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Dans la Ruhr, les cheminots entament une grève[1].
En même temps, des négociations salariales sont en cours pour le secteur
des chemins de fer publics de Prusse et de Hessen.
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Le Traité de Paix de Versailles entre en vigueur.
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Dans la Sarre, les mines passent sous administration
française dans le cadre des Mines Domaniales Françaises de la Sarre, créées
par décret français le 23 octobre 1919[2].
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À Düsseldorf, Arnsberg, Münster et Minden
(Nordrhein-Westfalen) est instauré l'état d'exception[3].
Pour Düsseldorf, il sera transformé en état d'exception renforcé, le
17 janvier.
Cf. le texte du décret ►.
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À Berlin, depuis plusieurs jours, l'USPD,
le KPD, le conseil exécutif des conseils d'ouvriers et de soldats de
Grand-Berlin et la Centrale des conseils d'entreprise d'Allemagne (cf.
16 juillet 1919), ainsi que l'assemblée plénière de la direction
locale de l'ADGB [Berliner
Gewerkschaftskommission] diffusent des appels à une mobilisation
contre le projet de loi sur les conseils d'entreprise, dont la deuxième
lecture est à l'ordre du jour de l'assemblée nationale le 13 janvier[4].
Le SPD et divers syndicats se désolidarisent de l'action. Une manifestation
se déroule devant l'assemblée nationale. La police tire sur les
manifestants. Il y a 42 morts. Est alors instauré l'état d'exception,
par le décret "concernant les mesures nécessaires pour la restauration
de la sécurité et de l'ordre publics dans le territoire du Reich à
l'exception de la Bavière, de Saxe, de Württemberg et de Baden ainsi que
des territoires qu'ils renferment" ["betreffend die
zur Wiederherstellung der öffentlichen Sicherheit und Ordnung im
Reichsgebiete mit Ausnahme von Bayern, Sachsen, Württemberg und Baden und
der von ihnen umschlossenen Gebiete nötigen Maßnahmen"]. (Cf.
le texte ►.)
Le décret contient notamment les dispositions suivantes:
Toute activité par parole, écrit ou d'autres mesures, qui
vise à interrompre des entreprises vitales, est interdite.
Sont considérées comme entreprises vitales les moyens de
transport publics ainsi que les sites et installations pour la production
de gaz, eau, électricité et charbon.
[Citation dans l'original ►.]
Le pouvoir exécutif est assumé par le ministre de la défense
Gustav Noske (SPD), en tant que commandant suprême pour Berlin et ses
environs [Oberbefehlshaber in den Marken] (cf. ►)[5].
Le 11 avril l'état d'exception militaire sera remplacé par un état
d'exception civil, lequel restera en vigueur jusqu'au 28 mai. Est
également adopté un décret transformant l'état d'exception instauré le
11 janvier dans la Ruhr, en état d'exception renforcé [verschärft][6].
L'ensemble des dispositions en matière de rétablissement de la sécurité et
de l'ordre publics en vigueur, à l'exception de celles concernant la Ruhr,
sera remplacé le 11 avril par un nouveau décret remplaçant l'état
d'exception militaire par un état d'exception civil, lequel restera en vigueur
jusqu'au 28 mai.
Le commandant du District militaire 6 [Wehrkreis 6]
lieutenant général Oskar von Watter est chargé de
l'exécution de l'état d'exception dans la Ruhr, et le commissaire du Reich
et d'état [Reichs- und Staatskommissar] pour la région
Carl Severing (SPD) est désigné pour l'assister dans
cette tâche[7].
L'organe du KPD Rote Fahne et
celui de l'USPD Freiheit
sont interdits[8].
Ils le resteront jusqu'au 9 février.
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À Berlin, G. Noske interdit pour le district [Landespolizeibezirk] Berlin, le district [Stadtkreis]
Spandau et les districts [Landkreise] Teltow et Niederbarnim, toute réunion
dans des locaux non fermés, ainsi que les défilés et les attroupements[9].
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La grève des cheminots déclenchée dans la Ruhr le
5 janvier, ainsi que celle en Basse-Silésie se termine[10].
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Article du Essener
Arbeiter-Zeitung (SPD), après les évènements de Berlin du
13 janvier 1920 (extraits)[11]:
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Dans la région de la Ruhr s'amoncèlent des nuages de
pluie chargés. Si l'orage éclate, alors il en est fini de notre économie,
alors est en jeu toute notre possibilité de survie comme peuple
d'industrie. Les Spartakistes, les syndicalistes et le Indépendants qui
depuis leur congrès de Leipzig ont cessé d'être des social-démocrates,
jouent le tout pour le tout. Ils s'entêtent à vouloir foncer à travers le
mur, peu importe si ce faisant toute l'économie tombe en ruine. [...] C'est
que justement ils veulent la ruine, parce qu'ils ont la foi du charbonnier
que cela les mène au pouvoir. Leur spéculation est très simple. D'abord
l'approvisionnement en vivres et en matières premières sera ébranlé par la
grève des chemins de fer. Par là, des dizaines de milliers d'usines, en
outre les centrales d'électricité. Le chômage et la faim ainsi provoqués
radicalisent les masses de travailleurs et produisent un tel sentiment de
désespoir, que les travailleurs deviennent mûrs pour n'importe quel
expérience de coup d'état. [...] La bataille contre la folie bolchévique se
livre dans la région de la Ruhr, que les communistes et leurs acolytes
indépendants ont élue comme leur terrain de bataille le plus important
[...].
[Citation dans l'original ►.]
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L'assemblée nationale adopte la loi sur les conseils
d'entreprise, avec 213 voix contre 64[12].
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Dans la Ruhr des négociations salariales se déroulent
alors qu'en même temps la question de la durée des tournées d'équipe est
posée[13].
Le 20 janvier, Alfred Hugenberg (cf. ►)
rencontre le ministre du travail Alexander Schlicke. Hugenberg fait remarquer:
il a l'impression que les dirigeants des mineurs sont
sans doute assez compréhensifs pour entrevoir la situation, et qu'à son
avis au bout du compte il ne peut être que souhaitable pour eux, si par une
attitude ferme et sans ambigüité du gouvernement leur soit facilité la
tâche de faire comprendre aux masses des mineurs que leurs revendications
sont inacceptables.
A. Schlicke affirme:
S'il n'est pas possible d'atteindre une entente entre les
employeurs et les salariés, alors le gouvernement se tiendra sur cette
question du côté des employeurs.
À la question concernant les intentions du gouvernement au
cas où il faudrait faire face à une tentative d'imposer par la force la
durée des tournées de six heures, Schlicke répond:
quoi qu'il arrive, le gouvernement restera ferme, pour le
reste, c'est Noske qui devra s'en charger.
[Citation dans l'original ►.]
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Dans le cadre des négociations concernant les mines de la Ruhr,
une réunion se tient à laquelle participe, à la demande des dirigeants
syndicaux, le commissaire du Reich et d'état C. Severing
comme représentant du ministère du travail[14].
Severing explique:
Par conséquent une diminution du temps de travail ne
signifierait rien d'autre que la ruine de la vie économique. Le
gouvernement ne doit laisser arriver les choses à ce point, pour autant
qu'elle ait le pouvoir de l'éviter. Il ne lui incombe pas seulement de
maintenir le calme apparent, sa tâche consiste également à maintenir en
fonctionnement la vie économique, il ne peut pas tolérer les empiètements
par la force dans ce domaine, et ne les tolèrera pas et mettra en oeuvre à leur encontre tous les moyens à sa disposition,
éventuellement aussi contre les syndicats eux-mêmes. Il espère que les
représentants des syndicats ne s'opposeront pas à cette décision inflexible
du gouvernement.
[Citation dans l'original ►.]
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En Saxe, par un décret du président, sont appliquées
des mesures similaires à celles découlant de l'état d'exception instauré
dans d'autres parties du Reich le 13 janvier. (Cf. le texte ►.)
La mesure sera annulée le 13 avril en même temps que la
levée de l'état d'urgence instauré le 23 avril 1919, avec effet
rétroactif au 16 mars.
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À Berlin, dans le secteur de la confection pour
femmes, se déroule un mouvement de grève des tailleurs et des auxiliaires[15].
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À Hambourg se déroule une grève des riveteurs aux
chantiers navals Blohm & Voss[16].
El dure trois jours. La direction procèdera à des licenciements, mais sera
contrainte de les annuler.
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À Geestemünde (aujourd'hui
Bremerhaven) (Bremen), les employés du chantier naval Tecklenborg-Werft se mettent en grève[17].
Celle-ci se termine le lendemain.
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La loi sur les conseils d'entreprise [Betriebsrätegesetz],
qui avait été approuvée par l'assemblée nationale le 18 janvier, est
publiée[18].
(Cf. des extraits du texte ►.)
Des conseils d'entreprise sont instaurés dans des
entreprises avec plus de 20 employés, dans les autres entreprises sont
élus des hommes de confiance [Obleute]. Les conseils
d'entreprise ont pour objectif notamment d'oeuvrer en
faveur de la rentabilité de l'entreprise, de la préservation de la paix
sociale, de la collaboration en cas de licenciements. Les conseils
d'entreprise sont représentés au conseil de surveillance, mais à l'origine
cette représentation est limitée aux questions sociales; le 1er février
1922 sera adoptée une loi conférant aux représentants du conseil
d'entreprise au conseil de surveillance un statut similaire à celui des
autres membres (cf. le texte ►.).
Le § 84 de la loi traite de la protection de l'employé
en rapport avec une mesure de licenciement (cf. ►,
p. 16).
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La constitution entrée en vigueur en aout 1919 prévoit
l'instauration de conseils d'ouvriers d'entreprise [Betriebsarbeiterräte]
ainsi que des conseils d'ouvriers de district [Bezirksarbeiterräte]
et un conseil ouvrier du Reich [Reichsarbeiterrat]. En
dehors des conseils d'entreprise, aucune de ces instances ne sera créée.
Parallèlement, en ce qui concerne les conseils existant depuis novembre
1918, les conseils de soldats se dissolvent avec la démobilisation de
l'armée, et les conseils d'ouvriers deviennent caducs, puisque la
constitution ne les retient pas comme structure d'exercice du pouvoir.
Ainsi les conseils d'ouvriers disparaissent progressivement, persistant
tout au plus encore au cours de l'année 1920.
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À Celle (Niedersachsen), avec l'entrée en vigueur de
la loi sur les conseils d'entreprise, les autorités locales considèrent le
conseil d'ouvriers comme superflu et ne mettent plus de moyens financiers à
sa disposition[19].
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Dans la Ruhr, sur la base de l'état d'exception
instauré le 13 janvier, le commissaire du Reich et d'état pour la
région C. Severing et le commandant du District
militaire 6 lieutenant général O. v. Watter
décrètent que l'accomplissement de tournées supplémentaires est obligatoire
pour les équipes dans les mines[20].
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Bremerhaven/Lehe/Geestemünde (Bremen) sont occupés par une unité du Corps de tirailleurs
de terre [Landesschützenkorps][21].
Environ 100 personnes sont arrêtées. C'est le point final au mouvement
des conseils dans ces villes. Le conseil d'ouvriers avait déjà cessé son
activité à la fin de 1919, laissant la place aux institutions municipales
élus.
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Le conseil suprême des Puissances Alliées vainqueurs
repousse les échéances pour la diminution de l'armée figurant dans le
Traité de Versailles, à 200 000 hommes au 10 avril et à
100 000 hommes au 10 juillet[22].
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À Essen (Nordrhein-Westfalen),
des négociations ont lieu entre des représentants du gouvernement
(chancelier Gustav Bauer, ministre du travail Alexander
Schlicke, ministre de la Poste Johannes Giesberts)
ainsi que du gouvernement de Prusse (ministre des travaux publics Rudolf Oeser), des fédérations présentes parmi les mineurs
(Fédération des mineurs, Association de métier des travailleurs des mines
chrétiens, Association de métier des travailleurs des mines - Hirsch‑Duncker, Fédération professionnelle polonaise)
et pour les employeurs l'Association de mines, au sujet d'un éventuel
allongement de la durée du travail dans le secteur des mines[23].
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Durant les négociations concernant les mines de la Ruhr (cf.
ci-dessus), le chancelier G. Bauer (SPD) évoque l'éventualité que les
mineurs réussissent à imposer la durée de six heures pour les tournées
d'équipe. Dans cette hypothèse, il déclare[24]:
que les mineurs se feraient en quelque sorte les ennemis
du peuple allemand tout entier.
[Citation dans l'original ►.]
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G. Noske décrète pour Berlin et la province Brandenburg, que les sites et installations de production,
transformation et distribution de biens alimentaires sont considérés comme
entreprises vitales[25].
Les perturbations, notamment les grèves, seront réprimées.
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Au cours d'une réunion publique à Munich (Bavière), Adolf
Hitler, chef de propagande du Parti ouvrier allemand (Deutsche
Arbeiterpartei, DAP) présente le programme de ce parti[26].
Le DAP avait été créé le 5 janvier 1919, à Munich, par Anton
Drexler. Hitler était devenu membre le 19 septembre 1919 et
avait dès le départ été intégré dans la direction. À l'occasion de la
présentation du programme, le DAP change son nom en “Parti ouvrier
national-socialiste allemand” (“Nationalsozialistische
Deutsche Arbeiterpartei”, NSDAP).
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Sous la pression des Puissances Alliées vainqueurs, le
ministre de la défense Gustav Noske (SPD) ordonne la dissolution des
corps-francs Hermann Ehrhardt et Wilfried
von Loewenfeld (Marinebrigade II et III) à la
date du 12 mars[27].
Le général Walther von Lüttwitz qui commande
l'ensemble des troupes à l'est de l'Elbe ainsi que celles de Saxe,
Thüringen et Hanovre, est opposé à cette décision.
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