Indonésie 1914‑1966

Glossaire - Termes

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Novembre 2007


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Angkatan Bersenjata Republik Indonesia
(Forces armées de la République d’Indonésie, ABRI)

Août 1945                     Suite à la déclaration d'indépendance de la République d'Indonésie, le Badan Kepolisian Negara (Organisme de Police d'État, BKN) est constitué. Initialement, le gouvernement de Sukarno s'abstient de former une armée nationale, pour ne pas entrer en concurrence avec les troupes d'occupation des Forces Alliés. Il créé néanmoins le Badan Keamanan Rakyat (Organisme du peuple pour le maintien de la paix, BKR). Cette force armée rassemble des membres (soldats et officiers) des unités qui avaient été constituées par l'occupant japonais (principalement le Peta à Java et le Giyugun à Sumatra) ainsi que de l'ancienne Koninklijk Nederlands Indisch Leger (Armée royal des Indes néerlandais, KNIL). Parallèlement divers “laskar” (milices) se constituent nouvellement ou dans le prolongement de celles qui avaient existé pendant l'occupation japonaise.

Octobre 1945                Le BKR constitue le noyau du Tentara Keamanan Rakyat (Armée du peuple pour le maintien de la paix, TKR) nouvellement créé.

Janvier 1946                  La mission du TKR est modifiée, son nom est changé en Tentara Keselamatan Rakyat (Armée du peuple pour la sécurité). Puis le TKR devient Tentara Republik Indonesia (Armée de la République d'Indonésie, TRI).

Juin 1947                       Des difficultés liées à la structure de commandement conduisent  à la transformation du TRI en Tentara Nasional Indonesia (Armée nationale d'Indonésie, TNI). La réorganisation permit un renforcement de l'autorité du ministère de la défense, ainsi que la reconnaissance renforcée des milices en tant que contrepoids vis-à-vis de l'État-major de l'armée.

1950                              Suite au transfert officiel de la souveraineté, par la Hollande, est constitué l'Angkatan Perang Republik Indonesia Serikat (Forces de guerre de la République des États unis d'Indonésie, APRIS), puis, avec l'abandon du système fédéral, l' Angkatan Perang Republik Indonesia (Forces de guerre de la République d'Indonésie, APRI). Le KNIL est dissout, et ses effectifs autochtones sont intégrés à l'APRI en même temps et à égalité avec ceux du TNI. L'APRI comprend des forces terrestres, l' Angkatan Darat Republik Indonesia (Forces terrestres de la République d'Indonésie, ADRI); des forces aériennes, Angkatan Udara Republik Indonesia (Forces aériennes de la République d'Indonésie, AURI) et des forces navales, Angkatan Laut Republik Indonesia  (Forces navales de la République d'Indonésie, ALRI).

1961                              En 1961, est constitué le Cadangan Umum Angkatan Darat (Réserve Générale des Forces terrestres, Caduad), une force stratégique conçue pour être disponible en permanence et rapidement mobilisable en cas d'urgence. En 1963 son nom sera changé en Komando Cadangan Strategis Angkatan Darat (Commandement stratégique de réserve des Forces terrestres, Kostrad).

1962                              Les forces armées sont finalement consolidées en tant qu'Angkatan Bersenjata Republik Indonesia (ABRI).

1964                              Les forces de police, Kepolisian Republik Indonesia (Police de la République d'Indonésie, Polri) sont incorporées à l'ABRI. Sous le régime de Suharto, ce statut militarisé sera renforcé par la Loi sur la Défense nationale de 1982 et la Loi sur la police de 1997, cette dernière soumettant Polri intégralement à la structure de commandement de l'ABRI.

                                      Le réseau de renseignements, Operasi Khusus (Opérations spéciales, Opsus), est établi au sein du Kostrad.

-                                     À lire:

                                           Bryan Evans
"The Influence of the United States Army on the Development of the Indonesian Army (1954‑1964)"
Indonesia, vol. 47 (avril 1989), pp. 25‑48.

1985                              Une réorganisation du TNI renforce le commandement central de l'armée, notamment à travers le Kostrad, créé en 1961, et le Komando Pasukan Khusus (Commandement d'unité spéciale, Kopassus), nouvellement établi sur la base d'un organisme créé initialement en 1952 et qui avait connu des transformations successives.

1999                              L'ABRI est réorganisé. En particulier, les forces de police (Polri) en sont séparées de nouveau, tout en restant sous la juridiction du ministre de la Défense. En corollaire, l'armée de terre réintroduit l'utilisation de l'ancienne dénomination Tentara Nasional Indonesia (TNI), tandis que la désignation ABRI incluant les forces navales et aériennes.

Badan Pusat Intelijen
(Agence centrale de renseignement, BPI)

1958                              En 1958 est créé le Badan Koordinasi Intelijen (Agence de coordination de renseignement, BKI) qui en 1959 est remplacé par le Badan Pusat Intelijen (BPI), sous la direction de Subandrio.

1966                              Le Komando Intelijen Negara (Commandement de renseignement d'État, KIN) est créé pour intégrer les différents organismes de renseignement au sein d'une organisation unique. Il reprend les fonctions du BPI.

1967                              Le Badan Koordinasi Intelijen Negara (Agence de coordination de renseignement d'État, Bakin) est créé et chargé des renseignements civils en dehors du domaine de la défense et de la sécurité. Cependant, tous les principaux dirigeants sont des militaires.

2001                              Suite à la séparation des forces de police (Polri) par rapport à l'armée, Bakin est transformé en Badan Intelijen Negara (Agence de renseignement d'État, BIN). Les réseaux de communication propres du Bakin sont repris par le BIN.

Badan Musyawarah Kebudayaan Nasional
(Comité Consultatif sur la culture nationale, BMKN)

1948-années 1960         En 1948, est créé le Lembaga Kebudayaan Nasional (Institut de culture nationale, LKN) (à ne pas confondre avec le Lembaga Kebudayaan Nasional créé en 1959). Son nom est par la suite changé en Lembaga Kebudayaan Indonesia (Institut de culture indonésienne, LKI). En 1952, il est remplacé par le Badan Musyawarah Kebudayaan Nasional (BMKN) nouvellement établi, une organisation non-gouvernementale financée par l'État. Au début des années 1960, le BMKN perdra sa position d'organe officiel dans le domaine de la culture au bénéfice du Lembaga Kebudayaan Nasional (LKN), lié au Partai Nasional Indonesia (PNI).

Badan Pendukung Sukarnoisme
(Comité de soutien au Sukarnoisme, BPS)

1964                              En septembre 1964 est formé le Badan Pendukung Sukarnoisme (BPS) avec à sa tête Adam Malik, dirigeant du Partai Murba. Son objectif est de contrer l'influence du PKI en invoquant les principes du Pancasila de Sukarno. En décembre, Sukarno bannit le BPS en affirmant qu'il s'agit d'un complot de la CIA.

Badan Penyelidik Usaha Persiapan Kemerdekaan Indonesia
(Groupe d'étude en vue de préparer l'indépendance de l'Indonésie, BPUPKI)

Mars 1945                     Les autorités japonaises créent le Badan Penyelidik Usaha Persiapan Kemerdekaan Indonesia (BPUPKI) (en japonais: Dokuritsu Junbi Cosakai), un comité chargé de préparer l'indépendance de l'Indonésie. Sukarno et Hatta en sont membres.

7 août 1945                   Le BPUPKI est remplacé par le  Panitia Persiapan Kemerdekaan Indonesia (Comité pour préparer l'indépendance de l'Indonésie, PPKI) (en japonais Dokuritsu Junbi Iinkai).

18 août 1945                 Le PPKI adopte une constitution, le Undang-Undang Dasar 1945 (UUD 1945) de la Republik Indonesia (RI).

29 août 1945                 La constitution (UUD 1945) entre en vigueur. Sukarno est déclaré président, Hatta vice-président. Le PPKI est transformé en Komite Nasional Indonesia Pusat (Comité national central d'Indonésie, KNIP), qui assume le rôle d'organe de gouvernement provisoire, jusqu'à la tenue d'élections.

Bornéo

1948                              En 1946, les territoires sous domination coloniale britannique de la péninsule Malay sont regroupés au sein d'une Union de Malaya. En 1948, une Fédération de Malaya remplace l'Union, accordant plus grande autorité aux gouvernements locaux.

1949                              La partie sud de l'île de Bornéo est transférée par les Pays-Bas à l'Indonésie. L'île comprend par ailleurs le sultanat de Brunei ainsi que deux colonies britanniques, à savoir Sarawak et le British North Borneo (Bornéo du Nord britannique, par la suite renommé Sabah).

1957                              La Fédération de Malaya devient indépendant.

1961                              La Grande-Bretagne décide de se désengager de ses colonies sur Bornéo et de réunir ces territoires avec la Fédération de Malaya pour former la Fédération de Malaysia. Cette mesure est contestée par l'Indonésie. Par ailleurs, les Philippines font valoir une revendication concernant le Sabah.

1962-1963                     À Brunei, en janvier 1962, le Partai Rakyat Brunei (Parti de Peuple Brunei, PRB) gagne la totalité des sièges d'élus au sein du Conseil législatif. Le PRB avait été créé en 1956 sous la direction de Sheikh Ahmad Azahari bin Sheikh Mahmud (A. M. Azahari). En décembre le PRB soumet une motion contenant les points suivants: demande d'intégration de Sarawak et du Bornéo du Nord britannique à Brunei, dans le cadre d'une fédération; refus de l'entrée de Brunei à Malaysia; indépendance de Brunei en 1963. La motion est rejetée. A. M. Azahari lance alors une rébellion, en s'appuyant sur le Tentara Nasional Kalimantan Utara (Armée nationale de Kalimantan nord, TNKU), renommé ultérieurement Pasukan Rakyat Kalimantan Utara (Force du Peuple de Kalimantan nord, Paraku). Il tente de capturer le sultan Omar Ali Saifuddin III, et occupe les champs pétroliers. Le sultan s'échappe et à recours à l'intervention de la Grande-Bretagne. Toujours en décembre, la rébellion est vaincue. (Brunei accédera à l'indépendance en 1983.)

                                      L'Indonésie et le Philippines déclarent accepter la formation de Malaysia si la majorité de la population des régions disputées votent en ce sens au cours d'un référendum organisé par l'ONU, mais le gouvernement de Malaysia ignore cette démarche.

                                      En janvier 1963, l'Indonésie annonce qu'elle poursuivra une politique de Konfrontasi (Confrontation) avec Malaysia. En juillet, Sukarno lance le slogan Ganyang Malaysia” (“Écraser Malaysia”). Les Philippines se limitent à rompre les relations diplomatiques avec Malaysia.

                                      Dans le contexte de cette campagne, Sukarno établit le Komando Operasi Tertinggi (Commandement opérationnel suprême, Koti) placé sous sa direction. Le Koti est chargé d'exécuter les programmes gouvernementaux, notamment économiques, et de combattre les forces désignées par le terme “Nekolim”.

1963                              La Fédération de la Malaisie est formée officiellement en septembre 1963. Brunei ne s'y joint pas. L'île de Singapour y est également intégrée, mais s'en séparera en 1965. Lorsque l'ONU accepte la Malaisie comme membre non-permanent, Sukarno retire l'Indonésie de l'organisation et tente de former le Persidangan Kekuatan Baru (Conférence des Nouvelles Forces Emergeantes, Conefo) comme alternative.

1966                              Avec l'arrivée au pouvoir de Suharto, l'affrontement est progressivement désamorcé. En février le Koti est remplacé par un nouvel organisme, le Komando Ganyang Malaysia (Commandement Écraser Malaysia, Kogam); bien que le nom suggère une escalade, le contraire est le cas. En mai, dans une conférence tenue à Bangkok, les gouvernements malaisien et indonésien déclarent le conflit comme terminé. Les violences se terminent en juin, et un accord de paix est signé en août. En septembre, le gouvernement indonésien annonce sa décision de reprendre pleinement sa participation aux activités de l'ONU.

                                           Indonésie - les îles - cartes politiques: Kalimantan

                                           Malaisie - carte politique

Darul Islam
(Terre d'Islam, ou Maison de l'Islam, DI)

-                                     Le terme provient du mot arabe Dar ul-Islam [Dar al-Islam] qui signifie littéralement “la demeure d'Islam”, en référence à la communauté de Médine fondée par le prophète Mohammed.

1948                              L'accord Renville prévoit la cession des territoires de Java occidental aux Pays-Bas, en échange de la reconnaissance de l'indépendance de l'Indonésie. En mai, le Darul Islam est formé en Java occidental sur la base des milices islamiques Barisan Hizbullah et Barisan Sabilillah, créées sous l'administration japonaise et associées au Masyumi, sous la direction de Sekarmadji Maridjan Kartosuwirjo (1905–1962).

1949                              En août, Kartosuwirjo proclame le Negara Islam Indonesia (État islamique d'Indonésie, NII), avec sa propre armée appelée Tentara Islam Indonesia (Armée islamique d'Indonésie, TII). Les territoires de Java occidental sous son contrôle sont désignés comme “Darul Islam”.

                                           Indonésie - les îles - cartes politiques: Java

-1965                             Le Darul Islam poursuit son combat et le mouvement est en liaison avec des rebelles islamiques en Sulawesi du sud (en 1952) sous la direction de Kahar Muzakkar (1921–1965), en Aceh (en 1953) sous la direction de Daud Beureueh (1899–1987), en Java central sous la direction de Amir Fatah, et en Kalimantan de Sud (sur l'île de Bornéo). En 1957, les autorités indonésiennes rétablissent le calme en Aceh en octroyant un statut spécifique à la loi islamique dans la région. En Java et Sulawesi, les mouvements sont réprimés par l'armée, Kartosuwirjo étant capturé et exécuté en 1962, et Kahar Muzakkar étant tué en 1965.

1965-                             Malgré le fait que le Darul Islam a été démantelé comme organisation, ses membres semblent jouer un rôle considérable dans les attaques visant les communistes, jusque dans les années 1980. Au cours des années 1970-1980, des activités terroristes se manifestent, attribuées à un groupe armée alternativement nommé Komando Jihad (Commando de la guerre sainte) ou Jemaah Islamiyah (Communauté islamique), dont des dirigeants, arrêtés, se trouvent être des anciens membres de Darul Islam.

                                      Voici une citation à ce sujet [Source: Martin van Bruinessen, "Genealogies of Islamic Radicalism in post-Suharto Indonesia", 2002. http://www.let.uu.nl/~Martin.vanBruinessen/personal/publications/genealogies_islamic_radicalism.htm]:

                                           L'opinion est largement répandue que le puissant chef des renseignements, Ali Murtopo - qui devint le conseiller principal de Suharto durant sa première décennie en tant que président, et qui à juste titre est considéré comme étant le véritable architecte du Nouvel Ordre en Indonésie -, cultivait un groupe de vétérans de Darul Islam et leur permettait de maintenir un réseau de contacts, comme arme secret contre le “communisme” et d'autres ennemis, qui pouvait être lâchée à n'importe quel moment voulu.

                                      À lire:

                                           Hiroko Horikostu
"The Dar ul‑Islam Movement in West Java (1942‑62): An Experience in the Historical Process"
Indonesia, vol. 20 (octobre 1975), pp. 59‑86.

Dewan Dakwah Islamiyah Indonesia
(Conseil de propagation de l'Islam d'Indonesia, DDII)

1967                              En 1967, Mohammad Natsir (ancien dirigeant du Partai Masyumi), participe à la création du Dewan Dakwah Islamiyah Indonesia (DDII). Natsir avait été l'un des membres fondateurs, en 1962, du Rabitat al-Alam al-Islami (Ligue Islamique mondiale) appuyé par l'Arabie saoudite, dont il occupait pendant des années le poste de vice-président.

                                      Parmi les personnages associés au DDII, il y a Abdullah Sungkar et Abu Bakar Bashir. Dans les années 1950, ils avaient été dirigeants du Gerakan Pemuda Islam Indonesia (GPII), lié au Masyumi. Après la prise du pouvoir par Suharto, en 1966, ils mènent campagne pour un état islamique. Ils sont par la suite accusés d'être en lien avec un groupe armée alternativement nommé Komando Jihad (Commando de la guerre sainte) ou Jemaah Islamiyah (Communauté islamique).

Dwifungsi
(Double fonction)

1958-1965                     Le concept de Jalan tengah” (“voie du milieu”) est formulé en 1958 par le général Abdul Haris Nasution, chef d’État-major des armées, dans un discours à l'école militaire, puis développé pendant les années 1960, dans le cadre de séminaires. Dans son discours, Nasution expose l'avis suivant: "Nous n’allons pas et nous ne voulons pas copier la situation qui existe dans plusieurs Etats d’Amérique Latine, où l’armée agit comme une force socio-politique directe. Nous n’allons pas non plus copier le modèle occidental européen au sein duquel l’armée est l’instrument inerte [du gouvernement]. [L’armée doit être] l’une des nombreuses forces de la société, l’instrument de la lutte du peuple qui doit travailler avec les autres forces populaires". [Cité in: Armée du peuple, Armée du roi - Les militaires face à la société en Indonésie et en Thaïlande, Arnaud Dubus et Nicolas Revise, Collection Analyses en regard, IRASEC-L’Harmattan, Bangkok-Paris, 2002, p.24.]

1965-1966                     En 1965 cette politique est reformulée selon la notion de Dwifungsi”, affirmant que les militaires assument un double rôle: celui, traditionnel, de défense et de sécurité, et un nouveau, de développement national et social. Voici comment au cours d'un séminaire de l'armée tenu en avril 1965, le concept est précisé. Les forces armées ont un double rôle de "force militaire" et de "force socio-politique"; à ce deuxième titre, ses activités incluent la participation dans "les domaines idéologique, politique, social, économique, culturel et religieux". [Cf. Bryan Evans, "The Influence of the United States Army on the Development of the Indonesian Army (1954‑1964)", http://cip.cornell.edu/seap.indo/1107011447.]

                                      Après la prise du pouvoir par Suharto en 1966, Dwifungsi devient la politique officielle. À partir de cette époque, le gouvernement édicte une série de lois pour définir le rôle des militaires relatif au domaine du gouvernement et des affaires nationales. Les militaires obtiennent une représentation corporatiste au parlement et des officiers actifs et retraités occupent des postes au gouvernement, dans l'administration civile, dans les entreprises d'état.

1982                              En 1982, la loi sur la défense datant de 1954 est remplacée par une nouvelle qui donne une base légale au principe de Dwifungsi. Elle stipule explicitement que l'ABRI est une force à la fois militaire et sociale, et confère une légitimité formelle aux larges pouvoirs exercés par les forces armées.

1998                              Après la fin du régime de Suharto, en 1998, l'armée est dépouillée du statut concrétisant le principe du Dwifungsi.

Federasi Buruh Seluruh Indonesia
(Fédération générale ouvrière d'Indonésie, FBSI)

1966-1969                     Après la prise de pouvoir par Suharto, sont créées successivement deux organisations syndicales: en 1966, le Kesatuan Aksi Buruh Indonesia (Action ouvrière unitaire, KABI); en 1969, le Majlis Permusyawaratan Buruh Indonesia (Assemblée délibérative des ouvriers, MPBI).

1973-1994                     En 1973, les organisations syndicales existantes sont rassemblées au sein du Federasi Buruh Seluruh Indonesia (FBSI), qui se décompose en Serikat Buruh Lapangan Pekerjaan (Union ouvrière par secteur d'emploi, SBLP), uniques par secteur. En 1985, le FBSI est transformé, par la fusion des différents SBLP, en une organisation unitaire appelée le Serikat Pekerja Seluruh Indonesia (Union pan-indonésienne des travailleurs, SPSI). En 1993 est opéré un retour à une structure fédérative par la formation du Federasi Serikat Pekerja Seluruh Indonesia (Fédération unifiée pan-indonésienne des travailleurs, FSPSI). En 1994, la formation de syndicats d'entreprise, dénommés Serikat Pekerja Tingkat Perusahaan (Union des travailleurs d'entreprise, SPTP), est autorisée là où le FSPSI n'est pas implanté.

2001                              Le FSPSI est transformé en Konfederasi Serikat Pekerja Seluruh Indonesia (Confédération unifiée pan-indonésienne des travailleurs, KSPSI).

-                                     À lire:

                                           Ford, Michele Therese
"NGO as outside intellectual: A history of non-governmental organisations' role in the Indonesian labour movement"
University of Wollongong, Australia, 2003

Gerakan Aceh Merdeka
(Mouvement Aceh libre, GAM)

1976-                             En 1976, dans la province d'Aceh (située au nord de l'île de Sumatra), est créé le Gerakan Aceh Merdeka (GAM), qui demande l'indépendance vis-à-vis de l'État unitaire. La rébellion est combattue par l'armée indonésienne, plusieurs de ses dirigeants s'exilent en Suède. La loi martiale est déclarée dans la province, et le gouvernement fait intervenir une unité spéciale, dénommée Komando Pelaksana Operasi (Commandement d'Exécution d'Opérations, Kolakops) Jaring Merah (Réseau rouge).

2005                              Un accord de cessez-le-feu et de paix est conclu entre le gouvernement indonésien et le GAM.

                                           Indonésie - les îles - cartes politiques: Sumatra

Gerakan September Tiga Puluh
(Mouvement du 30 Septembre, Gestapu, ou Gestok, ou G.30.S.)

-                                     “Gestapu” comme acronyme pour “Mouvement du 30 Septembre [1965]” repose sur l'inversion de l'ordre normal des mots en indonésien: Gerakan September Tiga Puluh” au lieu de “Gerakan Tiga Puluh September”. Sukarno s'est référé au mouvement, le 1er octobre, comme “Gerakan Satu Oktober” (“Mouvement du 1er Octobre”, Gestok).

30 septembre‑1 octobre 1965

Selon certaines allégations émises à l'approche du 30 septembre, sept généraux avaient l'intention de renverser Sukarno. Le colonel Latief (de la région de Jakarta), le lieutenant-colonel Untung (de la garde du palais présidentiel) et le général Supardjo (de Kalimantan), décidèrent alors d'enlever ces généraux et de se présenter avec eux devant Sukarno pour discuter de la situation.

                                      Le 30 septembre, Untung et des soldats des divisions Diponegoro et Brawijaya se rassemblent à la base aérienne de Halim, à proximité de Jakarta. Six généraux sont appréhendés dans leurs maisons et amenés à Halim. Parmi eux il y a notamment le lieutenant général Ahmad Yani, chef de l'état major de l'armée de terre et comme tel ministre sous l'autorité du général Abdul Haris Nasution, ministre de la sécurité et de la défense. Ce dernier, septième cible visée, s'échappe. Les six généraux sont tués durant la nuit. Des soldats rebelles investissent la place Merdeka à Jakarta, où se trouvent le palais présidentiel, la radio et des stations TV. Des mutineries au sein de cinq des sept bataillons de la division Diponegoro soutiennent les rebelles, de même que des officiers de la marine à Surabaya.

                                      Le 2 octobre des unités de l’armée reprennent la base aérienne Halim.

Décembre 1965             Durant le mois de décembre, l'armée accroît considérablement son pouvoir vis-à-vis de la présidence. Nasution, le sultan Hamengkubuwona [Hamengku Buwona] IX, et Ruslan Abdulgani sont désignés pour diriger le Komando Operasi Tertinggi (Commando opérationnel suprême, Koti, créé en 1963) auquel sont conférés des pouvoirs étendus. Subandrio est progressivement écarté, il est destitué de la direction du service de renseignement, le Badan Pusat Intelijen (BPI) lequel est transféré sous le contrôle du Koti.

Février-mars 1966         En février 1966, devant des tribunaux appelés Mahkamah Militer Luar Biasa (Tribunal militaire extraordinaire, Mahmillub), basés sur un règlement de 1963, commencent des procès contre des personnes accusées d'être impliquées dans les événement du 30 septembre. En mars, Suharto interdit le PKI, par une décision qui est avalisée par le Majlis Permusyawaratan Rakyat Sementara (MPRS).

-                                     Selon la version officielle, le 30 septembre des officiers communistes, s'appelant eux-mêmes “Mouvement du 30 Septembre”, ont tenté de se saisir du pouvoir. L'articulation réelle des événements n'est pas connue de façon claire et détaillée. Certaines investigations affirment qu'ils sont le produit d'une manipulation mise en oeuvre par Suharto et la CIA. Trois personnages en particulier font l'objet d'interprétations divergentes: Sjam (alias Kamaruzaman), Supono Marsudidjojo (alias Pono), Mulyono (alias Waluyo alias Bono), présumés membres du PKI, mais peut-être aussi agents de Suharto.

-                                     À lire:

                                           Peter Dale Scott
"The United States and the Overthrow of Sukarno, 1965-1967"
Pacific Affairs, 58, été 1985, pp. 239‑264.

Golongan Karya
(Groupe fonctionnel, Golkar)

1957-1958                     En 1957, l'armée commence à établir une série d'organisations appelées Badan Kerja Sama Sipil-Militer (organismes de coopération entre civils et militaires, BKS). Le premier BKS est le BKS Pemuda-Militer (BKS Jeunesses-Militaires, juillet 1957). Il est placé dans le cadre de l'Inspektorat Jenderal Teritorum dan Perlawanan Rakyat (Inspectorat général des affaires territoriales et de la résistance du peuple, IJTP) destiné à assister Abdul Haris Nasution, chef de l'état-major des armées, dans l'application des pouvoirs découlant de la loi martiale; ce BKS comprend à l'origine les organisations de jeunesses des quatre partis surgis comme dominants à l'issue des premières élections générales, tenues en 1955. D'autres BKS suivent, le plus grands étant le BKS Buruh-Militer (BKS ouvriers-militaires, décembre 1957) et le BKS Tani-Militer (BKS paysans-militaires, septembre 1958). Le concept sous-jacent aux BKS est approfondi en janvier 1958 lorsque Nasution intègre ces organisations au sein d'un organisme nouvellement formé, le Front Nasional Pembebasan Irian Barat (Front national de libération de l'Irian occidental, FNPIB) dont il assure la présidence.

                                      En 1958 aussi, Sukarno avance l’idée d’accorder des sièges au gouvernement à des Golongan Karya (Golkar). Ces groupes devraient comprendre des organisations professionnelles d’ouvriers, paysans et étudiants, mais aussi les militaires.

1964                              Le Sekretariat Bersama Golongan Karya (Secrétariat commun de groupes fonctionnels, Sekber Golkar) est formé en tant que fédération de diverses organisations, d'abord au nombre de 97, 220 ultérieurement. Il est soutenu par des officiers importants dans le but de contrer l'influence du PKI.

1965-1967                     Au cours de réunions de coordination nationales en 1965 puis en 1967, les organisations membres du Sekber Golkar sont regroupés en sept groupes appelés Kelompok Induk Organisasi (Groupe organisationnel principal, Kino). Ces Kino sont les suivants: Kesatuan Organisasi Serbaguna Gotong Royong (Union d'organisations de coopération mutuelle multifonctionnelle, Kosgoro); Sentral Organisasi Karyawan Sosialis Indonesia (Soksi); Musyawarah Kekeluargaan dan Gotong Royong (Délibération familiale et coopération mutuelle, MKGR); Karya Profesi (Fonction professionnelle); Organisasi Massa Pertahanan-Keamanan (Organisations de masse de défense et de sécurité, Ormas Hankam); Gabungan Karya Republik Indonesia (Confédération fonctionnelle de la République d'Indonésie, Gakari); Gerakan Pembangunan (Mouvement de développement).

1968                              En 1968, Suharto est officiellement désigné comme président d'Indonésie. Pour pouvoir s'appuyer sur un parti politique établi comme tel, il transforme le Sekber Golkar en Partai Golongan Karya (Parti des groupes fonctionnels, Golkar). Aux élections de 1971, le Golkar obtiendra 62 % des voix.

Ikatan Cendekiawan Muslim Indonesia
(Ligue des intellectuels musulmans d’Indonésie, ICMI)

1965-                             Alors que la plupart des politiciens islamiques avaient soutenu le renversement de Sukarno et l'élimination du PKI, Suharto établit un régime séculaire, ce qui a pour résultat que la majeure partie des organisations islamiques se trouvent dans l'opposition.

1990-1991                     Néanmoins, Suharto procède ultérieurement à une réorientation de sa politique. En 1990 est constitué le Ikatan Cendekiawan Muslim Indonesia (ICMI) sous l'influence de Bacharuddin [Baharuddin] Jusuf Habibie, un proche conseiller de Suharto, et à l'époque ministre de la technologie et de la recherche. En 1991, Suharto entreprend le pèlerinage à la Mecque et adopte le nom de Hadji Mohammed Suharto.

Indische Partij
(Parti Indien, IP)

1903                              Le Semarangsche Kiesvereeniging (Association des électeurs de Semarang) est fondé (Semarang est l'une des principales villes de l'île de Java). C'est essentiellement une organisation d'Européens établis en Indonésie. L'un de ses dirigeants principaux est Ernest François Eugène Douwes Dekker.

1912-1913                     En 1912, l'association change son nom en Indische Partij (IP). Parmi ses dirigeants, outre E. F. E. Douwes Dekker, il y a Suwardi Suryaningrat (postérieurement Dewantoro) et Tjipto Mangunkusumo. En 1913, tous les trois sont envoyés en exil par le gouvernement colonial. L'organisation change son nom en Insulinde (terme désignant l'archipel indonésien).

1919                              Les dirigeants exilés sont autorisés à revenir au Java, ils reprennent l'influence sur Insulinde qui se transforme en Nationaal Indische Partij (Parti national indienne) ou Sarekat Hindia (Union des Indes). Mais le gouvernement colonial néerlandais poursuit la répression; en 1919‑1920, E. F. E. Douwes Dekker et Suwardi Suryaningrat sont condamnés aux travaux forcés, T. Mangunkusumo est exilé.

                                      T. Mangunkusumo participera, en 1927, à la création du Perserikatan Nasional Indonesia (PNI).

                                      E. F. E. Douwes Dekker reviendra en Indonésie en 1947. Il changera son nom en Danudirja Setiabudi. Il sera nommé membre du Komite Nasional Indonesia Pusat (KNIP).

Irian Barat
(Nouvelle Guinée occidentale)

-                                     Durant la période coloniale, l'île de la Nouvelle Guinée était divisée entre les Pays-Bas sur la partie ouest, l'Allemagne sur la partie nord-est et la Grande-Bretagne sur la partie sud-est.

                                      En 1906, la Nouvelle Guinée britannique passe sous administration australienne, sous le nom de Papua. En 1921, la Nouvelle Guinée allemande ainsi que les îles Salomon forment le “Territoire Nouvelle Guinée” administré par l'Australie sous un mandat attribué de la Société des Nations.

                                      En 1945 l'Australie combine ces deux entités en un “Territoire de Papua Nouvelle Guinée”, qui en 1946 devient “Territoire sous tutelle de la Nouvelle-Guinée aux fins de l’Organisation des Nations unies”. L'autonomie est accordée en 1973 et en 1975 le territoire devient pleinement indépendant en tant que “Papuasie-Nouvelle-Guinée”.

1945-                             Le gouvernement indonésien, dans un premier temps, continue à désigner la Nouvelle Guinée par ce même nom (Nieuw Guinea en néerlandais, Guinea Baru en indonésien). Après 1950, il introduit le nom d'Irian, toujours pour l'ensemble de l'île, en distinguant Irian Barat (Irian Ouest) et Irian Timur (Irian Est). L'origine et la signification du mot Irian sont obscures.

1958                              L'armée, après avoir établi un certain nombre d'organisations de coopération avec des civils, nommées Badan Kerja Sama Sipil-Militer (BKS), forme le Front Nasional Pembebasan Irian Barat (Front national de Libération de l'Irian occidental, FNPIB), sous la présidence d'Abdul Haris Nasution, chef de l'état-major des armées.

1961-1963                     À l'issue de la deuxième guerre mondiale, les Pays-Bas avaient maintenu leur domination coloniale en Nouvelle Guinée occidentale, mais ils entreprennent de préparer l'indépendance du territoire. En 1961, un Nieuw Guinea Raad (Conseil de Nouvelle Guinée) est élu et 1970 est fixé comme date pour l'indépendance.

                                      En décembre 1961, Sukarno proclame le Tri Komando Rakyat (Trois commandements du peuple, Trikora): stopper l'état créé par les Pays-Bas en Irian Barat; mobiliser; arborer le drapeau rouge et blanc. Ces slogans sont mis en oeuvre par la création, en janvier 1962, du Komando Tertinggi Pembebasan Irian Barat (Commandement suprême pour la libération de l'Irian ouest, Koti Pemirbar) appelé communément Komando Mandala (Commandement Mandala), placé sous les ordres du général de division Suharto. En outre, le Sekretariat Bersama Perjuangan Buruh Pelaksana Trikora (Secrétariat conjoint de la lutte ouvrière en exécution du Trikora, Sekber Buruh) est constitué au Java Ouest afin d'unifier les syndicats en vue du Trikora.

                                      Entre octobre 1962 et mai 1963, la Nouvelle Guinée occidentale est placée sous le contrôle de l'Autorité Exécutive Temporaire de l'ONU en Nouvelle-Guinée Occidentale (AETNU, en Anglais UNTEA), qui ensuite transmet le contrôle administratif intégral à l'Indonésie. Pour satisfaire la demande des Pays-Bas en vue d'une auto-détermination de la part de la population autochtone, il est prévu qu'un "acte de libre choix" soit organisé par l'Indonésie sous la supervision de l'ONU en 1969. Le Komando Mandala est dissous.

1969-                             En juillet-août, des conseils de village en Nouvelle Guinée occidentale votent en faveur du rattachement à l'Indonésie. En septembre, le territoire devient officiellement une province d'Indonésie nommé Irian Barat (Irian Ouest). En 1973, le nom est changé en Irian Jaya (Irian triomphant), puis en 2001 il est remplacé par celui de Papua. En 2006, la province est séparée en deux, la partie ouest s'appelant Irian Jaya Barat (Irian Jaya Ouest); en 2007 ce nom est changé en Papua Barat (Papua Ouest).

                                           Indonésie - les îles - cartes politiques: Papua - 2006

Komando Operasi Pemulihan Keamanan dan Ketertiban
(Commandement opérationnel pour la Restauration de la Sécurité et de l’Ordre, Kopkamtib)

1965                              En octobre 1965, dans le cadre des pouvoirs définis par le Surat Perintah Sebelas Maret (Supersemar) est établi le Komando Operasi Pemulihan Keamanan dan Ketertiban (Kopkamtib), chargé d'organiser l'arrestation, l'interrogation et le jugement des tanahan politik (prisonnier politique, Tapol). La structure du Kopkamtib s'inscrit dans celle de l'armée (TNI).

1969                              Vers la fin des années 1960, cette tâche est largement accomplie. En 1969 Suharto redéfinit la base organisationnelle du Kopkamtib en lien avec le Departemen Pertahanan-Keamanan (Département de Défense et de Sécurité, Hankam). Le Kopkamtib reçoit un mandat couvrant la sécurité interne au sens le plus large, et dispose des forces territoriales de l'armée pour l'exercer. Ses pouvoirs d'arrestation, d'interrogation, et de détention ne sont pas tributaires du système de justice criminelle ordinaire.

1988                              Dans le cadre de la réorganisation des forces armées entamée en 1985, le Kopkamtib est dissout et ses pouvoirs sont repris par le Badan Koordinasi Bantuan Pemantapan Stabilitas Nasional (Agence de coordination pour l'assistance à l'établissement de la stabilité nationale, Bakorstanas).

Kyodo Boei Giyugun
(Armée de volontaires défenseurs de la patrie)

1943-1945                     En 1943, l'administration militaire japonaise commence le recrutement  pour une force armée composée d'autochtones, nommée Kyodo Boei Giyugun en Japonais, et désignée comme Laskar Rakyat (Force du peuple). Des unités sont constituées en Java, Madura, Bali, Sumatra. Au Java, cette force armée est appelée Sukarela Tentara Pembela Tanah Air (Armée de volontaires défenseurs de la patrie, Peta).

                                      Outre Giyugun, existent des organisations comme Heiho, Tokubetsu Keisatsutai (police de réserve chargée de garder les côtes, ponts, etc.), Tokubetsu Hikojo Kinmutai (police de réserve chargée de garder les aéroports).

Lembaga Kebudayaan Nasional (1959)
(Institut de culture nationale, LKN)

1959-1965                     Le Lembaga Kebudayaan Nasional (LKN) est créé en 1959 par le Partai Nasional Indonesia (PNI) (à ne pas confondre avec le Lembaga Kebudayaan Nasional créé en 1948). Au début des années 1960, le LKN devient le protagoniste officieux de la ligne nationaliste gouvernementale, en remplaçant dans ce rôle le Badan Musyawarah Kebudayaan Nasional (BMKN) affaibli. Le LKN se trouve aux côtés du Lembaga Kebudayaan Rakyat (Lekra), lié au PKI, contre les initiateurs du Manifes Kebudayaan (Manikebu). Après 1965, de même que les membres du Lekra, ceux du LKN sont censurés, emprisonnés et bannis.

Lembaga Seniman Budayawan Muslim Indonesia
(Institut d'Artistes et Professionnels de la Culture d'Indonésie, Lesbumi)

1962-1966                     Le Lembaga Seniman Budayawan Muslim Indonesia (Lesbumi) est créé en 1962 par le Nahdlatul Ulama pour intervenir dans le domaine culturel du point de vue islamique. Lesbumi est interdit en 1966.

Majlis Syurah Muslimin Indonesia
(Assemblée des Musulmans d’Indonésie, Masyumi)

1937                              Le Majlis Islam Alaa Indonesia (Conseil suprême islamique d'Indonésie, MIAI) est créé en tant qu'organisation de coordination entre le Muhammadiyah, Nahdlatul Ulama, Persatuan Islam, et d'autres groupes. Persatuan Islam (Coalition islamique, Persis) avait été fondé en 1923, avec Mohammad Natsir comme l'un de ses principaux dirigeants.

1943                              Le MIAI est transformé en Majlis Syurah Muslimin Indonesia (Masyumi) sous contrôle japonais. Barisan Hizbullah (Troupe pour la Guerre sainte) et Barisan Sabilillah (Troupe pour la cause de Dieu) sont des forces armées associées au Masyumi.

1945                              Une réunion du Kongres Ummat Islam Indonesia (Congrès de la Communauté islamique d'Indonésie) transforme le Masyumi en Partai Masyumi (Parti Masyumi), dirigé par Natsir. Le Gerakan Pemuda Islam Indonesia (Mouvement des jeunesses islamiques d'Indonésie, GPII), affilié au Partai Masyumi, est créé.

1947                              Le Serikat Buruh Islam Indonesia (Union ouvrière islamique d'Indonésie, SBII), affilié au Partai Masyumi, est créé.

1960                              Suite à l'implication de plusieurs dirigeants du Partai Masyumi dans la rébellion du Pemerintah Revolusioner Republik Indonesia (PRRI) et le refus du parti de les désavouer, celui-ci est menacé d'interdiction et décide de se dissoudre.

1968                              En 1968, la création d'un parti islamique, le Partai Muslimin Indonesia (Parmusi or PMI), est autorisé, mais les anciens dirigeants du Masyumi, notamment Natsir, sont écartés de l'activité politique.

Manifestasi Politik
(Manifeste politique, Manipol)

1959                              Dans un discours tenu le 17 août, sur le thème de "La redécouverte de notre révolution", Sukarno expose les bases de son nouveau système de gouvernement. Par la suite, ce discours accompagné de notes explicatives préparées par le Dewan Pertimbangan Agung (DPA) est consacré comme étant le Manifestasi Politik (Manipol) du régime.

                                      Manipol consiste en cinq composants, désignés par l'acronyme USDEK:

                                           Undang-Undang Dasar 1945 (Constitution de 1945)

                                           Sosialisme Indonesia (Socialisme d'Indonésie)

                                           Demokrasi terpimpin (Démocratie dirigée)

                                           Ekonomi terpimpin (Économie dirigée)

                                           Kepribadian Indonesia (Identité indonésienne)

-                                     La rhétorique mise en avant par la suite, conjointement, par le PNI et le PKI, complétera le Pancasila et le Manipol-USDEK par d'autres slogans similaires, notamment les suivantes.

                                      Le Panca Azimat Revolusi” (les Cinq talismans de la révolution) vise à rassembler cinq principes considérés comme majeurs, à savoir: Pancasila, Nasakom, Manipol-USDEK, Trisakti Tavip et Berdikari.

                                      Le Trisakti Tavip” (les Trois principes de Tavip) se réfère au discours de Sukarno à l'occasion de l'anniversaire de l'indépendance, le 17 août 1964, intitulé "Tahun “Vivere Pericoloso”" ("Une année dangereuse à vivre"), ce qui donne “Tavip” sous forme d'acronyme. Les principes ainsi mis en avant sont: souveraineté en politique, auto-suffisance en économie et identité culturelle autochtone.

                                      Berdikari” (Marcher sur ses propres jambes, c'est-à-dire auto-suffisance) est notamment le thème du discours de Sukarno à l'occasion de l'anniversaire de l'indépendance, le 17 août 1965, intitulé "Tahun Berdikari-Berdikari" ("L'année de l'auto-suffisance"), ou “Takari” sous forme d'acronyme.

Marhaenisme
(Marhaenisme)

-                                     Le terme Marhaenisme a été forgé par Sukarno à l'époque où il était étudiant (1921-1926). L'histoire veut qu'il provient du nom d'un paysan pauvre, Marhaen, que Sukarno rencontra et qui le fit penser que "cet homme clairement et certainement n'est pas un membre du prolétariat, il est un indigent, il est pauvre, il souffre beaucoup, n'a pas assez pour en vivre, mais il n'est pas un membre du prolétariat, puisqu'il ne vend pas sa force de travail à un autre sans participer à la propriété des moyens de production".

1933                              Le Partai Indonesia (Partindo) adopte neuf thèses sur le Marhaenisme.

1960                              À son congrès de 1960, le Partai Nasional Indonesia (PNI) réaffirme l'identité entre le Marhaenisme et l'idéologie de Demokrasi terpimpin (Démocratie dirigée) formulée par Sukarno, et attribue à celui-ci le titre de Bapak Marhaenisme (Père du Marhaenisme). La reformulation officielle du Marhaenisme, publiée sous le titre "Dasar-Dasar Pokok Marhaenisme" (Principes fondamentales du Marhaenisme) en 1961, met en avant les similitudes entre Marhaenisme, Pancasila, et le Manifestasi Politik de 1959. En 1963, Ali Sastroamidjojo, président du PNI depuis 1960, à l'occasion du 36e anniversaire du parti, décrit le Marhaenisme comme "le marxisme adapté aux conditions de l'Indonésie". (Sukarno avait déjà utilisé cette caractérisation en 1958.) Cette définition est formellement acceptée par le congrès du PNI de 1963, qui prend également à son compte les neuf thèses du Partindo d'avant-guerre.

                                      Lors d'une réunion du Comité de travail du congrès, en 1964, est adoptée la Deklarasi Marhaenis (Déclaration sur le Marhaenisme). Voici un passage de ce texte [J. Eliseo Rocamora, "The Partai Nasional Indonesia, 1963‑1965", http://cip.cornell.edu/seap.indo/1107123631]:

                                           Il n'y a pas de mouvement révolutionnaire qui ne soit pas basé sur une théorie révolutionnaire. Le Marhaenisme est une théorie révolutionnaire basée sur l'action de masse. Ainsi, les conditions de la lutte marhaeniste doivent être révolutionnaires et fondées sur une conception en deux phases de la révolution. La première est la phase nationale démocratique et la seconde, la phase socialiste. A cause de cela, la lutte doit être menée par la paysannerie et les travailleurs. Le PNI/Front Marhaenis est un instrument de la révolution, basé sur les ouvriers et les paysans, et dirigé par les éléments appropriés. Afin d'obtenir la victoire des masses ["kaum Marhaen"; “kaum” signifie une communauté de gens appartenant à la même classe et ayant les mêmes intérêts], ils doivent être organisées dans un Front Marhaeniste qui soit dynamique, militant, radical, discipliné et totalement dédié à la cause des masses.

Muhammadiyah
(Partisans de Muhammad)

1912                              Le Muhammadiyah est fondé par Ahmad Dahlan (qui mourra en 1923).

                                      Muhammadiyah préconise l'“ijtihad” - l'interprétation individuelle du Koran et de la Sunna -, par opposition au “taqlid” - l'acceptation des interprétations traditionnelles propagées sous l'autorité des écoles enseignant la “sharia” (loi religieuse) et des législateurs (“ulama”).

-                                     Des organisation affiliées sont créées: pour les femmes, l' Aisyiyah, d'après une des femmes de Mohammed; pour les jeunes femmes, le Nasyiatul Aisyiyah; pour les jeunes, le Pemuda Muhammadiyah (Jeunesses Muhammadiyah).

1943                              L'administration d'occupation japonaise reconnaît officiellement le Muhammadiyah de même que le Nahdlatul Ulama.

1965                              Muhammadiyah fonde une branche para-militaire du Pemuda Muhammadiyah, le Komando Kesiapsiagaan Angkatan Muda Muhammadiyah (Commandement de vigilance de la troupe des jeunesses Muhammadiyah, Kokam).

1998                              Suite au renversement du régime de Suharto, Amien Rais, président du Muhammadiyah, avec un certain nombre de membres de l'organisation, créé le Partai Amanat Nasional (Parti du mandat national, PAN). Ce parti n'a cependant pas de lien officiel avec le Muhammadiyah.

Nahdlatul Ulama
(Renaissance des Oulémas, NU)

1926                              Le Nahdlatul Ulama (NU) est créé. L'un des principaux fondateurs est Wahab Hasbullah (1888-1971), qui en 1916 avait établi une organisation éducative, le Nahdlatul Wathan (Renaissance de la nation). Le premier président de NU est Hasyim Asyari (1871-1947).

                                      Le NU préconise le “taqlid” - l'acceptation des interprétations traditionnelles propagées sous l'autorité des écoles enseignant la “sharia” (loi religieuse) et des législateurs (“ulama”) par opposition à l'“ijtihad” - l'interprétation individuelle du Koran et de la Sunna.

1934                              Le Gerakan Pemuda Ansor (Mouvement des jeunesses Ansor), affilié au NU, est créé. Le nom Ansor provient du mot arabe al-ansar, qui désigne les partisans du prophète Mahomet lors de son séjour à Médina.

1940                              Le Muslimat Nahdlatul Ulama, affilié au NU, est créé. Il représente les femmes au-delà de l'âge de 40 ans. En 1950, le Fatayat Nahdlatul Ulama sera créé, pour représenter les femmes âgées entre 20 et 40 ans.

1943                              L'administration d'occupation japonaise reconnaît officiellement le Nahdlatul Ulama de même que le Muhammadiyah.

1952                              Durant l'occupation japonaise de 1942‑1945 et aussi durant les années de la lutte pour l'indépendance de 1945‑1949, le NU faisait partie de la coalition du Masyumi. En 1952 le NU décide d'agir comme parti politique séparé. Il sera représenté dans une série de gouvernements de coalition; en particulier le département de la religion sera dirigé par des dirigeants du NU de 1949 à 1972.

1955                              Le Serikat Buruh Muslimin Indonesia (Union ouvrière des Musulmans d'Indonésie, Serbumusi), affilié au NU, est créé.

1960                              Le Pergerakan Mahasiswa Islam Indonesia (Mouvement des étudiants islamiques, PMII), affilié au NU, est créé.

1964                              Le Barisan Ansor Serbaguna (Troupe Ansor toutes-missions, Banser), milice affiliée au NU, est créé.

1973-1984                     En 1973, Suharto procède à un certain nombre de réformes du système électoral. Seuls trois partis sont autorisés à participer aux élections: outre le Partai Golkar, tous les partis existantes doivent fusionner dans l'une ou l'autre de deux nouveaux partis: le Persatuan Pembangunan (PPP) et le Partai Demokrasi Indonesia (PDI). Le NU s'intègre dans le PPP.

                                      En 1983 Pancasila acquiert légalement le statut du seul et unique principe idéologique sur lequel les organisations politiques doivent baser leurs activités. En 1984, le PPP accepte cette décision, renonçant ainsi à ses attributs islamiques (cf. Piagam Jakarta). Le NU choisit alors de quitter le PPP et se retire de la politique selon le slogan "retour au principe de 1926", c'est-à-dire retour à son caractère initial d'organisation religieuse, éducative et sociale.

1998                              Suite au renversement du régime de Suharto, le Partai Kebangkitan Bangsa (Parti de la résurgence de la nation, PKB) est constitué par Abdurrahman Wahid, dirigeant du NU, arrière-fils du créateur de l'organisation, Hasyim Asyari. Son opposition à l'idée d'un gouvernement islamique amène cependant un certain nombre de membres à quitter ce parti et à en établir d'autres.

                                      Le PBK crée le Gerakan Pemuda Kebangkitan Bangsa (Mouvement des jeunesses de la résurgence de la nation, Garda Bangsa) en tant qu'organisation para-militaire.

Nasakom

                                      En 1960, Sukarno lance le concept de Nasakom (Nasionalis-Agama-Komunis), alliance entre trois ensembles de forces: “nasionalis” (nationalistes), représentées par le Partai Nasional Indonesia (PNI); “agama” (religion), notamment le Nahdlatul Ulama (NU); “komunis” (communiste), avec le PKI.

Nefos-Oldefos-Nekolim

                                      Nefos est un acronyme pour “Forces nouvelles émergeantes” (en Anglais: New Emerging Forces). Oldefos est un acronyme pour “Forces anciennes établies” (en Anglais: Old Established Forces).

                                      Cette terminologie, apparue au début des années 1960, était conçue comme vision alternative autant par rapport à celle qui divise le globe entre l'Ouest et l'Est, que par rapport à celle qui oppose les colonies aux puissances impérialistes. Les forces anciennes établies sont les anciennes grandes puissances, vouées au déclin. Les forces nouvelles émergeantes sont les pays du “tiers monde”, avec l'Indonésie en tête. Initialement, les pays du “mouvement des non-alignés” (en Indonésien: Gerakan Non-Blok, GNB) étaient définis comme le noyau des pays Nefo, et les pays de l'Europe de l'Ouest étaient considérés comme les principaux pays Oldefo. Quelques pays, notamment les USA, l'URSS et le Japon, n'étaient pas classés précisément dans l'une ou l'autre catégorie. À partir de 1963, la définition des pays Nefo évoluait pour caractériser une perspective distincte du non-alignement; le monde était divisé non pas en trois, mais en deux. Sukarno désignait alors des pays comme l'Inde ou l'Égypte comme hostiles, et la Chine acquit le statut de pays Nefo.

                                      Nekolim est un acronyme pour “néo-colonialisme, colonialisme, impérialisme”. C'est une version élargie du concept des pays Oldefo. Notamment, les USA, vers fin 1963-début 1964, étaient clairement désignés comme la principale puissance néo-colonialiste.

Negara Kesatuan Republik Indonesia (1950)
(État unitaire de la République d'Indonésie, NKRI) (fondé 1950)

15 août 1945                 L'empereur Hirohito annonce la capitulation du Japon. L'acte de reddition final sera signé le 2 septembre.

17 août 1945                 Sukarno proclame l'indépendance de l'Indonésie. La Republik Indonesia (République d'Indonésie, RI), est créée; son gouvernement est installé sur l'île de Java, d'abord à Jakarta, puis de janvier 1946 à décembre 1949 à Yogyakarta (appelé communément Yogya).

                                      La période entre cette déclaration de l'indépendance et le transfert effectif de la souveraineté en décembre 1949, est appelée Revolusi Indonesia (Révolution indonésienne).

-                                     Par un discours de la Reine Wilhelmina, en exile à Londres, en décembre 1942, les Pays-Bas avaient vaguement annoncé un futur partenariat avec l'Indonésie. En février 1946 le gouvernement néerlandais déclare envisager une sorte de Commonwealth indonésien. En avril 1946 se tient la conférence de Hoge-Veluwe (une localité aux Pays-Bas) entre le gouvernement néerlandais et des représentants de l'Indonésie à ce sujet.

15 novembre 1946        L'accord de Linggadjati, aussi appelé accord de Cheribon (Linggadjati est une localité au Java-Ouest, près de Cirebon [Cheribon]) est conclu entre les Pays-Bas et l'Indonésie. Les Pays-Bas reconnaissent la République indonésienne comme autorité de facto au Java, au Sumatra et au Madura. En outre ils acceptent que les Indes orientales néerlandais deviennent un état fédéral souverain lié aux autres parties du Royaume (les Pays-Bas en Europe et ses possessions en Indes occidentales) au sein d'une Union néerlandaise-indonésienne. Cet état fédéral serait composé de la République d'Indonésie telle qu'elle existe, ainsi que de deux autres états fédéraux, Bornéo et Indonésie de l'Est.

                                      Le Negara Indonesia Timur (Etat d'Indonésie de l'Est), comprenant tout l'Indonésie orientale sur Bornéo et Java, à l'exclusion de la Nouvelle Guinée occidentale, est constitué durant la conférence de Den‑Pasar (une ville au Bali) tenue en décembre 1946. Un statut de province spéciale (daerah istimewa) est attribué à la région du Bornéo Ouest (mai 1947). Un statut provisoire de territoire semi-autonome est attribué à diverses parties d'îles, à savoir Dajak Besar (décembre 1946), Borneo Tenggara (Bornéo Sud-Est; mars 1947) et Oost-Borneo (Bornéo Est, avril 1947), en vue de leur fusion en un état fédéral de Bornéo, laquelle ne se réalisera pas.

Mars 1947                     Les Pays-Bas créent un gouvernement provisoire pour la fédération d'Indonésie (Voorlopige Federale Regering).

Juillet-août 1947           Le 21 juillet, les Pays-Bas déclenchent une intervention militaire  ‑ “action de police” (“Politionele Actie”) selon leur terminologie. L'opération conduit à l'occupation de larges parties de Java et de Sumatra. Une résolution de l'ONU aboutit à la conclusion d'un cessez-le-feu, le 5 août.

17 janvier 1948             Suite à l'intervention du conseil de sécurité de l'ONU en rapport avec l'intervention militaire néerlandaise de 1947, l'accord Renville (selon le navire sur lequel s'est tenu l'événement) est conclu, portant sur un armistice ainsi qu'une série de principes politiques. Ceux-ci sont formulés selon les lignes de l'accord Linggadjati et doivent faire l'objet d'une négociation à venir.

19 juillet/2 août 1948   Une conférence entre indonésiens fédéralistes et républicains se tient à Yogyakarta et à Jakarta. Un accord sur les points essentiels concernant les Etats unis d'Indonésie est atteint.

                                           Indonésie - carte historique: La situation au 1er décembre 1948

Décembre 1948 à janvier 1949
Le 19 décembre, les Pays-Bas déclenchent une seconde intervention militaire. Les troupes néerlandaises occupent la capitale provisoire de la Republik Indonesia, Yogyakarta. Le président Sukarno, le vice-président Hatta et le premier ministre Sjahrir sont appréhendés et envoyés en exil sur l'île de Bangka. Un gouvernement d'urgence de la République d'Indonésie (Pemerintah Darurat Republik Indonesia), installé en Sumatra, est constitué. A l'exception de la majeure partie de Sumatra et de quelques parties de Java, tous les territoires de l'Indonésie sont sous contrôle néerlandais. Le conseil de sécurité de l'ONU appelle à la cessation des hostilités. Les Pays-Bas annoncent un cessez-le-feu d'abord au Java, puis le 5 janvier au Sumatra. Les hostilités se terminent par la conclusion de l'accord Roem‑Royen (d'après les deux principaux négociateurs, Mohammad Roem pour l'Indonésie et J.H. van Royen [Rooyen] pour les Pays-Bas), le 7 mai. En juillet, le gouvernement d'urgence est dissout, et le gouvernement de Yogyakarta reprend son rôle.

23 août - 2 novembre 1949
Suite à la conférence inter-indonésienne de juillet/août 1948, les négociateurs indonésiens se rendent aux Pays-Bas pour des discussions avec le gouvernement néerlandais. Une Conférence de la table ronde se tient et établit les termes du transfert de souveraineté, toujours selon les principes établis par l'accord Linggadjati. Une Republik Indonesia Serikat (République des États unis d'Indonésie, RIS) doit être créée, liée aux Pays-Bas au sein d'une Union néerlandaise-indonésienne, avec la reine Juliana à sa tête.

27 décembre 1949         Le transfert de souveraineté est effectué. Seule la question de la Nouvelle Guinée occidentale est exclue, les Pays-Bas exigeant que son statut soit décidé ultérieurement. Le gouvernement indonésien s'installe à Jakarta.

-                                     L'ensemble des représentants néerlandais et indonésiens du gouvernement fédéral provisoire constitué en mars par les Pays-Bas, sont repris au sein de la nouvelle administration. Cependant, dans le gouvernement de la RIS, les dirigeants républicains détiennent une position influente. La résistance interne à la structure fédérale conduit rapidement à son démantèlement. En février 1950, le parlement de la RIS accepte une loi en ce sens. Pratiquement tous les états fédéraux rejoignent la Republik Indonesia basée en Java.

17 August 1950             La RIS est abolie et remplacée par un état unitaire, le Negara Kesatuan Republik Indonesia (NKRI), qui absorbe les entités séparées restantes (Negara Indonesia Timur, Negara Sumatera Timur, Kalimantan Barat).

1956-1960                     En 1956, l'Indonésie répudie de façon unilatérale l'Union avec les Pays-Bas. En 1957, les quelques 50 000 résidents de nationalité néerlandaise reçoivent l'ordre de quitter le pays, les entreprises et autres propriétés néerlandaises sont saisies par le gouvernement indonésien et confisquées par la suite. En 1960, l'Indonésie rompt les relations diplomatiques avec les Pays-Bas. Elles seront rétablies en 1963.

                                           Indonésie - carte politique (1998)

                                      À voir:

                                           Composition des Gouvernements d'Indonésie, 1945‑2001

Organisasi Persatuan Pekerja Indonesia
(Organisation unifiée des ouvriers d'Indonésie, OPPI)

1960                              Durant les années 1950, existent environ 150 syndicats nationaux, des centaines de syndicats locaux, et sept fédérations de syndicats. En 1960, le gouvernement tente de mettre en oeuvre la création du Organisasi Persatuan Pekerja Indonesia (Organisation unifiée des ouvriers d'Indonésie, OPPI), mais le SOBSI, lié au PKI, y est hostile, et le projet échoue.

Partai Buruh Indonesia
(Parti ouvrier d'Indonésie, PBI)

1945-1946                     Bientôt après la déclaration de l'indépendance en 1945, plusieurs syndicats sont créés. En septembre 1945 est fondé le Barisan Buruh Indonesia (Front ouvrier d'Indonésie, BBI), qui a l'ambition de réunir, en tant que membres, l'ensemble des syndicats existants. En novembre il tient son premier congrès, durant lequel un conflit surgit entre deux orientations. Un groupe se prononce en faveur de la formation d'un mouvement politique et fonde le Partai Buruh Indonesia (PBI). L'autre groupe tient un congrès en mai 1946 pour établir le Gabungan Serikat Buruh Indonesia (Fédération des unions ouvrières d'Indonésie, Gasbi), qui se maintient sur le terrain socio-économique. En novembre 1946, le Gasbi s'intègre dans le Sentral Organisasi Buruh Seluruh Indonesia (SOBSI).

                                      Le Laskar Buruh (Milice ouvrière) est une organisation para-militaire affiliée au PBI.

1948                              En août, le PBI s'intègre au PKI.

Partai Demokrasi Indonesia
(Parti de la Démocratie d'Indonésie, PDI)

1973                              Suharto procède à un certain nombre de réformes du système électoral. Seuls trois partis sont autorisés à participer aux élections: outre le Partai Golkar, tous les partis existantes doivent fusionner dans l'une ou l'autre de deux nouveaux partis: le Partai Demokrasi Indonesia (PDI) ainsi que le Persatuan Pembangunan (PPP).

                                      Le PDI constitue la fusion entre les organisations suivantes: Partai Nasional Indonesia (PNI), Ikatan Pendukung Kemerdekaan Indonesia (IPKI), Partai Murba, Partai Kristen Indonesia (Parti chrétien d'Indonésie, Parkindo) Partai Katholik (Parti catholique).

1993-1996                     Megawati Sukarnoputri, une des filles de Sukarno, devient dirigeante de facto du PDI. En 1996, Suharto parraine un congrès dissident et réussit à obtenir le remplacement de Megawati Sukarnoputri par son propre candidat, Suryadi. La faction de Suryadi monopolise le nom de PDI, et les partisans de Megawati Sukarnoputri forment un nouveau parti, le Partai Demokrasi Indonesia Perjuangan (Parti démocratique d'Indonésie de lutte, PDI‑P).

Partai Indonesia (1931)
(Parti Indonésie, Partindo) (fondé 1931)

1931                              Après l'arrestation de Sukarno en 1929 et la répression contre le Partai Nasional Indonesia (PNI), celui-ci, sous la direction du vice-président Sartono, décide en avril 1931 de se dissoudre et de constituer comme successeur le Partai Indonesia (Partindo). Sukarno après sa libération en décembre 1931 rejoint le Partindo.

Partai Indonesia (1958)
(Parti Indonésie, Partindo) (fondé 1958)

1958                              Quelques dirigeant d'une aile gauche du Partai Nasional Indonesia (PNI) font scission et forment le Partai Indonesia (Partindo).

Partai Indonesia Raya
(Parti de la Grande Indonésie, Parindra)

1931-1935                     En 1908, Sutomo participe à la fondation du mouvement Budi Utomo (Aspirations Nobles). Cette organisation d'intellectuels indonésiens a initialement un caractère éducatif mais se tourne ensuite vers la politique. En 1931, Sutomo créé le Persatuan Bangsa Indonesia (Coalition de la nation d'Indonésie, PBI). En janvier 1935, Sutomo opère la fusion entre le Persatuan Bangsa Indonesia et le Budi Utomo pour former le Partai Indonesia Raya (Parindra).

1939                              Le Parindra participe à la formation de la coalition nommée Gabungan Partai Politik Indonesia (Gapi). Font partie du Gapi notamment: le Gerakan Rakyat Indonesia (Gerindo), le Partai Sarekat Islam Indonesia (PSII), le Partai Islam Indonesia (PII).

1944                              Sutomo devient membre du Gerakan Rakyat Baru nouvellement constitué sous patronage japonais.

1945                              En octobre, Sutomo constitue le Barisan Pemberontakan Rakyat Indonesia (Troupe insurrectionnelle du peuple d'Indonésie, BPRI), une force para-militaire.

Partai Murba
(Parti des masses)

1948-1965                     En octobre 1948, Malaka lance la formation du Partai Murba. Sukarni Kartodiwirjo en est président. Parmi les membres figure Adam Malik. Ce parti adopte des positions favorables à l'URSS. Il entretient des bonnes relations avec l'armée ainsi que le Sentral Organisasi Karyawan Sosialis Indonesia (SOKSI). Il est interdit par Sukarno en septembre 1965.

Partai Muslimin Indonesia
(Parti des Musulmans d’Indonésie, Parmusi ou PMI)

1968                              La création d'un parti islamique, le Partai Muslimin Indonesia (Parmusi ou PMI), est autorisé, mais les anciens dirigeants du Masyumi, notamment Mohammad Natsir, sont écartés de l'activité politique. Un certain nombre de dirigeants de second rang du Masyumi militent dans le Parmusi, d'autres sont cooptés au sein du Partai Golkar.

1973                              Suharto procède à un certain nombre de réformes du système électoral. Seuls trois partis sont autorisés à participer aux élections: outre le Partai Golkar, tous les partis existantes doivent fusionner dans l'une ou l'autre de deux nouveaux partis: le Partai Demokrasi Indonesia (PDI) ainsi que le Persatuan Pembangunan (PPP). Le Parmusi s'intègre dans le PPP.

Partai Nasional Indonesia (1927)
(Parti national d'Indonésie, PNI) (fondé 1927)

1927                              En 1927, un groupe de dirigeants, parmi lesquels se trouvent Ahmed Sukarno, Tjipto Mangunkusumo, Iskaq Tjokroadisurjo, Sartono, forment le Perserikatan Nasional Indonesia (Association nationale d'Indonésie, PNI).

                                      Dès 1917, Mangunkusumo avait formulé l'idée d'une nation indienne (Indische Natie), incluant les Eurasiens, ainsi que les indonésiens d'origine arabe et chinois. Au cours de la formation du PNI, il propose que les Eurasiens soient admis comme membres du comité central. Cette proposition est rejetée, et il se sépare du PNI.

1928-1931                     En 1928, le nom est changé en Partai Nasional Indonesia (PNI). Après l'arrestation de Sukarno en 1929 et la répression contre le PNI, celui-ci, sous la direction du vice-président Sartono, décide en 1931 de se dissoudre et de constituer comme successeur le Partai Indonesia (Partindo).

Partai Nasional Indonesia (1946)
(Parti national d'Indonésie, PNI) (fondé 1946)

1945-1946                     En décembre 1945 est fondé le Serikat Rakyat Indonesia (Peuple uni d'Indonésie, Serindo). En janvier 1946, Serindo s'unit avec un certain nombre de partis et groupes plus petits pour former le Partai Nasional Indonesia (PNI). Sa direction, qui comprend Sartono et Adnan Kapau Gani, consiste d'anciens militants des partis d'avant la guerre (PNI, Partindo, Gerindo), ainsi que du Parindra.

                                      Ce PNI n'est pas la continuation du parti du même nom fondé en 1927 puis dissout en 1931. Cependant, lui-même ne reconnaît pas une telle distinction et date sa propre fondation de 1927.

1948-1950                     En 1948, une partie du PNI s'en sépare et crée le Persatuan Indonesia Raya (Coalition de la Grande Indonésie, PIR). Une autre scission, en 1950, conduit au départ du reste des anciens dirigeants venus du Parindra, qui forment le Partai Rakyat Nasional (Parti national du peuple, PRN).

1952                              Le Kesatuan Buruh Kerakyatan Indonesia (Union ouvrière populaire d'Indonésie, KBKI) est créé, comme syndicat affilié au PNI. En 1956, il est renommé en Kesatuan Buruh Marhaenis (Union ouvrière Marhaen, KBM).

-                                     Parmi les organisations de masse affiliées au PNI figurent les suivantes: le Pemuda Demokrat Indonesia (Jeunesses démocratiques d'Indonésie, PDI), fondé en 1947, renommé plus tard en Gerakan Pemuda Marhaenis (Mouvement des jeunesses marhaenistes, GPM); le Persatuan Tani Nasional Indonesia (Coalition paysanne nationale d'Indonésie, Petani), fondé en 1948; le Wanita Demokrat Indonesia (Femmes démocratiques d'Indonésie, WDI), fondé en 1951, renommé plus tard en Wanita Marhaenis (Femmes marhaenistes, WM); l'Ikatan Sarjana Republik Indonesia (Ligue des universitaires de la république d'Indonésie, ISRI).

1963-1965                     À lire:

                                           J. Eliseo Rocamora
"The Partai Nasional Indonesia, 1963‑1965"
Indonesia, vol. 10 (octobre 1970), pp. 143‑182.

1973                              Suharto procède à un certain nombre de réformes du système électoral. Seuls trois partis sont autorisés à participer aux élections: outre le Partai Golkar, tous les partis existantes doivent fusionner dans l'une ou l'autre de deux nouveaux partis: le Partai Demokrasi Indonesia (PDI) ainsi que le Persatuan Pembangunan (PPP). Le PNI s'intègre dans le PDI.

2003                              Le Partai Nasional Indonesia Marhaenisme (Parti national d'Indonésie Marhaenisme, PNI-Marhaen) est créé sous la direction de Sukmawati Sukarnoputri, l'une des filles de Sukarno.

Partai Persatuan Pembangunan
(Parti unifié du développement, PPP)

1973                              Suharto procède à un certain nombre de réformes du système électoral. Seuls trois partis sont autorisés à participer aux élections: outre le Partai Golkar, tous les partis existantes doivent fusionner dans l'une ou l'autre de deux nouveaux partis: le Partai Persatuan Pembangunan (PPP) ainsi que le Partai Demokrasi Indonesia (PDI).

                                      Le PPP constitue la fusion entre les organisations suivantes: Nahdlatul Ulama (NU), Partai Muslimin Indonesia (Parmusi or PMI), Partai Sarekat Islam Indonesia (PSII), Pergerakan Tarbiyah Islamiyah (Mouvement d'éducation islamique, Perti).

1984                              En 1983 Pancasila acquiert légalement le statut du seul et unique principe idéologique sur lequel les organisations doivent baser leurs activités. En 1984, le PPP accepte cette décision, renonçant ainsi à ses attributs islamiques (cf. Piagam Jakarta).

1998                              Après le renversement du régime de Suharto, le PPP décide de réaffirmer l'Islam comme base de son action.

Partai Sosialis Indonesia (1948)
(Parti socialiste d'Indonésie, PSI) (fondé 1948)

1948                              Lorsque sous la direction d'Amir Sjarifuddin l'aile gauche du Partai Sosialis rejoint le Front Demokrasi Rakyat, l'aile droite sous la direction de Sjahrir constitue le Partai Sosialis Indonesia (PSI).

1958-1960                     Certains membres du PSI (mais pas Sjahrir) soutiennent le Pemerintah Revolusioner Republik Indonesia (PRRI). Pour ce motif, et parce qu'il ne s'associe pas à la politique de démocratie dirigée, le PSI est interdit en 1960.

Partai Tionghoa Indonesia
(Parti chinois d'Indonésie)

-                                     La plus ancienne immigration chinoise en Indonésie date du 15e siècle. Les populations chinoises d'immigration ancienne, créolisées par assimilation sans être forcément métissés, sont appelées cina peranakan (peranakan signifie descendant). Les Chinois d'immigration récente ayant gardé leur culture chinoise sont appelés cina totok (totok signifie pure).

1900                              La première organisation pan-chinoise, Tiong Hoa Hwee Koan, est créée. Le terme tionghoa, associé à l'idée de bangsa tionghoa (nation chinoise) est alors utilisé pour désigner les Chinois des Indes, plutôt que le terme tjina, utilisé depuis le 17e siècle, qui implique la notion d'indigène.

1932                              Des chinois peranakan forment le Partai Tionghoa Indonesia (PTI). Son objectif est "d'aider à ce que l'Indonésie, économiquement, socialement et politiquement, atteigne un état où tous jouissent de droits et obligations égaux". [Cf. Leo Suryadinata, "Pre-War Indonesian Nationalism and the Peranakan Chinese", Indonesia, vol° 11 (avril 1971), pp. 83‑94. http://cip.cornell.edu/seap.indo/1107124115.]

Pemerintah Revolusioner Republik Indonesia
(Gouvernement révolutionnaire de la République d’Indonésie, PRRI)

1956‑1957                     Des rébellions sont déclenchées par des factions militaires qui demandent une législation renforçant l'autonomie locale des différentes régions, notamment les suivantes:

                                           Le Dewan Banteng au Sumatra central qui, en décembre 1956, sous la direction du lieutenant-colonel Ahmad Hussein (commandant du 4e régiment de l'armée territoriale de Sumatra) prend en main le gouvernement local de Sumatra central.

                                           Le Dewan Gajah au Sumatra Est qui, en décembre 1956, sous la direction du colonel Mauluddin Simbolon (commandant suprême de l'armée territoriale de Sumatra) prend en main le gouvernement de Sumatra Est et coupe toutes les relations avec le gouvernement.

                                           Le Dewan Garuda au Sumatra du Sud qui, en janvier 1957, sous le lieutenant-colonel Barlian prend en main le gouvernement local de Sumatra du Sud.

1957                              En mars, un mouvement rebelle est initié par de chefs militaires de l'Indonésie de l'Est. Le centre du mouvement est situé à Manado (Sulawesi du Nord), il est dirigé par le colonel Ventje Sumual. Il se donne comme nom Piagam Perjuangan Semesta Alam (Charte de la lutte universelle, Permesta).

1958                              Le 10 février, un group d'officiers de Sumatra, de représentants du Masyumi et d'autres, transmet un ultimatum au gouvernement, demandant le retour de Sukarno à un rôle de figuration en tant que président, et la formation d'un gouvernement sous Hatta et le sultan Hamengkubuwona IX. Le 15 février, le lieutenant-colonel Ahmad Hussein (cf. ci-dessus) et les chefs militaires locaux au Sumatra Ouest proclament le Pemerintah Revolusioner Republik Indonesia (PRRI). Le 17 février, les rebelles du Permesta de Sulawesi font cause commune avec eux.

-                                     Le PRRI/Permesta était une conspiration dans laquelle étaient impliqués les USA, la Grande-Bretagne et l'Australie, en utilisant des installations militaires de l'Organisation du Traité de l'Asie du Sud-Est (OTASE, en Anglais: SEATO) sur les Philippines et en Thaïlande. En particulier, le soutien de la CIA se concrétisait par 15 bombardiers B‑26 qui équipaient l'armée de l'air des rebelles, l'Angkatan Udara Revolusioner (Aurev) basé sur l'aéroport de Manado.

1958‑1961                     En août 1958 la rébellion se termine et le gouvernement indonésien reprend le contrôle des territoires concernés. Les derniers rebelles Permesta se rendent en 1961.

                                           Indonésie - les îles - cartes politiques: Sumatra

Pendidikan Nasional Indonesia
(Education national d’Indonésie, PNI-Baru, c'est-à-dire Nouveau PNI)

1931‑1932                     En 1931 quelques membres du Partai Nasional Indonesia (PNI) opposés à la dissolution du parti, forment le Golongan Merdeka (Groupe Indépendance). Hatta et Sjahrir rejoignent le groupe peu après leur retour en Indonésie, en 1932. Sous leur direction, le nom est changé en Pendidikan Nasional Indonesia (PNI-Baru, c'est-à-dire Nouveau PNI).

Perhimpunan Indonesia
(Association Indonésie)

1908‑1924                     En 1908 l'Indische Vereeniging (Association Indienne), une organisation d'étudiants indonésiens est fondé aux Pays-Bas. En 1922, il change son nom en Indonesische Vereeniging (Association indonésienne). En 1924, il prend le nom de Perhimpunan Indonesia (appelé parfois Perhimpunan Mahasiswa Indonesia, c'est-à-dire Association d'étudiants d'Indonésie). Officiellement, il est ouvert à tous les Indonésiens résidant au Pays-Bas, mais en pratique il est orienté vers les étudiants. Parmi les membres, figurent Hatta, Tjipto Mangunkusumo, Sjahrir.

1925‑1927                     Vers 1925‑1926, le Perhimpunan Indonesia est entré en contact avec les communistes néerlandais et indonésiens, et avec l'Internationale communiste. En février 1927, se tient à Bruxelles le Congrès mondial contre l'oppression coloniale et l'impérialisme, organisé par l'International communiste. Hatta et d'autres membres de mouvements indonésiens assistent au congrès. Une organisation internationale dénommée Ligue contre l'impérialisme et l'oppression coloniale et pour l'indépendance nationale est créée.

1929‑1931                     En 1929, Hatta est destitué de son poste de président de Perhimpunan Indonesia; Sjahrir reste vice-président. Un des principaux membres de la direction est maintenant Rustam Effendi, qui est secrètement membre du Communistische Partij Holland (Parti communiste de Hollande, CPH). En 1931, Hatta et Sjahrir sont expulsés du Perhimpunan Indonesia.

Petisi Lima Puluh
(Pétition des cinquante)

1980                              Un groupe d'anciens militaires, de politiciens, universitaires et étudiants lance une pétition, connu sous la désignation Petisi Lima Puluh. En 1984, ce groupe dénoncera la volonté de Suharto d'instaurer un système de parti unique. Parmi les signataires figurent Nasution, Mohammad Natsir (ancien premier ministre de septembre 1950 à avril 1951).

Piagam Jakarta
(Charte de Jakarta)

1945                              Du 29 mai au 1er juin, le Badan Penyelidik Usaha Persiapan Kemerdekaan Indonesia (BPUPKI) se réunit pour une première session. Dans un discours tenu le 1er juin, Sukarno présente un résumé de ce qu'il considère comme les principes idéologiques de base que doit suivre la société indonésienne. Cette définition sera par la suite reprise sous le terme Pancasila (Cinq principes). Pour la synthétiser en un seul concept, Sukarno emploie le terme Gotong Royong (coopération mutuelle).

                                      Voici ces cinq principes dans l'ordre énoncé à l'origine:

                                           Kebangsaan: nationalisme;

                                           Kemanusiaan: humanisme ou internationalisme;

                                           Kerakyatan: gouvernement représentatif ou démocratie;

                                           Keadilan sosial: justice sociale;

                                           Ketuhanan: monothéisme.

                                      Le Piagam Jakarta (Charte de Jakarta) est le résultat d'un compromis entre les différents courants de nationalistes présents au sein du Panitia Sembilan (comité des neuf) qui avait été créé par le BPUPKI. Ce texte contient cinq principes qui reprennent ceux énoncés par Sukarno, formulés de la façon suivante:

                                           Croyance en Dieu, avec l'obligation pour les musulmans d'observer la sharia;

                                           Humanisme juste et civilisé;

                                           Unité de l'Indonésie;

                                           Démocratie dirigée par un esprit de sagesse dans la délibération représentative;

                                           Justice sociale pour tout le peuple indonésien.

                                      La charte est approuvée le 22 juin 1945. Elle est signée entre autres par Sukarno, Hatta, Agus Salim (un des dirigeants du Sarekat Islam). Au cours de la rédaction du projet de constitution par une deuxième session du BPUPKI, tenue les 10‑17 juillet, la Charte est incluse comme préambule. Mais au moment de la validation de la constitution par le PPKI (qui avait succédé au BPUPKI), le 18 août, le terme de "préambule" est remplacé par celui d'"ouverture", après que le premier principe a été changé simplement en "Croyance en un Dieu Unique". Les "sept mots" ("tujuh kata") faisant obligation aux musulmans d'observer la sharia ont été supprimés (en indonésien, le libellé était "dengan kewajiban menjalankan syariat Islam bagi pemeluknya"). La constitution indonésienne ne comporte ainsi plus aucune référence à l'islam.

Pusat Tenaga Rakyat
(Centre du pouvoir du peuple, Putera)

1941‑1942                     Après l'invasion des Pays-Bas par l'Allemagne, en mai 1940, le gouvernement colonial néerlandais interdit les réunions politiques. Les attaques japonaises contre les territoires indonésiens commencent le 17 décembre 1941. Le 28 mars 1942, les dernières forces néerlandaises se rendent. L'administration d'occupation japonaise interdit toute activité politique, et dissout les organisations existantes.

                                      Le 29 avril 1942, dans l'objectif de réunir les forces politiques indonésiennes, l'administration d'occupation japonaise constitue le Pergerakan Tiga A (Mouvement Triple A) et nomme Samsudin, du Partai Indonesia Raya (Parindra), pour le diriger. La désignation "Triple A" fait référence au slogan: "Le Japon, la lumière de l'Asie, le dirigeant de l'Asie et le protecteur de l'Asie". La tentative échoue et en juillet, l'administration japonaise forme l'Empat Serangkai (littéralement: les quatre ensemble), un groupe réunissant Sukarno, Hatta, Dewantoro (antérieurement Suwardi Suryaningrat) (un des fondateurs du Indische Partij) et Mansur (président du Muhammadiyah).

1943‑1944                     En mars 1943, le gouvernement d'occupation japonais approuve la formation du Pusat Tenaga Rakyat (Putera) avec les quatre de l'Empat Serangkai comme co-présidents. Vers la fin de 1943, le Putera est dissous et en mars 1944 il est remplacé par le Kebaktian Jawa (Service de loyauté de Java, en indonésien: Djawa Hokokai), sous la même direction. Plus tard en 1944, lui succède le Gerakan Rakyat Baru (Nouveau mouvement du peuple), dernier organisme sous patronage japonais.

1945                              Le 15 août 1945, le Japon se rend aux Alliés. L'armée et la marine japonaises contrôlent encore l'Indonésie. Le 22 août, le Japon annonce publiquement sa reddition à Jakarta. Les forces du Peta et du Heiho sont désarmées et dissoutes. La signature officielle des termes de reddition a lieu le 2 septembre.

                                      En octobre encore, des troupes japonaises s'opposent à des forces indonésiennes au Java, Sumatra, Bali. Elles les repoussant notamment de Bandung et de Semarang, pour livrer ces villes aux forces Britanniques. Elles livrent par ailleurs la ville de Surabaya aux Néerlandais.

                                      Mi-décembre, les Alliés évacuent les derniers Japonais d'Aceh.

Republik Maluku Selatan
(République des Moluques du Sud, RMS)

1946‑1950                     Le daerah (territoire) des Moluques du Sud fait partie du Negara Indonesia Timur (État de l'Indonésie de l'Est, NIT), formé en décembre 1946. Quand il devient évident que cet état sera absorbé par l'état indonésien unitaire, en 1950, des membres démobilisés du Koninklijk Nederlands Indisch Leger (Armée royal des Indes néerlandais, KNIL) proclament la Republik Maluku Selatan (RMS) indépendante. Les rebelles sont vaincus la même année, et ses dirigeants constituent un gouvernement en exile aux Pays-Bas.

Sarekat Islam
(Union islamique, SI)

1911‑1913                     Le Sarekat Dagang Islam (Union des commerçants islamiques, SDI) est créé en 1911. À l'origine il s'agit d'un mouvement de fabricants de batik de Java oriental et central, avec pour but la protection de leur commerce de batik contre les concurrents chinois. Ce type d'organisation existe aussi ailleurs; la même année, une organisation du même nom est fondée à Batavia (ancien nom de Jakarta) et à Buitenzorg (Bogor) au Java occidental.

                                      En 1912 l'organisation se transforme en mouvement plus large et prend le nom de Sarekat Islam (SI). Parmi les dirigeants figurent Omar Said Tjokroaminoto, Agus Salim. Le Sarekat Islam est basée sur une idéologie islamique moderniste. Il tient son premier congrès en 1913.

                                      Le gouvernement colonial refuse la reconnaissance légale du Sarekat Islam en tant que mouvement national; il reconnaît uniquement ses branches locales comme unités indépendantes.

                                      Dès le départ, la direction du mouvement est confrontée aux militants de la branche de Semarang étroitement lié aux forces politiques de gauche présentes dans cette ville, en particulier le Indische Sociaal-Democratische Vereeniging (ISDV).

1916‑1918                     En 1916 le Sarekat Islam tient un congrès à Bandung et prend la décision de demander l'établissement de l'autonomie pour l'Indonésie, en coopération avec les Pays-Bas.

                                      Le congrès suivant se tient en 1917. Cette même année le gouvernement colonial néerlandais vient d'établir le Volksraad (Conseil du peuple) qui a des attributions uniquement consultatives. Le congrès discute de l'attitude à adopter vis-à-vis de cet organisme. La branche de Semarang se prononce pour un refus de coopérer avec le Volksraad. Par la suite, seulement quelques membres du Sarekat Islam y participeront, en particulier Agus Salim.

                                      Le congrès discute également de la position du Sarekat Islam par rapport au système capitaliste. La direction refuse de dénoncer le capitalisme en tant que tel. Elle propose de faire la distinction entre deux formes de capitalisme, l'une "inique", l'autre "légitime", la première correspondant au capitalisme étranger, la deuxième au capitalisme autochtone.

                                      Vers 1918, le Sarekat Islam demande une action immédiate pour soulager le fardeau pesant sur les masses de travailleurs et refuse de continuer la coopération avec le Volksraad. Mais dans son soutien aux syndicats et aux actions de grève, la direction est prudent et utilise de termes tels que "violence moralement justifiée" et "résistance passive". La branche de Semarang pousse au développement d'un mouvement syndical révolutionnaire, mais la direction se limite à demander un code du travail, un salaire minimum, l'abolition du travail des femmes et des enfants, un horaire maximum (ce qui signifie l'abolition du système des coolies) et une pension pour les personnes âgées.

1920                              Le congrès de 1920 du Sarekat Islam expose pour la première fois les relations entre la colonie et les Pays-Bas en termes marxistes. Le marxisme est accepté de façon générale, avec la précision que cela n'implique pas la coopération avec des organisations socialistes étrangères.

1921                              La direction décide de prendre position contre les communistes. Au congrès tenu cette année, Agus Salim présente une motion stipulant que les membres du Sarekat Islam ne peuvent pas appartenir simultanément à un autre parti; elle est adoptée. Les communistes accusent la direction de soutenir des concepts capitalistes et de promouvoir des idées pan-islamiques. Agus Salim emploie alors l'argument selon lequel le Prophète a suivi les idées marxistes longtemps avant Marx.

                                      Se produit alors une scission entre l'aile droite et l'aile gauche. De nombreuses branches du Sarekat Islam se scindent en une faction Sarekat Islam Putih (Sarekat Islam Blanc) et une faction Sarekat Islam Merah (Sarekat Islam Rouge). La plus grande partie de l'aile gauche rejoint le Perserikatan Komunis di Hindia (PKH), d'autres entreront plus tard au Partai Nasional Indonesia (PNI). Certains parmi ceux qui considèrent que le Sarekat Islam s'est écarté de sa base islamique, adhèrent au Muhammadiyah, tandis que d'autres fondent le Nahdlatul Ulama. Le Sarekat Islam est fortement affaibli.

1923-1934                     En 1923 Tjokroaminoto créé le Partai Sarekat Islam (Parti de l'union islamique) qui en 1929 est renommé en Partai Sarekat Islam Indonesia (Parti de l'union islamique d'Indonésie, PSII). Tjokroaminoto décède en 1934. Son frère Abikusno Tjokrosujoso lui succède à la direction du PSII.

1936‑1938                     En 1936, des membres du PSII en désaccord avec l'orientation du parti, dont Agus Salim et Mohammad Roem, forment le Barisan Penyadar PSII (Front pour rendre le PSII conscient) (parfois désigné comme Partai Penyadar ou Pergerakan Penyadar). En 1938, suite à une autre scission menée notamment par Sukiman Wirjosandjojo et Mansur, est constitué le Partai Islam Indonesia (Parti islamique d'Indonésie, PII).

1939                              Le PSII et le PII participent à la formation de la coalition nommée Gabungan Partai Politik Indonesia (Gapi). Font partie du Gapi notamment: le Gerakan Rakyat Indonesia (Gerindo), le Partai Indonesia Raya (Parindra).

1973                              Suharto procède à un certain nombre de réformes du système électoral. Seuls trois partis sont autorisés à participer aux élections: outre le Partai Golkar, tous les partis existantes doivent fusionner dans l'une ou l'autre de deux nouveaux partis: le Persatuan Pembangunan (PPP) et le Partai Demokrasi Indonesia (PDI). Le PSII s'intègre dans le PPP.

Sentral Organisasi Karyawan Sosialis Indonesia
(Organisation centrale d'employés socialistes d'Indonésie, SOKSI)

1962‑1964                     En 1962 des officiers établissent le Sentral Organisasi Karyawan Sosialis Indonesia (SOKSI) en tant que groupe fonctionnel. Le SOKSI est conçu comme contrepartie vis-à-vis du Sentral Organisasi Buruh Seluruh Indonesia (SOBSI), lié au PKI. En 1964 le SOKSI joue un rôle important dans la formation du Sekretariat Bersama Golongan Karya (Sekber Golkar).

-                                     Ultérieurement, le nom devient Sentral Organisasi Karyawan Swadiri Indonesia.

Sumpah Pemuda
(Serment de la jeunesse)

27-28 octobre 1928       À Jakarta se déroule un deuxième congrès réunissant diverses organisations nationalistes de jeunesses, faisant suite à un premier congrès tenu en 1926. Il se termine par le Sumpah Pemuda”, qui affirme trois principes d'unification nationale indonésienne: une patrie, un peuple, une langue. Ainsi, notamment, le mouvement nationaliste adopte comme langue un dialecte standardisé du Malais (connu depuis comme Bahasa Indonesia, c'est-à-dire la langue d'Indonésie) qui deviendra en 1945 langue officielle. À cette occasion est aussi apparue une chanson "Indonisch, Indonisch" qui par la suite sera converti en hymne nationale sous le titre "Indonesia raya" (la Grande-Indonésie).

                                      Parmi les participants figure Mohammad Yamin, qui sera un des pionniers de la poésie moderne indonésienne. Il sera par ailleurs membre du Partai Murba.

Surat Perintah Sebelas Maret
(Lettre d’instruction du 11 mars, Supersemar)

11 mars 1966                Sukarno édicte le Surat Perintah Sebelas Maret (Supersemar), par lequel il déclare l'état d'urgence au niveau national et confère à Suharto les pleins pouvoirs pour restaurer l'ordre et la sécurité dans le pays. Sur cette base, Suharto établit ce qu'il appelle le Orde Baru (Ordre nouveau).

                                      L'acronyme Supersemar indique aussi une référence à Semar, l'un des personnages du théâtre d'ombre traditionnel, à la fois serviteur et conseiller des princes, incarnation de la divinité suprême.

Timor Timur
(Timor-Est)

‑1945                             La colonisation européenne de l'île de Timor commençait au 16e siècle. C'était d'abord les Portugais qui réclamait Timor en 1520, mais les Pays-Bas s'installent en Timor occidentale en 1640 et repoussent les Portugais vers le Timor oriental. En 1914, la frontière entre les deux territoires était fixée par un accord entre les deux pays. De 1943 à 1945, Timor se trouve sous occupation japonaise.

 1945‑1950                    En 1945, les Pays-Bas reprennent possession du Timor occidental, mais en 1950, avec la formation du Negara Kesatuan Republik Indonesia (NKRI), le territoire y est intégré au sein de la province de Nusa Tenggara Timur.

1959‑1974                     En 1959, une rébellion éclate en Timor-Est, contre le colonialisme portugais; elle est réprimée. Après la chute du régime de Salazar au Portugal, en 1974, le nouveau gouvernement légalise les groupes indépendantistes. Le Frente Revolucionária de Timor-Leste Independente (Front révolutionnaire pour le Timor Est indépendant, Fretilin) est constitué.

1975‑1998                     En 1975, le Fretilin déclare unilatéralement l'indépendance du Timor Est. L'Indonésie occupe alors militairement le territoire, qui, en 1976, devient la province Timor Timur (Timor Est). L'armée y opère à travers le Komando Pelaksana Operasi (Commandement d'Exécution d'Opérations, Kolakops) Timor Timur. Cet organisme est formellement aboli en 1993, mais les unités de combat sont maintenues de fait. Elles sont intégrées, en 1995-1996, au Komando Pasukan Khusus (Kopassus), créé en 1985.

1999                              Le Timor-Est est transféré sous l'autorité de l'ONU.

2002                              Le territoire devient un état indépendant sous le nom de Timor-Est.

                                           Indonésie - carte historique: Timor - 2003

Undang-Undang Dasar
(Constitution, UUD)

1945                              Le 18 août 1945, le Panitia Persiapan Kemerdekaan Indonesia (PPKI) adopte une constitution, le Undang-Undang Dasar 1945 (UUD 1945) de la Republik Indonesia (RI). Elle définit un système de gouvernement présidentiel. Le président est à la fois chef de l'état et à tête du gouvernement. Il est responsable devant le Majlis Permusyawaratan Rakyat (Assemblée délibérative du peuple, MPR) qui exerce la souveraineté du peuple. Le pouvoir législatif est exercé par le Dewan Perwakilan Rakyat (Chambre des représentants du peuple, DPR). Les autorités des provinces, régences et municipalités comprennent chacune un Dewan Perwakilan Rakyat Daerah (Chambre régional des représentants du peuple, DPRD) dont les membres doivent être élus par des élections générales.

                                      Cependant, compte tenu de la situation, il est décidé d'appliquer les dispositions des règlements transitoires que la constitution elle-même prévoit. Ainsi, en attendant l'établissement effectif des institutions (MPR, DPR, DPA), les pouvoirs sont exercés par le président, assisté d'un comité national. Celui-ci est formé le 29 août; c'est le Komite Nasional Indonesia Pusat (KNIP). Ses membres sont désignés par décret; il composé de personnes venant du PPKI ainsi que de représentants de différents groupes d'intérêts politiques et régionaux. Le 16 octobre, un décret est publié qui attribue les responsabilités administratives effectives au gouvernement, lequel à un premier ministre à sa tête, les ministres étant responsables devant le KNIP. Celui-ci, outre sa fonction de conseiller le président, assume le pouvoir législatif. Dans l'intervalle entre les assemblées plénières du KNIP, un organe restreint appelé le Badan Pekerja (Comité de travail) représentant le KNIP exerce les fonctions parlementaires au quotidien. Le président est ainsi mis en retrait dans une position formelle de chef de l'état.

                                      Le Dewan Pertimbangan Agung (Comité consultatif suprême, DPA) est établi, dont le rôle est de conseiller le président sur toute question concernant les affaires de l'état.

1949‑1950                     En 1949, est formé le Republik Indonesia Serikat (RIS), régi par une constitution provisoire Undang-Undang Dasar Sementara 1949 (UUD 1949/UUDS 1949) qui instaure un système parlementaire comme en Europe occidentale combiné à une structure fédérale de l'état. Puis, avec l'émergence du Negara Kesatuan Republik Indonesia (NKRI), la constitution qui avait été prévue pour le RIS, officiellement toujours désigné comme provisoire, est adoptée le 15 août 1950, Undang-Undang Dasar Sementara 1950 (UUD 1950/UUDS 1950). Le système parlementaire est maintenu et implémenté plus amplement, et le rôle du président comme chef de l'état est confirmé, ainsi que sa responsabilité de désigner le premier ministre sur la base de l'avis de conseillers.

1955‑1959                     En 1955, se tiennent des élections générales par lesquelles est constitué le Dewan Perwakilan Rakyat (DPR) comme prévu par la constitution. La même année une assemblée législative (Konstituante) est réuni et chargée de l'élaboration d'une constitution définitive.

                                      En 1957, est établi le Dewan Nasional (Conseil national), composé de représentants fonctionnels, responsable devant Sukarno en tant que président de l'organisme, la direction au quotidien étant assurée par son vice-président, Ruslan Abdulgani.

                                      Une forte pression s'exerce sur la Konstituante pour adopter la constitution de 1945.

1959‑1960                     Alors qu'il s'avère irréalisable d'atteindre au sein de la Konstituante une majorité des deux tiers en faveur de la constitution de 1945, Sukarno, le 5 juillet 1959, émet un décret à cet effet. Cette fois la constitution de 1945, Undang-Undang Dasar 1945 (UUD 1945), est mise en place avec la forme de gouvernement présidentiel tel qu'il avait été conçu par ses auteurs. Un nouveau gouvernement, le Kabinet Kerja (cabinet de travail) est formé, composé uniquement ministères explicitement constitués; il n'y a plus comme auparavant des ministres sans portefeuille ni de dirigeants parlementaires ayant un statut ministériel. Le Dewan Nasional est dissout. Sukarno se nomme lui-même premier ministre, choisit Subandrio comme vice-premier ministre. Ainsi est instauré formellement la Demokrasi terpimpin (Démocratie dirigée).

                                      En mars 1960, Sukarno dissout le DPR et en juin un nouveau Dewan Perwakilan Rakyat Gotong Royong (Chambre des représentants du peuple Coopération mutuelle, DPR-GR, plus tard simplement DPR) est établi. Il dispose de pouvoirs budgétaires et législatifs. Une grande partie des sièges sont attribués à des Golongan Karya (groupes fonctionnels), y compris militaires, dont les représentants ne sont pas élus mais désignés. Parallèlement est créé le Majlis Permusyawaratan Rakyat Sementara (Assemblée délibérative provisoire du peuple, MPRS, plus tard simplement MPR) qui est composé d'une part des membres du DPR, d'autre part de représentants désignés d'organisations régionales et professionnelles. Son attribution principale est celle d'adopter des avis sur la ligne politique générale.