Allemagne 1918‑1939

Mars 1919

Écrit:
janvier 2013


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1919 (mars)

 

1er mars

 

À Halle (Sachsen-Anhalt), les troupes du major général Georg Maercker occupent la ville, centre du mouvement de grève d'Allemagne centrale. Il y a 24 morts parmi les travailleurs[1].

Le 12 mars l'état de siège sera étendu à un périmètre élargi autour de Halle, incluant notamment Bitterfeld et Merseburg.

 

 

2 mars

 

À Berlin, les conseils d'ouvriers SPD décident d'envoyer une délégation à Weimar, chargée de mener des négociations avec le gouvernement[2].

 

 

3 mars

 

À Berlin, l'assemblée plénière des conseils d'ouvriers et de soldats de Grand-Berlin décide la proclamation de la grève générale[3]. Sur insistance de l'USPD, la direction de la grève est conférée à un conseil exécutif composé de façon paritaire. Quelques jours plus tôt, l'USPD de Berlin avait répondu négativement à une demande du KPD, d'organiser des manifestations de soutien à la grève en Allemagne du centre.

Le Freiheit, organe de Berlin de l'USPD, écrira le 11 mars[4]:

Les Indépendants n'ont aucun lien avec les actes de violence autrement que les conseils d'ouvriers de tendance socialiste de droite, qui pareillement ont voté pour la grève, puisque justement, étant donnée l'excitation des masses, elle ne pouvait pas être enrayée.

[Citation dans l'original .]

 

 

À Nowawes (aujourd'hui partie de Potsdam) (Brandenburg) des grèves se développent dans 13 entreprises, avec la participation de plus de 3000 travailleurs et employés[5]. Les mouvements dureront jusqu'au 8 mars.

 

 

Dans l'édition du matin du Vorwärts paraissent deux appels du SPD contre la grève, sous le titre "Contre la tyrannie" ["Gegen die Tyrannei!"][6]. L'un des textes débute ainsi:

Folie et crime jaillissent à travers les pays allemands. Si l'on ne jugule pas cette rage sauvage, la classe ouvrière allemande se creuse sa propre tombe.

[Citation dans l'original .]

 

 

Le gouvernement de Prusse instaure l'état de siège dans les territoires de Berlin, Spandau, Teltow, Niederbarnim[7]. Il sera levé le 5 décembre. Le pouvoir exécutif est conféré à G. Noske, qui est nommé "Oberbefehlshaber in den Marken"[8]. Ainsi sont confirmés de façon formelle les pouvoirs qui avaient été conférés à Noske le 6 janvier, lorsqu'il avait été nommé "commandant suprême des troupes gouvernementales dans et autour de Berlin". La fonction était vacante depuis qu'Alexander von Linsingen ‑ qui l'occupait depuis le 1er juin 1918 ‑ l'avait abandonnée le 17 novembre.

Les rassemblements et défilés en plein air sont interdits. Néanmoins le SPD organise des manifestations et des réunions publiques en rapport avec les négociations sur le traité de Versailles, en mars (Noske ayant levé l'interdiction expressément pour le SPD), en mai et juin (sans que l'interdiction soit levée). Des réunions publiques sont organisées sans être entravées par les autorités, en mai par la droite contre la "paix imposée par la force" [Gewaltfrieden] et en août par les invalides de guerre.

Des mandats d'arrêt sont lancés contre les membres de la Centrale du KPD et les rédacteurs du Rote Fahne[9]. Le Freiheit (organe central de l'USPD) et le Rote Fahne sont interdits. Le gouvernement fait détruire les presses de l'imprimerie du Rote Fahne.

 

 

Revendications approuvées par une assemblée plénière des conseils d'ouvriers et de soldats de Grand-Berlin, 3 mars 1919 (extraits)[10]

 

A. Revendications politiques

1. Reconnaissance des conseils d'ouvriers et de soldats.

2. Mise en oeuvre immédiate des Points de Hambourg, qui concernent le pouvoir de commandement.

3. Libération de tous les prisonniers politiques, en particulier libération du camarade Ledebour. Annulation de tous les procès politiques, abolition de la juridiction militaire, [...] arrestation immédiate de toutes les personnes qui ont participé à des assassinats politiques.

4. Formation immédiate d'une garde ouvrière révolutionnaire.

5. Dissolution immédiate de toutes les unités de volontaires recrutés par publicité.

6. Établissement immédiat de relations politiques et économiques avec le gouvernement soviétique de Russe.

B. Revendications économiques

Ces revendications se rapportent à la reconnaissance et la détermination des droits des conseils d'ouvriers et de soldats. Elles correspondent aux lignes directrices qui ont été élaborées par le conseil exécutif pour les conseils d'ouvriers, et qui ont été refusées par le gouvernement. Ces revendications sont ici posées de nouveau. Elles sont libellées comme suit:

Les conseils d'ouvriers sont la représentation autorisée de la population travailleuse. Ils ont pour tâche d'assurer et édifier la réorganisation en Allemagne. Ils doivent faire valoir les intérêts des travailleurs, employés et fonctionnaires des deux genres dans les entreprises privés, communales et d'état, et exercer un contrôle détaillé sur les entreprises. L'objectif de leur activité doit être la socialisation, au plus rapide, de la vie économique et nationale. [...]

[Citation dans l'original .]

 

 

Appel du KPD à la grève générale à Berlin, 3 mars 1919[11]

 

Travailleurs, prolétaires!

L'heure est arrivée de nouveau. Les morts se relèvent de nouveau. Ceux qui ont été terrassées à coups de sabots de cheval, chevauchent de nouveau.

Les Ebert-Scheidemann [...] Ils pensaient que le prolétaire allemand se laisserait escroquer des fruits de la révolution par les escarmouches entre plumitifs au parlement et les marchandages des partis.

Et celui qui ne voulait pas se laisser escroquer, devait être cloué au sol par la poigne de fer. Jusqu'à hauteur de maison le "travailleur" Noske* a entassé les cadavres de prolétaires en Allemagne. [...]

Travailleurs! Camarades du Parti! Ayez les idées claires. Les Ebert-Scheidemann-Noske sont les ennemis mortels de la révolution. Pour occuper leurs sièges de ministres, ils vous ont vendus à la bourgeoisie. Ils vous ont trahis dès le premier jour, ils vous ont empêtrés dans les attaches de l'assemblée nationale, quotidiennement ils vous ont fait assassiner. Travailleurs! Camarades du Parti! Soyez en conscient: la révolution peut aller de l'avant uniquement par-dessus la tombe de cette social-démocratie majoritaire. [...]

Vos revendications pour la grève générale sont les suivantes:

1. Dans toutes les entreprises, élection de conseils d'entreprise qui, en accord avec les conseils d'ouvriers doivent régler les affaires internes des entreprises et les conditions de travail, contrôler la production, et finalement assumer la direction de l'entreprise. [...]

2. Élimination de la domination arbitraire de la soldatesque, établissement du droit intégral d'association et de réunion, transfert du pouvoir de police aux conseils d'ouvriers.

3. dissolution de la garde blanche, désarmement des officiers, étudiants citoyens etc., formation d'une garde rouge, subordination de tous les moyens de pouvoir militaires à un comité élu par les travailleurs, retrait de toutes les troupes des territoires ouvriers "occupés" Rheinland-Westfalen, Bremen etc.

4. Libération de tous les prisonniers politiques, de ceux en détention provisoire autant que des condamnés, abandon des procès liés aux évènements de janvier à Berlin, arrestation des assassins de Liebknecht et de Rosa Luxemburg. Instauration d'un tribunal de la révolution, qui juge les principaux coupables de la guerre, les Hohenzollern, Ludendorff, Hindenburg, Tirpitz, ainsi que les traitres à la révolution, Ebert, Scheidemann, Noske, et les assassins de Liebknecht et Luxemburg, des parlementaires du "Vorwärts", des camarades de Spandau etc.

5. Conclusion immédiate de la paix avec la Russie, établissement des relations diplomatiques avec la république soviétique.

Travailleurs! Camarades du Parti!

Voilà ce qui est l'étape suivante que vous devez atteindre, pour que l'oeuvre de la révolution, votre existence et avenir, le bienêtre de vos enfants, le bonheur de l'humanité ne soient pas ruinés! Cessez le travail! Restez pour l'instant dans les entreprises, pour que vous n'en soyez pas tenu à l'écart!. Rassemblez-vous dans les entreprises, Éclairez les hésitants et retardataires! Ne vous laissez pas entrainer à  des fusillades inutiles, que le Noske guette justement pour faire couler de nouveau le sang! Restez ensemble dans les entreprises, pour que vous soyez à chaque instant capables d'agir. [...] En avant vers la lutte! En avant vers la grève générale! À bas Ebert-Scheidemann-Noske, les assassins, les traitres! À bas l'assemblée nationale! Tout le pouvoir aux conseils d'ouvriers. Ne vous laissez pas tromper de nouveau. Ne vous laissez pas une fois de plus bercer par de nouvelles promesses. [...]

[Citation dans l'original .]

* C'est une allusion à des paroles du propre Noske. Cf. 

 

 

Décret de Gustav Noske, 3 mars 1919[12]

 

Après que le ministère d'état prussien, par décret du 3 mars 1919, a instauré l'état de siège sur le district [Landespolizeibezirk] Berlin, le district [Stadtkreis] Spandau, et les districts [Landkreise] Teltow et Niederbarnim, et que le pouvoir exécutif m'a été conféré, je décrète ce qui suit:

§ 1. Les administrations civiles sont maintenues dans leurs fonctions, mais doivent en cas de besoin se plier à mes ordres et instructions.

§ 2.

1. Toutes les réunions en plein air sont interdites, toutes les réunions publiques dans des locaux fermés nécessitent mon autorisation.

2. Les défilés publics ainsi que les rassemblement et attroupements sur la place publique sont interdits.

[...]

§ 3. La publication de nouveaux journaux est soumise à mon autorisation.

§ 4. Le respect des dispositions ci-dessus sera en cas de besoin imposé par la force des armes; [...]

[Citation dans l'original .]

 

 

4 mars

 

Est adoptée la loi de transition [Übergangsgesetz], qui sera publiée le 7 mars. Elle déclare que les lois et décrets actuels du Reich restent en vigueur, pour autant qu'ils ne sont pas en contradiction avec la loi de transition ni la loi sur le pouvoir provisoire du Reich du 10 février, et que restent en vigueur également les décrets promulgués par le Conseil des mandatés du peuple et le gouvernement du Reich. (Cf. le texte .)

 

 

Le gouvernement soumet à l'assemblée nationale une proposition de loi sur la socialisation [Sozialisierungsgesetz][13]. (Cf. le texte .)

Cette démarche est accompagnée de la part du SPD d'une propagande visant à faire passer l'idée qu'ainsi serait instauré le socialisme. Le 1er mars un tract avait été diffusé, intitulé "La socialisation est en marche!" ["Die Sozialisierung marschiert!"]. Le 2, le gouvernement avait annoncé[14]:

La socialisation est là! [...] Le Reich fera en sorte que la gestion s'effectue partout selon les exigences de l'intérêt commun. Et ça, c'est du socialisme!

[Citation dans l'original .]

 

 

 

En Braunschweig, le 28 février, le KPD avait entrepris une tentative de déclarer une république des conseils[15]. Le 4 mars à lieu un référendum qui, sur la base d'une faible participation, aboutit de justesse à un vote favorable. En définitive, l'action reste sans suite.

 

 

 

À Brême (Bremen) une grève à lieu dans l'AG Weser, avec pour revendication la libération des personnes arrêtées au cours de l'occupation de la ville par les troupes gouvernementales[16].

 

 

 

À Berlin, des forces de corps-francs s'élevant à environ 30 000 hommes, sous le commandement du général Walter von Lüttwitz, entrent dans la ville[17].

 

 

 

À Berlin le KPD, devant l'assemblée plénière des conseils d'ouvriers et de soldats de Berlin annonce son retrait du conseil exécutif[18].

 

 

Déclaration du groupe du KPD à l'assemblée plénière des conseils d'ouvriers et de soldats de Grand-Berlin, 4 mars 1919[19]

 

La grève générale est dirigée contre le gouvernement conduite par le SPD, et contre sa politique. Faire entrer les représentants de cette politique dans la direction de la grève, signifie la trahison à la grève générale et à la révolution. [...] Le Parti communiste d'Allemagne refuse de porter sous une forme quelconque la responsabilité de cette trahison. En signe de protestation la plus vive, il retire ses membres du conseil exécutif.

[Citation dans l'original .]

 

 

5 mars

 

À Berlin, des parties de la Garde militaire républicaine [Republikanische Soldatenwehr] et de la Division populaire de marine [Volksmarinedivision] se rallient aux grévistes[20].

 

 

À Berlin, des négociations débutent entre la direction de la grève et le gouvernement[21]. Celui-ci rejette les revendications des grévistes, et annonce un programme de travail qui prévoit la mise en œuvre de mesures législatives concernant les conseils d'ouvriers, le droit du travail, la socialisation, la juridiction militaire et l'approvisionnement en vivres.

Les délégués approuvent, contre l'avis d'une forte minorité, le résultat des négociations[22]. Alors que le résultat n'est pas encore connu officiellement, les conseils d'ouvriers SPD adoptent une résolution en faveur de l'arrêt de la grève.

 

 

À Berlin, les troupes du général W. v. Lüttwitz, commandant général de la Mark Berlin-Brandenburg, passent à l'attaque contre les grévistes et les forces de défense favorables à celles-ci[23]. Interviennent notamment la Division de tirailleurs de cavalerie de garde ‑ commandée par le capitaine Waldemar Pabst ‑, la Brigade Reinhard ‑ commandée par le colonel Wilhelm Reinhard ‑, la Division de protection allemande ‑ commandée par le lieutenant général Wilhelm von der Lippe, ainsi que le corps-franc Hülsen ‑ commandée par le major général Bernhard von Hülsen.

L'état-major de W. v. Lüttwitz met en scène une provocation pour déclencher des affrontements. Suite à des pillages commis par des éléments infiltrés sur la place Alexanderplatz, le 5 mars la Division populaire de marine comme partie de la Garde républicaine de sécurité est envoyée sur place. Quand elle commence à agir contre les pilleurs, des hommes du corps-franc Lützow ‑ commandé par le Major Hans von Lützow ‑ ouvrent le feu contre eux à partir de la préfecture de police, où ils avaient été stationnés la nuit précédant, officiellement avec le même ordre que la Division populaire de marine. Celle-ci riposte. Les corps-francs emploient l'arsenal complet, de l'artillerie jusqu'aux bombardements aériens, non seulement sur place mais aussi contre le bâtiment Marinehaus, quartier général de la Division populaire de marine. Les affrontements gagnent ensuite les quartiers ouvriers du Nord-Est de Berlin.

 

 

En Haute-Silésie, les équipes de six mines entament une grève[24]. Dans les jours qui suivent plus de la moitié des mines rejoignent le mouvement, et aussi les travailleurs des usines sidérurgiques Borsigwerke, Laurahütte, Julienhütte. Les revendications principales reprennent celles formulées par le mouvement à Berlin, telles que: instauration de conseils d'entreprise, désarmement des militaires, amélioration de la situation alimentaire, augmentation des salaires, paix immédiate avec la Russie. En outre des travailleurs polonais demandent la constitution de gardes polonaises et l'ouverture de la frontière avec la Pologne. Dans différents villages des territoires de Beuthen (aujourd'hui Bytom en Pologne) et Oppeln (aujourd'hui Opole en Pologne), les paysans s'opposent à l'enregistrement du bétail.  Dans quelques localités des affrontements armés se produisent. Des troupes de protection des frontières interviennent contre les travailleurs en grève. Des militants communistes sont arrêtés, des tribunaux de guerre sont instaurés pour réprimer les dirigeants du mouvement.

 

 

 

Résolution d'une conférence de conseils d'ouvriers dominés par le SPD, à Berlin, 5 mars 1919[25]

 

Elle [la conférence] constate que la grève a été entamée contre la volonté du Parti social-démocrate et de ses représentants dans le conseil d'ouvriers de Grand-Berlin par une assemblée des conseils d'ouvriers dominée par les communistes et les indépendants. Après le résultat des négociations avec le gouvernement, la conférence ne peut soutenir une continuation ultérieure de la grève générale, si le comité du conseil exécutif  rapporte au moins les mêmes concessions du gouvernement. Dans cette hypothèse les conseils d'ouvriers social-démocrates sont chargés de soumettre une motion en faveur de l'arrêt de la grève et, en cas de rejet de cette motion, d'arrêter la grève de sa propre initiative.

[Citation dans l'original .]

 

 

6 mars

 

Est adoptée la loi sur la formation d'une Force de défense du Reich provisoire [Gesetz über die Bildung einer Vorläufigen Reichswehr], qui sera promulguée le 12 mars. (Cf. le texte .)

Elle restera en vigueur jusqu'à la réorganisation des forces armées sous la forme du Wehrmacht, en janvier 1921. (Cf. les textes  .)

Avant l'adoption de la loi sur la Reichswehr provisoire, avait été formé un comité pour la Reichswehr [Reichswehrausschuß] qui, en février, avait fixé les règles concernant la sélection des unités de volontaires qui devaient être intégrées dans la Reichswehr et celles devant être dissoutes[26]. Dans la Reichswehr devaient être intégrées les unités suivantes: 1. les gardes populaires [Volkswehren] constituées conformément à la loi sur les gardes populaires du 12 décembre 1918 (il n'y en a pratiquement pas); 2. les formations de volontaires constituées pour la protection des frontières [Grenzschutz] (selon l'appel du gouvernement du 7 janvier "En avant les volontaires!"), c'est-à-dire des corps-francs; 3. des gardes civiles [Bürger- und Einwohnerwehren] "sous certaines conditions". Dans la pratique, cela signifie que les corps-francs constituent la base de la nouvelle armée. Quelques gardes populaires sont intégrées dans la Reichswehr provisoire, mais cette composante est estimée à moins de 10 pourcent; en outre ces unités ont été la plupart du temps élaguées et dépassent rarement les 1000 hommes alors que souvent elles sont rattachées à des brigades qui comptent environ 10 000 hommes.

 

 

G. Noske (le 25 février) considère [27]:

[...] en rapport avec la reconstruction ultérieure des forces armées allemandes, peu importe quel puisse être leur caractère, nous considérons comme un impératif absolu qu'il faut avoir recours en premier lieu aux personnes qui ont une expérience militaire prolongée, puisque ce serait tout à fait stupide de procéder au tentative de former des forces armées sans se servir en cela des forces éprouvées qui ont fait leurs propres expériences de longue date.

[Citation dans l'original .]

 

 

 

À Berlin, pour protester contre l'intervention violente des troupes gouvernementales, l'assemblée plénière des conseils d'ouvriers décide de paralyser les centrales de gaz, électricité et eau[28].

 

 

 

7 mars

 

À Berlin, suite à la décision de l'assemblée plénière des conseils d'ouvriers adoptée la veille, le SPD quitte la direction de la grève[29]. Le 8 mars, le Vorwärts commente: "Là où commence la bestialité, la solidarité prend fin."

[Citation dans l'original .]

 

 

À Berlin, l'USPD présente une résolution sur la base de laquelle la grève est abandonnée[30].

 

 

À Radzionkau (Haute-Silésie) (aujourd'hui Radzionków en Pologne), des affrontements armés ont lieu entre travailleurs et unités de la force de protection des frontières [Grenzschutz][31].

 

 

 

À Halle, le comité d'action décide d'arrêter la grève le lendemain[32]. Ainsi se termine le mouvement en Allemagne centrale.

 

 

 

8 mars

 

Au Borsigwerk près de Biskupitz (Haute-Silésie) (aujourd'hui partie de Zabrze, en Pologne), des affrontements armés ont lieu entre travailleurs et unités de la force de protection des frontières [Grenzschutz][33]. Il y a des morts. Dans le territoire de Strehlitz (aujourd'hui Strzelce Opolskie en Pologne) se déroulent des mouvements de protestation de paysans.

 

 

Décret de Gustav Noske, 9 mars 1919[34]

 

La cruauté et la bestialité des Spartakistes qui nous combattent, m'obligent à l'ordre suivant: Toute personne qui est trouvée en combattant les troupes gouvernementales les armes à la main, doit être fusillée immédiatement.

[Citation dans l'original .]

 

 

10 mars

 

En Prusse, dans plusieurs provinces est déclaré l'état de siège[35]. Dans tous les districts frontaliers, il restera en vigueur jusqu'à début avril. Ainsi le pouvoir exécutif est transféré au commandement militaire suprême.

 

 

À Berlin, la Division populaire de marine [Volksmarinedivision] est définitivement démantelée[36]. Elle était déjà considérée officiellement comme dissoute depuis les évènements de décembre 1918; ses restes formaient le Dépôt 15 de la Garde militaire républicaine [Republikanische Sicherheitswehr], mais continuaient à être désignés comme Division populaire de marine. Le 10 mars, est annoncé[37]:

La Division populaire de marine est dissoute. Tout ancien membre de cette division qui sera trouvé l'arme à la main, sera traité selon la loi martiale.

[Citation dans l'original .]

 

 

En Haute-Silésie, 35 mines sont en grève. Des affrontements se produisent à l'usine sidérurgique Laurahütte[38]. L'ensemble des mines de la région de Dąbrowa (Dombrowa) en Pologne se mettent également en grève. Les grévistes de Haute-Silésie, pour protester contre l'intervention des unités de protection des frontières [Grenzschutz], la répression militaire et les arrestations, organisent une manifestation partant de la Laurahütte à Siemianowitz (aujourd'hui Siemianowice Śląskie, en Pologne)  en direction de Czeladz, localité située du côté polonais de la frontière. Les unités de protection des frontières dispersent la manifestation et empêchent qu'elle rencontre les grévistes polonais.

 

 

Leo Jogiches, membre de la Centrale du KPD, avait été arrêté le 13 janvier, mais avait réussi à s'échapper. Après l'assassinat de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, il avait pris en charge la direction du Parti. Le 10 mars il est arrêté de nouveau et assassiné en prison.

 

 

Ordre de la Garde-Kavallerie-Schützen-Division, 10 mars 1919 (extraits)[39]

 

Qui résiste ou pille par les armes, mérite d'être fusillé immédiatement. Il est de la responsabilité de chaque chef que cela se fasse.

En outre, si les troupes essuient des tirs venant de maisons, l'ensemble des habitants, peu importe qu'ils clament leur innocence ou non, doivent être rassemblés dans la rue, en leur absence les maisons doivent être fouillées en vue d'armes; des personnes suspects chez qui on trouve effectivement des armes doivent être fusillées. [...]

[Citation dans l'original .]

 

 

11 mars

 

À Berlin, ce jour est fixé un rendez-vous pour une remise de solde aux anciens membres de la Division populaire de marine[40]. Le général W. v. Lüttwitz charge le lieutenant Otto Marloh de procéder à des arrestations le plus nombreuses. 250 marins se présentent, presque tous sans armes. Par téléphone, un officier du commandement de Wilhelm Reinhard donne comme instruction à destination de Marloh: "Tous ce qu'il peut fusiller, qu'il le fusille." [Citation dans l'original .] Marloh suit la consigne et fait exécuter 29 personnes.

 

La politique vue à travers l'expression artistique:
Un tableau de George Grosz interprète cet évènement .

 

 

En Haute-Silésie, sous l'influence de dirigeants du SPD et de l'USPD, des délégués des mineurs en grève décident de mettre fin à la grève générale[41]. Néanmoins, la reprise du travail n'est pas immédiate: le 15 mars 12 mines sont toujours en grève, le 17 encore deux.

 

 

Tract du KPD, 11 mars 1919 (extraits)[42]

 

Travailleurs! Camarades du Parti!

[...] Que pouvait être obtenu par la grève générale? Si elle restait limitée à Berlin, elle pouvait avoir pour résultat uniquement, que les larges masses du prolétariat se rendent compte que leur lutte pour le socialisme se trouve trahi par les majoritaires par infamie, par les indépendants par faiblesse. Elle pouvait montrer au prolétariat uniquement qu'il ne peut gagner son avenir que sous la consigne claire, irrésistible et dénaturée par aucun pacte: tout le pouvoir aux conseils d'ouvriers et de soldats! Le prolétariat s'est rendu compte qu'il ne peut atteindre cet objectif qu'à travers la lutte la plus tranchante contre Ebert et Scheidemann et tous ceux qui se pressent entre ceux-là et lui-même, les Richard Müller et les indépendants qui continuent à croire qu'on puisse "faire" la révolution par la ruse. Cette grève générale ne pouvait pas mener à la prise du pouvoir politique par le prolétariat. Pour cette raison nous n'avons pas lancé une telle consigne, pour cette raison nous ne pouvions pas appeler nos partisans à participer à la lutte armée engagée par des gens éloignés de nos positions* et que nous considérons donc dans cette situation non pas comme politique mais comme putschiste. Nous sommes de l'avis: le moment de la prise du pouvoir par le prolétariat sera venu quand ce ne sera pas Berlin, Leipzig ou Rheinland-Westfalen ou Brême qui font grève à tout de rôle ou l'un après l'autre, mais quand sera arrivée la prochaine étape: la grève générale à travers toute l'Allemagne. Et c'est vers cet objectif  que nous avons avancé de mille lieus dans les luttes de ces semaines. Le prolétariat allemand a appris à utiliser la grève générale comme une arme politique. [...] Le prolétariat atteindra son objectif: Il a interrompu cette lutte et tient toute la force prête pour le coup suivant, fort et peut-être ultime. Profitez du temps. Établissez la clarté dans vos têtes! Au diable les traitres! Dehors les hésitants! Nettoyez les conseils d'ouvriers! [...] Là où se trouve encore un majoritaire dans le conseil d'ouvriers: révoquez-le, élisez un nouveau! Travailleurs! Prolétaires! [...] Vous accomplirez ce que l'histoire mondiale exige de vous. Inlassablement vous continuerez la lutte et rassemblerez les prolétaires de toute l'Allemagne sous notre crie de bataille: A bas Ebert-Scheidemann-Noske! À bas l'assemblée nationale! Tout le pouvoir aux conseils d'ouvriers et de soldats!

[Citation dans l'original .]

* Le 5 mars, des membres du 15e dépôt de la Garde militaire républicaine [à Berlin] avaient subi des tirs venant de la préfecture de police sur la place Alexander, déclenchés par des soldats placés sous le commandement du général von Lüttwitz. Cette provocation se transforme en combats armés qui aboutiront à l'occupation des quartiers de Lichtenberg et le massacre de plus de 1200 travailleurs et soldats, par les troupes contrerévolutionnaires.

 

 

12 mars

 

À Hambourg, Walther Lamp'l (SPD) ‑ depuis le 28 février commandant de la garde populaire ‑  s'appuie sur la Section de garde volontaire de Bahrenfeld ‑ un quartier de Hambourg.

La Section de garde volontaire Bahrenfeld [Freiwilligen-Wachabteilung Bahrenfeld, ou Freiwillige Wachabteilung, ou Freiwilligenwachkompanie] avait été constituée à partir du 12 mars en réunissant des sous-officiers des régiments de Hambourg et des volontaires avec un effectif de 1100 hommes[43]. Elle sera transformée en juin 1919 en “Bataillon de chasseurs de Grand-Hambourg” [“Reichswehr-Jäger-Bataillon Groß-Hamburg”], de 600 hommes. Cette unité abritera des personnages qui feront ensuite carrière sous la dictature national-socialiste, notamment: SS-Oberführer Johannes Bernhardt, SS-Brigadeführer Walter Bierkamp, SS-Gruppenführer Heinrich Lankenau, SS-Gruppenführer Bruno Streckenbach.

 

 

13 mars

 

À Berlin, dans les districts Friedrichshain et Lichtenberg les combats durent jusqu'au 13 mars[44]. La loi martiale sera levée  le 16. Parmi les ouvriers et les civils, à l'issue des mouvements de grève à Berlin, on compte environ 1200 morts et 1600 arrestations.

 

 

Est adoptée la loi sur la socialisation [Sozialisierungsgesetz][45]. (Cf. le texte .) Elle sera édictée le 23 mars et entrera en vigueur avec sa publication, le 28.

Est également adoptée une loi sur la règlementation de l'industrie du charbon [Gesetz über die Regelung der Kohlenwirtschaft] qui sera suivie d'une loi sur l'industrie du Kali [Gesetz über die Kaliwirtschaft] publiée le 19 juillet[46].

 

 

 

Appel du ministre de sciences, art et éducation populaire de Prusse, Konrad Haenisch (SPD), 13 mars 1919 (Extraits)[47]

 

Une fois encore la patrie appelle ces jeunes hommes aptes aux armes. Une fois encore l'appel est: en avant les volontaires! [...] La jeunesse murie se saisit volontiers des armes, parce qu'elle se rend compte de la gravité terrible de notre situation et sait ce qu'exige d'elle le devoir de  conservation L'armée allemande est en ruine, le déluge du bolchévisme menace de briser notre ligne de défense frontalières à l'est, la hydre de l'anarchie et de la guerre civile lève la tête à l'intérieur. Sauve ta patrie, jeunesse allemande! [...]

[Citation dans l'original .]

 

 

Intervention de Gustav Noske à l'Assemblée nationale, 13 mars 1919 (extraits)[48]

 

La grande masse des travailleurs de Berlin sont, bien sûr, des hommes honnêtes. Mais des éléments malveillants sont présents en quantité dans la ville comptant des millions d'habitants. [...] Déjà avant que la décision de la grève n'ait été prise à Berlin, qui devait inaugurer la nouvelle révolution, ces criminels faisaient déjà leur travail dans les rues de Berlin. [...] Le mardi un avis a été publié par le comité des travailleurs de Berlin qui fait office de conseil exécutif de la direction de la grève, avis qui écrit sur les évènements à Berlin:

Comme dans tous les grands mouvements de masse, dans cette grève générale politique également, toutes sortes d'éléments louches apparaissaient dans le sillage des travailleurs honnêtes et ayant une conscience de classe. Comme durant la guerre s'ouvre un vaste champ d'action aux hyènes du champ de bataille et aux profiteurs de guerre, de même au mouvement vers la liberté du peuple ne sont pas épargnés les hyènes de la révolution. Malheureusement, le lundi, une telle racaille craignant la lumière a porté préjudice à la lutte honnête des masses de travailleurs, en provoquant des pillages et des scènes de raffut.

La " racaille craignant la lumière" pour parler avec l'avis, " les hyènes de la révolution", avaient commencé leurs agissements avant que l'état de siège ne soit instauré, et avant que je puisse faire entrer un soldat à Berlin. [...]

[Citation dans l'original .]

 

 

Intervention de Gustav Noske au congrès du SPD tenu à Weimar du 10 au 15 juin 1919 (extraits)[49]

 

Ce qui en sortirait pour moi, je m'en suis clairement rendu compte ce lundi 6 janvier, dans la chancellerie, quand le conseil central m'a conféré, comme on sait, ses pouvoirs le plus amples. À l'époque j'ai dit: il faut bien quelqu'un pour accomplir la besogne,  mais je saisis clairement que cela signifie pour moi que je devrai parcourir la révolution allemande en Bluthund. De cela j'étais conscient dès le premier jour, et ce n'était pas par plaisir ni par désir criminel de gloire, mais simplement par la conscience grave du devoir, que je me sentis poussé à accomplir ce travail sanglant dans l'intérêt du peuple allemand. En janvier, dans la plus grande hâte, les nouvelles formations ont été créées de toutes pièces. [...] Toutefois je ne pouvais pas demander leur livret de membre de parti aux gens qui à l'époque se mettaient en marche avec moi pour entrer à Berlin. Je devais déjà être content qu'ils apportent un fusil et se mettent à ma disposition. Naturellement à Berlin en janvier et encore plus en mars, il y a eu des oeufs cassés, des victimes regrettables en constituaient le prix. Mais si à l'époque je n'avais pas fait frapper le coup, alors le gouvernement aurait volé en éclats, et alors l'assemblée nationale ne siègerait pas, alors ne siègerait pas non plus ce congrès aujourd'hui.

[Citation dans l'original .]

 

 

Résolution adoptée au congrès du SPD tenu à Weimar du 10 au 15 juin 1919 (extraits)[50]

 

Le congrès accorde de l'importance aux plaintes des camarades du parti au sujet de l'attitude des corps de volontaires et de leurs chefs. Cependant le congrès ne peut pas ignorer le fait que les travailleurs social-démocrates ont une part de responsabilité à l'égard du mécontentement vis-à-vis des corps de volontaires, parce que trop peu de travailleurs sont entrés dans ces corps et par là sont fautifs quant à la composition unilatérale de ces troupes. [...] Si l'on veut que le gouvernement et la constitution ne succombent à toute sorte d'influences arbitraires, il ne peut pas être renoncé entièrement à la force militaire. Le congrès considère comme une injustice la déconsidération et le boycott sans distinction des troupes de volontaires ainsi que des gardes de sécurité et civiles par certains travailleurs. Le congrès demande la neutralité complète des troupes de volontaires dans toutes les questions politiques, afin de les prémunir contre tout soupçon d'excès contrerévolutionnaires ou autres. [...]

[Citation dans l'original .]

 

 

14 mars

 

La journée des huit heures et le repos du dimanche est étendu aux employés.

 

 

16 mars

 

En Prusse, il est mis fin à l'application de la loi martiale découlant du décret émis par G. Noske le 9 mars, dans les territoires soumis à l'état de siège depuis le 3 mars

 

 

À Hambourg se tiennent les élections à l'assemblée régionale (Bürgerschaft) constituante[51]. Le SPD obtient 82 mandats sur 160, l'USPD et la “Gauche radicale” 15. Le KPD boycotte les élections. Le 24, l'exécutive du grand conseil d'ouvriers tiendra sa dernière session. Le pouvoir est transféré au Bürgerschaft.

 

 

 

17 mars

 

À Munich (Bavière), se tient une assemblée des députés à l'assemblée régionale[52]. Johannes Hoffmann (SPD) est élu premier ministre. Au gouvernement participent le SPD, l'USPD et l'Union bavaroise de Paysans et de classes moyennes (Bayerischer Bauern- und Mittelstandsbund, BBB). Le 18, une loi d'habilitation [Ermächtigungsgesetz] est votée qui accorde au gouvernement des pouvoirs considérables, notamment celui de promulguer des lois sans avoir recours à l'assemblée régionale. Celle-ci adopte une constitution d'urgence [Notverfassung], la "loi fondamentale d'état provisoire de l'État libre de Bavière" ["vorläufiges Staatsgrundgesetz des Freistaates Bayern"]: le premier ministre est élu par l'assemblée régionale et celle-ci doit accorder la confiance au gouvernement.

 

 

18 mars

 

En Haute-Silésie, le mouvement de grève prend fin[53].

 

 

En Saxe, le ministre des affaires militaires du gouvernement régional, Gustav Neuring (SPD), lance un appel à la formation d'unités de volontaires[54]. Déjà en janvier 1919 avait été créé à Dresde le “régiment ordre” [“Regiment Ordnung”], avec la participation de sous-officiers en activité. Celui-ci interviendra notamment à la fin du mois au cours de la dissolution forcée du conseil d'ouvriers et de soldats de Pirna. Avant de devenir ministre, Neuring avait été président du conseil de soldats de Dresde.

 

 

Appel du ministre de la guerre de Saxe, Gustav Neuring, 18 mars 1919 (extraits)[55]

 

[...] le bolchévisme qui menace notre patrie de l'extérieur et de l'intérieur exige l'accélération au plus haut point dans le déploiement des troupes de volontaires. [...] À cette époque grave, aucun des cercles de la population ne doit rester en arrière pour ce qui est de leur empressement d'intervenir avec courage et au prix du sang pour le rétablissement et le maintien de l'ordre, et pour le sauvetage des biens encore restants. [...]

[Citation dans l'original .]

 

 

20 mars

 

En Prusse, l'assemblée régionale constituante, convoquée le 13 mars, promulgue une loi sur l'organisation provisoire du pouvoir d'état [Gesetz über die vorläufige Ordnung der Staatsgewalt][56].

 

 

22 mars

 

En Haute-Silésie, des troupes investissent le local du KPD à Roßberg  près de Beuthen[57].

 

 

23 mars

 

En Haute-Silésie, se tient une réunion des “hommes de confiance” pour organiser le début d'un mouvement de grève le lendemain[58]. Cependant, la réunion est dispersée par une intervention de la police et des troupes de protection de frontière. Ainsi la décision concernant la grève ne peut pas être mise en pratique.

 

 

24 mars

 

À Essen (Nordrhein Westfalen), la commission des neuf appelle à une assemblée de travailleurs pour le 30 mars (cf. ci-dessous).

 

 

Appel de la commission des neuf à Essen, 24 mars 1919 (extraits)[59]

 

Aux mineurs de la région industrielle de Rheinland-Westfalen

Camarades!

[...] Nous revendiquons:

La socialisation des mines doit être effectuée dans le sens de l'expropriation du capital privé, du transfert des richesses de charbon et des moyens de production à la propriété de la communauté, et de l'administration du secteur minier par les travailleurs des mines (travailleurs des mains et de la tête). [...] Pour prendre position au sujet de cette question si brulante, nous vous appelons ici, d'envoyer à travers le comité de travailleurs respectivement le conseil de mine vos délégués à une conférence à Essen. [...]

[Citation dans l'original .]

 

 

24‑25 mars

 

À Witten (Nordrhein-Westfalen) se produisent des affrontements entre travailleurs en manifestation et des troupes[60]. Il y a 11 morts. En réaction, dans le district entre Bochum et Dortmund, éclate une grève générale.

 

 

Instruction de service pour les gardes civiles, émise par l'office central pour les gardes civiles de la protection régionale [Landesschutz] de Saxe auprès du ministère de l'Intérieur (Otto Uhlig, SPD, ministre de l'Intérieur depuis le 21 mars) (extraits)[61]

 

La garde civile constitue le soutien pour les troupes combattantes gouvernementales et quand des combats se sont déroulés, elle prend en charge la sécurisation des nids de Spartakistes purgés, afin de libérer les troupes gouvernementales pour d'autres tâches. [...] Peu importe l'appartenance de parti, on ne fait pas de politique.

[Citation dans l'original .]

 

 

25 mars

 

En Prusse, après la démission du Conseil des mandatés du peuple le 20 mars, est formé un gouvernement [Ministerium] avec Paul Hirsch (SPD) comme premier ministre [Präsident], et composé selon une coalition entre SPD, DDP et Zentrum. Walther Reinhardt (sans parti) est ministre de la guerre.

 

 

26 mars

 

Dans la Ruhr, dans le cadre de l'union de travail [Arbeitsgemeinschaft] du secteur minier, les représentants des employeurs acceptent l'introduction des équipes de sept heures et demi pour les mineurs du sous-sol[62].

 

 

Dans la Sarre, débute une grève des mineurs qui durera jusqu'au 10 avril[63]. 21 mineurs seront condamnés par des tribunaux militaires des autorités d'occupation françaises, environ 400 seront expulsés[64].

 

 

27 mars

 

Otto Hörsing (SPD) est nommé commissaire d'état Prusse [Preußischen Staatskommissar] pour la Haute-Silésie. Peu après il sera désigné comme fondé de pouvoir du Reich [Reichsbevollmächtigter] pour le même territoire et sera ainsi "commissaire du Reich et de l'état" ["Reichs- und Staatskommissars"]. À partir du 23 mai il sera également compétent pour la partie Sud de la province Posen[65].

 

 

30 mars

 

À Essen (Nordrhein Westfalen) se réunit une conférence de délégués des mines de l'ensemble de la Ruhr, dominée par membres de l'USPD et du KPD[66]. Elle rassemble 475 délégués de 195 mines. Elle décide contre 8 voix de quitter les syndicats et de fonder une “Union générale des mineurs” [“Allgemeine Bergarbeiterunion”], et adopte à l'unanimité l'appel à la grève générale illimitée. En outre, à la place de la Commission des neuf créée le 13 janvier est élu, comme direction, un conseil central des mines [Zentralzechrat] Parmi les principales revendications: équipes de 6 heures, augmentation de salaire de 25 %, reconnaissance du système des conseils, désarmement des corps-francs, armement des travailleurs, rétablissement des relations de l'Allemagne avec la Russie soviétique (cf. ci-dessous).

 

 

Résolution adoptée par la conférence de délégués des mines de l'ensemble de la Ruhr à Essen, 30 mars 1919 (extraits)[67]

 

[...] En outre la conférence a adopté à l'unanimité (sans exception) la résolution d'entrer en bloc le mardi 1er avril à 10 heures du matin en grève générale et de ne pas reprendre le travail tant que les revendications suivantes ne sont pas satisfaites totalement:

1.   Introduction immédiate de la durée de tournée de six heures avec descente et remontée pour les travailleurs sous terre, avec maintien du salaire payé jusqu'à maintenant pour une durée supérieure.

2.   Augmentation de salaire de 25 pourcent.

3.   Règlement des questions de la corporation.

4.   Reconnaissance du système de conseils.

5.   Mise en oeuvre immédiate des Points de Hambourg (concernant le pouvoir de commandement).

6.   Libération immédiate de tous les prisonniers politiques.

7.   Formation immédiate d'une garde ouvrière révolutionnaire.

8.   Dissolution immédiate de tous les corps de volontaires.

9.   Établissement immédiat de toutes les relations politiques et économiques avec le gouvernement soviétique russe.

10.          Désarmement de la police dans la région industrielle et dans le Reich.

11.          Paiement des tournées de grève.

[Citation dans l'original .]

 

 

31 mars

 

À Stuttgart (Württemberg), le “comité d'action du prolétariat unifié” [“Aktionsausschuß des geeinigten Proletariats”] qui avait été constitué le 21 mars[68] proclame la grève générale[69]. Le gouvernement instaure l'état de siège. Des affrontements ont lieu avec les troupes de sécurité commandées par Paul Hahn. Il y a des morts.

 

 

Dans la Ruhr, le gouvernement instaure l'état de siège[70]. Il décide de couper la fourniture de compléments en vivres [Lebensmittelzulagen] aux grévistes et d'accorder des compléments de vivre accrus à ceux qui travaillent selon les horaires adoptés (sept heures et demie).

 

Notes



[1]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie in der Novemberrevolution, (Bibliographie ).

L. R. G. Maercker: Vom Kaiserheer zur Reichswehr, S. 141- (Bibliographie ).

[2]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., (Bibliographie ).

[3]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., (Bibliographie ).

IML beim ZK der SED (Hg.): Dokumente und Materialien zur Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung - Reihe 2 - Band 7 - Halbband 1 - Februar 1919‑Dezember 1921, S. 45 (Bibliographie ).

[4]. http://retro.dwds.de/?res=0&corpus=1&qu=@Kommunisten%20&&%20@Unabh%C3%A4ngige&von=1919-03-12&bis=1919-03-12.

[5]. http://potsdam-chronik.de/Potsdamchronik/Chronik/1900-1920/1900-1920.html.

[6]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., (Bibliographie ).

[7]M.‑L. Ehls: Protest und Propaganda - Demonstrationen in Berlin zur Zeit der Weimarer Republik, p. 28 - 30 (Bibliographie ).

http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/bau/bau1p/kap1_2/para2_71.html

[8]G. Watermeier: Politischer Mord und Kriegskultur an der Wiege der Weimarer Republik, S. 19 (Bibliographie ).

E. R. Huber: Deutsche Verfassungsgeschichte seit 1789 - Band 5, S. 667-668, 922, 1102 (Bibliographie ).

http://www.nikolaus-brauns.de/Januaraufstand.htm

[9]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., (Bibliographie ).

[10]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., (Bibliographie ).

IML beim ZK der SED (Hg.): Dokumente und Materialien... - Reihe 2 - Band 7 - Halbband 1, S. 45 (Bibliographie ).

[11]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., (Bibliographie ).

IML beim ZK der SED (Hg.): Dokumente und Materialien... - Reihe 2 - Band 7 - Halbband 1, S. 41 (Bibliographie ).

[12]E. R. Huber (Hg.): Dokumente zur deutschen Verfassungsgeschichte - Band 3 - 1918‑1933, S. 85 (Bibliographie ).

[13]. http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/sch/sch1p/kap1_2/kap2_20/para3_6.html

http://www.glasnost.de/autoren/behrend/sokomm.html.

[14]. http://www.glasnost.de/autoren/behrend/sokomm.html.

http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/sch/bild5/index.html

IML beim ZK der SED (Hg.): Dokumente und Materialien zur Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung - Reihe 2 - Band 3 - Januar 1919‑Mai 1919, S. 294 (Bibliographie ).

KPD (Hg.): Zehn Jahre Sozialdemokratie - was die S.P.D. von sich selber sagt, S. 54 (Bibliographie ).

[15]E. Kolb: Die Arbeiterräte in der deutschen Innenpolitik 1918‑1919, S. 328. (Bibliographie ).

[16]. http://www.klausdede.de/index.php?content=weserundjade&sub=49.

[17]. http://www.schattenblick.de/infopool/geist/history/ggneu182.html;

[18]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., (Bibliographie ). S. 163.

[19]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., (Bibliographie ). S. 163.

IML beim ZK der SED (Hg.): Dokumente und Materialien... - Reihe 2 - Band 3, S. 291 (Bibliographie ).

[20]. http://library.fes.de/fulltext/bibliothek/chronik/band2/e235f72.html.

[21]. http://library.fes.de/fulltext/bibliothek/chronik/band2/e235f72.html.

[22]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., (Bibliographie ).

[23]. http://www.schattenblick.de/infopool/geist/history/ggneu182.html.

[24]G. Hortzschansky: Illustrierte Geschichte der deutschen November-Revolution 1918‑1919, S. 366 (Bibliographie ).

http://www.slonsk.de/Slonsk/Kalendarium/Kalendarium1919.html. Lien périmé, une copie ici .

[25]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., S. 164 (Bibliographie ).

[26]. http://hup.sub.uni-hamburg.de/opus/volltexte/2008/9/chapter/HamburgUP_Schlaglichter_Volksheer.pdf.

[27]H. Michaelis, E. Schraepler (Hg.): Ursachen und Folgen - Band 3 - Der Weg in die Weimarer Republik, S. 523- (Bibliographie ).

[28]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., (Bibliographie ).

[29]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., (Bibliographie ).

[30]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., S. 164. (Bibliographie ).

[31]. http://www.slonsk.de/Slonsk/Kalendarium/Kalendarium1919.html. Lien périmé, une copie ici .

[32]G. Engel, B. Holtz, I. Materna (Hg.): Gross-Berliner Arbeiter- und Soldatenräte in der Revolution 1818/1919 - Band 3, S. 101 (Bibliographie ).

[33]. http://www.slonsk.de/Slonsk/Kalendarium/Kalendarium1919.html. Lien périmé, une copie ici .

[34]E. J. Gumbel: Vier Jahre politischer Mord, S 16 (Bibliographie ).

http://www.deutsche-revolution.de/revolution-1918-7.html

[35]. http://hup.sub.uni-hamburg.de/opus/volltexte/2008/9/chapter/HamburgUP_Schlaglichter_Volksheer.pdf.

[36]G. Engel, B. Holtz, I. Materna (Hg.): Gross-Berliner Arbeiter- und Soldatenräte... - Band 3, S. 65. (Bibliographie ).

[37]G. Engel, B. Holtz, I. Materna (Hg.): Gross-Berliner Arbeiter- und Soldatenräte... - Band 3, S. 65. (Bibliographie ).

[38]G. Hortzschansky: Illustrierte Geschichte..., S. 366 (Bibliographie ).

http://www.slonsk.de/Slonsk/Kalendarium/Kalendarium1919.html. Lien périmé, une copie ici .

[39]E. J. Gumbel: Vier Jahre..., S 16 (Bibliographie ).

http://www.deutsche-revolution.de/revolution-1918-7.html

[40]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., S. 185; (Bibliographie ).

http://www.bundesarchiv.de/aktenreichskanzlei/1919-1933/0000/bau/bau1p/kap1_2/para2_129.html.

[41]G. Hortzschansky: Illustrierte Geschichte..., S. 366 (Bibliographie ).

[42]IML beim ZK der SED (Hg.): Dokumente und Materialien... - Reihe 2 - Band 7 - Halbband 1, S. 48 (Bibliographie ).

R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., (Bibliographie ).

[43]Forschungsanstalt für Kriegs- und Heeresgeschichte (Hg.): Nachkriegskämpfe deutscher Truppen und Freikorps - Band 6 - Die Wirren in der Reichshauptstadt und um nördlichen Deutschland 1918‑1920, (Bibliographie ).

http://www.axishistory.com/index.php?id=8116.

[44]. http://www.raeterepublik.de/Marzkampfe.htm.

[45]R. Wiegand: Die Sozialdemokratie..., (Bibliographie ).

[46].  http://www.glasnost.de/autoren/behrend/sokomm.html;

http://www.bundesarchiv.de/foxpublic/63715B790A062212000000002B8849E8/findmittelinfo.html.

[47]H. P. Bleuel, E. Klinnert: Deutsche Studenten auf dem Weg ins Dritte Reich, S. 68 (Bibliographie ).

[48]. http://www.reichstagsprotokolle.de/Blatt2_wv_bsb00000011_00011.html - 00014.

[49]Ch. Butterwegge, H.‑G. Hofschen, (Hg.): Sozialdemokratie, Krieg und Frieden, S. 191 (Bibliographie ).

A. Klönne, H. Reese: Die deutsche Gewerkschaftsbewegung: von den Anfängen bis zur Gegenwart, S. 125 (Bibliographie ).

[50]IML beim ZK der SED (Hg.): Dokumente und Materialien... - Reihe 2 - Band 7 - Halbband 1, (Bibliographie ).

SPD (Hg.): Protokoll über die Verhandlungen des Parteitages der Sozialdemokratischen Partei Deutschlands (15.‑16. Juni 1919), (Bibliographie ).

Antrag n° 203 S. 109-110, Zusatzantrag n° 227 S. 116

http://library.fes.de/parteitage/pdf/pt-jahr/pt-1919.pdf

[51]. http://archivkarlroche.files.wordpress.com/2010/02/aur-1919-brosch.pdf

[52]. http://www.uni-regensburg.de/Fakultaeten/phil_Fak_III/Geschichte/Lehre/s2007uexamen-revolution-1918.doc;

http://www.historisches-lexikon-bayerns.de/artikel/artikel_44517.

[53]. http://www.slonsk.de/Slonsk/Kalendarium/Kalendarium1919.html. Lien périmé, une copie ici .

[54]K. Rudolph: Die sächsische Sozialdemokratie 1871‑1923, S. 202 S. 222 (Bibliographie ).

H. Oeckel: Die revolutionäre Volkswehr 1918/19, S. 131 (Bibliographie ).

www.geschichte-pirna.de/nachkriegskrise.htm

[55]. www.geschichte-pirna.de/nachkriegskrise.htm.

[56]. M H. Michaelis, E. Schraepler (Hg.): Ursachen und Folgen - Band 3, S. 83 (Bibliographie ).

[57]G. Hortzschansky: Illustrierte Geschichte..., S. 366 (Bibliographie ).

F. Hawranek (Hg.), Dokumente und Materialien zum gemeinsamen Kampf der revolutionären deutschen und polnischen Arbeiterbewegung 1913‑1939, (Bibliographie ).

[58]G. Hortzschansky: Illustrierte Geschichte..., S. 366 (Bibliographie ).

F. Hawranek (Hg.), Dokumente und Materialien..., (Bibliographie ).

[59]H. Spethmann: Zwölf Jahre Ruhrbergbau 1914‑1925 - Band 1, S. 266 (Bibliographie ).

[60]. http://www.ifz-muenchen.de/heftarchiv/1958_3.pdf.

H. A. Winkler: Weimar 1918‑1933, S. 74. (Bibliographie ).

[61]. www.geschichte-pirna.de/nachkriegskrise.htm

[62]R. Tschirbs: Tarifpolitik im Ruhrbergau 1918‑1933, S. 63. (Bibliographie ).

[63]L. Bies: Klassenkampf an der Saar 1919‑1935, (Bibliographie ).

http://www.lhv-saarland.de/index.php?id=saarland.

[64]. http://www.hvsn.de/index2.php?option=com_content&do_pdf=1&id=109.

[65]G. Hitze: Carl Ulitzka (1873‑1953), S. 224. (Bibliographie ).

On trouve des indications chronologiques légèrement différentes.

H. Hürten: Zwischen Revolution und Kapp-Putsch, S. (Bibliographie ): preußischer Staatskommissar für Oberschlesien; puis élargissement de son mandat sur le Befehlsbereich des AOK Süd le 23 mai, nommé Reichskommissar le 7 juin.

Schulthess' europäischer Geschichtskalender - Band 60 (1919) - Teil 1, S. 235 (Bibliographie ). Staatskommissar für Obcrschlcsien, Otto Höring nommé Reichskommissar für Schlesien und Posen ernannt le 10 juin.

Rainer Schumacher, Die Preussischen Ostprovinzen und die Politik des Deutschen Reiches 1918 -1919, Universität zu Köln, 1985, S. 322: nommé Staatskommissar für Oberschlesien le 5 mars, puis Reichskommissar für den Bereich des AOKs Süd le 7 juin.

[66]. http://www.ifz-muenchen.de/heftarchiv/1958_3.pdf.

IML beim ZK der SED (Hg.): Dokumente und Materialien... - Reihe 2 - Band 3, S. 343 (Bibliographie ).

http://library.fes.de/fulltext/bibliothek/chronik/band2/e235f82.html.

[67]H. Spethmann: Zwölf Jahre Ruhrbergbau... - Band 1, S. 269 (Bibliographie ).

[68]. http://www.ifz-muenchen.de/heftarchiv/1971_2.pdf.

[69]. http://www.geissstrasse.de/file_download/8.

[70]A. Winkler: Weimar..., S. 74. (Bibliographie ).