925[17]
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Nous sommes pénétrés de la conviction, que pour la
protection de la République allemande contre ses adversaires de droite et
de gauche, est requise l'union étroite des trois partis républicains [...]
[Citation dans l'original ►.]
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•
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Dans le secteur des chantiers navals, les employeurs avaient
dénoncé la convention collective peu après le décret sur les horaires de
travail, de décembre 1923[18].
Le ministère du travail avait prononcé une sentence arbitrale entérinant la
semaine de 54 heures. Mais compte tenu du fait que les employeurs
avaient refusé d'appliquer une sentence arbitrale précédente prévoyant une
augmentation des salaires, les travailleurs des chantiers navals ignorent
la nouvelle sentence et continuent à pratiquer la journée de huit heures. À
partir du 26 février les employeurs imposent des lockout. Au niveau
national, 57 000 travailleurs subiront ces mesures. Cette grève
s'étend à travers l'ensemble de la construction navale allemande.
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|
Un décret du président sur la levée de l'état d'exception
militaire et la défense contre les agissements hostiles à l'état [über die Aufhebung des militärischen Ausnahmezustandes und die
Abwehr staatsfeindlicher Bestrebungen] abroge les décrets des
26 septembre et 8 novembre 1923 concernant l'instauration de
l'état d'exception militaire[19].
Les limitations des libertés basées sur ces décrets sont levées, notamment
l'interdiction du KPD, du NSDAP et du DVFP.
Simultanément le ministre de l'intérieur est investi du pouvoir de prendre
les mesures nécessaires à la répression d'activités hostiles à l'état.
Cependant, les autorités des Länder ont la faculté
d'appliquer des exceptions. Ceci concerne notamment la Bavière dont le
gouvernement tient à maintenir en vigueur l'état d'exception qu'il a
lui-même instauré[20].
Ce dispositif d'état d'exception civil sera abrogé le 25 octobre.
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Suite aux accords de décembre 1923, la direction de BASF à Ludwigshafen (Rheinland
Pfalz) le 28 février introduit effectivement la durée d'équipe
de 9 heures, à partir du 3 mars[21].
Le syndicat dirigé par les communistes appelle à une action. Environ deux
tiers des travailleurs suivent l'appel. Le 6, la direction impose le
lockout à l'ensemble des travailleurs et fait évacuer l'usine par la
police. La grève sera arrêtée le 9.
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•
|
Les travailleurs portuaires débutent une grève contre le
décret concernant les horaires de travail du 21 décembre 1923[22].
Le gouvernement fait intervenir le secours technique [Technische
Nothilfe], avec un effectif allant jusqu'à 1 500 à Hambourg,
et 700 à Brême et Bremerhaven (Bremen).
Le mouvement se terminera le 24 mars.
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À Brême (Bremen), une grève
démarre à la Hansa-Lloyd-Werke AG[23].
L'employeur impose un lockout total. La grève se terminera le 28 mars.
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À Bremerhaven/Wesermünde (Bremen), les tailleurs débutent une
grève[24].
Elle se terminera le 2 avril.
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À Altona (Hamburg), Elberfeld (aujourd'hui partie de
Wuppertal) (Nordrhein Westfalen) et Stuttgart (Baden Württemberg) ont lieu des
grèves partielles aux chemins de fer, touchant les manutentionnaires, les
travailleurs des ateliers d'entretien ainsi que le personnel chargé du
triage [Güterbodenarbeiter, Betriebswerkstättenpersonal,
Rangierpersonal][25].
Le mouvement durera jusqu'au 11 avril. Le gouvernement fait intervenir
le secours technique [Technische Nothilfe] avec un
effectif de plus de 2 000, dont 1500 pour Altona.
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•
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Le comité d'experts dirigé par Charles Dawes présente son
rapport sur la question des réparations[26].
Le gouvernement allemand déclarera le 16 avril à la commission de
réparations qu'il considère ce rapport comme base pour un règlement rapide
du problème des réparations et qu'il est disposé à une coopération en ce
sens.
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À Blexen (aujourd'hui partie de Nordenham) (Niedersachsen) un conflit s'était développé le
chantier naval Schiffswerft J. Frerichs & Co,
au sujet de l'introduction de la journée de neuf heures. Le 12 avril,
se déroule un vote parmi les travailleurs, qui donne pour résultat
613 voix contre 58 en faveur d'une diminution du temps de
travail. Les travailleurs débutent une grève.
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Le l'Association de mines (Zechenverband)
(union des employeurs des mines de la Ruhr) et l'Union d'employeurs pour la
région du Groupe Nord-Ouest de l'Association d'industriels du fer et de
l'acier signent un accord dont la teneur avait été élaborée le
24 février, au sujet d'un renforcement de la coopération concernant
les questions du temps de travail et des salaires[27].
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•
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Sont édictées les dispositions d'application pour le décret
sur les horaires de travail du 21 décembre 1923 [Ausführungsbestimmungen
zur Verordnung über die Arbeitszeit].
Cf. le texte du décret ►.
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•
|
Dans le cadre du conflit qui se poursuit dans la Ruhr,
le ministère du travail avait prononcée des sentences arbitrales, d'abord
sur les salaires, le 23 avril, puis sur le temps de travail,
le 28[28].
Cette dernière intègre dans les horaires de travail normal, ce qui
antérieurement était un allongement [Mehrarbeit] d'une
heure journalière. Le 3 mai, le ministre du travail Heinrich
Brauns (Zentrum) déclare ces dispositions,
après des modifications mineures, comme obligatoires.
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•
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Dans la Ruhr, sur la base de la sentence arbitrale du
3 mai, les employeurs annoncent leur intention de soumettre au lockout
à partir du 6 mai tous les travailleurs qui refuseraient d'effectuer
l'équipe de huit heures sous terre[29].
Les syndicats maintiennent leur revendication d'une journée de travail de
8 heures et d'une équipe sous terre de 7 heures. Les employeurs
imposent alors le lockout à environ 380 000 mineurs, c'est-à-dire
90 % de l'effectif. Ils étendent le conflit à d'autres branches. Ainsi
par exemple, le jour suivant, l'usine sidérurgique Gutehoffnungshütte
annonce la fermeture de l'usine sous prétexte de manque de charbon.
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•
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À Bremerhaven/Wesermünde (Bremen), les travailleurs de la
fabrication de filets débutent une grève[30].
Elle se terminera le 24 mai.
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À Brême (Bremen) et Bremerhaven/Wesermünde (Bremen), les travailleurs du secteur
de construction débutent une grève[31].
Les employeurs imposent des lockout. Le mouvement se terminera le
30 juin.
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•
|
Albert Grzesinski (SPD) prend la
succession de Wilhelm Richter comme préfet de police de Berlin[32].
Ce dernier avait été mis à la retraite en février. Le 17 octobre 1926 Grzesinski sera remplacé par Karl Zörgiebel (SPD),
mais il occupera le poste de nouveau à partir du 6 novembre 1930
jusqu'en aout 1932.
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•
|
En début de 1923 Hermann Göring avait été chargé du
commandement militaire du SA[33].
Ultérieurement, c'est Ernst Röhm qui avait été désigné par A. Hitler
comme chef militaire du Kampfbund et du SA, interdits.
Après avoir été libéré de prison le 1er avril 1924, Röhm s'impose au
cours d'une réunion tenue les 17-18 mai officiellement comme dirigeant
du SA à la place de Göring.
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•
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Dans le secteur des chantiers navals, les syndicats et les
employeurs acceptent une sentence arbitrale qui avait été prononcée le
30 avril, au sujet du conflit en cours[34].
Il en résulte l'application du temps de travail de 54 heures
hebdomadaires jusqu'au 31 mars 1925, puis le passage à 48 heures
hebdomadaires.
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|
•
|
Dans la Ruhr, une nouvelle séance d'arbitrage qui
avait débuté la veille, aboutit à une sentence arbitrale, qui distingue
entre temps de travail normal et l'allongement [Mehrarbeitszeit][35].
L'application de l'allongement est limitée jusqu'au 30 septembre. Dans
un premier temps la conférence régionale de la Fédération pour la
préservation et la promotion des intérêts des mineurs en Rhénanie et
Westphalie, qui fait partie de l'ADGB, rejette la
décision avec 113 voix contre 83. Le 29, la sentence est
validée d'autorité. Les employeurs acceptent la décision, et le 30, la
Fédération des mineurs renonce à la contestation. Le travail reprendra
début juin.
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•
|
Durant le mois de mai, le conflit concernant les horaires de
travail de travail dans le secteur des mines s'étend également en Haute-Silésie
et en Saxe[36].
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•
|
En Haute-Bavière, les syndicats avaient dénoncé le
20 mai l'accord sur l'allongement des horaires de janvier, à
l'échéance du 3 juin[37].
Mais les employeurs ne modifient pas les horaires de travail et laissent
entendre que les travailleurs qui ne refuseraient de se plier à ces
conditions, devront démissionner.
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•
|
Le SPD tient un congrès à Berlin[38].
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Discours d'Arthur
Crispien au congrès du SPD tenu à Berlin, du 11 au 14 juin
(extraits)[39]
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•
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L'autre leçon, c'est que les bolchéviques n'ont pas de
perspectives d'avenir, eux qui ont pour seules activités d'empoisonner les
puits et de déclencher des incendies, qui sont incapables de mettre en oeuvre une quelconque action contre le capitalisme. Citez-nous
ne serait-ce qu'une seule action internationale de l'Internationale
bolchévique contre le capitalisme! Vous ne pourrez en citer! Engendrer des
scissions, répandre du poison, rouspéter, c'est tout ce qu'ils arrivent à
produire dans le mouvement ouvrier et rien d'autre. Le bolchévisme aboutit
au fascisme. Cela, nous le voyons en Hongrie, en Bavière, en Italie et
aussi en Russie, où dans le fond ne sévit rien d'autre que le fascisme.
Nous connaissons la parenté dans l'âme entre un Reventlow*,
un Zinoviev et sa créature politique, madame Gohlke*,
qui travaillent main dans la main.
[Citation dans l'original ►.]
* Ernst Graf von Reventlow, l'un des
dirigeants du Deutschvölkische Freiheitspartei (Parti
national-populaire- allemand de la liberté, DvFP).
** Elfriede Eisler, connue sous le nom
de Ruth Fischer. Gohlke est le
nom de son deuxième mari.
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•
|
Le 31 mai avaient débuté les négociations au sujet des
horaires de travail dans les industries du fer et de l'acier[40].
Les représentants de l'Union d'employeurs pour la région du Groupe
Nord-Ouest de l'Association d'industriels du fer et de l'acier demandent la
prolongation pour un an, jusqu'au 30 juin 1925, de l'accord de
novembre-décembre 1923 concernant l'allongement des horaires, mais veulent
prolonger le temps de travail moyen sur 6 jours, de 59 à
60 heures, avec par ailleurs des exceptions étendues relatives au
temps de travail pour les travaux pénibles [Schwerarbeiter]
qui est de 54 heures. Les fédérations des travailleurs de la
métallurgie demandent la réintroduction, au moins pour les hauts-fourneaux [Hochofenwerke] et les travaux pénibles, du système de trois
équipes de 8 heures, au lieu de deux équipes plus longues. Le
5 juin des négociations d'arbitrage avaient débuté, aboutissant à une
sentence d'arbitrage prononcée le 13 juin. Elle prolonge de
4 mois, jusqu'au 31 octobre 1924, l'accord du 14 décembre
1923. La sentence au sujet des salaires est prononcée contre l'avis des
employeurs et des syndicats, celle au sujet des horaires de travail, contre
l'avis des syndicats uniquement.
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•
|
À Brême (Bremen), un mouvement
de grève a lieu dans les grands moulins[41].
Les employeurs répondent par des lockout.
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•
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En Haute-Bavière, une sentence arbitrale avait été
prononcée au sujet du conflit en cours dans le secteur des mines relatif au
temps de travail, mais elle n'avait pas été acceptée[42].
Le 26 juin, les employeurs déclarent l'ensemble du personnel comme
licencié et envisagent la fermeture des sites. Un règlement est finalement
atteint qui implique le maintien de l'accord de janvier.
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•
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À Berlin a lieu une grève des travailleurs dans
26 brasseries et malteries[43].
Le gouvernement fait intervenir le secours technique [Technische
Nothilfe].
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À Hambourg a lieu une grève des cochers de
l'enlèvement des ordures[44].
Le gouvernement fait intervenir le secours technique [Technische
Nothilfe].
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À Hüttenrode (Sachsen Anhalt) a
lieu une grève à la Braunschweigische Harzkalkwerke AG[45].
Le gouvernement fait intervenir le secours technique [Technische
Nothilfe].
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•
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À Brême (Bremen) a lieu une
grève des travailleurs de la construction[46].
Le gouvernement fait intervenir le secours technique [Technische
Nothilfe].
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•
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À Londres, se tient une réunion des Puissances alliées
victorieuses[47].
La conférence débute le 16 juillet sans la présence de l'Allemagne.
Une délégation allemande sera invitée seulement à partir du 2 aout.
Elle arrivera le 5, dirigée par le chancelier Wilhelm Marx (Zentrum), le ministre des affaires étrangères Gustav
Stresemann (DVP) et le ministre des finances Hans Luther (sans parti). Le
thème principal est constitué par le Plan Dawes, qui sera effectivement
adopté. Un accord est obtenu prévoyant que les troupes françaises et belges
quitteront la Ruhr dans un délai d'un an. La conférence se termine le
16 aout. Le Plan Dawes entrera officiellement en vigueur le
20 octobre. Quant à la Ruhr, le MICUM cessera son travail le
21 octobre; les mines réquisitionnées ainsi que l'autorité en matière
de douanes seront rétrocédées à l'Allemagne le 28, puis
l'administration des chemins de fer, le 16 novembre.
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•
|
À Halle (Sachsen), le KPD organise l'assemblée
constitutive de la “Ligue rouge de combattants du Front”[48]
(“Roter Frontkämpferbund”, RFB)[49].
L'objectif est d'édifier une organisation de masse visant à s'adresser aux
travailleurs dans les syndicats et les organisations sportives pour les
gagner au KPD. En opposition aux formations nationalistes, il affirme un
caractère antimilitariste.
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•
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À Bremerhaven/Wesermünde (Bremen), 24 coiffeurs dans
plusieurs entreprises démarrent une grève[50].
Elle se terminera le 13 octobre.
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•
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À la fin d'avril, trois comités d'organisation
internationaux avaient été formés pour traiter respectivement les questions
de la société de chemins de fer [Reichsbahngesellschaft],
de la banque centrale [Notenbank] et de la
contribution de l'industrie [Industriebelastung],
chargés de concrétiser les dispositions du Plan Dawes[51].
Leur activité avait débouché sur la rédaction des lois allemandes de mise
en oeuvre du Plan Dawes, notamment la loi sur la
société de chemins de fer, la loi bancaire [Bankgesetz],
la loi sur la contribution de l'industrie. Le 29 aout, ces lois sont
adoptées par l'assemblée nationale.
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•
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En raison des difficultés du gouvernement face à l'opposition,
le président Friedrich Ebert (SPD) dissout l'assemblée nationale. Les
élections pour son renouvèlement se tiendront le 7 décembre
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•
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Est édicté un décret sur le temps de travail dans les
cokeries [Kokereien] et les hauts-fourneaux [Hochofenwerke].
Cf. le texte du décret ►.
Ce décret est la manifestation d'une tendance vers une
règlementation de la durée du travail pour les travaux pénibles [Schwerarbeiter] selon la journée de huit heures[52].
Cf. également aux dates suivantes: 9 février 1927, 16 juillet
1927 et 26 mars 1929.
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À Brême (Bremen) a lieu une
grève au moulin Rolandmühle[53].
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En Bavière l'état d'exception instauré le
26 septembre 1923 est levé[54].
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•
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L'interdiction du NSDAP prononcée le
9 novembre 1923 est levée[55].
Adolf Hitler annonce son intention de reconstituer le parti. La formalité
d'enregistrement sera effectuée le 24.
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•
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À Munich se tient l'assemblée constitutive du NSDAP
reconstitué[56].
L'organisation régionale de Bavière du “Völkischer Block”,
le “Großdeutsche Volksgemeinschaft” se dissolvent, de
même que la fraction commune à l'assemblée nationale des national-socialistes
et du “Deutschvölkische Freiheitspartei” appelée “Nationalsozialistische Freiheitsbewegung”.
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•
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Le président F. Ebert décède.
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En Bavière, une interdiction de parler en public est
prononcée à l'encontre d'A. Hitler[57].
Des mesures dans le même sens seront appliquées en Baden en avril, en
Prusse le 25 septembre, en Anhalt en octobre, en Saxe et Oldenburg en
février 1926, en Lippe et Lübeck en mars 1926, ainsi qu'à Hambourg.
En Bavière, l'interdiction sera levée le 5 mars 1927,
en mai 1926 en Oldenburg, en avril 1927 en Bade, en mai 1927 en Lübeck, le
29 septembre 1928 en Prusse, en novembre 1928 en Anhalt.
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À Berlin, des groupes locaux du NSDAP
se constituent en Gau Grand-Berlin du NSDAP
en incluant la province Brandenburg[58].
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En Prusse est constitué un gouvernement de coalition
entre SPD, Zentrum, DDP, DStP, avec Otto Braun (SPD)
comme premier ministre. Carl Severing (SPD) est
ministre de l'intérieur; il sera remplacé par Albert
Grzesinski (SPD) du 6 octobre 1926 au 21 octobre 1930.
Moyennant quelques changements de personnes, ce gouvernement restera en
place jusqu'au 19 juillet 1932.
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E. Röhm démissionne de ses fonctions de dirigeant de la
SA et du Frontbann[59].
Il conçoit la SA comme une formation militaire, alors qu'A. Hitler
préfère lui assigner le statut d'une simple troupe auxiliaire du parti,
conformément à la tactique consistant à s'éloigner de la perspective d'un
putsch violent. Dans la période consécutive, la SA restera sans direction
centrale et sera prise en charge par des dirigeants locaux du parti.
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A. Grzesinski (SPD) est nommé
préfet de police de Berlin[60].
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Au deuxième tour des élections du président, Paul
von Hindenburg est élu[61].
L'investiture devant l'assemblée nationale aura lieu le 12 mai.
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Au premier tour, le 29 mars, le SPD avait présenté un
candidat du parti, O. Braun. Pour le deuxième tour l'aile droite
s'était imposée au sein du parti, et le SPD et s'était mis d'accord avec le
Zentrum sur la personne de Wilhelm Marx qui appartient
à l'aile droite de ce dernier parti. Comme le rapporte plus tard Ernst
Heilmann, le président de la fraction social-démocrate de l'assemblée
régionale de Prusse, il s'agissait d'un marchandage consistant en ce que le
SPD soutienne Marx et que le Zentrum se déclare prêt à
voter de nouveau pour Braun comme premier ministre de Prusse[62].
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À Brême (Bremen), une grève a
lieu dans les entreprises de menuiserie[63].
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À Brême (Bremen), un
mouvement de grève a lieu dans les moulins[64].
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À Brême (Bremen), dans les
entreprises de construction Held & Franke AG,
Henke, et Droste & Karstens AG
intervenant dans le port, 255 travailleurs sont en grève[65].
Les employeurs font intervenir des travailleurs d'Ostfriesland
pour briser la grève.
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À Brême (Bremen) a lieu une
grève des travailleurs des briquèteries[66].
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Les troupes françaises et belges achèvent l'évacuation,
commencée le 14, de la Ruhr[67].
Il est mis fin ainsi à l'occupation entreprise le 11 janvier 1923.
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Les troupes des Puissance Alliées évacuent les ports du Rhin
Duisburg, Duisburg-Ruhrort, Düsseldorf (Nordrhein-Westfalen)
occupés depuis le 8 mars 1921[68].
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À Brême (Bremen) a lieu une
grève dans les chocolateries[69].
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L'ADGB tient un congrès à Breslau[70].
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Le SPD tient un congrès à Heidelberg[71].
Conformément à la motion votée lors du congrès d'unification
du SPD et de l'USPD, tenu à Nürnberg en 1922, le
congrès de Heidelberg adopte un nouveau programme du parti[72].
Karl Kautsky avait élaboré un projet pour ce programme de Heidelberg,
projet que, d'après Rudolf Hilferding, la commission du programme pouvait
"reprendre en gros" [73].
[Citation dans l'original ►.]
Dans une brochure au sujet du programme, éditée sur décision
du comité directeur du SPD, on pouvait lire[74]:
Le nouveau programme de Heidelberg repose sur la base des
programmes d'Erfurt et de Görlitz. Il est porté par l'idée de développement
du programme d'Erfurt, et il est basé sur les revendications les plus
importantes du programme de Görlitz.
[Citation dans l'original ►.]
Cf. le texte du programme ►.
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Une conférence internationale se tient à Locarno au sujet
d'un traité de sécurité pour l'Europe[75].
À la conférence participent la France, la Belgique et l'Allemagne, avec en
outre la Grande-Bretagne et l'Italie, ainsi que les voisins orientaux
Pologne et Tchécoslovaquie. L'Allemagne, la France et la Belgique renoncent
à une modification par la force de leurs frontières communes. Le document
réglant cette question, dit pacte du Rhin [Rheinpakt],
est signé par ces trois pays ainsi que par la Grande-Bretagne et l'Italie
en tant que garants. La frontière Est de l'Allemagne n'est pas concernée.
L'Allemagne sera admise à la Société des Nations, avec un siège permanent
au conseil.
Un des documents constituant le traité spécifie la portée
des obligations résultant de l'article 16 des statuts de la Société
des Nations, selon l'interprétation des signataires du Traité de Locarno.
Il stipule:
Selon cette interprétation les obligations résultant de
cet article pour les membres de la Société doivent être interprétées en ce
sens que chacun des États signataires est tenu de collaborer loyalement et
effectivement pour faire respecter les Statuts de la Société et pour
s'opposer à tout acte d'agression dans la mesure compatible avec sa
situation militaire et qui tient compte de sa situation géographique.
[Citation dans l'original ►.]
Cette disposition, aménageant aux signataires une certaine
liberté de décision, répond au fait que l'Allemagne est préoccupée par
l'éventualité d'une action de la Société des Nations contre l'URSS, dans
laquelle elle ne souhaiterait pas forcément être impliquée. Le texte
reprend en fait certaines formulations qui avaient figuré dans le
"Protocole pour le règlement pacifique des différends
internationaux" adopté à l’unanimité par l’Assemblée générale de la
SDN, le 2 octobre 1924; cependant ce protocole n'avait finalement pas
été ratifié, du fait notamment du refus de la Grande-Bretagne.
Cf. le texte du traité de Locarno ►;
et le texte de l'interprétation de l'article 16 des statuts de la
Société des Nations ►.
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Du 19 octobre au 20 novembre se déroule un procès
devant le tribunal d'instance [Amtsgericht] de Munich[76].
Il s'agit d'une plainte contre le rédacteur en chef du journal Münchener Post, Martin Gruber,
déposé par l'éditeur du magazine Süddeutsche Monatshefte,
Paul Cossmann. Le magazine avait publié une édition
spéciale intitulé "Le coup de poignard et les effets du coup de
poignard" ["Der Dolchstoß und die Auswirkungen des
Dolchstoßes"], et Gruber avait caractérisé le contenu comme
falsification de l'histoire. Comme témoins paraissent un certain nombre de
militaires (notamment le lieutenant général Wilhelm Groener)
et d'hommes politiques (notamment, du SPD, Otto Wels, Philipp
Scheidemann, Otto Landsberg, Hermann Müller,
Gustav Noske). Gruber est condamné pour outrage et diffamation.
Voici un extrait des considérants accompagnant le jugement[77]:
L'allégation de l'inculpé, le plaignant civil (Prof. Cossmann) aurait consciemment falsifié l'histoire, n'a pas
été établie comme 'vrai'. L'examen des preuves a montré:
1. Durant la période tardive de la guerre, ont eu lieu
des actes à l'arrière du front, visant consciemment et délibérément à la
démolition de l'armée allemande (tracts, feuilles volantes, propagande
révolutionnaire, mutineries, grèves dans l'industrie d'armement).
2. De tels actes, mis à part la diffusion de tracts par
l'ennemi, ont été effectués, autant sous la forme d'appels que sous la
forme d'une participation directe, par des membres de l'USP et des membres
de groupes situés encore plus à gauche.
3. Pour autant que par de tels actes il a été porté
atteinte à l'esprit combatif de l'armée au front, cela n'a été le cas que
dans des cas isolés. L'esprit des troupes à l'arrière, l'esprit des unités
de relève venant du pays à destination du front a subi des préjudices
considérables par la faute de tels actes. [...] La force combattive de
l'armée et de la flotte a subi une amputation très forte par l'effet de ces
actes.
[Citation dans l'original ►.]
Le Münchener Post est
une publication proche du SPD. La critique prenant comme cible les articles
présentés par le Süddeutsche Monatshefte visait
à rejeter l'idée selon laquelle le SPD, durant la guerre, avait agi contre
les intérêts de l'Allemagne. Bien que le jugement soit défavorable à
M. Gruber, il va en fait dans le sens souhaité, puisqu'il constate que
"actes visant consciemment et délibérément à la démolition de l'armée
allemande" "ont été effectués par des membres de l'USP et des
membres de groupes situés encore plus à gauche.".
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•
|
Le NSDAP constitue l'“escadron de
protection” [“Schutzstaffel”] (SS) chargé de la
protection des dirigeants du parti et des réunions qu'il organise ainsi que
du recrutement de nouveaux membres du parti[78].
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•
|
L'assemblée nationale approuve avec 300 voix
contre 174 le traité de Locarno[79].
La loi sur les Traités de Locarno et l'entrée de l'Allemagne dans la
Société des Nations sera adoptée le 28 novembre.
Cf. le texte de la loi ►.
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•
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Les troupes d'occupation interalliées débutent l'évacuation
de la zone de Cologne et donc de la rive gauche du Rhin à Düsseldorf[80].
L'opération sera achevée le 31 janvier 1926.
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•
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À Londres a lieu la signature du traité de Locarno par
les états concernés[81].
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Le 25 novembre 1925 le KPD avait présenté à l'assemblée
nationale un projet de loi en vue de l'expropriation sans indemnisation des
membres des anciennes dynasties princières, incluant autant les biens dont
ils disposaient au titre de leur statut que leurs propriétés et fortunes
privées[82].
En absence de majorité pour faire adopter le texte, il vise à mettre en oeuvre le dispositif de plébiscite (Volksbegehren)
et référendum (Volksentscheid) prévu par la constitution[83].
Le SPD, appuyé par l'ADGB, s'était joint à cette
démarche. La demande en vue d'un plébiscite avait été présentée au ministre
de l'Intérieur le 25 janvier. Le plébiscite se déroule les 4‑17 mars
et obtient avec plus de 12 millions de voix le résultat nécessaire
pour que le projet de loi soit soumis à l'assemblée nationale. Ce sera fait
le 6 mai.
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•
|
L'Allemagne et l'URSS concluent un accord en vue de
relations amicales mutuelles, dit "traité de Berlin"[84].
Le texte confirme le traité de Rapallo du 16 avril 1922 comme base des
relations entre les deux états et stipule l'observation de la neutralité en
les termes suivants:
Au cas où l'une des parties contractantes malgré une
attitude pacifique, serait attaquée par une tierce puissance ou plusieurs
tierces puissances, l'autre partie contractante observerait la neutralité
pendant toute la durée du conflit.
[Citation dans l'original ►.]
L'accord est conclu pour une durée de cinq ans, qui sera, en
1931, prolongée de trois ans.
Cf. le texte du Traité ►.
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•
|
Sur la base du résultat du plébiscite de mars, le projet de
loi en vue de la confiscation sans indemnisation des biens des dynasties
princières est introduit devant l'assemblée nationale le 6 mai[85].
Il est rejeté par 236 voix contre les 142 de KPD et SPD. L'ultime
étape de la procédure, le référendum, sera mise en oeuvre
le 20 juin.
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•
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Le référendum concernant le projet de loi en vue de la
confiscation sans indemnisation des biens des dynasties princières a lieu[86].
Plus de 14 millions de personnes se prononcent pour la loi, mais le
quorum nécessaire n'est pas atteint.
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•
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Le NSDAP tient à Weimar son premier
congrès depuis la reconstitution en février 1925[87].
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À Brême (Bremen) a lieu une
grève dans les moulins[88].
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•
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Les 3‑4 septembre, l'Union nationale de
l'industrie allemande (Reichsverband der Deutschen Industrie,
RDI) organise des assises. Paul Silverberg présente un
rapport qui prône notamment une amélioration des relations entre les
entrepreneurs et l'ADGB.
(Cf. le texte ►.)
(Cf. P. Silverberg ►.)
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Comme convenu durant la conférence de Locarno d'octobre
1925, l'Allemagne est admise à la Société des Nations avec un siège
permanent au conseil[89].
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•
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Le ministre de l'intérieur de Prusse, C. Severing
(SPD), démissionne[90].
Le 6, A. Grzesinski (SPD), qui détenait le
poste de préfet de police de Berlin, est désigné pour le remplacer. Le
17 octobre lui succède comme préfet de police de Berlin K. Zörgiebel
(SPD), mais Grzesinski occupera le poste de nouveau à
partir du 6 novembre 1930 jusqu'en aout 1932[91].
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•
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Le chef du commandement de l'armée major général Hans von Seeckt démissionne en rapport avec des critiques
concernant la participation du Prince Wilhelm de Prusse à une manoeuvre de l'armée[92].
Il est remplacé par le lieutenant général Wilhelm Heye.
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•
|
Adolf Hitler établit une direction
centralisée de la SA[93].
Comme chef supérieur, il désigne l'ancien commandant de corps-franc Franz Pfeffer von Salomon. Il organise la SA selon des
principes militaires, sans en faire une formation de défense. Il impose que
le SS et la Jeunesse Hitlérienne [Hitlerjugend] soient
subordonnés au chef supérieur de la SA (cette hiérarchie restera en vigueur
jusqu'en 1934 pour le SS et jusqu'au 13 mai 1932 pour la Jeunesse
Hitlérienne). Le contrôle des sous-unités du SA est soustrait aux
dirigeants respectifs du parti. Pfeffer conçoit le SA
comme étant placé au même niveau que le parti.
Joseph Goebbels est nommé chef de district [Gauleiter]
du NSDAP pour Berlin-Brandenburg[94].
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•
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En Thüringen, un mouvement de grève débute dans les
usines de tissage de Schulenburg & Bessler
à Gera et Ernst Engländer à Berga an der
Elster[95].
L'organisation des employeurs de la branche pour la région Saxe-Thüringen
impose le lockout à 12 000 travailleurs du textile de Thüringen de
l'Est, dont plus de 3000 à Gera. Le 1er décembre le lockout est étendu
aux usines de tissage de tout Thüringen, en tout 25 000 travailleurs
sont frappés. Les dirigeants de la fédération des travailleurs du textile
acceptent une décision rendue par le ministre du travail Heinrich
Brauns (Zentrum) et appellent à l'arrêt de la
grève.
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•
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Est édictée la loi sur les tribunaux du travail [Arbeitsgerichtsgesetz].
Cf. le texte de la loi ►.
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La commission interalliée de contrôle militaire établie sur
la base du traité de Versailles met fin à son activité en Allemagne[96].
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Sont édictés plusieurs décrets concernant les horaires de
travail, dans les centrales de gaz, les fonderies, les verreries, les
ateliers de rectification de verre [Gaswerke, Metallhütten,
Glashütten, Glasschleifereien]
Cf. le texte des décrets ► ► ►.
Ces décrets sont la manifestation d'une tendance vers une
règlementation des horaires de travail pour les travaux pénibles [Schwerarbeiter] selon la journée de huit heures[97].
Cf. également aux dates de 20 janvier 1925, 16 juillet 1927 et
26 mars 1929.
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En Bavière, l'interdiction de parler en public prononcée à
l'encontre d'A. Hitler le 9 mars 1925 est levée[98].
En ce qui concerne les mesures prononcées dans le même sens dans d'autres
régions, elles avaient été levées en mai 1926 en Oldenburg, et le seront en
avril 1927 en Bade, en mai 1927 en Lübeck, le 29 septembre 1928 en
Prusse, en novembre 1928 en Anhalt.
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Est édictée une loi pour la modification du décret sur les
horaires de travail [zur Abänderung der
Arbeitszeitverordnung] du 21 décembre 1923, loi appelée
couramment "loi d'urgence sur les horaires de travail" ["Arbeitszeitnotgesetz"].
Cf. le texte de la loi ► ►.
Le 29 avril seront adoptées des dispositions
d'application concernant cette loi.
Cf. le texte des dispositions ►.
La loi déclare la durée de huit heures comme "durée
journalière de travail régulière" ["regelmäßige
tägliche Arbeitszeit"], mais fixe la durée maximale autorisée à
10 heures, voire plus selon des exceptions spécifiques[99].
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À Wesermünde (Bremen) les tailleurs de l'entreprise Ketelsen
débutent une grève. Elle se terminera le 30 avril.
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Le 11 février, à l'occasion d'une réunion publique
organisée par le NSDAP à Berlin-Wedding, des incidents violents s'étaient produits avec des
manifestants communistes protestant contre cette activité[100].
Le 20 mars, des affrontements dans la rue avaient eu lieu entre
groupes du NSDAP et du KPD respectivement, autour de
la gare Lichterfelde-Ost. Le 4 mai, au cours
d'une réunion de propagande du NSDAP, les
organisateurs avaient exercé des actes de violence contre des personnes
présentes parmi le public. En réaction à cet incident, le 6, le préfet
de police de Berlin K. Zörgiebel (SPD) interdit
et déclare dissous le NSDAP et ses organisations dans Berlin-Brandenburg. La mesure sera levée le 31 mars
1928. Des mesures similaires sont prises dans d'autres villes, notamment Cologne
(Nordrhein-Westfalen) et Neuwied (Rheinland-Pfalz).
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Le SPD tient un congrès à Kiel[101].
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À Brême (Bremen) se déroule
un mouvement de grève dans l'industrie métallurgique[102].
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Une rencontre a lieu, à Munich, entre A. Hitler et Emil Kirdorf[103].
Sollicité par ce dernier, Hitler écrit un pamphlet intitulé "La voie
vers la résurrection" ["Der Weg zum Wiederaufstieg"],
dont Kirdorf financera la publication et à la
diffusion duquel parmi les cercles dirigeants de l'industrie il participera
activement. Alors que dans "Mon combat" ["Mein
Kampf"], Hitler avait exigé l'expropriation de l'industrie, il
reconnait maintenant le principe de la propriété privée.
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En 1873 Emil Kirdorf devient directeur
commercial de la société nouvellement créée Gelsenkirchener
Bergwerks-AG (GBAG).
En 1889 Kirdorf fait partie des
fondateurs du Rheinisch-Westfälisches Kohlesyndikat
qui met en oeuvre la commercialisation de l'ensemble
du charbon provenant de la région de Rheinland-Westfalen.
En 1891 Kirdorf participe à la
constitution de l'“Union panallemande” (“Alldeutscher
Verband”). Cette organisation ‑ portant initialement le
nom d'“Union générale allemande” (“Allgemeiner Deutscher
Verband”) ‑ se fixe pour objectif la réunion de tous les
territoires européens habités par des allemands.
De 1903 à 1910 Kirdorf élargit
progressivement le domaine d'activité de la GBAG et du Rheinisch-Westfälisches
Kohlesyndikat pour inclure les mines de fer et la fabrication
d'acier. Par là, il entre en conflit avec les entreprises d'August
Thyssen et Hugo Stinnes.
En 1920 le groupe dirigé par H. Stinnes reprend des
parties importantes de la GBAG et du Rheinisch-Westfälisches
Kohlesyndikat. En 1926 la GBAG est intégrée dans la Vereinigte
Stahlwerke AG en même temps que les consortiums de H. Stinnes et A. Thyssen. Kirdorf démissionne de son poste de directeur général de la
GBAG.
Le 4 juillet 1927 Kirdorf, après
une première rencontre avec Adolf Hitler en avril à Essen, assiste avec
d'autres industriels de la Ruhr à une conférence avec Hitler à Munich. Il
adhère au NSDAP. En 1928 il quittera le parti à cause
d'un désaccord par rapport aux positions du groupe autour de Gregor
Strasser, mais en 1934 il y reviendra de nouveau.
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Est édictée la loi sur l'assurance-chômage et les agences
pour l'emploi [über die Arbeitslosenversicherung und die
Arbeitsvermittlung].
Cf. le texte de la loi ►.
Cette loi remplace le principe de l'assistance par celui de
l'assurance[105].
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Est édicté un décret sur les horaires de travail dans les
aciéries, laminoirs et autres installations de la grande industrie de fer [Stahlwerke, Walzwerke, andere Anlagen der Großeisenindustrie].
Cf. le texte du décret ►.
Ce décret est la manifestation d'une tendance vers une
règlementation des horaires de travail pour les travaux pénibles [Schwerarbeiter] selon la journée de huit heures[106].
Cf. également les dates de 20 janvier 1925, 9 février 1927 et
26 mars 1929.
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Est édicté un décret sur les horaires de travail dans les
boulangeries et pâtisseries [Bäckereien, Konditoreien].
Cf. le texte du décret ►.
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À Cologne (Nordrhein-Westfalen),
durant l'été, se déroule un mouvement de grève dans le secteur de la
métallurgie au sujet de l'établissement de la journée de huit heures[107].
Le 20 juillet, la commission de conciliation prononce une sentence
arbitrale qui est refusé par les syndicats. Elle réduit la durée du travail
hebdomadaire de deux heures, mais sans compensation salariale. Les
employeurs imposent un lockout à 16 000 travailleurs. La sentence est
validée d'autorité par le ministre du travail H. Brauns.
Le mouvement se termine après quatre semaines de grève et trois semaines de
lockout.
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À Nürnberg, dans les usines MAN, se déroule un mouvement
de grève[108].
L'employeur impose un lockout à 3000 travailleurs, mais à la fin du
conflit les syndicats impose la réintégration du personnel.
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À Brême (Bremen) une grève a
lieu au moulin Hansa-Mühle[109].
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À Brême (Bremen) les
travailleurs des brasseries débutent une grève[110].
Elle se terminera le 9.
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À Brême (Bremen) les
travailleurs des transports débutent une grève[111].
Elle se terminera le 10 octobre.
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En juin, le Fédération des mineurs avait dénoncé la
convention collective dans les mines de charbon d'Allemagne centrale,
revendiquant notamment le rétablissement de la journée de huit heures[112].
Des négociations de conciliation avaient échoué. Le 17 octobre, les
syndicats déclarent la grève. Elle est suivie par environ 10 000
mineurs de la région de Niederlausitz (partie
Sud-Est de Brandenburg). Le conflit se terminera
le 23, suite à une négociation de conciliation conduite par le
ministre du travail H. Brauns.
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Selon le décret du 16 juillet dans les aciéries,
laminoirs et autres installations de la grande industrie de fer, à partir
du 1er janvier 1928 devrait être instaurée la durée journalière du
travail de 8 heures et le système de trois équipes[113].
Le 23 novembre les fédérations de travailleurs pour le district
nord-ouest de l'industrie du fer et de l'acier avaient dénoncé les accords
de durée du travail et de salaires en vigueur, et demandé une application
stricte du décret. Les employeurs avaient annoncé le 3 décembre qu'ils
fermeront les usines à l'échéance du 1er janvier 1928 si les
négociations avec les syndicats ne conduisent pas à des résultats
acceptables. Le 12 décembre le ministre du travail H. Brauns
avait exposé aux employeurs la décision qu'il prononçait à ce sujet, et qui
stipulait que l'échéance du 1er janvier s'appliquait aux aciéries
fonctionnant selon le procédé Thomas et aux laminoirs rattachés, aux
fabriques de martelage et de pressage, aux laminoirs à froid [bei
den Thomasstahlwerken und den von ihnen gespeisten Walzenstraßen, bei den
Hammer- und Preßwerken sowie bei den kalteinsetzenden Walzenstraßen],
tandis que dans le cas des aciéries fonctionnant selon le procédé Martin,
d'acier au creuset, d'acier électrique et des laminoirs rattachés [den Martin-, Elektro- und Tiegelstahlwerken und den von ihnen
gespeisten Walzwerken], des délais pourront être accordés, de
préférence jusqu'en été mais en aucun cas au-delà de l'année 1928.
Le 15 décembre, une sentence arbitrale est prononcée
sur la base de ces principes, tout en réglant les détails. Elle est rejetée
par les représentants des travailleurs et ceux des employeurs, mais le
20 décembre elle sera validée d'autorité par H. Brauns.
Elle est déclarée comme restant en vigueur jusqu'au 30 octobre 1928.
Pour les travailleurs des hauts-fourneaux [Hochofenwerke]
qui ne tombent pas dans la portée du décret de 1925, la durée hebdomadaire
de travail est diminuée de 65 à 62 heures. Pour les travailleurs
de la production dans les aciéries fonctionnant selon le procédé Martin en
incluant les laminoirs, est appliqué à partir du 1er janvier 1928 le
système à trois équipes de huit heures, de même pour les aciéries
fonctionnant selon le procédé Martin et d'acier au creuset en incluant les
laminoirs, à partir du 1er février, sauf en cas d'autorisations
administratives exceptionnelles. Dans les fabriques de martelage et de
pressage et les laminoirs à froid est appliqué un système à deux équipes de
huit heures avec en plus des heures supplémentaires. Dans les installations
annexes [Nebenbetriebe], tels que les ateliers
d'agglomération et de frittage [Agglomerier- und
Sinteranlagen], est appliqué le système à trois équipes de huit
heures, mais le travail hebdomadaire n'est diminué que de 60 à 57
heures.
De cette manière le système à deux équipes de
12 heures, sans disparaitre complètement, est fortement restreint. Par
ailleurs la nouvelle règlementation rompt totalement avec la tradition des
horaires d'équipes uniformes. En outre le repos hebdomadaire de
24 heures du dimanche est réduit à 12 heures pour les aciéries et
laminoirs [Stahl- und Walzwerke].
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