Le sionisme comme prestataire de services guerriers [1]
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Il est évident qu'en matière de politique extérieure d'Israël n'utilise pas simplement la diplomatie; l'occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza est la manifestation la plus immédiate de ce fait. Au-delà de cette concrétisation directe des objectifs du mouvement sioniste, Israël joue aussi un rôle de puissance régionale et agit en conséquence. Cela peut passer par des chemins multiformes. Israël a établi une coopération étroite avec la Turquie; il a joué l'Iran contre l'Irak au cours de la guerre entre ces deux pays (le dernier étant un ennemi plus proche géographiquement) et il soutient activement l'occupation de l'Irak par la coalition impérialiste formée autour des USA. C'est ainsi que des conseillers israéliens travaillent avec les forces spéciales US pour l'entraînement aux opérations anti-insurrection, y compris les assassinats de dirigeants de la guérilla ennemie[2].
On pourrait penser que, compte tenu de l'envergure limitée de l'Etat d'Israël, la tendance interventionniste s'estompe à mesure qu'il s'agit de contrées plus éloignées du Moyen-Orient. Il n'en est rien. Nous allons exposer quelques facettes de ce phénomène. D'une part, en ce qui concerne l'Afrique, les aspect liés à la volonté hégémonique propre à Israël sont, certes, présents également, mais doublés d'intérêts économiques plus ou moins officiels. D'autre part, les agissements liés à divers degrés à Israël, en Amérique latine, sont principalement l'expression d'un facteur différent, à savoir le fait qu'Israël dépend fortement du soutien reçu des USA et qu'en retour il appuie ceux-ci dans la domination qu'ils exercent sur le continent américain.
Vers la fin des années 1970, l'industrie militaire israélienne satisfaisait 40 % des besoins militaires du pays[3]. Cependant, dans le but d'élargir les débouchés, le gouvernement initia une campagne de promotion au niveau international. Le chiffre d'affaires s'accrût considérablement en passant de quelques 50 millions de dollars en 1972 à environ 1 milliard en 1980. A partir de 1982 Israël se trouve parmi les dix plus grands producteurs d'armes du monde. La part de l'armement dans les exportations du secteur industriel passa de 14 % en 1967 à 31 % en 1975 et se situait par la suite entre 30 et 40 %. Selon des chiffres concernant 1984, en Israël 14 % des salariés de l'industrie travaillaient dans le domaine militaire[4]. Israël se situait alors au cinquième rang dans la liste des plus gros exportateurs d'armes du monde (septième en 1980). Il était à cette époque le principal fournisseur pour l'Afrique sub-saharienne et l'Amérique latine. En 2000, les exportations dans le secteur militaire s'élevaient à 2,5 milliards de dollars; en 2001, selon le ministère israélien de la Défense, Israël fournissait 10 % des exportations militaires mondiales, en exportant 75 % de la production totale d'armement du pays[5].
L'industrie militaire israélienne est constituée de plus de 200 entreprises, publiques et privées[6]. La production est dominée par trois sociétés aux mains du gouvernement: Israel Aircraft Industries (IAI), Israel Military Industries (IMI) et Rafael, qui comptent pour plus de deux tiers des revenus du secteur. IAI est la plus grosse société exportatrice israélienne et le plus important employeur (en dehors du gouvernement) avec un effectif d'environ 15 000 salariés. IMI fabrique de petites armes, des munitions, des chars, des mortiers et de l'artillerie lourde. Rafael est spécialisée dans la fabrication de missiles, de systèmes d'armes, de radar et télécommunications. Elbit Systems est le plus important fabricant militaire du secteur privé. Sa principale activité concerne la modernisation d'équipements existants et la fabrication d'avions sans pilote. Elle possède deux filiales aux USA. Une autre société, Elisra Group, avec notamment sa filiale Tadiran Communications, est spécialisée dans les systèmes d'armes, de radar et télécommunications ainsi que les avions sans pilote.
Outre les questions de commerce d'armes, un canal important de l'intervention israélienne dans le monde est constitué par le Mossad. Mossad, qui signifie “Institut”, est la désignation abrégée pour Hamossad Merkazi Lemodiin Uletafkidim Meyuhadim (Service central de renseignements et de missions spéciales). Le Mossad opère à l'extérieur, tandis que le Shin Bet (ou Shabak, acronyme pour Sherut Habitahon Haklali) est le Service de contre-espionnage et de sécurité interne.
Permettant à l'Afrique du Sud de contourner l'embargo sur les fournitures d'armes au régime de l'apartheid, décrété par l'ONU en 1963 et renforcé en 1977, Israël agissait comme point de transit. Au cours des années 1970, l'Afrique du Sud était le principal client d'Israël dans le secteur de l'armement, pour 35 % du total des exportations israéliennes d'armes[7]. Cependant, ce commerce est doublé d'autres échanges. En particulier, Israël est un exportateur important de diamants polis et une part considérable des diamants bruts est importée de l'Afrique du Sud (environ 50 % des importations israéliennes de diamants bruts dans les années 1980).
Il s'agit de toute façon d'une coopération allant largement au-delà des rapports purement commerciaux. Elle s'intensifia particulièrement après la visite du premier ministre sud-africain Johannes Vorster en Israël en 1976, au cours de laquelle fut signé un accord instaurant un comité conjoint des deux ministres de la Défense[8]. Selon cet accord, "l'échange d'armes et de prestations de conseil israéliens porte sur trois domaines principaux: commerce d'armes conventionnelles, coopération nucléaire et combat anti-insurrection". Au cours des années 1970, un contrat permit la fabrication en Afrique du Sud du pistolet mitrailleur israélien Uzi[9]. De même, la version israélienne du fusil d'assaut soviétique Kalashnikov fut vendue à l'étranger sous le nom de Galil, lequel à son tour fut produit en Afrique du Sud comme R-4[10]. Ce pays produit aussi sous licence les patrouilleurs lance-missiles Reshef[11]. Une entreprise conjointe a été mise en place ‑ Rotoflight en Afrique du Sud et Chemavir-Masok en Israël ‑ qui fournit des hélicoptères Scorpion aux forces armées des deux pays[12]. En 1986 la société gouvernementale sud-africaine Armaments Corporation a commencé à produire un avion de combat ‑ le Cheetah ‑ qui était en fait une version adaptée du Mirage III français. L'IAI israélienne qui avait auparavant développé l'avion Kfir à partir des Mirages israéliens, avait assisté l'Afrique du Sud pour ce projet[13]. En 1986 également, l'Afrique du Sud mit en service deux Boeing 707 équipés du système de radar Phalcon (Phased-Array L-Band Conformal radar), fabriqué par Elta Systems, une filiale de IAI[14]. Ces avions sont aptes à effectuer des missions de surveillance aérienne, ce qui mit l'Afrique du Sud en position de contrôler le continent entier. A cet égard, servent également des avions sans pilote israéliens utilisés pour survoler les pays voisins[15].
L'intérêt d'Israël pour l'Afrique du Sud était motivé notamment par l'objectif de fabriquer des armes nucléaires: l'Afrique du Sud possède à la fois des ressources en uranium ainsi que de vastes territoires inhabités pouvant servir pour des essais, comme d'ailleurs l'Océan Atlantique et l'Océan Indien. En effet, en 1979 puis en 1980, des tests d'armes nucléaires eurent lieu dans cette zone, effectués selon les observateurs spécialisés conjointement par Israël et l'Afrique du Sud[16].
Des experts militaires aussi bien que des agents du Mossad expérimentés dans les opérations de contre-espionnage et d'interrogatoires ont été basés en Afrique du Sud en tant que conseillers permanents depuis 1976[17]. En 1979, la société israélienne IAI construisit une barrière électrifiée à la frontière de la Namibie, que l'Afrique du Sud occupait à l'époque, pour bloquer l'infiltration de combattants du South-West Africa People's Organization (Organisation du Peuple de l'Afrique du Sud-Ouest ‑ SWAPO) à partir de l'Angola. En outre, les frontières sud-africaines avec l'Angola et le Mozambique furent semées de mines anti-personnel fabriquées en Israël. En 1981, Ariel Sharon, en tant que ministre israélien de la Défense, passa dix jours avec les troupes sud-africaines en Namibie. En 1983‑1984, Israël fut impliqué dans les actions de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (União Nacional para a Independência Total de Angola ‑ UNITA) qui, appuyée par l'Afrique du Sud, combattait le gouvernement d'Angola formé par le Mouvement populaire de libération d'Angola (Movimento Popular de Libertação de Angola ‑ MPLA) après que le pays eut conquis son indépendance en 1975.
En 1999 Yair Klein, un colonel à la retraite de l'armée israélienne fut arrêté à Freetown, capitale de Sierra Leone[18]. Depuis 1996 il avait établi un réseau basé au Libéria qui équipait et entraînait le Revolutionary United Front (RUF)[19] opposé au gouvernement du Sierra Leone. En 2000, Klein fut acquitté et autorisé à retourner en Israël. Aux fournitures d'armes en question participaient deux autres israéliens, Shimon Yelinek et Oris Zoller[20]. Il sera encore question de ces personnages plus loin, en relation avec la Colombie.
En 1985, en Sierra Leone, lorsque le général Joseph Saidu Momoh assuma la présidence, un certain Shabtai Kalmanovitch avait ouvert à Freetown une branche de sa société LIAT Finance and Construction. Né en Russie, Kalmanovitch avait émigré en Israël et il est considéré comme avoir été au service autant du Mossad que du KGB. La société LIAT s'était enrichie auparavant sur la base de contrats de construction au Bophuthatswana et Kalmanovitch joua le rôle de conseiller auprès du président de ce Bantoustan, Kgosi Lucas Manyane Mangope[21]. Il devint un partenaire finançant Momoh et obtint des concessions portant sur la majorité des régions de mines de diamants[22]. En échange, LIAT s'engagea à évincer les négociants illicites et d'instaurer un monopole privé lié directement au président.
En Ouganda, l'armée, la police et les services de renseignement bénéficient de l'aide d'instructeurs israéliens[23]. Idi Amin Dada, qui dirigeait le pays entre 1971 et 1979, effectua un entraînement de parachutiste en Israël. L'IAI et d'autres fabricants d'armes israéliens y sont représentés auprès du président Yoweri Museveni (venu au pouvoir en 1986) par Amos Golan et sa société Silver Shadow (dont il sera question plus loin, au sujet de la Colombie).
Au Zaïre, en 1997 le président Mobutu Sese Seko fut renversé par l'Alliance des Forces Démocratiques de Libération (AFDL) coordonnée par Laurent Désiré Kabila; le pays se nomme depuis République démocratique du Congo. L'AFDL avait été créée en 1996 dans la région du Sud Kivu (située à l'Est du pays, face au Rwanda). Sur ce territoire est installée la société minière Russell Resources Group, à laquelle ont été attribuées des concessions de mines d'or qu'elle exploite en association avec le général Salim Saleh (demi-frère du président ougandais Museveni)[24]. Russell Resources Group, constitué en 1997, est dirigé par David Agmon, général israélien à la retraite, qui était intervenu dans le pays à la fin des années 1980 au titre de la coopération militaire israélienne à Kinshasa et avait été plus tard directeur de cabinet du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (novembre 1996-janvier 1997)[25].
L'attitude d'Israël vis-à-vis de l'Ouganda et du Congo est liée au fait que le Soudan voisin constitue le principal ennemi d'Israël en Afrique. En rapport avec les faits mentionnés ci-dessus, il faut noter qu'Israël entretenait des liens militaires étroits avec le régime de Mobutu[26]. En 1994 avait été conclu un accord de fournitures d'armes et d'envoi de personnel militaire par l'intermédiaire d'un marchand d'armes privé, pour entraîner et équiper l'armée du Zaïre. Face à la menace de renversement de Mobutu, en mars 1997, fut annoncé une opération conjointe avec Israël et la Chine pour constituer des troupes d'intervention rapide avec l'objectif de sauver le gouvernement.
En République du Congo (dit Congo Brazzaville), voisin occidental de la République démocratique du Congo, en 1993, le président Denis Sassou Nguesso perdit les élections et fut remplacé par Pascal Lissouba. Nguesso organisa alors un mouvement armé pour reprendre le pouvoir. Pour y faire face, Lissouba recruta entre autre en 1994 des instructeurs fournis par la plus importante société israélienne de services de sécurité, Levdan, dirigée par le général à la retraite Zeev Zachrin, pour entraîner ses milices et l'armée[27]. Levdan est une filiale de Kardan Investment, une société d'import-export dans le secteur du commerce de diamants[28]. Nguesso évinça finalement Lissouba en 1997, avec l'aide de troupes angolaises.
En Angola, au cours des années 1990, la société pétrolière française Total fut impliquée dans un trafic d'armes destiné à soutenir le président Jose Eduardo dos Santos menacé par l'UNITA. Aux côtés du Français Pierre Joseph Falcone on y trouve Arcadi Gaydamak, homme d'affaires né en Russie mais disposant de multiples passeports, dont un israélien. Outre le commerce d'armes, Gaydamak s'associa avec deux ex-agents du Mossad, Danny Yatom (qui sera nommé conseiller pour la sécurité du premier ministre israélien Ehud Barak en 1999) et Avi Dagan, pour créer une société militaire privée, Strategic Consulting Group[29]. Le contact avec Yatom s'établit par l'intermédiaire de Moshe Levy, propriétaire de la société Levdan, mentionnée ci-dessus. Celui-ci prit en charge les projets de Gaydamak en Angola, mais ils n'aboutirent pas. Signalons par ailleurs qu'Israël contribua au début des années 1990 à l'armement de la police angolaise.
Pour imposer leur domination impérialiste un peu partout dans le monde, les USA appliquent constamment une méthode double. De façon directe, ils mettent en oeuvre la puissance de leurs forces armées, mais simultanément, ils cherchent à emmener le plus possible les autres puissances, grandes et petites, à se joindre à eux. Il peut s'agir de former une coalition en bonne et due forme, mais souvent l'objectif est surtout de faire prendre en charge par d'autres des tâches que pour différentes raisons les USA préfèrent ne pas assumer eux-mêmes.
Pour cela, le président américain Ronald Reagan a appliqué une méthode innovatrice: tout en contournant les canaux institutionnels officiels il eut recours à des gouvernements étrangers et de riches individus pour le financement, à des vétérans de la CIA et d'opérations militaires spéciales pour fournir la main-d'oeuvre, et à des sociétés privées pour apporter la logistique[30]. Un des premiers exemples de cette tactique fut la décision présidentielle émise le 16 novembre 1981 afin de lancer une campagne contre le Nicaragua, en ordonnant à la CIA de mener ses opérations "principalement à travers de non‑Américains" et "avec des gouvernements étrangers, de façon appropriée"[31].
En 1981, Yaacov Meridor, membre du gouvernement israélien chargé de la coordination économique, s'exprima de la façon suivante[32]: "Nous allons dire aux Américains: “Ne nous faites pas concurrence en Afrique du Sud, ne nous faites pas concurrence dans les Caraïbes ou dans tout autre pays où vous ne pouvez pas opérer ouvertement.” Laissez-nous faire. J'utilise même l'expression: “Vous vendez les munitions et les équipements par procuration. Israël sera votre mandataire.” Et cela serait concrétisé sous forme d'un certain arrangement avec les USA où nous aurions certains marchés ... qui serait laissés pour nous." Et le directeur du marketing de la société de Yair Klein (cf. Colombie) explique[33]: "Les Américains ont le problème de l'opinion publique, de l'image internationale. Nous n'avons pas ce problème."
Dans les années 1970 Israël, aux côtés des USA, était un important fournisseurs d'armes pour le Nicaragua. En 1976 le président Carter décréta la cessation de toute assistance militaire à ce pays: ce fut alors Israël qui combla le vide en accroissant ses fournitures d'armement[34]. Au Salvador au début des années 1980, les USA apportaient un soutien ouvert à l'armée. Néanmoins, ils demandaient notamment en 1983 à Israël d'accroître son assistance. Il s'agissait de livraisons d'hélicoptères, camions, fusils, munitions et de conseillers pour l'infanterie. Au Guatemala, de la fin des années 1970 jusqu'aux années 1990, les USA évitaient de soutenir ouvertement l'armée à cause de sa mauvaise réputation en matière de "droits de l'homme". Cependant, nombreux étaient ceux au sein du gouvernement US et de la CIA qui coopéraient avec Israël, ce pays servant d'intermédiaire. En 1981, le secrétaire d'Etat Alexander Haig "exhorta Israël à aider le Guatemala"[35]. C'est ainsi que par exemple en 1985 Israël coopéra avec l'administration américaine pour transporter des armes israéliennes au Guatemala.
Voici quelques citations significatives tirées de documents des National Security Archives[36]. L'un des documents est un mémorandum du Colonel Oliver North du Conseil de Sécurité nationale de Reagan, daté de 1983: "Comme discuté avec vous hier, j'ai demandé à la CIA, au Département de la Défense et au Département de l'Etat de proposer une assistance pratique que les Israéliens pourraient offrir au Guatemala et au Salvador." Un autre document de la même année, un fax adressé par Frederic Chapin, ambassadeur US au Guatemala, à Washington, explique qu'à un moment où les USA ne veulent pas apparaître comme fournissant une assistance directe au Guatemala, "nous avons des raisons de penser que nos bons amis les Israéliens s'apprêtent à offrir, ou ont déjà offert, des quantités substantielles d'équipement militaire au gouvernement du Guatemala à des conditions de crédit sur 20 ans".
Des mécanismes similaires étaient présents en ce qui concerne l'Afrique du Sud. En 1975, alors qu'un scandale avait éclaté au sujet d'agissements de la CIA dans ce pays, le secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger demanda à Israël d'envoyer des troupes en Angola pour coopérer avec l'armée sud-africaine pour combattre le MPLA[37]. L'année suivante, lorsque l'Afrique du Sud envahit l'Angola qui venait d'acquérir son indépendance, les USA vendirent des hélicoptères à l'Afrique du Sud, mais craignant que le Congrès pourrait ne pas avaliser ces livraisons, le gouvernement camoufla celles-ci derrière une vente fictive effectuée par des "sociétés israéliennes inconnues".
Autre exemple: en 1981, lorsque l'administration de Reagan rencontrait des difficultés pour faire passer une augmentation de l'aide au Salvador, Israël accepta de "prêter" 21 millions de dollars aux USA dans le but de les transférer au Salvador[38]. En fait, ce ne fut qu'un camouflage d'une réorientation d'une partie de l'aide US à Israël, de façon à contourner l'opposition du Congrès.
En Colombie, l'influence des USA s'exerce notamment à travers des organisations paramilitaires d'extrême droite. L'un des principaux personnages de ce milieu se nomme Carlos Castaño. En 1982, âgé de 16 ans, il s'engagea avec son frère aîné Fidel (aujourd'hui reporté décédé) dans un groupe "d'autodéfense", le MAS ("Muerte a Secuestradores", c'est-à-dire "Mort aux preneurs d'otages"), constitué dans la région de Magdalena Medio sous le patronage de l'armée et financé par Pablo Emilio Escobar Gaviria qui dominait le cartel de Medellín de production de cocaïne (Medellín est le chef-lieu du département d'Antioquia, dans lequel se situe Magdalena Medio). Au cours des années 1980, Pablo Escobar et ses associés dépossédèrent des milliers de paysans, en les forçant à partir, souvent en perpétrant des massacres.
Selon des rapports établis en 1988-1989 par les services de renseignements colombiens (Departamento Administrativo de Seguridad ‑ DAS), Carlos Castaño profita d'un entraînement en Israël en 1983, puis en 1987 des instructeurs israéliens arrivèrent en Colombie pour faire fonctionner une école d'escadrons de la mort (ou interviendront également des instructeurs américains, britanniques, allemands) dans Magdalena Medio, pour le compte d'un des principaux membres du cartel de Medellín, José Gonzalo Rodríguez Gacha[39]. Parmi les organisateurs de cet entraînement on retrouve Yair Klein (déjà évoqué au sujet de l'Afrique) dont Carlos Castaño était élève. Toujours selon l'un des rapports mentionnés du DAS, plusieurs dizaines de paramilitaires furent ensuite envoyés en Israël pour une formation supplémentaire.
Les frères Castaño disposaient alors d'une armée personnelle de 150 hommes, "Los Tangueros", mise au service du cartel de Medellín. En particulier, Carlos Castaño est accusé d'être responsable de l'attentat contre un avion de la ligne Avianca, dont l'explosion, en 1989, tua 111 passagers[40]. Les investigations établirent que la bombe avait été déclenchée par un altimètre et que les exécutants avaient été entraînés à cette technique par les instructeurs dirigés par Yair Klein[41].
En 1993, les frères Castaño changèrent d'affiliation et, financés par le cartel rival de Cali, formèrent un escadron de la mort de 50 hommes, "Los Pepes" ("Perseguidos por Pablo Escobar", c'est-à-dire "Persécutés par Pablo Escobar")[42]. Ce groupe devint rapidement un allié précieux dans les opérations visant à capturer Pablo Escobar, déployées sous la direction de la Delta Search Force de la CIA, en collaboration avec la police anti-drogue colombienne et le service anti-drogue américain (Drug Enforcement Administration ‑ DEA). Escobar fut tué en 1993 et ses affaires furent reprises par le cartel de Cali, en liaison avec l'armée colombienne et les unités de Castaño.
Par la suite Castaño revint à la côte nord à la tête d'un nouveau groupe, dénommé "Autodefensas de Córdoba y Urabá" (ACCU), patronné par de riches propriétaires fonciers et l'armée, et en 1997 il unifia la douzaine d'organisations paramilitaires régionales sous sa direction politique pour former l'AUC (Autodefensas Unidas de Colombia). En 1999 l'AUC tint un congrès à Antioquia (dans le département du même nom), où fut fixé l'objectif de former un mouvement politique et militaire visant à être reconnu comme tel. Les effectifs de l'organisation atteignaient 10 à 12 000 hommes et les opérations qu'elle menait aboutirent au dépeuplement de vastes étendus de terres au profit de ses propres membres ainsi que des grands propriétaires auxquels elle est liée. Les tractations entre l'administration du président actuel Álvaro Uribe et l'AUC, prétendument en vue d'établir la paix, ne visent qu'à entériner ces appropriations de fait, en échange de la démobilisation des paramilitaires.
L'autobiographie de Castaño (Mi Confesión, une série d'interviews éditée en 2002 par le journaliste espagnol Mauricio Aranguren Molina) est éloquent en ce qui concerne le rôle joué par Israël, soit directement, soit indirectement[43]. Il dit: "J’ai appris une infinité de choses en Israël et je dois à ce pays une partie de ma culture et de mes acquis humains et militaires." En particulier: "En fait, le concept d'autodéfense, je l'ai copié des Israéliens."
A la Colombie, Israël a vendu notamment une douzaine d'avions de combat Kfir IAI C‑7, et des fusils Galil sont produits à Bogotá sous licence[44]. Mais la présence israélienne n'est pas confinée aux rapports officiels avec l'Etat colombien. En 1986, l'Uniban (Unión de Bananeros), premier producteur colombien de bananes, avait pris contact à Antioquia avec Yitzhak Mariot Shoshani, représentant d'une entreprise israélienne fournissant du matériel de guerre au ministère de la Défense de Colombie[45]. C'est par l'intermédiaire de Shoshani qu'arriva au pays Yair Klein qui, à Bogotá, entra en contact avec le major Isauro Hernández Hernández, membre de l'organisation d'extrême droite Tradición, Familia y Propiedad, TFP[46].
Klein représente une entreprise basée à Tel Aviv, nommée "Hod Hahanit" ("Fer de lance"), qui offre des services dans le domaine de la sécurité. Une lettre signée par Yitzhak Rabin en tant que ministre israélien de la Défense accorda à la société l'autorisation officielle pour "l'export de techniques militaires et d'équipements de défense" stipulant qu'il "est nécessaire d'obtenir une autorisation formelle pour chaque négociation"[47].
Parallèlement aux activités d'assistance, Klein participa à l'organisation de livraison d'armes[48]. Ce commerce suivait un schéma que l'on rencontre fréquemment dans ce domaine. La société Hod Hahanit achetait les armes à l'entreprise israélienne IMI en alléguant d'agir pour le compte du gouvernement panaméen (alors que ce dernier démentit avoir commandé ou reçu des armes). Les paiements passaient par plusieurs intermédiaires, dont un officier à la retraite de l'armée colombienne. Outre Klein, participaient aux transactions Pinchas Shahar, un agent de renseignements israélien ainsi que Maurice Sarfati, un homme d'affaires. Selon les résultats d'une enquête effectuée par un comité du Sénat US visant la Bank of Credit and Commerce International (BCCI)[49], le gouvernement US avait financé Sarfati par un prêt de 2 millions de dollars accordé par la Overseas Private Investment Corporation (OPIC), la BCCI ayant fourni les références nécessaires pour Sarfati. Ultérieurement, l'une de ces armes en provenance d'Israël fut utilisée pour l'assassinat, en 1989, de Luis Carlos Galán (fondateur du mouvement "Nuevo Liberalismo" et candidat aux élections présidentielles de 1990) et plusieurs autres furent trouvées la même année en possession de Gonzalo Rodríguez Gacha (du cartel de Medellín) après qu'il eut été abattu au cours d'un affrontement avec des agents anti-drogue colombiens.
Des informations au sujet des activités de Klein furent diffusées en 1991. Klein rentra alors en Israël, il y fut condamné pour l'exportation d'armes israéliennes aux paramilitaires.
Une autre affaire de livraisons d'armes aux paramilitaires fut révélée en 2002. En octobre 1999, le chef de la Police nationale de Nicaragua entama des négociations avec deux marchands d'armes, Oris Zoller (déjà mentionné au sujet de Sierra Leone) et Uzi Kisslevich, de la société Grupo de Representaciones Internacionales Sociedad Anónima (GIR S.A.)[50]. Celle-ci, dont le siège se trouve au Guatemala et dont Zoller est administrateur général, représente en Amérique centrale la IMI israélienne. Le contact avait été établi par l'intermédiaire de l'inspecteur général de l'armée nicaraguayenne, le général Roberto Calderón. Les négociations aboutirent à la signature d'un accord prévoyant la livraison d'armes de fabrication israélienne en échange de la reprise par GIR S.A. d'armes provenant des stocks de la police nicaraguayenne (en fait elles seront en partie fournies par l'armée). Afin de revendre une partie de ces dernières armes, Zoller conclut un marché ‑ selon ses dires basé sur un supposé ordre d'achat émanant de la police nationale panaméenne ‑ avec Shimon Yelinek, un autre Israélien, établi au Panama (déjà mentionné au sujet de Sierra Leone).
GIR S.A. livra comme prévu les armes israéliennes à la police nationale de Nicaragua et en octobre 2001, les armes nicaraguayennes furent réceptionnées par Marco Shrem et Yelinek au nom de la société Inversiones Digal S.A. de Panama et embarquées sur un navire. Presque immédiatement après le départ de la première livraison, Zoller conclut une deuxième transaction avec l'armée du Nicaragua, toujours en vue de revendre les armes reçues à la police nationale du Panama.
Or, en avril 2002, un journal colombien révéla que le premier lot, acheminé en octobre de l'année précédente, au lieu d'être livré au Panama, fut transporté à destination de la Colombie, et finit à Antioquia et Córdoba, aux mains des hommes de l'AUC. Par la suite, le même journal publia une interview avec Carlos Castaño, chef des AUC, qui affirma avoir pris livraison de plusieurs lots d'armes en provenance de l'Amérique centrale.
Pendant ce temps, en janvier 2002, les services de renseignements de l'armée colombienne et de la marine panaméenne ainsi que l'armée nicaraguayenne avaient mis en place une opération secrète dans le but de appréhender les trafiquants. Etant mis au courant de l'opération par des communications et par son interlocuteur nicaraguayen, le général Calderón, Zoller annula le deuxième marché. La dénonciation publique des événements conduisit les autorités de Nicaragua, Colombie et Panama à demander à l'OEA (Organisation des États Américains) d'effectuer une investigation. Ce qui fut fait, la coordination étant assumée par l'Américain Morris Busby, qui avait été ambassadeur des USA en Colombie, directeur du Bureau chargé de l'antiterrorisme du Département d'Etat US ainsi qu'émissaire spécial pour l'Amérique centrale.
Par la suite, Zoller et Yelinek s'accusèrent mutuellement. On peut relever que le rapport mentionné, de l'OEA, publié début 2003, relève le fait que Zoller est un ami personnel du général Calderón. Zoller est en outre gendre du propriétaire de la Banco Granai & Townson, la banque la plus importante du Guatemala. Il fut ex-membre des forces spéciales de l'armée israélienne et du Mossad. L'avocat de Yelinek affirma qu'après que l'affaire fut connue, Zoller continuait à séjourner fréquemment au Panama, en étant reçu chaque fois à l'aéroport par Arthur Ventura, le délégué du service anti-drogue US pour l'Amérique centrale et le Panama[51]. Le général à la retraite Hugo Torres, qui avait été chef des services de renseignements de l'armée (Dirección de Información para la Defensa ‑ DID), signale que Morris Busby entretient de bonnes relations avec Castaño, et il met en doute la teneur du rapport de l'OEA[52].
Une des nombreuses sociétés israéliennes de services de sécurité s'appelle "Silver Shadow" (il en a déjà été question au sujet de l'Ouganda). Elle fut fondée en 1995 par Amos Golan et Asaf Nadel. Golan est un officier israélien à la retraite qui auparavant travaillait pour une unité anti-terroriste en Cisjordanie; Nadel faisait partie du Shin Bet et avait été attaché militaire à l'ambassade israélienne en Colombie. En 1996, Silver Shadow (représentée alors par un Paraguayen d'origine juif, Oscar Ricardo Zayas Marini, qui avait déjà été expulsé de la Colombie à trois reprises et faisait l'objet d'une enquête concernant des liens éventuels avec les trafiquants de drogue[53]) tenta de négocier un contrat avec le département de sécurité d'Ocensa (Oleoducto Central S.A.)[54].
Ocensa est un consortium d'exploitation d'oléoduc composé de la société colombienne Ecopetrol (Empresa Colombiana de Petróleos), des sociétés canadiennes TransCanada PipeLines et Interprovincial Pipe Line (IPL) (cette dernière se transforma en Enbridge en 1998 et racheta en 2000 la participation de TransCanada), ainsi que des transnationales British Petroleum (BP) ‑ anglaise ‑ et Total ‑ française. Il exploite un oléoduc qui traverse Antioquia, en particulier Magdalena Medio. Pour sa protection, Ocensa fait appel à une société anglo-américaine basée à Londres, Defence Systems Limited (DSL), ainsi qu'à un accord secret conclu avec l'armée colombienne.
Silver Shadow fit des propositions concernant la livraison d'hélicoptères de combat, d'armement spécial anti-guérilla, de petits avions de surveillance sans pilote et d'équipements de communication. Pour commencer, Silver Shadow livra des jumelles de vision nocturne, remises directement à la 14ème brigade, dont certains officiers sont connus pour leur implication dans des massacres, notamment à Segovia en 1988 où une centaine d'habitants furent attaqués et 43 parmi eux tués. L'offre de Silver Shadow portait également sur un séminaire destiné aux cadres dirigeants d'Ocensa et de BP dans le domaine "des techniques de pointe de l'investigation-renseignement et de la conduite de la guerre psychologique", prestation conçue "de manière appropriée par rapport aux besoins spéciaux de Ocensa/BP". BP indiqua par la suite que cette formation n'eut pas lieu "pour des raisons budgétaires".
En 1934, Augusto César Sandino, chef des guérilleros qui avaient combattu la présence américaine, fut assassiné alors qu'il participait à des négociations de paix. En 1936, Anastasio Somoza García s'autoproclama président et imposa au pays sa dictature jusqu'à son assassinat en 1956. Ses fils lui succédèrent, Luis Somoza Debayle jusqu'en 1963 et Anastasio Somoza Debayle à partir de 1967. En 1979, le Frente Sandinista de Liberación Nacional (Front sandiniste de libération nationale ‑ FSLN ‑, fondé en 1961 et nommé ainsi en hommage à César Sandino) prit le pouvoir; Somoza s'exila au Paraguay.
Les USA soutenaient le régime de Somoza. Cependant, en 1978, le président Carter mit un frein à l'aide US au Nicaragua. Ainsi c'était Israël qui dans la période précédant la victoire du FSLN, fournit 98 % des armes du régime de Somoza. Interrogé à ce sujet, le premier ministre israélien Menahem Begin répondit: "Nous avons une dette de reconnaissance envers Somoza." Pour expliquer ce constat, il faut remonter à la création de l'Etat d'Israël. Ayant besoin d'armement mais peu de fournisseurs potentiels, Israël conclut un arrangement avec Anastasio Somoza (le père). Celui-ci désigna Yehuda Arazi (qui avait fait partie de la Haganah ‑ organisation militaire fondée par les sionistes en 1920 ‑ et avait ainsi représenté en Italie l'organisation chargée des activités d'immigration illégale en Palestine[55]) comme ambassadeur du Nicaragua en Europe où il pouvait acheter des armes pour le compte du Nicaragua, en faisant en sorte qu'en final elles arrivèrent en Israël[56].
Après la victoire du FSLN, des anciens membres de la garde nationale aidés par les USA formèrent un mouvement appelé "contra-revolucionarios" ou "Contras" et pénétrèrent au Nicaragua à partir du Honduras. Israël participait à cette opération[57]. Parmi les fournisseurs des Contras figurait l'Argentine et ce fut surtout après son retrait suite à la guerre des Malouines qu'Israël ‑ qui était un fournisseur important d'armement pour le régime argentin de l'époque ‑ prit la relève. Dès 1982 le général américain Richard Secord mit en oeuvre une opération du Pentagon dans le cadre de laquelle Israël transporta des armes capturées durant l'invasion du Liban vers un dépôt d'armes de la CIA au Texas, d'où elles furent ensuite transmises aux Contras. En outre, par l'intermédiaire de sociétés privées, des commandants de l'armée israélienne à la retraite ou de réserve arrivèrent pour exercer le rôle d'instructeurs. En 1986 encore, Israël envoya aux Contras un chargement d'armes de fabrication soviétique. Dans les opération de soutien aux Contras, était également impliqué Yair Klein (dont nous avons déjà évoque les activités plus haut) qui quitta la Colombie en 1988 pour passer en Honduras[58].
L'homme-clé de cette coopération était David Kimche, un ex-agent du Mossad promu ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement d'Ariel Sharon, poste qu'il occupait jusqu'en 1986[59]. Kimche était connu comme “Mr. Africa” du fait qu'il avait passé de longues années sur le continent en tant qu'officier du Mossad. Après avoir quitté le ministère des Affaires étrangères en 1986, Kimche devint "consultant" auprès de plusieurs pays avec l'appui de Tiny Rowland, l'homme qui se trouvait à l'époque à la tête du conglomérat minier Lonhro Group qui opère en Afrique[60].
Il semble que ce fut Kimche qui persuada le président américain Ronald Reagan de donner son accord pour l'opération connue sous le nom d'Iran-Contra élaborée par Sharon. La transaction consistait à transférer l'argent provenant d'une vente d'armes américaines à l'Iran pour financer la Contra au Nicaragua[61]. De multiples témoignages indiquent que cette opération allait de pair avec la mise en place d'une filière de trafic de drogue. En 1988, l'homme fort du Panama, le général Manuel Antonio Noriega Morena fut inculpé en Floride pour avoir été impliqué dans le réseau de trafic de cocaïne provenant du cartel de Medellín[62]. Témoignant devant un sous-comité du Sénat US, un ex-agent de renseignements de Noriega décrivait le réseau formé en 1982, à l'initiative de l'administration de Reagan et du gouvernement d'Israël, par des citoyens israéliens, US et panaméens autour de Michael Harari, un proche assistant de Noriega. Le groupe avait pour objectif de livrer des armes à la Contra, mais s'occupait simultanément de faire passer de la drogue de Colombie aux USA[63]. Selon le témoignage d'un des participants devant le Sénat, les fonds initiaux, les avions et les pilotes furent fournis par le cartel de Medellín. Israël apporta 20 millions de dollars qui seront ultérieurement remboursés au moyen de fonds US consacrés à des opérations secrètes[64].
Michael Harari avait été officier du Mossad et avait commandé une équipe chargée de liquider des Palestiniens au début des années 1970. C'est ainsi qu'en Norvège il participa à l'assassinat d'un citoyen marocain identifié par erreur comme membre de l'organisation palestinienne Septembre Noir[65]. Pour le faire disparaître de la scène, il fut affecté au poste de commandant du Mossad de la ville de Mexico. A la fin des années 1970 il apparût au Panama et devint conseiller du chef de l'Etat Omar Torrijos[66]. Après la mort de Torrijos, Harari se mit au service du général Noriega, auparavant chef du service de renseignements militaire et maintenant chef des forces armées et chef de l'Etat de facto. Harari constitua une équipe de vétérans de l'armée israélienne comme gardes de corps de Noriega, servit d'instructeur pour l'"unité spéciale anti-terroriste" et fit installer par des experts israéliens des équipements de sécurité et de surveillance dirigés contre l'opposition au régime. Il restructura également l'armée panaméenne. Noriega avait d'ailleurs profité d'un entraînement militaire et de renseignement en Israël, notamment au sein de l'unité de parachutistes. Les activités du réseau Harari cessèrent en 1986, mais des cas de blanchiment d'argent laissent supposer que la connexion d'Israël avec les trafiquants de drogue colombiens se poursuivait.
Pendant les années 1980, ce pays servait de plaque tournante aux Américains pour leur intervention dans les pays voisins (Guatemala, Salvador, Nicaragua), notamment comme base pour les Contras nicaraguayens. De 1979 à 1985, l'aide militaire et économique US au Honduras passa d'environ 30 millions de dollars à presque 300 millions[67]. L'armée de l'Air du Honduras est la plus puissante de l'Amérique centrale[68]. Au début des années 1980, les USA ont installé à Palmerola l'une des plus importantes bases aériennes militaires de l'Amérique latine, qui est toujours sous le contrôle des Etats Unis[69].
L’ambassadeur US au Honduras de 1981 à 1985, John D. Negroponte était connu pour entretenir des relations étroites avec le colonel Gustavo Álvarez Martínez, chef des armées du Honduras et de facto l’homme fort du pays[70]. L’escadron de la mort connu sous le nom de Bataillon 316, unité créée par Álvarez (qui recevait une formation en techniques de torture par des vétérans de la répression sanglante menée entre 1976 et 1982 en Argentine par la junte au pouvoir et par la CIA), est responsable de l'assassinat d'environ 200 personnes accusées d'être des "subversifs". Après avoir occupé le poste d'ambassadeur US à l'ONU à partir de 2001, Negroponte vient d'être nommé ambassadeur US en Irak.
Au cours des années 1970, Honduras reçut d'Israël notamment des avions Dassault Super Mystère et des avions de transport israéliens Arava[71]. En 1982, Ariel Sharon, en tant que ministre de la Défense israélien, et le chef de l'armée de l'Air israélienne effectuèrent une visite en Honduras, au cours de laquelle fut conclu un accord portant notamment sur la fourniture de 12 avions Kfir et l'envoi de 50 conseillers[72]. Le principal intervenant en matière de ventes d'armes à la Contra était Emil Saada qui, conjointement avec David Marcos Katz, était aussi à la tête du satellite du réseau Harari au Honduras[73]. Signalons que Katz a contribué au financement du Gush Emunim et d'autres groupes d'extrême droite en Israël[74].
En 1944, la dictature du général Jorge Ubico Castañeda fut renversée. Juan José Arévalo fut élu président en 1945, suivi par Jacobo Arbenz Guzmán en 1951. En 1954, le colonel Carlos Castillo Armas prit le pouvoir par un coup d'Etat appuyé militairement par les USA qui défendaient les intérêts de la United Fruit, la société transnationale américaine dominant la production de bananes dans le pays. A partir de cette époque, des gouvernements militaires se succédèrent jusqu'au milieu des années 1980, auxquels s'opposaient des mouvements de guérilla, unifiés en 1982 au sein de l'Unión Revolucionaria Nacional Guatemalteca (Union révolutionnaire national guatémaltèque ‑ URNG). Des groupes d'extrême droite, notamment l'Ejército Secreto Anticomunista (Armée secrète anticommuniste ‑ ESA) et la Mano Blanca (Main blanche) servirent d'instrument du pouvoir pour réprimer la population.
Israël commença à vendre des armes au Guatemala en 1974, dont des véhicules blindés de transport de troupes, des patrouilleurs lance-missiles, des canons légers, mitrailleuses, fusils ainsi que des avions Arava[75]. Il y a construit une fabrique de munitions à Cobán qui par la suite prit en charge la fabrication de fusils Galil complets[76].
Les officiers de l'armée guatémaltèque savent gré au soutien israélien pour avoir appuyé les diverses techniques de répression employées: à la campagne, la politique de la terre brûlée, dans les villes, détection et élimination des combattants et de leurs réseaux de soutien à l'aide d'équipements informatiques[77]. En 1979, le ministre de l'Intérieur guatémaltèque se rendit en Israël pour une visite "secrète et confidentielle" pour y rencontrer des fabricants "d'équipements de police sophistiqués". L'année suivante, il y retourna pour conclure un accord concernant l'entraînement de la police[78]. Des instructeurs israéliens ont coopéré avec l'unité de renseignement de la police responsable des escadrons de la mort. En 1981 l'école militaire de transmission et d'électronique, conçue et financée par la société israélienne Tadiran, fut ouverte dans la ville de Guatemala. A cette école, tout ‑ les méthodes d'enseignement, les équipes d'enseignants, les appareils et livres utilisés ‑ venait d'Israël.
En 1982, le général José Efraín Ríos Montt prit le pouvoir au moyen d'un coup d'Etat. Selon des journaux israéliens, 300 conseillers israéliens y participèrent[79]. (Il semble que certains de ces conseillers furent impliqués également dans le renversement de Ríos l'année suivante.) Devant une assemblée d'indigènes, Ríos exposa ses intentions de la façon suivante: "Si vous êtes avec nous, nous vous nourrirons; sinon, nous vous tuerons[80]." Aidé par des instructeurs israéliens, Ríos mit en oeuvre le "plan Victoria" au cours duquel des villages Maya entiers furent détruits et les survivants des massacres rassemblés dans des "hameaux stratégiques". Ce plan s'inspira d'un document américain des années 1970, intitulé "Programme US de pacification et d'éradication du communisme" ("U.S. Program of Pacification and Eradication of Communism")[81]. En 1983, l'ambassade du Guatemala à Washington confirma que "des personnels envoyés par le gouvernement israélien participaient aux programmes de réinstallation et de réadaptation pour les personnes déplacées"[82]. Ce programme incluait la mise en place forcée de "patrouilles civiles d'autodéfense" (patrullas de autodefensa civil). Selon l'avis de la plupart des analystes, ce procédé a été suggéré par les Israéliens.
Yair Klein et sa société Hod Hahanit intervenaient ici dans le cadre d'un contrat arrangé par la société israélienne IMI; ils ont entraîné la majorité des officiers guatémaltèques[83]. Le chef de l'antenne du Mossad au Guatemala, Pesakh Ben-Or (représentant également de la société de commerce d'armes Eagle Corp.), veilla à l'entraînement des gardes de corps des dictateurs militaires Ríos et Oscar Mejía Victores[84]. Le président qui leur suivit, Marco Vinicio Cerezo Arévalo, est gardé par International Security Defense Systems, une société de sécurité israélienne.
[1]. Il s'agit d'un chapitre d'une brochure intitulée "Des sionistes avec Goliath", éditée par le Comité Montreuil-Palestine.
http://montreuil-palestine.ouvaton.org/article.php3?id_article=20.
[2]. Julian Borger, "Israel trains US assassination squads in Iraq", The Guardian (England), 9/12/2003.
http://www.guardian.co.uk/Iraq/Story/0,2763,1102940,00.html.
[3]. Jane Hunter, Israeli Foreign Policy: South Africa and Central America, Boston, South End Press, 1987.
Pour des extraits du livre: http://www.thirdworldtraveler.com/Global_Secrets_Lies/Israel_ForeignPolicy.html.
Pour les informations citées ici: http://www.thirdworldtraveler.com/Global_Secrets_Lies/IsraelWeaponsManuIndus.html.
[4]. Clarence Lusane, "Washington's Proxy: Israeli Arms in Central America", Covert Action Quarterly (Washington), 1984. In: Ellen Ray et William H. Schaap (Ed.), Covert Action: the Roots of Terrorism. London, Ocean Press and Publishing Ltd, 2003.
Pour des extraits du livre: http://www.thirdworldtraveler.com/CIA/Covert_Action.html.
Pour les informations citées ici: http://www.thirdworldtraveler.com/CIA/Israeli_US_Terror_CA.html.
[5]. Mandy Turner, Arming the Occupation: Israel and the Arms Trade, London, Campaign Against Arms Trade, 2002.
http://www.caat.org.uk/information/publications/countries/israel-1002.php,
http://www.caat.org.uk/information/publications/countries/israel-1002.pdf.
[6]. Idem.
[7]. Jack Calhoun, "Israeli-South African Collaboration", Covert Action Quarterly (Washington), 1986. In: Ellen Ray et William H. Schaap (Ed.), Covert Action: the Roots of Terrorism, op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit. (Pour toute la suite du paragraphe.)
[8]. Idem.
[9]. http://www.uzitalk.com/reference/pages/history.htm.
[10]. Michael Renner, "Arms control orphans", Bulletin of the Atomic Scientists (Chicago), janvier-février 1999.
http://www.bullatomsci.org/issues/1999/jf99/jf99renner.html.
[11]. "Israel: Case study for International Missile Trade and Nonproliferation". In: William Potter et Harlan Jencks (Ed.), The International Missile Bazaar: The New Suppliers Network, Philadelphia (USA), Westview Press, 1993.
http://faculty.biu.ac.il/~steing/arms/missiles.htm.
[12]. Jack Calhoun, "Israeli-South African Collaboration", op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit.
[13]. Christopher Wrigley, The South African deal: A case study in the arms trade, London, Campaign Against Arms Trade, 2003.
http://www.caat.org.uk/information/publications/countries/southafrica-0603.php,
http://www.caat.org.uk/information/publications/countries/southafrica-0603.pdf.
[14]. Jack Katzenell, "Israel Working With Chinese Jets", The Associated Press, 9/11/1999.
Cité in: http://nucnews.net/nucnews/1999nn/9911nn/991110nn.htm.
[15]. Jack Calhoun, "Israeli-South African Collaboration", op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit.
[16]. "Israel's Nuclear Weapons Program".
http://nuclearweaponarchive.org/Israel/index.html.
Carey Sublette, "Report on the 1979 Vela Incident".
http://nuclearweaponarchive.org/Safrica/Vela.html.
[17]. Jack Calhoun, "Israeli-South African Collaboration", op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit. (Pour toute la suite du paragraphe).
[18]. Brian Wood et Johan Peleman, The Arms Fixers. Controlling the Brokers and Shipping Agents, Oslo, International Peace Research Institute Oslo, 1999.
http://www.nisat.org/publications/armsfixers/Chapter7.html.
[19]. Small Arms Survey 2001: Profiling the Problem, Oxford, Oxford University Press, 2001.
http://www.smallarmssurvey.org/publications/yb_2001.htm.
Pour les informations citées ici: http://www.smallarmssurvey.org/Yearbook%202001/Chapter_3.pdf.
[20]. For a Few Dollars More: How al Qaeda moved into the diamond trade, London, Global Witness, 2003.
http://www.globalwitness.org/reports/show.php/en.00041.html.
Pour les informations citées ici: http://www.globalwitness.org/reports/download.php/00092.pdf.
[21]. Jane Hunter, "Cocaine and Cutouts: Israel's Unseen Diplomacy", The Link (New York), janvier-mars 1989.
http://www.ameu.org/page.asp?iid=153&aid=197.
Pour les informations citées ici: http://www.ameu.org/page.asp?iid=153&aid=197&pg=9.
[22]. For a Few Dollars More ..., op. cit.
Pour les informations citées ici: http://www.globalwitness.org/reports/download.php/00091.pdf.
[23]. Yossi Melman, "Ugandan president in Israel for arms shopping", Haaretz (Israël), 15/1/2003.
http://www.haaretzdaily.com/hasen/pages/ShArt.jhtml?itemNo=252289&contrassID=1&subContrassID=5&sbSubContrassID=0&listSrc=Y. (Pour tout le paragraphe.)
[24]. Colette Braeckman, "La République démocratique du Congo dépecée par ses voisins", Le Monde diplomatique, octobre 1999.
http://www.monde-diplomatique.fr/1999/10/BRAECKMAN/12545.html.
Dani W. Nabudere, "Conflict over mineral wealth: understanding the second invasion of the DRC".
http://www.igd.org.za/pub/OP/OP37.Chap3Nabudere.rtf.
In: Sagaren Naidoo (Ed.), The War Economy in the Democratic Republic of Congo, Occasional Paper n° 37, Midrand (South Africa), Institute for Global Dialogue, 2003.
http://www.igd.org.za/pub/op.html.
[25]. Erik Kennes, "Le secteur minier au Congo: “déconnexion” et descente aux enfers". In: F. Reyntjens et S. Marysse (Ed.), L'Afrique des Grands Lacs. Annuaire 1999‑2000, Paris, L'Harmattan, 2000.
http://www.gralac.org/ann%20pdf%2099-00/13COEKmines.pdf.
[26]. Rachelle Marshall, "Israel Comes to the Rescue of Africa’s Most Corrupt Ruler", Washington Report on Middle East Affairs (Washington), avril-mai 1997.
http://www.washington-report.org/backissues/0497/9704024.htm.
[27]. "Making a Killing: The Business of War", Washington, Center for Public Integrity, 2002.
http://www.publicintegrity.org/bow/default.aspx.
Pour les informations citées ici: Alain Lallemand, "The Field Marshal".
http://www.publicintegrity.org/bow/report.aspx?aid=155.
[28]. The Mercenary Issue at the UN Commission on Human Rights: The Need for a New Approach, London, International Alert, 2001.
http://www.international-alert.org/pdf/pubsec/unhr.pdf.
[29]. "Making a Killing...", op. cit. Pour les informations citées ici: Yossi Melman et Julio Godoy, "The Influence Peddlers".
http://www.publicintegrity.org/bow/report.aspx?aid=154.
[30]. Jonathan Marshall, Peter Dale Scott, Jane Hunter, The Iran-Contra Connection: Secret Teams and Covert Operations in the Reagan Era, Boston, South End Press, 1987.
Extraits du livre: http://www.thirdworldtraveler.com/Ronald_Reagan/ContractingOut_TICC.html.
[31]. Idem.
[32]. Jane Hunter, Israeli Foreign Policy ..., op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit.
[33]. Noam Chomsky, Deterring Democracy, New York, Hill and Wang, 1992.
http://zena.secureforum.com/Znet/chomsky/dd/.
Pour les informations citées ici: http://zena.secureforum.com/Znet/chomsky/dd/dd-c04-s11.html.
[34]. Jeremy Bigwood, "Israel's Latin American trail of terror", 5/6/2003.
http://jeremybigwood.net/JBsPUBS/Israel-LatAm/News+Global+Features.htm. (Pour tout le paragraphe.)
[35]. Jane Hunter, Israeli Foreign Policy ..., op. cit.
Pour les informations citées ici: http://www.thirdworldtraveler.com/Global_Secrets_Lies/Israel_Guatemala.html.
[36]. Jeremy Bigwood, "Israel's Latin American trail of terror", op. cit.
[37]. Jack Calhoun, "Israeli-South African Collaboration", op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit.
[38]. Clarence Lusane, "Washington's Proxy ...", op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit.
[39]. Jeremy Bigwood, "Doing the US's Dirty Work: The Colombian Paramilitaries and Israel", The Narco News Bulletin, 2003.
http://www.narconews.com/Issue29/article729.html.
"Faire le sale travail des Etats-Unis: Israël et les paramilitaires colombiens".
http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=477.
[40]. Ana Carrigan, "The Career of Carlos Castaño: A Marriage of Drugs and Politics", 2001.
http://www.crimesofwar.org/colombia-mag/career.html.
[41]. Frank Smyth, "Colombia's Blowback: Former CIA-Backed Paramilitaries are Major Drug Traffickers Now" ("La Mano Blanca en Colombia"). In: Crimen Uniformado: entre la corrupción y la impunidad, Transnational Institute (Amsterdam) et Acción Andina (Cochabomba, Bolivia), 1997.
http://www.franksmyth.com/clients/FrankSmyth/frankS.nsf/0/e07fc2741a51c71285256df000796097?OpenDocument.
[42]. Ana Carrigan, "The Career of Carlos Castaño ...", op. cit.
[43]. Jeremy Bigwood, "Israel's Latin American trail of terror", op. cit. Jeremy Bigwood: "Doing the US's Dirty Work ...", op. cit.
[44]. Idem.
[45]. "Paramilitarismo como política contrainsurgente de estado: paramilitares, militares y narcotrafico".
http://www.eco.utexas.edu/~archive/chiapas95/1999.06/msg00078.html.
[46]. La "Sociedad Colombiana de Defensa de la Tradición, Familia y Propiedad" est la branche colombienne d'un réseaux de diverses organisations locales du même nom, dont la première a été constituée en 1960 au Brésil. Aux USA, l'"American Society for the Defense of Tradition, Family and Property" a été crée en 1973.
[47]. Andrew Cockburn, New York Times, 8/9/1989. Hugh O'Shaughnessy, The Observer (England), 1/10/1989. Jane Hunter, The Israeli Connection: Israeli Involvement in Paramilitary Training in Colombia, Arab American Institute, 1989. Cité in: Noam Chomsky, Deterring Democracy, op. cit. http://zena.secureforum.com/Znet/chomsky/dd//dd-c04-s11.html.
[48]. Small Arms Survey 2001 ..., op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit.
[49]. "The BCCI Affair" ‑ A Report to the Committee on Foreign Relations, United States Senate, by Senator John Kerry and Senator Hank Brown, 1992, 102ème Congrès, 2ème Session, Senate Print 102-140.
http://www.whatreallyhappened.com/RANCHO/POLITICS/FOSTER_COVERUP/bcci.html.
Cf. également http://www.nisat.org/publications/armsfixers/Chapter7.html.
[50]. Patricia Orozco Andrade et Roberto Canales Flores, Reporte Sombra al Informe de la OEA. Desvío de armas de Nicaragua a Colombia, Managua, Centro de Estudios Internacionales, 2003.
http://www.ceinicaragua.org.ni/armas/reporteoea.pdf.
Cf. également: "Itinerario", La Prensa (Nicaragua), 6/5/2002.
http://mensual.prensa.com/mensual/contenido/2002/05/06/hoy/portada/549562.html.
[51]. Vladimir Lopez, "DEA lo recibe siempre en aeropuerto de Panamá. ¿Oris Zoller era doble agente?", El Nuevo Diario (Nicaragua), 24/1/2003.
http://www-ni.elnuevodiario.com.ni/archivo/2003/enero/24-enero-2003/nacional/nacional6.html.
[52]. Eloisa Ibarra, "General retirado analiza crisis de las armas: “Canciller irresponsable”", El Nuevo Diario (Nicaragua), 26/1/2003.
http://www-ni.elnuevodiario.com.ni/archivo/2003/enero/26-enero-2003/nacional/nacional15.html.
[53]. Unión sindical obrera ‑ Junta Directiva Nacional, "Colombia: British Petroleum en guerra contra los sindicatos", 15/2/1999.
http://www.labournet.org.uk/spanish/1999/coluso.html.
[54]. Michael Gillard, Ignacio Gomez et Melissa Jones, "BP hands “tarred in pipeline dirty war”", The Guardian (England), 17/10/1998.
http://www.bpamoco.org.uk/rights/98-10-17bgu.htm.
[55]. Suzanne Kokkonen, "Jews in Italy: La Spezia Affair, Italy 1946".
http://www.doingzionism.org.il/resources/view.asp?id=828.
[56]. Clarence Lusane, "Washington's Proxy ...", op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit.
[57]. Jonathan Marshall, Peter Dale Scott, Jane Hunter, The Iran-Contra Connection ..., op. cit. Jeremy Bigwood, "Doing the US's Dirty Work ...", op. cit.
[58]. "Paramilitarismo como política contrainsurgente de estado ...", op. cit.
[59]. Jonathan Marshall, Peter Dale Scott, Jane Hunter, The Iran-Contra Connection ..., op. cit.
[60]. Jane Hunter, "Cocaine and Cutouts ...", op. cit.
Pour les informations citées ici: http://www.ameu.org/page.asp?iid=153&aid=197&pg=10.
[61]. http://www.webcom.com/pinknoiz/covert/irancontra.html.
En particulier: http://www.webcom.com/pinknoiz/covert/contracoke.html;
http://www.webcom.com/pinknoiz/covert/icsummary.html.
[62]. http://www.webcom.com/~pinknoiz/covert/MOU.html. http://www.webcom.com/~pinknoiz/covert/jackblum.html.
[63]. http://www.webcom.com/pinknoiz/covert/contracoke.html.
[64]. Jane Hunter, "Cocaine and Cutouts ...", op. cit.
Pour les informations citées ici: http://www.ameu.org/page.asp?iid=153&aid=197&pg=1.
[65]. Alexander B. Calahan, Countering Terrorism ‑ The Israeli Response to the 1972 Munich Olympic Massacre and the Development of Independent Covert Action Teams, Quantico, Virginia (USA), Marine Corps Command and Staff College, 1995. http://www.fas.org/irp/eprint/calahan.htm.
[66]. Jane Hunter, "Cocaine and Cutouts ...", op. cit. Richard H. Curtiss, "What You Won't Read About Michael Harari, Noriega Is [Noriega's, NDLR] Israeli Adviser Who Got Away", février 1990.
http://www.wrmea.com/backissues/0290/9002005.htm. (Pour toute la suite du paragraphe.)
[67]. http://www.wordiq.com/definition/History_of_Honduras.
[68]. Clarence Lusane, "Washington's Proxy ...", op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit.
[69]. Juan Carlos Rivera Torres, "El embajador en Irak de Bush, John Dimitri Negroponte es la sombra impune del terror en Honduras de 1980", Prensa Latina (Cuba), 20/4/2004.
http://www.elcorreo.eu.org/esp/article.php3?id_article=3505.
[70]. The Council on Hemispheric Affairs, "John Negroponte: du Honduras à l'Irak, en passant par l'ONU", 27/4/2004. http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=947.
[71]. Clarence Lusane, "Washington's Proxy ...", op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit..
[72]. Idem.
[73]. Jane Hunter, "Cocaine and Cutouts ...", op. cit.
Pour les informations citées ici: http://www.ameu.org/page.asp?iid=153&aid=197&pg=8.
[74]. Jane Hunter, "Cocaine and Cutouts ...", op. cit.
Pour les informations citées ici: http://www.ameu.org/page.asp?iid=153&aid=197&pg=11.
[75]. Jane Hunter, Israeli Foreign Policy ..., op. cit.
Pour les informations citées ici: http://www.thirdworldtraveler.com/Global_Secrets_Lies/Israel_Guatemala.html.
[76]. Jeremy Bigwood, "Doing the US's Dirty Work ...", op. cit.
[77]. Idem. Jane Hunter, "Cocaine and Cutouts ...", op. cit.
Pour les informations citées ici: http://www.ameu.org/page.asp?iid=153&aid=197&pg=2.
[78]. Jane Hunter, Israeli Foreign Policy ..., op. cit.
Pour les informations citées ici: http://www.ameu.org/page.asp?iid=153&aid=197&pg=11.
[79]. Clarence Lusane, "Washington's Proxy ...", op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit.
[80]. New York Times, 18/7/1982. Cité in: http://www.fsmitha.com/h2/ch31la.htm.
[81]. http://www.geocities.com/RainForest/2966/americas.html.
[82]. Jane Hunter, Israeli Foreign Policy ..., op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit.
[83]. Noam Chomsky, Deterring Democracy, op. cit. Pour les informations citées ici: loc. cit.
[84]. Jane Hunter, "Cocaine and Cutouts ...", op. cit.
Pour les informations citées ici: http://www.ameu.org/page.asp?iid=153&aid=197&pg=8.