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Brême (Bremen): Les conseils
d'ouvriers et de soldats de Bremerhaven, Cuxhaven
(Niedersachsen), Oldenburg et Hambourg interviennent pour
tenter d'éviter l'opération militaire contre Brême[1].
Le Conseil des mandatés du peuple de Brême se déclare prêt à remettre les
armes des travailleurs au régiment 75 et à laisser celui-ci assurer
l'ordre dans la ville. Il propose de procéder à la constitution d'un
conseil de mandatés du peuple renouvelé, composé de membres SPD, USPD et KPD. Une délégation rencontre les autorités
militaires à Verden pour négocier sur cette base la suspension des
opérations militaires. Entretemps, des représentants de la Bürgerschaft
et du SPD ont donné leur accord à l'occupation de Brême par les troupes
gouvernementales.
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Les 3 et 4 février se tiennent parallèlement une
assemblée de délégués de l'Union centrale d'industriels allemands (CDI) et
une assemblée générale de la Ligue des industriels (BdI)[2].
Ils décident de fusionner pour former le “Reichsverband der
Deutschen Industrie” (“Union nationale de l'industrie allemande”,
RDI). Le RDI tiendra son assemblée constitutive le 12 avril et élira
un présidium provisoire de 13 membres, parmi lesquels Kurt
Sorge (membre du comité directoire de la Friedrich
Krupp AG) comme président, Karl. Friedrich von
Siemens (membre du conseil d'administration de la Siemens & Halske AG
ainsi que de la Siemens-Schuckertwerke GmbH)
comme président adjoint, Robert Bosch (fondateur et
actionnaire de la Robert Bosch AG; il est l'oncle
de Carl Bosch, membre du conseil d'administration de
la Badische Anilin & Soda Fabrik AG),
Carl Duisberg (membre du conseil d'administration de la
Badische Anilin & Soda Fabrik AG), Abraham Frowein (associé de la Frowein & Co. AG,
dans la branche de textile), Alfred Hugenberg (cf. ►),
Hugo Stinnes (cf. ►).
Au sein du RDI, l'Association d'industriels du fer et de
l'acier allemands, ensemble avec d'autres regroupements spécifiques, forme
la “section de l'industrie productrice de fer” (“Fachgruppe
der Eisenschaffenden Industrie”)[3].
... Pour une galerie de
portraits de quelques personnages: ►.
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Le 4 février, le Conseil central investit l'Assemblée nationale
en ces termes[4]:
Dans l'attente que l'Assemblée nationale accomplisse sa
pleine souveraineté, le Conseil central pose le pouvoir que le Congrès du
Reich des Conseils d'Ouvriers et de Soldats lui a délégué, entre les mains
de l'Assemblée nationale allemande, et souhaite tout succès à ses travaux,
pour le bonheur et le salut du peuple allemand tout entier et de toutes les
souches [Stämme] réunies dans le nouveau Reich
allemand.
[Citation dans l'original ►.]
Il gardera la volonté de continuer à exercer ses
attributions de contrôle, mais ne jouera de fait qu'un rôle mineur, n'étant
guère pris en considération par le gouvernement[5].
Par ailleurs, le 22 aout, il changera sa dénomination de “Zentralrat der deutschen sozialistischen Republik”
(“Conseil central de la république socialiste allemande”) en “Zentralrat
der deutschen Arbeiterräte” (“Conseil central des conseils
d'ouvriers allemands”).
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À Bremerhaven/Lehe/Geestemünde
(aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen) le conseil de
soldats, contre l'avis du conseil d'ouvriers, rassemble
150 volontaires armés qui se rendent à Brême pour appuyer les unités
confrontées à la Division Gerstenberg, mais
abandonnent finalement[6].
Il en résulte la fin du conseil de soldats dans ces villes.
La Division Gerstenberg occupe Brême[7].
81 personnes sont tuées durant les affrontements, dont
28 travailleurs participant aux combats[8].
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À Brême (Bremen) un gouvernement
est formé composé de 5 membres SPD, sous la présidence de Karl Deichmann[9].
Il instaure l'état de siège dans le territoire régional. Des troupes
gouvernementales occupent le AG Weser[10].
Une “garde municipale” [“Stadtwehr”]
est constituée ayant pour tâche d'appuyer la police et les militaires[11].
Elle est placée sous le commandement du Major Walter Caspari.,
dont le corps-franc sert par ailleurs de base à la formation d'une “Troupe
de protection du gouvernement” [“Regierungsschutztruppe”]. Quand celle-ci sera intégrée à l'armée, une partie de ses
effectifs sera transformée en “police de sécurité” [“Sicherheitspolizei”].
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À Weimar (Thüringen) se tient la réunion d'ouverture
de l'assemblée nationale chargée d'adopter une constitution. Dans son
discours d'ouverture, le chancelier Friedrich Ebert (SPD) déclare:
L'Allemagne peut encore apporter beaucoup au monde. Un
Allemand a offert aux travailleurs d tous les pays le socialisme
scientifique. Nous sommes en train de marcher une fois de plus en tête du
monde en socialistes, en servant le socialisme, qui seul peut exister
durablement, qui élève le bienêtre et la culture du peuple - le socialisme
de la réalité en devenir.
et aussi:
C'est pourquoi nous adressons aux entrepreneurs l'appel
pressant, de favoriser la relance de la production de toutes les forces. De
l'autre côté nus appelons les masses travailleuses à tendre toutes forces
pour le travail, qui seul peut nous sauver.
Cf. le texte ►.
[Citation dans l'original ►.]
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À Brême (Bremen) des mouvements
de grève éclatent qui se prolongent jusqu'au 10 février, notamment à
AG Weser (jusqu'au 9)[12].
Les membres du Senat et des Deputationen reprennent leurs fonctions[13].
Quelques membres du KPD sont arrêtés. Adam Frasunkiewicz,
Bernhard Ecks et Karl Jannack
réussissent à disparaitre. Alfred Henke se trouvait à
Berlin depuis le 3 janvier, il deviendra membre de l'assemblée
nationale. Johann Knief, gravement malade, cesse toute
activité politique.
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À Hambourg, les volontaires qui s'étaient rassemblés
pour appuyer la république des conseils de Brême après la décision prise en
ce sens le 31 janvier, n'avaient pas pu arriver à Brême[14].
Après l'occupation de Brême par les troupes gouvernementales, des
tentatives de récolter des armes se poursuivent, ce qui provoque des
affrontements avec des formations de volontaires contrerévolutionnaires de Bahrenfeld, qui durent jusqu'au 7 février.
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En Rhénanie-Westphalie, une conférence générale des
conseils d'ouvriers et de soldats de la région industrielle pose au
gouvernement un ultimatum exigeant la reconnaissance de la commission des
neuf en tant qu'organe de contrôle pour les mines de la Ruhr, ainsi que des
conseils de mine élus depuis mi-janvier dans les mines de la région[15].
(Cf. 11 et 13 janvier 1919 ► ►.) En
absence d'acceptation des revendications au 15 février, la conférence
menace d'appeler à la grève générale. Cette position est le résultat de
négociations infructueuses menées depuis plusieurs semaines entre
représentants des syndicats de mineurs, du gouvernement, et de l'industrie
minière.
Les délégués désignent Julian Marchlewski
(sous le pseudonyme de Karski), du KPD, comme conseiller
de la commission des neuf, pour remplacer Ernst Ruben qui avait démissionné
le 22 janvier.
Le gouvernement persiste à refuser de reconnaitre la
commission des neuf et le principe du système de conseils. Il entame des
préparatifs pour une intervention militaire.
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À Brême (Bremen), le commandant
de la forteresse en commun avec le conseil d'ouvriers et de soldats ordonne
la remise de toutes les armes à l'échéance du 11 février[16].
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Une unité militaire entre dans les villes de Bremerhaven, Geestemünde et Lehe (aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen)[17].
L'occupation de Brême est complète. L'équipe de la flottille de dragueurs
de mines qui s'était placée aux côtés des travailleurs, est désarmée et
congédiée[18].
Des militants sont arrêtés.
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Est promulguée la loi (dont le projet avait été déposé le
8 février) sur le pouvoir provisoire au niveau du Reich ["Gesetz über die Vorläufige Reichsgewalt"]. Avec cette
loi le pouvoir constituant est exclusivement et irrévocablement conféré à
l'assemblée nationale[19].
(Cf. le texte ►.)
Vers novembre 1918 s'était répandu un usage, favorisé en
particulier par le secrétaire d'état puis ministre de l'Intérieur Hugo Preuß, usage selon lequel "république"
désignait avant tout le Reich allemand, et "états libres" ("Freistaaten") ses composantes, les anciens
"états fédéraux" ("Bundesstaaten")[20].
La loi sur le pouvoir provisoire codifie cette terminologie.
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À Münster (Nordrhein-Westfalen),
le commandant du VIIe corps d'armée [Armeekorps],
le lieutenant général Oskar von Watter, dissout le
conseil général de soldats de l'unité et fait arrêter ses membres[21].
Il procède avec l'accord de Gustav Noske (SPD), membre du Conseil des
mandatés du peuple chargé de l'armée. L'action est motivée par le fait que
le conseil de soldats refuse de reconnaitre la règlementation provisoire du
pouvoir de commandement émise le 19 janvier. Celle-ci sera finalement
reconnue et validée à travers l'élection d'un nouveau conseil de soldats,
le 23 février.
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L'assemblée nationale de Weimar élit Friedrich Ebert comme
président. Le Conseil des mandatés du peuple démissionne. Philipp
Scheidemann est chargé de former un gouvernement.
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La loi sur le pouvoir provisoire au niveau du Reich est
publiée.
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À Hambourg, le comité des sept [Siebener
Ausschuß], organe exécutif du conseil de soldats, instaure l'état de
siège pour pouvoir imposer un désarmement général[22].
Il sera levé le 25 février. Karl Hense pour le
conseil d'ouvriers et Walther Lamp'l pour le conseil de soldats, signent un
document qui prévoit l'élection d'un nouveau parlement local [Bürgerschaft]
allant de pair avec la disparition du conseil d'ouvriers et de soldats. Ces
élections auront lieu le 16 mars.
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Est formé un gouvernement avec Ph. Scheidemann comme
premier ministre, et composé selon une coalition entre SPD, DDP et Zentrum. Gustav Noske est ministre de la défense [Wehr].
Premier ministre [Ministerpräsident]:
Philipp Scheidemann (SPD)
Adjoint du Premier
Ministre [Stellvertreter des Ministerpräsidenten]:
Eugen Schiffer (DDP) jusqu'au 19 avril 1919
Bernhard Dernburg (DDP) à partir du 30 avril 1919
Affaires étrangères [Auswärtiges]:
Ulrich von Brockdorff-Rantzau (sans parti)
Intérieur [Inneres]:
Hugo Preuß (DDP)
Finances [Finanzen]:
Eugen Schiffer (DDP)
Bernhard Dernburg (DDP) à partir du 19 avril 1919
Trésor [Schatz]:
Georg Gothein (DDP) à partir du 3 avril 1919
Économie [Wirtschaft]:
Rudolf Wissell (SPD)
Justice [Justiz]:
Otto Landsberg (SPD)
Défense [Wehr]:
Gustav Noske (SPD)
Travail [Arbeit]:
Gustav Bauer (SPD)
Transport [Verkehr]:
Johannes Bell (Zentrum)
Poste [Post]:
Johannes Giesberts (Zentrum)
Produits alimentaires [Ernährung]:
Robert Schmidt (SPD)
sans Portefeuille [ohne Geschäftsbereich]:
Eduard David (SPD)
Matthias Erzberger (Zentrum)
Georg Gothein (DDP) jusqu'au 3 avril 1919
Le SPD occupera encore le poste de premier ministre
(chancelier à partir du 14 aout 1919) dans les deux gouvernements
suivants: Gustav Bauer le 21 juin 1919, Hermann Müller le 27 mars
1920. Le 8 juin 1920, étant donné que la coalition ne dispose plus de
la majorité, le gouvernement Müller démissionnera. C'est une coalition
autour d'un chancelier appartenant au Zentrum qui
prendra la suite.
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À Wilhelmshaven (Niedersachsen)
est mise en oeuvre la constitution de la
Brigade de Marine II [Marinebrigade II], formation
de volontaires de la Marine[23].
C'est initialement une troupe gouvernementale officielle directement
soumise au commandement du gouvernement.
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À Essen (Nordrhein Westfalen)
une conférence des conseils d'ouvriers et de soldats convoquée dans la
ville prévoit le déclenchement de la grève générale et le combat armé
contre les corps-francs, si le gouvernement ne révoque pas les mesures
imposées par le général O. v. Watter le
10 février à Münster[24].
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Le corps-franc commandé par
le capitaine Otto Lichtschlag
occupe Hervest-Dorsten (Nordrhein-Westfalen)[25].
Des combats se produisent, plusieurs dizaines de travailleurs sont tués.
(Pour le corps-franc Lichtschlag, cf. 9 janvier
1919.)
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À Bremerhaven/Geestemünde/Lehe
(aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen), les tailleurs de
plusieurs magasins de vêtements pour hommes se mettent en grève[26].
Le mouvement se terminera le 18 mars.
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La commission de socialisation établit un "rapport
provisoire sur la question de la socialisation du secteur des mines de
charbon" ["Vorläufiger Bericht über die Frage der
Sozialisierung des Kohlenbergbaues"][27].
La commission expose en fait deux positions, l'une formulée par une
majorité incluant notamment Karl Ballod, Heinrich Cunow,
Rudolf Hilferding, Emil Lederer, Josef Schumpeter, Paul Umbreit et Robert Wilbrandt, l'autre étant défendue par Ernst
Francke et Theodor Vogelstein. Le gouvernement
retardera la publication de ce texte jusqu'à ce qu'il sera trop tard pour
qu'il influe sur les débats concernant la constitution.
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À Mülheim (Nordrhein-Westfalen) une
conférence partielle de conseils d'ouvriers, dominée par la Fédération
libre des syndicats allemands (Freie Vereinigung der
deutschen Gewerkschaften, d'orientation syndicaliste) décide
d'initier immédiatement la grève générale[28].
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À Wilhelmshaven (Niedersachsen),
le Corps de tirailleurs de terre commandé par le major général Dietrich von Roeder entre dans la ville[29].
Paul Hug (SPD) est nommé commissaire du Reich pour la
ville. Le capitaine de corvette Hermann Ehrhardt est
chargé officiellement du développement ultérieur de la Brigade de
Marine II, constituée le 13[30].
La Brigade de Marine I commandée par le Colonel Emmo von Roden et la Brigade de Marine III commandée
par le capitaine de corvette Wilfried von Loewenfeld
avaient été formées en novembre 1918 à Kiel[31].
Les trois Brigades de Marine font partie du Commandement général du Corps
de Garde, à Berlin. La Brigade de Marine I est appelée aussi “Brigade
de Fer” [“Eiserne Brigade”] (mais à ne pas confondre avec la “Eiserne Brigade” formée en décembre 1918 sous le
commandement du major Josef Bischoff, laquelle est ensuite renommée en “Eiserne Division”), elle sera dissoute le 15 mai 1919.
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En Nordrhein-Westfalen
la conférence des conseils d'ouvriers et soldats se réunit pour prendre
connaissance du résultat de négociations qui se sont déroulées avec le
gouvernement[32].
Dès l'ouverture de la réunion se produit un débat au sujet de la décision
adoptée à Mülheim, le 16 février. La majorité des
participants du SPD quitte la conférence, les restants proclament la grève
générale. Alors les représentants du SPD quittent la Commission des neuf [Neunerkommission] (cf. 11 janvier 1919) laquelle est
recomposée avec cinq membres de l'USPD et quatre
membres du KPD. Les quatre unions syndicales (Syndicats dits libres,
Fédération des Associations de métier‑Hirsch-Duncker,
Fédération générale des syndicats chrétiens, Fédération professionnelle
polonaise) se prononcent contre la grève.
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À Bremerhaven/Geestemünde
(aujourd'hui Bremerhaven) (Bremen) les
16 confectionneurs de filets [Netzmacher] dans
les ports de pêche se mettent en grève. Le mouvement dure jusqu'au 24.
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À Elberfeld (Nordrhein-Westfalen) se
produisent des affrontements entre travailleurs et unités de l'armée[33].
Il y a 12 morts.
À Essen (Nordrhein-Westfalen)
des troupes interviennent à la mine Amalie, ils tuent
deux grévistes.
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Dans la Ruhr, après la proclamation de la grève
générale, des troupes entrent dans la région industrielle, des combats ont
lieu[34].
Au point culminant, le 20 février, environ 180 000 mineurs,
c'est-à-dire plus de la moitié des effectifs, sont en grève.
À Borbeck se produisent des
affrontements entre travailleurs et unités de la garde civile[35].
Il y a 2 morts. À Bottrop depuis le 12 février des
affrontements répétés s'étaient produits entre travailleurs et unités de la
garde populaire. Un travailleur avait été tué, 17 arrêtés. Le
20 février, des groupes de travailleurs se rendent devant l'hôtel de
ville où se trouvent les prisonniers, et demandent la libération de
ceux-ci. Des fusillades éclatent, causant un grand nombre de morts.
Finalement les occupants de l'hôtel de ville se rendent. À Gelsenkirchen
des affrontements causent plusieurs morts.
À Hamborn, la Division Gerstenberg entre dans la ville.
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En Bavière, le gouvernement adopte la Loi
fondamentale de l'État [Staatsgrundgesetz][36].
Dans ce texte figure le terme de “Freistaat” (“État
libre”). Kurt Eisner avait déjà utilisé ce terme dans sa proclamation du
8 novembre 1918, mais il avait également parlé de république. Par la
suite, ce terme sera consacré officiellement sur initiative de Johannes
Hoffmann (en tant que premier ministre), en opposition voulue à la
république des conseils.
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À Wilhelmshaven (Niedersachsen),
le Conseil des 21 (constitué le 6 novembre) est dissout, tandis
que les conseils d'ouvriers restent en place[37].
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Dans la Ruhr, une conférence de délégués déclare la
levée de la grève qui prend fin au cours des jours suivants[38].
Cette décision provoque une profonde déception chez les mineurs. Des
affrontements avec les troupes continuent à se produire et l'agitation se
poursuivra dans les semaines consécutives.
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En Bavière, le parlement régional doit tenir sa
session d'ouverture[39].
Le premier ministre de Bavière Kurt Eisner est assassiné, alors qu'il se
rend sur les lieux. En réaction, Alois Lindner, membre
du conseil d'ouvriers, entreprend un attentat contre le ministre de
l'intérieur, Erhard Auer, soupçonné d'être l'instigateur de l'assassinat
d'Eisner. Auer est gravement blessé, d'autres tirs provoquent deux morts.
Le parlement étant paralysé, le pouvoir retombe sur les conseils. De leurs
organes dirigeants sont formés, le 22, deux institutions, le conseil
central [Zentralrat] et le comité d'action [Aktionsausschuß]. Le conseil central est composé de
représentants des conseils d'ouvriers, des conseils de soldats et des
conseils de paysans, avec trois membres respectivement pour chacune des
parties. Le lendemain il sera complété par un représentant du SPD et un des
syndicats. Quant au conseil d'ouvriers il s'était formé la nuit de la
révolution à Munich. Il est composé majoritairement de membres de l'USPD et aussi du KPD. Comme président du conseil central est
nommé Ernst Niekisch (SPD), Max Levien
(KPD) figure parmi les membres. Le comité d'action est composé de plus de
30 membres venant des différents courants socialistes.
Ces évènements sont communément appelés la "deuxième
révolution" de Bavière.
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À Mannheim (Baden), le KPD et l'USPD
proclament la république des conseils de Baden[40].
Le premier ministre Anton Geiß (SPD) instaure l'état
de siège sur la région. Des négociations auront pour résultat, le 24,
que la tentative sera abandonnée.
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En Braunschweig le parlement
régional élit un Conseil des mandatés du peuple composé respectivement de
quatre membres SPD et USPD[41].
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En Oldenburg, ont lieu les élections à l'Assemblée
régionale constituante[42].
SPD et USPD présentent une liste commune et obtiennent
16 sièges sur 48.
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À Bottrop
(Nordrhein-Westfalen) le corps-franc commandé par le
capitaine Otto Lichtschlag entre dans la ville, alors
que les travailleurs armés se sont retirés[43].
Les soldats du corps-franc tuent plusieurs travailleurs.
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Une conférence des mineurs du district de Halle
(Sachsen-Anhalt) déclare[44]:
Puisque toutes les voies ont été empruntées pour faire
aboutir les revendications des mineurs, tandis que celles-ci sont refusées
par le gouvernement, nous employons la dernière arme, redoutable, et
déclarons pour demain, lundi 24 février, la grève générale.
[Citation dans l'original ►.]
Ainsi débute la grève générale en Allemagne du centre. À
partir de la zone de Halle-Merseburg, elle s'étendra sur Sachsen (Leipzig),
Anhalt, Thüringen (Erfurt, Gotha), et la zone minière de Senftenberg[45].
À la grève se joindront, à l'exception du secteur de denrées alimentaires,
les employés de toutes les branches industrielles, des services de
transport, des chemins de fer, des centrales électriques et les
travailleurs agricoles des plus grosses propriétés.
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À Munich (Bavière) se
tient un congrès de conseils d'ouvriers, de soldats et de paysans, convoqué
par le conseil central[46].
Il se prononce en faveur d'une démocratie parlementaire. La motion soumise
par Erich Mühsam, de déclarer Bayern comme République
socialiste de conseils, est rejetée par 234 voix contre 70. Est
approuvée la convocation renouvelée du parlement régional. Suite à ces
décisions, un certain nombre de membres du conseil central démissionnent,
notamment Max Levien.
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À Wilhelmshaven (Niedersachsen),
Bernhard Kuhnt est arrêté sous pour être
"soupçonné de favoriser des activités subversives spartakistes" ["Verdacht der Förderung von Spartakusumtrieben"][47].
Le directoire (organe de gouvernement constitué le 11 novembre) le
démettra officiellement de ses fonctions le 3 mars[48].
Durant les mouvements de mars 1919 il sera libéré par les groupes rebelles.
En 1920 il retrouvera un siège à l'assemblée nationale comme député de l'USPD.
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À Braunschweig, à l'initiative
d'August Merges (USPD) (désigné
le 19 novembre 1918 comme président de la République Braunschweig),
une assemblée de travailleurs adopte une résolution qui déclare le Landtag
comme dissout et proclame la république des conseils[49].
Le 1er mars, une assemblée de délégués des conseils d'entreprise de Braunschweig révoquera cette résolution, de sorte que le
Conseil des mandatés du peuple régional continuera à officier.
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Appel du conseil d'ouvriers et
de soldats de Leipzig, 27 février 1919 (extraits)[50]
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Travailleurs, Travailleuses!
L'attitude toujours plus insolente de la
contrerévolution, l'assassinat d'Eisner, l'étranglement sanguinaire de la
grève dans la Ruhr, le refus du gouvernement de socialiser, exige la
résistance la plus déterminée de la part des masses travailleuses.
Les mineurs en Allemagne centrale sont entrés en grève
pour la socialisation, contre le gouvernement. L'industrie chimique, les
centrales, les cheminots les ont rejoint.
Les masses travailleuses de Leipzig soutiennent cette
grève. [...] Travailleurs, la grève a été décidée. Elle doit être mise en oeuvre, malgré tous les sacrifices. [...]
[Citation dans l'original ►.]
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À Berlin, les travailleurs commencent également à
formuler des revendications qu'elles entendent appuyer par la grève.
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Revendications des travailleurs
des entreprises d'État à Spandau, 27 février 1919[51]
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La conférence de toutes les entreprises d'état de
Spandau, siégeant le 27 février 1919, élit aujourd'hui un comité
d'action (comité de grève) pour l'accomplissement des revendications
suivantes des masses travailleuses:
1. Établissement de
salaires uniques.
2. Confiscation de
toutes les fortunes et revenus dynastiques au profit de la communauté.
3. Annulation de
toutes les dettes d'état et publiques ainsi que l'ensemble des emprunts de
guerre jusqu'à une certaine hauteur, qui doit être fixée par le conseil
central.
4. Expropriation de
toutes les banques, mines, entreprises sidérurgiques ainsi que de toutes
les grandes entreprises dans l'industrie et le commerce.
5. Confiscation de
toutes les fortunes à partir d'une certaine hauteur. (C'est le conseil
central qui la fixe.)
7. Instauration d'un
tribunal de la révolution, devant lequel doivent être jugés les principaux
coupables de la guerre, les Hohenzollern, Ludendorff,
Hindenburg et Tirpitz, ainsi que les traîtres à
la révolution, Ebert, Scheidemann et Noske.
8. Élection de
conseils d'entreprise dans toutes les entreprises, qui doivent, en accord
avec les conseils d'ouvriers, régler les affaires intérieures des
entreprises ainsi que les conditions de travail, contrôler la production,
et finalement assumer la direction de l'entreprise.
9. Libération des
prisonniers politiques.
Cette motion doit être portée à la connaissance de
l'assemblée plénière des conseils d'ouvriers de Grand-Berlin, et ceux-ci
doivent appeler les grandes entreprises de Berlin à se joindre à ces
revendications et entamer éventuellement ensemble une grève générale.
[Citation dans l'original ►.]
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G. Noske nomme Lamp'l (récemment entré au SPD)
commandant de la garde populaire [Volkswehr-Kommandant]
de Grand-Hambourg[52].
Un organe du SPD notera à l'occasion[53]
que Lamp'l
est devenu particulièrement connu au-delà des frontières
de Grand-Hambourg par son activité aux temps de la révolution, où en tant
que membre dirigeant du conseil d'ouvriers et de soldats de Hambourg, il a
acquis de grands mérites pour surmonter les combats spartakistes visant une
révolution.
[Citation dans l'original ►.]
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À Düsseldorf (Nordrhein-Westfalen),
le gouvernement du Reich fait entrer des unités du corps-franc commandé par
le capitaine Otto Lichtschlag pour réprimer les
mouvements antigouvernementaux[54].
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À Berlin, les social-démocrates
réussissent à retarder la proclamation de la grève générale, moyennant
l'ajournement de l'assemblée plénière des conseils d'ouvriers et de soldats
au 3 mars[55].
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